Full text of "Annales"
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ANNALES
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE
DB NANTES
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ANNALES
OB LA
SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE
DE NANTES
ET DU DÉPARTEMENT DE LA LOIRE-INFÉRIEURE
ÉTABLISSEMENT D'UTILITË PUBUQUE
Par Décret du 37 Décembre 1877.
Volume 7" de la 6* Série.
1886
NANTES,
«me \^e CAMILLE MELLINET, IMPRIMEUR DE LÀ SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE,
Place da Pilori , 5.
• L. MELLINET ET C«e, SLcr».
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}'-'k ^ 0> \^
Harvard Collège LIbrary
AUG 28 1912
Gift of
Prof. A, C. Coolidge
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ALLOCUTION DE M. LE D' GUÉNEL
PRÉSIDENT SORTANT.
Messieurs,
Parvenu au terme du mandat que vous m'avez confié, je
dois vous remercier de la constante bienveillance qui m'en a
facilité l'accomplissement. C'est un lionneur que de présider
vos séances ; c'est aussi, j'ai pu l'apprécier, une fonction
agréable à remplir, intéressante pour l'esprit et rendue aisée
par la bonne volonté de tous.
Grâce à votre zèle pour le travail, nos séances ont été
bien remplies ; le rapport de notre Secrétaire général prouve
que l'amour de la science, le goût des belles-leltres et des
recherches historiques sont loin de s'affaiblir parmi nous.
C'est donc une belle succession que je transmets à votre
nouveau Président et nous pouvons compter que mieux que
personne il saura la faire valoir.
L'un de vous a dit de M. Orieux qu'il s'était fait dans sa
retraite les loisirs d'un athénien ; c'est là, sous une forme
heureuse, l'expression de notre pensée \\ tous. Après de
longues années d'un pénible labeur tout entières consacrées
au service de la France , il avait acquis le droit de se
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reposer ; mais ses délassements sont plus fructueux que le
travail de bien des intelligences moins heureuses. Il semble
même que Tlieurc de la retraite ait été pour lui le commen-
cement d'une nouvelle jeunesse et que par une sorte d'en-
chantement, il ait retrouvé la fraîcheur des idées, la vivacité
des impressions et la chaleur de sentiment qui sont d'ordi-
naire l'apanage de la vingtième année. Dans ce renouveau
de ses facultés, il adresse ses hommages un peu à toutes les
muses : la poésie et l'histoire l'occupent tour à tour, et vous
savez combien cette verdeur d'esprit a été jusqu'ici favorable
à l'intérêt de nos séances.
Vous avez élu M. le D^ Raingeard pour l'assister en qualité
de vice-président et vous avez nommé MM. Jamet et Gade-
ceau, secrétaire général et secrétaire adjoint. Ce sont \l\ des
noms dont M. Orieux doit apprécier l'heureux choix. La
direction de vos travaux ainsi assurée, vous pouvez envisa-
ger l'avenir avec confiance et c'est dans ce senliment que
je prie ces messieurs de prendre place au Bureau.
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ALLOCUTION DE M. ORIEUX
NOUVEAU PRÉSIDENT.
Messieurs,
En choisissant un des siens pour la présider, une assemblée
honore toujours celui sur qui s'est arrêté son choix ; et
rhonneur ainsi décerné a d'autant plus de prix que le niérile
de ceux qui le confèrent est plus grand.
Or, par le savoir de ses membres, leur situation dans la
cilé, la considération dont ils sont entourés, par les services
que sa section la plus nombreuse est appelée à rendre {\
rhumanilé, la Société académique étant tenue en haute
estime par les amis des Lettres et occupant une fort belle
place dans le département, vous devinez sans peine toute la
valeur que j'attache aux fonctions de la présidence que vous
venez de me confier.
le d'être à l'honneur : il faut être
1\ la peine, car ce mot n'exprime-
. être au devoir. Ce devoir, je
iplir. Je sais qu'il me sera rendu
règne dans nos réunions et par
s mes honorables devanciers : de
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sorte que, pour essayer de bien faire, je n'aurai qu'à cher-
cher à suivre la voie qu'ils ont tracée ; je n'aurai qu'à
m'efforcer d'imiter M. Guénel, que je remplace à ce fauteuil
et qui fut un modèle d'assiduité à nos séances ; je n'aurai
qu'à me rappeler sa parfaite urbanité, la manière simple et
digne dont il présidait nos délibérations.
Cependant je ne dois pas oublier que l'action peut être
autre chose que la volonté et qu'il peut en être ainsi du
projet et de l'exécution : lorsque la coupe arrive aux lèvres,
il sufiRt d'un léger tremblement de la main pour eo répandre
la liqueur. Si donc j'accepte d'un cœur tranquille la tâche
que vous voulez bien commellre à mes soins, ce n'est pas
par excès de confiance en mes forces, ce n'est pas parce
que je crois mériter les paroles élogieuses qui viennent de
m'fttre adressées avec tant de courtoisie : c'est tout simple-
ment parce que je suis assuré de votre bienveillance qui est
de tradition et qu'on ne trouve jamais en défaut.
D'ailleurs, la tâche bien partagée peut devenir légère, et
vous avez choisi, pour la division du travail, des collabora-
teurs que je suis heureux de voir à mes côtés : d'abord,
M. Raingeard, que je connais par l'estime et la confiance que
lui accordent ses confrères, et qui voudra bien me permettre
de compter sur lui dans les délicates fonctions de la prési-
dence ; et M. Gadeceau, qui nous eniretiendra d'histoire
naturelle et nous promet d'élre l'émule de M. Jamet dans
les fonctions de secrétaire adjoint dont la partie essentielle
demande un tact parfait.
Je suis également heureux de revoir à la gestion de nos
modestes finances, notre vaillant trésorier, M. Morel, dont la
mémoire est fidèle à tout ce qui touche à notre académie ;
de retrouver à la garde de nos richesses littéraires, le sym-
pathique et vénéré M. Delamare, dont l'âge n'afi'aiblit point
le courage, dont l'esprit a conservé les vivacités de la
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jeunesse et qui, depuis un demi-siècle, nous consacre son
lemps avec une abnégation absolue ; de voir enfin M. Man-
chon continuer les uUles fondions d'adjoint bibliothécaire,
qu'il rcraplil toujours avec une entière bonne volonté.
Permettez-moi, Messieurs, de terminer par un apologue
que vous n'avez pas dû lire dans le livre attrayant des
Mille et une nuits.
Un Calife de Bagdad, dont le nom me semble difficile à
prononcer et que des contes merveilleux ont rendu célèbre,
fil comparaître un jour devant lui les plus riches de la cité,
et les invita à lui rendre compte de l'usage qu'ils faisaient
de leur fortune.
— Je renferme avec soins mes trésors, dit le premier,
dans la crainte que les voleurs, qui sont de malhonnêtes
gens, ne viennent me les ravir pour en faire leur profit.
— C'est mal, dit le Calife ; tu ressembles à cet homme
qui, le soir venu, cache sa lumière sous le boisseau et mar-
che dans l'obscurité, pour ne pas éclairer la demeure de son
voisin.
— Moi, dit le second, je me sers des miens pour jouir de
la vie : j'aime la volupté, le plaisir est mon dieu.
— Ce n'est pas bien, dit le Calife : lu ressembles à un
arbre qui ne produit que des fleurs dont le parfum abrège
l'existence.
— Moi, dit un dernier, j'emploie mes richesses à rendre
mes champs fertiles et à donner Thospilalité au voyageur.
— C'est toi qui fais le meilleur usage de la fortune ; tu
seras heureux, le monde conservera ta mémoire, et les houris
de Mahomet l'accueilleront en souriant.
L'honorable docteur qui vient de quitter celte place, et
dont je serais heureux de pouvoir imiter le beau discours
sur l'éducation des femmes, que nous avons applaudi dans
notre séance annuelle, M. Guénel nous donnait à entendre
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tout à l'heure que, sous sa présidence, nous avions suivi
rexemple de ce dernier riclie, en confiant à nos Ann^iles
des travaux variés et nombreux.
Si je vous prie, mes cliers Collègues, de ne pas faire moins
sous ma présidence, ne voyez autre chose dans ma demande,
que rintérêt que je porte à notre œuvre, laquelle reste tou-
jours saine, toujours morale, dans un temps où il est
nécessaire, plus que jamais, de réagir contre les tendances
malsaines de notre époque.
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JOUR D'ÉTÉ.
Lorsqu'elle élait enfant, bien souvent avec elle
J'ai joué, sans songer, sans voir qu'elle était belle.
Que son front était pur, son sourire charmant.
L'enfant ayant grandi, je ne sais plus comment,
Un soir, je me trouvai près d'elle plus timide.
Dans l'accent de- sa voix, dans son regard limpide.
Rien ne semblait changé ; non, mais je voyais bien
Que depuis quelque temps ses discours, son maintien
N'étaient plus d'une enfant ; la chère créature
Avait aux mois des fleurs transformé sa nature,
El le riant printemps avait paré ses traits
De charmes inconnus et de nouveaux attraits.
Nul ne peut éviter ce que le ciel envoie ;
Il est le maître ! Un jour je dus changer de voie
Et, iK)ur de nouveaux champs, suivre un nouveau sentier ;
Mais je n'y portai pas mon être tout entier :
L'âme laisse toujours une part d'elle-même
Dans le doux coin du ciel où vivent ceux qu'elle aime.
Je me dirigeai donc vers un autre horizon.
Je revins quelquefois visiter la maison
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Où s'écoulait sa belle et tranquille jeunesse,
En me gardant toujours de la moindre faiblesse
A ses côtés ; aussi ne sut-elle jamais
Le sentiment qu'au fond du cœur je renfermais.
Enfin le temps sur nous amassant les années,
Modifia le cours de nos deux destinées.
Et lorsqu'en ma cité s'accomplit mon retour.
Je n'avais plus le droit de lui parler d'amour.
Si je l'ai regretté, que le ciel me pardonne î
Le lot que le hasard ou le destin nous donne.
Qu'en ses desseins cachés il place sur nos pas,
Serait-ce donc celui que nous ne cherchons pas ?
Ou bien, à notre insu, quelque malin génie
Reçut-il le pouvoir de troubler l'harmonie
Que le ciel a dû mettre en nos âmes ? Ou bien
Sommes-nous dépendant du mal plus que du bien ?
Je ne sais ; mais souvent le cœur caresse un rêve
Qu'un sourire commence et qu'une larme achève.
Conduit par le désir et par elle invité.
Un jour j'allai la voir à sa maison d'été
Assise près d'un val, au bord de l'Allanlique.
C'était un frais chalet, d'apparence rustique
Et modeste, où, malgré l'éloignement des bois,
Elle allait demeurer dans le plus chaud des mois.
Elle accueillit gaîmenl Tarai de son jeune âge.
Puis lui montra sa cour, son jardin, son cottage.
Son enclos au gazon tout parfumé de thym.
Et lui fil partager son repas du matin :
Offert avec aisance, égayé de saillies
Dites en souriant et de même accueillies,
Embaumé parles fleurs, bercé discrètement
Par le concert des flots, le repas fut charmant.
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Après le déjeuner, de son premier étage,
Nous embrassions des yeux le val, les champs, la plage
Et la mer ; nous étions accoudés, nous touchant,
A la fenêtre ouverte aux regards du couchant ;
Le soleil rayonnait au sein d'un ciel splendide.
Et jusqu'à l'horizon de la plaine liquide
Répandait sur les eaux des torrents de clartés ;
Sur le vaste chemin des flots, de tous côtés.
Maints navires, jouets des vents et de Neptune,
A travers l'inconnu, poursuivaient la fortune ;
Et la côte aux flancs gris, si fatale aux nochers.
Nous montrait ses chalets, ses anses, ses rochers,
En prolongeant au loin ses lignes sinueuses.
Le murmure étemel des vagues écumeuses
Qui venaient en roulant déferler sous nos yeux.
Sans trêve, troublait seul le calme de ces lieux !
Nous causions lentement et laissions nos pensées
Errer en liberté rers les choses passées.
Et suivre les sujets au hasard, sans dessein ;
Et quoiqu'aucun secret ne sortît de son sein,
Un moment à son trouble, au pli de son sourire,
Je vis que sa fierté ne pouvait tout me dire ;
Que les rêves par elle évoqués autrefois
Avaient trompé son cœur et méconnu sa voix.
Mais si quelque regret parut troubler son âme,
Ce sentiment fut court, et la charmante femme
Reprit vite son calme et sa sérénité.
Quand j'étais mécontent de la réalité,
J'amais à faire appel au rêve solitaire
Qui nous fait oublier les soucis de la terre,
Nous flatte, nous caresse et nous prenant la main,
Nous invite à cueillir les roses du chemin.
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Mais les beaux rêves nés aux jours de ma jeunesse
De ces heureux instants ne valaient pas l'ivresse.
Aussi, comme la mer, les rochers et les champs,
Et le val, me semblaient sublimes et louchants !
Jetant à tous les vents leurs plaintes éternelles.
Qu'aux reflets du soleil les vagues étaient belles !
Que rétendue avait de grandeur ! que les cieux
Avaient, dans leur éclat, de charmes à mes yeux I
Que la brise chantait de belles harmonies
A mon âme, à la terre, aux plaines infinies !
0 bonheur calme et doux, né du recueillement
De deux âmes qu'unit un même sentiment ;
Qu'attirent tour à tour les caprices de l'onde^
Et la splendeur des cieux et les beautés du monde !
Mais tout passe à la fin, sauf l'éternel désir
D'une félicité que l'on ne peut saisir !
J'étais sous le pouvoir d'un tranquille bien-être,
Lorsque l'astre du jour embrassa la fenêtre
Où, distraits et rêveurs, nous étions accoudés.
Et de ses feux soudain nous fûmes inondés.
Des champs, des flots, des cieux, laissant là le domaine,
Dans sa chambre encor fraîche et sombre, et toute pleine
De suaves parfums, nous rentrâmes rêveurs.
Oui, près de nous la terre a des gerbes de fleurs ;
La brise, des accents pleins de mélancolie.
Et la mer, des grandeurs que jamais on n'oublie !
Mais pour trouver du charme au spectacle changeant
De l'abrupte falaise ou des vagues d'argent
Qui brisent le rocher ou dansent sur la plage ;
Pour jouir du concert mystérieux, sauvage
Dont les flots et la brise, au sein d'un jour béni,
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Bercenl les fleurs, les bois, le monde et rinfini :
D faut qu'une secrète et bienfaisante flamme
Puisse, en reflets divins, rayonner dans notre âme
Et donner aux objets placés autour de nous
De plus puissants reliefs ou des accents plus doux ;
n Taut entendre en soi chanter de belles choses.
Pouvoir associer au souvenir des roses
Celui des fruits cueillis dans le cours du chemin
Et voir briller Tespoir au ciel du lendemain.
E. ORIEUX.
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NOTICE NÉCROLOGIQUE
SUR M. F.-P. DOUGIN
Inspecteur d'Académie honoraire ,
PAR Mr E. ORIEUX.
Devant le linceul qui recouvrait la dépouille mortelle d'un
de ses plus aimés, un poète s'écriait :
Oh ! qu'il esl beau de bien mourir !
Près de la tombe à peine fermée de notre regretté collègue,
M. Doucin, en pensant ^ cet homme juste et bon qui vient
de s'éteindre doucement, confiant dans la bonté divine et
laissant le souvenir d'une existence toute remplie par le
labeur et le devoir, je ne puis m'empêcher de répéter :
Oh ! qu'il est beau de bien mourir !
M. Doucin (François-Pierre), naquit k Nantes, le 7 juin
1805 ; il fit d'excellentes études au Séminaire de cette ville,
et, à l'âge de 20 ans, il débuta, dans l'enseignement univer-
sitaire, à Bourbon- Vendée, aujourd'hui la Roche-sur-Yon.
Au commencement de 1830, il était chargé de la classe
de troisième au collège royal de Poitiers ; à la fin de la
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même année, il passait à celui de Grenoble, et il remplit
ensuite pendant 13 ans, k Pontivy, Avignon et Marseille, les
fonctions de Censeur des études, qu'il conserva jusqu'à l'âge
de 42 ans.
M. Doucin dut à son seul mérite ses avancements successifs.
Sa mémoire était vraiment remarquable et son esprit fort
distingué. Les chefs qui avaient constaté son assiduité au
travail, son caractère bienveillant, son intelligence des choses,
ne pouvaient manquer de favoriser une carrière dont les
commencements ne produisaient que de bons résultats.
Ce fut à Mâcon, en 1847, que M. Doucin débuta comme
Proviseur -, trois ans plus tard, il était Recteur de l'Académie
départementale, au même lieu, et ensuile à Alençon. Enfin,
le 1*^ septembre 1854, il fut nommé Inspecteur de l'Aca-
démie de Caen. Après avoir rempli ces dernières fonctions
pendant douze années, avec un dévouement qui ne se démentit
jamais, il fut admis à la retraite sur sa demande, et nommé
Inspecteur d'Académie honoraire. Il avait été employé dans
l'enseignement pendant quarante ans et demi.
11 reçut, dans l'intervalle, le litre d'Agrégé de l'Université
et la rosette d'officier de l'Instruction publique, et ses loyaux
services furent récompensés par la croix de la Légion-
d'Honneur.
En prenant sa retraite, M. Doucin vint habiter sa ville natale,
et presque aussitôt, le 5 janvier 1867, il fil partie de la
Société académique.
Il fut président de notre Société pendant la fatale période
de la guerre franco-allemande ; cl à la fin de son mandat,
il prononça ce beau discours où, dans un style clair, élevé,
harmonieux, il nous entretenait des beautés de la langue
française et des périls que lui fait courir le réalisme outré,
malheureusement en honneur dans la presse, dans le roman
et jusque dans le poème.
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La Société académique ne doit pas oublier les services que
lui a rendus M. Doucin, comme administrateur, trésorier et
historiographe. Nul n'a connu nos archives aussi bien que
lui. 11 a écrit l'histoire des vingt premières années de la
Société, ouvrage fort curieux et qui accuse un esprit mélho-
dique de premier ordre ; il a rédigé une notice qui fait
comprendre l'utilité de la Société et pressentir les services
qu'elle peut rendre (i) -, enfin, de nos publications annuelles,
il a dressé une table alphabétique qui embrasse une durée de
80 ans. En examinant ce dernier travail, accompli dans
moins d'une année, on demeure étonné des difficultés surmon-
tées et du labeur dépensé par cet homme vaillant.
La Société académique voulut récompenser ce dernier
ouvrage, et elle accorda à notre éminent collègue une
médaille d'or portant le mot de reconnaissance.
La Société eut en lui un trésorier modèle : il fit entrer
l'ordre et la méthode dans la gestion de nos finances, et il
conserva ces fonctions jusqu'au jour où, accablé par la
souffrance, il sentit la plume lui échapper des mains.
Gomme fonctionnaire, M. Doucin eut toutes les probités.
Comme homme du monde, il avait des qualités aimables,
beaucoup de bienveillance et une affabilité sans égale.
Il semble qu'il ait considéré la mort comme le commen-
cement d'un voyage dont la pensée nous donne une douce
espérance. Il s'est éteint doucement à l'âge de 80 ans,
comme le sage de Platon qui est plein de confiance à
l'approche du dernier jour, et qui a le ferme espoir de
trouver dans l'autre monde une très grande félicité (2).
8 mars 1886.
(*) Ces deux écrits font partie des Annales de 1875.
(^) PhédoH ou de l'âme.
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LE SECRET DE BRIZEUX
Par m. Alcide LEROUX.
Gand he c*hoef digor d*anti avel
Hi oa c ghiz eonn durzimel
Pa'n em zisplcg lie diou askel.
Brizkux, Telen Arvor.
Beau pays d'Arzannô, village du Moustoir,
Cent fois je pense k vous et je veux vous revoir !
Je veux revoir l'église et le vieux cimetière
Ou Marie a joué, pieds nus, dans la poussière,
Et le petit sentier oii Brizeux, tout enfant,
La suivait, puis enfin Tatteignait triomphant ;
Je veux revoir les ifs où nichaient les colombes,
Le clocher de granit, et les croix et les tombes
Où reposent Albin, Daniel et leurs amis
Sous le gazon touffu, maintenant endormis ;
Je veux revoir le Scorf, le pont Kerlo, la lande
Kt les grands châtaigniers qui courent en guirlande
Des bords de la rivière au taillis de bouleau
Et depuis le Moustoir au bois de Kermelo.
Que m'avez-vous donc fait lieux pleins d'un triste charme
Que votre souvenir mette encore une larme
Dans mon cœur et mes yeux après plus de trois ans ?
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Votre image, pareille aux longs chagrins cuisants,
S'est-elle donc fixée en mon âme attendrie ?
Mais quoi ! je le sens bien : c'est l'ombre de Marie,
C'est celte ombre d'enfant qui plane nuit et jour
Sur vous, en répétant un long refrain d'amour;
C'est elle qui revient, doux et triste fantôme
Qu'on écoute ravi, que jamais on ne nomme ;
C'est elle qui revient murmurer à mon cœur
Des mots mêlés de deuil, de joie et de douleur.
Qui donc es-tu, Marie, ange, enfant ou mensonge.
Ombre ou clarté sans fond où notre âme se plonge
Sans savoir si tu fus rêve ou réalité ?
Marie, as-tu vécu? Si lu n'as existé
Que dans l'esprit étroit de l'artiste poète
Façonnant froidement un profil, une tôte
Destinée h frapper, et d'un genre nouveau ;
Si tu n'es qu'un porlrait fait à coup de ciseau,
Pourquoi nous apparaître et si vraie et si belle ?
Où pris-tu cette grâce aimable et naturelle.
Ce parfum de blé noir qui s'attache à tes pas.
Cette candeur qu'on voit et qu'on n'invente pas?
Où pris-tu ce front pur, cette sainte ignorance.
Ces mots affectueux mêlés d'indifférence.
Cette robe de lin, ce sourire « en dessous, »
Cet amour de jouer, « sur le sable, aux cailloux ! u
Celui qui peint ainsi son astre, son étoile.
Rayonnant sous les plis d'une robe de toile.
Celui-là ne feint pas et ne sait pas menlir.
Qu'on me l'accorde ou non, je ne puis consentir
A t'appeler fantôme, ou vision ou rêve.
Quand l'art a fait la fleur, la fleur n'a point de sève
Marie est une fleur au ton vif et vermeil
Qui naquit et grandit en face du soleil.
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Oui, Marie a vécu ; je seus vibrer son âme :
Sous le masque idéal palpite un cœur de femme,
Un cœur immaculé comme un lys cnlr'ouvert,
Capable de souffrir et qui n'a pas souffert.
El pourtant si Marie, ignorante bergère.
N'est qu'une enfant de plus jouant dans la fougère,
Courant au catéchisme ou dansant au pardon,
El, plus tard, qu'une fille épousant un garçon.
Pourquoi nous sentons-nous tant fascinés par elle ?
D'où lui vient ce rayon de lumière immortelle.
Ce rayon inconnu de céleste beauté
Qui donne tant d'éclat k sa virginité ?
Ah ! c'est lîi le secret du barde fier et tendre
A qui la muse, un jour, daigna se faire entendre,
A qui, tout bas d'abord, et puis h haute voix
Elle dit de chanter les genêts et les bois,
Ses premiers souvenirs et la lande fleurie,
El surtout l'humble enfant qui s'appelait Marie.
Oh ! comme à cette voix Brizeux sentit son cœur
S'arrêter, puis soudain tressaillir de bonheur î
Ce fut comme un frisson qui passa dans ses veines.
Exilé dans Paris, mais l'âme et les mains pleines
De trésors amassés dans les champs de Ker-rorh,
U se mit à chanter la lande et les fleurs d'or.
Le Scorf et ses vallons tout remplis de uîyslère.
Et la croix et l'église et le vieux presbytère.
Soudain , dans sa pensée, éclairant le tableau.
Il vit poindre en l'azur l'enfant du pont Kerlo,
L'enfant qui partagea ses jeux d'enfant, Marie,
Résumant dans ses traits l'amour et la patrie.
Son sort est décidé : le poète, amoureux
De cette beauté pure apparue à ses yeux.
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La reverra partout, ne chantera plus qu'elle,
Ou du moins sentira son image étemelle
Jeter sur son chemin son doux reflet charmant.
Marie éclaire tout de son rayonnement.
Ne me demandez pas, censeur froid et sévère,
Si le portrait est vrai : le i)oète est sincère.
Il peint Tobjet qu'il voit et cela me suflBt ;
Il le peint tel que Dieu dans son âme le lit.
Brizeux prit celle fleur jeune, k demi sauvage,
Qui grandissait au fond du plus obscur village;
11 l'entoura d'égards, l'arrosa de ses pleurs,
Doublant à son insu l'éclat de ses couleurs.
Et la foule, en voyant celte large auréole
Dont s'ornèrent ainsi la tige et la corolle.
Demande si Brizeux, dans un profil si beau,
A vraiment mis les traits de l'enfant du hameau.
Demandez donc aussi s'il a peint les grands chênes,
Les Bretons, leurs rochers, leurs montagnes, leurs plaines,
Avec leur nombre exact, leur taille et leur couleur ?
Moi, je crois ii Marie, îi sa douce pâleur.
Quand Brizeux la revit grandie et languissante.
Quand Brizeux lui parla d'une voix frémissante.
Je crois à l'entretien si doux du pont Kerlo,
A la bague de cuivre, au petit Pierre KIo,
Comme je crois au Scorf, îi ses paisibles rives,
Aux bois tout pleins du chant des merles et des grives.
Au moulin de Ker-rorh, au hameau du Moustoir,
Aux parfums que répand la lande vers le soir.
Le poète agrandit, embellit son image.
Ou plutôt c'est l'objet qui, sortant du nuage
De jour en jour plus grand, plus beau, plus radieux.
Par son éclat subjugue el son âme et ses yeux.
Enivré du parfum de sa chère Bretagne
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- 23 —
El du frais souvenir de sa jeune compagne,
Brîzeux, dans ce Paris qui lui semble un désert,
Mêla ces deux amours dans un touchant concert.
11 idéalisa la Bretagne et Marie ;
Mais il ne mentit pas: ce fut sa rêverie,
Ce fut sa muse enfin qui, lui montrant du doigt
Ce lioint dans Tidéal, lui dit : « Marche tout droit ! ^
Et dès lors, qu'il parcoure et Rome et Vllalie,
11 ne chassera plus celte mélancolie
Qui sous un ciel si bleu met un voile h son front
Et donne à son génie un charme si profond.
C'est fini : la Brelagne et la touchante hisloirc
De l'enfant d'Arzannô viendront dans sa mémoire
Lui redire sans fin de bientôt revenir ;
Et lui s'abreuvera de son cher souvenir.
Amour! fidélilé? grandeur d'âme! droiture!
C'est ce qui fit le fond de ta riche nature,
0 chantre du Léta, du Scorf et de l'Ellé !
Heureux l'homme à qui l'art s'est ainsi révélé
Sous les traits d'un amour inaltérable et tendre !
Celui-là sut toujours l'art de se faire entendre
Et l'art de faire aimer et comprendre son chanl.
Le cri qui part du cœur est bien assez touchanl,
Pour n'avoir nul besoin d'une froide mélhode
Et des moyens subtils qu'on veut mellre l\ la mode.
Heureux celui qui chante un objet adoré.
Un seul, jusqu'à la fin ! dans son vers inspiré,
Toujours on sentira la flamme, l'étincelle.
Pour cet être idéal qu'il voit et qui l'appelle
En lui tendant la main du haut des cieux d'azur,
Jamais il ne croira son langage assez pur.
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— 24 —
Et son génie ira dans les cbants du sublime,
Montant, montant toujours, volant de cime en cime.
Oui, Brizeux, ce fut Ik le secret de ton art.
Quand je te vois errer et pleurer à l'écart.
Jamais je ne croirai que ton fier esprit roule
Un vers fait tout exprès pour éblouir la foule.
Tout est vrai dans tes chants, tout est plein de douceur
Et de sincérité comme au fond de ton cœur ;
Car ton vers recueilli, c'est ton cœur et ton âme.
Comme Tamour en est et la vie et la flamme.
Repose donc en paix, mon poète chéri ;
Depuis longtemps déjà la gloire t'a souri !
Mais j'entends chaque jour, autour de ta mémoire.
Grandir un bruit de voix prédisant ta victoire.
En vain tu fus jadis un enfant du hameau.
Et ton pays en vain cache ton blanc tombeau
Sous le feuillage obscur d'un humble petit chêne
Qu'à travers les cyprès l'on entrevoit à peine ;
En vain ils ont redit qu'un peu trop personnel
Tu ne sus que chanter Marie et Ker-rohel ;
Moi je sais que, vaincu par ta mâle harmonie,
Le monde un jour voudra couronner ton génie.
Je sais que, du vieux Rhin aux bords de l'Océan,
Des cœurs épris de toi, des bardes pleins d'élan
Viennent en pèlerins répéter sur ta tombe
Tes vers doux et plaintifs comme un chant de colombe.
Et suivre ton passage à travers les grands bois
Tout frissonnants encore de l'écho de ta voix.
Depuis longtemps déjà ton œuvre a fait école.
Qu'on le confesse ou non ; vers toi l'on court, on vole,
Moins jaloux qu'ébloui de ta naïveté ;
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- i5 -
Mais nul jusqu'à présenl ne l'a bien iroilé.
Dors en paix, TaveDir prendra soin de ta gloire !
Dors en paix, ton beau nom est écrit dans l'histoire ;
Le passant, sur un fût de granit éternel,
Bientôt lira ces mots : « Gloire au barde immortel ! i
Saffré, juin 1885.
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POÉSIES
PAR JOSEPH ROUSSE.
DOM LOBINEAU
HISTORIEN DE LÀ BRBTAOi>iE (*).
A M. ARTHUR DE LA BORDERIE.
Dans ce cloître où la mer, au milieu du silence,
Fait entendre sa grande voix,
Dom Lobineau, lassé de son labeur immense,
Vint se reposer autrefois.
Pour chasser h jamais les fables de THistoire,
Il avait souffert et lutté,
Aimant d'un mCme amour, au-dessus de la gloire,
La Bretagne et la Vérité.
Il mourut, et bientôt dans l'étroit cimetière
On dispersa ses ossements.
Son nom ne fut pas môme écrit sur une pierre :
Ses ennemis étaient puissants !
(«) Le 3 mai 1886, à Saint-Jacut-d6-la-Mcr, eut liea rinauguratinn du
iDonumcnt érigé à la mémoire de Dom Lobineau, par les soins de Mgr Bouché,
évéque de Saint-Biicuc et Tréguicr, avec le concours de la Société des
Bibliophiles bretons et des Sociétés d'Archéologie crille-et- Vilaine et des
C6tes>du-Nord. C'est un menhir surmonté d'une croix élevé dans le cime-
tière où ont été jetés les ossements de l'illustre bénédictin. Après un service
solennel présidé par Mgr Bouché, l'éloge de Dom Lobineau fut prononcé
près de ce monument par H. Arthur de la Borderie.
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— 27 —
n avait défendu les droits de TArmorique ;
On voulait les faire oublier ;
Mais son œuvre était là, comme un granit celtique
Qu'aucun marteau ne peut plier.
La Bretagne aujourd'hui, fidèle à sa mémoire,
Dresse un menhir sur son tombeau,
Et met, en l'entourant d'une tardive gloire.
Un nimbe au front de Lobineau.
Ami, nous penserons souvent à l'abbaye
Au milieu des jardins s'élevant rajeunie,
A l'évOque notre hôte y rassenjblant un jour
Ceux qui pour la Bretagne ont un ardent amour.
Tous nous étions venus rendre hommage à la gloire
Du vieux njoine oublié, père de notre histoire.
Nos âmes garderont longtemps le souvenir
Des Bretons réunis au pied de ce menhir.
Et dans ce cimetière écoutant la louange
De notre race antique et qui jamais ne change.
Autour de nous les fleurs parfumaient les tombeaux ;
Nos regards découvraient des îles sur les eaux.
Un manoir dans les bois, Thébnïde des Grèves,
Où vécut un poète aussi doux que ses rêves ('),
Les bords de l'Arguenon et leurs landiers fleuris
Ouverts sur l'Océan aux lointains infinis. . .
Quand vint le soir, parut, image de la Gloire,
Le feu du cap Fréhel aux éclats passagers.
Eclairant par instants les flots et les rochers,
Puis les abandonnant bientôt dans la nuit noire !
l*) Hippolytc de la Moivonuais.
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— 218 —
UN VILLAGE-
Le village esl assis au milieu des fulaies
Dans un étroit vallon,
Un frais jardin s'étend fermé de vertes haies
Devant chaque maison.
Les toits de chaume sont tout veloutés de mousses.
Et de blancs cerisiers
Balancent alentour avec des senteurs douces
Leurs bouquets printaniers.
L'aunée aux disques d'or et la menthe sauvage
Bordent les clairs ruisseaux
Qui courent gazouillant à travers le village
En tombant des coteaux.
Au centre est un vieux puits enguirlandé de lierre
Et de liserons blancs,
Où pour emplir d'eau pure une buire de terre
Se rendent des enfants.
Le soleil de midi darde sur la vallée ;
Je n'entends sous les cieux
Qu'un chant aigre et perçant de pintade isolée ;
Tout est calme et joyeux.
Malgré tant de chagrins qu'avec lui l'homme emporte,
Il me semble qu'ici
On trouve un peu de paix, et que l'àme esl plus forte
Et plus heureuse aussi.
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— 29 —
L'OBÉLISQUE DE MI-VOIE.
L'aurore se lève erai)ourprée,
La voûle du ciel est dorée,
Les coqs chanlcnt dans les hameaux ;
Sur la roule silencieuse,
Tîole, saulillanle et joyeuse,
La sonnellc de nos chevaux.
Le postillon sur la colline
Me montre un bois qui la donfme,
Sombres mélèzes, noirs sapins.
C'est là que, dans une clairière,
S'élève une aiguille de pierre.
Gardant des souvenirs lointains.
Là sont gravés les noms des Trente,
Dont la gloire est encor vivante.
Quand tant d'autres sont oubliés !
Le passant s'arrête à les lire.
Enrant ou vieillard, il admire
Beaumanoir et ses chevaliers.
Nous descendons dans la clairière.
Devant l'obélisque de pierre
Est un bouquet de fleurs des champs.
Qui vint déposer cet hommage ?
Peut-être un poète en voyage.
Ou quelque fils de paysans.
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— 30^
A ROBERT BURNS.
Vaillant Burns, pauvre âme brisée,
Triste et gai, toujours amoureux,
Sur les vers perle la rosée.
Comme les larmes dans tes yeux.
J^aime ta Muse aux chants alertes,
Dont la graine rouge du houx.
Brillant parmi les feuilles vertes.
Couronne le front jeune et doux.
Ton livre sent la violette,
La fraise et les fleurs des ruisseaux.
On y voit passer Talouetle
Et le mauvis dans les bouleaux.
J'y trouve, presque à chaque page.
En suivant de jolis sentiers.
Quelque nouvelle et fraîche image.
Comme un nid dans les noisetiers.
Quand, aux jours sombres de l'automne,
Tu rencontrais la Pauvreté,
Pauvre, lu lui faisais l'aumône
De tes chants et de la gaîlé.
La vieille Ecosse t'était chère.
Et ta voix disait aux échos.
Sur les monls fleuris de bruyère,
La gloire des anciens héros.
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— 31 —
LA CATHÉDRALE DE NANTES.
A Marie Jenna.
Depuis quatre cents ans, ô vaste cathédrale,
Les générations ont versé des flots d'or,
Pour dresser dans les cieux ta voûte colossale ;
Et l'heure du repos n'est pas venue encor.
Il approche pourtant, le jour où la lunoiëre
Inondera tes nefs à travers les vitraux,
Et fera resplendir dans leur beauté sévère
Les figures de marbre autour de tes tombeaux.
Bientôt il croulera, le dôme lourd et sombre.
Débris resté debout, entre tes larges bras,
Sous qui se sont assis des évoques sans nombre.
Et que les siècles seuls n'ont pu jeter à bas.
0 cathédrale, immense ainsi qu'une montagne,
11 nous fallait un temple aussi vaste que toi,
Pour garder le tombeau de la vieille Bretagne,
Symbole merveilleux de noblesse et de foi !
Vous veillez près de lui, sublimes sentinelles.
En portant dans vos mains le glaive et le compas.
Le fanal et la tour, ô Vertus immortelles :
Vos pieds de marbre blanc ne se lasseront pas !
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GUANO D'ALGATRAS
PAR MM. A. HERBELIN ET A. ANDOUARD.
Au cours d'un voyage fait en 1877, un explorateur avait
rapporté de Tîle d'Alcatras (côte d'Afrique), un guano de
bonne apparence et qui avait donné h l'analyse les résultats
suivants, pour des échantillons différents :
HerbelÏD. Lecharlier. Bobierre.
Azote total «/o 1-57 1.80 1.45
Acide phosphorique Vo 84 . 36 29 . 50 28 . 19
Encouragé par la richesse du produit, Tauleur de sa
découverte affrète un navire et retourne sur la côte africaine
en chercher un chargement complet. D'après ses premières
investigations, l'île d'Alcatras était entièrement recouverte
de guano, dont la partie superficielle, sous une épaisseur de
10 à 15 centimètres, devait avoir la composition de l'échan-
tillon rapporté au premier voyage, tandis que la couche
inférieure, profonde de 1",50 et plus et contenant beaucoup
de sable, pouvait avoir un titre moitié moins élevé que le
précédent. Ces prévisions ne se sont réalisées qu'en partie.
Le guano fut enlevé avec précaution, sur toute la surface de
l'île, c'est-à-dire dans le point le plus riche. Voici ses
caractères :
A son arrivée, il présentait une couleur café au lait,
l'odeur et l'aspect du guano. Mais son toucher était rude ;
on y sentait k la main une forte proportion de sable. Mis en
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— 33 —
sacs au débarquement, il en détruisit assez prompiement le
lissu et, dès lors, il se trouva en contact avec Tair. Sa
nuance primitive disparut et il prit bientôt la teinte grisâtre
qu'il avait, au moment où nous nous en sommes occupés.
Pour déterminer avec certitude sa composition moyenne,
nous avons prélevé seize échantillons , dans la masse qui
représentait le chargement presque entier. Tous étaient
inodores et ne ressemblaient plus k du guano. Leur compo-
sition était, à de légères variations près, la suivante :
Humidité 7.22
Azote organique et ammoniacal 0. 75
Matières organiques 4 . 64
Acide phosphorique H .52
Chaux, magnésie, oxyde de fer 12.06
Sels solubles 0.82
Sable très blanc 68.49
Total 100.00
il y a loin de ces chiffres à ceux des premières analyses.
Etant donné les soins apportés au choix du guano, au moment
du chargement, il est évident qu'il y a peu d'espérances à
mettre dans le gisement de Tile d'Alcatras. Il est à remar-
quer cependant, que la récolte a été faite après la saison
des pluies, qui sont torrentielles en cet endroit. En choisis-
sant mieux l'époque, on obtiendrait peut-être un résultat
meilleur, mais il n'est pas prudent d'y compter. L'île
est peu élevée ; la mer déferle à sa surface et achève le
lavage déjà commencé par la pluie, il est peu probable que
celte source devienne meilleure dans l'avenir qu'elle n'est
aujourd'hui.
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LES DERNIERS JOURS DE M. F. GUGOT
Par m. h. FARGUES.
On peut juger diversement le rôle politique qu'a joué
M. François Guizol, critiquer ses vues, blâmer certains de
ses actes, mais on est obligé de reconnaître qu'il s'impose
à l'admiration des esprits impartiaux par la supériorité de
son intelligence, par l'incontestable talent qu'il a déployé en
bien des circonstances, par un génie oratoire que nul n'a
surpassé, non moins que par la droiture de ses intentions
et par l'irréprochable austérité de sa vie.
Ce fut surtout depuis qu'il se fut retiré de la vie publique,
après 1848, pour se renfermer et s'absorber dans ses travaux
d'histoire et d'études religieuses, que M. Guizot se montra
sous un jour tout nouveau et révéla dans l'intimité de la vie
privée, des qualités d'âme que jusqu'alors l'on n'aurait pu
guère soupçonner chez lui : une grande richesse de senti-
ments, une exquise bonté, une parfaite bienveillance pour
tous ceux qui l'approchaient, une appréciation équitable et
mesurée des hommes et des choses qu'il avait le plus com-
battus.
Né en 1787, il avait 83 ans, quand éclata la guerre
fatale de 1870. Les angoisses et les douleurs patriotiques
ébranlèrent fortement sa santé, vigoureuse jusque-là. « Mais,
disait-il, l'indignation et la tristesse sont malsaines à mon
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— 35 —
âge ; « et recueillant les forces qui pouvaient lui rester
encore, il voulut dire au monde du fond de son lit ce qu'il
pensait de la situation, ce qui l'avait amenée, et quels
remèdes il convenait d'y apporter. Sa voix se perdit au
milieu du déchaînement de la tempôle ; mais ce n'en était
pas moins la voix d'un grand patriote, ému et troublé des
souffrances de son pays, et désireux de consacrer à panser
ses plaies tout ce qu'il pouvait avoir encore d'intelligence,
de courage et de vie.
Lorsque la lamentable issue de la guerre Qut ramené une
apparence de calme dans les esprits, M. Guizot se remit à
l'œuvre pour poui'suivre la tâche nouvelle et considérable
qu'il avait entreprise de donner au public les leçons d'histoire
de France qui charmaient depuis plusieurs années ses
petits enfants. Le premier volume de ce grand monument
historique parut en 1871. Trois autres ne tardèrent pas à
suivre. L'Institut n'avait pas attendu leur publication pour
décerner à l'auteur et à l'unanimité le prix biennal de
1871.
L'activité intellectuelle de M. Guizot à cette époque était
prodigieuse. 11 lisait, écrivait ou dictait sans relâche. Il
s'occupait en môme temps et avec un zèle ardent des
intérêts de l'église réformée dont il était membre et dirigea
les premiers travaux de son Synode général qui s'ouvrit
h Paris en juin 1872. Mais il ne put en soutenir jusqu'au
bout l'effort, et en se retirant, il écrivit au Modérateur de
celte assemblée une lettre admirable , dans laquelle il
affirmait une dernière fois ses convictions chrétiennes, et
« remerciait Dieu d'avoir pu témoigner, si près du terme
de sa vie, de son ferme attachement à la foi chrétienne et
de sa confiance dans l'œuvre poursuivie par le Synode. »
On sait que l'auteur de l'histoire de la civilisation était
resté toute sa vie profondément religieux. Sa foi avait pu
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— 36 —
faiblir au contact de la société plus policée que sérieuse des
premières années de ce siècle et au sein de l'arène brûlante
des partis, mais elle ne s'était jamais éteinte. La philosophie
spiritualiste dont il se montra le fervent adepte ne pouvait
lui suffire. Il avait besoin de croire k Tintervcntion constante
de la divinité dans les affaires humaines. 11 admettait le
surnaturel et il en soutint le principe dans deux articles
publiés en 1864 dans la Revue des deux mondes peu
habituée à serrer d'aussi près de semblables questions. De
là sont sortis ces quatre volumes de méditations sur l'essence
de la religion chrétienne, première ébauche d'un grand travail
qui devait être consacré à l'apologie de la religion chrétienne
contre les attaques de la critique moderne ; et ceux qui ont
lu ces études magistrales ont pu se rendre compte de la
profondeur de pensée, de la vigueur de raisonnement, de
l'éclat oratoire avec lesquels il a partiellement réalisé son
programme.
Sa foi ne l'abandonna jamais : elle le soutint et le fortifia
dans les épreuves des deux dernières années de sa vie et
dans celles de l'heure suprême.
Retiré dans sa campagne du Val-Richer en Normandie,
entouré de la plupart de ses enfants et de ses petits enfants,
il vit s'éteindre successivement ses meilleurs amis. La perte
de M. Vitet lui fut tout particulièrement sensible ; « c'était,
disait-il, l'un des derniers survivants d'un ancien et excellent
bataillon. » 11 ajoutait à cette occasion, que bien qu'il ne
fût pas d'une nature mélancolique, les épreuves de la vie
avaient fait pour lui, de la tristesse au fond de l'âme, un
état naturel dans lequel il rentrait sans effort.
Un nouveau et rude coup l'attendait. Sa fille, M"« Cornélis
de Wilt, atteinte d'une pleurésie, dut aller chercher sous le
ciel plus clément du Midi le rétablissement de ses forces.
Elle y laissa la vie. L'illustre vieillard accepta avec soumis-
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- 37 —
sion celte séparation ; mais ceux qui Taimaient ne se
trompèrent pas sur l'effet de sa douleur dans cette âme qui
semblait devenir chaque jour plus tendre.
La seconde de ses filles, M"« Conrad de Wiit, l'auteur de
tant d'ouvrages fort estimés à l'intention de la jeunesse, le
collaborateur assidu de son père, qui lui disait : « 11 nous
faut être une âme en deux corps pour travailler comme nous
faisons, » a publié sous ce titre, il y a quelques années :
• M. Guizot dans sa famille et avec ses amis, » un livre
des plus captivants qui nous fait voir sous un jour tout
nouveau l'ancien ministre de Louis-Philippe, nous le montre
dans l'intimité de la vie domestique, bon, affectueux, presque
tendre, simple, flexible, coulant, ayant en Dieu une confiance
filiale, d'une piété pleine d'autorité et de charme, sentant
vivement les émotions des siens, prodiguant à ses amis dans
le deuil de sympathiques et efficaces consolations.
Il venait d'achever les dernières lignes du quatrième
volume de son histoire de France, quand cddanl h une
faiblesse croissante, il se mit dans son lit pour ne plus se
relever. Tous les siens étaient accourus auprès de lui.
On lui prodigua des soins inutiles. 11 conservait toute sa
lucidité d'esprit ; mais il parlait peu. 11 prononça toutefois
pendant les cinq à six jours qui précédèrent sa mort, quel-
ques-unes de ces paroles expressives qui le peignaient tout entier,
et qui méritaient d'être conservées. Sur ses lèvres revenait
constamment le nom de la France, de cette patrie si chère
dont les malheurs avaient les premiers porté un coup fatal
à sa robuste vieillesse. « Il faut servir la France, dit-il,
pays malaisé h servir, imprévoyant et inconstant; il faut le
bien servir, c'est un grand pays. » L'une de ses petites filles
qui veillait auprès de lui, dut chercher dans le 3® volume
de son histoire de France le portrait de Coligny qu'il
voulait revoir. Il y avait une grande affmité de caractère
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— 38 —
entre lui et l'austère victime de la Saint-Barlliéleray. 11
regardait sa fille, elle aurait pu se tromper sur la séparation
qui l'attendait, tant ce regard était encore pénétrant et
tendre... Adieu, ma fille, adieu, répétait-il... Une seule
espérance soutenait alors les cœurs. « Au revoir, mon
père, » dit-elle. M. Guizot, si faible quelques instants aupa-
ravant, se releva seul sur ses oreillers; ses yeux brillaient,
sa voix avait repris sa force « personne n'en est plus sûr
que moi » dit-il ; et son accent retentit encore dans l'âme
de ceux qui l'entendirent (»). Il avait réglé l'ordre de ses
obsèques interdisant toute invitation et tout discours :
« Dieu seul doit parler sur les tombeaux, » avait-il dit: encore
un de ces mots brefs et incisifs qui jaillissent comme des
étincelles. Le silence de la mort avait commencé. Depuis
plusieurs heures, M. Guizot n'avait pas ouvert les yeux ;
son fils et sa fille étaient à côté de lui. Tout i\ coup les
yeux njouranls se rouvrirent, plus beaux, plus fermes que
jamais, regardant au loin avec une lucidité étrange, comme
s'ils apercevaient les êtres chéris qui l'attendaient sur l'autre
rive, « ses enfants suivaient encore ce regard ; l'âme était
déjà entrée dans l'éternité. »
Quelques jours auparavant, assis dans son fauteuil, à côté
de son bureau, accablé par ime mortelle faiblesse, il disait
à sa fille : « Ah ! mon enfant que nous savons peu de
chose! » Puis levant les mains par un mouvement impé-
tueux : « Enfin, je serai bientôt dans la lumière ! »
Je tiens d'un membre de sa famille qu'à peu près à la
môme époque, comme sa fille était péniblement impressionnée,
en le voyant trembler de tous ses membres, il la releva par
ces fortes paroles : « Mon corps tremble, mais mon âme ne
tremble pas. » C'est sous une autre forme et dans des conditions
(*) J'eniprante tous ces détails aa livre de Mme c. de Witl.
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- 39 —
différentes, le mol de Bailly : « Je tremble, mais c'est de
froid. » Et encore : « Je quille un monde bien petit pour un
monde bien grand. » Voilà le langage que tiennent les héros
chrétiens sur le seuil du monde invisible.
11 m'a semblé. Messieurs, qu'il valait la peine de relever et
de conserver dans nos Annales de semblables expressions qui
traduisent les nobles pensées et les sentiments élevés de l'un
des plus grands, des plus vigoureux esprits des temps
modernes. A celte heure où toutes les illusions s'envolent
et oii le temps va faire place à Téternité, l'homme interprète
exactement et manifeste au dehors ce qu'il sent dans les
profondeurs les plus intimes de son être. 11 a déchiré le
masque ; il est lui : on ne dissimule pas en face de la mort.
A nos yeux, M. Guizot se trouve grandi de toute la puissance
de ses convictions chrétiennes.
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HISTOIRE
DES ENFANTS ABANDONNÉS ET DÉLAISSÉS
Par Léon LALLEMAND.
ANALYSE PAR M' H. FARGUES.
Je comprends, Messieurs, que M. Léon Lallemand ail
consacré un volume de 800 pages in-8** à Irailer celte question
capitale. Par un certain côté, elle est à la base de toutes les
autres, puisqu'elle est liée au développement, k la vie, à
Texistence même de Thumanité.
Cette question, l'Académie des sciences morales et politi-
ques la mettait au concours, en i882, sous le lilre suivant :
« De la protection de l'enfance, au point de vue des enfants
trouvés et assistés ou délaissés par leur famille.
» Rechercher comment, soit dans Tanliquilé, soit chez les
peuples modernes, a été résolu le problème de la protection
de ces enfants »
M. Léon Lallemand a remporté le prix : c'est ce mémoire
couronné que nous allons analyser.
J'ai h peine besoin de vous faire remarquer quelle somme
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— 4i -
de recherches et de travail suppose celle vaste élude. C'est
rbistoire m^me des efforts de rhumauité dans tous les
siècles, en faveur de ces déshérités de ce monde que Ton
ap[)clle les enfants délaissés, exposés, abandonnés, ou mieux
rbistoire de la situation qui leur a été faite par les mœui*s et
la législation des différents peuples.
Le sujet se divise naturellement en trois parties : le
problème dans l'antiquité ; le problème chez les peuples
appartenant à la civilisation chrétienne ; le problème chez
les peuples étrangers à cette civilisation (Inde, Chine, Japon,
monde musulman, etc.)
LIVRE I.
l'antiquité.
I. — A la tête des peuples de l'antiquité se trouvent
les Egyptiens qui sont l'un des plus rapprochés du ber-
ceau de l'humanité. Sur cette terre des Pharaon, aujourd'hui
assez bien connue sous ce climat tempéré , les mariages
se formaient de bonne heure et restaient longtemps féconds.
Dans l'intérêt de l'agriculture, les parents étaient tenus de
nourrir tous leurs enfants ; ce qu'ils faisaient d'ailleurs h
pt»u de frais. La femme jouissait des mêmes droits que
l'homme, quant h la capacité légale, et, en cas de divorce,
le sort de ses enfants était toujours assuré. La puissance
paternelle ne présentait pas en Egjpte le caractère de dureté
que lui imprima la loi romaine ; le père qui avait fait périr
son fils était tenu d'embrasser pendant trois jours et trois
nuits son cadavre. L'enfance était protégée par les institutions,
les habitudes sociales ; point de sacrifices barbares comme
chez plusieurs des peuples voisins.
Toutefois, Ton ne trouve en Egypte aucune trace d'établis-
sement en faveur de l'enfance ; et la démoralisation qui
résultait de l'indépendance si grande de la femme ne pouvait
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— 42 —
qu'être Duisible aux enfants et devait fréquemment amener
leur abandon par leur mère.
II. — Peuples chaldéens. — Les Chaldéens, ces peuples
s'étendant primitivement de TEuphrate à la mer : Phéniciens,
Philistins, Amalécites, etc., ne nous sont guère connus que
par la Bible et par quelques textes grecs ou latins. Chez ces
peuples, il ne semble pas y avoir eu de famille. Les mœurs
étaient très dissolues. Les enfants étaient souvent sacrifiés
aux Dieux irrités ; ils se consumaient avec des cris lamenta-
bles dans les bras brûlants de la statue de Moloch, en face
de la mère obligée d'assister au supplice. Cette barbare
coutume se retrouve à Carlhage, colonie phénicienne et à
ïyr, lors du siège qu'Alexandre fit de cette ville. Vaincus
par Agalhocle, les Carthaginois firent périr 200 enfants nobles
pour apaiser leurs dieux courroucés.
III. — Les peuples d'Assyrie ne péchaient pas par un
excès de douceur dans les mœurs. Les rois de Nînive et de
Babylone abusaient cruellement de leurs victoires et massa-
craient tout sur leur passage. Toutefois ils ne semblent pas
avoir connu les sacrifices humains , mais il paraît certain
que chez eux les expositions des nouveau-nés étaient
fréquentes (Sémiramis, Cyrus). Les tablettes assyriennes
mettent la chose hors de doute.
IV. — Le peuple juif. — Chez ce peuple étrange, à la
personnaUté si puissante, la fécondité était en honneur.
L'Ecriture sainte loue sans cesse les familles nombreuses.
Une postérité multipliée jusqu'à l'infinie est promise à
Abraham, s'il est fiJèle. Le Talmud considère comme mort
celui qui n'a point d'enfants. L'épouse, pour échapper à la
honte de la stérilité, allait jusqu'à partager ses droits conju-
gaux avec une servante. La femme était tenue de nourrir
son enfant ; veuve, elle ne pouvait se remarier pendant
l'allaitement.
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— 43 —
L'avorleraont el rinfanlicide entraînaient la peine d'homi-
cide. La loi défendait absolument Texposition des enfants,
qui ne fut pratiquée qu'à titre d'exception.
Quant à la puissance paternelle, le père, protecteur et
magistrat de la famille, avait, dès le dc'but, droit de vie et
de mort sur ses enfants. Moïse restreignit considérablement
ce droit illimité et exigea que les fils coupables fussent jugés
par les anciens el non par le père. Dans certains cas, quand
'a pauvreté était extrême, celui-ci pouvait vendre sa fille ou
plutôt l'obliger à se marier avec le maître qu'il lui avait
choisi. Mais quand k position devenait meilleure, la fille
était rachetée. L'éducation physique ne se séparait pas de
réducatiou intellectuelle et religieuse.
Quant aux orphelins, ils étaient assistés d'une manière
très efficace par ces caisses de bienfaisance si nombreuses
destinées a venir en aide aux pauvres et qui étaient formées
de cotisations imposées à chaque citoyen. On les dotait
souvent à leur mariage. Lorsque l'Hébreu était réduit en
esclavage, il était toujours pourvu au besoin des siens.
C'est là un spectacle consolant à contempler. Tout autre
est celui que vont nous présenter les sociétés païennes de la
Grèce et de Rome.
V. — Le peuple grec. — En Grèce, les mariages étaient
peu féconds. A Sparte, on récompensait le père qui avait
deux ou trois fils. A Athènes, seuls les enfants légitimes
étaient héritiers ; les enfants illégitimes et délaissés n'avaient
ni droit de succession, ni droit de cité. Le père ne jouissait
pas sans doute de la patria pulestas des Romains ; mais il
pouvait exposer, vendre ses enfants, les repousser à leur
naissance et plus tard les déshériter, moyennant quelques
légères formalités.
A Lacédémone, l'éducation de l'enfant n'appartenait pas
au père. L'Etat le prenait à l'âge de 7 ans et l'élevait pour
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-X 44 —
lui. Ajoutons que ravorleraent et rinfanlicide étaient large-
ment pratiqués et point ou peu punis.
Il y avait, il est vrai, des dispositions législatives qui
prohibaient Tavortement ; mais cette manœuvre criminelle
était accomplie très souvent, sans que l'on s'en inquiétât
beaucoup. D'autre part, en Laconie, la raison d'Etat prescri-
vait la mort des enfants mal conformés. On les jetait dans
un gouffre voisin du Taygète- Lycurgue abolil les sacrifices
humains, mais il faisait fouetter jusqu'au sang les enfants
devant la statue d'Artémise. A Athènes, le père faisait ce qu'il
voulait de ceux qui étaient faibles et débiles.
Quand on ne les tuait pas sur l'heure, on avait la ressource
de l'exposition. Les Grecs en usaient largement. Il y est
fait des allusions constantes dans Plante et dans Térence,
traducteurs de pièces grecques. Riches et pauvres, nul
n'hésitait à abandonner Cfs petits élres, les filles surtout, ou
bien on les vendait. Les andrnpodistes, sorte de pirates, se
livraient à l'odieux métier de ravisseurs d'enfants. Nous
devons dire que ce crime était puni par les lois.
Chose triste h dire, on ne trouve en Grèce aucune institu-
tion chargée de venir en aide à ces victimes de la cruauté
de leurs parents ou des caprices de la force. Seuls les enfants
légitimes, devenus orphelins, étaient pourvus de tuteurs et
élevés en certains cas aux frais de l'État.
Ce qu'il y a peut-être de plus douloureux, c'est de voir des
sages, tels que Platon et Aristole, approuver et encourager
ces atroces coutumes. Plutarque lui-même, cinq cents ans
plus tard, raconte, sans protestation, le meurtre juridique
des enfants débiles. Il est vrai que les philosophes grecs
n'étaient que des théoriciens et que, dans sa république
idéale, Platon n'a voulu faire qu'un roman. Mais l'un et
l'autre auraient dû s'élever avec force contre les droits violés
de l'humanité.
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— 45 —
A Rome, les lois attribuaient au père une puissance sans
limite sur ses enfants. C'était la fameuse patria poteslas,
dont Tauleur recherche les origines et raconte l'histoire
jusqu'au naoraent où elle prit fin, au !!• siècle de notre ère.
Le père avait droit de vie et de mort, de vente sur tous ses
eorauts, ceux nés des jmles noces, comme les autres, et
cela, quel que fût leur âge. Ce droit ne fut limité que tardive-
ment.
Il résulte de tous les documents, d'innombrables relations
empruntées h Martial, Ovide, Juvénal, Horace, Sénèque,
Suétone, que la pratique de l'avortement, de l'infanticide et
de l'exposition était, sinon admise, du moins tolérée par les
mœurs romaines. Le développement des jeux du cirque, le
dérèglement anormal des mœurs, l'endurcissement de toute
une nation ne pouvaient que favoriser les coutumes les plus
barbares. La vie de l'enfant comptait pour très peu de chose.
Sénèque déclare que c'est avec raison que l'on noie les enfants
débiles ; quelquefois on les brûlait au lieu de les noyer.
Quand le père rejetait le nouveau-né, ce pauvre petit être
était exposé dans quelque carrefour oii il ne lardait pas k
mourir ou à être recueilli par un marchand d'esclaves qui le
vendait ou le réservait pour ces substitutions dont parlent
Plaute et Térence. Il est juste de dire que ces délaissés ren-
contraient quelquefois des cœurs compatissants.
Les Romains s'occupaient fort peu des pauvres; ils préten-
daient que leur donner du pain, c'était prolonger inutilement
leur infortune. S'il y avait des congiaires ou distributions de
blés, c'était par peur, point par compassion. Les femmes et
les enfants en étaient exclus. On ne faisait rien à Rome pour
les enfants trouvés. Une lettre de Pline le Jeune en fait foi :
5,000 enfants, de condition libre, étaient élevés aux frais de
rÉtat pour en être l'appui dans la guerre. Avec Trajan et
ses successeurs on sent déjà l'influence du christianisme.
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- 46 -
Adrien et Antonin sMmposenl des sacrifices pécuniaires en
faveur des enfants pauvres dont les parents jouissent du droit
de cité. Mais les filles sont généralement négligées.
Chez les peuples barbares occidentaux, les Gaulois, les
Germains, à côté de coutumes favorables à l'enfance, on
trouve cependant Tusage des sacrifices. Mais les enfants
n'étaient pas exposés sous de futiles caprices à tous les
dangers de l'abandon.
LIVRE II.
LES PREMIERS SIÈCLES DE l'ÈRE CHRÉTIENNE.
Avec l'Évangile , qui prêche une religion fondiie sur
l'amour de Dieu et sur la charité envers le prochain, la
protection de l'enfance devint un des premiers soucis
des chrétiens. Jésus-Christ s'est entouré d'enfants et il a
glorifié ces pauvres petits si méprisés par les sages de l'an-
tiquité. Il a dit que recevoir l'un d'enlre eux, c'est le recevoir
lui-même.
Les premiers apologistes du christianisme, Justin Martyr,
Mtnucius Félix, Clément d'Alexandrie, Gyprien, Origène
s'élèvent avec indignation contre les pratiques des païens
qu'ils accusent de noyer les nouveau-nés, de les faire mourir
de faim ou de froid, de les donner a manger aux chiens.
Ces pratiques odieuses étaient déjà battues en brèche par
l'infiuence de cette religion de sainteté et d'amour qui s'insi-
nuait par toutes les fissures d'un édifice chancelant. Les
premiers chrétiens, dans le premier élan de leur foi, n'avaient
qu'un cœur et qu'une âme. Les orphelins, les abandonnés
sont les objets de leur plus vive sollicitude. On recueille les
enfants exposés par la barbarie païenne. De là, probablement,
l'accusation que les sectateurs du Christ immolaient un enfant
au milieu de leurs mystères. Aussi durent-ils se modérer
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- 47 —
dans leur zèle qui provoquait un redoublement de persécu-
tions.
Quand Constantin eut placé la croix sur ses étendards, sur
les instances de Lactance, précepteur de Tun de ses fils, le
nouvel empereur interdit les expositions et meurtres d'enfants,
sous la menace des peines les plus sévères. Mais le mal était
si grand que Ton dut le tolérer longtemps encore, tout en
avisant aux moyens de l'extirper. L'Église fonde partout des
asiles pour les petits, des brephotrophia et des orphano-
trophia, créations ignorées précédemment. Le plus célèbre
de ces asiles est celui qu'avait Basile à Césarée en 87^.
Les peuples germaniques, sous les coups desquels succomba
l'empire, subirent de bonne heure l'influence du christianisme,
et l'évangile devint leur idéal législatif. Il résulte de l'examen
attentif des lois des Visigoths, Bavarois, Mamans, Franks,
Longobards, Anglo-Saxons que, chez tous ces peuples, la vie
de l'enfant était protégée d'une manière très efficace et que
la fécondité était honorée. Les manœuvres destinées à pro-
curer la stérilité, l'avortement, sont frappées de peines plus
ou moins sévères. Le chrétien qui a vendu son enfant est
tenu de le racheter.
Les dispositions concernant l'abandon et l'éducation des
enfants trouvés sont des plus remarquables. Je ne saurais
entrer dans les détails. Voici un exemple : Celui qui nourrit
et élève un enfant exposé gagne la valeur d'un esclave ; si
l'on ne peut retrouver ses parents, ceux qui l'ont recueilli le
font nourrir et élever par un homme de confiance qui pourra
ensuite se l'attacher comme serviteur. L'un des plus beaux
titres qu'ambitionnait l'évêque, était celui de protecteur des
orphelins. L'Église lutta pendant des siècles contre les
anciennes coutumes très vivaces au sein de ces peuples encore
à demi barbares, malgré la teinture de christianisme qu'ils
avaient reçue. Le premier asile affecté en Occident à l'enfance
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— 48 —
abandonnée est dû k l'archiprétre Dalheur, de Milan, en 787 ;
il était destiné ii empêcher les parents de tuer certains de
leurs enfants. On en vit bientôt d'autres s'élever.
Nul ne se préoccupa plus des pauvres et des petits que
Charleraagne. Il se proclame le défenseur des veuves et des
orphelins et, dans ses capitulaires, les recommande aux
évêques, aux abbés, aux comtes et aux mis$i dominici.
En l'an 817, un capitulaire de Louis le Débonnaire mentionne
les orphanotropliia et les brephotrophia. Mais nous voici en
pleine féodalité, et les coutumes vont remplacer les lois.
L'Église favorisera la protection des faibles et développera
les institutions hospitalières.
{A suivre).
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NOTES ET DOCUMENTS
POUR SERVIR
A L'HISTOIRE DU DISTRICT DE CHALLANS
Par Mr C. MERLAND
RÉUNIS ET PUBLIÉS PAR M. JULIEN MERUND
Ju}?e suppléant au Tribunal Civil de Nantes.
Dans les dernières années de sa vie, mon père avail songé
à écrire Thisloire du district de Challans, de ce canton où
notre famille a vécu de longues années et auquel nous ratla-
chent tant de liens d'afTection. Dans ce but il avait réuni de
nombreux documents et compulsé avec soin les registres
des délibérations du district. La longue et cruelle maladie
qui Fa conduit au tombeau Ta empêché d'accomplir son
ceuvre.
Je viens aujourd'hui publier, non pas une histoire du dis-
trict de Challans, mais bien les noies et manuscrits que m'a
légués mon père. Ces notes, je l'affirme, ont été recueillies
avec soin el sont d'une exactitude incontestable. Je n'ai rien
voulu en retrancher. J'y ai ajouté le moins possible. J'ai
évité de donner sur les faits el sur les actes des personnes
qai ont été mêlées aux événements, la plus légère apprécia-
tion.
Je dédie aujourd'hui ces notes k vous, mes Collègues de
4
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— 80 —
TAcadémie Nantaise, chez qui le souveDîr de mon père est
toujours vivant. Je les dédie k la Vendée, berceau de ma
famille. Peut-être un jour, dans l'avenir, alors que les passions
politiques se seront calmées, que nous nous serons davanta ge
éloignés de la période révolutionnaire, peut-être pourra -t-on
s'en servir et en y joignant l'appréciation des faits, ce que
j'ai bien évité de faire , en former l'histoire complète du
district de Challans.
Julien MERLAND.
Les lois sur l'organisation administrative et judiciaire
avaient été votées dans les derniers mois de l'année 1789.
Elles ne furent guère mises à exécution que vers le mois de
mai 1790.
Le département de la Vendée comprenait 52 cantons
répartis en 6 districts :
Fontenay, la Ghateigneraie, Montaigu, la Roche-sur-Yon,
les Sables et Challans.
Le district de Challans comprenait 9 cantons : Challans,
Saint-Gilles, Noirmoutier, Reauvoir, Saiut-Jean-de-Monls,
Apremont, Palluau, la Garnache et Rouin, répartis eux-
mêmes en 36 communes : Challans, Coudrie, Sallertaine,
SouUans, Apremont, Commequiers, les Habites, Mâché, Saint-
Maixent, Reauvoir, la Crosnière, Saint-Gervais, Saint-Urbain,
Rouin, la Garnache, Rois-de-Céné, Châteauneuf, Falleron,
Froidfond, Noirmoutier, Rarbâtre, Palluau, Grand'Landes,
Chapelle-de-Palluau , Saint-Christophe , Saint-Etienne-du-
Rois, Saint-Paul-de-Commequiers, Saint-Gilles, Croix-de-Vie,
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— 51 -
le Fenouiller , Rié , Sainl-Hilaire-de-Rié , Saint-RévércDd,
Saint-Jean-de-Monls, Notre-Darae-de-Monls, le Perrier.
Note. — M. Orieax, président de la Société académique, a bien voulu
me communiquer le discours par lui prononcé le 11 novembre 1883, ù la
Société amicale des anciens élèves de l'Ecole piofessionnclle de Nantes, dont
il est le président. 11 m'a autorisé à en détacher et à en reproduire ici
textuellement quelques pages qui, très brièvement mais aussi d'une manière très
complète, font connaître les rouages de TAdministrAtion de la France d'après
la loi de 1789. Ces pages sont de nature à intéresser le lecteur à un double
point de vue : d'abord parce qu'elles sont bien écrites, ensuite parce qu'elles
eipliquent ce que l'on entendait par Conseil du département. Directoire,
Adminittration du district, etc. Je suis heureux de pouvoir ici exprimer à
M. Orieox ma vive gratitude.
J. M.
et Le 11 novembre 1789, après cinq séances employées en discussions sur la
• matière, l'Assemblée constituante décida qu'il serait fait une nouvelle
» division du royaume, laquelle comprendrait 75 à 85 départements. Elle
» décréta ensuite la subdivision de chaque département eu districts, et de
» chaque district en canton. Le nombre des districts devait être fixé par
» elle, sur l'avis des députés des provinces, et suivant la convenance et les
» besoins de chaque département. Quant aux cantons, ils étaient surtout
n destinés, au point de vue des élections, à la réunion des assemblées
» primaires.
n Les jours suivants, l'Assemblée s'occupa du projet d'administration des
» liixisioiis nonvelles, et elle décréta :
>* Que chaque département serait administré par une Assemblée perma-
•• «ente, appelée Administration du département, dont les membres, au
• nombre de trente-six, seraient nommés pour quatre ans et renouvelés par
•> moitié tous les deux ans ;
it Que l'Administration du département serait divisée en deux sections,
» sous les titres de Conseil du département et de Directoire du département,
» Le Conseil devait être chargé de fixer les règles de chaque partie
o d'administration, et d'ordonner les travaux et les dépenses générales du
^ département ; il était composé de vingt -huit membres, et sa session
» annuelle ne pouvait durer plus d'un mois. Le Directoire, composé des huit
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Aucune mesure n'avait été décrétée contre les prèlres qui
refusaient le serment à la Constitution ; l'Elat se bornait
» autres membres, devait être chargé de rexpédition des affaires ; il ëlait
» permanent et avait le devoir de rendre compte de sa gestion au Conseil.
o V Administration du district <^(ait faite à limage de celle du départe-
n ment, auquel elle était subordonnée ; elle était composée de douze
» membres, elle avait un Directoire permanent et un Conseil dont la session
» annuelle ne pouvait dépasser quinze jours.
» Les administrations de district et de département étaient élues par le
u suffrage universel à deux degrés, et de cette manière : les assemblées
» primaires choisissaient les électeurs parmi tous les citoyens actifs de leur
u canton, ces électeurs choisissaient ensuite les membres de PAdministra-
» tion du district parmi les éligibles de cotte subdivision, et ceux de rAdoiî-
n nistration du département, parmi les éligibles de tous les districts, pourvo
» que chacune de ces subdivisions eût au moins deux membres dans TAdmî-
» nistration départementale.
» Pour leur début, les administrations de département allaient avoir à
)> remplir des fonctions très délicates et très étendues ; elles avaient, eu effet,
n pour mission :
M 1» De répartir entre les districts les contributions directes imposées au
» département par l'Assemblée législative, et de régler tout ce qui en con-
» cernait la perception et le versement ;
n 2o De surveiller tout ce qui était relatif au soulagement des pauvres,
» aux maisons d'arrêt et de correction, à la police des «uendiants et vaga*
)) bonds ; à la police des eaux et forêts, des chemins, rivières et autres
V choses communes ; aux travaux publics de toute espèce, tels que ceux des
n routes, chemins et canaux ; à la salubrité, la sûri (é et la tranquillité
1) publique ; aux réparations, reconstructions et entretien des églises, pres-
» bytères et autres objets relatifs au service du culte ; à Téducation publique
M et k renseignement politique et moral ; enfin aux milices nationales.
•' D'après la loi nouvelle, les assemblées administratives ne pouvaient
Il établir aucun impôt ni en répartir aucun au-delà des sommes et de la
»» durée fixée par le Corps législatif,' elles devaient pourvoira l'établisse^
n ment et au maintien des moyens propres à leur procurer les fonds néces^
n saires au paiement de leurs dettes, aux dépenses locales, imprévues et
n urgentes ,• mais elles ne pouvaient faire aucun emprunt sans y être auto-
it risées par l'Assemblée nationale.
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— 53 —
à les priver de leur traitement («). Un arrêté du département
de la Vendée du 9 mars 1 792 prescrivait aux administrateurs
n Les délibérations de TAsscmblée administrative ne poDvaiont être mises
» à exécution sans l'approbation da roi, lorsqu'elles intéressaient l'Admi-
n oistralion générale da royaume ou qu'elles étaient relatives à des entre-
» prises nouvelles ou à des travaux extraordinaires.
» Dans l'Administration du département, il y avait un Procureur général
n syndic, et dans celle du district, un Procureur syndic, nommés tons les
» deux à Télcetion. Ils étaient chargés de la suite des affaires et avaient voix
n délibérative dans les Assemblées.
H An commencement de chaque session, T Administration du département
u nommait son président qui se trouvait, par cela même, le Président du
H Directoire. Ses fonctions correspondaient à celles de nos préfets. »
« L'Assemblée nationale, dont le labeur incessant, dont la prodigieuse
n activité nous étonnent, surtout lorsque nous comparons ce labeur et cette
'^ activité à ce qui se passe de nos jours, l'Assemblée nationale s'occupait
» dans le même temps de la création des municipalités. Elle confia l'adminis-
» tration des villes, bourgs, paroisses ou communautés, à un Conseil muni-
» cipal nommé à l'élection. L'élection désignait aussi : le chef du corps
«municipal, c'est-à-dire le Maire; le Procureur chargé de défendre les
» intérêts de la commune, et des notables en nombre double de celui des
» membres du Conseil municipal.
n Le Conseil municipal confiait l'expédition des affaires à un certain
» nombre de personnes sous l'appellation de Bureau, et tout conseiller qui
» faisait partie du Bureau était remplacé dans le Conseil par le premier
»» notable.
» Les membres du Conseil délibéraient seuls pour arrêter les comptes de
0 la commune : léunis aux membres du Bureau, ils s'assemblaient une fois
n par mois pour délibérer sur toutes les affaires communales, et réunis aux
» notables, ils formaient le Conseil général de la commune, pour délibérer
» sur des affaires déterminées. Les notables furent remplacés, un peu plus
•) tard, par les plus imposés dont l'existence a duré jusqu'il 1881.
n Le Conseil municipal était subordonné aux Administrations de district et
» de département. »
(*) Ftéanmoins ils touchèrent leurs traitements jusqu'au mois d'août 1792.
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-- 54 —
des districts de faire conduire au cljef-lieu ceux qui, par
leurs actes ou par leurs discours, Iroubleraienl la tranquillité
publique, comme aussi de faire sortir du département les
prêtres étrangers qui s'y seraient réfugiés sans présenter
au Directoire du district qu'ils habitaient un certificat cons-
tatant l'époque à laquelle ils avaient établi leur nouvelle
résidence.
A la séance du 14 avril 1792, la conduite de plusieurs
prêtres non assermentés fut signalée au Directoire du district
de Cballans, par plusieurs lettres, l'une entre autres du
Directoire du district de Machccoul. Elle dénonçait plusieurs
prêtres, exerçant leurs fonctions sur les limites des deux
districts et spécialement ceux de la Garnacbe et de l'isle de
Bouin en demandant que l'arrêté du département de la
Vendée en date du 9 mars 1792 leur fût appliqué. Le sieur
Massé, curé de Saint-Christoplie-da-Ligneron, témoignait,
de son côté, par une lettre en date de ce jour, des craintes
qu'il éprouvait de voir se renouveler les scènes qui, un an
auparavant, avaient affligé la paroisse.
« Le desservant de la cure de Goudrie, disait-il, a avancé
» l'heure ordinaire de ses messes paroissiales et le peuple en
» grand nombre, que ce prêtre, par des suggestions perfides
» et criminelles, il n'en faut pas douter, a trouvé le secret
» d'attirer dans son église, menace de se porter à l'église de
» Saint-Ghrislophe et d'exterminer les citoyens qui, restés
» fidèles à la voix de leur pasteur légitime, assistent aux
» offices qu'il célèbre. »
D'autres dénonciations avaient été faites précédenmient
contre plusieurs prêtres non assermentés. Il en résultait que
des conflits menaçants s'élevaient quelquefois entre les
prêtres qui avaient prêté serment à la Con^lilution et ceux
qui l'avaient refusé.
« Depuis longtemps, dit un membre du Directoire, le
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— 55 -
siear Bouancbaud, vicaire ci-devant de Saint-Gervais,
célèbre dans celte paroisse, fêles et dimanches, la messe
qull avait coutume de dire en sa qualité de vicaire. Il
éloigne tant par ses discours que par sa conduite, les
citoyens de cette paroisse d'assister aux offices de leur
pasteur légitime ; il a constamment refusé de se soumettre
à la loi du 26 décembre et de reconnaître la mission
légitime de Févêque de ce département en refusant de
recevoir de lui les pouvoirs nécessaires pour exercer les
fonctions de vicaire; la conduite de ce prêtre exige
d'autant plus de surveillance que le curé de Saint-Gervais,
ayant satisfait à la loi sus-datée, se trouve continuellement
menacée par les partisans de son ci-devant vicaire. Au
surplus, la paroisse de Saint-Gervais n'est pas d'une si
grande résidence qu'elle ne puisse se passer de vicaire.
Le département a déjà préjugé l'inutilité d'un vicaire dans
celte paroisse par un délibéré qui arrête que le vicaire
cessera de recevoir son traitement de la nation. »
La commune du Perricr n'ayant pas plus d'étendue, le
vicaire de celle paroisse ne paraissait pas non plus au
membre qui prenait la parole d'une utilité indispensable et
il pensait que dans un temps où les économies étaient
commandées par l'état de nos finances, il était convenable
d'en demander la suppression.
Enfin une lettre du sieur Dorion, capitaine des volontaires
du département de la Vendée, informait le Directoire « qu'un
» prêlre inconnu faisant les fonctions ecclésiastiques s'était
» retiré dans la paroisse du Fenouiller chez le desservant
• de la paroisse de ce lieu. »
« Le Directoire,
» Considérant que, depuis longtemps, il est à sa connais-
» sance que le sieur Ghapot, vicaire de la Garnache,
• entretient dans cette parroisse et dans les circonscriptions
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- 56 —
» voisines des mouvements séditieux ; qu'un vicaire est
0 absolument inutile dans la paroisse de la Garnacbe, le
• siem- Bouhicr, ci-devant chanoine de Luçon, célébrant
» dans celte paroisse la messe les fêles et dimanches, il
» n'était venu à notre connaissance aucune plainte contre
» lui ; que la conduite incendiaire de ce prélre (le vicaire
» Ghapot), a provoqué la dénonciation du Direcloire du
» dislrict de Machecoul dans retendue duquel il avait
» conjoinlemcnt, avec le sieur Goussais, desservant de la
» cure de Bouin, propagé les iroubles ; considérant que la
» conduile incidieusc et perplexe du sieur Goussais a depuis
» longtemps convaincu radminislration de ses mauvais
» principes ; qu'il a donné retraile chez lui au sieur Martin,
» lorsqu'il provoqua contre lui l'arrélé du déparlement, qui
0 le relient à Fonlenay depuis longtemps; que tout récem-
D ment encore il a provoqué conlre lui la dénoncialion d'un
» corps administratif respectable ; qu'il existe dans la
» paroisse de Bouin deux prêtres sufiRsants pour faire le
» service et conlre lesquels on ne nous a jusqu'à ce jour
» porlé aucune plainte ; considérant encore que le sieur
» Bouanchaud, ex-vicaire de Sainl-Gervais, est non sculc-
» ment inutile en celle paroisse, mais encore qu'il y
» entrelient des troubles et des mouvements très dangereux ;
» qu'il éloigne autant par ses discours que par son exemple
» les citoyens de cette paroisse des offices de leur pasteur
0 légitime ; que le sieur Paeran, vicaire du Perrier, entretient
9 de son côté le trouble et la mésintelligence entre les
» citoyens, ce qui produit les plus mauvais effets; qu'il
» éloigne de sa paroisse les citoyens patriotes ; que récem-
»• ment une troupe de paysans, enhardis sans doute par ses
» conseils, a maUraité un jeune citoyen qui faisait ouverte-
» ment profession d'être fidèle à la Constitution et soumis
» à la loi ; que cette scène a provoqué contre les coupables
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— 57 --
» un mandat d'arrél du juge de paix du canton ; qu'il est
» iaipossibie d'acquérir des preuves de délits contre les
» direcleurs et les principaux moteurs de ces complots qui
» ont toujours soin de mettre leurs perfides conseils à Tabri
» du secret de la confession ; que la paroisse du Perrier, par
8 sa petite étendue, peut facilement se passer de vicaire;
' considérant qu'aux termes de TarrÉlé du département,
» du 5 du- mois dernier, tous prêtres étrangers qui se
» trouvent actuellement dans le département sont tenus de
0 présenter au Directoire du district qu'ils habitent, le
• certificat de Tépoque à laquelle ils ont fixé leur résidence ;
» qu'il est instruit qu'il s'est retiré chez le desservant de
» la cure du Fenouiller un i»rêtre étranger dont on ignore
• le nom ;
» Oui le Procureur-Syndic,
» Arrête:
Article ^«^
» Les sieurs Chapot, vicaire de la Garnache, Goussais,
«» desservant de la cure de Bouin, Bouanchaud, ex-vicaire de
» Sninl-Gervais, et Paeran, vicaire du Perrier, sont tenus de
» se rendre au chef-lieu du département de la Vendée, situé
» il Fontenay, trois jours après la notification qui leur sera
« faite du présent arrêté, sauf au Directoire du département
» de les renvoyer s'il y a lieu.
Article 2.
» Ceux des dénommés qui ne se conformeront pas aux dis-
» positions ci-dessus y seront conduits par la force armée
» et k leurs frais.
Article 3.
» Il sera ordonné l\ l'inconnu se disant prêtre retiré chez
« le desservant de la cure de Fenouiller de sortir dans trois
» jours pour tout délai de l'étendue du département.
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— 58 -
Arlicle 4.
» Il sera lenu de certifier au Directoire de ce district qu'il
» a satisfait aux disposilioRs de l'article ci-dessus par Taltes-
» lation de la municipalité où il se retirer».
Article 5.
») Les municipalités veilleront, chacune en ce qui les
» regarde, k l'exécution du présent arrêté.
Arlicle 6.
» Il leur est spécialement recommandé, à peine de respon-
>ï sabilité, de concourir de tout leur pouvoir k l'exécution
» des arrêtés du département des 5 et 9 mars dernier.
Arlicle 7.
» La gendarmerie nationale sera requise de se transporter
» dimanche prochain à Saint-Christophe pour y maintenir la
» tranquillité.
Article 8.
» Le Directoire charge son Procureur-Syndic de mettre k
») exécution le présent arrêté.
Arlicle 9.
» 11 en sera adressé copie au Directoire du département
» et aux municipalités de la Garnache, Bouin, Saint-Gervais,
» le Perrier et le Fenouiller.
Article 10.
» Il sera envoyé au département copie des lettres du
n Directoire du district de Machecoul et du sieur Massé, curé
n de Saint-Christophe.
Article 11.
» Le Directoire du département est très instamment invité
« à prendre en considération notre arrêté du 21 mars der-
» nier relatif au sieur Testard, curé de Coudrie et Néau,
» curé de Soullans. »
Il résulte d'une délibération du Directoire de Challans, en
date du 21 avril 1792, que, dès le mois de mai 1791, une
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garnison était élahlie à Challans dans Tinlention de maintenir
le bon ordre dans les paroisses voisines.
« S'est pn^senlé à la séance M. le Maire de la municipalité
» (le celle ville, lequel a représenté que, depuis le mois de
» mai 17ÎM, la ville de Challans a eu continuellement en
• garnison dans ses murs une ou plusieurs compagnies tant
» de troupes de ligne que des gardes nationales, que les
9 habitants en ont, depuis cette époque, seuls supporté la
0 charge ; qu'ils ont logé les soldats, fourni des lits à
» rhApiial mililairc ; que, cependant, ces troupes élaient
» destinées au maintien du bon ordre dans les paroisses
» voisines, il croit juste que leurs habilants en supportent
» les charges comme ceux de Challans ; que, dans ce
a moment, il serait besoin de quatre lits pour Thôpital
9 militaire et la salle de discipline, qu'il ne sait par qui les
^ faire fournir et prie, en conséquence, le Directoire de les
'^ faire fournir par les habitants des communes de la Garnache
» et de Soullans. »
Dans la séance du 1«» mai 1792 s'est présenté le sieur
Bouvière, citoyen de la paroisse de Saint-Ghristophe-du-
Ligneron, lequel s'exprime ainsi :
» Frères et amis, l'aurore de la liberté commençait à
» poindre ; les rayons resplendissants ont blessé les yeux des
» êtres dégradés de l'espèce humaine, de ces hiboux malfai-
» sanls connus sous le nom de prôtres, de nobles et de
» monarques. Aussitôt une conspiration libertricide a été
« tramée ; les trahisons, le parjure et tous les crimes infantes
» par l'ambition, l'orgueil et l'avarice ont été les indices
« certains de cette coalition infernale ; chaque conspirateur
« a eu la tache de forfaits analogues à ses mœurs, h son
« caractère, et tandis que des brigands forcenés armaient
« contre la liberté, des scélérats profondément pervers et
» religieusement perfides ont agité en tous sens les torches
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» du fanalisrae cl de la discorde, et l'espoir de la guerre
u civile encourageait les monstres déguisés en prélres. Quel
» remède à tant de maux ? Les pères de la pairie viennent
» de l'appliquer. La guerre seule pouvait nous délivrer d'une
» cohorte royaliste, sacerdotale, l'opprobre et le fléau du
»> genre humain ! La guerre ! A ce cri redoutable des milliers
» de citoyens se sont levés en armes et ces enfants chéris
» de la patrie, laissant à leurs frères le soin de la nourrir
» et de la venger, ont entouré la mère-commune d'un
» rempart de piques et de bayonnettes. Honle ! honte à
» jamais au cœur flétri qui méconnaîtrait des obligations
» sacrées et qu'un torrent indélébile d'opprobre et d'infamie
» inonde à jamais l'honime dégénéré qui craindrait de
») sacrifier une partie de son revenu pour la nourriture de
»> ses frères, qui font chaque jour le sacrifice de leur repos
» et de leur vie.
« Puisse l'être suprême couronner nos efforts par la chute
» des tyrans de l'univers, la liberté et le bonheur du genre
» humain.
» Je demande, en conséquence, qu'il soit prélevé sur ce
« qui m'est dû pour les paroisses de Coudrie et de Froidfond
D et dont M. le Receveur doit faire l'avance, une somme de
h 100 livres qui fera les premiers fonds d'une souscription
» ouverte dans les bureaux de cette administration pour
» subvenir aux frais de la guerre (<). »
Ce qu'il y a de curieux, c'est que, dans cette même séance
où il n'était question que du fanatisme des prêtres, le Direc-
toire mettait en adjudication les réparations et augmentations
à faire à l'église de Saint-Jean-de-Monts.
(*) Parmi les autres Huns palrioliques qui i'urent offeils par des habilaiils
des dislricls, ou remarque un don de 50 livres fait par M. Borel, curé de
Chailans.
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-. 01 -
Le 4 mai, l'un des membres du dislricl appelait ratlenlion
de ses collègues sur ragilalion produite dans la commune
de Sainl-Hilaire-de-Rié par le départ de rinsliluteur. Abso-
lument animé de doctrines anti-révolutionnaires, il n'avait pas
voulu se soumettre aux lois. Ce refus d'obéissance pouvait
l'exposer à des mesures sévères ; il avait pris la fuite pour
s'y soustraire. Les habitants de la paroisse, depuis son
départ, le redemandaient k grands cris et menaçaient de se
perler à des désordres s'il ne leur était pas rendu. Le
Directoire, pour prévenir le mouvement dont il était question,
envoya un peloton de la garde nationale et des gendarmes
pour prêter main-forte à la loi.
Le 7 mai, la municipalité de Soullans, ayant à sa tête son
maire, Guesneau, et accompagnée de plusieurs notables, se
présenla devant le Directoire. Le Maire, ayant pris la parole,
déclare : a qu'ils avaient appris par la voie publique que le
» sieur Noeau (ou Néau), curé de leur paroisse, en vertu d'un
» arrêté du déparlement, était obligé de se rendre au chef-
• lieu du département et qu'ils demandaient à connaître les
fi dénonciations qui avaient provoqué cet arrêté, et k observer
0 que le sieur Nœau s'élant toujours comporté, k leur
» connaissance, très tranquillement et conformément aux
» lois constitutionnelles de l'Etat, il n'avait pas dû être com-
» prisjdans le nombre de ceux qui, ayant occasionné des
» troubles, étaient dangereux dans leurs paroisses. »
Le Directoire passa outre, déclarant illégale la réunion de
la municipalité de Soullans pour n'avoir pas prévenu la
municipalité du chef-lieu du district ; statuant au fond :
« déclare que l'arrêté du département qui appelle le sieur
» Nœau, h Fontenay, a été provoqué par les dénonciations
» du Directoire et sans doute par tous les bons citoyens du
» pays ; enjoint à la municipalité de Soullans de faire exécuter,
» en ce qui la regarde, sous peine de la responsabilité portée
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— 62 ^
» en Tarlicle 4 de l^arrêtc du département, du 9 mars
» dernier, les dispositions de l'arrêté du département, du
» 24 avril dernier, relatif k la déportation du sieur Nœau,
A et lui ordonne en vertu de la loi, de dissoudre a Tinstant
» son rassemblement ; arrête qu'extrait du présent sera
» adressé h la municipalité de Soullans (t). •>
Cette résolution du Directoire produisit probablement une
grande émotion à Gballans. Cinq jours après, le 12 mai, le
Directoire requit le Commandant de la brigade de gendar-
merie de se transporter avec sa brigade k Soullans, pour
assurer et maintenir la tranquillité publique en cas que des
gens mal intentionnés tenteraient de causer des troubles dans
l'endroit, et le 13 mai, les administrateurs du district renou-
velaient ces réquisitions, afin que le Commandant de gendar-
merie se transportât le 17 k Soullans.
(*) Le cnré Nœau ne tint point compte de l'airâlé du département. 11 ne
se rendit pas à Fontonay et fut accusé d'avoir prêché la révolte dans le
marais. Après s'être caché pendant quelque temps, il fut un jour surptis par
les Bleus et massacré près de la ferme des Clouzils (Braud, Notice sur les
curés de Soullans, Semaine catholique de Luçon, 16 novemhie 1879).
Ce fut ce prêtre qui alla demander asile ù Mme Pcliteau et fut la cause
de sa condamnation et de son exécution. Cependant, Mme Petiteau, craignant
pour elle-même et pour ses jeunes enfants, n'avait pas voulu le recevoir
et l'avait engagé à aller chercher une retraite ailleurs. Le fait a été afGrmé
à mon père par un domestique de la famille Petiteau, décodé très âgé chez
mon grand-père, à Sainl-Jean-d'Orhestiers, commune du Château -d'Olonne.
Mais il suffisait qu'on eût vu l'abbé Nœau entrer chez Mme petiteau pour que
celle-ci fût de suite dénoncée. Arrêtée et conduite à Noirmoulier, elle y fut
jugée, condamnée *a mort et fusillée. Tous les détails de cette horrible
exécution ont été rapportés dans la publication très intéressante et très bien
écrite de M. le Dr Viaud-Grand-Marais, intitulée : Noirmoulier, 9 thermidor
an U, publiée dans la Revue de Bretagne et Vendée, année 1881. Nous ne
saurions trop engager le lecteur à prendre connaissance de cette savante
étude sur les scènes les plus lamentables de l'histoire locale de notre
pays. J. M.
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.- 63 ^
Le 16 mai, la municipalité de Bois-dc-Céné faisait savoir
au Directoire qu'il n'y avait plus de prêtres dans cette
paroisse, le curé en étant parti, et TAdrainistration engageait
à se pourvoir près de TEvéque pour en obtenir.
Quelques jours après, un prfitre assermenté ayant dit la
messe, la municipalité, d'après une dénonciation qui avait été
adressée au Directoire, avait pris une délibération pour
rinlerdiclion des deux sacristains et du régent faisant fonctions
de chantre. Elle avait, en outre, fait éteindre la lampe qui,
de temps immémorial, avait été allumée devant le maître-
autel de l'église, par la raison que la présence de Dieu
n'était pus réelle, dès que le sa<:rifice avait été offert par
un prêtre jureur. De son côté, la municipalité écrivait,
qu'après avoir reçu l'ordre du Procureur-Syndic, elle avait
enjoint aux sacristains d'allumer la lampe, ce à quoi ils ne
s'étaient pas prêtés de très bonne grâce. Mandées devant le
Directoire, les diverses parties, sur l'invitation qui leur en fut
faite, consentirent à vivre en paix. Le Directoire fit espérer
à la municipalité qu'elle aurait bientôt un prêtre et la muni-
cipalité consentit en attendant à maintenir dans leurs
fonctions les sacristains et le chanlre.
L'agitation continuait de régner dans plusieurs communes
du dislricl. Le 25 mai « le Directoire instruit que depuis
» longtemps les ennemis de la cliose publique travaillent
» continuellement le peuple en tous sens pour parvenir à
» un soulèvement général, et, par là, être à même de mettre
» k exécution les projets les plus criminels et les plus sangui-
» naires; instruit qu'ils associent k leurs plus coupables
» complots la fange du peuple, sur de vaines promesses d'un
» gain sordide et d'une douce amélioration dans leur
» situation ; considérant que, dans la crise où nous nous
» trouvons, il est du devoir de toutes les autorités constituées
» de surveiller des hommes qui ne tentent qu'à la destruc-
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» lion de leurs semblables el de mettre sous le glaive de la
») loi tous ceux qui, par leur conduite et leurs propos incen-
» diaires, cherchent à nous plonger dans la plus affreuse des
» anarchies, à pouvoir impunément commettre ensuile les
» plus grandes atrocités et à marcher de crime en crime ;
»> considérant que la vie de beaucoup de citoyens, amis de
» Tordre et de la paix, étant en danger, et qu'il semble à
» n'en pouvoir douter que des fonctionnaires publics sont
» désignés pour assouvir la rage de ces antropophages ;
» Arrête :
0 Ouï, le substitut du Procureur-Syndic ;
» Que le sieur François Baranger, fermier du Vivier,
» proche le village de la Barre, paroisse de Notre-Dame, et
» officier municipal de ladite commune, sera dénoncé de
» suite au Directeur du jury d'accusation du Tribunal de ce
» district : 1*^ Pour s'être transporté chez le Procureur de la
» commune et lui avoir fait défense de travailler à la confec-
» tion du rôle des impositions de 1791 ; 2® d'avoir, la
» semaine dernière, dit publiquement et en pleine auberge,
» qu'il voudrait enfin que le temps serait arrivé ou il pour-
» rait avoir la télé du sieur Bourlier (<), procureur-syndic
» de cette Administration, pour s'en servir à jouer à la boule
» el faire un maître ; 8^ pour avoir tenu à la Chambre
» municipale les propos les plus incendiaires contre les
» prêtres assermentés et avoir dit en pleine assemblée qu'ils
» étaient des intrus el des apostats ; arrête, en outre,
»> d'inviler le Directeur du jury de faire ce qu'il convient sur
0 la présente dénonciation et, à cet effet, les noms des
» témoins, à nous connus, lui seront transmis, ce qui a été
» fait par une lettre particulière. »
(*) Oa Boursier.
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- 65 —
La répartition de l'impôl rcncûnirait de grandes difficultés ;
dans la commune de Comme^uiers^ les commissaires, désignés
pour cet objet, n'avaient pas voulu s'en charger, dans la
crainte sans doute de s'exposer à la colère des contribuables.
Une autre mesure rencontrait encore plus d'opposition. C'était
Tapposition des scellés sur les meubles des émigrés et surtout
sur ceux des congrégations. Le 5 juin, le maire de Soullans,
Gufôueau, écrivait au Directoire qu'il lui serait impossible
de procéder à l'inventaire des meubles de l'hôpital, dont la
direction était confiée aux Dames de la Congrégation de
Saint-Laurent, et le Directoire était obligé de le faire assister
par un piquet de gendarmerie. L'odieux de celte mesure
retombait sur le Directoire, qui ne faisait pourtant qu'exécuter
la loi.
H en était de môme k Saint-Gervais, où le sieur Gautreau,
instituteur, avait été nommé commissaire, à l'effet de procéder
k restimation des meubles garnissant les maisons des émigrés
de la commune. Le 10 mai 1792, il écrivait, en effet, au
Directoire « qu'il craignait de voir l'animadversion des
» habitants dont l'incivisme n'était que trop connu, et qui
» seraient bien aise de lui retirer les élèves qu'il était chargé
• d'instruire, ce que, si on lui relirait ses élèves, n'ayant
» point de fortune, il n'aurait point de moyens de subsister ;
» que d'après ces considérations, il ne voulait point accepter
» la commission dont le Directoire l'avait chargé. »
Le Directoire, à défaut du sieur Gaulreau, prit un membre
dans son sein, le sieur Jousson, pour, en raison de la loi du
8 avril 179), procéder aux opérations dont il s'agissait.
Le 19 juin 179-2 « le Directoire instruit que, depuis quelque
» lemps, il y avait différents quidams qui se promenaient
•.déguisés les uns en matelots, les autres en mendiants, dans
» les communes de Notre-Dame et de la Barre-de-Monts, et
• qu'ils allaient de maison en maison pour engager les
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- 66 -
» habitants de ces communes k se soulever, et pour noumr
» dans leur cœur l'esprit de fanatisme dont ils sont inféodés,
D se détermina k prendre des renseignements pour pouvoir
» découvrir la vérilé de pareils faits aussi dangereux qu'atroces ;
» et sur la connaissance parfaite qu'il a, en ce moment, qu'il
» se promène continuellement 8 à 9 personnes travesties,
» au nombre desquelles se trouve, dit-on, le sieur Ducloudy,
» dans lesdiles communes de la Barre et de Notrc-Dame-de-
» Monts ; que ces hommes ne se promènent point sous un
» déguisement sans avoir de mauvais desseins ; qu'ils cher-
» chent à se faire des prosélytes ; qu'un nommé Malhurin
» Billon retire dans sa maison ces inconnus, qui tiennent
» chez lui des assemblées qui ne tendent rien moins qu'à
n troubler le repos public ; instruit pareillement que ce
» Mathurin Billon ne tend rien moins en recevant chez lui
»> ces hommes non seulement suspects, mais encore mal
» intentionnés, qu'à causer un soulèvement général dans
» toute cette partie et à faire attenter ou attenter lui-même
0 k la vie des bons citoyens de ces deux communes;
» Ouï, le Procureur-Syndic,
*) Arrête que le nommé Mathurin Billon, demeurant près
» la Croix-Gaillard, paroisse de Notre-Dame, sera dénoncé
» au Juge de Paix du canton de Saint-Jean-de-Monts :
» i^ pour avoir, à différents temps, retiré dans sa maison
» différents quidams travestis, les uns en matelots, les autres
» en mendiants, parmi lesquels on présume que le sieur
» Guery, dit Ducloudy, se trouvait ; 2° pour avoir tenu chez
» lui différentes assemblées nocturnes qui servaient de
» rendez-vous à beaucoup de mauvais citoyens et gens
» suspects, et pour tenir encore journellement de ces assem-
» blées nocturnes ; 3® pour répandre continuellement d^
« propos incendiaires tendant à troubler le repos public et à
» faire égorger tous les bons citoyens de son voisinage ;
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— 67 ~
m arrête aussi que le Juge de Paix dudit canton de Saint-
« Jean-de-Monls emploiera tous les moyens possibles pour
« lâcher de découvrir la retraite que ces inconnus font dans
» les paroisses voisines, et qu'il sera invité à faire pour la
» sûreté publique tout ce que son patriotisme ou ses lumières
• lui suggéreront. »
L'article 6 de l'arrêté du département du 9 mars était
ainsi conçu : a Les Directeurs du districi qui, d'après les avis
» qui leur seront donnés, négligeraient de mettre en usage
• tous les moyens convenables pour s'assurer des prêtres
» dénoncés, demeureront responsables des événements qui
• auront lieu dans les communes qu'ils habitent. » Se confor-
mant h cet article, le Directoire, par une délibération du ^22
juin 1791, arrête que les sieurs Gergaud, ex-vicaire de
Beauvoir, Noirot, ex-curé de Sallertaine, et Rouanchaud, ex-
vicaire de Saint-Gervais, qui avaient été transportés au chef-
lieu du département et qui, depuis quelques jours, étaient
de retour dans le pays, seraient invités, au besoin par la
force, à se présenter devant le Directoire pour donner des
explications sur leur présence. Les prêtres dont il vient
d'être question avaient-ils été faussement dénoncés, ou bien
purent-ils se soustraire à toutes les recherches, toujours est-
il que la gendarmerie, malgré toutes ses perquisitions, ne put
les saisir-
Le Directoire était chargé d'opérer la saisie des biens des
émigrés et même des particuliers seulement soupçonnés
d'émigration. Quand il accomplit cette triste besogne, beau-
coup de réclamations lui furent adressées par les parties
intéressées qui n'avaient pas quitté la France. Parmi ces
dernières nous trouvons celle de Marie-Angélique de la
Doussetière, épouse de François-Athanase Charette, se
fondant sur son contrat de mariage qui porte les non-commu-
nautés de biens entre les conjoints.
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— 68 —
A cette occasion la lettre suivante fut adressée le 80 mars
1792 à M"»« Josnet Gharette par le Procureur-Syndic près
le Directoire du district de Challans :
« A Madame Josnet Gharette.
» 30 mars 1792.
» Ayant reçu les ordres les plus précis de faire saisir tous
» les biens des émigrés ou suspects d'émigration, votre mari
» étant dénoncé tel, je n'ai pu me dispenser de saisir les
» vôtres et je n'aurais pu, sans me compromettre, faire usage
» des connaissances qui m'ordonnent le secret relativemcat
w à votre contrai de mariage. Ma conduite ne saurait donc
» Ctre désapprouvée de vous.
» Pour marque de reconnaissance de votre confiance, je
» vous donne avis que vous devez écrire sur le champ h
n votre mari, afin qu'il adresse des certificats du lieu où il
» réside, et, par rapport à votre contrat de mariage, dans
» le cas où votre mari soit jugé comme émigré ou compris
» du pacte fédératif, que tous les ci-devant ont souscrit,
• vous seriez forcée de le joindre à la pétition que vous
j) présenterez afin d'obtenir main-levée des saisies. Voilà
tout ce que je peux vous dire.
D
»» Le Procureur-Syndic près le Directoire du district de Challans,
« MEULAND (1). I)
Dès cette époque les lieux saints servaient de réunion aux
assemblées électorales. Le 27 juin 1792, le Directoire de
{*) Il est croyable que Gharette fit connaître au district de Challans le
lieu de sa résidence en France puisque, le 22 novembre 1792, le Directoire
statua sur une pétition à lui présentée par François-Alhanase Gharette. Une
jument qui lui appartenait avait été saisie chez le sieur Crochet, fermier à la
Géraudrie, paroisse du Perrier, sous prétexte qu'elle appartenait à un émigré.
Le Directoire eu ordonna la restitution.
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- 60 —
Challans prit une délibération tendant h ce que les citoyens
actifs de la commune de Saint-Gervais s'assemblassent dans
la nef de l'église pour procéder h l'élection d'ofBciers muni-
cipaux en remplacement de ceux qui manquaient.
Le 14 juillet 1792 fut célébré le pacte fédératif confor-
mément aux prescriptions de la loi. Toutes les autorités du
district et un nombre considérable de gardes nationaux se
rendiront, drapeau déployé, h l'autel qui avait été dressé par
les soins du Maire de Challans sur la place de la Chapelle.
La messe y fut célébrée avec une grande pompe par M. Borel,
cun^ de Challans. Des salves d'artillerie se firent entendre et
des discours furent prononcés par MM. Rorel, curé, Jousson,
administrateur, et Bourlier, procureur-syndic. Après quoi
« le Procureur-Syndic est monté sur l'autel et a prononcé h
■ intelligible voix la formule du serment en ces termes : Je
» jure d'être fidèle k la nation, h la loi et au roi et de main-
» tenir de tout mon pouvoir la Constitution du royaume
» décrétée par l'Assemblée nationale constituante aux années
» 1789, 1790, 179-2 — et tous ont répété par ces mots : Je
» le jure — et les airs ont retenti des acclamations de Vive
9 la nation, la liberté et le roi, et la journée s'est passée
» en l'union et l'accord et en témoignages mutuels de fra-
• temité et de promesse de maintenir la Constitution. »
Cependant les municipalités, travaillées par les mécontents
et effrayées par les menaces, voyaient souvent leurs officiers
municipaux se démettre de leurs fonctions. Le 15 juillet 1792,
celle de Sainl-Jean-de-Monts étant complètement désor-
ganisée, le Directoire prit une résolution par laquelle il
décida que son Procureur-Syndic se transporterait à Saint-
Jean-de-Monts pour procéder h de nouvelles élections.
A la môme époque un grand mécontentement éclatait dans
la commune de Bois-de-Céné contre la municipalité qui avait
fait enlever jle la cure les registres de baptêmes, de mariages
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— 70 —
et de décès. Plainte en élait porlée au Directoire qui se
déclarait incompétcnl et renvoyait les plaignants devant les
tribunaux judiciaires.
Le 17 juillel, le Directoire recevait avis du déparlement
qu'un acte du Corps législatif venait de déclarer la patrie en
danger. Conformément à Tordre qui lui en était transmis par
le département, le Directoire arrêta que le Conseil seraîl
déclaré en permanence, et le 23, MM. Rrossaud, président,
Bodel-Lacroix, Lebreton et Merland, administrateurs du
Conseil du district, s'adjoignirent les membres du Directoire :
Mourain, Merlet, Jousson et Rouvier, Bourlier, procureur-
syndic Cette nouvelle ne produisit pas le même effet dans
tous les cœurs ; pendant que les uns en concevaient de
vives alarmes, les habitants des campagnes s'en réjouissaient
dans l'espoir qu'on allait leur rendre leurs prêtres.
Le 20 juillet, le lieutenant-colonel de l'Iîspinai annonçait
au Directoire que, d'après les ordres qu'il avait reçus du
lieutenant-général de Verlcuil, il allait faire armer les côtes
du district.
Le 26 juillet, à l'ouverture de la séance, le Procureur-
Syndic donnait lecture d'un arrêté du département qui ordon-
nait de faire conduire au chef-lieu du département tous les
ecclésiastiques, fonctionnaires et non fonctimniaires
publics, qui ne s'étaient pas conformés à la loi du 26
décembre 171)0 et requérait que le dit arrêté fût adressé à
toutes les municipalités du district |)our y être lu, publié et
affiché selon sa forme et teneur. Cet ordre du déparlement
causa une vive émotion. Parmi les administrateurs du district,
quatre de ses membres : MM. Mourain, Jousson, Rouvier et
Merlet, refusèrent de prendre part îi la délibéralion qui suivit
la communication du Procureur-Syndic : « Le Conseil, après
» avoir mûrement examiné et réfléchi sur les dispositions de
D l'arrêté dont il s'agit, et s'être fait représenter la lettre
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- 71 -
écrite par les membres composanl le Directoire du district
au Directoire du déparlement de la Vendée le 21 juin
dernier ; considérant que les circonstances dans lesquelles
se trouvaient à celle époque les habitants des campagnes
de ce district n'étant plus les mêmes ; que la déclaration
que vient de faire le Corps législatif que la patrie est en
danger, y a fait, dans la majeure partie des esprits, une
impression tellement opposée aux vues de l'Assemblée
nationale, que tout semble présager un avenir d'autant
plus effrayant que l'absence de toule force publique ne
laisse aucun moyen de le prévenir, puisque k la nouvelle
du danger de la pairie, en plusieurs endroits de ce district,
des sentiments d'allégresse se sont manifestés dans l'espoir
d'un moment qu'ils osent envisager comme heureux, celui
d'une conlre-révolution qui, avec l'ancien ordre de choses,
leur rendrait leurs prClrcs qu'ils n'ont pas encore oubliés
el qu'ils n'oublieront que lorsque les ennemis de la Consti-
tution auront disparu ; considérant encore que l'exécution
de cet arrêté laissant un grand nombre de paroisses sans
minisire pourrait animer dans les esprits déjà en fermen-
tation des sentiments de révolte d'aulant plus funestes
qu'ils auraient la religion pour prétexte, el que les ennemis
de l'intérieur ne manqueraient pas de saisir et de seconder
pour leurs intérêts secrets, el favorisés par les facihtés que
leur donne la position frontière de la majeure partie du
territoire du district ; arrête de représenter au Conseil
général du déparlement assemblé en permanence ce que
l'exécution générale de l'arrêté dont il s'agit, qui enveloppe
les prêtres fonctionnaires et non fonctionnaires publics,
atteints ou non atteints par des dénonciations particulières,
pourrait exciter des troubles qu'il est prudent et politique
d'éviter dans les circonstances fâcheuses où se trouve la
France, et de lui dénoncer en conséquence qu'il soit sursis
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- 72 —
n à l'cxéculion dudit arrêté ou, du moins, qu'il ne soit
• exécuté que d'une manière individuelle, el lorsque lesdits
» prélres fonctionnaires publics ou non fonctionnaires seront
» dénoncés, ou par leurs municipalités respectives, ou d'après
)) les plaintes des citoyens d'une probité et d'un patriotisme
» reconnu el qu'à cet effet extrait du présent arrêté lui sera
» adressé par le prochain courrier. »
Le Conseil général du déparlement ne voulut point accorder
au Directoire du district de Ghallans la suspension de l'arrêté
qu'il avait pris le 80 juin. Le 80 juillet, il lui intima l'ordre
de le mettre îi exécution. Plus tard, le 10 août, les communes
de Saint-Philbert, de Noirmoutier et de Barbâtre ayant
demandé leurs prêtres, jusqu'à ce qu'ils fussent remplacés,
le Directoire du district de Ghallans s'appuya sur l'arrêté du
Conseil général qui leur opposa un refus.
Vers le milieu de l'année 1792, bien que les assignats
eussent cours forcé dans les transactions particulières, ils
perdaient dans le district de Challans la moitié de leur
valeur, et l'homme de travail ne voulait plus être payé qu'en
numéraire. Mais comme le numéraire devenait de plus en
plus rare, il en résultait pour les propriétaires l'impossibilité
de donner de l'ouvrage aux ouvriers. La valeur des assignats
étant, du reste, bien au-dessous de la monnaie courante, le
Directoire du district de Challans créa, ainsi que cela s'était
fait ailleurs, des cartes de confiance pour une somme assez
élevée, et qui représcnl«ient des valeui-s différentes. La
répartition de ces caries se faisait entre les municipalités du
district à raison de leur population respective. Le rembour-
sement devait en être fait par les municipalités à la caisse
du trésorier a mesure de l'émission qu'elles faisaient des
cartes qui leur avaient été remises. L'émission de ces billets
de confiance fut, plus tard, prohibée par une loi du 8 no-
vembre 1792.
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— 73 —
Dans plusieurs canlons du dislricl, la garde naiionalc
n'avail pas été organisée. L'Administration départementale
ayant donné Tordre au Directoire de Challans de s'en occuper,
il nomma des commissaires dans celle intention. Parmi ces
commissaires se Irouvaienl trois juges du tribunal. Ceux-ci
refusèrenl la commission qui leur avait été donnée par la
raison que, dans Téventualilé de troubles occasionnés par la
mise en pratique de cette mesure, ils ];»ourraienl être appelés
à juger en appel de police correctionnelle ceux qu'ils auraient
portés sur les cadres. Ce refus fut loin de satisrairc le Direc-
toire. Dans la délibération qu'il prit h ce sujet, il est dit que
si une affaire de celte nature était portée devant le tribunal,
le juge qui aurait opéré dans le canton du délinquant pour-
rail très bien se déporter et qu'il en resterait assez d'autres
[K)ur en connaître. Sans vouloir pénétrer les motifs des
refus donnés, on remplaça cependant ceux qui les avaient
formulés.
La nouvelle de la suspension du roi et Tordre donné par
le déparlement de faire connaître, par voie d'affiches, dans
toutes les communes du district, les résolutions que venait
de prendre T Assemblée nationale, ne fut pas sans donner des
inquiétudes au Directoire. Connaissant la disposilion des
esprits, il craignit un soulèvement et voulut, dans cette
prévision, avoir des forces pour se défendre. 11 requit donc
66 hommes de bonne volonté, pris dans les gardes nationales
des différents cantons pour venir tenir garnison ix Challans.
Les canlons de Challans, de Saint-Gilles et de Noirmoulier
devaient fournir chacun 12 hommes ; ceux de Beauvoir, de
Sainl-Jean-de-Mouls, d'ApremonI, de Palluau, delà Garnache,
dellouin, le premier, 10 hommes; le second, 6; les troisième,
quatrième et cinquième, 4 ; le sixième, 2.
Le 17 août, le Procureiu-Syndic signalait aux Adminis-
trateurs du Directoire Topposition formelle que l'autorité
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« 74 -
trouvait dans la municipalité de Bois-de-Céné, au reraplace-
ment de son curé qui avait refusé le serment à la Constitution.
L'évéque de Luçon avait envoyé comme curé de Bois-de-
Gêné un prêtre constitutionnel du nom de Puyo. Les citoyens
actifs de Bois-de-Céné ayant été convoqués à la Garnache,
chef-lieu du canton, pour reconnaître les officiers de la garde
nationale et prêter serment, la municipalité fit apposer, sur
les murs de Bois-de-Céné, une affiche conçue en ces termes :
*c M. le Maire et officiers municipaux avertissent tous les
» habitants de s'assembler dimanche prochain, k une heure,
« pour refuser ou accepter le sieur Puyo, desservant de cette
i> paroisse. »> La convocation était faite précisément le môme
jour et à la même heure que celle pour l'organisation de la
garde nationale dont nous venons de parler. Celait non
seulement un acte de désobéissance, mais encore de révolte
contre l'autorité constituée. Le conseil du Directoire, sur
l'avis conforme du Procureur-Syndic, cassa l'arrêté de la
municipalité de Bois-dc-Céné, lui faisant défense de réunir
l'Assemblée qu'elle avait convoquée, lui enjoignit de recevoir
comme desservant de son église le prêtre que l'évêque lui
avait envoyé, enfin suspendit les officiers municipaux et
notables composant la municipalité de Bois-de-Céné, les
excluant de toute éligibilité, et, en attendant de nouvelles
élections, décida qu'il serait nommé des commissaires pour
faire fouclions de Maire et d'officiers municipaux. Le Direc-
toire demandait au Conseil général qu'il voulût bien approuver
la délibération pour que l'exécution pût en avoir lieu.
Pendant que ces choses se passaient k Bois-de-Céné, la
paroisse de Saint-Révérend était le théâtre d'actes qui ne
le cédaient en rien à ceux dont il vient d'être question.
M. Guéry, habitant cette commune, avait recueilli chez lui
plusieurs prêtres non assermentés qui, pour obéir k la loi,
avaient quitté leur paroisse. A la sortie de la messe, où
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r
— 75 ~
s'étaient réunies 8 à 4,000 personnes, messe célébrée par le
desservant de cette commune, M. Peliol, qui ne s'élait point
conformé, à la loi du 2G novembre 1790, le frère de M. Guéry
avait donné lecture à cette foule assemblée d'une letlre qu'il
avait reçue de Paris. Cette leltre annonçait les nouvelles les
plus fausses ; elle parlait de mouvements royalistes accomplis
k Paris et se terminait par ces mots : « Qu'on eut qu'à
prendre patience et qu'ils ne lardernient pas à venir ici
prêter ntoin forte à ceux qui seraient de leur parti. »
Le Conseil prit un arr<^té pai* lequel il ordonna que les prêtres
uon conformistes, — les prêtres de l'ile de Noirmoutier et le
desservant de la commune de Sainl-Maixent, retenu pour
cause de maladie, oxceplés jusqu'à nouvel ordre, — seraient
conduits au département par la force armée ; qu'une visite
serait faite par la gendarmerie, au domicile du sieur Guéry,
et que le Juge de Paix de Saint-Gilles serait invité à prendre
toutes les dispositions nécessaires pour assurer la tranquillité
dans son canton.
Les mesures contre les prêtres insermentés devenaient de
plus en plus rigoureuses. Le -25 août, le Directoire de
Challans recevait un arrêté du déparlement, relatif l\ la dépor-
tation des prêtres insermentés. Nous sommes obligés de dire,
en le regrettant, qu'uu membre fit la proposition au Conseil
de reniiTcier l'Assemblée législative de la mesure qu'elle
venait de prendre ; le procès- verbal, que nous avons eu sous
les yeux, ne dit pas si cette motion fut approuvée.
Si. Bouhier, curé de Saint-Gilles, n'avait pas obéi aux
ordres donnés par le département à tous les prêtres inser-
mentés, de se rendre à Fontenay. Pour se conformer au
décret de l'Assemblée, il se présenta devant le district de
Challans, i\ l'effet d'obtenir un passe-port pour l'étranger.
11 lui fut demandé pourquoi il ne s'était pas rendu à Fontenay
et ce qu'il était devenu depuis qu'il avait quitté Saint-Gilles.
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- 76 -
Il répondit que se trouvant malade, il s'élail retiré à Chéne-
Tord, commune de Fenouiller, chez le sieur Fusilier. Mandé
auprès du Directoire, Fusilier nia d'abord, mais ensuite
confirma ce que disait le prêtre. La conduite de l'ancien curé
de Saint-Gilles paraissant suspecte au Directoire, il le fit
arrêter, puis conduire aux Sables pour élre déporté. Il fut
embarqué pour l'Espagne le 15 septembre 1792. Une visile
faite chez le sieur Fusilier ne fit rien découvrir de compro-
mettant pour le curé de Saint-Gilles. On y trouva sa valise
avec un billet portant ces mots : « Fusilier aura la complai-
sance de recevoir chez lui le porle -manteau de M. Rouhier
Signé : Cavois. » Fusilier, qui avait contrevenu à l'arrêté du
département, en donnant asile à un prélre insermenté, fut
mis en liberté et condamné seulement h payer les frais
occasionnés par le transport de la force armée \\ Chéne-
Tord.
M. Guiard, curé de Noirmoulier, avait été reçu chez le
sieur Lefebvre, ofRcier municipal de cette ville, qui n'en
avait pas fait la déclaration. Le Conseil du district considérant
qu'il avait manqué l\ une obligation qui lui était imposée par
la loi, admonesta le citoyen Lefebvre, mettant îi sa charge,
suivant les dispositions de l'arrêté du département, les frais
faits en cette circonstance ; ordonnant que M. Guiard, aussitôt
que l'état de sa santé le permettra, sera conduit 'a Fontenay,
et que, jusque-lîi, la municipalité sera tenue de s'assurer
chaque jour de la présence du sieur Guiard.
Les huissiers ne pouvaient plus exercer leur ministère sans
être exposés aux plus grands dangers. Poileur d'un mandat
d'amener décerné par le Juge de Paix de la Garnache contre
le charpentier Jean iMinaud, l'huissier Guilbaud s'adressa au
Directoire pour être accompagné de la force armée. Il lui fut
donné 8 hommes de la garde nationale pour uiettre son
mandat l\ exécution.
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- 77 -
Le 13 septembre, sur Tordre du Directoire, la force
armée se portait dans la commune de Soullans pour désarmer
tous les gens suspects, lequel désarmement ne pouvait
s'effecluer qu'en présence du Maire.
La nomination du commissaire près les Tribunaux civils
et criminels appartenait au roi, en vertu de la loi du 17 août
179i. Une nouvelle loi suspendit de leurs fonctions tous les
commissaires nommés par le roi et en confia l'élection au
Conseil du district. Après deux tours de scrutin qui ne
donnèrent pas de résultat, M. Bourdin fut nommé commis-
saire, près le Tribunal du district de Challans.
Un fait va démontrer combien, à l'occasion, les municipa-
lités s'arrogeaient de pouvoirs qui ne leur appartenaient pas,
et quels conflits pouvaient s'élever. Le maire de Groix-de-
Vic, Ingoust, avait accueilli chez lui M. Ganacbaud, ex-curé
de Rié, lequel était muni d'un passe-port de la municipalité
pour s'embarquer pour l'Espagne. En exécution de la loi du
26 aoûl, relative à la déportation des prêtres insermentés, il
le consigna dans sa chambre, et le lendemain matin, il le
conduisit à la municipalité pour exhiber son passe-port et le
fair»». viser, se rendant d'ailleurs caution pour lui. Aussitôt,
la municipalité se réunit sans consulter le Maire et décida
que la force armée pénétrera dans la maison du Maire,
procédera k l'arrestation du curé Ganacbaud et le conduira
à la maison d'arrêt de Saint-Gilles, oii se trouvaient d'autres
prêtres. A cette nouvelle, M. Ingoust conduit lui-même à
Saint-Gilles, M. Ganacbaud ; mais h son retour, quel n'est
pas son étonnement, quand il apprend qu'un piquet de la
garde nationale a pénétré chez lui pour y faire une visite.
Aussitôt, il donne sa démission et porte l'affaire devant le
Conseil du district. Le Conseil, animé de sentiments de
conciliation, déclara que, dans un moment oii la patrie était
en danger, un citoyen dont le civisme était parfaitement
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— 78 —
connu, le sieur Ingousl, ne pouvait pas abandonner son poste
et nomma un commissaire chargé de se rendre à Croix-dc-
Vie pour opérer un rapprochement entre le Maire et les
ofliciers municipaux.
Le 18 octobre, le Conseil, par une délibération, ordonna
que la force armée accompagnée de la municipalité se trans-
porterait k Notre-Dame-de-Monls pour y opérer des visites
domiciliaires chez les gens réputés suspects.
Au mois de novembre 1792, l'exportation des blés du
district de Challans exposait h de grands dangers ceux qui
s'y livraient. Deux négociants de Machecoul eurent leurs
agents insultés et menacés dans le district de Challans.
Renchérissant sur les violences dont ils avaient été victimes,
le maire de cette commune dépassa toutes les bornes. En
effet, les citoyens Casson, négociants à Machecoul, déclarent
que « le citoyen Morisseau, chargé de la garde de leur
» grenier, a été emprisonné par les ordres du maire de cette
» ville (Challans), qui leur a dit qu'il poursuivrait partout
» les coquins marchands de blé ; qu'il voudrait avoir leur
» tête. »
Les gardes nationaux en garnison îi Challans avaient été
licenciés ; le Directoire, n'ayant pas sous la main la force
nécessaire pour proléger ceux qui se livraient au commerce
des grains, arrêta que le déparlement de la Loire-Inférieure
serait invité à envoyer k Challans 50 hommes de la garde
nationale à cheval pour protéger la circulation des blés,
Fontenay étant trop éloigné de Challans pour qu'on s'adressât
à lui.
Le Directoire, k cette occasion, adressa aux habitants de
Challans la proclamation suivante :
« Citoyens, les lois ont été violées dans votre territoire.
» Nous avons juré de les maintenir. Des citoyens attroupés
» se sont opposés à la libre circulation des blés. Si des
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— 79 —
» hommes en place ont pu favoriser ces démarches crimi-
• Délies, qu'ils tremblent, la loi les punit de mort.
» Nos concitoyens nous ont chargés de maintenir les lois
• et de veiller à leur sûreté. Nous ne trahirons pas leur
» confiance ; les coupables seront dénoncés ; bientôt ils
» subiront la peine qu'ils ont tnérilée. Une force imposante
■ nécessaire au maintien de l'ordre arrive dans vos foyers.
» Elle est à la charge de votre commune, jusqu'à ce que
» les auteurs des troubles convaincus de leurs crimes en
» supportent les frais.
» 11 est fâcheux, chers concitoyens, d'employer des actes
» de rigueur contre des frères ; mais l'exécution des lois
» sera toujours le premier mobile de nos actions. »
Le Directoire du département delà Loire Inférieure envoya
au district de Challans les forces qui lui avaient été deman-
dées. La tranquillité ayant été promptement rétablie, le
détachement ne resta que quelques jours à Challans.
En exécution du décret du 19 octobre 1792, des élections
avaient eu lieu le 18 novembre pour pourvoir au remplace-
ment des membres sortants du conseil. MM. Louis-Henry
Brossaud, Urbain-René Bret, Arthur Boiscourbeau, Gaspard
Bourdin, Louis-Raphaël Bodel, Pierre-René Cormier, René
Samsonn, Charles-Marie-René Merland, Michel Luminais et
Pierre-Joseph Rousseau furent appelés à eu faire partie. Dans
la séance du 17 novembre 1792, les huit premiers se
réunirent aux membres du conseil précédemment nommés,
les deux derniers étant absents. Il fut procédé à la nomina-
tion d'un président et d'un secrétaire. MM. Brossaud et
Ganachaud furent k l'unanimité appelés à remplir les fonc-
tions, le premier de président, le second celle de secrétaire.
M. Merland fut nommé procureur-syndic.
Le 17 décembre, le citoyen Jousson en rendant compte
des élections municipales de Commequiers, qu'il avait été
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— 80 —
appelé à présider, déclarait que tous les élecleurs, ud seul
excepté qui avait été chassé de l'assemblée, avaient prêté
le serment de maintenir la liberté. Il ajoutait que les habi-
tants de cetle commune avaient en horreur leur curé,
parce quMl avait Tait serment à la Constitution et que la
plupart des membres élus lui paraissaient peu instruits et
entachés d'aristocratie. H en exceptait le procureur de la
commune, Porteau, qui, malgré son patriotisme, était telle-
ment aimé et estimé de tous que, au moment oii il refusait
d'accepter la position k laquelle il avait été élevé par ses
concitoyens, les habitants des cami)agnes avaient fait auprès
de lui les plus vives instances pour qu'il les acceptât. Us lui
avaient offert de l'indemniser au quadruple des pertes de
temps que son acceptation lui occasionnerait et avaient été
jusqu'à lui offrir de le porter sur leurs bras jusque dans sa
maison toutes les fois qu'il ferait mauvais temps. Devant une
pareille démonstration, M. Porteau n'avait pas pu résister et
avait fini par accepter les fonctions qu'il avait d'abord
refusées.
Les élections du reste furent annulées pour plusieurs
motirs. Les uns paraissent plausibles puisqu'ils se basent sur
cette considération que la plupart des électeurs étant domes-
tiques ou n'ayant pas l'âge voulu, ne devaient pas figurer
sur la liste. Mais il en est un qui ne peut se justifier à aucun
point de vue : « Considérant que, depuis le commencement
n de la révolution, il s'est formé dans cette commune de
» Commequiers deux partis bien prononcés. Il est impossible
n d'espérer que les esprits aliénés par des opinions religieuses
>» qui auraient été inspirées par quelques ennemis du bien
« public, qui habitent celte paroisse, puissent se rapprocher
w et travailler de concert aux opérations que la loi confie
o aux corps municipaux ; considérant que cette opposition a
)> constamment produit dans cette commune des discussions
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- 81 -
j» et des animosités, qu'il esl instant de faire cesser par un
n parti propre h rétablir la paix el que toutes les opérations
• dont oDt été chargés les officiers municipaux qui se sont
» succédé dans celte commune ont été on ne peut plus
■ mal conduites, que le plus grand désordre y a régné,
a parce que ceux qui étaient animés du bien public et du
» désir de faire exécuter les lois se sont toujours trouvés en
• nombre inférieur à ceux qui étaient mus par des sentiuients
» contraires
» ,
fl Oui, le Procureur-Syndic est d'avis que les officiers
• municipaux élus les 26 et 27 décembre dernier l'ont été
» contre la loi ; qu'en conséquence, leur élection doit être
• déclarée nulle , el que, vu la difficulté ou plutôt l'impossi-
» bilité de trouver un nombre suffisant de bons citoyens
» pour composer un corps municipal, qu'il soit nommé des
» commissaires qui, tant que les circonstances ou se trouve
» celle commune seront les mêmes, rempliront les fonctions
» dévolues aux corps municipaux ; qu'à cet cff'et, les citoyens
» Guyet, ancien maire des Habiles et demeurant actuellement
» à Commequiers, et Porleau, procureur de la commune,
» réélu k ladite qualité, seront désignés au département
» comme les seuls capables de bien régir et bien administrer
» les intérêts des habitants de cette commune et de faire
» exécuter les lois. »
Dès les premiers jours du mois de janvier 1793, on en
(''lait venu \x exiger des hommes d'aff'aires, des notaires
entre autres, des certificats de civisme délivrés par leurs
municipalités et approuvés par les directoires des districts où
se trouvait leur résidence et par le département.
Le sieur Auberl, notaire à Soullans, s'élant vu refuser un
certificat de civisme de la municipalité de cette commune,
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- Ôî -
se pourvut vainement au Directoire du district. II lui fui
interdit de continuer l'exercice de sa profession.
La récolte de l'année 1792 avait été très mauvaise. Le
travail et le pain manquaient dans beaucoup de communes
du district de Challans. La municipalité de Saint-Urbain
demanda au Directoire qu'une somme fût prise sur la fabrique
de la paroisse et fut affectée au soulagement des malheureux.
Le Directoire souscrivit k cette demande.
Le 14 janvier 1793, rapport fut fait: « d'une pétition
» présentée par le citoyen Jean Cantin, habitant de la
» paroisse de Saint-Christophe-du-Ligneron , expositive que
» le citoyen Massé («), curé dudit lieu, se refuse à inhumer
I) le corps de Jean Gantin, oncle de l'exposant, mort dans la
» nuit du 12 au 13 du courant, sous prétexte qu'il ne lui
» avait pas administré les sacrements de l'Église.
» Le Directoire, ouï le Procureur-Syndic, a renvoyé à la
») municipalité de Saint-Ghristophe-du-Ligneron, pour donner
» dans le plus court délai possible, ses dires et observations
» et entendre ceux du citoyen Massé, curé dudit lieu, et le
» tout rapporté, être pris par le Directoire tel parti qu'il
» avisera ; et cependant, attendu qu'il est urgent de faire
» inhumer le corps dudit Gantin, la municipalité est invitée
0 k autoriser les parents du défunt à le faire enterrer par qui
» bon leur semblera, et, à cet effet, de leur permettre l'entrée
» de l'église et l'usage des cloches, le tout dans le cas où
» ledit curé refuserait de l'enterrer ; dans le cas contraire,
») la municipalité autorisera seulement les parents du défunt
w à l'enterrer dans le cimetière. »
Le 11 février 1793, sur la plainte qui leur avait été faite
par les officiers municipaux de Noirmoulier que, malgré les
prévisions d'une guerre européenne et d'attaques possibles
(*) Le curé Massé étail un prèlre assermenté.
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- 83 -
des Anglais sur les côtes de Tile, la garde nationale n'était
point organisée et que les forts n'étaient point armés et
manquaient de munitions de guerre bien que la demande en
eût été faite aux chefs de la i^2« division militaire, le Direc-
toire arrête que « le citoyen Mauria Lucien, sergent dans
» le corps d'artillerie, est nommé commissaire et sera invité
» à se transporter sur le champ k Noirmoutier pour aider
» le citoyen Viaud, procureur de la commune et commis-
» saire nommé par le département, afin d'organiser, confor-
» mément k la loi du 14 octobre 1791, la garde nationale du
» canton de Noirmoutier ; qu'il est également autorisé k
» aider de ses conseils et de ses lumières lesdils officiers
» municipaux et autres bons citoyens de celte île, k armer
» les différents forts qui se trouvent construits provisoire-
» raent et jusqu'k ce que les chefs militaires de la 12« divi-
» sien aient nommé des commissaires k cet effet ; que copie
» du présent arrêté sera adressée tant au département qu'au
» citoyen commandant la 12® division militaire, k la Rochelle,
» par le premier courrier. »
Le surlendemain, le Directoire, sur la demande du sieur
Rouillé, membre du directoire du département, commissaire
nommé k l'effet de se transporter dans les districts des
Sables et de Challans pour y visiter les diverses parties
raarilîlnes qui avaient besoin d'être mises en étal de défense
en raison de la déclaration de guerre faite k la France par
TAnglelerre et la Hollande, requit qu'il fut nommé un
membre de l'administration de ce district pour l'accompagner
sur les différents points du territoire du district oii sa
présence était nécessaire. Le Directoire nomma pour être
adjoint au citoyen Rouillé, M. Merlet, un de ses administra-
teurs. Merlet rendit compte de sa mission le 6 mars 1793.
Il déclara qu'il résultait de la visite des côtes qu'il avait faite
de concert avec le sieur Rouillé et un ingénieur, qu'il était
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- 84 —
urgent d'armer les côles de Noirraoutier, Saint-Gilles, Croîx-
dc-Vie et Saint-Hilaire-de-Rié et de les approvisionner de
munitions. Il fournit un devis estimatif de ce que pourraicnl
coûter toutes ces dépenses. Le Directoire arri^.ta que le dépar-
tement serait invité à s'occuper immédiatement de travaux,
qui ne pourraient pas être retardés sans un grand préjudice
pour la tranquillité publique .
Quelques jours après, les citoyens Rouvière, de Saint-
Christophe-du-Ligneron, et Bouvier , étaient chargés d'orga-
niser la garde nationale dans les cantons de Challans et la
Garnache.
Le 22 février 1793, le Directoire était informé par le juge
de paix de Saint-Jean-de-Monts que la gendarmerie et la
garde nationale de Saint-Gilles s'étant transportées la veille
à Saint-Jean-de-Monts, plusieurs mandats d'amener avaient
été décernés par lui contre des individus de la commune qui,
le 12 et le 13, avaient troublé la tranquillité publique,
maltraité des citoyens patriotes et enlevé le bonnet de la
liberté après avoir fait effraction dans la partie du clocher
oit il était placé. Un des agitateurs ayant été arrêté, fut amené
devant le juge de paix qui le laissa sous la garde de trois
hommes pour aller faire une perquisition à la cure où d'autres
prévenus s'étaient réfugiés. Gomme il s'y rendait, un attrou-
pement composé d'hommes armés de fourches et de faux se
ruèrent sur les trois hommes de garde, les maltraitèrent et
délivrèrent le prisonnier qu'ils emmenèrent en chantant. Le
juge de paix ajoutait que, dans la disposition d'esprit où se
trouvait la population du canton, un soulèvement général
était à craindre et que, pour le prévenir, il était indispen-
sable d'envoyer promptement ii Saint-Jean-de-Monls des
forces assez considérables pour en imposer aux révoltés.
Le Directoire, déjà prévenu que des commencements
d'émeute avaient eu lieu dans cette commune, décida que
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la gendarmerie de Challans et 27 hommes de la garde
nalionale de ce canton allaient se mettre en route le jour
raêrae pour Saint-Jean-dc-Monts. Il arrCla qu'il serait écrit
à Beauvoir pour enjoindre à la municipalité d'envoyer
pareil nombre de gardes nationaux à la même destination,
au district du déparlement, pour le prier d'envoyer 25 hommes
d'armes à Challans; à Saint-Gilles, pour requérir de nouveau
20 gardes nationaux pour être envoyés à Saint-Jean-de-
Monts.
Le 4 mars, le Directoire, dans la crainte de n'avoir pas
assez de force sous la main pour maintenir la tranquillité
publique, arrête :
Art. 1.
ff Que le département sera invité d'autoriser celte admi-
• nislralion de requérir du déparlement de la Loire-Inférieure
» une compagnie de gardes nationaux de Nantes pour rester
» en activilé permanente ici et agir d'après les ordres que
» le Directoire de ce district pourra donner.
Art. 2.
» Que le déparlement est pareillement invité d'écrire de
» son côté au département de la Loire-Inférieure pour
» l'engager à fournir cette force armée h ses frères et à ses
0 voisins. »
Les feuillels du registre des délibérations manquent du
5 mars au 5 mai ou plulôt le Directoire ne prit pas de
délibérations, parce que, au moment des massacres de Machc-
coul, les administrateurs du district de Challans se réfugièrent
aux Sables. Ils s'y trouvaient au moment des attaques des
24 et 29 mars, et, le 28 mars, l'administration du district de
Challans réunie à celle des Sables adressait m Ministre une
lettre lui faisant connaître la situation. Celte lettre est repro-
duite dans V Histoire de la guerre des Vendéens et des
chouans (tome I, p. 122).
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- 86 —
Les administrateurs du district de Challans renlrërenl dans
celte ville le 5 mai. Lorsqu'ils se présentèrent à la maison
où jusque-là ils avaient tenu leui's séances, ils la trouvèrent
dans le plus grand désordre. Les Vendéens en avaient
brisé les meubles, les portes et les fenêtres ; les cheminées
étaient abattues; les chambres décarrelées; les papiers
que Tadministration n'avait pas emportés étaient enlevés ou
brûlés.
Dans Timpossibilité de s'installer dans un pareil local, le
Directoire lU choix pour les séances et l'installation de ses
bureaux de la maison du sieur Macé de la Rarbelais, qui
était passé du côté des Vendéens.
Challans était alors occupée par des troupes de ligne. Le
H avril, les républicains, déjà maîtres de Saint-Gilles, avaient
dirigé deux colonnes sur Challans, commandées Tune par
le général Boulard, Tautre par le colonel Baudry. La première
rencontra l'ennemi au Pas-au-Peton. Quelques coups de
canon chargés à mitraille suffirent pour le mettre en fuite.
La seconde s'avança par Rié, d'oii elle délogea quelques
Vendéens embusqués dans le cimetière.
Le 12, les deux colonnes entrèrent dans Challans, que
l'ennemi avait évacuée pendant la nuit. Le 18, les Vendéens
revinrent en force ; mais ils furent repoussés et laissèrent
entre les mains des Iroupcs républicaines un canon et un
pierrier. Baudry, k la télé de sa colonne, les poursuivit
jusqu'à la Garnache. Quelques dissentiments avaient éclaté
entre Boulard et Baudry ; mais ils furent de courte durée.
De Challans, Boulard s'était porté sur la route de Beauvoir
pour s'assurer si les communications entre Noirmoutier et
Challans étaient libres. Les Vendéens se portèrent sur ses
derrières et s'emparèrent de Saint-Gervais. Mais ils ne résis-
tèrent pas à un retour offensif de Boulard et prirent la fuite
sans s'arrêter à Challans, qu'ils traversèrent. Pendant ce
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— 87 —
lemps-là, Baudry s'était porté autre part, car de tous côtés il
faUail tenir tête à Forage.
Tandis que tous ces mouvements s'accomplissaient, des
réquisitions nombreuses avaient été Tailes par les troupes.
Le district était assailli de nombreuses réclamations ; car il
n'y avait point à Challans de commissaire de guerre chargé
de régler ces dépenses. L'Administration du district se
trouvait dans un grand embarras. Heureusement qu'un
commissaire du département, le citoyen Gallel, arriva à
Challans. Il ordonna, prenant cet acte sous sa responsabilité,
(le payer les réclamants sur la caisse du receveur du district.
Six mois de traitement furent aussi payés ^ l'avance au juge
de paix de la Garnaclie, Dugoust, que les Vendéens avaient
dévalisé de tout ce qu'il possédait.
Il fallut aussi pourvoir aux besoins de la cavalerie, qui
manquait complètement de fourrages et faire réquisition à la
commune de SouUans, dans laquelle il s'en trouvait encore,
de fournir le nécessaire. 11 fallut enfin s'adresser aux com-
munes voisines pour avoir le supplément de lils nécessaires
pour coucher les troupes, prendre des vins, de l'avoine et
d'autres fournitures chez des personnes qui s'étaient jointes
aux Vendéens. Ce n'était pas tout que de pourvoir Challans.
Des demandes arrivaient de tous les points du district, entre
autres de Saint-Gilles pour des fournitures de bois et de
fourrages et de Saint- Christophe pour la solde d'une com-
pagnie de volontaires formée dans cette commune. Enfin, le
9, arriva un agent du commissaire des guerres du départe-
ment de la Vendée.
Le receveur du district avait été forcé de se retirer aux
Sables avec les corps constitués des disiricts ; il trouva à son
retour ses bureaux et sa caisse entièrement brisés, les papiers
de comptabilité disparus, ainsi que les espèces et assignats
qui pouvaient rester dans la caisse. A sa prière, deux admi-
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nisiraleurs du dislricl vinrenl conslaler l'étal des choses. Il
les conduisit aussi dans tous les lieux oii il avait pratiqué
des caches pour y mettre le numéraire et les assignais qu'il
n'avait pas emportés avec lui. Les valeurs s'y trouvaicDt à
l'exception d'une certaine somme qu'il avait cachée dans une
double cheminée. Celte cheminée avait été dégradée et pres-
que entièrement détruite ainsi que le foyer. Enfin, les
citoyens auxquels le receveur avait confié des fonds, pour
qu'ils les missent en sûreté, les lui avaient remis fidèle-
ment.
Le 16 mai, sur l'avis conforme du citoyen Goupilleau,
représentant du peuple, l'Administration accorda des bccours
k Françoise Douillard, veuve de François Naulleau, Cathe-
rine Iladivet, veuve d'Honoré Taillé, Marie Garnier, veuve
de René Guillot, Marie-Rose Imbert, veuve de Pierre Gui-
maron, de la paroisse de Bois-de-Céné, dont les maris avaient
été massacrés k Machecoul le 8 avril précédent (i).
Des commissions militaires siégeaient aux Sables et k
Noirmoulier pour juger les crimes et les délits politiques
commis dans le district de Challans.
Le 24 mai, une indemnité était accordée, sur sa demande,
k la veuve Samson, de Bois-de-Céné, dont le mari a été
assassiné pendant les massacres de Machecoul.
Pour subvenir aux besoins de la troupe et de la population
de Challans, il était nécessaire d'avoir recours a des appro-
visionnements. Le Directoire les faisait dans les communes
du canton en payant exactement ce qu'il enlevait. Le 24 mai,
un membre annonçait qu'il n'avait laissé en blé aux habitants
de la Garnache que ce qui leur était absolument nécessaire
(*) Les noms tic Naulleau, Taillé, Guillol et Guiinaion ne se Irouvoiil
poiul sur la liste qu'a publiée M. Lailié, des pi isoiiniers massacrés k Maclie-
coul.
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— SS-
II iovilail le Directoire à n'en pas retarder le paiement. Le
Directoire, prenant en considération ce qui venait de lui être
(lil, sVngageait à donner immédiatement aux citoyens qui lui
fourniraient des grains pour l'approvisionnement des armées
de la République en ce district, un bon sur le vu duquel ils
seraient payés aussitôt qu'il se trouverait en caisse une somme
suffisante. Les besoins devenaient d'autant plus grands que
l'Administration du district de Challans, reconnaissante de
l'accueil empressé qu'elle avait trouvé aux Sables, au moment
où elle avait été obligée de s'y réfugier, était bien disposée
à accueillir la demande d'un secours en blé qui lui avait été
faite par les Administrateurs de ce même district.
Dans la séance publique du 27 mai 1793 (an 11 de la
République), le Conseil du district de Cballans apprenant que
la veuve Imbert et ses deux filles jouissent à Nantes d'une
liberté absolue, ayant d'ailleurs en leur possession des écrits
de leur main qui ne laissent aucun doute sur leur participa-
lion à l'insuiTection vendéenne, décide qu'il en sera donné
avis aux autorités constituées de Nantes et nomme pour se
transporter devant l'Administration du département de la
Loire-Inférieure et le renseigner sur ce sujet, les citoyens
Cortèze, aide-de-camp du général Baudry, et Bâtard, capitaine
de cavalerie («).
En apprenant que les prêtres insermentés emportaient les
vases sacrés de leur église, l'Administration décida que tous
ceux qui restaient seraient transportés à Challans et remis aux
églises où ils avaient été pris, lorsque les paroisses de ces
églises seraient pourvues de desservants.
(') Nous avons en noire possession la copie intégrale de la ciélibdralion
<in 27 mai 1793 prise au sujet ric la veuve Imberl et de ses deux fdles.
Celle copie a fié elle- niénic prise sur l'original conservé dans un registre
00 recueil de pièces diverses et révolutionnaires, recueil composé par M.
Cbevas et appartenant aujourd'hui à M. Dugast-Matifeux. J. M.
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Le ^8 mai 1793 « sur les huit heures du matin est entré
D à la séance le citoyen Baudry, commandant de la deuxième
» division de Tarmée des Sables, lequel a dit qu'il avait
» expédié, la nuit dernièi*e, au citoyen général Boulard, un
» courrier pour lui annoncer qu'une colonne formidable
» d'ennemis était prèle à tomber sur sa division ; que tous
» les habitants du marais étaient soulevés et n'attendaient
» que l'instant favorable pour se joindre k cette colonne, qui
D occupait Palluau ; que, dans cette circonstance, n'ayant que
» quinze cents hommes ou environ, la majeure partie sans
»> armes et n'étant que des recrues, il croyait ne pouvoir
» résister i\ celte foule d'ennemis ; qu'en conséquence, il
n allait se replier sur Vairé avec sa troupe ; que celle
» retraite aurait lieu la nuit prochaine, et il a invité cette
» Administration, au cas oii elle voulut le suivre, à faire
') tous ses préparatifs pour le voyage et sauver les archives. »
Le Conseil prit ses dispositions en conséquence ; mais
le départ n'eut pas lieu la nuil, ainsi que l'avait annoncé
le général Uaudry. Le lendemain, a 6 heures du matin, cet
oflRcier se présenta au Direcloire disant qu'il venait de
recevoir une lellre du général Boulard lui enjoignant de
rester à Ghallans pour défendre ce posie important.
Dans la séance du 3 juin « le capilaine de la première
» compagnie de Barbezieux déclare qu'ayant appris que
» quelques soldais de la compagnie s'étaient permis d'enlever
» quelques effets d'une maison appartenant h un chef de
» révoltés, il a été indigné de celle conduite, et qu'après
» les avoir fail punir comme ils le mérilaienl, il leur a fait
)) restituer la valeur desdils objets, laquelle somme a été
» déposée sur le bureau. »»
Le lendeniain, 4 juin, le général Baudry annonçait au
Directoire que, sur l'ordre du général Boulard, il allait se
replier sur Vairé à l'effet d'être prêt à secourir la ville des
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— 91 —
Sables sur laquelle on peusaii qu'uue forlc colonne sortie
de Fontenay et arrivée à la Roche-sur- Yon allait se porter.
11 invita l'Administration à la suivre et à requérir le plus
grand nombre de voitures qu'elle pouirait pour enlever de
Cballans toutes les subsistances qui^ sans cette précaution,
De manqueraient pas de tomber entre les mains de l'ennemi.
Le 5 juin, les administrateurs arrivaient aux Sables, où
une pièce fut mise h leur disposition.
Le IS, ils se réunissaient extraordinairement pour statuer
sur une demande qui leur était adressée par les oflRciers
municipaux de l'île de Noirmoulier. Ces officiers réclamaient
des vivres et des munitions, de la poudre et des bœufs.
Dans rinipossibililc où ils se trouvaient de satisfaire h celte
demande, les administrateurs du district de Challans dépu-
tèrent deux de leurs membres, RIM. Bodet et Mourain, auprès
des représentants de la Gonvenlion qui se trouvaient aux
Sables. Le député Gandin promit de prendre leur demande
en gi'ande considération.
Quelques jours après une demande d'argent leur était faite
par les administrateurs de Saint-Gilles et de Groix-de-Vie.
Cet argent était destiné h l'approvisionnement de la force
année cantonnée dans ces communes. Ces demandes furent
Favorablement accueillies.
Le 2 juillet, les administrateurs furent avertis que, d'après
la réquisition du citoyen Gaudin, commissaire de la Con-
vention, le maire de Saint-Gilles venait de faire charger sur
deux chaloupes un nombre considérable de débris de matières
de cloches, provenant des églises de Saint-Hilaire-de-Rié,
de Croix-de-Vie et de Saint-Gilles. Ces matières furent mises
à la disposition des administrateurs du district des Sables.
Le 7 juillet, le Conseil général de Tadministralion du
district de Challans reçut du Procureur du département un
arrêté pris par le Conseil général en date du 4. Cet arrêté
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~ 92 -
portait que les administrateurs de tout chef-lieu de district
envahi par l'ennemi, pourraient se retirer dans tel endroit du
département qu'ils jugeraient convenable ; mais qu'il faudrait
qu'ils en donnassent avis à l'autorité centrale.
Le Conseil, considérant que Noirmoulier et Saint-Gilles
et quelques rares localités étant les seuls points du district
de Challans qui ne fussent pas au pouvoir de l'ennemi et
que la résidence aux Sables lui donnait plus de facilité que
nulle autre de communiquer avec leur district, arrêta qu'il
continuerait k résider aux Sables jusqu'à ce que les circous-
tances lui permissent de retourner h Challans.
Le 10, le Comité de salut public de la ville des Sables
invitait le Conseil d'administration du district de Challans
à se rendre à Saint-Gilles. Celte ville manquant absolument
de bois de chauffage, il était indispensable de lui en procurer.
Le Conseil pensa que sa présence à Saint-Gilles n'y ferait
rien ; que la force armée, en faisant des coupes régulières,
avait seule le pouvoir qui lui manquait et décida en consé-
quence qu'il en écrirait au général Boulard.
Parmi les affaires expédiées par le conseil du district de
Challans pendant sa résidence aux Sables, il en est une que
je ne veux pas passer sous silence parce qu'il s'y môle tout
un souvenir de jeunesse (i). Il s'agit d'une pétition de la
veuve Cavois demandant à ce qu'il soit procédé par l'Admi-
nistration \\ la hquidalion de la succession de son mari qui,
négociant à Saint-Gilles, avait élé condamné îi mort. Les
scellés ayant été apposés sur tout ce qui appartenait h la
communauté et ne pouvant disposer de rien, la veuve Cavois
se trouvait absolument sans ressources.
(') l)e la jeunesse (le mon pcic ; j'ai io(iio(luil Ks propres expressions
empioyi^es dans son manuscrit Je nai pu (ii^eouvrir à quel souvenir de
jeunesse il faisait allusion. i. M.
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Le 26 août, les rcprésenlanls du peuple en mission dans
la Vendée raellaienl en réquisitions toutes les voitures,
chevaux de trait et de buts, mules et mulets, môme ceux
qui pouvaient être réclamés pour l'agriculture, cl le 80, le
Conseil d'administration du district de Cballans était invité à
se conformer à cet ordre pour les communes de son ressort.
Le Conseil, dans une délibération en date du même jour,
déclarait que toutes les communes du district, à l'exception
de celles de Saint-Gilles, Croix-de-Vie, le Fenouiller et
Noirmoulier, étant entre les mains des rebelles, l'exécution
ne pouvait avoir lieu que pour les quatre dont il vient d'être
question et nommait deux commissaires : Malescot, avoué
pour les trois premières et Viaud, receveur d'enregistrement
pour la quatrième, chargés de faire des étals des voitures,
chevaux, mules et mulets susceptibles d'être requis et de les
adi'esser à l'Administration.
11 fallait pourvoir aux besoins d'une foule d'habitants du
district de Challans qui, pour se soustraire à l'invasion des
rebelles, s'étaient réfugiés aux Sables et qui, par suite d'un
séjour prolongé dans cette ville, avaient épuisé le peu de
ressources qu'ils avaient en y arrivant. Le Conseil de l'admi-
nistration vint à leur secours autant qu'il le put, la Conven-
tion ayant mis k son budget des dépenses une somme
éventuelle pour secourir les réfugiés patriotes et le départe-
ment ayant pris un arrêté pour la distribution des secours;
34 :î personnes ou familles reçurent des secours en argent.
Au nombre de ces personnes, nous voyons figurer Pierre-
François-Marie Borel Miracle, curé constitutionnel de Challans.
Au moment où le Conseil d'administration s'était réfugié
aux Sables, deux de ses membres, MM. Merlet et Jousson,
pour mieux servir leur pays, avaient pris le parti de suivre
Varmée républicaine. Jousson y avait perdu la vie ainsi que
trois autres membres du Conseil du district qui avaient été
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tués par les insurgés. Merlet était k l'armée du général
Niskousky. Le 15 septembre, lo. Conseil d'administration,
dans la prévision d'une rentrée prochaine à Ghallans, décidait
de le rappeler pour qu'il vînt partager ses travaux.
Le 25 septembre, Rouillé, commissaire du département de
la Vendée près l'armée des Sables-d'Olonne, transmettait à
l'administration du district de Ghallans trois copies de lettres
des représentants près l'armée des côtes de la Rochelle,
ordonnant une levée en masse des citoyens du département
de la Vendée contre les rebelles. Conformément aux termes
de cetle lettre. Rouillé avait écrit aux communes du canton
de Saint-Gilles pour les prier de se joindre aux citoyens des
districts des Sables et de la Roche-sur- Yon pour marcher
tous ensemble contre les rebelles, sous la conduite des
commissaires de leurs communes et du commissaire de
l'assemblée primaire du canton. Il invitait l'Administration à
nommer deux commissaires pour suivre leurs concitoyens îi
l'armée et certifier les états de solde de ses citoyens, sans
lesquels ils ne pouvaient pas être payés, pour, en outre, de
concert avec les commissaires du département et ceux des
autres districts, faire tout ce qu'ils jugeraient convenable
dans l'intérêt de la chose publique. Le Conseil nomma deux
de ses membres, MM. Cormier et Bourdin.
La levée en masse de tous les citoyens de 18 à 25 ans
avait été ordonnée par la loi du 23 août 1793. En vertu de
cette réquisition, cinq jeunes gens de la commune de Ghallans
étaient arrivés aux Sables où la municipalité leur refusa un
logement. Cependant, l'art. 3 de l'arrêté du département
portait que les citoyens mis en réquisition se réuniraient sans
délai au chef-lieu du district ou dans la ville ou commune
où l'administration du district était établie dans le cas où le
chef-lieu du district serait occupé par les rebelles. C'était
donc aux Sables que les jeunes gens en question avaient dû
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- 95 -
se réunir aux termes de Tarrôlé précité et ils avaient les
mêmes droits que les autres troupes qui s'y trouvaient. Le
Conseil de l'administration de Challans exposa vainement ses
raisons k la municipalité des Sables ; elle. s'obstina dans son
refus déclarant que le citoyen Dufour, commandant de la
place, lui en avait fait la défense formelle. Le Conseil, en
présence d'un refus aussi catégorique, considérant l'impossi-
bilité où il se trouvait de loger les citoyens qui s'élaient
empressés de répondre à l'appel qui leur avait été fait, arrêta
qu'ils seraient libres de retourner chez eux jusqu'à ce que le
département en eût ordonné autrement et qu'il ait avisé au
moyen de faire exécuter la loi et ses arrêtés ; qu'à cet effet,
copie des présents arrêté et réquisitoire lui serait adressée.
Le général Haxo était sorti de Nantes et le général Guil-
laume des Sables avec des forces considérables, marchant sur
Challans où ils devaient opérer leur jonction dans deux jours.
Le !«' frimaire an 11, le général Dutruy informait le Conseil
général du district de Challans qu'il allait lui-même se porter
sur Saint-Gilles où il se mettrait h la tête d'une colonne pour
se diriger sur Challans. Le Conseil, dont la présence était
indispensable à Challans pour le logement et la nourriture
des troupes, décida qu'il accompagnerait le général Dutruy
à Saint-Gilles pour arriver en même temps que lui k Challans.
Le 13 ils rentrèrent au chef-lieu du district dont ils étaient
absents depuis le 5 juin 1798.
Pendant ce temps quatre des administrateurs étaient
tombés sous le feu de l'ennemi. Deux étaient employés dans
la Commission administrative près de l'armée de l'ouest. Deux
enfiD étaient restés malades aux Sables. Les quatre qui se
trouvaient à Challans, Mourain, Bodel, Merland et Ganachaud,
ne pouvaient pas suffire à l'administration, d'autant plus que,
dans ce moment, les difficultés étaient grandes, puisqu'il
fallait procurer aux troupes et aux habitants des subsistances
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— 96 —
que les raallieurs de la guerre avaient rendues 1res rares.
Merlet, cliasseur îi cheval dans la compagnie de la Vendée,
Tut donc requis de venir reprendre ses fonctions. D'autres
fonctionnaires publics s'étaient retirés qui à Nantes, qui aux
Sables, qui dans d'autres lieux. Ils furent également informés
d'avoir k regagner leur poste dans les vingt-quatre heures.
La Commission administrative du département de la Vendée
avait donné au Comité de surveillance révolutionnaire, établi
aux Sables pour la représenter, le droit de passer au scrutin
épuraloire les membres qui composaient l'administration du
district.
Le 15 frimaire, le Conseil était informé qu'usant de ses
pouvoirs, le Comité de surveillance révolutionnaire venait de
rejeter deux de ses membres, les sieurs Cormier et Rousseau;
qu'en conséquence, il devait être pourvu à leur rempla-
cement, devant soumettre de nouveau au scrutin épuratoire
les deux noms qui seraient choisis pour l'administration du
district.
Le Conseil « après avoir délibéré et ouï le Substitut du
» Procureur-Syndic, arrête : que, quoiqu'il ne connaisse pas
« les motifs qui ont pu donner lieu à l'arrêté pris par la
» Commission administrative de ce département près de
» l'armée de l'ouest, agissant en le département et quoiqu'il
w soit d'avis que cette Commission n'eût pas le droit de
»> révoquer les commissaires nommés parcelle administration,
» sans intervertir l'ordre naturel des choses, il nomme, pour
» n'apporter aucun retard aux opérations intéressantes dont
» cette même Commission est chargée, aux lieu et place
» des citoyens Cormier et Rousseau, lis citoyens Savin et
n Voynean, juges du tribunal de ce district, pour membres
» de la Commission administrative près l'armée de l'ouest,
» qui sont invités à accepter la présente mission ; arrête, au
» surplus, que copie du présent arrêté sera transmise tant
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-- 97 --
» auxdils commissaires qu'au Comité de surveillance aux
» Sables. »
D fallut recommencer k Ghallans ce que le Conseil avait
fail aux Sables, c'est-à-dire pourvoir aux besoins de ceux qui,
pour se soustraire aux dangers qu'ils couraient dans leur
résidence, l'avaient abandonnée pour se réfugier soit k
Names, soit à Saint-Gilles, soit dans d'autres localités non
occupées par les insurgés.
Le 24 frimaire an II, le Conseil arrêtait que l'adresse
suivante serait envoyée dans toutes les communes du district:
ff Trop longtemps vous bravâtes les lois ; il faut enfin
• vous y soumettre et sur le champ, sinon les armées de la
» République vont détruire toutes vos propriétés et extermi-
» ner jusqu'au dernier d'entre vous- Jusqu'ici vous aviez
» méprisé les invitations amicales que nous avions pu vous
» faire ; il a fallu les appuyer par la force. Eh bien, la voilà
» qui agit celte force armée ! Déjà elle a foudroyé ces rem-
» parts que vous aviez cru impénétrables, et bientôt elle
» aura renversé toutes les barrières, à Tabri desquelles vous
» croyez pouvoir exercer impunément toutes vos scéléra-
» lesses. Sachez que rien n'est impossible à des républicains ;
» mais, en môme temps, apprenez que cette même répu-
» blique disposée à pardonner à ses enfants quand ils
» reconnaîtraient leurs erreurs, veut bien encore vous offrir
» le pardon des crimes sans nombre que vous avez commis.
» Oui, il vous est offert ce pardon, mais à condition que
» vous mettrez bas les armes et que vous les apporterez de
B suite au chef-lieu du district ; que vous vous soumettrez à
» toutes les lois que la France, nouvellement organisée en
» république, vient de se donner ; que vous promettez d'être
» fidèle au nouveau genre de gouvernement et de verser
» jusqu'à la dernière goutte de votre sang pour le maintenir.
» Voilà les conditions auxquelles vous serez admis au nombre
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— 98 —
» des enfants de celle mère dont vous aviez si longtemps
*) déchiré le sein, et ce n'est qu'îi cette condition qu'elle
» veut bien oublier que vous lui fûtes parjures.
» Le pardon ou la mort, voilà donc ralternalivc qui vous
» est offerte. 11 en coulerait à nos cœurs de voir rejeter une
» offre qui vous est aussi avantageuse et nous aimons k
)) croire que, revenus d'une erreur qui vous fut si funeste,
» vous accueillerez enfin des frères qui vous tendent les bras
» et qui n'ont pas d'espoir plus doux que celui de vous
» compter bientôt au rang de leurs amis et des défenseurs
n de la patrie.
» Ne lardez donc pas \i vous réunir à nous. Venez ; nous
» vous en conjurons ; chaque instant que vous différez
I) augmente vos malheurs et par conséquent nos chagrins,
» et nous vous jurons que l'instant de votre réunion sera le
0 plus beau jour de notre vie. »
11 y avait dans les fournitures un gaspillage d'autant plus
grand que nul ordre n'y présidait. Le commissaire attaché
à l'armée de l'Ouest, division des Sables, chargé de ce soin,
n'ayant aucun agent k Ghallans, le Conseil nomma, pour
s'occuper de ces questions, le sieur Biochaud fils. Les
troupes du reste s'abandonnaient aussi au pillage et s'empa-
raient des bestiaux partout où ils en rencontraient. Le
Conseil était continuellement obligé d'intervenir pour arrêter,
autant qu'il le pouvait, les déprédalions. Le 80 frimaire, il
faisait rendre à la veuve Billon, de Soullans, six bœufs qui
existaient encore sur les huit qui lui avaient été enlevés.
Le 2^2 il faisait également restituer une jument à un sieur
Jouheneau, de Soullans.
Les troupes brûlaient tout ce qu'elles trouvaient sur leur
passage. La maison d'un pauvre journalier, Jean Jolly, de
Saint -Chrislophe-du-Ligneron, avait été incendiée; ses effets
entièrement détruits par les flammes. Le Conseil, sur sa
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— 99 -
danande, le logea dans un petit appartement du château
qai, seul, avait échappé aux flammes.
Le Conseil recevait ordre des chefs de l'armée d'approvi-
sionner leurs troupes de tout ce qui était nécessaire. Ces
approvisionnements étant difficiles à se procurer, ils deman-
daient des bestiaux aux communes du Perrier et de Saller-
laioe ; ils requéraient les fourrages qui se trouvaient k la
Motbe-Foucrand et ailleurs, autorisaient les officiers munici-
paux de Saint- Gilles auxquels le bois de chauiïage manquait
complètement, de faire des coupes dans la terre de Beaulieu,
paroisse de Saint-Hilairc-de-Rié, pour les besoins de la
garnison. Pendant ce temps, les commissaires du départe-
ment de la Vendée près les armées de l'Ouest cherchaient
de leur côté k s'approvisionner à Bouin et à Noirmoulier.
A celte occasion. Carrier écrivait au général Haxo l'abomi-
nable lettre que je reproduis textuellement, l'extrayant d'un
mémoire publié, le !•' prairial an III, par les administrateurs
du district de Challans en réponse à des attaques dont ils
avaient été l'objet, mémoire dont un exemplaire est en ma
possession («)•
a Nantes, 22 frimaire, an II de la République.
• J'apprends à l'instant, mon brave général, que des
» commissaires du déparlement de la Vendée veulent parla-
» ger avec ceux du déparlement de la Loire-Inférieure les
» subsistances et fourrages qui se trouveront dans Bouin ou
» dans Noirmoulier. Il est bien étonnant que la Vendée ose
» réclamer des subsistances, après avoir déchiré la patrie
» par la guerre la plus sanglante, la plus cruelle ; il entre
» dans mes projets, et ce sont les ordres de la Convention
(*) Cette lettre est bien digne d'être rœovre du sanguinaire proconsul
dont fiantes a gardé un si terrible souvenir. i. M.
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100 —
« nationale, d'enlever toutes les subsistances, les denrées,
» les fourrages, tout en un mol dans ce maudit pays, de
» livrer aux flammes tous les bâtiments ; d'en exterminer
» tous les habitants ; car je vais incessamment t'en faire
rt passer l'ordre, et ils voudraient encore affamer les patriotes
» après les avoir fait périr par milliers. Oppose-toi de toutes
» les forces à ce que la Vendée prenne ou garde un seul
0 grain. Fais-les délivrer aux Commissaires du département
» séant à Nantes, je t'en donne l'ordre le plus précis, le plus
» impératif. Tu m'en garantis, dès ce moment, l'exécution,
» en un mol ne laisse rien dans ce pays de proscription ;
o que ces subsistances, denrées, fourrages, tout, absolument
» tout, se transportent à Nantes.
*> Signé : le représentant du peuple. Carrier.
0 Pour copie conforme à l'original, signé : Vauguelin,
» commissaire civil. »>
Au milieu de toutes les douleurs auxquelles il était en
proie, le Conseil général du district de Challans recevait
l'ordre de se réjouir. Toulon venait de succomber sous la
main de celui qui devait un jour vaincre l'Europe, triompher
de l'anarchie et rétablir l'ordre. La Convention ordonnait
dans toutes les communes de la République la célébration
d'une fête nationale. Le Conseil transmit l'arrêté de la Con-
vention ainsi qu'il lui avait été ordonné. Mais il ne nous a
rien été appris touchant les réjouissances ordonnées.
Le 12 nivôse le Conseil apprenant que toute la garnison
de Challans allait se porter sur Machecoul qui était tombé
au pouvoir des Vendéens, dans la crainte, en l'absence de
toute force armée, de voir la ville envahie par l'ennemi, se
replia sur Saint-Gilles. Son absence ne fut pas longue; les
troupes étant rentrées trois jours après, ils y revinrent le
16 nivôse. Les défenseurs de la ville y avaient fait plus de
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-101 -
mal que n'en eussent pu causer les ennemis. « Les Adminis-
» Iraleurs du district de Ghallans, arrivés audit lieu de
» Ghallans et réunis en la salle ordinaire de leurs séances,
» ont vu avec peine et avec une extrême surprise que la
» force armée arrivée hier soir en cette ville ait rais toutes
» les maisons des vrais républicains de cette commune au
» pillage le plus affreux, sans même respecter le lieu ordi-
B naire de leurs séances, puisqu'ils ont enfoncé ses portes et
» ses fenêtres, brûlé quelques-uns de leurs bureaux, enlevé
» des ornements d'église et autres objets précieux apparte-
0 nanl à la République ; considérant qu'une telle conduite
» n'est point celle que doivent tenir de vrais républicains,
» amis de l'ordre ; qu'elle doit être réprimandée et punie en
• cas de récidive suivant les rigueurs des lois ;
» Après avoir délibéré, arrêtent que la conduite tenue
0 cette nuit dernière, en cette ville, par les volontaires de
a l'armée du Nord, commandée par le général de brigade
» Jacob, lui sera dénoncée comme contraire aux lois, et que
» le général sera invité à prendre tous les moyens possibles
» pour empêcher, à l'avenir, de pareils excès et à faire
a restituer les objets volés aux braves républicains de cette
» commune et ceux de la République enlevés à l'Adminis-
« iration, et, qu'à cet effet, il lui sera écrit une lettre parti-
» culière («). «
Un décret du 14 frimaire an 11 contenait, entre autres
(*] Une lettre particulière fut en effet écrite par les administrateurs da
district de Gballans au Comité de Salut public de la Convention nationale,
en date du 20 nivôse an W. Celle lettre est reproduite dans le mémoire
publié par les Administrateurs du district de Cballans, dont j'ai déjà parlé
(pièces juslificatives no 3). Je ne crois pas devoir reproduire cette letlre
qoi est fort longue, mais qui peint bien, et avec un certain courage, le triste
état dans lequel les armées do la République avaient mis cette partie de la
Veudée. J. M.
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— l(tt —
dispositions, un article qui cbangeail le dodi du Procureur-
Syndic en celui d'Agent national. Conformément aux ordres
qu'il avait reçus, le Conseil du district en ordonna Tafficbage
dans toutes les communes de son ressort, et le 20 nivôse, la
municipalité de Cballans, représentée par deux de ses membres
revêtus de leurs insignes, en fit la promulgation dans la
ville, au son du tambour.
Quelques jours après, les babilants des communes du
canton de Cballans étaient convoqués au cbeMieu du canton
pour entendre la lecture de l'acte constitutionnel et assister
à la plantation de l'arbre de la liberté. Là, furent renouvelés
tous les serments de vivre et de mourir pour le maintien
de la liberté et de l'égalité et pour l'extermination des
tyrans et des ennemis de la Bépublique.
A la même époque, Perrine Mulonnière, veuve Cantin, de
la commune du Falleron, fut arrêtée pour avoir cacbé chez
elle des prêtres insermentés. Deux, trouvés dans sa maison,
furent fusillés à Cballans par ordre du général Haxo.
n devenait urgent de créer k Cballans un magasin d'abon-
dance, car les subsistances allaient lui manquer complètement.
Les sieurs Rouvière, Savin, Cliartier, David, Gautraud, Valot,
Viaud, Vigneron et Vosgien furent requis par le Conseil
général du district pour constituer k cet effet un Comité. Ds
devaient s'assurer des maisons où se trouvaient des grains et
sommer tous ceux qui en avaient plus que pour leur consom-
mation, d'en faire conduire au grenier public ; prendre des
mesures pour que le paiement en fût effectué ; faire le recen-
sement de tous les grains se trouvant dans l'arrondissement
du district.
Pendant que le Conseil général du district prenait ces
dispositions pour Cballans, Beauvoir était menacée de la
famine.
La Commission administrative, à la suite de l'armée de
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— 103 —
rOuesl, division des Sables, avait négligé de faire des appro-
visionnements pour la troupe cantonnée h Beauvoir, à te^
point qu'elle était prèle à manquer complètement de subsis-
lances. Elle avait ramassé tous les grains k la Crosnière
pour les conduire aux Sables. Cette Commission, du reste,
n'avait tenu aucun compte du décret de la Convention
nationale du 14 frimaire. Aux termes de l'art. 17 de ce
décret, elle aurait dû se dissoudre 24 heures après la publi-
cation dudit décret. Loin d'agir ainsi, elle avait continué à
enlever toutes les subsistances pour les diriger sur les Sables
sans s'inquiéter du sort des malheureux babitanls de Beauvoir
et d'une grande partie de ceux du district qui se trouvaient
menacés de mourir de faim. La Commission administrative
près les armées de l'Ouest avait partout agi de force sans
délivrer de bons, sans laisser aux mains de ceux qu'ils
dépouillaient rien qui pût justifier la quantité et la nature des
grains qu'ils avaient enlevés ; en conséquence, le Conseil
général arrête :
9 Ouï l'Agent national, après avoir pris connaissance
• de la lettre que les Administrateurs du déparlement
• de la V^endée ont écrite à cette Adminislralion (celle
» près les armées de l'Ouest), portant qu'ils n'ont plus la
» surveillance, en ce qui concerne les subsistances, suivant
» un décret du 14 frimaire, qui l'attribue aux districts ; que
» la Commission administrative, près l'armée de l'Ouest,
» division des Sables, sera tenue de cesser toute fonction
» dans l'étendue du territoire de ce district et que ses
» membres rendront compte des opérations qu'elle a faites
» dans le Directoire de ce district, de la intime manière
» qu'elle eût à le faire au département avant le décret dudit
» jour, 14 frimaire ; qu'à cet effet, ils lui présenteront leurs
» livres et notes, qu'ils ont dû tenir de leurs opérations,
» lesquels seront arrêtés par l'Administration et resteront
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— 104 —
» déposés à ses archives pour en prendre telle connaissance
» qu'elle avisera ;
j» Arrête, en outre, que provisoirement et jusqu'à ce qu'il
• soit dans le pouvoir de l'Administration de se procurer des
• bleds du pays de marais encore au pouvoir des rebelles
• pour la subsistance de: armées agissant dans ce district,
» que la municipalité de Beauvoir sera tenue, sous sa respon-
» sabilité, de faire arrêter les bâtiments en chargement pour
» la ville des Sables, soit à la Crosnière, soit à la BaiTe,
» soit à la Galîonette ; l'autorise, à cet effet, k requérir la
n force armée pour faire mettre l'arrêté qu'elle prendra a
» exécution, et que défense soit faite à tous citoyens, sous
n telle peine qu'il pourra appartenir, de porter obstacle à
» l'exécution du présent arrêté ; qu'enfin, copie en sera
» notifiée aux membres de ladite Commission, pour qu'ils
w aient à s'y conformer, laquelle notification leur sera faite
0 par le greffier de la municipalité de Beauvoir, qui en rappor-
» tera procès -verbal, et qu'une autre copie sera adressée a
» la Commission générale des subsistances des armées de la
» République établie près la Commission nationale, a Paris. »
Le l'^f pluviôse, « l'Administration instruite que des
»> commissaires envoyés dans le district par la Commis-
0 sion civile et administrative de Nantes près l'armée de
» l'Ouest, font des enlèvements de grains dans plusieurs
» paroisses de son territoire ; que ces enlèvements n'étant
» pas dirigés par des personnes qui connaissent et les
» besoins et chaque famille et ses ressources pour subsister,
») exposeraient bientôt un grand nombre d'individus à périr
» de faim et en forceraient beaucoup d'autres, qui sont restés
» tranquilles chez eux, ii prendre les armes pour disputer
« aux bons citoyens le morceau de pain qui leur resterait
» encore ; considérant que la majeure partie des paroisses
» libres de son territoire sont épuisées par l'enlèvement forcé
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— 105-
des grains que les rebelles y ont d'abord fait, ensuite par
la consommation que les armées de la République y ont
faite en enlevant le plus souvent chez les habitants de la
campagne le pain qui s'y trouvait ; que, de celte manière,
la consommation a été énorme, de sorte que, s'il n'y élait
pas apporté un prompt remède, la famine succéderait de
bien près aux malheurs de la guerre civile ; considérant
que les cou)missaires de Nantes eux-mfimes ont dû s'aper-
cevoir en parcourant les campagnes de toutes ces vérités;
considérant, d'un aulre cAté, que nous touchons au moment
d'être maîtres du pays du marais de ce district qui possède
une quantité émincnte de subsistances, surtout en grains
et bestiaux ; que déjà même plusieurs habitants de ces
infimes marais se sont empressés de fournir, pour les besoins
des armées de la République, beaucoup de besliaux qu'ils
ont vendus au citoyen Fortin, chargé des approvisionne-
ments des armées de l'Ouest et de Brest ; qu'il en serait
de môme des grains que beaucoup d'habitants dudit marais
s'erapresseraie::t de livrer pour les besoins de la Répu-
blique et ceux de la ville de Nantes, si on employait les
mêmes moyens, celui de payer au comptant le prix des
grains, ainsi que le citoyen Fortin fait des bestiaux qu'il
achète ;
» Le Conseil : ouï l'Agent national, arrête d'inviter la
Commission civile et administrative de Nantes près l'armée
de l'Ouest de faire cesser l'enlèvement forcé des grains qui
se font dans plusieurs communes de ce district chez des habi-
tants auxquels il n'est pas resté de quoi subsister pendant
[)lus d'un mois, et de prendre des mesures pour faire payer
ceux qui ont été enlevés ; et de lui observer que de cette
» manièns la confiance se rétablira entre tous les citoyens ;
» que ceux qui ont déjh des denrées i\ vendre se feront un
« plaisir de les livrer ; de lui observer encore qu'en prenant
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— 106 —
» des mesures pour payer coraplanl les gi-ains dont Nantes
» a besoin, il suffira à la Commission que ses agents se
« tiennent h Challans et à Beauvoir et de se concerter avec
n TÂdministration du district qui se Tera un devoir fraternel
» de concourir au succès des opérations des agents qu'elle
» emploiera pour Tapprovisionnement de la ville de Nantes
» dans son territoire ; qu'en employant de tels moyens on
« parviendra à préserver de la famine une population
» nombreuse qui a échappé aux horreurs de la guerre
» civile et qui travaille en ce moment à préparer une
» récolte, qui promet les plus belles espérances, dont la
» ville de Nantes peut se promettre de consommer la majeure
• parlie ; que le citoyen Berruel, un de ses commissaires,
I) qui a été invité de se présenter au Conseil de cette admî-
»> nistration, est dans le cas de rendre témoignage de ces
» vérités, dont il a dû s'apercevoir en parcourant les
I» communes du district où il a fait des enlèvements de
» grains ; de lui observer enfin que les autorités de Nantes
» devraient attendre le besoin urgent de subsistances où
» se trouve celte ville, se concerter avec les généraux pour
» que les moyens, que Ton doit employer pour soumettre
0 les marais du district de Challans, soient promptement
» mis en usage ; que le plus grand avantage en résulterait
» pour tout le pays et pour Nantes en particulier. »
Le 2 pluviôse Louis Pillel, officier municipal de la com-
mune de Challans, se présenta devant le Conseil, déclarant
que la grande majorité des hahitants de la commune ,
revenue de Terreur dans laquelle elle avait été plongée,
désirait faire acte d'adhésion à la République et pour faire
une manifestation qui ne laissa aucun doute à ce sujet ils
demandaient l'autorisation de planter l'arbre de la liberté.
Le Conseil donna avec empressement l'autorisation qui lui
était demandée.
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— 107 —
Nous avons vu que le Conseil général du district de
Cballans avait mis embargo sur les grains embarqués pour
les Sables. Les citoyens Dufour, commandant de celle place,
Grandcourt, inspecteur général des subsistances de l'armée
de rOuesl, Dumansin, commissaire envoyé pour la Société
populaire des Sables, et de Barre, membre du Comité de
subsistances militaires, se présentèrent devant le Conseil
munis le troisième de l'exlrail d'un procès-verbal de la
Société en date du 1" pluviôse, le second d'un extrait d'un
arrêté pris par l'administration du district dos Sables, les
deux autres demandant que les mesures prises par l'admi-
nistration de Cballans cessassent de recevoir leur exécu-
tion.
Mais le Conseil, par les raisons sus-énoncées, persista
dans sa résolution :
« Considérant enfin qu'il lui suffira pour justifier sa
» conduite de faire connaître à l'administration du district
ft des Sables, au citoyen commandant de la même ville et
« au citoyen Grandcourt, inspecteur général des subsistances
» de l'armée de l'Ouest, son arrêté du 28 nivôse, les lettres
» de la municipalité de Beauvoir, du commandant temporaire
• dudit lieu, qui ont provoqué le même arrêté ; leur faire
» également connaître la lettre que lui a écrite la munici-
» palité de Croix-de-Vie, le 2 de ce mois, sans qu'il soit
n besoin de répondre aux qualifications injurieuses et
» calomnieuses d'égoïsme, d'insouciance et d'ingratitude que
• l'administration des Sables lui a si gratuitement prodiguées
» par suite sans doute des rapports infidèles qui lui ont
» été faits relativement k cet embargo provisoire des grains,
» tandis qu'agissant avec moins de précipitation et de
» prévention, elle eût dû, par fraternité, suspendre son
» jugement et chercber, avant de prononcer à connaître les
» motifs qui ont fait agir, dans cette circonstance, l'adminis-
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^- 108 -
» Ira lion du district de Ghallans, que, par ce moyen, elle.
» met la Société populaire des Sables dans le cas de
» conserver des idées défavorables sur son compte. »>
Le lendemain un commissaire de l'île d'Yëu demandail
au Conseil k être autorisé à approvisionner sa commune
de dix tonneaux de blé pris dans le district de Challans.
Par la même raison, le Conseil refusail celte autorisation,
lui donnant pourtant l'espoir que, dans un prochain avenir,
le marais devant être aux mains des troupes de la République,
on y trouverait assez de grains pour satisfaire \\ la demande
du commissaire.
Le 5 pluviôse deux citoyens de la ville des Sables se
présentaient devant le Conseil, « déposant sur le bureau un
»> extrait du registre des délibérations du Comité de surveil-
« lance révolulionnaire de la ville des Sables portant :
» art. 1", qu'ils se transporteront, comme commissaires du
» Comité, à Challans, nantis des pouvoirs attribués par
« le représentant du peuple au Conutè ; lesquels ils présen-
« teront h l'administration du district de Challans et les
» y feront enregistrer ; lesquels ont également dépose sur
» le bureau un écrit daté de Uochefort, le 23 nivôse,
» l'an II de la République une et indivisible où on lit
»> ces mots :
» Nous, représentants du peuple, envoyés dans les dépar-
»» ments de la Charente-Inférieure, de la Vendée, etc.,
» Considérant que les mesures révolutionnaires décrétées
» par la Convenlion nationale peuvent seules sauver la chose
» publique et voulant, aulanl qu'il est en nous, les rendre
» communes à toutes les parties de la République, autorisons
» le Comité de surveillance révolutionnaire établi aux
)) Sables, d'exercer provisoirement ses fondions dans l'admi-
»i nistration du district de Challans.
» Signé : Lequinio.
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r
— 109 —
» Le Conseil, ouï l'Agent national, arrfitc que la Com-
» mission ci-dessus transcrite donnée par le représentant du
• [Xîupic Lequinio au Comité de surveillance révolutionnaire
a des Sables, sera enregistrée el que cependant il sera fait
» des observations sur ladite Commission el arrêté dudit
» Comité de surveillance révolutionnaire du district des
» Sables, tant au Comité de Salut public de la Convention
» nationale, qu'au citoyen Lequinio lui-même, en ce qu'ils
» semblent contraires à l'art. !«' du décret du 21 mars
» 1793 (vieux style) et aux art. 16 et 17 du décret du
» 14 frimaire » (<)•
(*) Observations faites au Comité de Salut public :
« Le 5 courant, deux membres du comité de surveillance de la commune
» des Sables se sont présentés à notre administration et nous ont présenté
» une Commission du républicain Lequinio, député dans les dépaitements
n de la Vendée, de la Charente-Inférieure, etc., datée de Rochefort, 23
M nivôse, portant que le Comité de surveillance de ladite commune des
n Sables est provisoirement autorisé à exercer ses fonctions dans le district
» de Cballans. Les cammissaires nous ont aussi présenté un arrêté pris au
n Comité de surveillance révolutionnaire des Sables, portant : to leur
n Commission ; 1o de prendre des renseignements sur le lieu ; 3o pour
» nous demander la désignation d'un local dans la commune de Saint-Gilles
» pour y établir une maison d'arrêt. Nous vous transmettons une copie
» de cet arrêté que nous avons enregistré purement et simplemenL
n Noos ne vous dissimulons pas, républicains, que nous avons été très
» étonnés k la vue de cette Commission et arrêté, d'après les art. 6 et 8
n de la 2e section et les art. 15, 16 et 17 de la 3e du décret de la
n Convention nationale sur le mode du Gouvernement provisoire et révolu-
» tionnaire du 14 frimaire. L'art. 6 attribue la surveillance de Texécution des
» lois révolutionnaires de gouvernement de sûreté générale et de salut public
» dans les départements au district de Cballans de rendre compte exactement
» dans les dix jours au Comité de Salut public. L'art. 8 confie l'application
n des lois révolutionnaires et des mesures de sûreté générale et de salut
» public aux municipalités et aux Comités de surveillance révolutionnaire, à
» la charge de rendre compte tous les dix jours de l'exécution de ces lois
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— 110 —
« L'Adminislration, instruite par le citoyen commandant
» de cette place de Tarrivée des habitants de la commune
» de Soullans, ayant en tête le drapeau tricolore, lesdîts
D habitants ont demandé à être admis par députation à la
• séance et sur l'invitation qui leur en a été faite, douze
» d'entre eux sont entrés portant le vœu de tous leurs
» concitoyens, jurant soumission aux lois, fidélité à la Répu-
» blique, offrant de déposer leurs armes, de dénoncer leurs
» chefs, instigateurs ou autres scélérats, auteurs de celte
» malheureuse guerre, de dénoncer le lieu de leur retraite,
» de prêter leurs bateaux pour les faire arrêter. »
L'Administration accueillit avec empressement cette dé-
n aux districts d« lear arrondissement chargés de leur saneillauce immé-
» diatc.
n D'après les deux articles de cette loi, nous avons pensé qu'à nous seuls
» appartenait dans notre territoire le droit d'établir des Comités de SQr?eil-
» lance et de sûreté générale dans les différentes municipalités, auxquelles
n l'application des lois révolutionnaires est confiée, par Part. 7, comme
» étant locatrice, comme connaissant plus particulièrement dans chaque
» commune les malveillants et gens suspects, pour, par lesilites munici-
» palités qui nous sont subordonnées, vous rendre compte tous les dix jours.
» Cependant, républicains, si Texéculion des lois révolutionnaires et de
n salut public reste confiée au Comité du district des Sables, il est constant,
>• qu'étant dans un district indépendant éloigné de sept lieues, nous ne
» pourrons surveiller l'exécution de la loi et les municipalités ne pourront
n en faire l'application qui leur est confiée pour nous eu rendre compte.
n Le Comité des Sables lui-même ne pourra, malgré la vigilance la plus
» scrupuleuse, faire arrêter qu'arbitrairement les gens suspects, qui se
n trouveraient dans toutes les parties de notre arrondissement.
n Nous trouvons encore que la Commission d'amplification des pouvoirs
» donnés au Comité des Sables est contraire à l'art. 13 de la 3e section
n d'un décret qui défend expressément à toutes les autorités constituées
» d'étendre l'exercice de leurs pouvoirs au-delà du territoire qui leur est
•• assigné et d'empiéter sur d'autres autorités.
» Noos trouvons pareillement que le Comité des Sables est composé
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- Ht -
marche et applaudît à la résolution qu'ils ont prise de
députer vers le représentant du peuple Carrier, actuelle-
ment à Nantes, et aux sociétés populaires de la même
commune pour y demander amitié et fraternité et leur
offrir de partager avec eux leurs subsistances (*).
La loi du 14 rrimairc an II avait augmenté les attributions
des administrateurs du district. L^Administration de celui de
Gbailans se trouvait surchargé d'affaires ; elle se décida, le
6 pluviôse an H, k diviser ses travaux entre les différents
menobres et à former quatre bureaux spécialement chargés
de certaines parties de l'administration .
Le premier bureau, dit de sûreté générale, comprenait
» d'hommes qui n'en peuvent pas faire partie, tels que Gérard, président du
n district, Béret, agent national et Bouard, membre du Conseil d'adminis-
n tration. L*art. 16 de la même section défend expressément à toutes
n autorités constituées de se réunir avec d'autres autorités. Cependant ces
» trois citoyens réunissent les deux qualités d*aduiinistrateiirs et de membres
» du Comité et par là confondent à la fois celles de surveillants de leurs
n propres opérations. Nous ne trouvons pas encore comment cette Commis-
n sion quoique provisoire puisse s'accorder avec Tart. 16 de laJite section
n 3e de la loi citée qui révoque tout congrès ou réunion centrale établie
n soit par les représentants du peuple, soit par les sociétés populaires,
» quelque dénomination qn elles puissent avoir, même de Comité central de
n surveillance ou de Commission centrale révolutionnaire ou militaire, qui
n leur défend expressément et leur ordonne de se dissoudre dans les vingt-
» qoatre heures. Les Comités de surveillance ainsi établis ne devront plus
'• exister d'après cet article pour rester confiés aux municipalités sous
>> la surveillance des districts. Comment se peut-il faire d'après cela
n que le représentant Lequinio accorde une ampliation de pouvoirs an
>* Comité des Sables, tandis que ce Comité ne peut être que celui de la
n commune. »
(*) C'était aller infiniment trop loin que de solliciter Tamitié de Tabo-
m'uable Carrier, l'auteur des noyades et des mariages républicains. Les
boaunes de tous les temps sont du reste ainsi faits qu^ils tomberont toujours
d'ao excès dans un autre. J. M.
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— 11^-
toutes les mesures révolutionnaires ou de sûreté générale
attribuées aux districts et ce qui était relatif aux subsistances.
Le second, appelé bureau des conlribulions, indépen-
damment de ce qui était relatif aux contributions directes et
indirectes, s'occupait de ce qui concernait les grands chemins,
les chemins vicinaux, les ponts et chaussées, les chemins
pubUcs.
Le troisième, dit des biens nationaux, comprenait tout
ce qui était relatif à son titre.
Le quatrième, tout ce qui était relatif aux militaires et
aux marins.
A chaque bureau étaient attachés un administrateur, un
chef de bureau et un nombre de commis indéterminé.
Chaque administrateur faisait au Conseil un rapport sur
les affaires de son bureau.
Chaque jour le Conseil avait deux séances : une publique
de dix heures k midi; une secrète qui avait lieu le soir Qt où
étaient prises les mesures de sûreté générale et révolution-
naire.
Aux séances publiques, toute marque d'approbation ou
d'improbation était interdite. On n'y traitait que des
affaires ordinaires d'administration.
L'Agent national était de tous les bureaux ; il donnait les
réquisitions nécessaires pour la prompte expédition des
affaires arriérées.
Les paquets adressés k l'Administration devaient être
ouverts par le président ou, en son absence, par un membre
désigné i\ cette intention ; il en était donné lecture k la séance
du matin, k moins que le contenu des dépèches fût de nature
k ne pas être rendu public.
Les Administrateurs furent au premier bureau Cormier;
au deuxième Mourain ; au troisième Merlet ; au quatrième
Bodel.
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Dn membre devait être de permanence au Directoire pour
toutes les éventualités qui pourraient se présenter.
H n'était pas facile d'organiser les municipalités, surtout
dans les cantons qui étaient aux mains des Vendéens. Aussi
le 30 pluviôse, le Conseil du district de Challans décida que
Ton pourrait donner à plusieurs communes la même adminis-
tration municipale. Il en résulta l'état de choses suivant:
dans le canton de Cballans, les communes de Sallerlaine et
de SouUans conservèrent leur administration ; la commune
de Goudrie fut jointe à celle de Challans.
Dans le canton de Palluau, une seule Commission admi-
nistra toutes les communes du canton.
Les cantons d'Apremont, la Garnache et Beauvoir furent
paiement administrés par une seule Commission.
Dans le canton de Saint-Gilles, les communes du Fenouiller
et de Saint-Révérend furent réunies, pour leur administration,
•k celle de Saint-Gilles ; celles de Saint-Hilairc-de-Rié et de
Rié à celle de Croix-de-Vie.
Déjà, le 8 pluviôse, des greniers d'abondance avaient été
créés à Saint-Gilles et k Croix-de-Vie. Le 12 pluviôse, le
Conseil consentit, malgré ses grands besoins de subsistances,
k lever l'embargo qui avait été mis sur un bâtiment chargé
de 16 tonneaux de blé à destination de la ville des Sables,
espérant que cette ville lui saurait gré de cet acte fraternel.
Le 14 pluviôse, la municipalité de Croix-de-Vie faisait
connaître au [Directoire que le commandant de la force
armée cantonnée à Saint-Jean-de-Monts venait de lui
envoyer 186 pièces de bestiaux, composées de bœufs, vaches
et taureaux et qu'il en annonçait un autre envoi très
prochain.
Le Directoire, considérant qu'un pareil enlèvement ne peut
pas être justifié ; qu'il portera nécessairement un grand pré-
judice à l'agriculture et à ceux qui en ont été dépouillés,
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-«4 —
ordonne que lesdîts bestiaux seront conduits à Saint-Jean-de-
Monls où ils pourront être remis k ceux qui produiront la
preuve qu'ils leur appartiennent.
Deux jours après, cependant, le sieur Mombeau, chef de
la boucherie militaire des Sables, armée de l'Ouest, ayant
informé le Directoire du district de Challans qu'il manquait
complètement de bœufs pour le service journalier des bou-
cheries militaires, le Conseil l'autorisait à en réclamer, soit à
Groix-de- Vie, soit à Saint- Jean-de-Monls, dans le cas où les
bestiaux dont il a été parlé plus haut y auraient été retournés.
Même autorisation lui fut donnée pour l'approvisionnement
de l'île de la Montagne (ci-devant Noirmoutier), où se trou-
vaient de nombreux militaires malades. Il devait faire estimer
par des experts les bœufs qui lui seraient livrés et en payer
le prix sur le champ.
De part et d'autre, la guerre se faisait sans pitié et sans
merci. Le 15 pluviôse, le Conseil fut informé que les chefs
des royalistes qui se trouvaient dans le marais avaient
arrêté que tous ceux qui avaient fourni du blé, des bœufs,
des chevaux ou d'autres subsistances à l'armée républicaine,
seraient fusillés et qu'ils en avaient écrit à Charette. 11 s'em-
pressait donc d'en informer le général Haxo, actuellement à
Machecoul, le suppliant de faire toutes diligences pour
empêcher d'horribles massacres qui mettraient les armées
républicaines dans l'impossibilité de trouver des subsistances.
Le Conseil lui faisait savoir que des patriotes du marais
s'offraient à lui servir de guides, k prendre dans leurs
bateaux les soldats et de les conduire où les chefs qu'ils
dénonceraient se trouveraient cachés (*).
(*) Si ics Vendéens se livraient à des excès très regrettables, il en était
de même des troupes régulières. Je dois relater ici un certain nombre de
documents que j'ai trouvés consignés dans le mémoire des Administrateurs
du district de Challans, mémoire dont j'ai déjà parlé et aussi dans des pièces
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— lis-
Le 1" ventôsfi, ordre était donné de mettre k exécution le
décret de la Convention nationale du 8 nivôse qui ordonnait
do saisir les selles, brides et autres objets nécessaires k
réquii)ement des troupes à cheval.
La loi requérant la levée en masse de tous les hommes
non mariés ou des hommes veufs depuis 18 jusqu'à 25 ans,
n'avait pu recevoir qu'une exécution fort incomplète dans le
district de Challans. On se souvient même que des hommes
cxlrailes des registres île correspondance. Ce sont des délibérations da
district on dos ff tires adressées par le Conseil, soit au Comité de Salut
public de la Convention nationale, soit aux pénéraox Tureau, Dutruy, Haxo,
soit à d'autres personnages. Les Administrateurs y dépeignent b triste
situation do pays. Ils déplorent les incendies, les ravages, les actes de
violfucc accomplis par les troupes légulières. Ah ! les généraux de la Répu-
blique exécutaient bien fidèlement les ordres du cruel Carrier, qui aurait
voulu faire de la Vendée un vaste désert. Quand on voit aujourd'hui le
canton de Cballans si prospère et si paisible, quand on voit nos laboureurs
eoltirer si tranquillement leurs champs et augmenter leur bien-être par leur
travail et leur économie, on ne peut se figurer dans quel état la guerre civile
avait mis cette malheureuse contrée. Tout était brûlé, tout était à feu et à
saug. On ne saurait trop louer le courage et la fermeté que déployèrent les
Administrateurs du district de Challans. Les documents dont je viens de
parler en font foi. W fallait en effet du courage pour tenir tête aux puissants
da jour. Il fallait do courage pour écrire les lettres quMIs ont adressées aux
rbf fs de Tannée de TOoesl. Si donc, dans quelques circonstances, nous
voyons ces mêmes Administrateurs, dans certaines délibérations, donner une
adhésion peut-être trop complète aux actes du Gouvernement, montrer une
aDiujosilé peut-être trop vive vis-à-vis des insurgés et surtout des prêtres
iosemientés, il faut songer à quelle époque de terreur révolutionnaire tous
ces faits s accomplissaient. 11 faut tenir grandement compte aux Administra-
teurs do district de Challans du dévouement avec lequel ils défendirent leur»
administrés, lésés dans leurs intérêts et menacés dans leur personne. Gardons
dour fidèlement la mémoire de ces hommes de bien, qui, sacrifiant leurs
propres intérêts, n'ont été mus que par le désir de venir en aide à leurs
concitoyens. Quant à moi, je m'honore d'avoir compté l'un d'eux parmi les
membres de ma famille et je suis fier de porter son nom. J. M.
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- 116 -
de Saint-Gilles et de Croix- de- Vie, qui avaient répondu îi
rappel et s'étaient rendus aux Sables, avaient été renvoyés
dans leurs foyers par le Conseil général du district de
Ghallans, parce que la municipalité sablaise leur avait refusé
les vivres et le logement. Le 2 ventôse, le Conseil du dépar-
tement donnait de nouveaux ordres pour que Texéculion eût
lieu immédiatement. Le Conseil du district de Challans, tout
en faisant observer que cette mesure était inexécutable sur
une grande échelle, puisque le marais presque tout entier
élait aux mains des rebelles et qu'on ne savait pas ce
qu'étaient devenus beaucoup d'hommes placés dans la caté-
gorie de ceux qui devaient être soumis à l'appel, prit i)0ur-
tant des dispositions pour se conformer à l'injonction qu'il
venait de recevoir.
« Aujourd'hui, 7 ventôse, an II de la République, une et
» indivisible, le Conseil instruit d'une manière indirecte et
•> non ofïicielle qu'il existe un arrêté des représentants du
» peuple, près l'armée de l'Ouest, daté de Nantes, portant
» que les réfugiés entre la Loire et la mer doivent se retirer
» à 20 lieues du théâtre de la guerre, dite de la Vendée ;
» Considérant que cet arrêté présente des incertitudes aux
» citoyens qui se trouvent actuellement dans le district de
» Challans, occupé en partie par les troupes de la République;
» que plusieurs de ces citoyens sont des communes voisines
» du chef-lieu du district où ils ont cru devoir se réfugier,
» en attendant que la force armée ait rétabli la tranquillité
» dans ce Directoire ;
» Arrête, ouï l'Agent national, que le citoyen Merlet, un
» de ses membres, se transportera sur le champ, à Nantes,
» près les représentants du peuple qui s'y trouvent actuelle-
» ment, pour leur demander des éclaircissements qui feront
» cesser les incertitudes que présente leur arrêté du 2 de ce
» mois et feront cesser les alarmes que les bons citoyens du
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-117-
» pays ont conçues à la lecture de cet arrêté, dont ils n'ont
» eu qu'une connaissance indirecte, et pour aider le citoyen
» Merlel, dans la commission importante qui lui est donnée,
» le Conseil arrête qu'il s'adjoindra le citoyen Ganlin, officier
0 de santé, a Nantes, d'un patriotisme reconnu ; lequel sera
• invité de vouloir bien aider de tous ses moyens le citoyen
» Merlel ; charge, au surplus, lesdits commissaires de conférer
9 avec les représentants du peuple sur la situation affreuse
9 OU se Irouve ce district ; de leur peindre les maux qui
• l'affligent et les inviter de prendre des mesures pour y
•» api)orter un remède prompt et efficace ; et qu'à cet effet,
9 il sera délivré un extrait du présent arrêté au citoyen
4 Merlet pour lui servir de pouvoirs et un pareil au citoyen
• Cantin. »
Les observations du Conseil ne furent pas prises en consi-
déralion et les malheureux réfugiés durent chercher un
asile à vingt lieues du théâtre de la guerre ; la plupart
étaient dans le dénûment le plus complet.
Du reste, à cet égard, dans la séance du 16 germinal,
un membre du Conseil déclare :
■ Qu'en conséquence des arrêtés des représentants du
• peuple relatifs à la déportation des réfugiés à vingt lieues
a au-delà du théâtre de la guerre de la Vendée, la muni-
■ cipalité de cette commune a communiqué à celte adminis-
• Iralion le procès-verbal de ses opérations à ce sujet et
» fait proclamer par affiche la liste des réfugiés qui se
0 trouvent dans cette commune et qui doivent partir les
« premiers, ne pouvant les faire partir que successivement
» à défaut de voitures en suffisance pour en faire l'envoi
« ensemble, il est nécessaire, et l'humanité nous fait un
» devoir d'avoir k aviser aux moyens de subvenir aux
» besoins de ces infortunés , qui ont généralement tout
• perdu par l'effet de la guerre civile, époux, famille,
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— 118 —
» ménage, fortune, propriétés, et îi beaucoup desquels il ne
» reste uniquement que les haillons qui les couvrent ;
» considérant que jamais la sensibililé ne peut mieux se
i) faire sentir que dans cette circonstance ; avoir vécu dans
» une honnête aisance sur un sol ferlile, se voir au dépourvu
» de tout, abandonnant son pays pour se porter dans un
» autre où ces infortunés seront sans connaissances et sans
» habitudes, des femmes infirmes et sans époux, d'autres
D ayant des enfants à la mamelle, des orphelins sans père
'^ ni mère ; tant de maux affecteront sans doute les cœurs
» de nos frères des autres districts et municipalités, qui
o seront assez généreux pour prodiguer à ces infortunés
» tous les secours que Thumanité souffrante exige des vrais
» républicains ;
» Considérant que les ordres des représentants du peuple
» déportant ces malheureux pour les soustraire au fer
» vengeur lancé contre les rebelles, qui ont attiré et nécessité
» tous nos maux et afin que l'innocent ne fût pas confondu
M avec le coupable, nous devons subven'^r à leurs besoins
»> jusqu'aux départements de leur résidence respective; en
i> conséquence, l'Agent national entendu, le Conseil arrête
*» que pour subvenir aux besoins de première nécessité de
.«) chacun desdils réfugiés, jusqu'aux départements respectifs
. o oii ils doivent être conduits , il sera payé k chaque
» personne de l'un et l'autre sexe, depuis l'âge de quinze
» ans et au-dessus, 25 sols par lieue de poste de roule par
» terre et celles depuis douze jusqu'à quinze ans, 20 sols ;
» celles depuis douze et au-dessous 15 sols, sauf à imputer
» une partie desdits frais de voyage sur leur traitement
» ultérieur, dans le cas ou les autorités constiluées supé-
rt rieures trouveraient la fixation ci-dessus exagérée ;
« Arrête en outre qu'il sera fourni auxdits réfugiés
1) des voitui'es à raison d'une pour quinze individus, qui
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— 119 —
» seront payiH»s aux frais de la République , sur les étais
» qui scix)nl founiis et certifiés par les raunicipalilés et les
B (Jislricls qui les auront fournies ;
• Fit pour le fourniment desdites voituies arrête qu'il en
» sera fourni une de Ghallans jusqu'aux Sables h ladile
• raison de quinze personnes et que les autres districts du
• pays, que les réfugiés seront obligés de parcourir, seront
» iovilés au nom de riiumanité et de la fraternité d'en faire
9 fournir une îi la môme raison de quinze personnes pour
» se rendre jusqu'il leur destination. »>
Les Administrateurs du district de Ghallans étaient souvent
obligés de faire exécuter des décrets d'une autorité supérieure
qiiidcvaieni les rendre odieux ii ceux que ces décrets venaient
alieindre. C'est ainsi que le H ventôse an II, ils firent savoir
l\ lous leurs administrés que, pour l'approvisionnement des
armées ils devaient fournir aux agents de l'Etal, moyennant
nu prix rénuméraleur, tous les bestiaux qui ne leur seraient
pas indispensables pour le labourage ; dans le cas où ils ne
b conduiraient pas aux lieux que leur ferait connailre le
sieur Fortin, chargé de l'approvisionnement des armées, ils
seraient traités comme rebelles et la force armée ne Irans-
porterait dans leurs étableaf et enlèverait tous leurs
bestiaux, sans tiuo, dans ledit cas, ils liassent prétendre
aucun paiement.
Pendant que l'Administration prenait ces dispositions dans
rinlérôl de l'armée, le Commandant du bataillon de l'Aube
faisait son entrée à Challans et proférait contre la munici-
palité les plus horribles menaces. Il ne se bornait plus à
menacer de mort les officiers municipaux et les autres
citoyens de la commune ; il parlait d'une extermination
générale, sans exception de sexe ni d'ûge, se montrant
beaucoup plus cruel que n'avait été l'ennemi qui avait épargné
ceux qui ne lui opposaient aucune résistance.
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— iso-
la municipalité porta plainte de celte conduite devant
TAdminislration.
(i Le Conseil, ouï l'Agent national, arrête que copie de la
0 lettre et du procès-verbal rapportés par les officiers muui-
Il cipaux de cette commune contre le chef du bataillon de
0 l'Aube sera de suite transmise au citoyen Boussard,
» commandant la force armée à Challans, afin qu'il donne
» des ordres pour que les citoyens de cette commune
« n'éprouvent pas le sort cruel dont ledit chef a eu l'audace
0 de les menacer dans la personne de leurs magistrats et
» pour que leur domicile ne soit pas violé ; arrête également
» que pareilles copies seront adressées, l'une au général
» Haxo, commandant de la division dans laquelle se trouve
» actuellement ledit bataillon de l'Aube, une autre au Ministre
1) de la Guerre, et une troisième au Comité de Salut public
» de la Convention, en les invitant, au nom de la loi, à
» protéger les autorités constituées de cette commune, qui,
» après avoir échappé par une espèce de prodige, à la fureur
» des brigands, se voient exposées à périr sous le poignard
» d'hommes qui se disent leurs frères et être venus pour les
» défendre et protéger leurs propriétés. »
Le Jury d'accusation était composé de seize membres. Le
8 germinal, l'Agent national présentait à l'Administration la
liste suivante qui fut acceptée par elle:
Cormier père, Jean Simonneau, delà Garnache,
Chamot, Cavoloau,
Vallot, Jacques Chaillou,
Degounor, ancien marin, Pierre Rabreau,
Basty, Rabreau père, armurier,
André Bisseau, Couisand,
Alexis Lucas, Laydet, horloger,
Gautreau, Bédouin, tailleur d'habits.
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— 1-21 —
De Nanles, des Sables et même de Luçon, des demandes
élaieDl adressées au Conseil général pour des approvisionne-
ments. Le 14 germinal, le citoyen Louis-Philippe Payneau se
présentait porteur d'un extrait des registres des délibérations
du Comité de subsistances militaires de la division de Luçon,
tendant h ce que cette administration lui procure des fourrages
et des avoines dont la division avait un besoin pressant.
Le Conseil arrête qu'il serait répondu au Comité de sub-
sistances militaires de la division de Luçon « qu'il n'existait
• aucune avoine dans son district, que les ravages de la
û guerre civile ont fait disparaître le peu que la dernière
» récolte avait produit. »
Le citoyen Choblet, juge de paix de Challans, s'était réfugié
à Nantes. Son absence se prolongeant pour cause de maladie,
le Conseil, le 19 germinal, le remplaça, ainsi qu'il y étail
autorisé par la loi, par le citoyen Basly.
Deux femmes étaient malades dans la maison d'arrêt. Le
6 prairial, le Conseil : « Considérant que, quoique ces femmes
» soient dans la détention, soit pour crime, soit pour simple
o cause de suspicion, nous ne devons pas moins exercer
» contre elles tous les devoirs que l'humanité exige; en
» conséquence, le Conseil, ouï l'Agent national, requiert la
9 municipalité, et sous sa responsabilité, de fournir aux deux
o fenunes malades Ji la maison d'arrêt un local convenable
0 dans la maison d'un citoyen dont le civisme assure la
» surveillance attentive à ce que lesdites femmes ne s'évadent
» pas et de les y faire conduire dans le jour, pour pouvoir
ù plus commodément leur faire administrer les secours que
» leur état exige, et sera encore tenue la municipalité de
» nous donner avis dans le jour de l'exécution dudit arrêté, «
Le lendemain, môme mesure pour une autre femme ; le sur-
lendemain également pour trois autres. La maison d'arrêt
étant encombrée par les détenus qui y étaient amenés par la
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- 1221 -
force armée en vertu d'ordres donnés par les municipalités ;
les maladies s'y développaient souvent.
Le 16 prairial, le Conseil fut en proie à une vive alerte;
il venait à peine d'ouvrir la séance, que la générale se fit
entendre et toute la garnison prit les armes. L'Administration,
voyant que toutes ses ambulances étaient chargées et prèles
à partir, fit mettre dans une voilure tous ses registi^es et ses
autres papiers pour les soustraire aux rebelles dans le cas
d'une attaque oii ils resteraient vainqueurs. Le lendemain,
la garnison élait toujours sous les armes et les papiers prêts
à être enlevés.
Le 18 prairial, « sur les dix heures, l'ennemi s'étant pré-
9 sente en force majeure devant cette place pour attaquer,
« les républicains qui , après avoir fait un feu des plus
» opiniâ res et des plus vifs qui a duré quelques heures, oui
» défait l'ennemi, l'ont mis en déroute complète et l'ont
» poursuivi toute la journée après lui avoir tué plus de trois
» cents hommes. »
Le 20 prairial, en exécution du décret de la Convention,
fut célébrée la fête de l'Être suprême.
Le 2 messidor, le Conseil « considérant que le moment de
» la récolte approchait, qu'elle s'annonçait sous les plus
» belles apparences, mais que les bras pour la recueillir
» manquaient, arrête qu'il écrirait h cet effet aux représen-
» tanls du peuple en résidence à Nantes; qu'il leur deman-
» derail également que la Commission civile établie par les
» représentants Hentz, Prieur et Carreau, qui s'étaient
« emparés de chevaux appartenant aux patriotes, fussent
*) tenus de les leur remettre. »
Deux jours après, la municipalité de Saint-Hilaire-de-Uié
écrivait à rAdministralion pour lui signaler les dilapidations
que commettaient sur les récoltes les agents de la Commission
civile de Saint-Gilles ; la municipalité de Beauvoir demandait
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— iî3 —
que, pour couper et senior les blés, des citoyens fussent mis
en réquisition. Sur le premier fait, le Conseil arrêta qu'il en
serait écrit aux représenlants du peuple à Nantes et au Comité
de Salut public ; sur le second, elle fit droit à la demande
de la municipalité de Beauvoir.
Le 8 messidor, « un membre a donné lecture d'une lettre
» de la municipalité de l'île de la Montagne du jour d'hier,
» exposilivc que la Société populaire de Challans a, par une
« lettre du premier de ce mois, annoncé la liberté des
» prisonniers détenus et une amnistie du Comité de Salut
* public pour tous ceux qui rentreront dans le devoir ; que
» cette lettre a causé une grande joie à tous les républicains,
» mais qu'une autre lettre du Comité de surveillance à la
0 Commission nnlitairc a fait succéder le sentiment coniraire
» et fait prendre sur le champ des mesures importantes pour
« surveiller les détenus jusqu'il la réponse de l'Administration.
0 Cette lettre a été remise îi l'Administration par une
» ordonnance qui en a déposé une autre écrite par la Com-
» mission militaire élablie à l'île de la Montagne, près
« l'armée de l'Ouest, par les représenlants du peuple et le
0 Comité de Salut public a l'adresse du Comité de surveil-
» lance de l'Administration du district et la municipalité
» réunies à Challans, ayant, k quelques expressions près, le
» contenu de la préseute, par laquelle elle demande ii être
» instruite de la vérité.
»» Délibérant sur ces deux lettres avec les membres de la
« municipalité et du Comité de surveillance, il a été arrêté
» qu'il serait écrit tant à la municipalité de l'île de la Mon-
• Ingne qu'à la Commission militaire près l'armée de l'Ouest
« pour leur expliquer les mesures prises par le général
» Boussard, d'après les ordres du général en chef Vimeux,
» il l'égard des détenus amenés par la force armée ; un
» membre a été chargé de la rédaction. »>
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Le 5 messidor, sur la proposition d'uo de ses membres,
le Conseil, dans Tespérance que Tarrôté du Comité de Salut
public, qui accordait protection à tous les rebelles qui dépo-
seraient les armes, pourrait en faire rentrer un grand nombre
dans le devoir et qu'il serait utile de songer à leur subsis-
tance, puisque la destruction de la plus grande partie des
moulins y mettait obstacle, arrête qu'elle écrirait au général
Boussard pour lui demander ce qu'il y avait à faire.
Le même jour, l'Administration s'occupait de l'établisse-
ment de Bois-Fossé oîi avaient élé recueillis tous les enfants
abandonnés et accordait une rétribution aux femmes qui leur
donnaient des soins ; le Commissaire des guerres siégeant à
Challans refusant de délivrer sur des bons de l'Administra-
tion la viande qui était nécessaire aux enfants en question,
le Conseil écrivait à cet agent pour qu'il eût k leur en
fournir.
A la même séance, « il a été fait lecture d'une lettre de
» la municipalité de Port-Fidèle (Sainl-Gilles), du 4 prairial,
« expositive qu'il existe dans les prisons de leur commune
0 plusieurs femmes et enfants de la commune de Rié qui ont
» été arrêtés et amenés par la force armée et par laquelle
» lettre la municipalité demande ce qu'elle fera de ces
0 prisonniers.
» Le Conseil, vu ladite lettre, considérant que tous les
« prisonniers qui ont été anienés en cette commune par la
» force armée ont été mis en liberté par ordre du général
» Boussard, d'après les ordres supérieurs qu'il avait reçus ;
M considérant qu'il doit en être ainsi b l'égard des prisonniers
ù de Port-Fidèle et ceux des autres communes également
n arrêtés par la force armée ; que sans doute le général
» Boussard ignore la détention de ces individus;
» Arrête qu'il sera écrit au général Boussard pour l'ins-
» truire de la détention de ces individus et l'inviter k prendre
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tant à leur égard qu'à celui de tous ceux qui se Irouvo-
ronl détenus pour la même cause dans l'étendue de son
commandement, les moyens qu'il jugera nécessaires soit
pour les mettre en liberté soit pour les détenir. •>
Le 6 messidor, « un membre a donné lecture d'une lettre
et extrait de la municipalité de Ghallans en date du 5 de
ce mois, portant qu'un aide-de-camp du général Boussard
s'est permis à l'égard d'un officier municipal les propos les
plus injurieux et les plus outrageants, par lequel procès-
verbal la municipalité demande que l'Administration prenne
des mesures pour empêcher que les magistrats du peuple
ne fussent insultés dans leurs fonctions.
» Le Conseil, considérant que les articles 4 et 6 de la loi
du 17 avril 1791 portent des peines très graves contre les
individus qui insulteraient les magistrats du peuple en
fonctions; que l'article 17 de la loi du 27 germinal dernier
porte que le respect sera religieusement observé envers
les magistrats du peuple, après en avoir délibéré et , ouï
l'Agent national :
«» A arrêté que copie de la lettre et de l'extrait des registres
de la municipalilé de Ghallans serait adressée au général
Boussard pour qu'il fasse droit,- d'après les lois ci-dessus,
aux plaintes portées par la municipalité contre un de ses
» aides- de-camp et qu'il prenne des mesures pour que
» pareille insulte ne soit plus commise îi l'avenir. »
A la séance du 7 messidor, le citoyen Julien Gaudin,
membre de la Commission civile de Nantes, informa le
Conseil qu'une Commission nommée par le Comité de Salut
public pour surveiller les récoltes du département de la
Vendée venait d'arriver k Fonlenay-le-Peuple.
Le Conseil arrête :
• \^ Que le citoyen Bourdin, commissaire près le Tribunal
» de ce district^ sera invité à se transporter à Fontenay-le-
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— 126 —
» Peuple pour représenter aux membres de celte Commission
» qu'il est de la plus grande urgence de faire faire les
» récolles dans le district et que, pour y procéder, il serait
» du plus grand intérêt que quelques membres de cette
» Commission se transportassent le plus promptement pos-
» sible dans ce district pour concerter les mesures les plus
» avantageuses à cette opéralion.
» 2« Que le citoyen Bourdin est invité d'observer aux Coni-
» missaires que la majeure partie des bo&ufs aratoires ayant
» été enlevés du pays, il est inslant qu'il en soit donné aux
» cultivateurs pour voilurer leur récolte.
» 8" Que le citoyen Bourdin est invité de demander que
» l'enlèvement des jeunes bestiaux, vacbes pleines, juments
)) poulinières et élalons, cesse promptement, sans quoi le
» pays en sera bientôt dépeuplé, ce qui sera une perte irré-
n parable pour la République.
0 4° Que le citoyen Bourdin est invité de demander auxdits
') Commissaires quejes bestiaux des cultivateurs restés pai-
i> sibles chez eux leur soient conservés.
» 5^ Ordonner que la prime que l'on paie individuellement
» aux volontaires pour l'enlèvement des bestiaux, est un
» abus qui expose les citoyens îi perdre la vie et facilite les
rt moyens de voler la République et demander que cette
»> prime soit bornée, suivant l'arrêté du Représentant du
rt peuple, aux soldats seuls qui feront des enlèvements par
» des ordres de l'officier commandant la colonne et sur son
» certificat.
» Le citoyen Bourdin est invité de réitérer ses sollicita-
« tions auprès des républicains commissaires, pour qu'ils
I) viennent promptement dans ce district et qu'ils y fassent
)) arriver les instruments aratoires pour la récolte des blés
» et des foins.
» Autorise, au surplus, le citoyen Bourdin à se concerter
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« avec rAdrainislraiion du déparlcmenl et qu'à col effet il
» sera écrit i\ ces républicains pour les inviter d'employer
» leui-s bons offices auprès de la Commission i)Our le plus
» grand avantage de la République.
ù Est aussi invité , le citoyen Bourdin , à demander
• aux Commissaires que tous les blés de notre district
a soient transportés à mesure qu'ils seraient préparés, dans
» nie de la Montagne (Noirmoulier) , qu'ils seraient en
« sûreté contre les brigands et a portée d'être transférés
0 dans toutes les parties de la République qui en auraient
» besoin , le strict nécessaire de nos administrés préala-
» blcment pris. »>
Pour faciliter encore la récolte, le Conseil rappelant son
arrêté du 80 pluviôse qui, jusque-là, n'avait pas pu être mis
k exécution, mais qui, dans ce moment, paraissait praticable,
puisque la plupart des communes alors au pouvoir des
rebelles étaient aujourd'hui occupées par les troupes répu-
blicaines, organisa des municipalités dont le premier soin
devait être de pourvoir à la récolte des blés et des foins. Il
nomma :
1^ Pour la commune de Soullans :
Gaspard Jouhenneau,
François Ricolleau père,
Pierre Crochet aîné,
Jacques Gaborlt, de la Sauvagette.
2" Pour la commune du Perricr :
Pierre Chartier, de Coudrie,
Pierre Raballand, de l'Hommeau,
Louis Braud fils, des Chaignettes,
Pierre Devineau, du Pont-Veillet,
Rivière jeune.
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— 128 —
3° Pour la commune de Saint-Jean-de-Monls :
Jean Savin, boulanger,
Jean Gliarlier père,
Pierre Bret,
Renaud, laboureur, de la Moite,
Pierre Ferrand.
4° Pour la commune de Noire-Dame :
Jacques Jodcl père, de la Grande-Croix,
Angibaud, de la Barre,
André Travers, des Gais,
Nicolas Néau, de la Croix-Givrand,
Mathurin Renaud, de la Minée,
Etienne ïhibaud,
Charrier, de Lenclosc,
François Baranger,
Martin Dupont, de la Grande Cheminée.
Les Commissions municipales devaient administrer leurs
communes respectives de la même manière que les officiers
municipaux élus par le peuple , à qui les circonstances
ne permettaient pas de s'assembler pour faire ces nomina-
tions.
Le 9 messidor, nous trouvons une réclamation du com-
missaire des guerres de Challans, annonçant qu'il manquait
complètement de fourrages. Il put s'en procurer dans la com-
mune de Saint-Gervais.
Pendant que les soldats emportaient au bout de leurs
baïonnettes les enfants qu'ils trouvaient au berceau, l'Ad-
ministration du district donnait des nourrices à ceux qui leur
avaient échappé. Les parents d'un enfant de quatre mois, les
époux Bonamy, de Nolre-Dame-de-Monls, l'ayant abandonné
au moment où les troupes entraient dans cette partie du
marais, l'Administration le donna en nourrice à la femme de
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— 129-
Pierre Rondeau, de la commune du Perrier, moyennant une
rélribulion de 15 livres par mois.
De tous côtés des plaintes arrivaient à l'Administration
conlre les abominables excès auxquels se portaient les
troupes. La garde du Pas-Opton, commune de Saint-
Maixenl, ne se bornait pas k se livrer au pillage ; elle fusil-
lait dans les champs les gens inoffensifs qui cultivaient la
terre.
Le Conseil, en conséquence, arrêtait « que le procès-
» verbal dressé par le Maire de Saint-Maixent serait envoyé
a au général Boussard avec invitation de prendre des mesures
» pour empêcher des crimes ; c'était le seul moyen de faire
» renaître la confiance chez des gens égarés et rentrés dans
» le devoir au moyen des proclamations. »
Le 12 messidor, la Commission d'agriculture et des arts
de Fontenay demandait à l'Administralion du district de
Challans le nombre et la nature des instruments qui leur
étaient nécessaires pour faire la récolte.
« Le Conseil, considérant qu'une grande partie des instru-
« ments nécessaires à la récolte sont devenus, dans ce dis-
» trict, la proie des flammes ; que beaucoup d'autres ont été
» cachés par les propriétaires qui sont venus à périr dans
» celte funçste guerre et, par ce moyen, se trouvent perdus;
» Après avoir délibéré, et ouï l'Agent national, d'après
» les renseignements qu'il a pris, estime que pour faire la
» récolte dans l'étendue du dislricl, il faut le nombre d'ins-
» Iruments suivant : 500 faulx complètes ; 500 fourches ;
» 500 râteaux ; 2,000 faucilles ; 200 livres de cuir blanc,
0 pour faire des fléaux et battre le blé, et arrête qu'il sera
» répondu aux agents de ladite Commission pour leur donner
* l'aperçu ci-dessus, r
Quelques jours après, le citoyen Pilloy, commis par la
Commission d'agriculture et des arts, se présentait devant le
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— 130 —
Conseil du district pour s'enlendre avec lui relalivemenl aux
récoltes, procurer le nombre d'ouvriers, de voilures cl de
chevaux nécessaires et assurer l'existence des hal)itanls.
La Commission civile de Machecoul faisait, même en dehors
de son district, une razzia complète des blés et fourrages,
sans même payer ce qu'elle enlevait. Des habitants de la
commune de Châteauneuf étant venus se plamdre k l'Admi-
nistration du district de Challans, celle-ci arrêta : « qu'il
» serait écrit au citoyen Bô, représentant du peuple à Nantes,
» pour l'inviter k faire cesser ces enlèvements partiels qui
» désolent le peuple et qui ne feraient qu'empêcher l'effet de
» la proclamation qui sollicite les habitants des campagnes
» à rentrer dans leurs foyers pour y jouir de leurs droits et
i> de leurs propriétés. »
Le 13 et le 15 messidor, deux patrouilles de cavalerie
venant de Challans s'étaient portées à des excès sur des
habitants de la campagne au moment oii ils travaillaient
tranquillement k leurs ouvrages. La municipalité d'Apremont,
dans la commune de laquelle ces scènes s'étaient passées, en
porta plainte au Conseil du district.
Le Conseil décida que le général Boussard en serait
informé pour qu'il mît fin k des actes si peu propres k
ramener le calme dans le pays.
Dans la séance du !«' thermidor, « un membre donne
» lecture d'une lettre du 27 messidor, qui transmet copie
«> de celle du représentant du peuple Ingrand du 23 messi-
j) dor, qui donne l'état des tribunaux révolutionnaires,
}) commissions populaires et commissions militaires établies
» en ce district. Le Conseil, ouï l'Agent national, arrête de
» répondre au département qu'il n'existe dans ce district que
» la Commission militaire révolutionnaire établie k l'ile de la
» Montagne (Noirmoutier) par les représentants du peuple et
» le Comité de Salut public et qu'il lui serait en même temps
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->131 —
» donné avis que le Comité révolutionnaire des Sables étend
» ses pouvoirs sur le district de Challans, quoiqu'il y ait
» des comités de surveillance établis par la loi. »
A des recommandations qui lui avaient été faites par le
département sur la nécessité, dans Tinlérét de la salubrité
publique, d'inhumer promptement les cadavres, TAdminis-
iration du district répondait que les chefs de la force armée
y avaient mis la plus grande négligence, et que souvent,
après des affaires meurtrières, les morts étaient restés sur le
champ de bataille sans être enterrés.
La Commission civile de Nantes était venue s'approvisionner
dans le marais occidenlal de la Vendée. Elle y avait fait de
lels approvisionnements qu'en quiltant Challans, elle n'avait
laissé que pour deux jours de vivres aux troupes qui occu-
paient celte place.
Le Commissaire des guerres en informa l'Administration
du district.
Le Conseil, considérant:
« Que, dans ce moment, il ne peut procurer tout k coup
» les grains nécessaires par la voie de la réquisition, ignorant
» les lieux oîi la Commission en a laissés ; que, cependant,
» il va tenler tous les moyens que lui présentent les localités;
» Considérant que les communes de Port-Fidèle (Sainl-
• Gilles), île de la Montagne (Noirmoutier) et île Marat
a (Bouin) peuvent seules avoir des grains vieux, et notam-
• ment k Port-Fidèle, chez le commissaire Giron ; que,
» d'ailleurs, la récolle n'est jamais aussi tardive dans ces
» communes que dans les autres ; qu'il esl même possible
• que, dans ce moment, il y ail des bleds nouveaux de
• battus qui puissent servir à alimenter les armées ;
» Arrête :
Art. ^•^
» Il sera nommé des commissaires qui se transporteront
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» de suite dans les communes de Port-Fidèle, île de la
» Montagne et île Marat.
Art. 2.
» Les commissaires sont autorisés à mettre en réquisition
w lous les bleds qui se trouveront dans ces communes excé-
i> dant la consommation des habitants.
Art. 8.
»> Comme il existe dans ces communes beaucoup de
0 moulins qui tournent presque toujours, les commissaires
» mettront pareillement en réquisition un nombre suffisant
» pour convenir en farines les grains qu'ils auront requis en
*» laissant toujours aux habitants les moyens de faire moudre
» les grains nécessaires à leur subsistance.
Art. 4.
» Ils mettront pareillement en réquisition les bleds nou-
» veaux qui se trouveront battus et qu'ils feront également
» convertir en farines, lesquelles farines ils feront filer sur
» cette place au fur et k mesure qu'elles seront moulues.
Art. 5.
») Les commissaires sont encore autorisés k presser de
» tous leurs pouvoirs, dans ces communes, le battage des
» grains, à l'égard desquels ils useront comme des précé-
» dents, si ces derniers ne sont pas suffisants pour alimenter
» les armées, jusqu'à ce que les autres communes aient fait
D assez de récoltes et aient mis par ce moyen l'Administra-
» tion dans le cas d'étendre ses réquisitions sur toutes les
• communes du district.
Art. 6.
») Les commissaires rendront compte du résultat de leurs
» opérations par des ordonnances, s'ils ne trouvent des
» occasions sûres et promptes.
Art. 7.
D Us sont autorisés, si besoin est, k requérir la force
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— 133 —
» armée pour les aider pour la prompte exéculion de leur
» commission en se concertant pour le tout avec les muni-
n cipalilés des lieux et les commandants de force armée pour
» ce qui les concerne, et les agents de la Commission
B d'agriculture et des arts qui peuvent se trouver dans le
» district.
Art. 8.
» Les commissaires donneront des reconnaissances des
» bleds qu'ils auront requis et enlevés, lesquelles reconnais-
» sances seront acquittées provisoirement par le receveur
» du district, au cas où le garde-magasins n'aurait pas de
» fonds suffisants.
» Le Conseil nomme pour commissaires le sieur Bourdin,
» commissaire national du district pour Port-Fidèle et autres
» communes environnantes, le citoyen Savin, juge au Tri-
» bunal, pour l'ile de la Montagne, et le citoyen Bouvière
» pour l'île Marat.
Art. 10.
» Il leur sera délivré à chacun une copie du présent arrêté
» pour leur servir de pouvoirs, et il sera écrit au commis-
9 saire des guerres pour l'instruire de ces mesures. »
x\u milieu des horreurs de la guerre civile, les habitants
des campagnes avaient également à souffrir des soldats de
Charette et des troupes de la République.
Le 9 thermidor an II (date célèbre), « s'est présentée h la
» séance Marie Maconneau, veuve de Jacques Bcssonnel,
» laboureur de la commune de Challans, laquelle a déclaré
» qu'elle se trouve chargée d'une fille âgée d'environ quatre
» mois, que lui a laissée en mourant, le 20 messidor der-
» nier, Marie-Anne Bessonnet, sa fille, veuve de Jean Tessier,
» laboureur ; qu'elle est sans subsistance pour elle et son
« enfant; que, par suite des malheurs de la guerre civile,
» elle a perdu sa maison, tous ses meubles ; que les brigands
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À k.
^134 —
• de la suite de Cbarelle ont tué ledit Tessier son gendre
» parce qu'ils le trouvèrent avec la cocarde tricolore ; que
0 les armées de la République, dans le cours d'une cxpédi-
» tion ou un général sanguinaire avait donné Tordre d'in-
0 cendier tout ce qui se trouvait sur leur passage et de tuer
» tout ce qu'ils rencontraient, elle a perdu deux de ses
0 enfants, âgés l'un de 22 ans, l'autre de 19 ans ; que,
» victime de la fureur des deux partis et accablée de tant de
» malheurs, elle se voit réduite à la dernière extrémité, si la
i> République ne vient à son secours et à celui de sa petite
» fille. 0
Le Conseil accorde à la veuve Bessonnet un secours de
15 livres par mois, lui offrant, en outre, de faire placer son
enfant en nourrice.
Plusieurs habitants de la commune du Ligneron s'étaient
réfugiés k Challans. Le temps de récolter la moisson était
arrivé et les bras manquaient. La municipalité de Palluau
demanda au Directoire qu'ils fussent renvoyés dans leur
commune pour s'en occuper. Le Directoire prit un arrêté à
ce sujet, déclarant que ceux qui ne rentreraient pas dans la
commune du Ligneron seraient traités comme suspects.
Un camp avait été établi commune de Saint-Ghrislophe-
du-Ligneron. Le 13 thermidor, « est entré h la séance le
D général Boussard, qui s'est plaint de ce que le service de
0 son camp est négligé ; que les chevaux de sa cavalerie
» manquent souvent de fourrage ; qu'ils ne reçoivent que le
» soir ce qu'ils devraient recevoir le matin ; que d'autres
» objets ne sont pas fournis dans le temps utile, ce qui
» occasionne la dilapidation faite par son armée ; il invile
» l'Administration à y remédier. Le Directoire, sur ces
» plaintes, arrête qu'il sera écrit aux citoyens Davy et
D Bouvier l'aîné, commissaires près le camp du Ligneron,
» pour les inviter à se concerter avec le général et prendre
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- 136-
» avec lui louâ les moyens d'emp<^cher les désordres et faire
• en sorlc que Tarmée ne manque pas de ce qu'elle a besoin.
» Le général Boussard se plaint encore de ce que les offl-
» ciers municipaux du Ligneron s'occupent plus de leurs
» affaires particulières que de faire fournir au camp ce qui
» lui est nécessaire ; qu'ils ne sont pas exacts a se tenir îi
» la maison commune ; arrOle qu'il sera pareillement écrit à
» ces officiers municipaux pour qu'ils soient plus exacts ix
• se tenir à la maison commune pour être dans le cas de
» faire donner au camp tout ce qu'il a besoin. »
Les armes avaient été enlevées à tous les citoyens qui ne
faisaient pas partie de l'armée ou de la garde nationale. Les
membres du Directoire, obligés de faire de fréquentes excur-
sions en dehors de la ville, les réclamèrent au général Tur-
rcau pour se défendre dans le cas où ils seraient attaqués.
Ce n'était pas seulement aux attaques à main armée que
l'on était exposé. Quand elles ne pouvaient pas avoir lieu, on
avait recours a d'aulres moyens. Les citoyens Luminais,
juge de paix hBouin, et Pelletier, notable de celte commune,
avaient donné de nombreux gages de leur patriotisme. Pour
les perdre, Pajot feignit d'être d'intelligence avec eux et
leur écrivit dans ce sens des lettres qu'il savait bien devoir
être interceptées. Il n'en aurait pas fallu davantage si le
Directoire, éventant la ruse, n'avait pas décidé qu'il infor-
merait de la vérité le représentant Bô, en résidence l\ Nantes.
Aucune mesure de salubrité n'était prise. Les immondices,
les cadavres des animaux, quelquefois ceux des hommes
jonchaient la terre. 11 s'en développait des miasmes infec-
lueux. Ce que l'on devait craindre arriva. Des maladies
contagieuses surgirent et vinrent s'ajouter aux ravages
de la guerre. Vainement le Directoire avait ordonné des
mesures à ce sujet. 11 était un peu tard quand, le 18 ther-
midor, il les renouvela et écrivit à la municipalité de Chai-
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— 136 —
ians pour qu'elles fussent exécutées. Celle-ci n'y mît pas
grand empressement, car nous voyons la même réclamation
reproduite huit jours après. Presque tous les officiers muDÎ-
cipaux de la commune de Cballans tombèrent malades, si
bien que le 18 Ihermidor, le Directoire fut obligé d'adjoindre
à la municipalité trois citoyens, Rouvière, juge au Tribunal,
Basty, juge de paix, et Degounor.
A Apremont, comme à peu près partout, il y avait de
grandes dilapidations dans la fourniture du fourrage et sou-
vent dans celle des blés. Les soldats pénétraient dans les
magasins souvent mal gardés et y commettaient de nom-
breuses déprédations. Le Directoire, voulant mettre un peu
d'ordre dans la distribution qui était faite, répondit aux
plaintes de la municipalité d' Apremont en priant le général
Boussard d'y mettre ordre et d'apposer des sentinelles aux
portes des magasins. L'extrait suivant prouve combien les
justes réclamations de la commune d' Apremont préoccupaient
l'Administration du district :
« Un membre donne lecture d'une lettre de la municipalité
» d' Apremont qui annonce que, faute de garde-magasin
» dans la place, il se commet une dilapidation affreuse dans
» la distribution des vivres et fourrages pour la garnison.
» D'après celte lettre, il propose d'écrire au citoyen Gaudry,
») commissaire des guerres, pour lui témoigner l'étonnement
» de l'Administration sur ce que, ayant été plusieurs fois
I» invité par elle d'envoyer à Apremont un garde-magasin
» pour veiller à la distribution des vivres de la garnison, il
» n'y ail pas encore satisfait -, que ce défaut de surveillance
» active de sa part sur cette garnison cause une perte réelle
» à la République et aux particuliers de celte commune, de
» qui on prend journellement les denrées sans qu'ils puissent
» se faire délivrer aucuns bons pour assurer le paiement de
» ce qu'on lem* fait fournir au nom du bien public. »
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- 137-
Du resle, si les grains el la farine manquaient souvent,
quand on pouvait s'en procurer on n'élait pas sûr pour cela
d'avoir du pain, car il fallait le cuire el le bois faisait
défaut.
Les lois révolutionnaires donnaient à l'autorité le droit de
requérir à volonté tous les citoyens en état de travailler. Le
Directoire du district de Challans eut souvent recours à ce
moyeu extrême. Il ne requérait pas seulement les bras des
travailleurs, mais aussi leurs bœufs, leurs chevaux, leurs
charrettes.
Le î6 thermidor « s'est présenté dans le sein de l'Admi-
» nistration, un individu nommé Pierre-André Bounaire, se
» disant direcleur de l'hospice ambulant de cette place, en
» bottes et une baguette à la main, suivi de trois fusiliers
» armés, qui demande un individu inconnu h cette Adminis-
» tration. Sur l'étonnement que le Directoire a témoigné à
» André Bounaire d'introduire dans le sein de cette Admi-
» nistration la force armée, il lui a été demandé en vertu de
» quel ordre et de quel droit il osait ainsi insulter au respect
» dû à une Administration. Il a répondu qu'il en avaiU'ordre,
» mais que cet ordre n'était pas sur lui, qu'il l'avait laissé
» chez le Commandant de la place. Il a voulu envoyer un
» de ses fusiliers chercher ce même ordre. Ce fusilier lui a
» répondu que ce n'était pas sa consigne, de manière que
» Bounaire a introduit ici la force armée avec un air de
» despotisme peu ordinaire k un républicain. Les adminis-
» Iraleurs ignoraient si, avec le ton de cet individu suivi de
a la force armée, sans être muni d'aucun ordre, il n'avait
» pas quelque dessein coupable en prenant pour prétexte la
» recherche d'un individu inconnu h la municipalité.
» Le Directoire, indigné d'une pareille démarche puisqu'elle
» ne tend rien moins qu'à faire perdre aux magistrats du
0 peuple la confiance, que tout citoyen doit avoir en eux.
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— 138 —
» OUÏ les conclusions de l'Agent national, lendant à ce que
9 Bounaire soit de suite mis en état d'an'estation, pour
» s'être présenté d'une manière aussi indécente et suivi de la
» force armée, à cetle Administration, prenant pour prétexte
» la recherche d'un individu absolument étranger et que
» ledit Bounaire, pour faire une pareille démarche, n'était
» muni d'aucun ordre, sur l'aveu que lui-même a fait et sur
» la réquisition qui lui a été faite de le montrer, arrête : 1*
» que Bounaire sera, pour un trente seulement, mis à la
I) maison d'arrêt de cette place, sauf, au cas de récidive, à
»> prendre de nouvelles mesures ; 2*» enjoint audit Bounaire
I) d'être, une autre fois, plus circonspect en sa manière d'agir
» et de porter plus de respect à l'autorité constituée ; 8® le
•» présent arrêté sera de suite envoyé au Commandant de la
» force armée de celte place pour le mettre à exécution sous
») sa responsabilité personnelle et pour sa garantie , il sera
» fait apposer le cachet de cette Administration au pied de
» l'expédition du présent arrêté. »
Un arrêté du Comité de Salut public ordonnait que les
ouvriers employés pour la récolte, par la Commission de
l'agriculture et des arts, seraient payés par le Receveur du
district. La caisse de ce receveur étant complètement vide
et les fonds qui lui étaient annoncés ne lui étant pas arrivés,
le Directoire enjoignit au Receveur d'écrire immédiatement à
la Trésorerie nationale pour obtenir les fonds nécessaires au
paiement des ouvriers qui lui avaient été fournis par la
Commission d'agriculture et des arts.
Les réquisitions forcées ne pouvaient qu'irriter ceux à qui
elles étaient adressées. Plusieurs refusèrent d'y obéir et alors
il fallut l'emploi de la force armée, ce qui était propre à
faire rentrer dans les rangs des insurgés ceux qui en étaient
sortis. Bernard, Vrignaud, Bcsseau, Martineau et Guitton-
neau, cultivateurs du marais de Soullans, furent requis
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• 139 —
d'ameoer à Soullans les bestiaux non propres k Tagriculture,
mais propres à la boucherie, qu'ils avaient devers eux. Us
ne répondirent point îi la demande qui leur était faite et le
Directoire prit un arrêté pour qu'ils y fussent contraints par
la force armée.
L'accord le plus parfait ne régnait pas entre l'autorité mili-
laire et l'autorité civile. Le général Boussard avait écrit une
lellre un peu vive au Directoire articulant certains griefs
contre celle Adminislration.
Dans la séance du 2 fruclidor, « un membre observe qu'il
» est inléressanl pour l'Administration de montrer à décou-
» verl sa conduite ; que c'est le seul moyen de répondre aux
» inculpations que lui fait le général Boussard ; qu'il est
» enfin temps que cette lutte finisse et que l'on découvre qui,
» de l'Administration ou du général, a mieux mérité de la
» patrie. Il propose d'écrire au Comité de Salut public et de
» lui mettre sous les yeux l'abrégé de la conduite de l'Ad-
» minislralion, en attendant qu'on puisse l'informer plus
• amplement de tout ce qu'elle a fait ; il demande, de plus,
» que le paquet soit, par le premier courrier, adressé k
» Musset, représentant du peuple. Celte proposition est adop-
» Ice et les lettres, avec les observations, rédigées. »
Trois jours après, le 5 fructidor, une scène épouvantable
eut lieu, provoquée entièrement par le général Boussard.
Pour lui laisser sa véritable physionomie, je ne puis mieux faire
que de reproduire l'exlrail complet du registre des délibéra-
tions du district :
« Sont entrés dans la salle de nos séances où assistait le
» citoyen Bourdin, commissaire national près le Tribunal de
» ce district, sur les neuf heures du matin, les citoyens
» Boussard, général de brigade et commandant le camp du
» Ligneron, placé en avant de cette place, à la distance de
9 deux lieues sur la route de Palluau, et Claveau, comman-
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~ 140-
» dant actuel de celle place. Le général Boussard, d'un air
» 1res animé, prenant la parole, a dît : — Un de vos maraî-
» chins a dit hier à Ghallans, où il était venu conduire trois
» bœufs mis en réquisition par cette Administration pour le
» service de l'armée, quMI se f. .. des 1,700 livres que le
I) fournisseur de l'armée lui offrait en assignats pour le prix
» de ses trois bœufs qui valaient, disait-il, plus de 2,000
» livres, qu'il ne fallait pas lui faire perdre une journée pour
» 1,700 livres en assignats, ajoutant : — On m'en a bien
») pris d'autres, on peut bien encore me prendre ceux-lk, —
» observant le général Boussard que ce propos était contre-
» révolutionnaire, puisqu'il tendait à avilir les assignais;
» qu'il fallait faire arrêter le maraichin et qu'il requiert de
» l'Administration le nom du particulier.
» Alors un des membres ayant observé que l'Administra-
» tion n'en ayant pas de connaissance, il fallait prendre la
» déclaration de ceux qui l'avaient entendue.
» Le général Boussard a répliqué que le Commandant de
» la place présent, les avait entendus, ce dont il est convenu
» après avoir montré de l'embarras dans la réponse, sur-
» tout après l'observation d'un membre qui lui a dit : —
» Puisque tu les as entendus, ces propos, en ta qualité de
» commandant de la place et ayant en main la force armée,
» tu devais le faire arrêter.
» Le général Boussard continuant toujours avec un air
» plus animé a dit : — Au reste, ce n'est pas le seul fait ;
» vos maraichins, qui font toute votre sollicitude, parce qu'ils
» font valoir vos propriétés, ont leurs enfants qui viennent
» chez eux changer de linge et s'en retournent î^ l'armée de
» Gharette. — Tirant alors une lettre de sa poche : — En
» voici encore une preuve, dit-il, on m'écril de Saint-Jean-
» de-Monts — il paraît lire : — Ayant appris qu'un parti-
» culier était dans le marais, chez son père, nous sommes
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r
^141-
allés pour Tarrôter. A noire arrivée, le père a d'abord
nié qu1l fui venu ; mais il en est ensuile convenu, ajoulant
qu'il avait seulemenl changé de linge el qu'il élail retourné
à l'armée de Charelte. Le général, toujours animé, a dit :
— VoOà les personnes à qui vous faites délivrer des
vaches pour les nourrir et des bestiaux aratoires ; je me
f... du disiricl, des municipalités el des aulorilés cons-
tituées, j'ai une armée el je vais m'en servir. Sur ce
qu'un membre lui a demandé, s'il était bien sûr que le
père de ce particulier avait reçu une vache et autres
bestiaux de la République, puisque l'Administration avait
TaUeniion de n'être d'avis qu'il ne soit délivré par l'Agent
de la Commission de l'agriculture et des arls, que sur
ralleslation des municipalités, aux familles qui sont ren-
trées dans leurs foyers, et s'il connaissait lui-même quel-
qu'un qui ne soit pas rentré dans leurs foyers et qui en
ail reçu; à quoi Boussard n'a rien répondu. — Vous n'avez
donc pas donné, a-t-il repris, d'instructions aux munici-
palités pour faire arrêter tous ceux qui entrent dans le
marais et en sortent ensuile pour passer aux brigands? —
A quoi un membre a répondu que les municipalités avaient
été invitées de faire arrêter tous les individus qui, après
êlre rentrés dans le marais, en étaient sortis pour aller
parmi les rebelles et que, si elles n'avaient pas une force
sufiBsante, qu'elles eussent à en donner avis à l'Adminis-
tration qui aviserait au moyen de les faire arrêter, lui
observant même que les municipalités n'étaient pas ins-
truites de l'entrée de ces individus, à temps pour les faire
arrêter, et qu'ordinairement même, elles n'en avaient
aucune connaissance.
» De suite, le général s'est retiré avec précipitation ;
lequel procès-verbal l'Administration a rapporté à telle tin
que de raison. »
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— 144 —
Le général Boussard ne fil plus rien pour arrêter les dépré-
dations de ses troupes et sa tolérance devint un encourage-
ment pour les pillards. Le 18 fructidor, T Administration
prenait la délibération suivante : « Le Conseil instruit qu'il
» se commet, par la cavalerie du camp du Ligneron, une
» dilapidation affreuse dans les fourrages ; que les cavaliers
» ne se contentent pas de la ration qui leur est donnée
w journellement, vont çà et Ik et enlèvent une partie des four-
»> rages, mettent même dans les différentes maisons le parll-
" culier k contribution, délibérait sur ces faits et considérail
» que, si on ne porte pas un prompt remède aux abus qui
» se commettent journellement par la cavalerie du camp du
» Ligneron, dans la partie des fourrages, il sera de toute
» impossibilité de trouver dans ce district la quautité de
» fourrages nécessaires pour le service de la cavalerie ;
» considérant sur le second objet, que si celui k qui on
»• promet protection n'est pas protégé réellement, la sûreté
» qu'on lui promet en restant chez lui n'est qu'un vain
» fantôme ; arrête, ouï l'Agent national, qu'il sera écrit au
» citoyen Guérin, commandant le camp du Ligneron, pour
» l'instruire de ces deux abus et l'engager à y apporter le
»> plus prompt remède.
» Le lendemain, le Conseil recevait la dénonciation sui-
» vante : « Pendant la séance sont arrivés deux citoyens de
» la Bloire, commune de Challans, qui ont déclaré que, hier
» soir, avant le coucher du soleil, il est sorti de cette place
» trois chasseurs pour se rendre au camp du Ligneron ; que
» deux de ces chasseurs se sont comportés envers eux de la
i> manière la plus indigne ; que ces chasseurs ont tiré le
» sabre sur un guide de l'armée, l'ont traîné de son lit hors
» de sa maison, ont fait la fouille chez lui et lui ont pris
») divers objets ; que les mêmes fouillèrent dans le village un
» enfant à qui ils donnèrent un coup de sabre ; qu'ensuite.
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-143-
• passant à la Véronnière pour se rendre au Ligneron, ils
» massacrèrent k coups de sabre Jean Véronneau, qui élait
• à travailler chez lui et prirent tout l'argent qu'il portail
• sur lui. Le Conseil, considérant qu'une telle conduite ne
• peut que mettre l'alarme dans les campagnes et éloigner
« de leurs travaux le cultivateur paisible et le forcer d'aban-
» donner ses foyers ; considérant que la loi accorde sûreté
■» et protection k de telles personnes ; qu'il ne peut y avoir
9 que des scélérats qui puissent agir autrement, arrête, ouï
» l'Agent national, qu'il sera de suite écrit au citoyen Guérin,
» commandant le camp du Ligneron, pour l'inviter à ne pas
• laisser de tels forfaits impunis ; k faire rechercher les
» coupables afin de faire cesser le crime, et que copie des
• deux déclarations faites par ces particuliers lui seront
» adressées. »
Des détachements étaient donnés aux bouviers employés
par la Répubhque pour les protéger contre les attaques
éventuelles des Vendéens ; c'étaient ces détachements qui,
agissant contrairement aux ordres qu'ils avaient reçus, se
portaient contre eux aux excès les plus blâmables. Le 18 fruc-
tidor, le Conseil écrivait au commandant de la force armée
d'Apremont, dans le ressort duquel de pareilles scènes
s'étaient passées, pour dénoncer ces faits et en demander la
répression.
Le -21, des bouviers du district se trouvant k Machecoul,
furent chargés de transporter k Challans les effets d'une
compagnie de canonniers, qui devait passer par cette localité
en se rendant k la Rochelle. Pour les en récompenser, les
canonniers les maltraitèrent cruellement. Voulant mettre fin
i ces actes barbares peu propres k terminer la guerre, le
Conseil arrêta que « ces bouviei^s, maltraités par les canon-
* niers, feraient leurs déclarations k cette Administration,
» et que copie de ladite déclaration serait envoyée au
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^ 144 -
» Commissaire des guerres, comme ayant la surveillance sur
» les troupes passagères et au Représentant du peuple, îi
») Fontenay.
» A la séance se sont présentés plusieurs habitants de la
» commune de Goudrie, qui ont dit qu'ils étaient exposés k
I) périr de faim, parce que le garde-magasin de cette place
» avait mis en réquisition le moulin des Echarnaux, qui est
» le seul qui faisait moudre pour cette commune ; qu'ils
» avaient perdu tous ceux de Goudrie par l'incendie ; ils
» prient, en conséquence, l'Administration de jeter les yeux
» sur le sort qui les attend, s'ils ne peuvent faire moudre
» leurs grains. Le Gonseil, considérant qu'il existe dans la
» commune de SouUans un moulin appelé le Moulin-Neuf,
» qui peut être mis en réquisition, mais que ce serait faire
» perdre aux cultivateurs un temps précieux que de leur faire
)) conduire leurs blés au Moulin-Neuf, arrête : ouï l'Agent
») national, qu'il sera sur-le-champ éciit au citoyen Daumas,
»> garde-magasin de celte place, pour l'inviter à laisser pour
» les particuliers de Goudrie et autres le moulin des Echar-
rt naux, afin qu'ils puissent y conduire leurs grains pour les
» faire moudre et à mettre en réquisition le Moulin-Neuf,
» situé dans la commune de SouUans, en remplacement de
» celui qu'il abandonnerait pour les habitants de Goudrie et
') autres. »>
L'adjudant général Guérin avait remplacé le général
Boussard au commandement du camp du Ligneron. Manquant
de guides j,)Our son armée, il en demanda à l'Administration
du district, qui s'empressa de mettre à sa disposition les
citoyens Bouquard, Mercier et Lambert, dont le patriotisme
et les connaissances locales étaient certains.
Le 27 fructidor « T Administration instruite par une pièce
») aullienlique déposée sur le bureau, que le garde-magasin
» des vivres, à Machecoul, se permet de donner des somma-
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L^: J
--145-
» lions et des réquisitions en blés aux communes de ce
» dislricl et notamment à celle de Bois-de-Céné, le Conseil,
fl considérant que le département de la Vendée est déjà
» frappé de très fortes réquisitions ; que ce district a, comme
» les autres de la République, son contingent à fournir ; que
» si ces réquisitions arbitraires ont lieu, il sera impossible
» aux différentes municipalités de fournir leur contingent ;
» que d'ailleurs ce n'est point au garde-magasin à envoyer
» des réquisitions aux particuliers, qui ne sont point de
» Tarrondissement du dislricl où il est employé ; qu'il devait
« s'adresser à l'Administration de Machecoul pour ses provi-
* sions, et au cas où cette Administration ne pût le salisfaire,
« s'adresser à l'Administration de ce district, qui lui-ménae
» aurait donné des réquisitions k ses administrés ;
rt Considérant enfin qu'il est temps que ces enlèvements
« arbitraires aient une fin et que les moyens indiqués par
» la loi sont les seuls qui doivent êlre employés par des
* républicains, qui en sont les amis, arrête : ouï l'Agent
» national, qu'il sera écrit de suite au garde-magasin des
* vivres de Machecoul, pour l'inviter expressément à cesser
» toute réquisition dans les communes de l'arrondissement
» de ce district et k employer les moyens prescrits par la
n loi, dans le cas où l'Administration de Machecoul ne pour-
» rait lui fournir les grains nécessaires au service de la
» place et qu'il fût obligé d'en requérir de cette Admi-
9 nislralion. »
Au 28 fructidor, le nombre des commis employés par
rAdminislration du district était de sept. C'étaient les sieurs
Febvre, Cormier, Moizeau, Grolleau, Renaudineau, Lansier
et Valteau. Leurs traitements étaient, pour le premier, de
1,000 livres; le second et le troisième, de 900; les quatrième,
cinquième et sixième, de 800 ; le septième, de 800.
Les assignats continuaient à avoir cours forcé , mais ils
10
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-- 146-
étaienl fort dépréciés, et beaucoup de citoyens refusaient de
les recevoir en paiement. Des dénonciations avaient été faites
au Conseil contre des habitants de la Garnache qui vendaient
leurs denrées à des prix doubles en assignats qu'en numé-
raire. Le Conseil « arrêtait qu'il serait écrit au juge de paix
» du canton de la Garnache pour le requérir de se faire
» remettre les dénonciations que l'Administration avait
» remises à la municipalité de la Garnache ; de Taire de
» nouvelles informations sur les coupables, qui sont en grand
» nombre; de faire arrêter et traduire sans délai les prévenus
» devant le directeur du jury, suivant Tarticle 8 de la loi
j» du 5 septembre, et de faire part k l'Administration, sous
» trois jours, des diligences qu'il aura faites à cet égard.
» Arrête, en outre, qu'il sera écrit à la municipalité de la
o Garnache pour lui faire part de la mesure qui a nécessité
0 son insouciance à réprimer un abus aussi nuisible à la
n chose publique et aux administrés de ce district, et la
n requiert de transmettre, dans le jour, les dénonciations
» que l'Administration lui a remises, au juge de paix de la
» commune, l'avertissant qu'on va instruire le représentant
» du peuple et le Comité de Salut public de sa négligence à
ù faire exécuter les lois, dont le défaut est essentiellement
D nuisible à la chose publique et aux intérêts des administrés
» de ce district que l'Administration ne peut regarder avec
» indifférence. *>
Nous voici arrivés au 2 vendémiaire de l'an III. L'armée,
campée à Challans, était alors sur le point de manquer
complètement de vivres. Le calme de l'atmosphère, qui
contrastait avec l'état des esprits, empêchait les moulins de
tourner et la farine était devenue d'une rareté excessive. Le
général Boussard se présenta au sein du Directoire et déclara
que, pour parer à une éventualité menaçante, il allait être
forcé d'évacuer le poste important qu'il occupait, pour se
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porter dans une localité où il pourrait trouver des vivres
pour ses soldats. L'Administration du Directoire prenant en
coDsidéralion cet état de choses, instruite d'ailleurs qu'à
Port-Fidèle (Saint-Gilles) et au Ilàvre-de-Vie (Groix-de-Vie),
il se trouve des farines, les moulins en raison de leur proxi-
mité de la mer étant plus favorisés par le vent que ceux
de Challans, arrête qu'un commissaire sera chargé de se
Iransporler à Pori-Fidèle et dans les communes environnantes
pour en enlever, en les payant sur le champ, toutes les
farines qui ne seront pas absolument indispensables îi la
consommation de la garnison et des habitants ; à cet effet
d'avoir recours au besoin à la force armée et, dans le cas
d'insuffisance, de s'adresser aux Sables.
Merlet fut chargé de cette mission prise le 2 vendémiaire.
Le lendemain, il en rendit compte. Arrivé à minuit k Port-
Fidèle, il se transporta aussitôt chez le garde-magasin et lui
exposa l'objet de sa visite. Celui-ci se récria, affirmant qu'en
fait de farines, il n'avait guère que le nécessaire. Merlet
déclara qu'il voulait s'assurer de l'état des choses et que,
lorsque la troupe, à Challans, était réduite à la demie et
mime au quart de la ration, il fallait qu'on lui vînt en aide. La
visile des magasins le convainquit qu'une assez grande quantité
de farines pouvait en être distraite, sans un grand préjudice
pour la garnison et la population de Porl-Fidèle. Après une
discussion avec le garde-magasin sur la quantité disponible,
il le requit deux fois, au nom de la loi, de lui faire délivrer
160 quintaux et, immédiatement, des voitures, à la destination
de Challans, lesquelles voitures en furent chargées. 11 n'avait
pu faire pareille réquisition chez les particuliers, qui n'avaient
pas tous le strict nécessaire. La conduite de Merlet fut
lîaolement approuvée par le Directoire.
Ce n'était pas tout que de fournir du pain aux soldats. Un
arrêté des représentants du peuple Guiardeau et Dornier avait
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— 148 —
décidé qu'il serait s\ibvenu aux besoins des réfugiés qui
avaient quitté leurs communes insurgées pour se réfugier k
Challans. L'Administration voulant se conformer k cet arrêté,
comprenant que la situation précaire ou elle se trouvait lui
commandait la plus grande économie, épura la liste des
réfugiés, qui demandaient des secours, et n'en accorda qu'à
ceux qui>e pouvaient pas absolument s'en procurer.
Le 16 vendémiaire, le citoyen Allaire se plaint que des
militaires se sont transportés à son domicile et se sont livrés
à des actes de pillage inqualifiables, lui enlevant ou brisant
ses instruments aratoires.
V Le Conseil, prenant en considération la déclaration du
» citoyen Allaire et considérant que l'esprit de rapine et de
» pillage est au point où il n'a jamais été; que l'habitant des
» campagnes ne peut rien sauver ; qu'au lieu de trouver des
»> protecteurs dans les républicains, sa vie n'est pas en
» sûreté ; qu'une pareille conduite de la part des militaires
») est tout à fait opposée aux vues bienfaisantes des rcpré-
» sentants du peuple et de la Convention elle-même,
D puisqu'elle ne tend qu'à faire haïr les lois de la Répu-
» blique ;
» Arrête, ouï l'Agent national, que copie de la déclaration
» du citoyen Allaire, cultivateur de cette commune, sera
'» adressée au général Boussard, pour l'inviter h faire cesser
» ces plaintes et faire veiller ces oppresseurs, afin de les faire
» punir suivant la rigueur des lois. »
Les farines arrivées de Port-Fidèle avaient été bien insuf-
fisantes pour alimenter les troupes. Le garde-magasin de
Challans s'adressa au Directoire pour avoir des grains.
Celui-ci frappa à toutes les portes, 11 donna l'ordre d'enlever
de la commune de Bois-de-Céné les blés provenant de biens
appartenant à la nation, entre autres ceux qui se trouvaient
chez André Gallais, demeurant à la Frélière, même
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— 149 —
mmmum, cultivant un bien appartenant au brigand
Charette, el fil des réquisitions provinoiren en grains auprès
des municipalités des communes libres du district, montant
eosemble ^ 10,400 quintaux. Chaque municipalité était
responsable, en ce qui la concernait, du retard qu'elle
apporterait dans Tapprovisionnement de la place de Challans.
Trois membres manquaient pour compléter le bureau de
conciliation. Le 19 vendémiaire, le Directoire, ouï le substitut
» de l'Agent national (Cormier), ne pouvant remplir le vœu
» entier de la loi du 30 messidor, puisque la majorité des
• membres de son Conseil ont été massacrés par les brigands,
» que les autres ont opté, ayant deux fonctions à remplir
» et surtout l'intérêt de compléter le bureau de conciliation,
» nomme, pour le même complément, les citoyens Vigneron,
j» Bouvier jeune dit Violièrc et Joseph Gaulreau. »
Le juge de paix avait quatre assesseurs (suppléants) et
un greffier. Le !•' brumaire, Laurent Davy, Joseph- Jean
Brémaud, Charles Rivière et Gharlier furent nommés asses-
seurs du juge de paix de Challans. Vigneron fut nommé
secrétaire-greffier.
Cormier, d'abord simple membre du Conseil d'adminis-
tration, fut nommé membre du Directoire en remplacemenl
de Jousson, tué par les Vendéens.
A cette époque, 18 brumaire, les assignais étaient tombés
dans un grand discrédit, mais ils avaient toujours cours
forcé. Aussi la municipalité de Port-Fidèle dénonçait-elle au
district un citoyen qui avait vendu des assignats à 50 Vo de
perle. Le Directoire signalait le fait au juge de paix de Port-
Fidèle pour qu'il donnât suite Ji cette affaire (<)•
(*) Mon père m'a souvent raconté Tanecilute suivante qui prouve quoHe
valror avaient les assignais: W élait ilù à ses parents, qui habitaient Saint-
Gilles (Port-Fiil^le), ano rente annuelle et perpétuelle de 5 ou 10 hectolitres
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- 150-
Les enfants malades des familles dites patriotes avaient
été recueillis dans un hospice établi à Bois-Fossé (*). Mais
comme cet établissement était loin de la ville ; qu'il ne
recevait pas tous les jours les soins médicaux; que les
denrées, qui lui étaient indispensables, le bois en particulier,
étaient pillées par les volontaires, le Directoire du district
le fit transporter dans l'enceinte de la ville. 11 lui affecta
la maison qui avait servi au presbytère.
Des démêlés très vifs avaient éclaté entre l'Administra-
tion du Directoire et le citoyen Savin, ancien officier de
santé, puis juge au Tribunal du district de Gballans. Ces
démêlés s'étaient manifestés en propos et en écrits d'une
extrême violence. L'affaire fut portée par le Directoire devant
le Comité de Salut public et les représentants en mission
près les armées de l'ouest. Plus lard (1^^ prairial an 111) à
un pamphlet dirigé contre eux, les administrateurs firent
une réponse victorieuse (2).
Ce n'était pas tout que de pourvoir aux besoins des
de blé, je crois. Celui qui devait cette rente, en apportant son blé, mani-
festa sa volonté de racheter la rente. Or, il se trouva que, par erreur, il
avait apporté un hectolitre ou peut-être môme un demi-heclolil'-e de plus
qu il ne devait. Mes grands parents lui proposèrent de leur laisser cet
hectolitre ou ce dcmi-hecloliire moyennant quoi ils considéreraient la rente
comme rachetée. Il refusa, déclarant vouloir racheter sa renie en assignats;
ce qu il fit.
Ce fut sans doute à la mémo époque, à cette époque où la délation était à
Tordre du jour, que mon grand-père, qui habitait Saint-Gilles, fut dénoncé
parce qu'il avait des lys dans son jardin. Il ne put éviter une poursuite qu'en
faisant Valoir quMI était médecin et que le lys est employé dans certaines
préparations médicinales. J. H.
(*) Le service de rh6pital de Bois-Fossé était alors fait par M. Lc-
tenneur, officier de santé à Chalians, grand- père du Dr Lctenneur, mort
il y a quelques années et dont Nantes gardera toujours la mémoire. C'était
aussi fariierc-grand-pèrc de l'excellent Dr Viaud-Grand-Marais, si apprécié
dans notre ville et si connu surtout par la classe nécessiteuse. J. M.
(') 11 s'agit ici de ce mémoire dont j'ai plusieurs fois parlé dans mes
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limites el des habitanls. Le Comité de Salut public, le
8 frimaire , requérait 6,000 quintaux de fôves pour le
dislrict de Libourae.
Pendant ce temps-là, les particuliers de Challans man-
quaient de blé ; l'Administration du district était contrainte
de requérir des municipalités qui, elles-mêmes, el cela
.arbitrairement, mettaient en réquisition les particuliers de
eur commune, la quantité de blé qui était nécessaire pour
approvisionner un marché qu'elle venait de créer.
Le 9 frimaire, deux cultivateurs de Chàtcauneuf se présen-
tèrent au sein de l'Administration du district et exposèrent
que, pour obéir à la réquisition qui leur avait été adressée,
ils conduisaient du foin à Challans, quand, passant sur la
route de Beauvoir, des volontaires se jetèrent sur leurs
charrelles iK)ur en enlever le foin. Afin de se sauver de
ce pillage, ils furent contraints d'aiguillonner leurs bœufs
el de les mettre au galop. Mais arrivés à Pont-Abert, des
soldats du 74* régiment et des volontaires les assaillirent
de nouveau et leur enlevèrent une grande quantité de foin.
L'Administration, pour réprimer de pareils abus, dont
Feffct était de rendre toute réquisition impossible, arrêta qu'il
en serait donné avis au général Roussard et aux représen-
lanis du peuple près les armées de l'ouest.
Au 21 frimaire de la même année an 111, nouvelles
vexations et nouvelles réclamations :
Dates et qoi contient de nombreuses pièces et documents si curieux, si
honorables pour les membres du district de Challans et qui établissent
d'une manière irr<^futable, avec quel dévouement el quel courage les Admi-
nistrateurs du district défendirent les intérêts et la vie même de leurs
concitoyens, ne craij^nant pas de tenir tète à Taulorité militaire et n'hésitant
pas à dénoncer les pillages et les actes abominables dont les troupes du
Gouvernement se rendaient coupables. Pour avoir du reste plus do détails
sur cette partie de riiistoire du district do Challans, voir Gaudin, Biographies
veniéennes, par C. Merland, lome II, page 351. J. M.
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— 153i —
« Le Directoire, instruit des vexations que la troupe de
» Soullans a commises dans cette commune k son arrivée,
» instruit également de la manière indécente avec laquelle
» elle s'est comportée vis-à-vis d'un officier municipal, en
» enlevant de sa chambre municipale tout ce qui s'y irou-
» vait, instruit pareillement de la difficulté que la munici-
» palilé a de pouvoir procurer à la troupe le bois qui lui
» est nécessaire manquant d'ouvriers et d'outils pour en
» faire couper;
» Arrête, ouï le substitut de l'Agent national : l'Agent
» national de ce district se transportera de suite à Soullans;
» il prendra les mesures convenables pour faire rendre tous
» les objets enlevés de la municipalité, principalement les
» registres. A cet effet, il se retirera devant le comman-
» dant de la garnison, pour que les différents objets soient
» rendus ; il prendra également avec le commissaire muni-
» cipal et le commandant toutes les mesures nécessaires
» pour faire procurer de suite à la troupe le bois qui lui
» revient pour ses besoins ; ils se concerteront ensemble
» pour pouvoir trouver dans la garnison des hommes de
» corvée et des outils pour que le service n'éprouve aucun
» relard et pour que les propriétés privées et nationales
» ne soient pas continuellement dévastées ; enfin il fera avec
» la municipalité de Soullans tout ce que le bien de la
» chose peut exiger. »
Et le 22 frimaire « lecture est donnée d'une lettre du
» citoyen Merland, maire de la commune de Saint-Gilles,
« en date du 17 de ce mois, par laquelle il donne connais-
» sance qu'un délachement sorti du Perrier, une de ces
» dernières nuits, fut chez les citoyens Gaiveau et Gaillou («),
o métayers de sa belle-mère, demeurant au quartier
(*) Ou Oaillon. Le nom csl assez mal écrit. J. N.
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— 153 —
• d'Orouel, commune de Saint-Jean-de-Monts el y exerça
» le pillage le plus affreux, enleva leur pain, leur viande,
.«leur beurre et brisa leurs portes; que les vexations
» furent accompagnées des menaces les plus effrayantes ;
» que les voisins de ces cultivateurs ont également souffert
» de ces militaires.
» Lecture pareillement faite d'une lettre des officiers
• municipaux de Rois-de-Géné, de ce môme jour 17, tendant
» à inviter l'Administration à prendre les mesures les plus
» propres à empi^cher les détachements qui sortirent de
» cette cité, pour aller, dans leur commune, prendre le
» pain des particuliers, ajoulant que la dernière fois qu'ils
9 y sont allés, ils ont réduit des ménages à vivre plusieui^s
» jours de bouillie de son trempé.
» Le Directoire, délibérant sur le tout, arrête, ouï l'Agent
i> national,
» Que copie de la lettre du citoyen Merland, maire de
» Saint-Gilles, ainsi que copie par extrait, de la lettre des
» officiers municipaux de Rois-de-Géné, seront envoyées au
« général Boussard, pour qu'il prenne des mesures pour
0 empêcher de telles dilapidations à l'avenir (i). »
Deux jours après, le 24 frimaire, le Directeur de l'enre-
gistrement et des domaines ayant consulté le Directoire sur
l'opportunité de reconstruire les maisons incendiées, le Direc-
toire lui faisait la réponse suivante :
« Le Directoire, considérant que par suite de la guerre
(*) M. Morland, maire de Saint-Gilics, qui réclamait alors au nom de sa
b(*llc-mèrc, la veuve Raffin, était mon grand-père paternel. Les fermes
situées au quartier d'Orouet, dont les cultivateurs avaient été dévalisés,
sont les fermes de Beauséjour, du Nauroy cl de la Poiliôre, qui appar-
lionnenl aujourd hui, la première, h mon oncle, M. Aman Morland, demeu-
raol à la Rodie sur-Yon, la seconde, à mon cousin, M. le docteur Petiteau,
des SabIcs-d'Olonnc et la troisième à moi-même. J. H.
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-154-
n civile qui dure dans ce district depuis près de deux ans,
» les deux tiers des habitations, tant nationales que parti-
» culières, ont été incendiées ou démolies ; que des comniu-
0 nés entières ont été livrées aux flammes ; qu'une ruine
» certaine et inévitable est le sort destiné l\ ce fertile pays
» si, par de grandes mesures et dont la République seule
n est capable, on ne se bâte de réparer promptement des
» habitations pour les colons, sans lesquels il ne peut exister
0 ni agriculture, ni bestiaux, ni récoltes ; au contraire, que
» laissant ce soin à des fortunes particulières, toutes anéan-
o tics par la flamme, renlèvemenl des bestiaux, bêles à
» laine et chevaux, le pillage et la dévastation, il en est fait,
» pendant plus d'un siècle, de ces contrées, autrefois les
»> greniers de Nantes, Bordeaux et autres communes de la
I» République et qui leur fournissaient des bestiaux pour la
» boucherie, surtout pour Paris et Nantes ;
» Considérant également que le cultivateur qui a tout
» perdu, ses bestiaux enlevés par la force armée, ses meubles
» dévorés par les flammes, ainsi que ses vêtements et son
» linge, qui n'a sauvé que celui qu'il se trouvait avoir à se
» couvrir, lorsqu'il fallut quitter ses foyers et fuir se cacher
» dans les forêts pour sauver sa vie, celle de sa femme et
« de SfS infortunés enfants, que des soldats furieux égor-
» geaient, en exécutant les ordres barbares de généraux dont
» la mémoire est eu exécration, n'a plus le moyen de bâtir
» des cabanes pour se mettre à couvert des intempéries des
M saisons, sa famille, ses bestiaux, ses récolles ; qu'ainsi il
» est impossible que l'on puisse trouver à affermer ou h vendre
M partiellement ou en totalité les propriétés nationales de ce
0 district ou que ce ne pourra être qu'à un vil prix et
» encore pour une 1res petite parlie ;
») Considérant encore que s'il reste à quelques cultivateurs
M un peu de faculté, ils l'emploieront à se procurer quelques
t
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- 155-
» bestiaux pour les aider dans leurs travaux ; qu'alors tous
» leurs moyens épuisés par tant de revei's, ils ne pourraient se
i> bâtir que des cabanes qui, par leur insufiRsance et leur
« insalubrité, deviendraient bientôt leur tombeau, celui de
» leur famille et de leurs bestiaux et la perte inévitable de
» leui^s récoltes avec d'autant plus de raison que l'expérience
» avait appris que les anciennes habitations agricoles, quoi-
» que plus commodes que celles que l'on propose de bâtir,
» étaient loin de réunir la commodité et la salubrité, que
» les amis des utiles habitants des campagnes auraient désiré
« qu'elles eussent ; de là sans doute ces sources fécondes
0 d'épidémies, qui enlevaient tant de bras à l'agriculture et
p en même temps tant de bestiaux ; que ces malheurs
» deviendraient encore bien plus fréquents et plus grands si
» les cultivateurs de ce district, dont le territoire est géné-
» ralemenl humide, étaient réduits à n'habiter que des
*> cabanes construites par les mains de l'indigence et avec
» parcimonie... «
(L'exposé des motifs est à peu près le même en ce qui
concerne l'intérêt pour la République de reconstruire les
maisons des biens nationaux.)
« Considérant enfin que la saine politique demande que
» les habitations des cultivateurs soient promptcment rétablies
» afin que l'état d'indigence, de dénuement de toutes les
» choses nécessaires l\ la vie, où ils se trouvent ne les
» réduisent au désespoir et ne les déterminent à continuer le
» brigandage, qui désole depuis si longtemps ces contrées et
n ne les portent h tous les crimes qui en sont la suite ;
o Ouï l'Agent national, est d'avis qu'il est plus avantageux
» i\ la Nation de rétablir les habitations incendiées de ses
» propriétés agricoles que d'obliger les fermiers à se
construire des cabanes en diminulion de leur prix de
ferme ; que l'humanité, le bonheur et même l'existence de
0
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— 156 —
» la population actuelle et l'espérance de la génération future
») lui en font un devoir ; que, sans celte mesure, il est plus
D que probable que ses colons abandonneraient ses propriétés
« pour aller cultiver les propriétés particulières que rhuraa-
» nité et même l'intérêt auront promptement rétablies,
») lorsque la Convention aura procuré aux citoyens l'indem-
*> nité que la loi a promise k ceux qui ont éprouvé des pertes;
« Arrête aussi que copie du présent arrêté sera adressée
» lant au déparlement de la Vendée qu'au Directeur de
» l'agent national de l'enregistrement et des domaines, au
» Comité d'agriculture et des arts de la Convention, aux
M agents nationaux de l'enregistrement et des domaines k
» Paris, au Comité de Salul public de la Convention. »
Le garde-magasin de Machecoul enlevait, avec l'aide de
la force armée, les foins des parliculiers des communes de
Bois-de-Céné et de Châleauncuf. Ces deux communes étant
déjà requises de fournir h la place de Challans, la première
cent milliers, el la seconde soixante milliers de foin, le
Directoire dénonça la conduite du garde-magasin de Mache-
coul h l'Inspecteur général des fourrages de l'armée de la
Loire et à la Commission du commerce et approvisionnements
de la République.
Les roules n'étaient pas sûres et il amvait souvent que les
cultivateurs, requis pour approvisionner la place de Challans,
étaient allaqués, faits prisonniers, el que leurs attelages et
les denrées qu'ils transportaient tombaient aux mains des
Vendéens. Le 27 frimaire, les sieurs Joseph Bossis, Louis
Texier, François Bélhuyseau et Pierre Redois avaient élé
emmenés dans un village inconnu. Menacés de mort, ils
s'étaient enfuis, moins Bossis, qu'ils croyaient avoir succombé
aux coups qui lui avaient élé portés. Le 28, René Guilbaud
et Pierre Mériau exposaient que le détachement qui les
accompagnait, lorsqu'ils approvisionnaient de viandes la gar-
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— 157 —
nison d'Apreinonl, avait été attaqué par les Vendéens et, en
grande partie, massacré. Quant k eux faits prisonniers, ils
s'étaient écliappés à graçd'peine, abandonnant leurs l)œufs et
leur charrette aux raains de Tenneini. Le Directoire accorda
aux uns et aux autres une indemnité proportionnelle aux
pertes qu'ils avaient faites.
Le lendemain, 29 frimaire, c'était au général Boussard que
le Directoire s'adressait pour lui signaler les pillages que
commettaient ses soldats sur le domaine du Bois-du-Breuil,
dont ils coupaient les arbres et avaient démoli la maison.
Dans les premiers jours de nivôse, on mettait en réqui-
sition tous les blés qui n'étaient pas indispensables à l'ali-
mentation de leurs propriétaires et tous les bestiaux dont
pouvait se passer l'agriculture. Ces réquisitions se faisaient
souvent k main armée.
Le 6 pluviôse an II, « rapport fait et délibérant sur une
» lettre écrite à cette Administration ce jour, et reçue à deux
» heures et demie de l'après-midi par le citoyen Claudel,
• capitaine commandant le détachement qui se trouve depuis
» plusieurs jours cantonné dans la commune de Bois-de-
» Céné, située dans ce district, par laquelle il parait que le
» premier de ce mois, ayant envoyé un détachement au
» village des Rallières, situé môme commune, pour empé-
• cher l'enlèvement d'une gerberie appartenant h la Répu-
» blique, par l'absence du sieur Lépinay, l'officier à la tête
» de ce détachement rencontra dans ce village une quaran-
» taine de charrettes chargées de blé, escortées par deux
» cents rebelles ou environ, et qu'il n'osa pas troubler ce
• convoi dans sa marche parce qu'il était absolument défendu
t de tirer aucun coup de fusil sur les rebelles ;
» Qu'il paraît en outre que les rebelles doivent faire dans
» ce même canton un second enlèvement considérable de
» grains, ayant déjà mis la plus grande partie des charrettes
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-158-
» du pays en réquisition ; que par conséquent cette Admi-
»> nislration ne devait point être surprise si, jusqu'à présent,
» la municipalité de Bois-de-Géné ne pouvait remplir la
» réquisition en grains dont celte commune se trouvait
» frappée.
» Rappwl pareillement fait d'une lettre écrite à celte
» Administration par la municipalité de Saint-Gervais, le
» l®"^ de ce mois, qui l'instruit de ces enlèvements de grains
« et de la triste perspective des habitants du pays de mourir
» de faim, si de pareilles incursions continuent.
» De la lettre écrite par celte Administration le mêtt>e jour
» au citoyen Cbadeau, adjudant général et commandant
» l'armée cantonnée h Challans et les postes environnants,
» par laquelle elle s'instruit des passages de ce convoi consî-
» dérable en grains, escorté par les rebelles, par la commune
» de la Garnachc, distante de Challans d'une lieue et oii il
» y a des troupes cantonnées.
» Rapport aussi fait de l'envoi de ces deux pièces aux
I) représentants du peuple près l'armée de l'Ouest, actuelle-
» ment à Nantes, en date aussi du 1" de ce mois, où on les
» instruit que les blés que les rebelles viennent ainsi enlever
» sous nos yeux, surtout de différentes communes qui, étant
» regardées depuis longtemps comme libres, et où il y a
» des troupes canloonées, avaient été frappées de réquisitions
» en grains à différentes fois pour les besoins de l'armée, et
w le sont encore de nouveau, relativement à une réquisition
»> de 2,400 quintaux faite par les représentants du peuple le
» 14 nivôse dernier.
» Le Directoire, considérant que depuis la récolte les
») rebelles n'ont cessé d'enlever les grains dans une grande
» partie des communes de ce district, que l'on pouvait
» regarder comme libres, autant que les circonstances pou-
» valent le permettre ; que, malgré ces enlèvements, on a
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— 159-
» encore Mré de ces communes de très grandes ressources
» pour les besoins des troupes cantonnées dans ce district ;
» que, sans les secours que ces communes ont fournis, il
» n'eût pas été possible de satisfaire aux demandes des divers
» gardes-magasins militaires de l'armée ;
» Considérant que, malgré l'amnistie accordée aux rebelles,
» ils cherchent par les enlèvmients continuels, qu'ils font
» de subsistances en tout genre, qui se trouvent dans diverses
» communes, qui depuis longtemps ne sont plus k leur. pou-
» voir, par la rentrée presque générale des cultivateurs, à
» mettre la famine dans le pays et à empêcher l'approvi-
» sionnement des armées ;
» Considérant que, si de pareils enlèvements durent encore
• dans ces communes, placées en arrière des troupes can-
» tonnées, il est impossible que l'habitant des campagnes
» puisse avoir la subsistance assurée et qu'il puisse fournir
» aux réquisitions journalières qui lui sont faites ;
• Considérant que, de notre côté, nous ne pouvons faire
» rentrer dans les magasins militaires les blés requis dans
• des communes, d'oii sortent nos principales ressources,
» puisque les rebelles les enlèvent sans cesse ; que le culti-
» valeur ne peut môme sauver son pain de la rapacité de
• ces insurgés ; que, de là, il en résulte dans le pays une
» très grande pénurie de subsistances, qui devient des plus
» affligeantes pour les habitants et les grands besoins de
» l'armée ;
» Arrête, ouï l'Agent national, qu'expédition de la lettre
» de la municipahté de Saint-Gervais écrite à celle Admi-
» nislralion, de celle de celle Administration à l'adjudant
» général Chadeau, de celle du commandant de la force
» armée à Bois-de-Géné, de celle enfin écrite aux représen-
» lanis du peuple à Nantes, le tout en date des 1" et 3 de
• ce mois, ensemble expédition de la présente délibération,
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» seront envoyées au Gorailé de Salut public de la Convention
»> nationale et au Général en chef de l'armée de TOuest ; que,
» pareillement, expédition de ladite délibération sera envoyée
» aux représentants du peuple près l'armée de l'Ouest, afin
« de leur faire connaître la triste position de ce dislrict et
I) d'aviser dans leur sagesse aux moyens à prendre pour que
» de semblables enlèvements de grains de la part des rebelles
rt cessent promptement. »
En môme temps, il fallait embarquer les 6,000 quintaux
de fèves k l'adresse de Libourne et pourvoir aux besoins des
garnisons du district, par de nouvelles réquisitions, pour
l'exécution desquelles le Directoire était obligé le plus souvent
de recourir à la force armée. Bourdin était nommé commis-
saire pour faire exécuter les réquisitions de blé à Saint-
Gçrvais et à Beauvoir et la municipalité de Saint-Gilles était
invitée h faire tous ses efforts pour se procurer les vivres
qui lui étaient nécessaires, le Directoire étant dans l'impossibilité
de venir k son secours. Le citoyen Cretez élail aussi nommé
pour l'approvisionnement des subsistances militaires k Apre-
mont ; enfin, les journaliers menacés de mourir de faim,
ceux de Sallertaine parliculièremenl, puisque les cultivaleui-s
ne demandaient pas moins de 72 fr. de l'hectolitre de blé,
venaient crier famine ; le Directoire aux abois s'adressait
aux représentants du peuple Dornier et Bézard, actuellemeot
k Ghallans, « pour solliciter d'eux un arrêté par lequel les
» municipalités, où les journaliers ne peuveul se procurer du
)) grain, seraient autorisées k leur délivrer des bons, pour
0 prendre chez les différents possesseurs de blé la subsistance
*) nécessaire pour deux décades pour eux et leur famille, à
» la charge de la part desdits journaliers d'en payer le prix
a sur le pied que les gardes-magasins militaires le paient^
» ou si mieux n'aiment lesdits cultivateurs et journaliers
» convenir de prix k prix. »
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-^161 —
Le 26 pluviôse, trois coramissaires élaienl nommés pour
se transporter dans les communes de Notre-Dame-de-Monts,
le Perrier et Saint-Jean-de-Monts pour la rentrée des grains.
Le lendemain, les sieurs Moizeau et Boucard étaient chargés
de s'approvisionner de grains dans la commune de Gom-
mequiers.
Le 8 ventôse, une mesure générale fut prise d'envoyer un
commissaire dans chaque commune, assisté de la force
armée, pour se procurer du blé par tous les moyens possi-
bles, la garnison de Ghallans n'ayant pas eu de pain pour
la distribulion de ce jour.
Toutes les rigueurs du monde ne pouvaient pas faire
trouver du blé là où il n'y en avait pas. Bodet, un des admi-
Tûstrateurs du district, fut chargé de se rendre h Nantes
pow exposer que le marais seul était la partie du district où
i pouvait s'en trouver, mais qu'étant occupé par les rebelles
commandés par Dabbays, on ne pouvait pas s'y aventurer
sans courir le risque d'être égorgé ; en conséquence, il
demandait aux représentants à Nantes de pourvoir à la sub-
sistance de la garnison de Ghallans, qui était devenue impos-
sible au Directoire.
En attendant le succès de cette démarche, comme la faim
ne peut pas attendre longtemps, Meriand et Febvre étaient
nommés commissaires pour se transporter, accompagnés de
la force armée, dans les communes de Ghâteauneuf, Saint-
Gcrvais et Beauvoir, où l'on soupçonnait que des blés pou-
vaient se trouver.
Le 21 ventôse, le représentant du peuple Gandin se trou-
vait à Ghallans. Dans la séance du Directoire du district
« un membre a dit qu'il croyait intéressant d'observer au
» représentant du peuple Gandin que le chef-lieu du district
B est dans une position à mériter toute son attention ; placé
» en avant des marais et sur la grande route de Nantes aux
11
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ê Sables, sa position semble exiger qu'il soit mis dans un
i> état de défense propre à rassurer non seulement les
i» citoyens qui l'habitent, mais même tous les bons citoyens
» des communes voisines, puisqu'il serait utile de trouver au
» besoin un lieu sûr qui les mît à couvert de la fureur des
» insurgés et qui pût, en même temps, leur servir de refuge
» dans le cas où un ennemi extérieur viendrait à faire une
» descente sur les côtes voisines ; que, sans doute, on a eu
» celle intention quand on a fait enceindre cette commune ;
n mais ceux qui ont dirigé ces travaux, également que ceux
» qui les ont ordonnés, n'avaient pas les talents nécessaires
» puisque ces ouvrages n'ont ni la direction, ni la perfec-
» tion dont ils étaient susceptibles, en sorte qu'on dirait à les
» voir qu'ils ont été entrepris, plutôt pour être une branche
» de commerce, que pour être utile à la République qui
» faisait les frais ;
» Que, d'après ces considérations, l'Administration doit
» lui représenter l'importance de cette place, tant pour la
» commune en particulier que pour tout le district et même
» pour la République entière, puisque ce pays-ci fournissait
» autrefois chevaux, bestiaux et blés pour les armées et les
» principales communes de la République ;
» Arrête, ouï l'Agent national,
» Que copie du présent arrêté sera mise sous les yeux du
» représentant du peuple Gandin avec invitation de le pren-
0 dre en considération et de viser lui-même pendant son
x> séjour dans cette commune les fortifications dont il
» s'agit. (0 »
Le 24 ventôse, le sieur Davy était nommé commissaire
pour aller au village du Payré, commune de Sallertaine, chez
(^) 11 ne m*esl pas possible de me figurer où pouvaient se trouver àius
la commune de Ghallans les fortifications dont il est ici question. J. tf*
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— 1fi3 -
le citoyen Ledain et la veuve Ledain qui avaient un tonneau
de blé disponible.
Le 26, le Directoire se montrait très favorable à Thérèse
Dorion, ex-religieuse, demeurant à Saint-Gilles, qui avait
adressé une pétition au représentant du peuple Gandin, ten-
dant à ce que la pension dont elle devait jouir lui fût restituée
ff et cependant, vu le besoin de la réclamante, qu'il lui soit
» provisoirement payé, et ce à compter sur ce qui peut lui
» être dû sur sa dite pension, comme reliquat, une somme
» de 1,800 livres, prise sur telle caisse qu'il plaira au repré-
» sentant du peuple de fixer. »
Tous les grains, faute de bras, n'avaient pas été battus. Il
en restait encore quelques-uns en gerbe. Le représentant du
peuple Gandin s'entendit avec le Directoire pour faire procé-
kr à l'opération du battage et l'Administration nomma des
commissaires à cet effet. En même temps, elle faisait procé-
der aux réparations des moulins, presque tous ayant été mis
bors d'état de service.
Bien qu'un traité de pacification eût été signé entre les
chefs vendéens et les représentants du peuple, le volcan
n'était pas complètement éteint. Le 19 floréal an III, Ghartier,
juge de paix de Saint-Jean-àe-Monts, écrivait au Directoire
[H)ur lui signaler la conduite peu rassurante que le chef des
rebelles Dabbays continuait de tenir dans le marais avec
SCS hommes. Le Directoire arrêtait que cette lettre serait
immédiatement adressée au citoyen Gaudin, représentant
du peuple, et envoyée au Comité de Salut public de la
Convention.
Ce n'est guère qu'au mois de floréal an III, que nous
voyons disparaître les noms révolutionnaires donnés à quel-
ques communes de notre pays. L'île de la Montagne rede-
vient l'ile de Noirmoutier ; l'île Maral, l'île de Bouin ; Port-
Fidèle, Saint-GiUes ; Le Havre-de-Vie, Groix-de-Vie, ainsi
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-164-
que de quelques autres. C'esl aussi 5' celle époque que le
litre d'Agent national est remplacé par celui de Procureur-
Syndic.
La municipalité de Saint-Jean-de-Monls n'était pas en
arrière pour les démonstrations patriotiques. Le 25 floréal an
III, « à l'ouverture de la séance un membre donne lecture
» d'un arrêté pris, le 18 floréal, par la municipalité de
0 Sainl-Jean-de-Monls, portant :
» Art. I. — Qu'en exécution de la loi qui prescrit à tout
» Français de porter la cocarde tricolore, tous les habitants
» de cette commune seront tenus de s'en décorer trois jours
» après la publication du présent arrêté.
» Art. II. — Que le commandant de la garnison de
» Saint-Jean-de-Monts sera invité de surveiller et faire sur-
» veiller l'exécution de l'an. 1" en enjoignant à tous ses
0 postes d'instruire les habitants entrant dans le bourg de
» se soumettre au présent arrêté.
» Art. III. — Ceux qui refuseront de se soumettre prou-
» veront l'envie de préférer l'obéissance aux ennemis de nos
» lois, qu'à elles-mêmes, seront regardés comme mauvais
» citoyens et soumis aux peines prescrites par la loi rendue
» à ce sujet.
» Art. IV. — Copie du présent arrêté sera adressée au
» Directoire du district afin d'obtenir de lui son autorisation
» et lé rendre commun à toutes les communes de son arron-
» dissement.
» Le Directoire, vu ledit arrêté et considérant que tant
n que la horde de Dabbays restera dans le marais et y exer-
» cera des actes de brigandage et intimidera par la force les
» habitants paisibles de ces environs, il est presque impos-
n sible que les habitants du marais osent arborer la cocarde
» tricolore, vu les risques qu'ils pourraient courir d'être
» massacrés en leurs maisons, et que pour éviter de plus
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9 grands abus, il est peut-être intéressant de ne donner
|. > aucune suite à cet arrêté,
» Ouï le Procureur-Syndic, arrête :
I» Qu'il sera écrit à la municipalité de Saint-Jean-de-
Ib Nonls, pour Tinviter à ne donner aucune suite à son
1 1 arrêté du 18 de ce mois, jusqu'à ce que les habitants de
1 1 leur pays puissent, sans inconvénient pour eux, arborer ce
signe sacré de la liberté française. •
Toutes les municipalités du district de Gballans ne se
j montraient pas di^sées à seconder le Directoire du district ;
celle de Riez, entre autres, refusait de répondre à la demande
de bois qui lui était faite par Tofllcier qui commandait les
troupes du cantonnement. Le Directoire manda devant lui le
âeur Guilbaud qui faisait les fonctions de maire et autorisa
Tilat-major du bataillon en casernement à Riez, à abattre le
Jkms impropre au charronnage dont il aurait besoin pour la
caisson des aliments.
Le 25 floréal, une pétition, adressée au représentant du
peuple Gaudin, fut renvoyée au Directoire du district. Par
cette pétition, le sieur Rodard, de Sallertaine, exposait que,
se rendant de Saint-Gilles aux Sables avec des marchands
et escortés de deux gendarmes, ils furent assaillis près du
village de la Sousay par cinq cavaliers rebelles. Les deux
gendarmes ayant pris la fuite, les Vendéens s'emparèrent de
ses marchandises et de son attelage et aussi d'une somme
assez forte qu'il portait sur lui.
Le Directoire, attendant qu'il soit procédé par la munici-
palité de Sallertaine à l'estimation de la perte subie par
Bodard, lui alloue provisoirement comme indemnité une
somme de 4,890 livres.
Des rassemblements continuaient à avoir lieu au Puy-
Rousseau, commune de la Garnache. Le maire de cette loca-
lité, le sieur Ledain, informait le Directoire que ces attrou-
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— 166 —
pemenls se livraient à toutes sortes d'excès ; que ceux qui
les formaient enlevaient les bestiaux appartenant à la Répu-
blique ; qu'il y avait quinze jours, une jeune fille nommée
Baraud, que son patriotisme leur rendait suspecte, avait été
emmenée ; qu'on lui avait promis de la renvoyer, mais qu'on
ne l'avait pas fait et que l'on croyait qu'elle avait été tuée :
« Le Directoire, considérant que le rassemblement qui doit
» avoir lieu au Puy-Rousseau n'est composé que de scélérats,
» qui pillent, égorgent, sur la route de Machecoul, les mili-
» taires et les particuliers qui voyagent isolément, et qui
» commettent dans les campagnes toute espèce d'exactions;
» Considérant que l'arrêté du Comité de Salut public du
» 9 de ce mois ordonne de dissoudre par la force tout ras-
» semblement ; que cet arrêté a été publié dans les communes
» de ce district ;
u Arrête, ouï le Procureur-Syndic,
» Qu'il sera de suite écrit au citoyen Chadeau, adjudaBi
I) général, actuollement à Machecoul, pour l'inviter à donner
» des ordres à la îorci armée cantonnée à la Garnache, pour
» faire dissoudre ce rassemblement et à prendre toutes les
» précautions pour empêcher la dilapidation de la Prié de
» Puy-Rousseau, propriété nationale dans laquelle les insur-
» gés mettent continuellement leurs chevaux. »
Le général Chadeau, conformément à la demande gui lui
était faite, donna l'ordre à l'un de ses officiers de s'emparer
des individus qui résidaient dans la maison de Puy-Rousseau.
Us furent arrêtés au nombre de sept et conduits devant le
Directoire, qui leur fit subir un interrogatoire. Le commandant
Goulpaud, jardinier, ne sachant écrire, déclara qu'il rece-
vait des ordres de Lccouvreur, commandant à Legé, et que
c'était sur son injonction qu'il était venu s'établir a Puy-
Rousseau ; qu'il n'avait point connaissance du traité de paci-
fication et de l'arrêté du Comité de Salut public du 12 prai-
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— 1«7 -
rial ao III. Ses chefs lui avaient donné l'ordre de ne faire
de mal à personne et il s'y était parfaitement conformé. Il
affirme que les attaques sur les grands chemins n'étaient ni
son Tait, ni celui de ses hommes ; qu'il fallait s'en prendre k
la troupe de Pajot.
Les autres prisonniers firent des réponses analogues.
Le Directoire les renvoya devant le Juge de paix de la
Garaache. En attendant que le Jury d'accusation et le Jury
de jugement statuassent sur leur sorl, ils furent incarcérés
dans la maison d'arrêt de Cballans ; mais comme cette prison
élail peu sûre, le Directoire les envoya dans celle des
Sables.
A l'emploi de la force, le Directoire du district de Glial-
lans préférait la persuasion. Il adressa aux habitants du
fclrict les paroles suivantes qu^, sous la forme d'une circu-
laire, furent répandues à profusion dans toutes les communes
(le son ressort :
• Vous l'avez vu, citoyens, le traité de pacification de la
* Vendée, que nous avons fait passer aux municipalités de
* ce district ; il promettait le bonheur à notre malheureux
«» pays. Déjà, la majorité d'entre nous, oubliant ses maux
* passés, travaillait à réparer les que la guerre
* civile avait fait à sa fortune. . Bientôt, nous eussions vu
» l'abondance régner parmi nous ; tout semblait l'annoncer :
» des bestiaux, des chevaux, du fer, de l'acier, nous étaient
» promis et déjà ces derniers articles étaient ou arrivés à
» Nantes ou prêts d'y arriver. Des outils aratoires se distri-
* huaient chaque jour à cette administration ; d'autres
» envoyés de Paris étaient sur le point d'y arriver pour être
» distribués de même.
» Nous dirons plus, citoyens, vos fortunes n'étaient pas
» seulement l'objet de nos sollicitudes. Amis de vos per-
» sonnes, autant et plus que de vos propriétés, nous n'avons
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-168 —
» pas négligé d'informer le Gouvememenl des maladies qui
» affectent les habitants de ce pays-ci ; et Taccueil quMl
x> avait fait k nos plaintes nous faisait espérer qu'il s'empres-
» serait de vous fournir des secours. Nous en avons même
j) Tassurance dans une lettre du Comité de Secours publics
j» reçue hier à cette Administration.
» Mais tandis que nous nous livrions à la joie qu'inspirait
D à tous les bons citoyens une paix si longtemps désirée,
» nous avons eu la douleur d'apprendre que des rassemble-
» ments se formaient encore dans le Bocage. En vain les
w chefs vendéens ont signé la pacification de leur pays,
» donàinés peut-être par des scélérats déserteurs et fainéants,
» qui ne connaissent de bonheur que dans le trouble el le
» brigandage, ils n'exécutent point un traité qu'il devrait
» être dans leur cœur de mçttre à exécution.
M Non, citoyens, il n'y a pas sans doute un de vos chefs
» reconnus avant l'insurrection pour un homme de bien,
D qui ne gémisse de voir la paix sur le point d'être troublée
» et les horreurs de la guerre civile prêtes à fondre de nou-
» veau sur ce trop infortuné pays. ^
» Mais non, ils ne se réaliseront pas ces projets de destruc-
» tion. Instruits par le malheur et l'expérience, chacun de
» vous fera ses efforts pour contenir les malveillants, La
» masse des citoyens est bonne el elle ne souffrira pas que
» quelques individus fassent la loi dans leur commune. Oui,
» citoyens, votre bonheur dépend de vous. S'il est quelques
» brigands qui veulent vous forcer de prendre les armes,
0 saisissez ces coquins et livrez-les à la justice. Si, dans la
M crainte de leur fureur, vous n'osez mettre la main sur ces
» hommes pervers, la force armée est là pour le maintien
M de la tranquillité. Hâtez-vous de vous informer des lieux
» qui recèlent ces scélérats et bientôt vous n'aurez rien à
9 craindre de leur vengeance. Le soldat n'est plus comme
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— 169 —
autrefois envoyé pour tout détruire. Il a, au contraire, les
ordres les plus précis de respecter l'habitant paisible des
campagnes et de le proléger dans sa personne et dans ses
propriétés. Vous vous rappelez, citoyens, que Tart. 5 du
traité de pacification exemple vos enfants de la réquisition
pour les rendre à ragriculture. Vous n'ignorez pas non
plus que des secours sont promis pour rebâtir vos maisons
dévastées par le fléau de la guerre civile. Ainsi tout doit
vous porter à la paix. La religion ne pourrait pas non plus
être un prétexte de vous armer, puisque vos prêtres sont
au milieu de vous et qu'ils peuvent y exercer le culte
catholique sous la protection des lois. Ainsi que nous, ses
ministres doivent s'opposer à l'effusion du sang ; c'est le
véritable esprit de la religion qu'ils professent, et tout
homme qui vous tiendrait un autre langage serait assu-
rément un imposteur et l'ennemi de votre salut comme de
votre repos.
» D'après cela, citoyens, si vous croyez devoir quelque
confiance à vos administrateurs ; si, rendant justice à la
pureté de leurs intentions, vous reconnaissez qu'ils furent
toujours vos vrais amis, ne méprisez pas les conseils qu'ils
vous donnent ; ce sont leurs cœurs qui vous parlent; que
les vôtres ne soient pas insensibles, et, malgré les malveil-
lants, nous entretiendrons la paix au milieu de Vous, et
avec elle nous aurons l'abondance et le bonheur qui en
sonl la suite. »
Le sieùr Hériau, jeune homme de 18 ans, ancien sacristain
de Touvois et ancien soldat de Charette, fut arrêté à son
retour de Belleville, quartier général de Charette, et conduit,
le 16 messidor, devant le Directoire du district de Challans,
Il résulta des réponses qu'il fit à son interrogatoire, qu'en
passant au village de la Rétière, commune de Legé, il avait
Irouvé Lecouvreur à la tête de cinq cents hommes ; qu'arrivé
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^170 —
à Belleville, il apprit que Gharette était parti pour les Essarts;
que Guérin commandait la division du Marais ; que la
division de Vieillevigne était commandée par le frère de
Guérin ; qu'une autre division s'était formée dans le district
de Machecoul, mais qu'il iporait le nom de celui qui la
commandait. Ayant quitté Belleville pour se rendre à Venan-
sault, il y trouva une autre division commandée par le frère
de Gharette. Quant à sa division, elle se rendit jusqu'à Beau-
lieu oii le bruit d'une vive fusillade frappa ses oreilles. G'étail
l'attaque d'un convoi escorté par les troupes républicaines.
Au sujet de cette attaque, il donna les renseignements sui-
vants : quinze volontaires h peu près étaient restés morts sur
le champ de bataille et un cent avait été fait prisonnier. Au
moment ou il avait quitté Belleville, le 11 de ce mois, leur
vie avait été respectée. Seul, un officier avait succombé ;
dans un moment de désespoir, il s'était brûlé la cervelle d'un
coup de pistolet. La division qui avait attaqué le convoi était
formée d'environ cinq mille hommes dont trois cents de cava-
lerie. Gharette n'avait pas assisté à l'attaque. Rendu à
Venansault, après la réception d'une lettre, il était retourné
sur ses pas. Un seul Vendéen avait été tué. Au moment où
il avait quitté Belleville, Gharette s'y trouvait avec deux
mille hommes environ.
Le lendemain 17, à la nouvelle que plusieurs militaires et
marins avaient été assassinés sur la route, le Directoire
arrêta qu'il serait écrit au Gommandant de la force armée à
Machecoul pour le prier de ne plus laisser les soldats et les
marins voyager isolément.
Le 18, la môme résolution fut prise dans des termes encore
plus énergiques.
Les assassinats avaient lieu journclleraenl. Le courrier de
Ghallans h Saint-Gilles avait été arrêté, le conducteur Biochaud
et cinq autres personnes tués. Il devenait très difficile de
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-171-
trouver quelqu'un qui voulût faire le service de la poste. On
rencontra poui'tant un homme, le sieur Perrochaud, qui s'en
chargea moyennant un traitement annuel de dix-huit cents
livres.
Le Conseil général de la commune des Sables avait nommé
un Commissaire pour se rendre à Beauvoir pour des achats
de blé dont la ville et la garnison avaient besoin. Ce com-
missau'e, ne pouvant se procurer des blés qu'en les payant
comptant, était parti porteur d'une somme considérable qui
ne s'élevait pas à moins de cent cinquante mille livres. 11
fut arrêté par des malfaiteurs, fort maUrailé et dépouillé de
tout ce qu'il portait sur lui.
Déjà le 8 germinal an III, un individu qui conduisait des
marchandises de Nantes à Bois-de-Céné avait été assassiné
par des malfaiteurs qui s'étaient emparés de tout ce qu'il
Iransporlait.
La guerre avait recommencé. 11 devenait impossible
d'obtenir volontairement des bœufs pour l'approvisionnement
de Challans de la part des habitants du marais, que les
insurgés menaçaient de mort s'ils venaient à en hvrer. Devant
un pareil état de choses, le Directoire recommença ses
réquisitions, sans toutefois fixer le prix auquel les bestiaux
devaient être vendus, et ordonna des expertises dans le cas
où les vendeurs et le garde-magasin ne pourraient pas
s'entendre.
Le 6 thermidor « à la séance a comparu le citoyen Sauzeau,
• de la Barbière, commune de Gommequiers, lequel a déclaré
» que la nuit même, vers les minuit, cinq volontaires armés
• et le visage barbouillé pour n'être pas reconnus, ont
» enfoncé sa porte, ont tout bouleversé dans sa maison, l'ont
• menacé et frappé et ont fini par lui voler de l'argent, cinq
• pains de 20Jivres et d'autres objets de ménage; que ces
» mêmes hommes, après avoir fait leur coup, ont pris la
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— 174 —
» route de SouUans, ce qui fait présumer qu'ils font partie
» de la troupe qui y est cantonnée.
o Le Directoire, considérant qu'il a déjà reçu plusieurs
» plaintes contre les soldats cantonnés à SouUans; qu'il est
» étonnant que des gens envoyés pour défendre les propriétés
A soient les premiers dilapidateurs des fortunes particulières ;
» que ces manœuvres ne peuvent servir qu'à armer le peuple
» des campagnes et le pousser à des excès nuisibles au bien
» public ;
» Considérant l'avantage qu'il aurait de pouvoir connaître
» les soldats qui se sont portés à ces excès, afin que leur
» punition pût servir d'exemple aux autres et les engager à
» respecter davantage les propriétés des paisibles habitants
» des campagnes et montrer à ces derniers que l'intérêt de
» la République est de protéger les amis de leur patrie en
0 sévissant contre ceux qui ne veulent pas se soumettre à
» ses lois ;
» Arrête, ouï le Procureur-Syndic, qu'il sera écrit au
» citoyen commandant le 5« bataillon de Lot-et-Garonne,
» cantonné à SouUans, pour l'instruire des excès commis
» dans la personne et les propriétés du citoyen Sauzeaus
» demeurant à la Barbière, commune de Commequiers, l'in-
» viter à faire des perquisitions pour découvrir les coupables
» et prendre des mesures pour éviter, à l'avenir, de pareils
I) excès;
0 Arrête également qu'il sera donné avis par une lettre
» au citoyen Gbadeau, adjudant général, commandant la
» force armée à Ghallans, pour qu'il soit fait une perquisition
t aux fins dont il s'agit. »
Les communications par terre de Ghallans à Nantes étaient
si périlleuses que le Directoire n'osait pas confier au mes-
sager ordinaire les fonds versés dans la caisse de cette
commune pour être portés à Nantes. Dans la crainte qu'il ne
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•
— 173 —
fût dévaKsé, il accepta, le 16 thermidor, la proposition que
lui fit ce dernier de s'embarquer à Noirmoutier et de se
rendre à Nantes par mer.
Les Anglais avaient opéré un débarquement sur la côte de
Saint-Jean-de-Monts pour approvisionner de munitions de
guerre la division de Pajot qui en manquait. Le 28 thermidor
a été conduit par le citoyen fougeron, aide-de-camp du
» général divisionnaire Canuel, un citoyen en remettant une
• lettre datée de ce jour portant que le citoyen Pierre Bené-
» teau, arrêté par le général Cambray dans la tournée qu'il
• a faite aujourd'hui dans le marais ; que cet homme est
» accusé par les habitants du pays de s'être trouvé au dernier
t rassemblement de Pajot, avec intention de l'interroger et
» annonçant l'envoi d'un rouleau d'étoffe saisi sur lui, pro-
> venant présomptivement du débarquement fait par les
• Anglais. «
L'interrogatoire de Benéteau n'apprit rien sur le débar-
quement. Il fut constaté que la pièce d'étoffe saisie sur lui
que l'on croyait être de provenance anglaise était au con-
traire de fabrication française.
Le 29 thermidor a un membre dit que le pillage est encore
» à l'ordre du jour de ces contrées ; que des militaires du
» camp se répandent dans les campagnes et s'y livrent à
» tous les excès ; que cette conduite atroce peut encore
• soulever les habitants des campagnes et les forcer d'aller
» grossir l'armée de Charette ; que le général de division
» Ganuel, instruit des horreurs qui se commettent, vient de
» donner un ordre sévère à l'armée et faire punir deux ou
» trois coupables ; mais comme il est à craindre que cela
» ne suffise pas pour ramener le soldat à l'ordre et à la
» discipline, il propose qu'il soit écrit au Comité de Salut
• public pour l'instruire des horreurs qui viennent de se
• commettre aux envbrons de cette commune par des volon-
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-174-
» taîres de Tarmée campée devant Ghallans, qui se sont
» livrés au pillage, viols et assassinats de citoyens paisibles,
9 afin qu'il prenne toutes les mesures convenables pour
» arrêter ces désordres et autoriser les généraux à punir de
» la manière la plus sévère le soldat qui s'écarterait ainsi
» de son devoir et qui ne respecterait pas les personnes et
» les propriétés,
» Le Directoire, ouï le Procureur-Syndic, adopte la propo-
» sition d'un de ses membres et arrête qu'il sera écrit au
» Comité de Salut public dans le sens qui vient d'être dit,
» et, de suite, un membre a été chargé de la rédaction de
» la lettre. »
Au 2 fructidor an III, mêmes plaintes et mêmes réclama-
tions : « Un membre observe que les militaires se répandent
» encore dans les campagnes et y pillent les cultivateurs ;
)) ils ne leur laissent pas un morceau de pain, de sorte qu'ils
» sont pour la plupart réduits à ne vivre que de choux ; que
» cette triste position les réduit à la dernière extrémité et
» peut les obliger à aller grossir le nombre des ennemis et
» demande qu'il soit écrit au général de division Canuel pour
0 qu'il vienne au secours de ces malheureux habitants et
» réprime encore les désordres militaires. »
Cette proposition fut adoptée.
Les membres du bureau de conciliation mentaient quel-
quefois au titre qu'ils portaient. Le sieur Bouvier, l'un d'eux
commissaire municipal du canton de Challans, placarda
pendant la nuit du 10 thermidor un écrit des plus outrageants
contre l'Administration du Directoire, dont les premiers
mots : ignorante, imbécile et mensongère administration
répondaient au reste de l'écrit. Le Directoire en demanda
justice.
Au 8 fructidor a un membre observe que quelques mesures
» que les généraux prennent pour rétablir le bon ordre dans
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• Tannée, le viol, le vol el le pillage se continuent et sont
• sans cesse k Tordre du jour dans les campagnes ; que celte
» Administration affluant des malheureux, qui viennent porter
» leurs plaintes contre les mauvais traitements du soldat,
» elle manquerait à ses devoirs si elle gardait le silence sur
• ces désordres et n'en donnait pas connaissance au Comité
t de Salut public et au général en chef de Tarmée de TOuest;
» et il demande qu'il soit écrit au général de brigade Gratien,
» commandant à Challans, pour lui annoncer le parti que
• vient de prendre cette Administration. »
Le Directoire adopte ces différentes propositions.
Il arrivait quelquefois que des arrestations illégales avaient
lieu par la force armée. Ainsi deux cultivateurs, les sieurs
Besseau père et fils avaient été arrêtés k la métairie des
Sept-Joumaux par la seule raison qu'à l'approche de la
troupe, ils avaient pris la fuite. L'enquête qui avait été faite
n'avait mis aucun grief à leur charge. Ds n'avaient fui que
parce que, parmi les soldats, il s'en trouvait qui, sans aucun
motif, se portaient à des actes de violence contre tous les
cultivateurs qu'ils rencontraient. Ils n'en avaient pas moins
été jetés en prison où ils languissaient depuis vingt-un jours,
sans avoir subi d'interrogatoire. Ils s'adressèrent au Directoire
demandant à être jugés, si on les croyait coupables, ou mis
en liberté si on trouvait que leur innocence était constatée.
t Le Directoire, considérant que les citoyens Besseau père
» et fils ayant été arrêtés chez eux par la force armée et
» sans armes et sans réquisition d'aucune autorité constituée,
» Tout été illégalement ; considérant qu'il a sollicité inutile-
» ment pendant sept jours du commandant alors de la force
» armée à Challans le procès-verbal de leur arrestation ;
• qu'enfin, étant parvenu à se le procurer, il a fait plusieurs
* démarches auprès du juge de paix du canton de Challans,
» afin qu'il les interroge et prononce leur liberté s'il le
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— 176 —
» croyait juste ; mais qu'elles ont été infructueuses ; que le
» juge de paix n'a pas cru devoir connaître de leur affaire,
» «ans doute parce qu'ils avaient été arrêtés par la force
» armée illégalement et sans réquisition des autorités
» constituées, arrête : ouï le Procureur-Syndic, que le
» commandant de la force armée qui a succédé \ celui qui
» commandait à Challans, lors de l'arrestation desdits
» Besseau père et fils, sera invité de les mettre de suite en
» liberté, comme ayant été arrêtés illégalement et étant de
)) même détenus. »
Toutes ces réclamations et ces récriminations n'amenaient
aucun résultat. Le 22 fructidor, l'Administration du district
prenait la très énergique délibération qui suit : <» Le Direc-
» toire, ayant pris lecture d'une lettre écrite le 20 de ce mois
» par la municipalité de Challans portant qu'elle ne peut
» garder plus longtemps le silence sur les mauvais traite-
» ments que font éprouver journellement les volontaires aux
0 habitants des campagnes ; qu'on a de la peine à se faire
» une idée de la conduite horrible et déshonorante qu'ils se
0 permettent à leur égard ; que plusieurs ont déjà aban-
» donné leurs maisons ; que d'autres sont prêts à le faire ;
» que l'armée commet des dévastations considérables dans
)) les vignes qui avoisinent la place de Challans ; qu'ils en
» emportent les raisins ou plutôt les verjus, qui ne peuvent
» manquer de leur occasionner les maladies les plus dan-
» gereuses ; que déjà ils ont détruit de cette manière quatre
0 cents barriques de vin et qu'une récolte d'environ huit
0 cents barriques aura bientôt disparu par cette dévastation ;
» que plusieurs habitants de cette commune se voient ainsi
» frustrés de leur seul espoir de se procurer des subsistances
» avec le prix de leur récolte de vin ; que les militaires ne
» bornent pas là leurs dévastations ; qu'ils enlèvent des
» champs le millet qu'ils mangent le plus souvent sans aucune
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— 177 —
préparation ; qu'ils enlèvent de chez les cultivateurs les
blés en grains et en farines, les réduisant ainsi h mourir
de faim et k manquer de blé pour les semences de la
prochaine emblaison, avec invitation à cette Administration
d'apporter promptement un remède à cette dilapidation,-
s'il est en son pouvoir de le faire ;
» Ayant également pris lecture du procès-verbal, rapporté
par le Procureur-Syndic de ce district, le 20 de ce mois,
duquel il résulte que ledit jour, s'étant trouvé chez le juge
de paix du canton de Ghallans, il y rencontra le citoyen
Couthouis, cultivateur à la métairie du Bois-David,
commune dudit Ghallans, lequel était à porter plainte de
l'enlèvement fait chez lui par des militaires de l'armée
campée sous Ghallans, de quatre quintaux douze livres de
froment qu'il avait achetés pour semer, n'en ayant pas
récolté assez de bonne qualité pour cet objet ; que, sur
l'invitation du juge de paix, qui déclare n'ôtre pas com-
pétent, il accompagna ce cultivateur au quartier général,
oii se trouvait alors le général de brigade Gratien ; que,
touché de la position affligeante de ce cultivateur, qui
n'osait se présenter seul chez le général, il se décida à l'y
accompagner ; qu'ils trouvèrent le général à table avec
plusieurs officiers de son état-major; qu'alors, lui adressant
la parole, il lui dit : — Voici, général, un cultivateur qui
vient vous porter des plaintes relativement h l'enlèvement
de quatre quintaux douze livres de blé froment que des
militaires ont pris chez lui, il y a deux jours, et qui se
sont en outre portés à des voies de fait envers son frère
qu'ils ont rencontré dans son champ et qu'ils ont pris
pour lui-même en lui supposant l'intention de se rendre à
Ghallans pour les dénoncer; qu'alors ils l'ont renversé à
coups de crosse de fusil et l'ont laissé pour mort ; que la
réponse du général a été celle-ci : — Je n'y puis rien ;
12
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— 178-
n c^est ta faute des habitants de Challans qui achètent les
» objets provenant du pillage des militaires ; que c'était
0 également la faute de la municipalité et du district qui ne
i> punissaient pas les habitants qui recèlent les objets volés ;
0 qu'il leur répliqua qu'il était étonnant que lui, général, ifl
0 une semblable sortie contre T Administration du district,
n puisqu'il ne pouvait pas ignorer qu'il avait dénoncé au
0 juge de paix la veuve Lucas, qui avait acheté du blé volé
» par des dragons, et qu'il avait vu la réponse de ce juge de
M paix qui ne se croyait pas compétent ; et que c'était le
I) commandant de la place qui devait en connaître en l'absence
» de l'officier de police militaire ;
» Considérant que, jusqu'ici, l'Administration a fait son
» devoir en dénonçant au général de brigade Gratien les
n excès en tout genre auxquels se porte l'armée campée sous
» Challans, qui tendent évidemment à augmenter les forces
i) de Charette, en réduisant à la plus affreuse misère ceux
» des cultivateurs qui voudraient rester paisibles chez eux ; en
» les poussant au désespoir, ils préféreront sans doute mourir
» les armes à la main plutôt que de mourir de faim chez
» eux, oii les mauvais traitements exercés, tant sur eux que
» sur leurs femmes, ne leur permettent plus de rester ; que
» l'Administration avait lieu d'espérer que le général de
» brigade Gratien aurait pris des mesures, sinon pour pré-
a venir tous ces excès et tous ces malheurs, du moins les
• diminuer, les empêcher de se reproduire en aussi grand
» nombre ; mais que, loin de voir ces espérances se réaliser,
») les désordres continuent et tout présage aux malheureux
» habitants de Challans la plus affreuse misère, puisqu'ils se
» voient enlever la seule ressource qui leur restait, par la
I) destruction de leur récolte en vin ; que déjà même ils ne
» peuvent plus se procurer de blé parce que les cultivateurs
» environnants, qui en ont déjà fort peu récolté, ne veulent
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- 179 -
» plas le vendre à quelque prix que ce soit, par la certitude
» qu'ils ont que les militaires leur enlèveront au-delà de
» l'excédent de leur provision, soit en pillant leurs pains,
» soit en enlevant leurs grains et farines ;
» Considérant que, plusieurs fois, à cette Administration,
• le général de brigade Gratien avait fait la promesse de
■ faire cesser ces discordes ; qu'il était d'autant plus urgent
» de le faire que l'usage immodéré que les soldats du camp
> ne cessent de faire du raisin ou plutôt du verjus a multiplié
> dans le camp de la manière la plus effrayante les maladies;
• que déjà plusieurs d'entre eux sont attaqués de la dyssen-
» terie;
» Considérant enfin que le général de brigade Gratien
» accuse maintenant la municipalité de Challans et cette
■ Administration d'être la cause de ces désordres en ne
' faisant pas punir ceux des habitants de Challans qui se
» permettent d'acheter des effets pillés; que cette inculpation
■ de sa part tend évidemment à diminuer sa responsabilité,
» comme si les autorités civiles pouvaient quelque chose sur
» le militaire, tandis que, d'un autre côté, il ne peut ignorer
» que l'Administration s'est fait un devoir non pas de punir,
» parce qu'elle n'en a pas le droit, mais de dénoncer aux
» juges, qui doivent en connaître, ceux des habitants qui se
» permettent d'acheter de ces effets, lorsqu'elle parvient à en
• avoir connaissance ; qu'une telle imputation de la part du
• général Gratien est une injure faite par lui à ta raunicipa-
• lité de Challans et à cette Administration, et qu'elle tend
» à vouloir les faire regarder comme les complices des excès
» en tout genre dont les militaires se rendent coupables ;
» Ouï le Procureur-Syndic, arrête qu'il sera écrit au général
» de brigade Gratien pour lui dénoncer de nouveau les excès
» que commettent des militaires dans les campagnes envi-
» ronnant la place de Challans et même dans les communes
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»
— iso-
voisines, notamment en détruisant une récolte d'enviroH
» huit cents barriques de vin au préjudice de la santé du
» soldat qui, journellement, tombe malade en grand nombre;
» qu'il lui sera représenté qu'il a fait injure k la aiunicipalilé
» de Cballans et k cette Administration en lui faisant une
» telle imputation ; arrête, en outre, que copie du présent
» arrêté lui sera adressée ainsi qu'au général en chef, aux
» représentants près les armées de l'Ouest et au Comité de j
D Salut public. »
Le 26 thermidor, ordre fut donné au Directoire d'envoyer
k la monnaie de Paris Targenlerie et autres effets précieux
d'or et d'argent, diamants et bijoux, qui peuvent encore
rester sous la surveillance de l'Administration et dans
quelque dépôt que ce soit de son arrondissement, soil
qu'ils viennent d'émigrés, déportés, condamnés, détenus
ou autres, soit qu'ils proviennent des églises supprimées
ou non supprimées, rétablies ou non rétablies.
Déjk antérieurement on avait envoyé k Nantes les matières
d'or et d'argent qui se trouvaient dans les églises, et ce,
ponr y être fondues.
Le 29 fructidor, un tonneau de blé avait été enlevé par
des militaires de la métairie de la Sorliëre, commune de la
Garnache, parce que le métayer, le sieur Cormier, leur avait
paru suspect, ayant caché son blé dans son jardin. Mais
Cormier ayant déclaré qu'il n'avait agi que pour le soustraire
aux recherches des rebelles, le Directoire ordonna qu'il lui
fût rendu.
Le lendemain, 80 fructidor, un secours était adressé au
Directoire pour être réparti entre les personnes nécessiteuses
qui avaient cherché un refuge dans le district.
Le deuxième jour complémentaire de l'an 111, Charles
Savin, ancien juge près le Tribunal du district de Ghallans,
avait dirigé les attaques les plus violentes contre les
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— 181 —
membres du Directoire ; ceux-ci avaient répondu par un
mémoire, qu'il trouva calomnieux contré sa personne. Il le
cita devant le juge de paix, se portant partie civile et deman-
dant que chacun d'eux fût condamné à 1,000 fr. de domma-
ges-intérêts, dont il déclarait vouloir faire l'abandon aux
pauvres de la commune. Les membres du district, n'ayant
fait que défendre leur Administration, refusèrent de compa-
raître devant le juge de paix , s'appuyant sur l'article 18 du
litre II du décret du 24 août 1790, ainsi conçu : « Les
» fonctions judiciaires sont distinctes et demeureront toujours
* séparées des fonctions administratives. Les juges ne pour-
9 ront, à peine de forfaiture, troubler de quelque manière que
• ce soit, les fonctions du corps administratif, ni citer devant
» eux les administrateurs pour raison de leurs fonctions. (>) »
Le quatrième jour complémentaire, de nouvelles plaintes
Paient adressées au général Gratien, contre les soldats, qui
ne se contentaient plus de piller les récoltes, de voler le pain
des habitants des campagnes, mais qui leur enlevaient aussi
tous leurs effets d'habillement.
Le 1«' vendémiaire an IV, quatre cultivateurs de la
Garnache vinrent se plaindre de ce que les militaires leur
avaient enlevé tout leur blé, disant qu'ils étaient à la veille
de mourir de faim et qu'il leur était impossible d'ensemencer
leurs terres. Ces blés avaient été enlevés pour l'approvision-
nement de Challans et payés après expertise. Le Directoire
décida que la quantité de blé nécessaire h la subsistance des
réclamants et à l'ensemencement de leurs terres leur serait
rendue.
Un camp composé de 5 à 6,000 hommes d'infanterie et de
quelques cavaliers avait été établi a Soullans, sans qu'au
(*) Je irai pu savoir quelle avait était la décision du juge de paix.
J. M.
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— 182 —
préalable rAdrainistralion de la guerre se fût assurée de
provisions pour les hommes et pour les chevaux. Il fallut que
le Directoire y pourvût et pour arriver à cela, il établit, de
permanence à Soullans, d'accord avec la municipalité de
Ghallans, un commissaire, auquel elle donna de pleins
pouvoirs pour faire punir ceux qui refuseraient de livrer à la
troupe les denrées qui auraient été requises.
Le lendemain, le général Raoul, commandant le camp,
écrivit au Directoire, le priant de lui adjoindre un de ses
membres pour une expédition qu'il devait faire la nuit. Le
sieur Cormier fut désigné à cet effet et partit immédiatement
rejoindre le général Raoul.
Le 26 vendémiaire an IV, la municipalité de Saint-Gervais
écrivait au Directoire pour lui faire connaître toutes les
atrocités commises sur quelques habitants de la commune
par la troupe de Pajot et lui demander protection. Le Direc-
toire décidait qu'il en serait écrit au général de division
Ganuel, en résidence à Machecoul.
Le lendemain, comme confre-partie, un membre du Direc-
toire annonçait « que les soldats de l'armée campée h Soul-
» lans se portaient aux plus grands excès, en démolissant
à les maisons et en emportant des métairies le foin et la
M paille, destinés à la nourriture des bestiaux, l'hiver
» prochain et pendant les labours. Il demandait qu'il fût
« écrit au commandant du camp pour lui dénoncer ces excès
» et l'inviter à prendre tous les moyens qui étaient en son
i> pouvoir pour les réprimer.
» Le Directoire, ouï le Procureur-Syndic, adopte cetle
proposition. »
Le Directoire avait succédé à la Convention. Luminais
aîné avait été nommé membre du Corps législatif. Le Direc-
toire du district de Ghallans s'en félicite, parce que personne
mieux que lui ne connaissait l'état du pays, l'affreuse
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-183 -
guerre civile qui désolait ces malheureuses contrées et les
moyens qu'on, employait pour la terminer. Le Directoire
aiTêlait qu'il lui serait écrit pour lui donner tous les rensei-
gnements possibles sur la manière dont se fait la guerre et
dont se comportent les armées avec invitation de prendre,
de concert avec ses collègues au Corps législatif, la posi-
tion des malheureux habitants de la Vendée en la plus
grande considération et les mesures nécessaires pour y
remédier.
Le 5 brumaire an IV « un membre représente que de
» nouvelles plaintes sont continuellement portées h celle
• Administration contre quelques soldais de l'armée campée
» à Soullans, qui, non contents de voler le pain, la viande,
• le linge et toute autre espèce de vêtements, en se permet-
• tant d'ouvrir les coffres, armoires et tout ce qui renferme
» quelques effets, portant même la cruauté et la barbarie
i> jusqu'à écraser à coups de sabre et de crosse de fusil et
» menacent même les malheureux cultivateurs de tirer sur
» eux ; que cette conduite est bien contraire" à celle promise
» par la Convention nationale et même par la proclamation-
» du général en chef de l'armée de l'Ouest, et demande
» qu'il soit écrit au commandant de la force armée pour lui
» dénoncer ces excès et l'inviter à y apporter un prompt
a remède.
» Le Directoire, ouï le Procureur-Syndic, adopte celle
» proposition. »
Le 7 brumaire, un arrêté du déparlement en date du
29 vendémiaire, était transmis au Directoire. Conformément
à la loi du 19 vendémiaire, il portait que des cleclions
auraient lieu le 10 du présent mois, pour nommer les diffé-
rents fonctionnaires publics du canton. Le Directoire adres-
sait de suite un exemplaire de cet arrêté à chacune des
communes libres.
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— 184 —
•
Le même jour, le Directoire prenait connaissance d'un
autre arrêté du département, qui, dans une réquisition de
30,000 quintaux de paille et 30,000 quintaux de foin pour
tout le département, comprenait le district de Cballans pour
8,500 quintaux de foin et 2,000 quintaux de paille.
« Le Directoire, considérant que, par différentes réqiiisi-
» sitions qu'il a faites lui-même sur les communes de ce
» district, il est très probable quelles ont fourni plus que
» leur contingent, tant en foin qu'en paille, arrête qu'il sera
» écrit aux divers gardes-magasins de fourrages des corainuDes
» de Challans, Saint-Gilles, Noirmoutier et Bouia, k l'effet
» de savoir la quantité de foin et de paille qui ont été versés
» k leurs magasins respectifs depuis la récolle, de laquelle
» quantité ils en dresseront le tableau qu'ils enverront sans
o délai à l'Administration du district, qui en fera passer Je
t) résultat au déparlement. «
Le 11 bruniaire v un membre dit que des bouviers de /a
» commune de Soullans, Joseph Ghampot, de la Grande-
» Mougie, et Pierre Massonneau, du Puyprit, allant au Bocage
» avec leurs voilures, qui avaient été requises par la force
w armée sortie du camp de Soullans, furent frappés violem-
» ment à coups de sabre par l'un des officiers commandant
» le détachement, le 9 de ce mois ; que Ghampot se plaint
» surtout de la brutalité de l'officier qui le frappa ; il le
» désigne assez pour le faire connaître et il est de la 85*
» demi-brigade ; qu'il est à observer que ce citoyen fut
» frappé, parce qu'une cheville de sa charrette étant cassée,
» il avait été dans la nécessité de la remplacer pour conli-
» nuer sa course ; que Massonneau se plaint également
» amèrement de cet officier, et il demande qu'il soit écrit au
» citoyen Dubois, chef de brigade, commandant à Challans,
» pour lui dénoncer la conduite de cet officier, qui ne sait
» pas respecter les cultivateurs qui servent la chose publique.
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— 185 —
» Le Directoire, ouï le Procureur-Syndic, adopte cette
• proposition. »
Le lendemain, 12 brumaire « un membre observe qu'il a
» été écrit le 6 de ce mois à l'adjudant général Mermet,
» conamandant le camp de Soullans, pour se plaindre des
» excès que commettent dans cette commune les soldats
» sous ses ordres, et que, malgré les plaintes réitérées, le
» désordre ne diminue pas. Il demande qu'il soit envoyé
■ copie de cette lettre au général en chef avec invitation de
» prendre toutes les mesures que lui dictera sa prudence
« pour faire cesser ces désordres.
» Le Directoire, ouï le Procureur-Syndic, adopte celte
» proposition* »
L'Administration de la guerre venait de décider d'évacuer
ks postes de Soullans et Riez pour occuper Saint-Jean-de-
ïiflits, Nolre-Dame-de-Monts et le Perrier. Le Directoire
craignant que l'abandon complet de Soullans ne livrât entière-
ment ce pays, qui est la clé du marais, à l'ennemi, demanda
que 200 hommes y fussent laissés, demandant également
deux postes, de 50 hommes chaque, l'un pour Sallerlaine,
l'autre pour Saint-Gervais , qui étaient complètement dé-
sarmés.
Au 15 brumaire, le Directoire du district cessait ses fonc-
tions pour faire place à une Administration nouvelle, ainsi
composée : Merland, président ; Lefebvre, agent municipal
de Challans ; Boisselier, agent municipal de Sallertaine ;
Bremaud, agent municipal de Soullans ; Doisy, agent muni-
cipal de Goudrie ; Ganachaud, secrétaire en chef ; Bironneau,
commissaire exécutif du Directoire.
A partir de ce moment, nous ne voyons guère d'incidents
et de faits dignes d'être rapportés. Les plaintes contre les
soldats, d'une part, contre les Vendéens, de l'autre, parais-
sent bien moins fréquentes. Le calme semble renaître ; et on
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-186 —
peut dire du district de Challans : Heureux les peuples qui
n'ont pas d'histoire.
Notons cependant l'extrait suivant d'une délibération prise
au sujet de la répartition de fonds qui avaient été accordés
aux communes du département. Cet extrait établit l'état de
dévastation dans lequel la guerre civile avait laissé le canton
de Challans :
« Considérant qu'il n'est peut-être pas de canton dans le
» département qui ait été le plus ravagé que celui de Challans
» (le chef-lieù seulement excepté encore que plusieurs
» maisons aient été pillées et incendiées), puisque les campa-
» gnes ont presque toutes été incendiées, la commune de
â> Coudrie, par exemple, où il n'est resté qu'un seul petit
D hameau, le reste a été livré aux flammes ; les communes
» de Challans, SouUans et Sallertaine, outre l'incendie d'une
» grande partie des maisons et granges servant aux exploi-
D talions et l'enlèvement de la presque totalité de leurs
n bestiaux, ont encore été privées de leur récolte pendant
o toute la durée de la guerre. »
Nous arrivons ainsi au 1®' floréal an VI, époque à laquelle
furent installés les membres de l'Administration municipale
du canton élus k des élections récentes, les membres en
exercice étant arrivés au bout de leur mandat.
La nouvelle Administration fut composée de :
Merland, réélu président.
Commune de Challans. Moreau, agent municipal ; Chamot,
adjoint. — Commune de Sallertaine. André Denys, agent
municipal; Joseph-Louis-Félix Mourain, adjoint. — Commune
de Soullans. Jean Bremaud, agent municipal ; Joseph Papon,
adjoint. — La commune de Coudrie n'ayant point eu de
réunion de son assemblée électorale, l'Administration nomma
Doisy, charpentier, agent municipal de cette commune et
Blanchard, adjoint.
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-.187-^
Ganacbaud avait cessé ses Tonctions de secrétaire de
rAdmiolslralion municipale du canton de Ghallans et avait
élé remplacé par Febvre. Le 26 vendémiaire an VII, il les
«prit, Febvre ayant été révoqué pour cause de négli-
geDce.
Le pays était devenu bien plus tranquille. Cependant au
11 brumaire, an VIII, une certaine agitation régnait encore
dans les campagnes. Le Commandant de la force armée de
Ghallans demandait que les barrières de la place fussent
rétablies, pour qu'elles pussent résister à l'éventualité d'un
coup de main, des brigands en nombre parcourant le pays
el venant jusqu'aux portes de Ghallans. L'Administration
municipale ordonna le rétablissement desdites barrières.
Le lendemain, l'Âdminislraiion instruite que les brigands
4^ signalés enlevaient les armes qu'ils trouvaient dans
les campagnes , ordonna qu'un désarmement général eut
lieu. Les réfugiés abondaient de nouveau à Ghallans
et l'Administration déclarait que , dans l'état actuel ,
il' lui était impossible de mettre à exécution l'art. 5 de la
loi du 4 vendémiaire dernier ainsi conçu : « Dans les trois
» jours de la réception de la présente loi, les administrations
« municipales du canton nommeront des commissaires, qui
• se transporteront dans chaque commune, y recevront les
» déxîlarations prescrites par l'art. 5 et feront le dénombre-
• ment exact de tous les chevaux, juments, mules et mulets,
» qui y existent. »
Les nouveaux insurgés prenaient le nom de Chouans.
Ils se portaient particulièrement dans le marais.
L'Administration municipale du canton prit l'arrêté sui-
vant :
« Art. 1. — Il est fait défense à tous individus habitant
» les rives du marais de fournir leurs bateaux où tous
» autres moyens aux brigands, qui se présenteront pour
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— 188 —
» entrer dans le marais, même aux étrangers, qui ne seront
» pas porteurs de passeports visés par les administrations
» environnantes.
» Art. 2. — Ceux qui seront convaincus d'avoir favorisé
0 d'ime manière quelconque l'entrée des brigands ou
» étrangers dans le marais, ou seulement d'avoir laissé
» prendre leurs bateaux pour ne pas les avoir* mis en lieu
» de sûreté, seront regardés comme leurs complices et
» dénoncés comme tels à la justice.
» Art. 3. — Les bons citoyens sont invités, au nom du
» bien public et de la tranquillité de leur pays, à dénoncer
» tous ceux qui prévariqueront audit arrêté.
» Art. 4. — Le présent arrêté sera publié et affiché dans
» toutes les communes du canton, afin que personne n'en
» ignore.
» Art. 5. — Il sera écrit aux administrations munici-
» pales de Saint-Gilles, Saint-Jean-de-Monls cl Beauvoir
M pour les inviter à prendre pareilles mesures. »
Le 11 nivôse an VIII « un membre observe que, dans
» les circonstances présentes, où des brigands royaux connus
» sous le nom de Chouans parcourent les campagnes , y
» commettent toute espèce d'exactions et de vols, on ne
» saurait prendre trop de précautions pour éclairer les
» routes et assurer la sûreté particulière des voyageurs ;
» qu'il y a sur la route de Challans k SouUans deux taillis
» appelés taillis de la Motte, qui se trouvent des deux côtés
» de la grande route ; que des malfaiteurs peuvent se
» cacher dans ces bois et attendre le voyageur sans en
» être aperçus, et venir tout- à-coup fondre sur lui pour
M le piller et le voler pour ne rien dire de plus ; qu'il est du
» plus grand intérêt pour la^ sûreté publique de faire couper
i> les bois taillis des deux côtés de la grande route à une
tt distance d'au moins cinquante toises ;
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-189-
• L'AdmiaistralioD municipale, le Commissaire du Gouver-
• nemenl entendu, approuve la mesure ci-dessus proposée
» et arrête que le fermier de la terre de la Motte sera
0 tenu de faire couper les deux taillis dont il est question,
» à la distance d'au moins cinquante toises, et qu'à cet
» effet, expédilioç du présent lui sera adressée. »
 quelque temps de là, le ^ floréal an VllI, à la réunion
de l'Administration : « Le Commissaire du Gouvernement
» donne lecture d'une lettre écrite à cette Administration
» par le citoyen Lefaucheux, préfet du déparlement de la
» Vendée, en date du 11 floréal dernier, parvenue à cette
» Administration, il y a deux jours, par laquelle il la prévient
» qu'en exécution de l'art. 5 de Tarrélé des consuls du 11
• ventôse dernier, relatif à l'établissement des préfectures, le
i citoyen Gaudin, sous-préfet de l'arrondissement des Sables,
• dont ce canton fait partie, a prêté entre ses mains le
• serment de fidélité, prescrit par la loi ; qu'en conséquence
» celte Administration ait à cesser ses fonctions. »
Les rouages administratifs de la France étaient changés.
La direction des affaires était remise aux préfectures et aux
sous-préfectures. Les districts n'existaient plus.
Ici s'arrêtent les notes et manuscrits de mon père. Aussi
bien son œuvre élait-clle terminée. Du moment oii les arron-
dissemenls étaient organisés, par là même les districts dispa-
raissaient et les hommes qui les avaient dirigés rentraient
dans la vie privée.
En publiant ces pages, j'ai obéi, je crois, à un sentiment
filial et j'ai adressé un hommage à cette Vendée que mon
père a tant aimée, oii je suis né et pour laquelle je garderai
toute ma vie le plus profond attachement.
Julien MERLAND.
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RAPPORT DE M. MAITRE
sua
L'HISTOIRE DES CHAPELLES-BOURBON
DE M. LEGOUX.
Messieurs,
L'opuscule que vous m'avez transmis pour être examiné
porte le titre suivant : Histoire de la commune des Cha-
pelleS'Bourbon, par Jules Legoux. L'auteur n'en est pas à
ses débuts comme écrivain : il a déjà publié un volume de
jurisprudence et plusieurs comédies ou saynètes, il se recom-
mande donc à notre attention et c'est avec empressement que
j'ai parcouru son nouveau volume. M. Legoux est un patriote
ardent, qui s'est attaché au pays qu'il administre en qualité
de maire et qui voudrait conserver et augmenter autour de
lui l'amour du sol natal en recueillant dans une sorte de
table chronologique les faits, grands ou petits, qui se sont
accomplis autour du clocher. Sa pensée est aussi de créer
un mémorial administratif oii les magistrats municipaux
puissent trouver rapidement les noms, les dates et les docu-
ments dont ils ont besoin pour l'étude, la discussion et
l'expédition des affaires. Le but, vous le voyez, est très
louable.
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-19!-
Commenl Fauteur s'est-il acquitté de sa tâche iionorable ?
Voici son plan.
Le premier chapitre est un précis historique qui com-
mence au XI* siècle, au moment où la dame de
Garlande Haouis donna naissance à la paroisse en fondant
deux chapelles sous la dépendance de Tabbaye de Saint-
Maar-des-Fossés, et finit au 21 septembre 1885, jour de
Tinauguration de la nouvelle mairie. Ensuite, vient une table
chronologique des faits principaux, qui nous offre, après la
série des seigneurs, le résumé des principales décisions du
Conseil municipal, puis les événements heureux ou malheu-
reux qui se sont passés aux Chapelles-Bourbon, la liste des
maires, adjoints, conseillers, instituteurs, gardes-champétres,
curés et desservants, qui se sont succédé. Là, je note une
lacune en passant, car je ne vois pas la liste des syndics ou
iBarguilliers qui administraient la paroisse avant 1790, ce
qui ferait croire, à tort, que le curé fût le seul administra-
teur du pays. En revanche, je remarque avec plaisir un
instituteur à la date de 1651. Les renseignements adminis-
tratifs, agricoles et la statistique qu'un maire doit avoir tou-
jours sous les yeux, occupent bon nombre de pages.
La seconde moitié du volume comprend le relevé de toutes
les notes historiques consignées par les curés sur leurs
registres et les actes de baptêmes, mariages et sépultures
HX)Qcemant les personnes de qualité. Parmi les pièces justifi-
catives, je citerai un tableau de la répartition de la taille
réelle et personnelle, un état des biens vendus nationalement
et sept biographies de personnages qui appartiennent à l'his-
toire générale de notre pays, tels que le maréchal Augereau,
que M. Legoux s'est empressé d'inscrire sur son répertoire
parce qu'il a possédé l'une des fermes de sa commune.
La notice du duc de Penthièvre nous apprend qu'étant
seigneur du pays, il donna son nom aux Chapelles-BourboQ.
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-^192 —
Voilà bien des faits minuscules qu'on serait surpris de voir
enregistrés, si l'auteur ne nous avait prévenus qu'il veut
faire une sorte de livret de famille communale. Le titre d'his-
torien qu'il a emprunté n'est que pour le frontispice du
volume ; il avoue bien vite dans sa préface qu'il ne compte
pas découvrir de faits mémorables dans les Annales des
Chapelles. Quelle que soit la portée du volume, le peu de
retentissement auquel il est appelé, il a cependant son utilité.
M. Legoux vous l'offre, non pas à cause de son intérêt, mais
comme le type d'un cadre que chaque maire rural devrait
s'efforcer de remplir pour sa propre instruction, comme pour
la leçon de ses administrés.
L'œuvre de M. Legoux, telle qu'elle est, peut-elle être
offerte à l'imitation ?
Pour l'apprécier nous devons la diviser en deux parties
distinctes. Si je la considère au point de vue administratif
comme un manuel, je la crois appelée à rendre de grands
services, car il est bon qu'un maire et son conseil aient tou-
jours sous les yeux le tableau exact de ce qu'ont fait leurs
prédécesseurs. C'est pour eux un stimulant à bien faire et un
guide contre les erreurs.
Si j'examine la partie historique qui tient la plus grande
place, l'auteur me semble avoir attaché trop d'importance à
des détails qui mériteraient de demeurer dans l'oubli. C'est
émietter l'histoire que de choisir un cadre aussi restreint et
de le remplir d'événements aussi insignifiants. Le lecteur
ordinaire n'a pas le temps de s'attarder aux petits faits que
recherchent les érudits. Ce qu'il faut au public illettré, ce
sont des notions générales et des peintures à grands traits.
L'œuvre de M. Legoux eût été bien autrement instructive si,
rattachant sa petite agglomération de 104 habitants à une
grande unité administrative féodale ou judiciaire, il avait
exposé brièvement dans son préambule par quels liens son
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- 193 —
petit territoire se rattachait à raulorité royale, au parlement,
au diocèse, à l'élection, à Tintendance, s'il avait dépeint les
hiœurs et les coutumes locales. Elargissant l'horizon jus-
qu'aux limites de sa contrée qui est la Brie, il aurait trouvé
à citer, non pas des noms de propriétaires, mais des nolabi-
lilés qui, par leurs services éclatants ou leurs bienraits, ont
mérité de vivre dans la mémoire de leurs concitoyens. Nous
n'avons pas besoin d'insister pour nous faire comprendre et
nous sommes persuadés que M. Legoux, mieux que personne,
aurait su donner tous ces attraits à son livre si le sort l'avait
conduit sur un terrain plus fécond en événements et en
grands hommes. La critique doit être très bienveillante à son
égard, car nous ne sommes pas habitués à trouver beaucoup
d'écrivains préoccupés d'exactitude historique, parmi les chefs
k nos municipalités. Le suffrage universel ne nous gâte pas
soQs ce rapport. Les félicitations ne sauraient être trop
empressées autour des hommes dévoués qui, comme M.
Legoux, n'exercent le pouvoir que pour répandre autour
d'eux la lumière.
13
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QUELQUES LETTRES INÉDITES
DE PAUL BAUDRY
Par Julien MERLAND
JOOB SUPPLÉANT AU TRIBUNAL CIVIL DE NaRTBS.
Lorsqu'il y a • quelques années, mon père écrivait ses
Biographies vendéennes, il me disail en parlant de Paul
Baudry : « Je ne m'occupe que des morts. Ce n'est donc
pas moi qui écrirai sa biographie. » Hélas ! à un an de date,
presque jour pour jour, l'un et l'autre devaient succomber
et aller, à peu de distance l'un de l'autre, se retrouver là où
on ne se sépare plus.
Pendant près de quarante années, mon père, qui avait
connu Baudry enfant, entretint avec lui des relations suivies.
Il me fut donné à moi-même de connaître le grand artiste
et de pouvoir apprécier ses nobles qualités. On m'a souvent
raconté qu'au moment oii Baudry, premier prix de Rome,
partait pour l'Italie, il voulut faire mon portrait. J'avais
alors peut-être six à sept ans. Pris de colère et probable-
ment de peur, je refusai obstinément de lui laisser prendre
mes traits.
Des relations de mon père avec Baudry résulta une cor-
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^Tespondance dont, aujourd'hui, j'ai recherché les traces. En
] fouillaDl dans les papiers de famille j'ai retrouvé onze lettres
Iwiginales émanant de Paul Baudry et la copie d'une dou-
Izfeme. J'ai pensé que peut-être la communication en offri-
Irait-elle quelque intérêt et c'est pourquoi je me suis décidé à
|les publier.
La première, par ordre chronologique, dont je n'ai que la
[copie, date de loin. Baudry avait alors une vingtaine d'an-
tBées. Cette lettre, adressée aux parents de Baudry, fut
; reproduite par mon père dans son discours de Président de
I la Société académique de la Loire-Inférieure (année 1877).
Je l'en extrais textuellement :
« Nous vivons pour être heureux en définitive, il faut
• àxsBC que la raison choisisse les droits chemins. Pour
» moi, c'est une conviction, l'homme le plus heureux sur
» terre, c'est celui qui a le cœur pur, l'esprit cultivé, une
• bonne tête et des bras pour gagner sa vie. L'on ne
» dépend plus de personne, lorsque tout le monde a
» besoin de vous. Ainsi est l'ouvrier. Qu'importe les révo-
» lutions et les bouleversements, il faut toujours des
» maisons, des souliers, des cbapeaux, etc.; et l'on se
• passe fort bien de tableaux. Je veux donc qu'Ambroise
• apprenne un état manuel, je veux qu'il soit menuisier ;
» c'est un état intéressant ; on dessine tous les jours, un
• ouvrier intelligent a, avec le rabot, toutes les routes
• ouvertes vers l'art. Avec cette profession, on vit partout,
» et, dut-on la laisser pour devenir artiste, on a toujours
• cette ressource et la vie assurée.
» Si vous habitiez une grande ville, et qu'il y eut à
» choisir dans les métiers, peut-être aurais-je donné la
• préférence h la ciselure. Mais vous êtes à Napoléon, et
» le seul état qui me convienne pour Ambroise, est celui
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-196-
» de menuisier ébéniste. Je voudrais aussi ne commencer
0 que lorsque Ambroise aura quinze ou seize ans ; deux
» ans, c'esl assez pour apprendre un métier, et alors, sûr
» de lui-même, de ses ressources, de sa vie, je Temmène
» a Paris à mon retour, là nous serons ensemble, et je
•' réponds du reste. Qu' Ambroise continue donc jusqu'à
» cette époque, ses éludes ; qu'il laisse de côté l'archi-
» tecture qu'il ne peut comprendre et qu'il dessine comme
» je le faisais. Mais voilà l'objection à laquelle vous vous
» arrêterez peut-être, et comme elle m'est venue souvent
» à la pensée, je ne veux pas manquer de vous en parler ;
» faut-il le faire aller au collège jusqu'à seize ans ? N'est-
» ce pas en faire une espèce de Monsieur^ un demi-
i> bourgeois manqué ; lui donner des espérances et des
n sottes ambitions pour le faire descendre plus tard, à
» l'atelier de menuisier, lui donner le rabot, qu'il prendra
)) à contre-cœur, avec mépris peut-être, en se souve-
» nant d'un tel qui est à Saint-Cyr, ou d'un autre qui
» est devenu bachelier, étudiant, etc. Oui, c'est là
» recueil : mais pour un imbécile ! je connais assez mon
» Ambroise pour savoir que ce n'est pas à redouter pour
» lui, il n'aura pas d'envie, si ce n'est celle de faire bien,
» pas d'autre orgueil que de valoir, comme homme, le
0 premier venu ; il saura, à cet âge, que la vraie supério-
» rite ne consiste que dans le cœur et la raison. Un
» homme est coupable de ne pas faire tous ses efforts pour
n s'instruire, et la bonne instruction, même la plus
» étendue, ne gêne pas pour tenir un outil. Qu'il dessine
» donc comme s'il devait devenir peintre, et qu'il manie
0 le rabot comme un brave ouvrier ; un mauvais peintre
» est une calamité, et un menuisier, même médiocre^
*> est utile.
» Alors, avec ces bons commencements, instruction,
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— 197 —
» raison droite, bon cœur, des bras habiles au métier et
» au crayon, nous ne serons pas embarrassés et nous
» ferons notre chemin ensemble. »
Ce jeune Ambroise, dont Baudry parle avec tant de solli-
cilude, est devenu le célèbre architecte dont le nom est
connu de l'Europe entière. Aujourd'hui, il pleure à chaudes
! larmes celui qui fut pour lui un second père. Obéissant à la
plus pieuse des pensées, il rassemble tout ce qui émana de
son frère et il écrit à chacun pour le prier de lui communi-
quer les lettres que l'on peut posséder de Paul Baudry. J'ai
reçu, dans ce sens, une demande d' Ambroise Baudry et rien
n'est plus touchant que sa lettre qui m'a été communiquée.
D veut, et il a raison, conserver à ses enfants tout ce qui se
rattache à son frère et le leur laisser comme un modèle à
suivre, afin qu'ils perpétuent à tout jamais le nom si illustre
et si honorable des deux Baudry.
A une époque à peu près -concomitante avec celle où fut
écrite la lettre que je viens de transcrire, Baudry adressa de
Rome la lettre suivante, la première dont je possède l!ori-
ginal :
A Monsieur le D^ Merland.
Rome, le 10 août 1854.
! a Cher Monsieur Merland,
! » J'ai été touché jusqu'au fond du cœur des soins que
» vous avez donnés à mon pauvre petit Ambroise. Je suis
» persuadé que vous l'avez sauvé et que c'est un bienfait à
I » ajouter à ceux que j'ai déjà reçus de vous. Quel homme
I » bon et charmant vous êtes î Vous témoignez à vos amis,
» par tous les moyens possibles, que vous les aimez et que
» vous les aimez inaltérablement. Je voudrais être auprès de
» vous pour vous presser les mains et vous dire, dans toute
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— 198-
« Teffusion de mpn âme, combien je vous suis reconnais-
n sant. Mais vous le savez, cher Monsieur, à quoi bon vous
» le dire. Nous nous entendons parfaitement et ces lignes ne
»> vous apprendront rien. Il me reste seulement une crainle,
» une inquiétude : c'est que vous ne soyez affligé de ma
» paresse épistolaire et qu'une vilaine inspiration ne se soit
*> glissée dans votre esprit pour vous faire croire à un affai-
» blisseraent de mon affection pour vous. Non, non, cher
•» Monsieur, je vous aime toujours comme par le passé et le
» nombre de mes lettres n'a rien à voir Ik-dedans. Vous
A devinez, avec votre instinct d'homme d'esprit, que la vio
n artistique est un tourment continuel.
n Lorsque la toile est blanche, mille espérances ardentes
M vous clouent devant le chevalet. On a hâte de les voir
« vivantes et réalisées. Dans ces moments, une solitude
*> morale immense se fait autour de celte idée fixe. C'est
» notre pierre philosophale que nous cherchons ; nous mar-
'> chons comme des fous, comme l'astrologue du père
» Lafontaine, les yeui fixés sur l'étoile qui scintille et dis-
« paraît à chaque instant et il nous arrive mille accidents
« semblables à celui de la fable. Je ne sais point si je ferai
» la même chute. Mais enfin j'ai réussi à fixer l'image
t> idéale que je poursuivais. La Fortune est une déesse
» vagabonde bien difficile à saisir. Mais l'audace sied si bien
»> aux jeunes fous. C'est la passion de la jeunesse. Je l'ai
» prise par sa longue chevelure et je l'ai peinte dans le
)) simple appareil. L'avenir me dira si je n'ai saisi que son
» ombre et si ses cheveux me resteront dans la main comme
» cela est arrivé maintes fois à en croire les poètes.
» Voici mon sujet : La Fortune et le jeune enfant (Lafon-
« taine, fable XI, livre V). J'ai brodé sur ces deux vers :
» Mon inignou, je vous sauve la vie,
» Soyez, une autre fois, plus sage, je vous prie.
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— 191) -
» Vous voyez, cher Monsieur, que le sombre Vendéen est las
» des meurtres, des luttes tragiques. U a voulu prouver qu'au
• fond, il est bon enfant et que les joues veloutées et les
- lèvres roses le charment aussi comme peintre. Quoi-
• que ayant fait Sabinus dans le charnier des Gémonies, il
» est ravi à la vue des petits blondins au nez retroussé,
• aux sourires à fossettes ; il abhorre, surtout dans l'art
» moderne, la spécialité dans le sentiment. Il croit que la
» peinture ne se fait pas comme un cent d'épingles. N'avez-
9 vous pas frémi à celte idée qu'un homme fait par le bon
« Dieu, exécute toute sa vie des têtes d'épingles, rien que
» des têtes, un autre les tiges, un autre toutes les pointes !
» Cette idée m'a piqué au vif et je veux faire mon épingle
• tout entière» Voilà un bien vilain jeu de mots et je ne
• puis guère l'attribuer qu'à l'influence de ce bon M. Sauzet
• que j'entends peut-être trop souvent. U est à Rome dans
» ce moment et il est ravi d'avoir été arrêté par un infor-
« luné brigand qui lui a pris cinquante sous. Son histoire
• vaut cinquante louis pour l'importance qu'il lui donne, et
» depuis quinze jours il la raconte dix fois par soirée. Je
0 vous épargnerai tous les faibles calembours qu'il place en
« se tapant sur la cuisse, geste oratoire dont il use trop
• fréquemment. Je me bornerai à vous demander si vous
• savez pourquoi nous sommes allés jeter l'encre dans la
• mer Noire. C'est son meilleur.
» Oh ! mon Dieu ! me voilà tombé dans cette abominable
» question d'Orient ! En ressentez-vous le contre-coup dans
» la Vendée. Est-ce que la guerre vous inquiète en France ?
» U me semble à moi que cela va durer bien longtemps, et
» la poudre à canon va bien noircir les tableaux.
» J'ai causé politique, l'autre jour, avec ce charmant et
« amusant M. Ampère. Les lettres et les arts frissonnent au
» bruit du canon. Mais je m'aperçois tous les jours que les
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-200-
9 savants et les artistes sont des enfants insouciants et
» paresseux, qu'ils se laissent aller au courant de Teau sans
9 jamais se soucier d'aborder la rive. Ce bon M. Ampère
» continue avec la même activité flâneuse son ouvrage
» commencé, et c'est bien sans le savoir qu'il touche un peu
» à ce que Nicolas I*^ voudrait prendre. Le titre de son
9 ouvrage est, je crois, l'Origine de l'art bysantin. Vous
9 avez lu les voyages de M. Ampère. Vous savez quel esprit
» et quelle bonhommie ! Eh bien ! c'est tout l'homme. On
9 lui donnerait mon âge en voyant son imprévu et sa viva-
9 cité d'imagination. L'autre jour, après un déjeuner vif et
9 animé, il a voulu me soutenir, en prenant un accent
» marseillais des plus violents, qu'il n'y avait que Marseille
9 qui fût d'origine grecque. Je lui ai ôté mon chapia et je
9 lui ai dit en patois de paysan de comédie mêlé des beaux
9 jurons du Bocage, les antiquité d'e Nichouille (*) et
» d'Olonne. Vous devez avoir deviné à ce surabondant
» bavardage, qu'il aime mon tableau et qu'il me l'a dit.
9 Tant pis, voilà le bout de mon oreille.
9 Cette lettre a été vite et je regrette de l'avoir si mal
9 remplie. Pardonnez-moi, mon cher Monsieur Merland, et
*• conservez-moi toute votre bienveillante indulgence.
9 Adieu, cher Monsieur, je vous embrasse de tout mon
9 cœur.
9 Paul BAUDRY.
» Mes hommages respectueux à M™« Merland. »
Cette lettre nous a paru charmante. Ecrite avec Y humour
d'un jeune homme, dans certaines parties elle dénote toute
la profondeur de pensée et tout l'esprit de celui qui devait
être le grand artiste. Ajoutons qu'il ne faut pas oublier
(*) Ecqaebouille, un des faobouigs de la Roche-sor-Too.
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— 201 —
qu'au moment où il écrivait cette lettre, Baudry avait vingt-
sli ans.
La seconde lettre est du mois d'août 1869. Elle ne porte
pas de date. Mon père venait d'être nommé chevalier de la
Légion-d'Honneur. Il ne savait qui avait pu le désigner à
l'Empereur pour l'obtention de cette haute distinction. 11
avait pensé que ce avait pu être Baudry ; il lui écrivit à ce
sujet et en reçut la charmante lettre que voici :
Cl Cher ami,
j> Votre lettre m'a causé une bien grande joie en m'appre-
» nant votre nomination de chevalier. Je dois vous avouer
» 1res sincèrement que mon cœur n'avait pu former jusqu'à
» présent que des vœux stériles pour la réalisation de cet
• acte de haute et pure justice. Vous êtes si aimé et si
* profondément estimé de tous vos amis que vous trouverez
» peut-être difficilement celui qui a eu le bonheur de faire
» signer à l'Empereur cette croix de vrai chevalier. Quant à
» moi, j'ai une méchante pensée pour cet ami, je l'envie.
» Mais je vous aime de tout mon cœur et vous serre
^ affectueusement la main.
« Paul BAUDRY.
» Je m'imagine que vos parrains sont M. Drouyn de
» Lhuis ou M. Emile Leroux. Si j'ai occasion de le rencontrer,
» je le saurai. »
Baudry, dans cette lettre, a commis évidemment une
erreur de plume. Au lieu de Emile Leroux, il faut lire Alfred
Le Roux, qui était alors député de la Vendée et dont le fils,
M. Paul Le .Roux, est lui-même, actuellement, un des plus
sympathiques députés de ce départemenl. J'ai aujourd'hui
quelques raisons de croire que Baudry ne se trompait pas et
que, avec une discrétion parfaite, dont il ne s'est jamais
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départi, c'étail M. Alfred Le Roux qui avait fait décorer mon
père.
Quelques mois plus tard Baudry venait d'être nommé
membre de riostilut. Voici en quels termes il annonce sa
nomination :
Rome, le 1t mai 1870.
ff Cher Monsieur Merland,
» Je tiens à vous apprendre moi-même, bien que vous le
» sachiez probablement, ma nomination à l'Institut. C'est k
I) vous que je pense et aux quelques rares amis de ma
» jeunesse, lorsqu'il m'arrive quelque événement heureux
» dans ma vie d'artiste. C'est à vous, à défaut de mon père,
« que je reporte tout le plaisir que j'en puis éprouver. J'étais
» venu dans ce pays pour m'y retremper dans la solitude et
» poursuivre les études de mes grands travaux incessants de
» l'Opéra. Mon attente y a été entièrement trompée. J'ai
» eu ici de tristes préoccupations. 11 m'est arrivé un ami
») extrêmement malade. Je suis devenu son soutien, son
M unique ressource. Mon pauvre ami a une maladie de
»> poitrine arrivée, je crois, à la période fatale. Sa femme
>» qui l'accompagne ne sait pas l'ilalien. Je les garde à
» Rome et vais être obligé de les suivre à Venise oii le
« malade veut absolument se rendre. Il peut mourir sur le
») chemin. Voilà les deux faces de toutes les choses humaines:
» la douleur pour un peu de joie.
» Mon frère Ambroisc a eu un grand triomphe à l'exposi-
n lion de celte année; il a exposé son projet de Viennct qui
n lui a valu le 1" prix en Allemagne, et un nouveau travail
)) sur le Forum romain.
» Il a obtenu la première des six médailles réservées à
» l'architecture.
» Ma santé est bonne, bien que j'aie eu comme d'habitude
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— 203 —
• le tribut à payer au climat italien. Tout est bien maintenante
» J'espère que Dieu dissipera toutes mes inquiétudes et
» qu'il me donnera la grâce d'accomplir ce que je viens
- faire ici.
» Veuillez agréer, cher Monsieur et ami, tous mes vœux
» pour vous et votre famille et croyez-moi bien toujours
•• votre très affectionné,
D Paul BâUDRY. ^
La quatrième lettre remonte à Tannée 1871, au lendemain
lie nos désastres :
A Monsieur Constant Merland, à Nantes.
Bordeaux, 11 mars.
« Cher Monsieur Merland,
» Je viens de recevoir votre lettre. Je suis sauf, ainsi que
mon frère. J'ai quitté Paris il y a mois avec lui (•).
Je l'ai dirigé vers le Caire.
» Mon pauvre frère a été terriblement exposé cet hiver et
il a fait vaillamment son devoir comme tous les Vendéens ;
c'est une consolation pour moi d'avoir vu nos provinces
de l'Ouest se montrer si vraiment françaises. Que de
défaillances ailleurs ! J'ai- encore le cœur brisé de tous
nos malheurs. Mes travaux et mes études habituelles sont
bien loin de moi. Je ne sais à quoi me rattacher. Je ne
vous parlerai pas du siège de Paris. C'est un sujet d'amer-
tumes et de souffrances pour moi. Cette lutte de cinq
mois contre la populace et les Prussiens a été un enfer.
» Nous causerons de ces tristes choses quand nous nous
(*) Un mot a été évidemment omis.
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— 204 —
» reverrons. Ne maudissez pas trop Paris. Il a fait son devoir.
ù On en dira jamais assez de bien ni assez de mal.
» J'ai rencontré ici Beulé qui m'a parlé de vous, et
0 M. Gauja et son fils. Je crois que nous aurons la joie de
a revoir M. Gauja, préfet de la Vendée.
» J'irai de mon côté bientôt ; j'essaierai de vous joindre.
t Les deux Bonnin vont bien. J'ai été à Cherbourg pour
» voir Etienne. Il venait de quitter la rade sur la Savoie.
« Je vous serre la main bien affectueusement.
» Paul BAUDRY. «
Tout commentaire affaiblirait ces lignes. Baudry est là
tout entier : Vendéen, grand homme de cœur, grand
patriote.
Les cinquième, sixième et septième lettres datent de l'année
1875.
A ce moment, Baudry séduit par la magnifique plage de
Saint-Gilles-sur- Vie, avait conçu l'idée de s'y construire un
chalet. Il rencontra un propriétaire récalcitrant qui, pensant
sans doute qu'il était millionnaire, voulut lui vendre à prix
d'or quelques mètres de terrain sablonneux. Baudry renonce
h son idée et s'exprime ainsi :
A Monsieur le D' Constant Merland. rue Copernic, i,
Nantes.
Paris, 1i jaio.
« Cher ami,
» Vplre appréciation sur le seigneur X... me semble en
» tous points exacte. Je ne sais vraiment pas ce qu'espère
» ce vieux vérificateur. En tous cas, il ne lui viendra rien
*i de moi et j'ajourne indéfiniment mes projets de Saint-
1) Gilles.
» Les terrains du docteur Grolleau sont trop éloignés de
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-20S —
• la mer, et mon projet de petite maison n'avait d'autre
» raison que le voisinage immédiat du rivage et de la lame.
» Quand j'irai vous voir en septembre, rien ne nous empfi-
» chera de pousser jusque-là en chassant, et nous veiTons
a mieux sur le terrain.
» Je suis en train de m'installer; c'est bien long et bien
» ennuyeux. Je prévois que je ne pourrai me mettre au
» travail avant une quinzaine. Mais, quoiqu'il arrive, je
» quitte Paris le 1" septembre et je veux suivre vos conseils
» d'ami et de docteur. Un mois de pêche et de chasse valent
» mieux que les escrimes et les douches du gymnase Paz.
» Mes bons souvenirs à nos amis et aux vôtres.
» Votre ami ,
*> PAUL. •
A quelques mois de là il nous écrivait pour tenir sa pro-
messe de venir nous voir à notre campagne, à Ghallans :
A M. Constant Merland, aux BallièreSj près Ghallans
{Vendée).
La Roche-sur- Yon.
« Cher Monsieur Merland,
» J'ai le désir de tenir la promesse que je vous ai faite.
1» Mais je voudrais avoir de vous quelques indications pré-
» cises pour vous retrouver et surtout savoir si ma visite
» aux Rallières ne vous causerait en ce moment aucun
» embarras.
» Mais êtes-vous aux Rallières ? Peut-on y aller avec le
» fusil de chasse?
» Quels sont les moyens de locomotion et les heures
» préférables ?
» Si ma lettre vous trouve dans votre retraite, j'aurai de
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— 20fi —
» suite ces petits renseignements ; si vous êtes à Nantes,
û soyez assez bon pour m'en aviser , car j'ai très peu de
*) temps à passer en Vendée et j'ai des engagements dans
» des départements voisins.
» Veuillez présenter mes hommages à vos dames et
» croyez-moi toujours votre fidèle et très affectueux,
• Paul BAUDRY,
» La Roche-sur-YoD, rue Gouvion, 9. »
Quelques jours après, il nous écrivait de nouveau.
La Roche-sui'-Yon, mercredi 22 septembre 1875.
a Cher ami ,
» je compte aller h Saint-Gilles après demain vendredi.
» J'y resterai peu de temps, car il faut bientôt revenir à
» Paris reprendre mes travaux. Si vous pouviez me faire
)) prendre à Saint-Gilles samedi matin, j'irais passer la journée
I) de samedi tout entière aux Rallières. Je ne pourrai qu'aller
» vous serrer la main et voir un peu vos champs. Il me faut
» rentrer à la Roche pour un petit travail de restauration
» de cuir de Cordoue que j'ai apporté de Paris et que je ne
» puis faire qu'ici dans ces quelques heures de vacances
» que je prends en Vendée. Si vous aimiez mieux dimanche
» pour ma visite aux Rallières, ayez la bonté de m'en prévenir
» par dépêche à la Roche.
» Avons,
I) P. BAUDRY.
B descendrai k Saint-Gilles chez Malescot, sur le quai
Saint-Gilles, près le bureau des diligences. »
is eûmes le plaisir de recevoir Baudry et de chasser
ui. Je dois ajouter, pour Être véridique, qu'il songeait
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— 207 —
beaucoup plus à contempler la nature qu'à se livrer à dés
exploits sur des perdrix et des lapins. Je me rappelle Tanecdote
suivante : Un lapin venait à lui. Quelqu'un le fit remarquer
à Baudry et s'étonna qu'il ne l'ait pas tiré. Il répondit simple-
ment : « Que voulez-vous !... Ces petites bêtes qui viennent
à moi... J'aime autant les voir courir. Àb ! si c'étaient des
perdrix qui s'enfuiraient, je ne dis pas.... »
Je me souviens cependant qu'il tua un écureuil sur la
demande d'un de ses jeunes neveux qui l'accompagnait.
La huitième lettre se rapporte à une époque oii de grands
événements venaient de s'accomplir en Egypte. Ambroise
Baudry s'y trouvait alors. Mon père, inquiet, écrivait à Paul
pour avoir des nouvelles de son frère. 11 en reçut la lettre
suivante :
A Monsieur le D' Merland, rue Copernic, 5^ Nantes.
a Paris, 18 juillet 1882.
» Bien cher Ami,
• Je suis hors d'inquiétude pour Ambroise et sa femme.
» Ils viennent d'arriver en Italie.
» Mon frère est resté au Caire jusqu'au 8 juillet et s'est
» embarqué le 5 pour le retour en France.
*> Il sera bien sensible à votre lettre, il vous a toujours
9 fidèlement conservé sa vive affection.
» Je ne sais ce qui se sera passé au Caire. Je crois que
• les événements si cruels d'Alexandrie ont été grossis. Déjà
» à Paris on a dit que tout n'est pas absolument détruit
» comme nous le disaient les premiers rapports.
» Enfin, grâce à Dieu, Ambroise est sain et sauf. J'ai appris
» aujourd'hui qu'il en était de môme pour notre directeur de
• l'école, M. Maspéro, qui est resté intrépidement au Caire
» avec les quelques jeunes savants français. Une poli-
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-208-
» tique un peu hardie nous eût épargné tous ces nnalheurs
»> et les Anglais auraient pu faire débarquer des soldats au
« lieu de faire ce sot bombardement.
» Il n'y a pas d'armée indigène en Egypte ; c'est une
» pure ineptie de nos gouvernants d'y croire ; il n'y aura,
» vous le verrez, aucun combat d'Alexandrie au Caire. Mais
» l'impéritie de nos cliefs militaires laissera le temps aux
» bandits d'incendier et d'assassiner.
» La hardiesse d'un général eût sauvé la vie à des raillions
» d'êtres humains.
» Décidément, cher ami, tout baisse dans notre Europe,
M et surtout, hélas ! dans notre pauvre pays.
» Je vous envoie, cher bon ami, tous mes tendres souve-
» nirs d'affection, ainsi qu'à votre famille.
» Votre ami,
» Paul BAUDRY. .
Je ne puis indiquer la date de la neuvième et dernière
lettre adressée k mon père, cette lettre n'étant pas datée.
Elle doit remonter à une quinzaine d'années. Moti père avait
alors la pensée d'écrire la biographie d'un sculpteur vendéen,
Bousseau. Pensant que, soit par lui-même, soit par ses amis,
Baudry pourrait lui fournir des renseignements sur ce person-
nage, il lui écrivit et en reçut la réponse suivante :
(c Cher Monsieur Merlând,
» J'ai reçu votre dernière lettre avec un bien grand plaisir.
n Elle me prouvait que vous vous portiez bien et que vous
0 employez utilement vos loisirs. Ces travaux sont tout à fait
» dignes de votre excellent et judicieux esprit.
» J'ai communiqué à un de mes amis, un peu bibliographe,
» la note que vous m'envoyez.. Je vous avouerai à ma grande
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— 209 —
honte que j'ignorais l'existence de notre sculpteur vendéen.
J'ai prié cet ami de compléter les renseignements que vous
possédez et qui me semblent très étendus pour la vie d'un
artiste. Vous savez que Vasari n'en sait pas si long sur des
artistes italiens, allemands ou français dont il écrit la vie,
quoique les œuvres et les noms soient souvent très célèbres.
Quelle pénurie de détails pour les grands artistes de la
Renaissance et même sur ses contemporains ! Il ne nous
dit rien de la vie de Raphaël ; quelques anecdotes insigni-
fiantes sur Michel-Ânge, qu'il a pratiqué pendant de longues
années, dont il était l'ami intime, voilà tout.
» Je doute par ces raisons qu'il soit possible d'étendre vos
renseignements sur notre Vendéen.
» J'écris à Madrid à un artiste de mes amis ; peut-être
aurons-nous de ce côté quelques indications sur ces travaux
faits en Espagne, si toutefois ses sculptures n'ont pas été
ensevelies dans la nomenclature usuelle, commode poiu*
les ignorants (école de tel temps) ^
» Que d'oeuvres distinguées, môme beUes, perdent leur
extrait de naissance sous cette rubrique facile, école
française, école italienne. Quand la chose est belle, on
l'attribue à tel, le chef de file, puis les œuvres de second
ordre de celui-ci passent à l'actif de l'école.
» Les anciens avaient la bonne habitude de ne pas signer.
Le chef-d'œuvre s'affirmait sans le nom. Les (i)
Romains endossaient le reste.
» Sitôt que j'aurai quelque chose de satisfaisant et de
nouveau, je m'empresserai de vous le communiquer.
Recevez, en attendant, cher Monsieur Merland, l'expression
de mes bien sincères et bien vives amitiés.
(0 J'ai dû laisser ici en blanc an mot absolument illisible sor roriginal.
i. M.
14
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— MO —
» Mon frère se joint à moi dans le même sentiment pour
«> vous. Il est toujours très occupé à son Hôlel-de- Ville de
n Vienne. (C'est un concours public).
» Votre ami,
. Paul BAUDRY- .
En outre des lettres que je viens de citer, j'en possède
deux autres écrites, hélas ! à moi-môme. Bien qu'elles ravi-
vent en moi les plus cruels souvenirs, et peut-être à cause de
cela même, elles me sont doublement précieuses.
La première est datée du 17 janvier 1885, neuf jours
après la mort de mon père.
A Monsieur Julien Merland, rue Copernic, 5, Nantes.
a Monsieur,
• J'ai reçu avec une vive émotion la funeste nouvelle
» que m'apportait votre lettre.
» Je vous suis. Monsieur, reconnaissant de vous être
« souvenu de la profonde affection que j'avais pour votre
» vénéré père.
» Bien que nous fussions séparés depuis de longues
» années, ma pensée était souvent jivec lui et au moment
* même oii vous aviez les angoisses de sa fin, je parlais de
» lui à mon confrère de l'Académie française, M. Camille
» Doucet, au sujet des travaux littéraires qui occupèrent ses
0 loisirs aux Rallières et à Nantes. Je n'aurai pas eu, bêlas !
0 la satisfaction de lui donner ce dernier témoignage de mon
• affection.
» Soyez assuré, Monsieur, que je garderai éternellement
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-211 —
• le souvenir de cette amitié qui m'a été si fidèle et dont je
« remercie Dieu.
» Agréez, ciier Monsieur, l'expression de mes sentiments
« dévoués.
• Paul BAUDRY.
» Paris, 17 janvier 1885.»
La deuxième lettre est du 14 décembre 1885.
A Monsieur Merland, rue Copernic, 5, Nantes.
Cl Paris, le 14 décembre 1885.
0 Cher Monsieur,
» Votre père, qui fut le meilleur et le premier ami de mon
• enfance, me chargea, il y a bien longtemps, de remettre
* au Secrétariat de l'Académie française ses livres {Biogra-
» phies vendéennes) et vous aurez su sans doute la distinc-
» lion que l'ouvrage de votre père a obtenue tout récemment ;
» mais je tiens à vous confirmer cet événement dont l'éclat
» eût été si apprécié de nous tous, et qui, malheureusement,
» ne ravive que d'amers et de douloureux souvenirs.
» Veuillez, cher Monsieur, agréer l'expression de mes
» sentiments dévoués.
D Paul BAUDRY («).
Je puis bien dire, je crois, que ce fut une des dernières
(^) A cette lettre était joiut Textrait suivant da rapport de M. Camille
Doocet (séance du 26 novembre 1885, page 23).
M L'Académie accorde en oalre une mention honorable à cinq petits
» volâmes dans lesquels sont accumulés les meilleurs exemples de courage
» et de vertu, et que leur auteur, M. C. Merland, a publiés sous ce titre :
n Biographiei vendéennet. n
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lettres que dut écrire Paul Baudry. Un mois plus tard, il
n'était plus. Les sentiments qu'il exprime dans ses deux
dernières lettres sont bien l'expression de son cœur. Grand
artiste, Vendéen dans l'âme, bon parent, ami sûr et fidèle,
tel fut celui qui restera une des gloires les plus pures de ma
chère Vendée.
Julien MERLAND.
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RAPPORT
SUR
L'EXPOSITION D'HORTICULTURE
Par le Dr DELAMARE.
Une réunion de circonstances non préméditées va faire
de notre paisible cité un centre de grande attraction.
La Société de Géograpliie commerciale de Nantes va
réunir autour d'elle de nombreuses sœurs venant de plusieurs
points de la France. Vous connaissez son programme, vous
avez pu apprécier ses vues, ses tendances, son importance
commerciale et industrielle.
Une Exposition organisée par ses soins, et sous le
patronage de la Ville, va réunir tout ce qui peut se
rattacher aux questions si importantes de notre industrie
nantaise et de notre commerce maritime si gravement
compromis.
Vous avez vu avec quel empressement notre ville s'est
associée à cette œuvre, si pleine d'espérance; et notre
Administration municipale n'a reculé devant aucun sacrifice
pour la mener à bien. Vous pouvez en juger par le dévelop-
pement considérable qu'elle a donné aux constructions qui
couvrent nos deux Cours. Mais la Société de Géographie ne
sera pas seule dans la lice.
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-«^14-
Dans un autre ordre d'études, une seconde Société issue
de l'Association bretonne, à la suite de son Congrès archéo-
logique tenu h Nantes en 1845, par ses travaux et ses
développements successifs, s'est élevée à cet état d'impor-
tance où se trouve en ce moment la Société d'archéologie
de Nantes et de la Loire-Inférieure.
Par une coïncidence fortuite, depuis 1884, la Société
française d'archéologie avait choisi notre ville pour y
tenir son Congrès cette année. Les riches collections que
renferme notre Musée d'archéologie, les importantes substruc-
tions de villas gallo-romaines, découvertes par notre actif
et savant collègue, M. Léon Maître, à Mauves, à Petit-Mars,
et par M. Chaillou dans sa propriété des Cléons, sont autant
d'attraits pour ceux qu'intéressent les souvenirs de l'art
antique- et du séjour des Romains dans les Gaules.
Enfin, une troisième compagnie, la Société nantaise d'Hor-
ticulture viendra prêter à la science et à l'industrie le
concours de ses brillantes et utiles productions. Après son
Exposition générale, concours de Roses, puis Congrès pomo-
logique. Sa tâche sera donc longue et variée.
D'autres Sociétés, les unes littéraires, les autres artistiques,
paraissaient devoir, aussi elles, se mettre sur les rangs ;
les journaux de notre localité en ont même publié les pro-
grammes et les jurys. Cet élan semble s'être arrêté. Mais
notre Administration municipale paraît devoir y suppléer.
Sous son initiative, une Exposition de peinture, une série de
concerts viendraient donner un attrait de plus aux fêtes
projetées.
Si l'industrie, la science et les beaux-arts vont trouver
des éléments à leurs applications, la curiosité publique aura
aussi sa part : concours de tir, concours de gymnastique,
il y en aura pour tous les goûts.
Cette dernière Société, sous le nom de Société de gymnas-
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— 218 —
tique de France, a choisi Nantes pour siège de sa 12* fête
fédérale.
De toutes ces réunions de Société diverses une seule doit
ici fixer notre attention.
La Société nantaise d'Horticulture, suivant son habitude,
est venue demander à sa sœur, l'Académie, un de ses
membres pour faire partie du Jury appelé à juger du mérite
des exposants. Dans sa séance du 27 avril dernier, notre
CoDiité central m'a fait l'honneur de me choisir pour repré-
senter notre Société. J'ai dû accepter cette tâche, et je me
fais un devoir de vous rendre compte de la mission que
vous avez bien voulu me confier.
Commençons donc par jeter les yeux sur le lieu de
l'Exposition florale. Aujourd'hui l'emplacement est le même
qu'en 1882, le square au bas du cours Saint- André. Comme
à cette époque, le passage qui, ordinairement, sépare l'un
de l'autre, a été supprimé, pour faire de l'horticulture une
annexe de l'Exposition commerciale et industrielle.
Le plan du jardin avait été cette année mis au concours.
Exécuté par M. Provost, horticulteur paysagiste, il ne pouvait
guère différer des précédentes dispositions, commandé qu'il
était par les exigences du terrain. Ainsi, rocailles, cascade,
pelouses coupées d'un lac, de ruisseau serpentant, accidentées
de divers massifs, fleurs, arbustes et arbres, l'ensemble
nous rappelle à peu de choses près, tant en bas qu'en haut,
l'ancienne disposition, y compris la tente de la Société,
faisant fond au paysage.
Mais l'heure est arrivée, les délégués se réunissent dans
une pièce agréablement placée dans une élégante construc-
tion du côté de la rue Tournefort, au-dessus de trois petits
salons sur lesquels nous aurons à diriger plus tard votre
attention.
M. Marmy, secrétaire de la Commission d'organisation,
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— Î16 —
donne lecture des conditions générales des concours cl des
récompenses que la ville met libéralement à la disposition
du Jury.
Ces récompenses consistent: en médailles d'or, de vermeil,
d'argent, !'• et 2« classes, et de bronze. Enfin un prii
d'honneur, médaille d'or ou objet d'art d'une valeur de
200 fr. pour l'exposant qui aura obtenu le plus grand
nombre de prix, ou celui dont les produits auront été jugés-
constituent l'ensemble le plus complet et le plus remar-
quable.
M. le Secrétaire fait ensuite l'appel des délégués des
diverses Sociétés d'horticulture qui se sont rendues k l'invita-
tion de celle de Nantes. Neuf y ont répondu :
MM. De Coniac, président de la Société centrale d'IUe-el-
Vilaine.
Lançon-Gaulry, délégué de celle du Loiret.
Brézeau-Proust, délégué de la Société d'horticultttfe
d'Orléans et du Loiret.
Gonlard-Delaunay, délégué de la Société d'horticulture
d'Angers.
Lemée-Bocheron, délégué de la Société d'horlicullure
de l'Orne.
Gentilhomme, secrétaire, délégué de la Société d'horti-
culture de Vincennes.
Georges Kritler, délégué de la Société d'horticulture de
Saint-Germain-en-Laye.
Fonteny, délégué de la Société d'horticulture de Cholet.
Gandy, délégué de la Société d'horticulture de Limoges.
Enfin, votre rapporteur, ayant l'honneur de représenter la
Société Académique de la Loirc-lnférieure.
Le Jury ainsi réuni devait, avant tout, se constituer en
nommant son bureau. La nomination du Président aurait dû
se faire au scrutin secret ; mais la majorité en a décidé
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-217-
autrement, et, par acclamation, les voix. se sont portées sur
voire délégué, qui n'aurait eu pour titre à cet honneur que
le triste privilège d'être le doyen d'âge de la réunion, s'il
n'avait eu celui bien plus recoramandable de représenter
l'Académie de la Loire-Inférieure.
Malgré mes refus plusieurs fois réitérés, j'ai dû céder aux
instances, je dois le dire, bien affectueuses de mes honorables
collègues, et me soumettre à une tâche qui, je ne me le
dissimulais pas, devait être au-dessus de mes forces.
A la vice-présidence, toutes les voix ont proclamé, sur
ma proposition, M. de Coniac, président de la Société centrale
d'horticulture d'ille-et- Vilaine, et sur MM. Marmy et Ernest
Crouan pour la tâche de secrétaires.
Tous les deux, chargés de l'organisation de l'exposition et
do placement des lots exposés, nous ont, par leur zèle et leur
connaissance de la position des groupes, rendu notre mission
plus facile. Je me plais à les remercier ici de l'empressement
qu'ils ont mis à nous guider dans notre travail.
Ainsi constitué, le Jury s'est rendu sur les lieux des con-
cours ; c'est de son travail que j'ai à vous rendre compte.
Pour abréger le plus possible mon rapport, je ne parlerai
avec quelques détails que des principaux lauréats, ne disant
que quelques mots des expositions d'une importance secon-
daire. Je passerai sous silence la partie spécialement indus-
trielle de l'Exposition, confiée à une Commission prise en
dehors du Jury. Je ne suivrai donc pas l'ordre^ numérique
des concours, et je commencerai par celui qui a réuni le plus
de suffrages.
De tous les concurrents, le plus important par le nombre
des concours auxquels il a pris part, par la valeur des
récompenses qu'il a obtenues, par l'ensemble à la fois complet
et remarquable de ses collections, est, sans contredit, M. Cha-
telier fils, horticulteur praticien, petite rue Saint-Glément.
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Successeur de M. Ménoreau dans son important établisse-
ment, il soutient dignement la réputation de son prédécesseur
tant de fois lauréat de notre Société.
M. Chatelier, outre une médaille d'or d'une valeur de
100 fr., deux de vermeil, grand et petit modules, et une
d'argent grand module, a réuni toutes les conditions exigées
pour recevoir le prix d'honneur offert par la ville de Nantes,
et consistant en une médaille d'or ou un objet d'art. Nous
citerons seulement, comme les plus importantes de ses collec-
tions primées :
1<* Le splendidc massif d'Azalées de l'Inde en fleurs, le
lot le plus* considérable et le plus remarquable de l'Expo-
sition ;
a^^JL'imporlante collection de Palmiers, Pandanées, Cyca-
dées, dont Iplusieurs genres de cette dernière famille, Ence-
phalartos, Cycas, Macrozamia, figurent pour la première fois
dans lesjcultures nantaises ;
8<* Enfin, un lot considérable de Yuccas, d'Aroïdées et de
Fougères arborescentes.
En second lieu vient M. Richard, praticien, rue des Hauts-
Pavés: médaille d'or de 100 fr. pour sa remarquable collec-
tion de Caladium que MM. les Jurés étrangers ont signalée
comme l'une des plus belles qu'ils aient vues. M. Richard a
reçu de plus une m('!daille de vermeil grand module, une
d'argent grand module, pour ses Bégonias rex discolor^ et
son lot de 50 plantes de serre et de pleine terre remarquables
par leur rareté et leur bel état de culture.
Enfin, M. Guichard, praticien, rue des Hauts-Pavés, avec
une médaille d'or et une médaille de vermeil grand module
pour ses collections de plantes de serre chaude et de serre
tempérée.
Nous citerons surtout des Orchidées en bel état de floraison:
Lycasler Skinnerii^ Eucharis Amazonii, Odontoglosstm
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-219 —
Alexandra, Catleya Citrina, des Anthurium, des Bertho-
lonia^ etc.
Enfin, pour une belle collection de plantes de serre chaude,
mais moins importante, M. Gouleau, praticien, rue Fulton, a
reçu, pour 2* prix, une médaille de vermeil grand module.
Passons maintenant aux collections de plantes de pleine
terre et de serre froide, toutes aussi dignes d'encouragements,
car ces végétaux, d'une culture facile, peu exigeante, plus
accessibles aux petites bourses, sont le sujet d'un commerce
considérable et cultivés sur une très vaste échelle.
Deux praticiens se sont principalement distingués par le
nombre et la variété de leurs apports.
M. René Bahuaud, praticien, rue des Ghalâlres, pour ses
remarquables collections : 1° de Rosiers, répondant à
plusieurs concours de cette spécialité, amenés par une
culture forcée à un étal satisfaisant de floraison ; 2° son lot
considérable de plantes grasses: Aloées, Cactées, Agavées,
etc. ; 3^ ses Fougères de serre froide et de pleine terre,
a reçu cinq médailles, deux de vermeil, grand et petit
module, trois d'argent, deux grands et un petit module.
M. Méchineau, praticien à Chantenay, cultive principale-
ment les plantes dites marchandes, celles qui approvisionnent
en partie le marché aux fleurs. Aussi M. Méchineau a-t-il pu
se présenter avec succès dans de nombreux concours :
Orangers, Héliotropes, Géraniums de plusieurs classes.
Pétunias à fleurs simples et doubles, massifs de Pensées,
etc., lui ont valu trois médailles de vermeil, deux grandes et
une petite, et trois d'argent grand module.
Quant aux autres prix accordés pour la floriculture, à des
collections intéressantes, il est vrai, mais de moins d'impor-
tance, nous renverrons aux diverses publications qui ont
déjà rendu compte de l'Exposition.
Nous citerons seulement:
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— 420 —
M. Prévost pour ses Conifères et Palmiers ornant les
pelouses du jardin, médaille de vermeil ;
M. Gbagnas : lot de Cinéraires, médaille d'argent petit
module ;
. M. Gouleau: Fucshias variés, médaille d'argent petit
module ;
M. Heurlin : collection de Lierres, médaille d'argent grand
module ;
M. Bellet : Renoncules, fleurs coupées, médaille d'argent
grand module.
Nous arrivons maintenant à une spécialité horticole bien
importante : les expositions légumières. Nous n'aurons pas à
nous étendre beaucoup, mallieureusement, sur ce sujet, vu
le petit nombre de concurrents. Sur neuf concours institués,
quatre au plus ont été remplis. Aussi le Jury n'a pu suivre
le programme dans ses termes et il a réuni les concurrents
sans distinction.
Pour le plus beau et le plus nombreux lot d'ensemble de
légumes de la saison :
1" prix, M. Hélie Jacquart, horticulteur à Bain (lUe-et-
Vilaine), médaille d'or de 40 fr. ;
2« prix, M. Auguste Praud, à Doulon, médaille d'argent
grand module.
Pour un lot d'au moins dix espèces différentes :
1" prix, M. Félix David, rue des Hauts-Pavés, médaille de
vermeil petit module ;
2* prix, M. Loreau, jardinier au Hallay, commune de la
Haie-Fouassière, médaille d'argent grand module.
Pour le plus beau lot de Pommes de terre précoces:
M. Jacquart, déjà primé, médaille d'argent petit module.
Pour le plus beau lot d'Asperges :
!•' prix, M. Jacquet-RifiBet, à Bon (Loiret), médaille de
vermeil grand module ;
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2« prix, M. Jean-Marie Chesneau, chez les Frères de
Toutes-Aides, médaille d'argent grand module;
8* prix, M. Loreau, déjà nommé, médaille d'argent petit
module.
Une industrie qui se rattache intimement à la floriculture
et qui, de nos jours, prend de plus en plus de l'importance,
a élevé nos bouquetières au rang de véritables artistes.
Hodifiantlles termes de son programme primitir, la Commission
de l'Exposition et des Concours a établi des prix importants
pour l'ornementation des salons par bouquets, corbeilles et
jardinières. Leurs expositions dans les petits salons du rez-
de-chaussée de la salle des délibérations du Jury attiraient
l'attention d'une foule incessante de visiteurs.
Quatre bouquetières ont répondu à l'appel de la Société :
M"« Ghamblelte aurait obtenu le 1«' prix; mais s'étant pré-
sentée comme hors de concours, elle n'a pu recevoir que les
félicitations unanimes du Jury.
M"« Guichard, rue des Hauts-Pavés, a obtenu le 1" prix,
médaille de vermeil grand module, augmentée d'une valeur
de 100 fr.
2« prix, M°»« Béchat, Haute-Grande-Rue, médaille d'argent
grand module, augmentée de 75 fr.
8« prix, M"« Gapais, rue de la Bastille, médaille d'argent
petit module augmentée de 25 fr.
Dans un salon voisin des précédents, plusieurs plans de
jardins d'une valeur réelle étaient exposés. Leur auteur,
M. Aubry, architecte-paysagiste, s'étant mis hors concours
par l'apposition trop ostensible de son nom, n'a pu recevoir
que les vives félicitations du Jury.
Vous désirerez sans doute, Messieurs et honorés collègues,
connaître mes appréciations sur l'Exposition horticole de
l'aonée 1886. Si je la compare k celle des années 188-2 et
1884, auxquelles vous m'aviez fait l'honneur de me déléguer.
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—^22 —
je trouve certains concours non remplis cette année. De
plus, dans les deux expositions générales précédentes, certains
lots paraissaient plus garnis, les collections plus rapprochées
les unes des autres. Par une nécessité des dispositions, une
partie des concours de 1886 a dû être portée sur le cours
Saint-André même. Séparés du jardin proprement dit, ces
lots attiraient moins Tatlention du public. Plusieurs visiteurs
ont à peine entrevu la partie haute de l'Exposition. Quoi-
que ayant un mérite réel, ces collections, remarquables la
plupart plutôt par leur mérite horticole que par l'éclat de
leur floraison, ont dû, par cela même, échapper à l'attention
de^ visiteurs.
Cependant, nous le devons dire hautement, l'importance
des collections, nécessitant la culture en serres chaudes el
tempérées, n'a pas été au-dessous de celles des années pré-
cédentes. Les efforts de ces praticiens, leur habileté dans la
culture difBcile de ces végétaux exotiques; les dépenses
devant lesquelles ils n'ont pas reculé, sont dignes d'encoura-
gements et bien au-dessus des récompenses que nous leur
avons décernées.
Cependant, je ne puis dissimuler les vifs regrets que j'ai
éprouvés en voyant l'abandon dans lequel sont tombées ces
belles collections qui, naguère encore, donnaient tant d'éclat
à nos expositions. Où sont ces curieuses plantes grasses,
cultivées il y a h peine quelques années, par plusieurs ama-
teurs; ces Gloxinias, ces Gesnerias, ces Achiménès aux
splendides corolles, ces Bégonias, ces Coleus aux feuillages
jaspés de couleurs si vives, si variées, ces Rhododendrons,
ces Pélargoniums, ces Cinéraires, ces Calcéolaires, et tant
d'autres, que nous nous empressions de primer autrefois. A
peine si nous avons rencontré quelques rares spécimens d'un
petit nombre d'entre elles, dispersés au milieu d'autres étran-
gères ; et cependant elles sont, à cette heure, en pleine flo-
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raison. Que sont devenus nos amateurs qui s'empressaient
de se rendre à nos invitations et ne dédaignaient pas les
médailles que nous leur offrions. Mais, surtout, quelle déplo-
rable pénurie dans nos expositions maraîchères ! Quelques
rares fidèles viennent encore nons apporter leurs produits.
Une médaille d'or, spécialement destinée aux collections
légumières aurait dû tenter, sinon la cupidité, au moins le
zèle de nos praticiens. Une exposition a mérité le prix et
c'est celle d'un amateur étranger à notre département. Nous
avons accordé une médaille de vermeil grand module, pour
une collection de Pommes de terre précoces ; c'est encore
un étranger qui l'obtient. La médaille pour le plus beau lot
d'Asperges s'en va dans le Loiret. Sur sept concurrents,
trois lauréats ne sont pas de la Loire-Inférieure.
. Cependant, nous pouvons affirmer que bien de nos maraî-
chers de Doulon, de la route de Rennes, de Chantenay et
autres de nos environs, auraient pu, largement et avec succès,
disputer les prix que nous avons accordés.
On ne se plaindra pas, cependant, de la parcimonie ni de
la tiédeur de notre Société d'Horticulture. Elle n'a jamais
reculé devant le nombre et la valeur des primes a décerner.
Outre ses expositions générales de chaque année, n'en fait-
elle pas fréquemment de particulières ? En ce moment même,
ne fait-elle pas appel aux rosiérisles pour une Exposition
spéciale de la reine des fleurs, si chère aux horticulteurs de
toutes les classes, n'admettant pas moins, par extension,
toutes les plantes fleuries de la saison ? Ne projette-t-elle pas
encore, en temps opportun, une Exposition pomologique?
N'a-t-elle pas, deux fois par mois, sa salle de séance ouverte
pour recevoir tous les sujets intéressants que, amateurs et
praticiens, lui présentent ? Elle en prend note^ assigne un
nombre de points, suivant l'intérêt que l'objet exposé peut
offrir ; et, à la fin de l'année, un certain nombre de ces
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— 2Î4 —
points donne droit à une récompense. . . PTa-t-elle pas des
Commissions permanentes, allant visiter les borticutteurs
praticiens et amateurs qui en font la demande ?
Honneur donc à la Société nantaise d'Horticulture pour
son dévouement aux progrès de la science qu'elle'préconise,
au bon goût qu'elle s'efforce de propager, aux intérêts des
travailleurs et des industriels qui y trouvent la rémunération
de leur dur labeur.
Le parfait horticulteur, en effet, doit réunir en lui les
qualités de l'artiste, du commerçant et même du savant :
De l'artiste, par le bon goût qui doit présider dans le
choix qu'il a à faire de sujets auxquels il va donner ses soins ;
par le sentiment de la concordance des couleurs et des effets
à produu'e, par la disposition des fleurs et des feuillages dont
il doit tirer parti ;
Du commerçant, par la connaissance des goûts et des
besoins de la clientèle qui peut s'adresser à lui ;
Enfin, du savant, car il ne doit pas ignorer les principes
de la physiologie végétale, les applications de la chimie
agricole et même certaines notions de la météorologie.
Honneur aussi à ceux qui, comprenant le but que poursuit
la Société nantaise d'Horticulture, s'efforcent de la seconder
dans sa grande et utile mission.
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POMMES A CIDRE
DU DÉPARTEMENT DE L'ORNE
PAR A. ANDOUARO
Directeur de la Station agronomique.
k Vissue du Congrès tenu l'année dernière, au Mans, par
V Association pomologique de TOuest, les fruits exposés par
le Musée de la ville du Sap ont été envoyés à la Station
agronomique de la Loire-Inférieure pour y être analysés.
La collection comprenait 78 espèces de pommes et 16
espèces de poires, en tout 94 variétés, qui ont été réduites
à 78, par suite du blpssîssement de plusieurs d'entre
elles.
Ces fruits ont été analysés d'après les méthodes indiquées
au dernier bulletin de la Station agronomique.
Jusqu'à présent, les pommes seules avaient été soumises à
Texamen chimique. Les poires méritent également d'être
étudiées ; elles servent à préparer une boisson dont l'usage
est très répandu, et souvent leur qualité rivalise avec celle
des meilleures espèces de pommes. Voici la composition des
spécimens réunis par le Musée de la ville du Sap:
'Digitized by
Google
n
— 226 —
COLLECTION DU MUSÉE DU SAP (Orne). i
VARIÉTÉ.
POIDS
moyen
d*uDe
pomme
DENSITE
du jus.
SUCRE
par litre
de jus.
ACIDITÉ
par litre
en acide
malique.
TANNIN
par litre
de jus.
Mucila^
par liui
de jus.
l'« SAISON.
Biscaye
Blanc doux
Blanc-Mollet
Doux-Migeot
Jeannetonne
Fréquin-rouge-rayé.
Fréquin-petit
Hâtive
Jaunet
Molleton
Petite-forte
Renouvelet
62.5
1.055
111.10
2.28
2.18
62.8
1.067
130.40
1.14
1.41
63.1
1.062
129.60
1.15
1.83
65.6
1.061
117.64
0.76
1.32
38.8
1.063
125.00
1.14
5.17
40.0
1.054
102.56
0.78
2.35
21.6
1.064
129.03
1.16
6.26
45.0
1.056
138.09
1.16
3.34
48.3
1.067
143.03
1.14
2.77
49.3
1.060
121.20
1.20
4.75
47.7
1.055
117.64
9.50
2.91
32.7
1.050
88.89
7.60
3.73)
2« SAISON.
Alouette
Barbrée
Blangy
Blanc-vert
Bonne-forte /
Carnette-grosse
Carnette
Coteotin
Doux-Auvêque
Ecarlate ou Germaine
Fossevacin
Fréquin-doux ou Fréquin-Charlemoine.
Grisetle
Jamot
Matois
Mousse
Or-Miiccnt
Orpolin
Pont
Poule
Peau-de-Chien
Presbytère
Reinette-douce
Rouge-amer
Rouge-bruyère
55.0
1.052
95.24
1.14
3.20
«33
72.1
1.056
117.64
1.33
2.21 2.1511
31.1
1.044
81.63
1.52
3.29
• .38
58.7
1.057
108.10
1.14
3.20
1.25
57.5
1.062
121.20
0.80
2.77
2.25
82.8
1.067
142.86
1.50
1.36
1.76
44.0
1.050
100.00
0,92
1 50
1.80
51.8
1.050
102.57
0.95
1.22
1.41
58.7
1.062
121.16
2.28
4.23
1.75
25.5
1.057
111.10
1.33
2.63
0.55
27.2
1.070
133.42
1.90
2.77
4.25
47.2
1.068
125.00
2.66
3.76
2.00
42.5
1.058
117.64
2.30
3.48
0.60
60.6
1.055
132.85
1.90
3.81
0.70
46.6
1.070
143.00
2.28
6.21
1.35
106.6
1.'053
100.00
0.82
1.32
2.10
36.6
1.064
121.00
1.92
3.43
0.65
55.0
1.063
114.28
1.90
0.47
2.34
46.1
1.062
108.10
2.25
2.16
175
68.7
1.076
143.00
2.64
3.57
8.35
47.2
1.055
105.26
3.U4
5.56
0.25
50.5
1.060
111.32
2.30
3.52
1.00
59.3
1.066
133.00
2.30
5.14
1.35
.38.7
1.062
125.00
10.20
4.98
QM
46.1
1.057
108.10
9.64
3.43
1.10
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— 227 —
VARIÉTÉ.
Roosse
BfiQsse-Jamelle oa Amer-et-rooi .
SaiiU-Bazire
toguine
Térel-donx
Tert
Uog-Bois oa Fleur-de-JoiD.
POIDS
moyen
d'ime
pomme.
58.3
45.5
45.5
56.8
52.2
59.3
58.7
DBIfSITÉ
du jos.
1.058
1.068
1.052
1.060
1.060
1.058
1.056
SUCRE
par litre
de ju5
108.10
143.00
100.00
121.00
111.32
111.10
117.64
ACIDITÉ
par litre
en acide
malique.
2.26
2.28
1 52
1.35
1.71
1.96
3.45
TANNIN
par litre
de jus.
BediB
Booifaee
BoDoiqaet
iHtfiile
Cfl^oerel (gros)
- (P«tit)
fiement
GreiD-d'Ane
lïràhOnfroi
loBlibard
Wo-à-Venl
lascadet
Orange , . .
han-de-Vacbe
iBoget
Swt-Martin
Sflhge-à-Goaet
Teliîer
3? (gros)
yja (petit)
Tard-trottvé
Tard-lroavé-blanc
Troche
Semis
Id
Id
POIRES.
!'• SAISON.
Roog^Penie^ | 38. 7| 1.058|117.64|
2* SAISON.
Bonneau
Fer
Cïsselin !
Grand-Sciage
Hochet
Marcel
Peiil-Morin
2.49
4.14
5.10
2.96
3.48
4.36
7.64
Mucilage
par litre
de jus.
SAISON.
49.0
1.061
129.03
0.85
2.73
59.2
1.052
117.64
1.54
1.93
42.2
1.057
111.10
1.90
2.30
84.2
1.057
192.20
1.60
1.69
70.0
1.060
180.00
1.86
1.87
35.5
1.049
95.02
1.16
2.74
40.5
1.059
108.10
1.52
2.74
29.8
1.070
236.50
1.92
3.24
73.2
1.062
160.00
2.28
2.42
42.5
1.067
212.29
1.50
2.96
40.6
1.070
214.76
2.66
3.62
39.5
1.064
230.40
1.95
2.16
88.7
1.068
129.00
1.60
2.21
55.5
1.060
178.16
2.00
3.20
51.8
1.043
160.91
1.96
1.69
30.0
1.042
130.40
2.32
4.23
28.0
1.055
180.00
1.58
4.75
45.0
1.054
105.26
0.80
2.07
66.8
?
200.34
2.42
2.02
21.1
1.058
164.72
0.84
2.72
66.2
1.055
133.30
3.44
5.27
53.1
1.056
105.26
3.83
2.44
24.3
1.054
168.18
3.80
2.07
56.2
1.042
143.00
3.05
2.40
38.1
1.060
86.95
4.59
6.02
75.0
1.058
121.20
2.14
3.10
1.85
1.30
0.80
1.35
1.55
0.90
0.75
0.25
1.00
0.30
3.75
3.35
0.50
1.75
0.50
3.50
1.75
2.65
0.70
2.60
1.15
0.30
0.25
3.25
0.75
?
2.53
0.38
2.50
4.10
1.75
0.50
1.15
62.5
1.050
90.90
0.61
3.01
45.5
1.064
100.00
1.02
1.08
51.0
1.054
97.56
0.92
3.71
73.3
1.063
114.28
1.84
7.15
8.9
1.062
68.96
3.37
5.64
124.1
1.060
98.30
0.54
1.50
28.5
1.059
95.00
1.76
2.21
1.76| 4. 80 (Traces
0.55
0
0
0
0
0.25
0.50
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— 228 -
ERRATUM.
Page ^5 du 2i« trimestre de 1885 , ligne 8, au lieu de
etnéroîde , lisez : anéroUde.
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HISTOIRE
DES ENFANTS ABANDONNÉS ET DÉLAISSÉS
Par Léon LALLEMAND.
ANALYSE PAR M' H. FARGUES
(SciTB. — Voir le premier semeslre 1886, page 40.)
FRANCE.
La France est, de tous les pays, celui qui s'est le
plus occupé de Yenfance abandonnée. L'auteur fait l'histoire
des trouvés et des orphelins chez nous, du X* siècle à la fon-
dation des hôpitaux généraux. Au moyen âge, la législation
frappait des peines les plus sévères l'infanticide et même la
dissimulation de grossesse, ce qui n'empêchait pas l'expo-
sition d'être universellement pratiquée.
Pendant cette période malheureuse de guerres et de
famines incessantes, les seigneurs justiciés, les communautés
d'habitants et les administrations hospitalières eurent à s'oc-
cuper des trouvés.
Les premiers, dans le désordre des temps, firent te moins
possible, malgré les arrêts du Parlement qui mettaient à
15
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— 5130-
leur charge le soin de renfance abandonnée. Ils rejetèrent,
toutes les fois qu'ils le purent, le fardeau sur les commu-
nautés d'habitants, et celles-ci travaillèrent à s'en débar-
rasser sur les maisons de Dieu.
Pendant longtemps ces maisons refusèrent de recevoir les
trouvés, le chiffre en étant énorme ; mais à la longue, ces
établissements s'étant multipliés, leurs portes s'ouvrirent à
ces infortunés. L'ordre hospitalier du Saint-Esprit, à Mont-
pellier, se fonda avec la mission spéciale de les recueillir. Les
enfants étaient exposés à la porte des églises, au Irou de la
porte ou à la porte. On les confiait h des nourrices qui
recevaient quatre sols par mois, mais dont le salaire s'accrut
rapidement.
HlSTOmS DE LA MAISON DE LA COUCHE A PARIS.
Au XVI^ siècle, la situation des enfants exposés était
lamentable. Ils mouraient presque tous. On les vendait à
des bateleurs. Ce fut alors que parut Saint- Vincent-de-Paul.
On sait comment sa charité et son énergie triomphèrent de
tous les obstacles et comment fut ouverte la Maison des
Enfants trouvés de Paris.
Vers 1670 cette maison fut fondée dans l'hôpital général
qui datait de 1656. Elle eut toutefois une administration
distincte et fut connue sous le nom de Maison de la
Couche. C'était le Bureau qui nommait les supérieures de
l'établissement. Cet asile prit bientôt une très grande exten-
sion. Il était soutenu par des revenus provenant de sources
diverses : subventions et concessions royales, concessions
de droits d'octroi et de loteries, réunions d'œuvres déjà
existantes, dons et legs, quêtes et produits de propriétés
foncières.
Des commissaires enquêteurs, le lieutenant criminel, les
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-Ml —
procureurs fiscaux se mêlaient d'envoyer des enfants dans
cet établissement, et les modes d'admission usités favori-
saient l'apport à Paris de petits êtres étrangers à la capitale:
apport contre lequel protestaient vainement les administra-
teurs. Dans la période décennale de 1770 à 1779 on prononce
67,033 admissions, tandis que dabs la période antérieure de
cent ans il y en avait dix fois moins. C'était malheureusement
la débauche qui peuplait les hôpitaux des trouvés.
La Maison de la Couche ne devait d'abord recevoir que
les enfants nouveau-nés et privés de secours. Elle modifia
son règlement et en recueillit de deux, trois et quatre ans ;
elle les confiait à des nourrices dont le nombre fut d'abord
très insuffisant. Il était difficile de se procurer des nourrices
en province. Les meneurs et les meneuses servirent d'inter-
médiaires, d'où naquirent toutes sortes d'abus contre lesquels
il fut pendant longtemps impossible de réagir. Les salaires
des nourrices étaient dérisoires, et Dieu sait comment elles
traitaient leurs nourrissons, bien que ceux-ci fussent plus
d'une fois visités par des sœurs inspectrices.
Après trois ans de séjour au dehors, les pupilles devaient
être ramenés à Paris. Mais le système ayant des inconvé-
nients, on les laissa en province, et on leur fit apprendre
divers métiers, en rétribuant les patrons qui les recevaient
jusqu'à 12 ou 13 ans. Mais ces enfants ne recevaient de
gages qu'à partir de 20 ans ; que' de misères à endurer
jusque-là ! Quant à ceux ramenés à Paris, on s'occupa beau-
coup de leur instruction; mais dans l'organisation de l'ensei-
gnement professionnel, on échoua entièrement. Aussi les
placements dans certains établissements agricoles ou manu-
facturiers situés en province furent fréquents et produisirent
d'heureux résultats. Plusieurs enfants retrouvaient leurs
parents ; d'autres entraient dans d'excellentes familles ou se
plaçaient pour leur propre compte.
■%
L
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-232 —
La mortalilé des pupilles reçus dans la Maison de la
Couche était effrayante. En 1671, sur 121 présents, il en
meurt 118. En 1758, grande amélioration : mais sur 5,012,
1,470 meurent dans la maison en attendant les nourrices. Le
muguet fait parmi eux de grands ravages.
La phtisie, résultat d'une mauvaise constitution, n'est pas
moins meurtrière. Six ans après, il ne reste plus qu'un
septième des enfants. Des tableaux très nets établissent la
proportion de la mortalité suivant les âges. Ceux qui, de la
campagne, étaient ramenés à Paris, succombaient presque
tous pour diverses raisons. Les ressources et les soins médi-
caux manquaient.
Certains petits malades, les gastez ou atteints de maladie
vénérienne, étaient recueillis à l'hospice de Vaugirard, que
dirigeaient les Sœurs de la Charité.
VHôpital général et la Maison de la Couche ne consti-
tuaient pas au siècle dernier l'unique mode d'assistance pour
l'enfance. Plusieurs œuvres particulières les recevaient, sans
parler des placements en province. L'Hôpital de la Trinité,
existant depuis 1202, s'occupait, au XVIII® siècle, de ces
petits abandonnés et les dressait plus tard à la confection des
produits fournis par les pays étrangers. En 1789 il contenait
100 garçons et 36 filles.
U Hôpital Beaujon, fondé en 1784, était destiné à rece-
voir 24 orphelins. Indiquons encore l'Hôpilal Necker, la
maison des Orphelines de la Mère-Dieu pour 32 filles et
8 garçons ; l'Hôpital de la Miséricorde ou des Cent-FiUcs,
enfin les Orphelines du Saint-Nom de Jésus, rue des Postes,
Au XVUI» siècle on organisa tout spécialement le service
de la surveillance des nourrices et des recommanderesses ou
inteimédiaires. Les premières doivent produire de bons certi-
ficats : il leur est défendu d'allaiter deux enfants, à peine de
fouet. En 1769 les recommanderesscs non responsables sont
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-433-
remplacées par un seul Bureau général qui veille à ce que
les paiements se fassent régulièrement ; ils sont aidés par des
iospecleurs et deux directeurs, ainsi que par des médecins,
n y avait une amélioration sensible.
En province, il n'y eut aucune uniformité dans les mesures
prises à Tégard des enfants délaissés. Maintes fois on les
envoya à Paris. Les intendants réglaient seuls les questions
concernant ceux qui restaient placés dans de vastes maisons
largement dotées, soit par les seigneurs, soit par tous les
habitants imposés ad hoc. On n'y recevait guère que ceux
trouvés dans l'étendue de la province. A Nantes, l'Hôtel-
Dieu devait ouvrir seulement ses portes aux enfants de la
ville et de la banlieue, à moins que leur pension ne fût inté-
gralement payée. Le système de l'admission secrète au moyen
de tours était peu usité et ne date guère que de 1789. En
1780, on inscrit le chiffre de 40,000 enfants trouvés dans les
hôpitaux de province, mais l'auteur estime que ce chiffre est
très au-dessous de la vérité.
Au XVIII* siècle ces enfants continuèrent à être placés en
nourrice moyennant un salaire insuffisant. A Nantes, on
payait 24 livres par an. Dans l'Agenois on ne donnait au
début que 8 livres. Les pupilles devenus grands étaient en
général ramenés dans les hospices. Nantes estima qu'il était
mieux de les maintenir à la campagne. On les initiait à
toutes sortes de professions, petits métiers, cordonnerie,
bonneterie, tonnellerie, etc. Ils collectaient au profit de
l'hôpital, figuraient dans les sépultures, moyennant salaire ;
les filles dans notre ville jouaient le rôle de pleureuses.
Plusieurs devenaient infirmiers, soldats, matelots. Partout on
constate une mortalité effrayante. A Aix, la première année,
il meurt les trois quarts d'exposés ; ailleurs la moitié. Ce
triste résultat s'explique par les terribles maladies dont ces
petits êtres étaient infectés.
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-234-
LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE.
Les cahiers de 1789 font souvent menlion des enfants
trouvés. Les assemblées qui ont gouverné la France de 1790
à 1800 s'octupèrenl d'eux avec quelque sollicitude. Les
assemblées constituante et législative décidèrent que le
Trésor public rembourserait tous les trois mois les dépenses
faites par les établissements pour ces enfants. La Convention
se montre animée à leur égard d'intentions excellentes, mais
décrète des mesures générales et parfois peu pratiques. La
naflure, dit l'article 1«% se charge de l'éducation physique et
morale des abandonnés.... Ils seront reçus gratuitement dans
tous les hospices civils de la République, à litre d'orphelios.
Mais, hélas ! l'Etat ne fit pas toujours honneur à sa signa-
ture, et les hospices, privés de leurs anciens revenus, ne
pouvaient pas remplir leurs obligations, au détriment des
pauvres êtres abandonnés. ,
Aussi les nourrices, payées en assignats, ne se présen-
taient plus. En 1797, il meurt 92 <>/o enfants. On crée bien
h Paris un établissement de nourrices qui produit les plus
heureux résultats ; mais en province, point ou peu de nour-
rices, et les nourrissons meurent presque tous dans les
hôpitaux, dans les proportions de 18 à 19 sur 20. A Toulon^
sur 104, il n'en survécut que 3.
LES ENFANTS TROUVÉS AU XIX» SIÈCLE.
Au commencement du XIX« siècle un fait considérable se
produit. La loi du 15 pluviôse, an XllI, règle que les Com-
missions hospitalières seront chargées de la tutelle des enfants
admis dans les hospices et choisiront un de leurs membres
pour être tuteur, disposition confirmée par le décret-loi de
1811. Une somme annuelle de 4 millions doit contribuer au
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-235 —
paiement des mois de nourrice et des pensions. Il y aura un
tour au plus dans chaque arrondissement. L'ensemble des
décrets et ordonnances de 1811 ii 1870 établit la situation
ainsi qu'il suit :
Dans chaque département, la tutelle des enfants trouvés,
abandonnés, orphelins, appartient aux Commissions hospita-
lières des hospices dépositaires ;
Le Gcmseil général règle le service et l'Inspecteur nommé
par l'Etat tend à tout accaparer. Cette diversité de droits, de
pouvoirs et d'attributions entraîne souvent des conflits.
L'auteur suit l'enrant assisté depuis son admission jusqu'à
sa majorité et examine en détail de quelle manière il est
pourvu, en France, k sou éducation et h la défense de ses
intérêts.
Pendant la période révolutionnaire, on admettait à bureau
ouvert. Aussi les présentations affluèrent. Des parents mariés
et connus se débarrassaient souvent, par cette voie, de leurs
enfants. L'ouverture des tours favorisa les admissions. On dut
en supprimer plusieurs. Il fallut aussi déterminer ce que l'on
entendait par enfants abandonnés et fixer l'âge d'admission.
Les enfants admis sont immatriculés, reçoivent un nom,
sont enregistrés, souvent rapatriés ; ils séjournent peu de
temps dans l'hospice dépositaire où on les nourrit au bibe-
ron ; on les confie promplement à des nourrices par l'inter-
médiaire de gens appelés préposés. Us doivent, sauf exception,
être élevés au sein. Les nourrices, choisies et surveillées,
reçx)ivent un bon salaire, 25 fr. par mois, h Paris. Elles
doivent garder l'enfant le plus longtemps possible, môme
jusqu'à 21 ans s'il est possible. Toutefois, les changements
et déplacements ont été fréquents. La condition agricole
convient le mieux aux pupilles et assure le mieux leur
avenir. Une foule de circulaires ministérielles se préoccupent
d'eux à ce point de vue.
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— 236-
Ed (oui élat de cause, les pensions finissant k 1^ ans, il
fallait pourvoir à l'avenir des pupilles. Ceux-ci doivent se
suffir par eux-mêmes et travailler assez pour gagner leur
entretien ; toutefois la tutelle des Commissions hospitalières
continue à s'exercer en leur faveur, qu'ils soient légitimes ou
non. Ces Commissions ont droit de garde et de correction,
d'émancipation, de consentement au mariage et aux engage-
ments militaires et d'administration des biens. Si les* parents
réclament leurs enfants, ils devront, s'ils le peuvent, rem-
bourser toutes les dépenses.
La tutelle dont il vient d'être question s'exerçait mal, et
l'on ignorait ce que devenaient les trois quarts des enfants
trouvés, leur treizième année une fois accomplie. Comment
les Commissions auraient-elles pu se transporter sur les
divers points du territoire pour surveiller les pupilles ? La
création des Inspecteurs départementaux, représentants de
l'autorité préfectorale, réalisa un certain progrès, au dire de
l'Administration, mais affaiblit l'autorité des commissions. Ces
Inspecteurs sont devenus administrateurs et surveillants.
Us sont tout, sauf dans le département de la Seine, où l'Ad-
ministration administre et l'Inspection inspecte.
Cette organisation nouvelle de 1874 a produit des résul-
tats heureux au point de vue des placements et de la dimi-
nution de la mortalité. L'auteur l'établit par des tableaux
comparatifs.
Il examine ensuite les ressources du service, produit des
fondations, produit des amendes de police correctionnelle,
contingent des communes, contingent de l'Etat et part contri-
butive des départements.
A côté des enfants abandonnés de fait ou orphelins, il y
a des enfants moralement abandonnés, incomplètement sur-
veillés par leurs parents, vagabonds, et envoyés dans des
maisons de correction oii ils se pervertissent. Le service
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-237-^
organisé par T Assistance publique, en 1881, a pour but
de régéner par le travail en liberté, tous ces vagabonds
et ces insoumis qtii sont sur le chemin du vol el de la
prison. C'est de là qu'est sorlie la fameuse loi Roussel.
Ces enfants sont placés par groupes ou isolément chez des
industriels et s'appliquent à un métier en rapport avec leurs
goûts et leurs aptitudes. On a fondé pour eux deux écoles
professionnelles d'horticulture ou d'ébénisteric. Les résultats
obtenus ont dépassé les espérances. Beaucoup d'êtres dan-
gereux ont été transformés en laborieux ouvriers. L'auteur
s'attache k démontrer que la religion *est la grande éducatrice
el la plus sûre réformatrice des mœurs.
Ici, M. Lallemand examine l'économie de la loi du 28
décembre 1874, qui réglemente la protection des enfants du
premier âge placés en nourrice ou en garde par leurs parents,
loi qui a pour but de combattre cette mortalité excessive des
nourrissons, si fatale pour les familles et pour le pays.
L'industrie nourricière produisait des effefs désastreux que
signalèrent les docteurs Monod et Brochard. Le D^ Th.
Roussel saisit l'Assemblée nationale d'un projet de loi sur la
protection des enfants du premier âge. De là naquit la loi
de 1874. Le service ne fut organisé qu'en 1877 ; en 1878 il
reçut un commencement d'exécution.
La loi règle les questions relatives aux obligations de ceux
qui mettent l'enfant en sevrage ou en garde, à celles des
nourrices, aux conditions qu'elles doivent réunir, aux bureaux
de placement, à la surveillance dont l'Inspecteur est la télé.
Ce service existant déjà depuis cinq à six ans a produit de
bons fruits, bien qu'il fonctionne avec lenteur et ait mani-
festé quelques défauts.
Avant d'examiner lés projets de loi soumis aux Chambres
sur la question, de 1848 à 1885, l'auteur dit un mot de la
charité privée du XIX» siècle. Il constate que s'il faut ajouter
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_J
— 238 —
foi aux enquêtes incomplètes qui ont été faites, il y aurait
1,110 asiles privés recevant 40,000 enfants élevés par la
charité. Les ressources qu'absorbent ces asiles sont très con-
sidérables. Transformées en pensions chez les cultivateurs,
elles permettraient de secourir un chififre plus élevé de
délaissés.
De 1848 à 1869, trois projets de loi où le tour est réta-
bU sont jugés impraticables. Il s'agissait, à côté du rétablis-
sement du tour, de supprimer les secours aux filles-raères
et de coloniser l'Algérie à l'aide des enfants abandonnés.
En 1877, le projet B^renger, H. Martin, Schœlcher, rede-
mande le rétablissement des tours et propose une Direction
générale des enfants trouvés au Ministère de l'Intérieur. Le
vœu n'eut pas de suite. D'autres projets de loi, celui de
M. Lacretellc notamment, qui propose de créer des orphe-
linals agricoles, n'aboutissent pas davantage.
Nous voici en présence de la proposition de loi sur la
protection des enfants abandonnés, délaissés ou maltraités,
votée par le Sénat. Elle demande un sérieux examen. C'est
la loi Roussel, Bérenger, J. Simon, qui \rise les enfants âgés
de plus de 12 ans, non recueillis habituellement par les
hospices, vagabonds, déclassés, elc.
D'après l'art. 1®% tout mineur abandonné, délaissé ou mal-
traité, est placé sous la protection de l'autorité publique. U
est créé des Comités départementaux de protection, secondés
par des Comités de patronage cantonaux. Les Préfets, sur
l'avis de ces Comités, sont autorisés à prendre les mesures
concernant le placement définitif, * garde, éducation, tutelle
des enfants en question, tandis que les établissements privés
ou les particuliers sont gênés quand ils veulent recueillir ces
enfants.
M. Lallemand critique vivement ce premier article qui
compromet les intérêts de la bienfaisance privée et est une
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-ro-
main-mise complète de l'autorité administrative sur toutes les
œuvres et institutions.
Le titre II s'occupe de la protection des mineurs en cas
d'incapacité des parents ou tuteurs et accorde aux familles
trop de facilités pour se débarrasser du soin de pourvoir à
l'éducation de leurs enfants.
Le titre III prévoit les cas de déchéance paternelle et, au
lieu, de se borner à provoquer cette déchéance quand le père
ou la mère attente aux mœurs de l'un de ses enfants, il la
prononce pour toute espèce de cas, condamnations légères,
cas d'ivrognerie, etc. : c'est la suppression de la puissance
paternelle. Les conséquences peuvent être abusives et même
monstrueuses.
Les art. 83 et 88 font des Préfets et des Comités départe-
mentaux des tuteurs universels des enfants protégés et leur
coulèrent des pouvoirs exorbitants.
Les autres articles concernent les dispositions de la loi et
renvoient son exécution k l'époque de la revision des lois et
décrets qui régissent les services des enfants assistés.
La loi Roussel, adoptée par le Sénat, prête donc le flanc
à de sérieuses critiques que M. Waldeck-Rousseau n'a pas
cachées en disant que l'on y froisse certains ' droits de la
famille, et qu'il n'aurait pas fallu y présenter l'Etat comme
étant prêt à recueillir tous les enfants dont les parents ne
prendront pas soin.
Le problème n'est donc pas résolu d'une manière satisfai-
sante.
LES NATIONS APPARTENANT A LA CIVILISATION CHRÉTIENNE.
L'auteur, poursuivant son étude, se demande ce qu'ont
fait, en dehors de la France, dans l'intérêt de l'enfance
abandonnée, les différents peuples qui se rattaphent k la
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— 240 —
civilisation chrétienne. Estimant que la manière de com-
prendre la religion exerce une influence considérable sur le
mode d'application et sur l'exercice de la cbaritc, il distingue
entre les pays catholiques et les pays protestants. Les premiers,
chez lesquels domine l'esprit de centralisation et où l'influence
ecclésiastique est prépondérante, ont une tendance à gi^onper
les enfants trouvés dans certains établissements généraux
— hospices, asiles, — dirigés par des religieux, dotés par
des legs, fondations pieuses, et à les séparer nettement des
autres enfants infortunés, — ceux qui sont simplement
orphelins par exemple.
Dans les pays protestants, au contraire, pays d'initiative
et d'indépendance, l'organisation de l'hospice dépositaire,
recevant le pupille, l'élevant dans l'établissement, le confinant
pendant des années loin de tout contact extérieur, existe à
un moindre degré. C'est aux communes et aux paroisses
qu'incombe l'obligation de venir en aide aux pauvres, y
ayant leur domicile, toute liberté leur étant laissée pour les
dispositions à prendre, et l'enfant abandonné se trouvant
confondu avec les autres petits êtres dignes de compassion,
sans être compris dans une catégorie spéciale.
Quant aux peuples qui pratiquent la religion grecque ou
orthodoxe, et à certaines nations catholiques, telles que la
Belgique et l' Autriche-Hongrie, ils ont plus ou moins adoptti
un régime mixte, et le système hospitalier n'est pas aussi en
faveur qu'autrefois.
Il nous serait impossible de suivre M. Lallemand dans ses
excursions chez les pays civilisés d'Europe et d'Amérique
qu'il nous fait visiter. Nous devons nous borner à un résumé
très succinct.
En Italie, les brefotrofio abondent, mais ils manquent
souvent d'air, et la mortalité y est grande. Depuis la consti-
tution d'un royaume italien, ce sont les Conseils municipaux
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— ^41 —
qui décident si les œuvres de bienfaisance doivent être
soumises aux Congrégations de cliarilé ou à une direction
spéciale. Les communes et les provinces sont chargées
d'entretenir les exposés, ou plutôt de combler le déficit
résultant de rinsuflisance constatée des revenus particuliers
de fonctions déjà existantes pour cet objet. Le nombre de
ces infortunés est énorme. De 1879 h 1881, il est né en
Italie 187,555 enfants naturels et 40,296 inconnus. En 1879,
les naissances illégitimes déclarées ont été de 78 pour mille,
et le chiffre tend à s'accroître. Les hospices dépositaires sont
encombrés ; la forme de Tassistance devient de plus en plus
administrative ; les placements chez les cultivateurs se
multiplient; les enfants sont moins immobilisés dans les
brefotrofi.
EN Espagne et en Portugal, la charité privée toute seule
a d'abord soutenu toutes les institutions de bienfaisance. Ce
n'est que tardivement que l'État est intervenu. Chaque chef-
lieu de province doit avoir au moins un asile pour les aban-
donnés- Ils sont confiés à des nourrices du dehors, puis
maintenus chez leurs parents nourriciers ou placés chez des
lal)oureurs. En 1859, il y avait en Espagne 149 de ces
asiles, renfermant 37,000 pupilles en bas âge. La mortalité
y était assez grande. En Portugal, l'Administration des
trouvés est une administration de district; la junte géné-
rale en a la direction supérieure. Le service se rapproche
de celui qui fonctionne en France : 48,762 de ces enfants
étaient assistés en 1878.
Dans le groupe espagnol de l'Amérique du Sud, Mexique,
Brésil, Uruguay, République argentine, Chili, Pérou, répu-
bliques de l'Equateur, de San-Salvador, ce sont des confréries
religieuses qui ont généralement pris l'initiative de la fonda-
lion d'asiles destinés k recevoir les trouvés. Le gouvernement
n'intervient guère que pour approuver les statuts et donner
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quelques subsides. C'est le système du tour qui est en vigueur.
Les enfants, confiés k des nourrices négresses, sont mis en
apprentissage et établis par les soins de TÂdministration
hospitalière. Malheureusement la démoralisation est fort
grande. A Quito, par exemple, capitale de la République de
l'Equateur, il y a un tiers de naissances illégitimes.
En Belgique, avant le XIX* siècle, la Commune pourvoit,
par moitié, à l'entretien des abandonnés, au moyen de taxes
prélevées sur les représentations des comédiens et sahim-
banques. Mais la province, k laquelle appartient la commune,
a la charge de l'autre moitié. Le gouvernement essaie des
colonies agricoles où l'on relègue les orphelins, les trouvés,
pupilles des hospices. Mais le système réussit peu et l'on en
revient au placement à la campagne.
En Autriche-Hongrie, avant 1868, les rares hospices
d'çnfants trouvés relevaient de l'État. Depuis cette époque,
ils appartiennent aux pays respectifs oii ils sont situés et sont
entretenus par chaque gouvernement local. D'ailleurs, ces
enfants sont assimilés aux indigents ordinaires, système que
l'auteur désapprouve et combat. Les états particuliers n'ayant
guère compris leurs devoirs, ce sont les communes qui ont
vu presque toute la charge retomber sur elles.
En Russie, le nom A' enfants trouvés disparaît, de peur
que le berceau d'enfants, sur qui se fonde l'espoir de la société,
soit déconsidéré. On ne parle plus d'hôpital, d'hospices, mais
seulement de maisons d'éducation. Ces maisons furent
ouvertes à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Mais les pupilles
de toute provenance que l'on y entassa moururent dans la
proportion des deux tiers. Il fallut joindre k ces maisons
d'éducation des maternités ; les femmes qui viennent y faire
leurs couches restent inconnues ; leurs enfants sont confiés
k des nourrices et emmenés dans les campagnes. Plus tard,
Us sont mis en apprentissage, et souvent ils sont adoptés par
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. 243 -
leurs pères nourriciers ou leurs bienfaiteurs. En Pologne,
l'on a créé des colonies agricoles et des asiles industriels.
Passons sur la Grèce, la Roumanie, la Serbie et le Monté-
négro où nous ne remarquons rien de spécial; nous en
venons aux pays protestants.
Le caractère propre de ces pays, c'est de voir surtout dans
l'enfant abandonné un orphelin et de le comprendre dans la
catégorie générale des enfants infortunés, ayant droit à
l'assistance publique comme indigents, pas autrement.
En Allemagne , il n'existe aucune législation pour les
trouvés et les abandonnés. Les personnes bienveillantes sont
invitées k se charger d'enfants illégitimes afin d'en faire des
citoyens utiles h l'État. Il existe sans doute des orphelinats.
Mais, d'après l'auteur, ce sont de vraies maisons de correc-
tion. Il avoue toutefois que dans ceux que Ton a élevés en
ces derniers temps, règne un esprit meilleur. Ce qu'il blâme
absolument, c'est de confondre les délaissés avec les autres
pauvres.
En Prusse , l'institution des hospices d'enfants trouvés a
toujours été repoussée. On cherche h donner la préférence
h l'éducation de famille sur le système d'envoi dans les
établissements publics ; ce qui n'empêche pas l'existence des
orphelinats. Mais ces maisons ont un caractère privé. Elles
sont d'ailleurs très bien tenues. La charité privée fait tous
les frais de leur entretien. On en compte 164 en Prusse et
850 en Allemagne, ou l'on s'occupe de l'éducation des enfants
moralement ou matériellement délaissés.
En Saxe, dans le grand-duché de Bade, dans le Wurtem-
berg, on a fondé diverses maisons oii l'on dirige les groupes
d'enfants suivant l'esprit de famille. L'auteur n'aime pas ce
système, il veut la vie de travail en pleine liberté au sein
d'une famille agricole surtout.
En Suisse , chaque état est chargé de ses indigents ; le
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— 244 —
canton a rejeté la charge sur la commune : c'est de là qn'est
née la taxe des pauvres, la charité légale. Mais ici encore
point de loi concernant les trouvés, secourus au même titre
que les orphelins et jusqu'à Tâge de 16 ans. Ces enfants sont
placés assez souvent chez des particuliers, et Ton veille à ce
qu'ils reçoivent une excellente éducation morale et religieuse.
En dehors de l'assistance officielle, la charité privée n'est pas
inactive, elle fonde des établissements, forme des Sociétés
et moralise hautement la jeunesse abandonnée. Tout cela est
digne d'éloges.
Nous trouverions des choses fort intéressantes à dure sur
les moyens employés dans les petits États du nord de
l'Europe — Hollande, Danemark, Suède et Norwège, —
pour protéger l'enfance abandonnée. Mais nous avons hâte
d'en venir k V Angleterre et aux États-Unis.
En Angleterre , d'après l'art. 1602, plus ou moins en
vigueur encore, chaque paroisse doit pourvoir au soulage-
ment de ses pauvres, l'abandonné compris. La bienfaisance
publique n'embrasse que deux ordres d'institution: les
secours à domicile, et les maisons de travail. C'est vers
l'industrie et la marine que l'on dirige les pupilles. On les
place rarement chez les cultivateurs. Ce système exige des
dépenses énormes, sans que les résultats soient merveil-
leux.
Heureusement qu'à côté de la charité légale, il y a la
charité privée qui enfante des merveilles. La maison des
enfants trouvés, fondée à Londres en 1789, admettait
sans difficulté tous les pauvres petits êtres âgés de moins
de deux mois ; mais avant la fin du siècle, il fallut faire
un choix, et la proportion des admis est allée en se restrei-
gnant.
Dans les grandes villes, telles que Londres et Liverpool,
l'accroissement exagéré de la population ouvrière et la
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— Î45 —
misère multiplièrent le nombre des enfants abandonnés qni
devenaient un danger pour la société. Alors surgissent de
nombreuses institutions destinées k arracher au vice et au
dénuement ces parias : ce furent les écoles de réforme,
vrais établissements correctionnels et les écoles industrielles,
ob ne sont admis que des enfants âgés de moins de 14 ans,
vagabonds et sans foyer, qui n'ont pas été condamnés. Bien
que ce ne soit pas un idéal, ces écoles ont donné d'assez
bons résultats.
L'Ecosse est, à ce qu'il paraît, un pays privilégié. Il y a
peu d'enfants abandonnés, le niveau de la moralité publique
étant relativement élevé. Ces pupilles sont placés au dehors,
n'es surveillés, et deviennent généralement de très bons
sujets.
En Irlande, les enfants sont assistés par la charité légale ;
depuis quelques années pourtant les asiles privés s'y sont
multipliés.
COLONIES ANGLAISES.
AU Canada , sous l'administration franco-canadienne, au
milieu des guerres incessantes, la situation des enfants
trouvés était déplorable. Les nourrices vendaient aux sauvages
les enfants qqi leur étaient confiés. M°»« d'Yonville, fondatrice
des sœurs de la charité de Villemarie, ouvrit à Montréal,
vers 1754, une maison destinée à les recevoir. L'hôpital de
Québec ne larda pas à les recueillir k son tour. La charité
privée vint en aide, et ces pauvres abandonnés sont souvent
adoptés par les familles. A l'heure actuelle le gouvernement
tend à développer les écoles de réforme ou industrielles,
pareilles à celles qui existent en Angleterre.
Même système en Australie où abondent les Sociétés de
charité.
16
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-246 ~
Etats-Unis d'Amérique. Il est très difficile tfoblenîr des
renseignements complets sur la question, dans ce pays jeune ,
sans aucune idée de centralisation. Ici point de législation
applicable aux trouvés. Certains fitats défendent Tabandon
et le punissent sévèrement. Ailleurs ces enfants sont adoptés
par des parents ou voisins charitables. Quand ils deviennent
trop nombreux, à la suite des émigrations irlandaises ou
allemandes, on les place dans des asiles, des poor-housei,
dans des écoles de réforme et d'industrie. Partout on cherche
à les relever et à les moraliser par l'instruction, sans que
le succès ait répondu à l'attente. L'instruction sans l'édu-
cation, sans la culture morale et religieuse du cœur est un
pauvre système. On a fini par le comprendre.
Les vagabonds abondent aux Etats-Unis, ils sont presque
tous fils d'étrangers. Ils constituent un vrai péril social dans
les grandes villes. On en prend un soin spécial. On les
dirige vers les travaux agricoles dans les vastes territoires
de l'Ouest.
D'une manière générale, c'est au placement dans la famille
d'adoption qu'aboutissent les efforts des philanthropes amé-
ricains qui ont voué leur vie au relèvement matériel et
moral des délaissés.
LES NATIONS N'APPARTENANT PAS A LA CIVILISATION CHRÉTIENNE.
Inde. Il y a peu d'enfants trouvés dans l'Inde. Les illé-
gitimes sont étouffés, vendus ou placés dans des asiles créés
par les missions protestantes et catholiques du pays. L'in-
fanticide est prohibé et sévèrement puni par les lois anglaises.
A l'intérieur on pratique encore l'immolation des enfants ;
chose curieuse, les difformes sont regardés par les Hindous
comme une bénédiction du ciel.
Chine. L'ancienne patria poleslas existe en Chine, mais
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-247 -
au profit des pères seuls, qui out sur leurs eufants en certaines
occasions le droit de vie et de mort. Ils peuvent être impuné-
ment homicide. LMnfanlicide est largement pratiqué ; cela
est hors de doute, malgré les dénégations de certains voyageurs
qui n'ont vu que la surface des choses. L'habitude de noyer
les petites filles est tellement passée dans les mœurs qu'elle
cesse d'être monstrueuse. On a cité des familles qui Y)nt
noyé jusqu'à dix petites filles. L'auteur l'établit en citant
des documents péremptoires. Il recherche les causes de ce
crime permanant, et le trouve dans la foi des Chinois en la
transmigration des âmes.
Il résulte de Va qu'il n'y à que peu d'asiles destinés h
recueillir des enfants pauvres. Mais les étrangers, surtout
les missionnaires catholiques français, ont créé bon nombre
de maisons charitables. C'est comme une aurore de civilisa-
tion européenne,
En Inuo-Chine on pratique peu l'infanticide. Mais les
enfants des deux sexes y sont vendus. Depuis l'occupation
française, on a fondé des fermes agricoles et des maisons
hospitalières pour eux.
Au Japon , l'infanticide est fréquent. La charité chrétienne,
catholique et protestante y a ouvert quelques asiles pour
l'enfance.
Le Koran, dont certains passages ont été empruntés à
l'Evangile, protège très nettement les enfants et les orphelins.
Mais les orphelines sont destinées trop souvent aux harems.
Les asiles élevés chez les populations musulmanes, à
Alexandrie, à Constantinople , sont généralement dus à
l'initiative de la charité chrétienne. Les Sœurs de charité y
jouent le principal rôle avec un admirable dévouement.
En Perse, les enfants illégitimes sont détruits par l'avorte-
ment ou par l'étouffement. Les chrétiens ne peuvent inter-
venir dans ce pays oii ils sont l'objet d'une hame violente.
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— 248-
Ghez les peuples barbares proprement dits de rÂmérique,
de l'Afrique et de rOc(5anie, il n'existe point de sentiments
qui prédisposent îi protéger l'enfance. Sur toute la Côte-d'Or,
par exemple, la paternité ne s'accuse que sous ks traits
d'une opération commerciale.
CONCLUSION.
Quelle sera la conclusion de cette longue étude ?
En dehors de la réglementation du service des enfants
délaissés ou maltraités, l'auteur propose des réformes préa-
lables auxquelles j'applaudirais chaleureusement.
Ce sont les enfants illégitimes qui fournissent la majeure
partie des assistés. Il faut doue faire tous ses efforts vers la
diminution des naissances hors mariage : empêcher les
publications éhontées, arrêter la propagande anti-religieuse
qui favorise l'immoralilé, réprimer les excès de la séduction,
frapper sévèrement les attentats à la pudeur, infliger de
forts dommages-intérêts aux séducteurs.
Gela posé, convient-il de conserver les hospices d'enfants
trouvés? Les peuples prolestants les repoussent, au nom
de l'intérêt des enfants qui y meurent dans des proportions
énormes et y contractent des habitudes licencieuses, et au
nom de l'intérêt social, les enfants recueillis restant étrangers
à la vie de famille et à la vie générale.
Mais, répond M. Lallemand, la première de ces critiques
ne porte plus, l'hospice n'étant plus qu'un lieu de passage,
et le placement chez les particuliers étant la règle. De plus,
on enlève ces petits êtres à la protection naturelle de leurs
parents : c'est vrai. Mais de quels parents? En les envoyant
à la campagne, on cherche au contraire à leur créer une
famille et k les arracher au contact du vice.
Le service doit donc être conservé* Mais qui en aura la
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— 249 —
direction ? Les administrations préfectorales ayant en main
Finspeclion ? Non ; les bureaux administrants ? Ils n'aiment
pas. Il faut dans chaque département un comité unique, bien
composé, sous raulorilé du Conseil général qui nomme les
agents d'inspection.
Mais quel sera le mode d'admission ? Ici l'auteur examine
longuement la question des (ours. Il s'oppose h leur rétablis-
sement, non moins qu'aux restrictions apportées aux admis-
sions par l'inspection départementale. Il se prononce pour un
mode de réception paternel, tout en restant vigilant, seul
moyen capable de sauvegarder les triples droits de la société,
des parents et des délaissés, et demande la suppression du
domicile de secours, tel qu'il est entendu maintenant. Il nie
que les secours temporaires diminuent la mortalité infantile,
qu'ils moralisent les mères, qu'ils restreignent les sacrifices
des départements, qu'ils assurent l'avenir des enfants et
contribuent à accroître la moralité publique. El sur la base
des considérations ci-dessus, il présente un nouveau projet
de loi sur les enfants assistés et une autre sur les enfants
moralement abandonnés.
Je n'ai pu analyser que d'une manière très imparfaite ce
long et important ouvrage qui touche à tant de questions
et vise tant de faits particuliers. Je ne saurais davantage
examiner et discuter les théories de l'auteur pour arriver à
la solution du problème. Ce problème ne se pose pas partout
de la même manière et n'est pas entouré des mêmes
complications. C'est beaucoup qu'il attire à un aussi haut
degré l'attention des moralistes, des philanthropes, des législa-
teurs les plus éminents de notre époque. L'enfance aban-
donnée doit exciter toute notre sollicitude. La moraliser par
l'éducation, par le travail, par la religion, par les bons
exemples et les bonnes habitudes, c'est là notre premier
devoir. L'intérêt de notre pays, l'avenir de notre société,
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— 250--
rélévation de la moralité publique, Texigent absolument.
Beaucoup d'hommes de cœur et de dévouement s'occupent
chez nous, jusque dans notre ville, de cette capitale
question.
Puissent tous ces efforts combinés aboutir à une œuvre
sérieuse, pratique, durable, pour la réhabilitation et le plus
grand bien physique et moral de tant d'êtres qui sont
d'autant plus dignes de sympathie qu'ils subissent générale-
ment une situation dont la responsabilité ne saurait leur
Incomber.
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NOTICE
SUR
L'INVASION DD MILDEW DANS LES VIGNOBLES DES COTEAUX DE LA SEVRE
AUX ENVIRONS DE NANTES
PAR LE Dr DELAMARE.
Dans la séance du 80 septembre 1885^ de la Section des
sciences naturelles de notre Société académique, M. Renou,
notre studieux collègue, propriétaire de vignes dans la
commune de Châteautbébaud, nous annonça l'apparition du
mlldew, peronospora viikola, dans ses vignobles. Peu
répandu à cette époque, le mal ne parut avoir que peu
d'influence sur la récolle, assez généralement médiocre, celte
année, mais plutôt par suite de fâcheuses circonstances
atmosphériques.
Dans la même séance, notre collègue M. Tabbé Coquet
nous exposa plusieurs feuilles de vigne rapportées par lui de
la commune de Gouffé, arrondissement d'Ancenis, lesquelles
feuilles portaient d'une manière irrécusable, ainsi que celles
mises sous nos yeux par M. Renou, les caractères du funeste
cryptogame-
D'après un rapport de M. Fontaine, agent-voyer d'arron-
dissement, le mildew aurait, dès 1883, occasionné le dépam-
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premeDl des vignes dans certaines parties du département.
Mais l'attention des viticulteurs n'avait pas été attirée sur ce
phénomène, portés qu'ils sont à attribuer à l'action des
brouillards ou des mauvais vents, toutes les altérations qui
surviennent aux feuilles des vignobles.
Déjà M. Fontaine, au mois de mai dernier, avait mani-
festé ses craintes sur une invasion plus générale du fléau,
pensant que si le mildew n'avait fait que peu de ravages cd
1884, c'était dû à la sécheresse de Télé ; aussi, invitait-il à
pratiquer de bonne heure le traitement préservatif et recom-
mandait même les moyens qui ont paru les plus efficaces
pour combattre le mal : solution de sulfate de cuivre, lait de
chaux cuivreux, poudre de Podechard, mélange de soufre,
poudre de chaux éteinte dans une solution de sulfate de
cuivre. Il préconise ces agents, en donne la formule, la
préparation et la manière de les appliquer.
Dans les mois suivants, juin, juillet, notre collègue
M. Andouard, dans ses intéressantes chroniques, insérées
dans les bulletins mensuels du Comice agricole central du
déparlement de la Loire-Inférieure, ne cesse de présager
l'apparition prochaine du mildew, et engage à se prémunir
contre son invasion.
Malgré ces avertissements, une fâcheuse sécurité régnait
chez tous les viticulteurs de nos régions ; les pluies de la (in
de juin n'avaient que peu altéré l'évolution de la floraison ;
les grappes étaient généralement nombreuses ; elles offraient
des dimensions peu communes ; les grains se développaient
d'une manière satisfaisante : tout faisait espérer une riche
récolte comparable à celles si abondantes de 18i7 et de
1876, et promettait de soulager la détresse de nos malheu-
reux viticulteurs, ruinés par une série de six annéeà de
récolles nulles ou d'une médiocrité désespérante. Jusqu'aux
premiers jours du mois d'août, nos espérances n'avaient subi
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— ^53 —
aucun échec. Le 8, des circonstances m'ayaul mis à même
de constater l'étal des vignobles, depuis la sortie de Nantes
par la route de Clisson et de ceuï des coteaux de la Sèvre
jusqu'à Verlou, le feuillage paraissait n'avoir subi aucune
atteinte de la maladie ; cependant, à l'entrée du bourg, un
petit clos me présenta quelques traces faisant présager
l'invasion du cryptogame. Le 9 et le 10, je commençai à
ni'inquiéter de l'aspect que me présentaient mes treilles.
Quelques feuilles offraient leurs bords recoquillés et comme
grillés, et leurs faces inférieures plus ou moins couvertes
d'une pulvérulence disséminée ou en petits groupes à l'inter-
section des ramifications des nervures. Je n'eus plus de
doute sur l'apparition du mildew. J'enlevai les feuilles
malades ; mais le lendemain l'invasion s'étendait de plus en
plus. Il ne fallait pas songer au traitement prescrit, la toxicité
présumée du fruit traité par le cuivre devant le faire rejeter
imptloyablement de l'usage de la table ; et cependant l'appa-
rence des grappes faisait regretter cet ostracisme, dont les
recherches présentes ont constaté la parfaite inanité.
Pendant ces deux journées, rien de nouveau dans nos
vignobles ; des vignerons, qui y avaient travaillé les jours
précédents, disaient qu'ils n'avaient rien vu et tous reslaicnl
dans une fâcheuse sécurité. Mais il n'en fut pas de même le
11. Le mal y paraissait irrécusable; le 12, l'invasion était
complète et les informations prises de tous les côtés consta-
taient que le fléau était général. Cependant le plus grand
nombre des^vignerons ne voulait pas reconnaître la cause du
mal ; pour les uns, c'était la grêle qui, quelques semaines
auparavant, avait porté sur certains points ; pour d'autres,
c'était des brouillards de la Sèvre qui, pendant plusieurs
matins, s'étaient étendus sur nos contrées ; puis enfin des
vents tempétueux qui avaient régné à diverses époques du
mois précédent, étaient les seules causes du mal. Partant de
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-^ Min-
ces assertions^ aucun traitement n'était applicable et il n'était
pas besoin d'empoisonner le monde ; aucun raisonnement
n'eut de prise.
Au milieu d'un pareil désastre, . dès le lendemain, je
m'occupai d'appliquer le traitement par le lait de chaux
cuivreux, suivant la formule prescrite. Mais, persuadé
d'avance de l'inutilité de mon travail, ayant plus de confiance
dans le traitement préventif que dans le curatif. Ne comptant
guère sur l'efficacité d'un agent trop tardivement appliqué,
je ne sulfatai qu'environ la moitié de ma vigne, ce qui me
permettait de constater l'influence du traitement sur les
progrès de la maladie, sur la chute plus ou moins prématurée
du feuillage, enfin sur le développement et la maturation du
fruit.
Pendant les premiers jours, la marche du fléau parut
arrêtée, un certain nombre de feuilles semblaient intactes ;
les contaminées se maintenaient assez solidement sur leurs
liges, aussi bien dans les vignes sulfatées que dans celles qui
ne l'étaient pas. On pouvait penser que sous l'influence d'une
chaleur solaire, assez élevée, surtout vers le milieu du jour,
l'état permanent d'une foliation encore assez abondante, la
maturation encore très peu avancée, relativement à l'époque,
pourrait néanmoins se faire et donner une récolte passable,
sinon pour la qualité, au moins pour la quantité.
Quelques pluies assez abondantes et quelques brouillards
du matin étant survenus vers cette époque, les inquiétudes
se renouvelèrent. Quels seraient les effets de l'I^midité sur
la situation actuelle? Le lavage des feuilles, quoiqu'en
faisant disparaître à peu près toutes les traces du traitement,
mais humectant les parties tant aériennes que souterraines
du cep, aura-t-il quelque influence sur la végétation sensi-
blement arrêtée?
Cette hypothèse parut devoir se réaliser. L'extrémité des
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sarments qui semblait avoir le moins souffert de l'action du
mildew, parut sortir de son engourdissement. Des bourgeons
lalBDts se développèrent ; des feuilles surgirent, s'étalèrent ;
les sommités de la ramure se couvrirent d'une foliation délicate,
d'un vert tendre, de telle sorte que l'ensemble des vignobles
vu de loin, offrait un coup-d'œil agréable et plein d'espé-
raoces. Mais de près quelle désillusion !
Sous l'influence de ce |y tour de sève auquel on n'était pas
accoutumé et ^ont on voyait l'évolution avec un vif plaisir,
un autre phénomène que l'on redoutait s'accomplissait. La
sève, dans sa circulation, rencontrant le pétiole de la feuille
frappé de mort par l'empoisonnement cryptogamique, conti-
nuait son cours, et toute la foliation primaire se détachant
successivement, les sarments se trouvaient dépouillés dans
la plus grande partie de leur étendue.
C'est alors que le désastre se montra dans toute sa triste
réalité ; réalité d'autant plus cruelle, que les sannents dans
leur affi'euse nudité présentaient le spectacle navrant d'une
récolte d'une richesse telle qu'on n'en cite que deux analogues
depuis plus de 60 ans.
Ces grappes si abondantes, si bien garnies de grains
remplis de tant de promesses, arrêtées dans le début de la
maturation, enlevaient toute espérance d'une récolte rémuné-
ratrice.
Je ne peindrai pas le découragement de nos malheureux
vignerons après six années de récoltes nulles ou au-dessous
de la moyenne, suivant avec anxiété la marche lente et
incomplète de la maturité.
Dans la même grappe, tous les degrés : grains à maturité
parfaite, mais médiocrement savoureux ; grains à l'état de
veijus, d'une acidité des plus accentuées ; grains à l'état
d'arrêt de développement ; enfin, grains^ passant au noir dans
certains vignobles qui avaient été frappés par la grêle. Si on
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• — 256 —
louchait un peu brusquement le cep, 2i Tinstanl, un nombre
plus ou moins considérable de grains se détachait et la rafle
restait presque à nu.
Si la maturité était un peu plus avancée dans les cépages
de muscadet, ce qui a permis de les récolter à la fin de la
première semaine d'octobre, les gros-plants n'ont pu être en
partie récollés qu'à la fin du mois et même dans les premiers
jours de novembre. ^
Les vendanges, dans nos localités, se faisaient en général
dans la dernière quinzaine de septembre ; cette année, elles
ont dû subir un notable retard.
Pour relever la qualité de leur vin, plusieurs propriétaires
ont sucré leur moût, précaution qui, en relevant le degré
alcoolique, donnera peut-être à leur vin une partie de la
qualité qui lui manquerait.
La notice que je viens de vous exposer ne se rapporte
qu'aux vignobles des bords de la Sèvre aux environs de
Nantes. Mais, hélas ! les autres localités ont présenté des
résultats tout aussi désastreux. Puisse la fatale imprévoyance
dont nous venons d'être victimes nous tenir en garde contre
le fléau et pousser nos vignerons à le combattre par un traite-
ment préventif bien soigneusement appliqué.
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DESCRIPTION
D UN
ORGHIS HYBRIDE INÉDIÏ
TROUVÉ A BOURGNEUF-EN-RETZ , PAR M. LAJUNCHÈRE,
PAR Mr E. 6ADEGEAU.
M. Lajunchère, de Bourgneuf-en-Retz, botaniste auquel
nous devons déjà plusieurs découvertes dans la région qu'il
habile, appelait mon attention, dès Tannée 1882, sur un
Orchis très curieux trouvé par lui à Bourgneuf.
Bien que nous ne connaissions jusqu'ici qu'un seul pied
de celte plante, Tintérôt qui s'attache à l'étude des hybrides
et l'espoir qu'elle puisse être rencontrée de nouveau m'ont
décidé à la signaler aux recherches des botanistes.
Je n'ai pu trouver nulle part de description ni de figure
s'adaptanl à notre plante, et, grâce îi l'obligeance de mes
correspondants, MM. Malinvaud et Camus, de Paris, qui ont
bien voulu se livrer, de leur côté, à des recherches à cet
égard, j'ai acquis la certitude qu'elle est inédite.
Voici la description que nous avons rédigée de concert,
M. Lajunchère et moi :
Racines à tubercules entiers.
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— 4S8 —
Feuilles liDéaires-lancéolées, aiguës, en gonUièrei eugai-
nantes.
Bractées lancéolées-linéaires, égalant Tovaire, h 3 ou 5
nenures.
Fleurs rouge-violacé eu épi assez compact, sépalei lan-
céolés, subaigus, soudés à la base, puis libres dans leur
2/1 supérieurs^ d*abord étalés horizontalement, tous trois
sur un même plan, comme dans 0. Alata, à pointe cucullée
à la fin un peu redressée.
Pétales supérieurs étroits, réunis en voûte sous les sépales,
distincts de ceux-ci et entrecroisés au sommet.
Label rouge-violacé, un peu plus clair ii la gorge qui est
ponctuée de violet, à trois lobes, les latéraux rectangulaires,
obscurément crénelés, un peu repliés par les bords, l'inter-
médiaire entier, non échancré^ en gouttière en dessons,
beaucoup plus étroit et un peu plus long que les latéraux.
Éperon cylindrique, droit, obtus, diminuant insensiblement
en largeur de la base au sommet, plus court que Tovaire.
Odeur douce, très faible.
Un pied seulement trouvé k Bourgneur-en-Retz (Loire-
Inférieure), par M. Lajuncbère, au milieu des 0. Morio,
laxiflora alata et maculata.
Ce pied, cultivé depuis six ans, s'est maintenu avec tous
ses caractères et a, de plus, donné naissance, par tubercules,
à deux autres individus identiques.
Quant à Torigine de cet hybride, le champ est ouvert aux
hypothèses et je me bornerai à faire connaître Topinion des
botanistes qui ont étudié la plante vivante :
M. Lajuncbère serait tenté de la considérer comme un
AlataXPragrans ; l'intervention d'O. Fragrans, qui croît
dans le voisinage, se trahirait par la conformation du label
et par l'odeur.
M. Camus, l'orchidologue parisien connu par les inléres-
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sanls travau x qu'il a publiés dans le Bullelin de la Société
botanique de France et au talent duquel je suis redevable
de la belle aquarelle qui accompagne cette communication,
verrait dans notre Orchis un Morioxpalustris et il explique
ainsi la ressemblance de notre plante avec 0. Alata Fleury :
Ce dernier étant, d'après M. Camus, 0. Morioy^laxifiora,
le nôtre serait 0. Morioxlaxiflora, var. palustris Go^s. et
Genn. (0. palmtris Jacq.)
Pour moi, qui considère jusqu'ici l'O. Alata Fleury comme
une espèce légitime, je dirais que l'Orchis de Bourgneuf
serait un AlataxMorio, l'influence de l'O. Morio se tra-
hissant, k mon avis, par la soudure inférieure des sépales,
leur forme et leurs stries et celle de l'O. Alata (dont il se
rapproche davantage), par la couleur des fleurs et la dispo-
sition des sépales.
Notre Orchis difïère absolument et nettement de l'un et de
l'autre par le label dont le lobe intermédiaire est aigu,
étroit, entier, non échancré, et dépasse en longueur les
lobes latéraux.
Adversaire résolu de la nomenclature binaire de Schiede (0,
je propose, pour cette plante, le nom d'X Orchis alatoïdes,
qui rappelle sa ressemblance avec l'O. Alata Fleury, sans
préjuger Ja question d'origine.
(*) Ainsi qne je l*ai dit aillcars, j'accepterais, à la rij^oear, cette nomen-
elatare pour des hybrides doot rorigitie a été démontrée par voie d'expérience,
mais pour ceox d'origine douteuse (et c'est là le cas de beaucoup d'entre
eox), rimposition d'un nom unique précédé du signe X ^^ parait la méthode
la plus rationnelle et je me conforme, du reste, eu agissant ainsi, k l'art. 37
du Code de nomenclature botanique rédigé en 1867 au Congrès de Paris
par M. Alphonse de Candolle et adopté par cette assemblée.
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LE LONG CALENDRIER
Par Mr E. ORIEUX.
Tai souvent éprouvé, dans mes lectures, le désir de vérifier
une date qui me semblait douteuse, ou de la compléter lors-
que je la trouvais insuffisamment déterminée. Les calculs à
faire en pareil cas n'ont rien de difficile ; mais comme ils
exigent l'emploi d'élémenls qui peuvent échapper à la mémoire
et dont la recherche demande toujours quelque temps, je me
décidai à composer, pour mon usage, un calendrier embras-
sant un grand nombre de siècles et pouvant être contenu
dans trois ou quatre pages d'un livre ordinaire.
Quelques heures suffisant pour composer les tableaux de
ce calendrier, je n'hésilai pas k le faire remonter à l'origine
de notre ère, plutôt par curiosité que par utilité, car Jésus-
Christ était mort depuis cinq cents ans, lorsqu'on songea à
établir une ère nouvelle se rapportant à sa naissance, et
longtemps encore après, les historiens ont daté leurs récits à
la manière ancienne, comme s'ils n'avaient point connu d'ère
chrétienne.
Les tableaux que j'ai dressés embrassent les calendriers
Julien, Grégorien et Républicain, et ils comprennent aussi la
fêle de Pâques qui régla le commencement de l'année pen-
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— 261 —
danl plusieurs siècles, au Moyen- Age. Avant de donner quel-
ques explications à leur sujet, je ferai une excursion dans le
domaine de l'histoire du calendrier.
Le calendrier nous fait connaître l'ordre régulier des jours
et des mois qui composent Tannée. Les peuples de l'antiquité
employaient deux sortes d'années : soit l'année lunaire, dont
chaque mois commençait avec la nouvelle lune ou avec le
coucher héliaque de la lune ; soit Tannée solaire représentée
par la durée d'une révolution de la terre autour du soleil.
Ces deux genres d'années étaient généralement divisés en
douze mois ; et au moyen d'intercalation plus ou moins
ingénieuses, Tannée lunaire de certains peuples coïncidait
avec Tannée solaire après une période déterminée (Jont la
plus remarquable était celle de dix-neuf ans.
Au dire de Pline (i) Tannée des Gaulois était lunaire ; mais
il n'en connaissait pas la durée : chaque mois commençait
le sixième jour de la lune, et le siècle était formé de trente
ans. C'est de Jules César, dont le génie embrassait tant de
choses, que vient le calendrier employé chez les peuples
chrétiens et dont l'origine remonte aux premiers temps de
Rome.
Romulus avait établi Tusage d'un calendrier qui n'est pas
exactement connu. Des savants ont pensé qu'en ce temps-là,
Tannée n'avait que dix mois, et que Numa y ajouta janvier
et février ; d'autres ont cru que Tannée de Romulus avait
douze mois, que son dernier mois était février, et que Numa,
en la régularisant, avait reporté janvier et février de la fin
au commencement, afin de la faire ouvrir par le dieu Janus.
Plutarque cite ces deux opinions et semble se prononcer
pour la première , b cause du nom de quinlilis donné à
juillet, et de celui de december considéré comme le dernier
(») Livre XVI, cli. 95.
17
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- 26Î -
mois (*). Mais d'après Varron, le dernier jour de ramée
arrivait le 28 février, appelé terminal, et les cinq jours
suivants Tormaienl un mois intercalaire (^).
Selon Macrobe, Tannée de Romulus était de dix mois et de
304 jours ; il y avait six mois de 30 jours et quatre de 31
jours ; mais cette division n'étant d'accord ni avec le cours
du soleil, ni avec les phases de la lune, il arrivait souvent, '
dit cet auteur, que les chaleurs se prolongeaient en hiver ;
alors on cessait de compter les mois jusqu'au moment où le
mois resté en suspens se trouvait coïncider avec l'état du
ciel (3). Ovide donne 305 jours à l'année de ces premiers
temps (4).
Ges^ commencements sont pleins d'obscurité, et la lecture
des anciens auteurs qui ont traité cette matière soulève bien
des contradictions.
S'il me paraît sage de ne pas prendre de parti, en un
sujet si peu connu et si controversé, je ne puis cependant
m'empêcher de remarquer que les anciens auteurs sont d'ac-
cord sur ce point, que l'année romaine était, au temps de
Romulus, une année lunaire ; ils affirment même que le com-
mencement de chaque mois était réglé par les Pontifes sur
l'apparition de la nouvelle lune (s). Mais une année lunaire
doit avoir un nombre de jours multiple de 29 jours et demi
représentant la durée d'une lune ; elle peut être composée de
mois de 29 et de 30 jours alternativement, ou de mois de
29 jours suivis de jours complémentaires ; pour dix lunes,
elle doit embrasser 295 jours, et 854 jours pour douze
lunes.
(*) Vie de Numa.
(») De la langue laline, I. VI, ch. 13.
{») Les Saturnales, ch. 12.
(*) Les Fastes, liv. Ul.
(«) Macrobe. Les Saturnales, ch. 15. .
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— 263 —
On voit que Tannée de 304 ou de 305 jours ne saurait
répondre à une année lunaire , et que les Pontifes chargés
de régler le cours des mois n'auraient pu faire concorder le
commencement de chacun d'eux avec l'apparition de la
nouvelle lune. Il faut donc renoncer ou à cette durée de 304
jours, si Ton doit conserver l'année lunaire, ou k l'année
lunaire si l'on adopte l'année de 304 jours. Les deux sys-
tèmes sont incompatibles.
Quant à Numa, il connut évidemment le calendrier grec et
dut s'en servir pour réformer l'année solaire des Romains.
Les Grecs employaient l'année lunaire de 354 jours ; mais
ils usaient d'une intercalalion pour se mettre d'accord avec
l'étal du ciel. Des divers systèmes employés par eux, le plus
connu consistait à ajouter trois mois de 30 jours dans les
intervalles d'une période de huit années, soit 90 jours qui
représentent h peu de chose près l'avance de huit années
lunaires sur huit années solaires ; ces ^0 jours donnant 11
jours 1/4 pour chaque année, l'année moyenne se trouvait
ainsi portée à 365 jours 1/4. De sorte que tous les huit ans,
Tannée lunaire grecque reprenait le cours des saisons. Les
Grecs savaient que cette durée de 365 jours 1/4 n'était pas
tout à fait exacte; aussi leur arrivait-il quelquefois de faire
de petites intercalations qui remettaient Tannée solaire à sa
place.
La plupart des anciens auteurs qui ont traité ce sujet ont
avancé que Numa avait besoin de 50 jours pour faire de
Tannée de Romulus une année lunaire, et qu'il les trouva :
1^ en enlevant six jours aux six mois de trente jours, afin de
leur donner le nombre impair « dont la nature avait révélé
le mystère ; » et 2** en ajoutant deux mois de 28 jours,
janvier et février, aux dix mois attribués à Romulus. Mais
nous venons de voir que cette affirmation manque de preuves
suffisantes. Dans tous les cas, Tannée de Numa eut d'abord
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— 264 —
854 jours, comme celle des Grecs, el pour en faire une
année solaire on y ajouta tous les deux ans un mois supplé-
mentaire qui fut alternativement de ^ et de 23 jours : en
quatre ans, les Romains avaient donc deux années de 354
jours, une de 876 jours et une de 877 jours ; leur année
solaire moyenne était ainsi de 365 jours 1/4.
Si Numa s'était arrêté là, on n'eût pu reprocher à son
système qu'une complication plus ou moins savante, plus oa
moins ingénieuse ; car avec l'élasticité du mois intercalaire
de 22 ou de 23 jours, qui revenait tous les deux ans, la
durée moyenne de l'année solaire pouvait atteindre la perfec-
tion ; mais « peu de temps après, il ajouta un jour au mois
» de janvier, afin de conserver l'imparité tant dans l'année
n que dans le mois, celui de février seul excepté (*) ; »
l'année lunaire fut ainsi portée à 855 jours, l'année solaire
moyenne à 366 jours 1/4, et les mois se trouvèrent réglés
ainsi qu'il suit : janvier, avril, juin, sextilis, septembre,
novembre et décembre eurent 29 jours ; mars, mai, quintilis
et octobre, 81 jours ; février conserva ses 28 jours (2), mais
on le cbai^ea des intercalations bi-annuelles.
On reconnut bientôt que Tannée de 366 joui^ 1/4 était trop
longue ; alors pour conserver le système de Numa et l'impa-
rité des jours k laquelle on attachait toutes sortes de vertus,
on se servit d'une inlercalation qui paraît avoir été de
66 jours, au lieu de 90, à chaque période de 24 ans, ce qui
compensait exactement l'excédent d'un jour établi par
Numa (3).
Toutes les intercalations furent placées inunédiatement
(*) Macrobe. Satumalet, ch. 13.
(») Id. Id. Id.
(') Scaliger pensait qu'au liea de ce changement tons les 24 ans, on
supprimait on Mercédonias tous les 22 ans, ce qui eût été bien pins
ingénieux . ^
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— 265 —
après le 23« jour de février, où l'on fêtait le dieu Terme ; le
mois intercalé s'appelait Mercédonius, et les cinq derniers
joure_ de février venaient après lui.
Voilà bien des complications — et il y en avait d'autres
encore — lorsqu'il était si facile d'établir, comme les Grecs,
une année de 365 jours 1/4 en donnant au Mercédonius,
puisqu'on tenait tant k l'année impaire de 355 jours, une
durée alternative de 20 et de 21 jours, au lieu de 22 et de
23. Mais ce n'eût pas été l'affaire des Ponlifes qui étaient
chargés de l'application du calendrier et qui réglaient sur
leur intérêt ou celui de leurs clients l'augmentation ou la
diminution du nombre des jours intercalaires (i). Aussi, au
temps de Jules César, le calendrier romain « élait devenu si
» absurbe par la négligence du collège des Ponlifes, que la
I» saison de la moisson ne tombait plus en été, ni celle des
» vendanges en automne (î). »
La réforme du calendrier que voulut établir Jules César
ne présentait pas de difficulté. L'année solaire de 365 jours
1/4 était connue ; elle était employée chez les Grecs et chez
les Eîgyptiens. L'année égyptienne était même fort simple :
elle comprenait douze mois de 80 jours, lesquels étaient
suivis, après le mois de Mesori, qui correspondait à notre
mois d'août, de 5 jours complémentaires pendant trois
années, et de 6 jours à la quatrième année {^).
Une opinion généralement admise cependant, c'est que les
Egyptiens se servaient alors de Tannée de 365 jours, qu'ils
ne comptèrent le sixième jour qu'après la réformalion de
Jules César, et qu'avant cela, ils employaient une période de
1461 ans pendant laquelle le commencement de chaque année
(*) Macrobe. SaturnaleSj cb. 14.
(>) Soélone. Vie de Juleê César.
(^) Macrobe. Les Saturnales, cb. 15.
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parcourait toutes les saisons, pour revenir, à la fin de la
période, au même endroit du ciel. Mais d'après certains
auteurs, il s'agirait non pas de 1461 ans, mais blinde
1461 jours, c'est-à-dire de trois années communes et d'une
année bissextile.
Qu'il s'agisse d'années ou de jours, ce nombre, 1461,
présente deux périodes remarquables : dans le premier cas,
1461 années de 865 jours représentent exactement 1460
années de 865 jours 1/4 ; et dans le second cas, 1461 jours
font'exactemelit quatre années de 865 jours 1/4. Quoi qu'il
en soit, il me parait impossible que les Egyptiens aient
employé, au temps de Jules César, l'année de 865 jours et
la période de 1461 ans. Qu'ils s'en soient servi dans un
temps très reculé, je ne dis pas non, et ne saurais le
vérifier ; mais au temps de Jules César, même au temps
d'Hérodote, cela ne me parait pas vraisemblable. Et voici
pourquoi :
Moïse, qui fut élevé en Egypte et dont les ancêtres habi-
taient le pays depuis plus de 400 ans, se sert de mois de
80 jours en parlant du déluge, puisqu'il' compte 150 jours
depuis le dix-septième jour du second mois jusqu'au
dix-septième jour du septième mois ; son récit ne permet
pas de voir si les 12 mois et 10 jours qui s'écoulèrent
entre l'entrée de Noë dans l'arche et sa sortie, comprenaient
des jours complémentaires ; mais Moïse ne nous apprend-il
pas que le mois de Nissan arrivait tous les ans à la même
époque, lorsqu'il dit aux Israélites : « Observez le mois des
» blés nouveaux, qui est au commencement du printemps,
*> et faites la Pâques en l'honneur du Seigneur votre
0 Dieu (^). »
D'autres exemples vont nous permettre d'être plus aEBr-
(*) Genèse, ch. 7, v. tl et ch. 8, v. 4. — DetUéronome, ch. 16, ▼. I .
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malif. Après avoir parlé de la rérormalion Julienne et des
corrections faites par Auguste César, Macrobe dit formelle-
ment que « César, à Vimitation des Egyptiens,, s'efforça
• de modelei^ son année sur la révolution du soleil qui
» s'effectue en 865 jours 1/4.... Que la coutume de placer le
» jour intercalaire avant le commencement de la cinquième
» année, s'accordait avec celle d'Egypte, la mère des
• sciences, dont tous les mois sont de 30 jours, et qui, au
0 bout de 12 mois, ajoutait 5 jours à son année, et après
» 4 ans, plaçait le jour intercalaire produit par les quatre
» quarts de jour écoulés et omis (•). »
Voilà qui est fort clair ; et si l'on objectait que Macrobe
écrivait au V« siècle de notre ère, et qu'il parlait d'un
temps rapproché de lui, Hérodote et Diodore pourraient
facilement nous prouver que cet auleur avait ici en vue une
époque fort reculée.
Hérodote ne paraît pas avoir apprécié exactement l'année
des Grecs, et il se trompe évidemment dans la durée qu'il
lui attribue au chapitre 82 de son 1" livre. Dans le règle-
ment de l'année, les Egyptiens lui paraissaient beaucoup plus
habiles pour conserver l'ordre des saisons. « Les Egyptiens,
» dit-il<font chaque mois de 80 jours, et tous les ans ils
» ajoutent à leur année 5 jours complémentaires, au moyen
» de quoi les saisons reviennent toujours au même
» point (î). »
Hérodote ne dit rien, il est vrai, du sixième jour interca-
laire ; nous allons voir que ce n'est pas une raison pour le
rejeter ; s'il en avait parlé, la discussion serait close et
Diodore de Sicile va nous fixer k ce sujet, dans un passage
(*) Les Saturnales, liv. I, ch. 15.
(') Hérodote, liv. U, chap. 4. Hérodote vivait plas de 400 ans avant
iules César.
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de son premier livre oii rinspiration d'Hérodote est évidente.
Voici ce qu'il dit : • Il n'y a peut-être pas de pays où Tordre
n et le mouvement des astres soient observés avec plus
» d'exactitude qu'en Egygte; on y conserve, depuis un
• nombre incroyable d'années, des registres où ces observa-
• tions sont consignées («}. Les Tbébaires d'Egypte, dit-il
» ailleurs, comptent les jours, non d'après la lune, mais
» d'après le soleil ; ils font chaque mois de 30 jours et ils
» sgoutent 5 jours et un quart aux 12 mois, pour compléter
• ainsi le cycle annuel (2). »
Si, par impossible, nous admettions que le sixième jour
ne fut point encore appliqué au temps d'Hérodote, nous nous
trouverions dans cette bizarre période de 1461 ans, qu'on
attribue aux Égyptiens, et pendant laquelle, au commencement
de chaque année, le soleil se levait dans une constellation
nouvelle, pour assister encore, après 1461 ans, au lever
héliaque de Sirius ou de Procion. Les Égyptiens auraient
donc commis, au temps du vieil historien, une erreur d'un
quart de jour tous les quatre ans, soit de ^ jours par siècle.
Que devient, dans ce cas, leur habileté dans le règlement
de l'année ? Que penser de ces saisons revenant toujours au
même point ? Et quelle valeur attacher à ces observations si
méthodiques, si exactes des astres? Mais si les saisons avaient
élé en concordance avec l'année, au temps d'Hérodote,
l'omission du 6<^ jour intercalaire aurait produit, au temps
de Diodore, une différence de plus de trois mois entre
l'aspect du ciel et le calendrier égyptien ; d'un autre côté,
la période de 1461 ans elle-même n'est pas exacte ; elle est
en avance de 1 1 jours 28 centièmes sur le temps astrono-
(«) Diodore de Sicile, liv. 1, ch. 8t. Cet aotear était contemporain de
Joies César.
(>) ld.,liv. 1, ch. 50.
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f
— 269 —
mique, el, à son achèvemenU le lever de Procion eût été en
retard de 44 minutes. Nous ne pouvons donc nous empêcher
de nous ranger à Topinion des auteurs qui ont pensé que les
Égyptiens employaient le bissextile — sous une autre forme,
— avant Jules César et même longtemps avant lui. Nous
dirons plus : à Texemple des Grecs, ils devaient corriger,
par intervalles, l'erreur de trois quarts de jour par siècle qui
résulte de l'année moyenne de 365 jours 1/4.
Si nous nous sommes étendus sur ce poinl, c'est que des
savants dont le nom fait autorité, François Arago notamment,
n'admettent pas le 6« jour intercalaire des Égyptiens.
Jules César, qui connaissait le système des Grecs et celui
des Égyptiens (i) et qui osa braver les maléfices du nombre
pair, n'osa pas renoncer tout h fait à la savante complication
de l'année romaine. A l'année lunaire de Numa, il ajouta dix
jours, pour obtenir l'année de 865 jours, et il remplaça le
Mcrcédonius par un jour supplémentaire qui devait élre
compté de quatre ans en quatre ans, afin de donner à l'année
moyenne une durée de 865 jours 1/4.
Le 24 février était appelé le sixième jour avant les calendes
de mars ; la désignation des jours qui le précèdent fut
conservée et le jour intercalé tous les quatre ans entre le 28
et le 24 février, à la place du Mercédonius, fut appelé bissex-
tum, de Va le nom de bissextile donné à l'année de 366 jours.
Les dix jours supplémentaires furent attribués aux sept mois
de 29 jours, savoir: deux jours à chacun des mois de janvier,
de sextilis et de décembre, et un jour à chacun des mois
d'avril, de juin, de septembre et de novembre.
La réforme de Jules César eut lieu l'an 708 de la fondation
de Rome. Le calendrier était alors en retard de 80 jours sur
(*) Joies César fit venir d*Égypte ou savant, Sosigènes, pour lui venir
en aide dans la réforme da calendrier. ^
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— wo —
les saisons (de 78 selon Macrobe) : une durée de 445 jours
(ou 448) fut assignée à celte année 708, dite de la confusion;
et Tannée 709 fut la première de la réformation Julienne.
La réforme fut mal appliquée à l'origine. Dans l'espace de
86 ans, de l'an I" à l'an XXXVII, les Pontifes s'étaient trom-
pés de trois jours en comptant douze bissextiles, au lieu de
neuf. Pour remédier à cet état de choses, on supprima les
bissextiles des années 41, 45 et 49 du calendrier Julien, et
la période de quatre ans fut rétablie à l'année bissextile 53
qui correspond à l'an VIII de l'ère chrétienne. Les quatre
premières années de notre ère, années juliennes 46, 47, 48
et 49, commencèrent un jour plus tard que ne l'avait prévu
la réformation de Jules César ; de sorte que l'an I«' de l'ère
chrétienne, qui aurait dû commencer un samedi, commença
en réalité un dimanche.
Dans la manière de compter les jours du mois, les Romains
avaient une méthode qui doit nous paraître bien singulière.
Nous savons que chaque mois de leur calendrier avait trois
jours remarquables appelés les calendes, les nones et les
ides ; que les calendes marquaient le !•' jour du mois ; que
les nones arrivaient le 5 et les ides le 18 dans le mois de
février et dans les sept mois de Numa qui avaient vingt-neuf
jours; enfin, que ces mêmes nones arrivaient le 7 et ces
mêmes ides le 15, dans les quatre autres mois qui avaient
SI jours.
Or, toutes les dates du mois se rapportaient à ces trois
jours, non pas en comptant les dates à la suite des calendes,
des nones et des ides, mais bien en les plaçant devant. Ainsi,
le 81 mars était appelé la veille des calendes d'avril ;
l'avant-veille, qu'on aurait dû appeler le second jour, 'était
appelé le troisième jour avant les calendes ; les jours précé-
dents étaient énoncés de la même manière avec une erreur
d'un jour également.
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— 471 —
Il en était ainsi des nones et des ides, avec celte différence
qu'il n*y avait pas de changement de mois.
Celle manière de compter les jours du mois trouve son
explication dans un anlique usage : à Torigine de Rome,
alors que son territoire n'avait pas Timporlance d'un de nos
cantons, les habitanls des campagnes étaient tenus de se
rendre à la ville te jour des nones pour y apprendre tout ce
qu'ils devaient observer dans le cours du mois. Le premier
jour du mois, que la lune nouvelle était censée indiquer,
c'est-à-dire le jour des calendes, un pontife convoquait les
habitants de la curie de Romulus et proclamait le nombre
de jours qui devaient s'écouler jusqu'aux nones ; celle indi-
cation était répandue de la ville h la campagne et l'on disait:
Nous sommes à cinq jours, à quatre jours avant les
nones ; noits sommes à la veille des nones. On savait qu'il
y avait huit jours d'intervalle entre le jour des nones et celui
des ides ; de sorte qu'après les nones, on disait : Nous
sommes à tant de jours avant les ides.
Jusqu'à la réformalion de Jules César, il y avait toujours, à
Texception de février, 16 jours entre les ides et les calendes;
car les ides arrivaient le 13 dans les mois de 29 jours et le
15 dans ceux de 81 . Lorsque les ides étaient passées, on les
abandonnait pour dire : Nous sommes à tant de jours avant
les calendes.
Le calendrier Julien continua d'être employé après l'éta-
blissement du christianisme et il survécut à l'effondrement de
l'Empire. Les Romains n'employaient pas d'ère proprement
dite pour indiquer la succession des années, ils désignaient
les années par les noms des consuls, même sous les empe-
reurs ; et c'est au moyen de supputations assez compliquées
que les faits de l'histoire ancienne peuvent êlre rapportés à
une ère quelconque.
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-272 —
Oq essaya de les rapporter à la créaliou du monde ; mais
on était loin d'être d'accord sur ses commencements.
L'ère dite de Dioclélien ou des Martyrs, fondée en 284,
fut employée quelque temps par les chrétiens d'Orient ; mais
elle fut bientôt abandonnée.
Une ère d'indiction, formée de séries de périodes de quinze
ans, fût également essayée à partir de 31S, mais sans plus
de succès.
On doit à un moine de l'Eglise romaine, un Scythe, Denis
de Petit, l'initiative de l'établissement de l'ère chrétienne. Le
savant moine croyant que Jésus-Christ était né le 25 décem-
bre de l'an de Rome 753 (45 de l'ère julienne), proposa de
faire commencer l'an I^"^ de l'ère chrétienne sept jours plus
tard, le !•' janvier 754, pour mettre l'ère nouvelle en con-
cordance avec le calendrier Julien. Son système fut adopté ;
mais cela se passait au VP siècle, en 582, alors que le
calendrier de Jules César avait près de six siècles d'exis-
tence, et les historiens n'en continuèrent pas moins à dater
leurs récits comme s'ils n'avaient point connu d'ère chré-
tienne.
Ainsi, dans la seconde moitié du VI» siècle, Grégoire de
Tours relie les faits en les rapportant soit à la Passion du
Sauveur, soit à des consuls ou à des empereurs romains, la
plupart aux règnes des rois de son pays ; ainsi Frédégaire,
au VII® siècle, les compare généralement aux règnes succes-
sifs des rois francs dont il écrit l'histoire. Ce fut au VIII«
siècle seulement que s'établit chez les peuples chrétiens
l'usage de compter les années à partir de la naissance sup-
posée de Jésus-Christ.
L'anaée ne commença pas toujours le !•' janvier. Malgré
les variations de son commencement, on peut l'indiquer, en
généralisant, au !•' mars avant 700 et, depuis l'arrivée des
Francs; à Noël jusqu'k l'an 1000; et ensuite, au jour variable
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de Pâques. Dans le Limouzin, pendant deux siècles et demi,
à partir de 1801, ce fut le 25 noars. Un édit de Charles IX,
de 1568, ordonna de commencer l'année le 1" janvier ; mais
celle date ne fui généralement appliquée qu'à partir de 1567.
Si l'on n'a rien pour s'éclairer, on peut avoir un doute au
sujet de l'année applicable aux trois ou quatre premiers mois.
Uo événement portant, par exemple, la date du 14 février
1491, est de 1492. Pour les temps où l'année commençait à
Pâques, il est donc nécessaire de connaître la date de cette
grande fêle du christianisme. Aussi, en parlerons-nous plus
loin.
Dans le calendrier Julien, les années bissextiles revenaient
tous les quatre ans sans exception ; mais nous avons vu que
les calculs qui avaient servi k l'établir renfermaient une
erreur d'environ trois quarts de jour par siècle (0,78) ; de
sorte qu'au XVI» siècle de notre ère, le 21 mars était en
relard de dix jours sur l'équinoxe.
La réforme grégorienne vint fort à propos remédier h cet
état de choses : pour régler le présent, elle diminua de dix
jours la durée de l'année 1582, et pour l'avenir elle retrancha
du nombre des années bissextiles, les années oculaires dont
le millésime séculaire n'est pas multiple de 4 ; ainsi 1700,
1800 et 1900 ne sont pas bissextiles dans le calendrier actuel,
tandis qu'elles l'auraient été si on avait contitnué l'emploi de
l'ancien calendrier ; les années 1600 et 2000 sont bissextiles
dans les deux calendriers (i).
Le calendrier Grégorien a donc trois jours de moins que
le calendrier Julien, pour une durée de quatre siècles. Lors de
i Juliennes font.... 3.652.500 jours.
Grégoriennes font. 3.652.425 —
Astronomiques font. 3.652.422 >- ,64.
En 10,000 ans, Tannée Julienne eût donc été en retard de 78 jours sur
la réalité, tandis que Tannée Grégorienne ne le sera que do 2 ou 3 jours.
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son applicalion en France, en 1582, Tannée fut réduite à
855 jours ; et le 10 décembre fut compté pour le 20.
Le jour de la semaine par lequel commença Tèrc
chrétienne étant connu, rien n'est plus simple que de déter-
miner celui qui représente le 1" janvier, à l'origine de
chaque siècle, dans les deux calendriers.
Le siècle du calendrier Julien, formé de 75 années com-
munes et de 25 années biss^tiles, embrasse 5,217 semaines
plus six jours. Puisque le siècle ne prend que six jours à sa
dernière semaine, il s'ensuit que le siècle suivant commen-
cera le septième jour : un siècle quelconque doit donc com-
mencer, par rapport k l'ordre régulier des jours de la
semaine, un jour plus tôt que le siècle qui l'a précédé. Le
premier jour de l'an !«' dut être un samedi (i), l'an 101
commença donc le vendredi, et l'an 201 le jeudi. En allant
ainsi de siècle en siècle, on reprend la même série de jours
après sept siècles écoulés, c'est-à-dire que l'année 701 com-
mença le même jour de la semaine que l'an I«% et aussi
l'année 1401. Le l*"^ janvier 1401 fut donc un samedi, et le
1«' janvier 1501 un vendredi. C'est ce qu'on appelle la
marque de l'année.
Au XVI® siècle, nous arrivons à l'emploi du calendrier
Grégorien. On obtiendrait un jeudi pour le commencement ou
la marque de 1601, si rien n'avait été changé dans l'inter-
valle ; mais l'année 1582 ayant été diminuée de dix jours,
qui font une semaine plus trois jours, il faut reculer de trois
jours pour trouver le commencement du XVII« siècle. Au
lieu du jeudi, le i^^ janvier 1601 fut en effet un lundi.
Si l'année 1700 avait été bissextile, le 1" janvier 1701 eut
(*) Nous avons vu que ce fut un diroanchei par suite des erreurs com-
mises sous Auguste par les Pontifes chargés de veiller à Inapplication du
calendrier. '
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— 275-
été uo dimanche ; mais ce fut une année commune ; de sorle
que le siècle qui comprend l'année 1700 compte un jour de
moins que les siècles de la période Julienne : le !«' janvier
1701 dut donc rétrograder de deux jours au lieu d'un seul, et
arriver un samedi et non pas un dimanche. Pour une raison
semblable, c'est-k-dire les années 1800 et 1900 étant com-
munes, le 1«' janvier 1801 arriva un jeudi et le 1«' janvier
1901 sera un mardi ; mais l'année 2000 étant bissextile, le
1" janvier 2001 sera un lundi exactement comme le 1«'
janvier 1601 .
Chaque siècle du calendrier Julien était donc en retard
d'un jour au point de vue de la semaine sur le siècle précé-
dent ; pendant sept siècles consécutifs les sept jours de la
semaine arrivaient tour à tour, en rétrogradant, à la tête
d'un siècle nouveau et, après sept siècles écoulés, ils recom-
mençaient, en rétrogradant de la même manière, une nou-
velle période de sept siècles. Dans le calendrier Grégorien,
c'est h l'achèvement de quatre siècles qu'on a rétrogradé
d'une semaine entière ; trois siècles, h raison de deux jours
chacun, et un siècle donnant un jour seulement. De sorle
que les années grégoriennes reviennent lous les 400 ans au
même point de départ et reprennent leur même ordre de
jours : chaque siècle commençant successivement le lundi,
le samedi, le jeudi et le mardi.
Tel est l'ordre de succession des jours pour le commence-
ment du siècle ; il en est autrement pour le commencement
de Tannée.
L'année commune de 365 jours a cela de remarquable,
qu'après une succession de 52 semaines, il faut encore un
jour pour la compléter ; de sorte que le jour par lequel elle
commence est aussi celui par lequel elle doit finir. Une série
d'années communes étant donnée, si la première année
commence, par exemple, un lundi, elle finira un lundi ; la
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— 270-
deuxième année commencera donc un mardi et la troisième un
mercredi, en continuant ainsi selon Tordre régulier des jours
de la semaine et en reprenant tous les sept ans cette même
succession des jours.
Mais Tannée bissextile vient modifier cet ordre de choses,
en faisant avancer Tannée d'un jour tous les quatre ans ; à
la huitième année, celle avance est de deux jours ; elle est
de trois jours k la douzième et de sept jours, c'esl-h-dire
exactement d'une semaine, à Tachèvement de la vingt-hui-
tième année. Après 28 ans, Tannée reprend donc la série des
jours qui ont marqué les sept périodes de quatre ans ; cette
série de 28 ans qu'on appelle improprement cycle solaire,
revient et continue sans interruption dans le calendrier Julien ;
elle est interrompue à Tannée séculaire non bissextile dans le
calendrier Grégorien.
D'après cela, le !•' janvier 1801 ayant été un jeudi, les
années 1829, 1857 et 1885, qui commencent des périodes
de 28 ans, ont également commencé un jeudi.
En résumé :
Dans la succession des années communes, le premier jour
de Tan suit la marche des jours de la semaine ; ce qui a
lieu pendant 3 ans ; au passage d'une année bissextile à une
année commune, le premier jour de Tan avance de deux
' jours;
Les jours se succèdent de la même manière et reviennent
aux mêmes dates k chaque période de 28 ans ; les années
qui ont le même rang en deux périodes successives eu quel-
conques, ont des jours semblables k toutes les dates sem-
blables ;
Dans le calendrier Julien, cette succession de périodes a
lieu sans interruption ;
Dans le calendrier Grégorien, les périodes de 28 ans peu-
vent se succéder pendant deux siècles, quand elles rencon-
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— 277 —
trent une année séculaire bissexlilCi mais elles sont toujours
interrompues par les années séculaires communes ;
La période séculaire embrasse sept siècles dans le calen-
drier Julien, et elle est formée de vingt-cinq périodes de
vingt-huit ans ; dans le calendrier Grégorien, elle embrasse
eiaclement 400 ans.
Avec ces données on peut trouver sans difficulté le 1«^
janvier d'une année quelconque, en se rappelant que le
premier jour de l'ère chrétienne fut ou dut être le samedi.
Voici d'ailleurs les opérations qu'il convient de faire pour
obtenir le jour de la semaine correspondant au 1«^ janvier
d'une année quelconque.
D'abord, il faut chercher le rang qu'occupe cette année
dans une période de 28 ans dont le jour du l^^ janvier est
connu : si cette période commence à l'an !•% on divise par
28 le nombre tout entier qui représente l'année donnée ; si
elle commence k la première année du siècle, on divise par
^ le nombre formé par les dizaines et les unités de l'année
donnée: dans l'un et l'autre cas, le reste de la division repré-
sente la situation qu'occupe cette année dans la période de
28 ans.
EXEMPLES POUR LES ANNÉES 1579 ET 1880.
1579
179
Reste. 11
28
56
80
Reste. 24
28
2
Dans ces exemples, l'année 1579 a le 11« rang dans
la période qui commença un samedi, et Tannée 1880, le
24« rang dans celle qui commença un jeudi.
Ensuite, il faut chercher le jour de la semaine par lequel
commence l'année donnée. Au reste trouvé, on ajoute le
18
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--Î78 —
nombre de bissextiles qu'il contient, toutefois moins un si
ce reste CBt multiple de 4 ; puis, du total, on retranche autant
de fois 7 que ce total renferme de semaines ; le nouveau
reste ainsi obtenu indique le rang que le jour cherché occupe
dans la semaine, en partant du jour qui commença la
période.
EXEMPLES.
Reste égal à H
Plus % bissextiles S
Total 18
Moins une semaine* . . . 7
Rang du jour cherché. . 6
Le 1«' jour de la période
étant un samedi, le !•' janvier
1579 fut un....... jeudi.
Reste égala 24
Plus5bissextiles(6-1). 5
Total 29
Moins 4 semaines 28
Rang du jour cherché. . 1
Le l^^ jour de la période
étant un jeudi, le 1" janvier
1880 fut un jeudi.
Tels sont les calculs fort simples que nous avons remplacés
par des tableaux.
Le calendrier Grégorien subit une interruption de 1798 à
1805, en France, ou il fut remplacé par le calendrier Répu-
blicain. Le 14 juillet 1790, on avait commencé à dater de
cette manière : le l®^ jour de la 2« année de la liberté ;
le 21 août 1792, on écrivait : Fan IV de la Liberté et le
1«^ de rÉgalité ; mais en datant ainsi on conservait les
indications du calendrier Grégorien. C'est dans la séance du
5 octobre 1798 que la Convention prescrivit l'usage du
calendrier Républicain. Jusque-là, et depuis le 24 septembre
1792, on datait de Tan de la République française en ajoutant
l'indication grégorienne ; on disait, par exemple : lundi 24
septembre 1792, l'an I" de la Républiqtie française i
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— 279 —
mardi !«' janvier 179S^ l'an II de la Bépublique fran-
çahe. Mais, h partir du 7 octobre 1793, on commença à dater
ainsi: le \& du \^^ mois de l'an II de la République fran-
çaise, en ajoutant aussi : lundi 7 octobre 1798, vieux style.
L'année républicaine avait douze mois de trente jours et
se terminait par cinq ou six jours complémentaires placés
après le douzième mois. La chose n'était point nouvelle.
C'était exactement, comme nous l'avons vu, l'ancienne année
égyptienne, qui commençait à la fin du mois d'août, et les
décades étaient imitées des Grecs.
Le 1«' vendémiaire, par lequel la Convention voulut faire
coraraencer l'an I", correspond au 22 septembre 1792; ce
jour-là, le soleil était arrivé à l'équinoxe h 9 heures 18 mi-
nutes du matin ; le commencement des années suivantes Tut
déterminé par l'équinoxe d'automne, c'est-à-dire par l'entrée
du soleil dans le signe de la balance (*). Le moment de
l'équinoxe arriva, en 1799, le 23 septembre, à 2 heures
4S minutes du matin, et en 1803, le 24, à 1 heure 16 mi-
nutes ; de sorte que le commencement de l'année républicaine
varia du 22 au 24 septembre. Le mois était formé de trois
décades de dix jours (2). Au commencement de l'application
du nouveau calendrier, on disait : te 16 du 1®' mois de
fan II de la République française ; un mois plus tard,
c'était : octidi^ 1^« décade de brumaire ; primidi, 2« dé-
cade. Mais il semble qu'on ait vite renoncé aux décades ;
nous trouvons en effet presque aussitôt: octidi, 28 brumaire,
l'an IL
Les jours complémentaires, nommés plus tard sans culo-
lides, s'énonçaient ainsi : 1»^^ jour complémentaire de
(«) Loi du 5 octobre 1793.
(') Primidi, daodi, Iridi, qoartidi, quinlidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi,
décadi.
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— MO —
Van III ; ou encore : primidi, i«^ jour complémentaire
de Van VI.
On ne peut éprouver d'embarras dans la lecture d'une
date qu'à partir du 7 octobre 1798. Nous avons néanmoins
fait partir le calendrier républicain du 22 septembre 1792.
Il Tut aboli par un sénatus-consulte du 22 fructidor an XIII
(9 septembre 1805), et le calendrier Grégorien fut rétabli le
1«' janvier 1806 (11 nivôse an XIV).
Le long Calendrier, que nous avons dressé d'après les
indications qui précèdent, est formé de quatre tableaux :
Le premier tableau donne le premier jour de l'année pour
la période comprise entre l'an I" et l'an 1582, et il peut être
utilisé après cette date pour les nations chrétiennes qui ont
conservé le calendrier Julien ; le second commence h 1583
et peut servir pendant des milliers d'années, puisqu'en l'an
5000, la différence entre le temps marqué par lui et le temps
astronomique atteindra un jour à peine. Ainsi, au moyen de
ces deux tableaux, on peut trouver le premier jour d'une
année quelconque de l'ère chrétienne.
Ce premier jour étant connu, le troisième tableau donne
les dates pour tous les jours de l'année. Il est formé : P de
sept séries de semaines commençant chacune par un jour
différent ; et 2'' dû tableau des douze mois dont chaque date
correspond aux jours de la semaine.
Le quatrième tableau contient le calendrier Républicain, de
1792 k 1805, dont les dates sont placées en regard de celles
du calendrier Grégorien.
n y a enfin un cinquième tableau : celui-ci est relatif h la
fêle de Pâques dont nous allons parler maintenant.
LA FÊTE DE PAQUES.
La Pâque des Juifs commençait le soir du 14* jour du
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— 281 —
mois de Nissan ou des blés nouveaux («) ; elle avait lieu le
lendemain, et les fêles des azymes, qui la suivaient, duraient
jusqu'au 21 « jour (2). Pendant plus d'un siècle et demi, les
chrétiens n'eurent pas de jour bien déterminé pour célébrer
la Pâque: les uns, en Orient surtout, la célébraient le
14" jour de la lune de mars ; les autres, le dimanche qui
suivait ce 14* jour. Le Concile tenu à Rome l'an 196 de l'ère
chrétienne sanctionna cette dernière coutume qui était
généralement suivie en Occident.
L'an 325 de l'ère chrétienne (870 du calendrier Julien et
1078 de la fondation de Rome), le Concile de Nicée établit à
ce sujet des règles précises en déterminant la succession des
épactes au moyen desquelles on calcule la pleine lune pascale
pour chaque année. Ces règles ont servi à calculer le jour
de Pâques jusqu'à l'an 1582, et elles servent encore aujour-
d'hui moyennant une modification dans l'épacte supplémen-
taire ; mais on ne doit pas les appliquer d'une façon absolue
pour trouver la Pâque avant l'an 325, parce que : 1« la lune
ficlive admise par le Concile peut différer d'un ou deux jours,
en plus ou en moins, sur la lune réelle ; et que, 2** le cycle
de 19 ans n'est pas d'une exactitude mathématique.
Depuis l'an 825, la fCte de Pâques est -déterminée par la
pleine lune qui coïncide avec l'équinoxe du printemps ou
par celle qui arrive après ce môme équinoxe. Cette pleine
lune, dite lune pascale, est comprise entre le 21 mars, jour
fixé pour l'équinoxe, et le 18 avril, dont la pleine lune
(*) D'après le calendrier israëlitc, en usage depuis le IVn siècle, en 1876,
le 14 de Nissan correspondait au 8 avril ; il s'agissait de l'année commune
israélite 5636 ; en 1883, année embolismique 5643, le t4 de Nissan corres-
pondait au 21 avril; la Pâque des chrétiens était le 16 avril en 1876 et le
25 mars en 1883.
(') Lévitiqoe, ch. 23, v. 5.
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— 282 —
succède, sans intermédiaire, à celle du 20 mars (i). Quant è
la fête même, elle est célébrée le dimanche qui vient immé-
diatement après Ja pleine lune pascale, c'est-à-dire au plus
tôt le 22 mars, au plus tard le 25 avril.
Le Concile de Nicée imagina, à ce sujet, une lune fictive
dont la marche méthodique suit de près celle de la lune
réelle, la devançant parfois et parfois la suivant. Lorsque la
lune fictive est nouvelle le !•' janvier, elle est nouvelle aussi
le 80 mars, et, dans ce cas, elle est pleine le 13 avril ;
lorsqu'elle n'est pas nouvelle le 1" janvier, l'âge qu'elle a ce
jour-là est aussi celui qu'elle aura le 80 mars, et cet âge
représente l'avance de la pleine lune sur le 18 avril : la
pleine lune fictive devance donc le 13 avril d'autant de jours
que la nouvelle lune a devancé le 1«' janvier.
La durée de la lune fictive est alternativement de 29 et de
80 jours : douze lunes font 854 jours dans les années
communes ; dans les années bissextiles, il y a cinq lunes de
29 jours et sept de 30 jours, et les douze lunes font 355 jours.
Il reste, dans tous les cas, onze jours pour compléter l'année
solaire (2).
Lorsque la lune est nouvelle au l*"" janvier d'une année
quelconque, ces onze jours représentent son âge au 1" jan-
vier de Tannée suivante ; à la fin de la seconde année, onze
autres joui-s s'ajoutent aux premiers et portent à 22 jours
l'âge de la lune au commencement de la troisième année.
 la fin de cette troisième année, il y a une treizième luue
à laquelle on attribue 80 jours ; de sorte qu'à l'origine de la
quatrième année, l'âge de la lune est de trois jours. 11 en
est ainsi d'ailleui*s pour la lune réelle. Cette treizième lune
(*) En 325, les savants avaient remarqué que Téquinoxe répondait an
XU des calendes d'avril, c est-à-dirc au 21 mars.
{*) Exactement i0i,875.
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— 283 —
«
de la troisième aonée est la première lune supplémen-
taire.
Les onze jours, en s'accumulant pendant une période de
19 ans, font sept lunes supplémentaires que Ton intercalle
tous les deui ou trois ans, à mesure que le cumul atteint le
nombre 80, c'est-à-dire la durée d'une lune; la dernière
lune supplémentaire est de ^9 jours. La lune revient ainsi
tous les 19 ans à la même place, après avoir accompli
285 fois son passage entre le soleil et la terre. C'est celte
période de 19 ans, trouvée par l'Athénien Melon, qui est
appelée Nombre d'or; on donne le nom A'Épacte à l'âge de
la lune à chaque 1" janvier.
Voici d'ailleurs le tableau des épactes en regard du cycle
de 19 ans (i) :
cyïd^iâ'rs" j 2 3 4 5 6 7 8 9 iO U 12 13 14 15 i6 17 18 19 1
chrétienne ^^"^^ I * ^ ^ * ^ ® ^ ^ 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Epactes | 11 22 3 14 25 6 17 33 9 20 112 23 4 15 26 7 18 0
Lones intercalées | 1 2 3 4 5 6 7
Du moment où il est admis que la lune revient toujours
dans la même situation, à l'origine d'une période de 19 ans,
il est évident qu'elle occupera également la même situation
en deux années de même rang dans toutes les périodes. 11
suffit donc de savoir l'âge de la lune au commencement de
chacune des 19 années de la première période, pour connaîlre
son âge au commencement d'une année dont on connaît le
rang dans une période quelconque.
En l'an 825, la lune avait été nouvelle le'l" janvier; elle
(*) Le nombre d'or 1 représentait Tannée où la lune était nouvelle le
l«r janvier et correspondait à Tépacte O4 en faisant concorder Tépacle 11
avec la Ire année de l'ère chrétienne, nous simplifions les calculs relatifs à
la recherche de Tépacte.
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avait donc été Doavelle 19 ans plus tôt, à rorîginede rannée.
En remontant de 19 ans en 19 ans vers le commencement
de Tère chrétienne, on la retrouve également nouvelle le
1" janvier de Tan % car de l'an 2 à l'an 825, il y a exac-
tement dix-sept périodes de 19 ans. Mais l'an 2, la troisième
année du cycle de 19 ans, correspond à l'épacte 22;
de sorte que l'épacte de l'an 325 était 22. Cependant, en
825, la lune ayant été nouvelle le i^^ janvier, il fallait obtenir
zéro h l'épacte pour avoir exactement l'âge de la lune. Le
Concile de Nicée ajouta 8 h l'épacte 22 pour obtenir 30 ou 0,
et il décida que ce supplément de 8 serait, h l'avenir, ajouté
à l'épacte de chaque année, afin d'avoir zéro pour point de
départ à chaque nouvelle lune (*). Cet ordre régulier des
épactes fut suivi jusqu'à la réformation du calendrier Julien
en 1582.
A partir de l'an 2 ou de l'an 325, et jusqu'à 1582, l'épacte
est donc toujours 0, de 19 ans en 19 ans, lorsqu'on y agoute
l'épacte supplémentaire 8.
Si l'on fait abstraction de l'épacte supplémentaire, l'épacte
directe de l'an 2 étant 22, celle de l'an 1" est 11; elle est
donc 0 pour l'an qui précéda l'ère chrétienne ; l'an 19,
l'an 88, c'est-à-dire tous les multiples de 19, doivent donc
avoir 0 pour épacte ; on obtiendrait 8 pour ces mêmes
années en tenant compte de l'épacte supplémentaire.
Pour simplifier la recherche de l'épacte, il convient de
prendre pour point de départ, non pas l'an 2, oii la lune
devait être nouvelle au l^^^ janvier, mais bien l'an 0 qui a
(^) En réalité, en raison de la différence d*un joar pour 312 ans dans la
marche do i-ycle et de la lune, ccile-ci dut être nouvelle le l«r janvier de
Tan 2, et Tépacte supplémentaire aurait dû être 7, et non pas 8, au com-
mencement de Père chrétienne.
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-^485 —
pour épacte simple 0 et qui permet de se servir directement
des multiples de 19.
Ainsi, Fan l»"^ de Tère chrétienne, qui correspond au
nombre d'or 2, a 11 pour épacte directe; Tan 20, l'an 39,
toutes les années multiples de 19, avec 1 pour reste, auront
la même épacte ; cette épacte sera portée k 19, si l'on y ajoute
répacte supplémentaire 8.
L'an 8 a 3 pour épacte, soit 11 avec l'épacte supplémen-
taire. Il en est ainsi de l'an 22, de l'an 41 et de toutes les
années multiples de 19 avec 8 pour reste.
En continuant de cette manière, on trouve toutes les
épactes données par le cycle de 19 ans. Dans ces 19 séries
d'années, il n'y a que 19 dates pour marquer la pleine lune
pascale pendant la période de 35 jours comprise entre le
22 mars et le 25 avril. De sorte qu'un simple tableau de
19 séries d'années peut faire connaître toutes les pleines
lunes pascales du calendrier Julien, c'est-à-dire jusqu'à
l'année 1582. Nous donnons plus loin ce tableau.
Lorsque la lune est nouvelle le 1«' janvier, avons-nous dit,
la pleine lune pascale arrive le 13 avril. C'est cette date du
13 avril que nous avons prise pour point de départ des
calculs qu'exigent les recherches de la fête de Pâques; nous
avons simplifié ceux-ci, dans un grand nombre de cas, en
ajoutant à ces 13 jours d'avril les 31 jours de mars et
nous servant du nombre 44 qui est la somme de ces deux
dates.
D'après ce qui précède, on reconnaît facilement que :
1<* Si l'épacte, c'est-à-dire l'âge de la lune au 1" janvier,
varie de 1 à 12, la pleine lune pascale arrive en avril. Dans
ce cas, du nombre 13 on retranche l'épacte trouvée et l'on
obtient directement la date de la pleine lune.
Exemple : £=7 || 13—7=6 avril.
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— 486 —
2<» Si l'épacte varie de 18 à 28, en la retranchaot de 44,
on obtient directement la pleine lune qui arrive alors en
mai*s.
Exemple : E=16 (1 44—16=28 mars.
8** Si répacte est de 24 exactement, une pareille opération
donne pour résultat le 20 mars. Mais, le 20 mars, ne pou-
vant représenter la lune pascale, on ajoute à ce nombre 20,
dans le cas particulier, une lune de 29 jours, et du chiffre
obtenu 49, on retranche les 81 jours de mars : on trouve
ainsi le 18 avril, dernière limite de la pleine lune pascale.
4*» Enfin, si Tépacte est de plus de 24 jours, il faut ajouter à
44 une lune de 80 jours et retrancher du total l'épacte donnée
et les 31 jours de mars ; on obtient ainsi la pleine lune
pascale qui, alors, a lieu en avril.
Exemple : E=27 |1 44+80-27 -81=16 avril.
Cependant, pour simplifier, dans ce 4« cas, on remplace
44+40—81 par 48 ; de 43 on retranche Tépacle et on
obtient directement la date de la pleine lune pascale. Ici,
48—27=16 avril, comme ci-dessus.
La lune fictive fut admise, sans changement, jusqu'à
rétablissement du calendrier Grégorien, en 1582. Mais à
cette époque, la lune réelle avançait de trois ou quatre jours
sur la lune fictive, c'cst-a-dire que lorsque la nouvelle lune
fictive était fixée au 1«' janvier, la nouvelle lune réelle arrivait
le 28 ou le 29 décembre.
La durée d'une lune n'était pas connue avec précision,
lors de la découverte du cycle de dix-neuf ans : l'astronome
Méton comptait exactement 235 lunes pendant cette période ;
mais, en réalité, les 19 années de 865 jours 1/4 étaient plus
longues de une heure vingt-neuf minutes et une seconde
que les 285 lunes ; il en résultait une erreur d'un jour tous
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— 487-
les 812 ans 1/2 environ («)• C'est ce qui explique le retard
de la lune fictive depuis la réunion du Concile de Nicée, en
825, jusqu'à la réformalion Grégorienne, en 1582.
En retranchant dix jours à cette année 1582, la réforma-
lion Grégorienne aurait diminué d'autant l'épacte supplémen-
taire 8 indiquée par le Concile de Nicée, si 285 lunes réelles
avaient exactement représenté 19 années du calendrier Julien;
mais la lune réelle exigeait alors 11 pour épacle supplémen-
taire; de sorte que pour faire concorder la lune fictive avec
la lune réelle, on enleva sept jours au lieu de dix à l'épacte
supplémentaire; celle-ci fut donc fixée à un en 1588, et elle
conserva cette valeur jusqu'en 1699.
Les connaissances qu'on avait acquises en astronomie ne
permettaient plus de conserver une épacte supplémen-
taire invariable comme cela avait eu lieu pendant douze
siècles.
Dans le calendrier Julien, la période de 19 ans est plus
longue que lés 285 lunes ; le contraire a lieu dans le calen-
drier Grégorien dont la période est plus courte de 1 heure
56 minutes et H secondes; de sorte que la lune réelle se
trouve maintenant en retard d'un jour tous les 284 ans
environ sur le calendrier Grégorien ; ce qui fait 3 jours de
moins en 7 siècles ; il faut donc dans cet intervalle de
700 ans retrancher 8 épactes de l'épacte supplémentaire.
Rien ne nous semble plus facile que de répartir ces
8 épactes en deux séries de 200 ans et une série de 800. De
(*) Une lune rooyennne est de 29 jours 12 h. 44 m. 2 s. 8
12 lones sont de 354 » 8 48 33
235 lunes fout ensemble 6.939 » 16 30 59
f Juliennes 6.939 » 18 0 0
19 années..! Grégoriennes 6.939 » 14 34 48
( Astronomiques 6.939 » 14 28 21
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— 9188 —
la sorte, l'épacte 5 de 1600 étant 1, on aurait pour épactes
supplémentaires :
En 1700 et 1800, épacte .... 0
En 1900 et 2000, id 29
En 2100, 2200 et 2300, id 28
En 2400 et 2500, id 27
En 2600 et 2700, id 26
En 2800, 2900 et 3000 id 25
En continuant ainsi, on retrouverait l'épacte 0 à Tannée
8700, après 70 siècles écoulés ; car, à raison de 3 épactes
pour 7 siècles, les 70 siècles font 30 épactes ou une lune.
Mais au tieu de celte méthode simple et facile, on admit la
méthode compliquée des équations lunaires et des équations
solaires ; on conserva les données du calendrier Julien qui
gagne une épacte tous les 312 ans, et on appela équation
lunaire l'addition de celte épacte ; puis on diminua d'une
épacte toutes les années séculaires non bissextiles du calen-
drier Grégorien, et on appela cette soustraction une équation
solaire.
De cette manière, on trouve en 1700 une équation solaire
qui réduit à 0 l'épacte 1 de 1700 ; en 1800, on a également
l'épacte 0 parce qu'il y a celte année-là deux équations qui
se détruisent; en 1900, l'équation solaire réduit l'épacte à
29 ; celle-ci se trouve sans changement l'an 2000. Et en
continuant ainsi i\ ajouter et retrancher, on retrouve l'épacte
0 en 8700.
D'après cette méthode compliquée, il arrive aussi que les
épactes se croisent d'une façon assez singulière : ainsi,
l'épacte sera de 28 en 2200 et en 2400, et de 27 en 2300 ;
elle sera de 23 en 3400 et 3600, et de 22 en 3500.
Voici, d'ailleurs, le tableau de ces épactes jusqu'à l'année
8700 :
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— Î89-
TABLEAU DES ÉP ACTES SUPPLÉMENTAIRES
De 1700 à 8700.
=a
d'après la MÉTAOIiE
Des ëqnations
lonaires
et solaires.
2
1
P3
"S
ÇA
1700 et 1800
0
1900 à 2100
29
2?00
28
2300
27
2400
28
2500
27
2600 à 2800
26
2900 et 3000
25
3100 à 3300
24
3400
23
3500
22
3600
23
3700
22
3800 à 4000
21
4100
20
4200 à 4400
19
4500 et 4600
18
4700 à 4900
17
5000
16
5100
15
5200
16
5300
15
Du retranchement
de 3 épactcs
par 7 siècles.
1700 et
1900 et
2100 à
2400 et
2600 et
2800 à
3100 et
3300 et
3500 à
3800 et
4000 et
4200 à
4500 et
4700set
4900 à
5200 et
1800
2000
2300
2500
2700
3000
3200
3400
3700
3900
4100
4400
4600
4800
5100
5300
d'apbès la HÉTHODB
Des équations
lonaires
et solaires.
2.
o
•o
S.
5^00 à 5600
14
5700 et 5800
13
5900 à 6100
12
6200
11
6300
10
6400
11
6500
10
6600
9
6700
8
6800
9
6900
8
7000 à 7200
7
7300 et 7400
6
7500 à 7700
5
7800
4
7900
3
8000
4
8100
3
8200 à 8400
2
8500 et 8600
1
8700
0
»
n
Du retranchement
de 3 épactes
par 7 siècles.
5400 et 5500
5600 à 5800
5900 et 6000
6100 et 6200
6300 à 6500
6600 et 6700
6800 et 6900
7000 à 7200
7300 et 7400
7500 et 7600
7700 à 7900
8000 et 8100
8200 et 8300
8400 à 8600
8700
»
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- MO —
Quelle que soit la méthode qu'on emploie, qu'elle soit
simple ou composée, nous savons maintenant tout ce qu'il
faut savoir pour calculer sans peine la pleine lune pascale
d'une année quelconque, à partir de l'an 325. Nous allons
donner des exemples de ces calculs.
Premier exemple. Trouver l'épacte de l'an 326.
En divisant 326 par 19, on obtient un reste S qui repré-
sente la 8« année de l'ère chrétienne dont l'épacte est 8
(voir le tableau de la page 29) ; en y ajoutant l'épacte
supplémentaire 8, on obtient 11 pour l'épacte de Tan 826.
Pour trouver la pleine lune pascale, il faut employer le
premier cas de la page 33, c'est-à-dire qu'il faut retrancher
11 de la date du 13 avril : on obtient ainsi le 2 avril pour
la pleine lune cherchée (i).
Deuxième exemple. Epacte de l'année 1680.
La division par 19 donne un reste 8 qui représente le
rang de l'année dans les périodes de 19 ans et correspond
à l'épacte 28 ; ici l'épacte supplémentaire est 1, ce qui
porte à 29 l'épacte de l'année 1680. En prenant le quatrième
cas de la page 5, on retranche 29 de 43, et on obtient le
14 avril pour la date de la pleine lune pascale.
Troisième exemple. Epacte de l'année 1886.
Le reste est 5 et l'épacte 25 ; l'épacte supplémentaire est
(*) Si Ton n*a pas sous les yeux le tableau des épactes, on peut
trouver celles-ci «ie mémoire, en remarquant leur succession de 3 en 3 ;
savoir: lo les années 3, 6, 9, 12, 15 et 18 correspondent à des épactes
de même nombre; lo les années 1, 4, 7, 10, 13 et 16 aux épactes 11, 14,
17,20,23 et 26; et 3o les années 2, 5, 8, 11, 14 et 17 aux épacles
22, 25, 28, 1,4 et 7. Le dernier chiffre des années Id donne 0 à Tépaae.
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nulle. En retranchantes de 4S, on obtient le 18 avril, date
extrême, pour la pleine lune pascale.
Connaissant la date de la pleine lune pascale, pour une
année donnée, on trouvera celle de la fête de Pâques, si
Ton sait à quel jour de la semaine correspond cette pleine
lune : car la fête arrive le dimanche suivant. Ce que nous
avons dit à la page 28 permet de calculer ce jour-là ; mais
nos tableaux ont précisément pour but de supprimer les
calculs.
Ainsi nous trouvons dans le calendrier que Tan 326
commença le samedi et que le 2 avril fut aussi un samedi ;
Pâques arriva donc le lendemain dimanche 3 avril.
L'année 1680 commença le lundi, mais comme elle était
bissextile, il faut, à partir du l^*" mars, se servir de la
seconde lettre du tableau pour le commencement de Tannée.
On trouve ainsi que le 14 avril fut un dimanche : Pâques
arriva le dimanche suivant 21 avril
L'année 1886 commencera un vendredi ; le 18 avril sera
un dimanche, et Pâques arrivera le 25 avril.
Nous avons vu que la fête de Pâques ne fut fixée par
des règles précises qu'en 825, et que l'épacte supplémen-
taire était représentée par 8 cette année-là ; mais en raison
de la différence de durée entre les 285 lunes et la période
de 19 ans, c'est l'épacte supplémentaire 7 qu'il aurait fallu
employer dans la plus grande partie de la période comprise
entre les années 34 et 325.
D'un autre côté, dans les premiers temps de cette période,
la Pâque fut célébrée soit le jour de la pleine lune de mars,
soit le dimanche suivant : elle eut lieu quelquefois du 14 au
21 mars ; alors elle n'était point fêlée après le 12 ou
après le 19 avril. Pour ces temps éloignés le jour de la
fête de Pâques ne saurait donc être indiqué avec précision.
Les fêtes mobiles sont réglées sur celle-là. En ajoutant
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- 592 -
39 jours à la date de Pâques, on trouve rAsccnsion ; 49
jours, la Pentecôte ; 56 jours, la Trinité. Lorsque Pâques
arrive le 22 mars, l'Ascension a lieu le 80 avril ; lorsqu'elle
arrive du 28 au 81 mars, du total trouvé on retranche les
81 jours de mars et les 80 jours d'avril, le reste donne la
date du mois de mai ; lorsqu'elle arrive en avril, du total
trouvé on retranche les 80 jours d'avril : si le reste ne
dépasse pas 31, il indique une date du mois de mai ; s'il
dépasse 31, on en retranche les 81 jours de mai et on obtient
une date du mois de juin. Exemples :
Année 1888^ Pâques 25 mars.
Ascension. Trinilé. Pentecôte.
Date de mars 25 25 25
A ajouter 89 49 56
64 74 81
A retrancher 61 61 61
8 mai 13 mai 20 mai
Année 1889^ Pâques 21 avril.
Ascension. Trinité. Pentecôte.
Date d'avrU 21 21 21
A ajouter 39 49 56
Total 60 • 70 77
A retrancher:
Mois d'avril 80 30 80
30 mai 40 47
A retrancher, mois de mai. ... 81 81
9 juin 16 juin
Nous venons de voir, dans cette rapide histoire de notre
calendrier, que, dès les temps les plus reculés, avant qu'il
fût question de cette Rome née dans un champ de bergers
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— M3 -
et destinée à commander à un si grand nombre de peuples,
un pays fort savant, aujourd'hui le jouet de deux ou trois
nations, avait une connaissance exacte des mouvements du
soleil et des astres, et de la durée des saisons ; on y faisait
usage d'un calendrier fort simple qui donnait la juste
mesure de Tannée. Rome naît, grandit et conquiert le
monde ; elle a un calendrier défectueux, compliqué, incor-
rect, dont elle se sert pendant sept siècles ; elle le modifie
à la fin sans le rendre parfait. La Rome chrétienne l'adopte
et le suit pendant plus de mille ans ; elle en connaît bientôt
les erreurs qui sont telles, qu'elle ne peut plus célébrer la
grande fête du christianisme dans les délais fixés à la suite
de l'équinoxe du printemps.
Mais la coutume est là ; on se complaît dans sa méthode ;
la dignité ou un je ne sais quoi ne permet pas d'en suivre
un autre. 11 faut qu'une nécessité absolue vienne nous
obliger d'adopter un calendrier meilleur, qui pouvait être
appliqué bien des siècles plus tôt.
Le voilà cependant en usage, ce nouveau calendrier* Il
est aussi parfait que peuvent l'être les œuvres des hommes,
puisqu'après dix mille ans d'existence il n'aura sur le temps
vrai qu'une différence de moins de trois jours. Les nations
catholiques s'empressent de l'adopter -, certaines nations pro-
testantes attendeat près de deux siècles ; quant aux Grecs
et aux Russes, parce qu'ils ne reconnaissent pas pour chef le
Pape qui officie à Rome, ils trouvent le calendrier de Grégoire
XIII déplaisant et ils se condamnent à *ne commencer
l'année que douze jours après nous ; quelques siècles de plus
ils la commenceront un mois trop tard ; encore quelques
siècles plus loin, et ils feront la moisson au mois de janvier.
En prenant à l'Egypte un système abandonné, les conven-
tionnels de 93 n'eurent pas de pareils scrupules ; il est vrai
qu'ils n'adoptaient pas le système des autres. Aucun calen-
19
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— 294-
drier ne pouvait être plus exact que le calendrier républicaio,
ni plus en harmonie avec le cours des saisons, puisque
Tannée commençait le jour même de Téquinoxe d'automne,
et que sa longueur était fixée à 865 ou 366 jours, de
manière à finir la veille de Téquinoxe. Mais il avait le grave
inconvénient de rompre entièrement avec les calendriers en
usage autour de nous et de ne pas permettre aux autres
nations de l'adopter. Dans la manière de compter les jours,
les mois, les années, il nous isolait du reste du monde. D
était tout naturellement destiné à mourir.
Nous voici dans un siècle oii la science a atteint des
hauteurs qui semblaient inaccessibles : la vapeur, la lumière,
l'électricité sont devenues les esclaves de l'homme, et nous
nous vantons d'une civilisation sans exemple ; les nations
s'emparent des découvertes des nations: ce que l'une a
trouvé pour détruire, une autre s'empresse de l'adopter.
Elles cherchent à s'entendre dans l'emploi d'une commune
mesure des choses ; s'entendront-elles sur la manière de
mesurer la marche du temps ?
Non. Les peuples qui se servent de l'année lunaire n'adop-
teront pas l'année des chrétiens ; ceux qui font un agence-
ment habile des mois lunaires et de la révolution solaire,
trouvent qu'ils font usage du calendrier le plus parfait ;
pour nous qui avons persisté pendant des siècles à nous
servir d'un calendrier que nous savions défectueux, nous
n'abandonnerons pas celui que nous avons adopté il y a
trois siècles et dont nous reconnaissons toujours l'excellence.
De sorte que l'humanité continuera pendant des siècles et
des siècles encore k employer des moyens différents pour
marquer la marche du soleil k travers les constellations du ciel.
(Voir les tableaux et les observations à la fin da volome).
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RECHERCHE DU CUIVRE
DANS LES VINS
raOVENANT DE VIGNES TRAITtES PAR LE SULFATE DE CUIYRE
Par a. ANDOUARD,
DireeUur d« It SUUm tgrononiqM de It Loire-Ioliérieiire.
Le vignoble de la Loire-Ioférieure a été gravement éprouvé
par le inildew, en 1886. La bouillie bordelaise est le principal
agent dont on >ait fait usage pour combattre le parasite.
Quelques viticulteurs ont cependant eu recours à la solution
de sulfate de cuivre seul et au mélange pulvérulent de ce
sulfate avec de la chaux éteinte. Une seule application de
chaque remède a été faite, en général ; par exception, eUe
a été réitérée dans deux ou trois clos seulement.
A la suite de ces traitements, Topinion publique, surexcitée
par des agents intéressés, à semer Talarme, se préoccupait
vivement de la présence du cuivre, à dose nuisible, dans la
vendange et, par suite, dans le vm, malgré les résultats
analytiques rassurants déjà publiés sur ce point par MM.
Milntz, Gayon et Millardet, Caries, etc.
Pour dissiper toute inquiétude à cet égard, en même
temps que pour répondre au désir manifesté par M. le
Ministre de TAgriculture, j'ai dosé le cuivre contenu dans les
produits de notre dernière récolte. Les analyses ont été
faites par la méthode électrolytique indiquée par H. À. Riche
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et suivie par MM. Gayon et MiUardet. Elles ont compris sept
moûts et trente vins blancs et rouges pressés dans la Loire-
Inréricure. Ces proportions de cuivre trouvées sont indiquées
en milligrammes et rapportées au litre dans le tableau
suivant :
Moût. Tin Mane. Tiotongs.
Bouillie bordelaise 1.40 0.40 0.00
— 2.60 0.00 0.06
— 2.10 0.80 0.08
— 1.20 0.50 —
— 2.00 1.00 —
— — 0.09 —
— — 0.08 —
— - 0.80 —
— — 0.65 —
— — 0.25 —
— — 0.40 —
— 0.00 —
— — 0.90 —
— 0.60 —
— — 0.20 —
— — 1.80 —
-- — 0.75 —
— — 0.45 —
— — 0.25 —
— — 0.00 —
— — 0.00 —
Solution de sulfate de cuivre à 5 <>/»• 0.95 0.10 0.10
— — . 0.70 0.05 —
— — . - 0.20 —
Mélange pulvérulent de chaux et
de sulTate de cuivre — 0.55 —
— — . — 1.20 —
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— 497-
Ces chiffres sont en complète harmonie avec ceui
été antérieurement donnés par les expérimentateurs
Us prouvent à l'évidence que le cuivre n'est pas à
dans les vins fabriqués avec des raisins préservés d
par des aspersions de liquide cuivrique.
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SOURCE FERRUGINEUSE DU HÂUT-ROCHER
Par a. ANDOUARD,
Directeiir de U SUtioD agroBoaiiqie de le Loire-lniérieore.
Cette source coule dans la commune de RiaiUé (Loire*
Inférieure), sur le versant d'une colline à pente rapide située
à S kilomètres environ du bourg, sur le bord de la rivière
d'Erdre. Elle émerge, à 5 ou 6 mètres au-dessus du niveau
de la rivière, d'un terrain appartenant à Tétage des Phlanites
à Graplolithes de la Loire-Inrérieure et de TAnjou (Silurien
supérieur).
Sa température est voisine de l^"". Son débit atteint
approximativement 6,000 litres par 24 heures.
L'eau qu'elle Toûmit est très limpide, incolore et douée
d'une saveur ferrugineuse marquée, mais non désagréable.
Voici sa composition, pour un litre :
Gr.
Fer 0-00810
Manganèse 0.00090
Calcium 0.01740
Magnésium Traces-
Potassium Traces.
Sodium 0.04672
Aluminium 0.00040
Chlore 0*08700
Acide sulfurique 0 . 02400
— silicique 0 . 01^298
— carbonique 0.02286
Arsenic Traces.
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-log-
ées divers élémeats peuvent être groupés de la i
suivante :
Gr.
Bicarbonate de fer 0-00964
— manganèse... 0.00299
— calcium 0.08061
Sulfate de calcium 0.08880
Chlorure de sodium 0 . 05264
— calcium 0.00797
— magnésium Traces.
— potassium Traces.
Alumine 0.00074
Silicate de sodium 0.03128
Silice en excès ... 0.00278
Arsenic Traces.
Total 0.17295
r4ette eau se recommande par son extrême léger
plus, elle est intéressante par la proportion de mai
qu'elle contient.
Elle est faiblement minéralisée par le fer et, sous (
port, elle est inférieure à plusieurs eaux ferrugine
notre région, notamment k celle de Préfailles. Néaj
elle est susceptible de rendre des services dans le vc
du lieu oii elle coule.
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NOTE
SUB
LE DOSAGE DE L'ACIDE PHOSPHORIQUE PAR L'URANE
Par a. ANDOUARD,
Directeur de la Station agronomique de la Luire-Inférieure.
Malgré les perfeclionnemenls nombreux donl le dosage de
Tacidc phosphoriqiie a été Tobjel, Taccord n'est pas toujours
absolu entre les résultais analytiques fournis par des opéra-
teurs différents. L'Association des chimistes de sucrerie et de
distillerie a récemment publié, sur cette question, une bro-
chure ayant pour but d'effacer les écarts de titre qui se
produisent encore. Elle a convié tous les chimistes à suivre
la méthode cilro-uranique de M. Joulie, si pratique et si
exacte quand elle est minutieusement exécutée et, à cet
égard, je partage entièrement son opinion. Mais, dans la
description donnée de celle mélhode, il est un point sur
lequel je crois utile d'appeler l'attention.
L'Association propose, pour la précipilalion de l'acide
phosphorique total et pour celle de l'acide soluble dans l'eau,
de substituer à la liqueur citro-magnésiennc de M. Joulie,
celle qui a été formulée par M. Milloi. Or, celle-ci contient
deux fois et demi plus de magnésie que la première. Par
suite, lorsqu'on la mélange ii la solution à titrer, la précipi-
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— 301 —
talion de l'acide phosphorique est rapide et le phosphate
ammoniaco-magnésicn très ténu ; double inconvénient quMl
me paraît utile d'éviter.
Je préfère conserver h la liqueur citro-magnésienne la
composition indiquée par M. Joulie. Ainsi préparée, elle
donne lieu à une précipitation moins vive, dont j'exagère
encore la lenteur par une addition d'eau distillée, de noanière
a obtenir du phosphate ammoniaco-magnésien presque tota-
lement adhérent aux parois du vase où s'est opérée sa for-
mation. Voici, du reste, comment je procède :
Je prends un vase ii précipitation chaude, pouvant conte-
nir environ 150 grammes d'eau et jaugé à 75 centimètres
cubes. J'y verse la solution d'engrais dont je veux doser
l'acide phosphorique, 10 centimètres cubes d'eau distillée,
pois la liqueur citro-magnésienne en proportion convenable
et un léger excès d'ammoniaque. Je mélange le tout en
imprimant au vase un léger mouvement de rotation, sans y
introduire de baguette de verre, et je laisse la précipitation
s'accomplir pendant 12 heures au moins.
Le phosphate ammoniaco-magnésien se dépose en cristaux
relativement volumineux et presque tous attachés aux parois
du vase. Je décante alors le liquide sur un petit filtre, en
prenant la précaution de laisser tomber le moins de cristaux
possible. Je lave ceux-ci par décantation, à l'eau ammonia-
cale, en opérant comme la première fois, jusqu'à ce que Teau
de lavage n'entraîne plus rien. A ce moment, je place le
vase qui contient le phosphate magnésien sous l'entonnoir.
Je lave le filtre avec de l'acide azotique au dixième, pour lui
enlever tous les cristaux qu'il contient et, comme il en ren-
ferme fort peu, cette opération est promptement achevée. Je
complète alors la dissolution du phosphate ammoniaco-ma-
gnésien en inclinant le vase à précipitation dans tous les sens,
de manière h mettre tous les cristaux en contact avec
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— 302 —
l'acide. Puis, je lave le filtre à Teau distillée et je termine
comme à Tordinaire la préparation du liquide à titrer.
Je trouve à ce modus faciendi les avantages suivants :
La précipitation de Tacide phosphorique et son dosage
étant effectués dans le même vase, les chances de perte de
substance sont notablement diminuées ;
La quantité d'acide azotique employée à dissoudre le phos-
phate ammoniaco-niagnésien est toujours moindre que dans
le cas où Ton jette intégralement le précipité sur le filtre, ce
qui est une garantie d'exactitude dans le titrage ;
Le lavage de ce précipité est plus facile et plus rapide
que dans le cas habituel.
11 y a quelques années, suivant une pratique recommandée
depuis par M. Pellet, je mettais dans la solution nitrique le
filtre qui avait servi à séparer le phosphate ammoniaco-
magnésien, dans la crainte d'une dissolution incomplète de ce
composé. L'obligation de filtrer chaque jour de très nom-
breux dosages d'acide m'a fait renoncer à cette manœuvre.
La quantité de phosphate recueilli par le filtre est si faible
que sa dissolution est toujours assurée, je puis dès lors
employer les mêmes filtres à des clarifications successives,
sans nuire à la sécurité de l'opération.
Des expériences multipliées m'ont démontré que les titres
trouvés en suivant la méthode que je viens de décrire sonl
fréquemment plus élevés que ceux qui sont fournis par l'an-
cien procédé. Tout au moins leur concordance entre eux esl-
elle toujours parfaite.
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INCOMPATIBILITÉ
DES NITRATES ET DES SUPERPHOSPHATES
Par a. ANDOUARD,
Directeur de la Station agroDomique de la Loire-Inférieure.
Tous les chimistes adonnés aux analyses d'engrais recon-
naissent les mélanges de nitrates et de superphosphates à
leur odeur nilrcuse caractéristique. Mais je ne sache pas que
cette constatation ait conduit personne à soupçonner Tim-
portance de la déperdition d'azote qui se fait parfois dans
les mélanges de cette nature.
A la fin du mois de mai de cette année, une maison bien
connue pour son honorabilité fabriquait une grande quantité
de superphosphate minéral avec addition de nitrate de soude.
Le produit devait titrer et titrait en effet 6 «/o d'azote, au
début. Cependant les livraisons aux agriculteurs, nombreuses
et rapidement expédiées, ne tardèrent pas à provoquer des
réclamations motivées. L'engrais n'avait pas la richesse conve-
nue, en azote, et chaque semaine nouvelle aggravait le déficit.
Voici, représentée par quelques chiffres, l'allure de la décrois-
sance du titre telle que je l'ai observée :
Juin 6. — Azote nitrique 6,17 Vo
— 14. — — 5,74 -
— 26. — — 4,90 —
— 80.— — 4,80 —
Juillet 4. — — 8,86 —
— 12.— - 8,78 —
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— 304 —
Un mélange analogue, sorti de la même fabrique vers le
même temps avec un titre de 2 Vo d'azote nitrique, ne pré-
sentait plus que 0,72 ^o de ce principe au bout de trois
semaines environ.
Enfin un engrais semblable au précédent, mais préparé
dans un chantier différent, perdait à la même époque 1,16 Vo
d'azote nitrique en moins de quinze jours.
Dans plusieurs des échantillons adressés à la Station
agronomique, la décomposition du nitrate était si active que
la masse de Tengrais se trouvait boursoufBée par le déga-
gement des gaz nitrés résultant de son altération. L'un
d'eux avait perdu la majeure partie de son azote et cepen-
dant la vitesse du dédoublement du nitrate restant était encore
notable. Cent grammes de ce produit enfermés dans un
flacon communiquant, au moyen d'un tube recourbé, avec
une éprouvette pleine d'eau, ont fourni :
Le premier jour ; . . . 8^s8 de gaz nitrés.
Le deuxième jour 1,7 —
Le troisième jour 0,9 —
Il est^bon de noter qu'au moment de l'expérience la tem-
pérature était seulement de 21 ^^,2 et que la sortie du gaz se
trouvait contrariée par la pression exercée par l'eau de
l'éprouvette sur le contenu du flacon. A l'air libre, il se
serait certainement dissipé plus d'azote.
Devant des faits aussi parlants, je me suis demandé si
j'étais en présence d'un cas particulier ou si la décompo-
sition des nitrates par les superphosphates était un fait
général. Pour m'en rendre compte, j'ai préparé, le 18 juillet^
les mélanges suivants :
N» 1.
Nitrate de soude 81 gr.
Superphosphate minéral anciennement préparé. 69 —
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— 305 —
N^ 2.
Nitrate de soude 81 gr.
Superphosphate minéral récemment préparé... 69 —
Le dosage de l'azote, exécuté de semaine en semaine, a
donné les résultats suivants :
No i. No 2.
Juillet 18. — Azote nitrique «/o 4,94 4,97
— 21. - — 4,83 4,74
— 28. — — 4,40 4,81
Août 4. — — 4,24 4,18
— 11. — — 4,28 8,84
En un mois, l'engrais fait avec le superphosphate préparé
de longue date avait perdu 18,86 ^/o de son azote ; celui qui
contenait du superphosphate de fabrication récente avait perdu
20,72 Vo du même principe ferlilisant. Cette diminution de
titre est d'autant plus importante que les engrais avaient été
soigneusement préservés de toute élévation de température.
En outre, elle est plus forte avec le superphosphate récent
qu'avec le superphosphate ancien.
Ce point acquis, j'ai recherché ensuite si la décomposition
des nitrates n'était pas destructive du sulfate d'ammoniaque
et des principes azotés organiques souvent introduits dans de
semblables mélanges. A cet effet, j'ai expérimenté sur des
superphosphates d'os et sur des superphosphates minéraux,
additionnés de sulfate d'ammoniaque dans des proportions
correspondantes k celles des engrais dont j'avais constaté
Tallération. Je relève plusieurs de ces expériences :
No 8.
Nitrate de soude 81 gr.
Superphosphate d'os anciennement préparé. • « . 59 —
Plâtre 10 —
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-â06-
Le plâtre n'a été mis dans le mélange que pour obtenir
une composition centésimale, analogue à celle des engrais
dans lesquels j'avais constaté la disparition de Tazote nitrique.
Il aurait pu être avantageusement remplacé par une autre
substance inerte. L'observation a duré un mois ; elle a
donné les résultats suivants :
Nitiiqoe. Organtqoe.
JuiUetl9. — Azote *>/o 5,00 0,80
Août 2. — — 4,91 0,80
— 9. — — 4,88 0,a8
— 16. — — 4,65 0,20
— 23. — — 4,70 0,20
L'action décomposante du superphosphate n'était point
terminée, le relèvement de l'azote nitrique à la dernière date
et la stagnation de l'azote organique tiennent uniqueoient à
la difficulté de mélanger bien exactement tous les éléments
d'un produit tel que celui-ci. Les mêmes variations se retrou-
vent dans les autres expériences, sans qu'elles puissent êlre
considérées comme un indice de la cessation des effets chi-
miques manifestés. Au moment où j'ai mis Gn à leur
influence, les modifications imprimées à l'engrais se résu-
maient ainsi :
Perle en azote nitrique 6,00 Vo
— organique 88,88 —
Nitrate de soude 81 gr.
Superphosphate d'os récemment préparé 59 —
Plâtre 10 —
Nitrique. Oiganiqoe.
Juilletl9. — Azote o/o 5,15 0,29
Août 2.— ~ .• 4,65 0,29
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— 307 —
Nitrique.
Aoûl 9. — Azote % 4,65
— 16. — — 4,50
— 23. — — 4,60
Perle en azote nitrique 10,67 •
— organique 17,24 -
N«5.
Nitrate de soude
Sulfate d'ammoniaque
Superphosphate minérdU anciennement préparé.
Nitrique.
Juillet 19. — Azote % 0,97
Aoûl 2. — — 0,98
— 9. — — 0,96
— 16. — — • . 0,90
— 28. — — 0,90
Perte cn^ azote nitrique 7,21 °
— ammoniacal ...... 15,61 -
No 6.
Nitrate de soude
Sulfate d'ammoniaque
Superphosphate minéral récemment préparé. . .
Nitrique.
Juillet 19. — Azote Vo 0,94
Août 2. — — 0,92
— 9. — — 0,96
— 16. — — 0,91
— 23. — — 0,84
Perte en azote nitrique 10,63 *
— ammoniacal 15,29 •
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— 308 —
N» 7.
Nilrale de soude 6 gr.
Sulfate d'ammoniaque ^ —
Superphosphate d'os anciennement préparé. ... 59 —
Plâtre 15 —
Nitrique. Ammoniacal. Organique.
Juillell9. — Azote »/, 0,97 4,09 0,40
Août 2. — — 0,94 4,00 0,40
— 9. — — 0,94 4,00 0,25
— 16. — — 0,92 8,90 0,20
— 28. — — 0,92 8,86 0,15
Perte en azote nitrique 5,15 «/o
— ammoniacal 5,62 —
— organique 62,50 —
N»8.
Nitrate de soude 6 gr.
Sulfate d'ammoniaque 20 —
Superphosphate d'os récemment préparé 59 —
Plâtre 15 —
Nitrique. Ammoniacal. Organique.
Juillet 1 9. — Azote o/o 0,95 4,10 0,86
Août 2.— — 0,90 4,00 0,80
— 9. — — 0,87 3,80 »
— 16. — — 0,80 8,72 0,20
— 28. — — 0,74 8,70 0,10
Perte en azote nitrique 22,10.»/o
— ammoniacal 9,75 —
— organique 72,22 —
N»9.
Même composition qu'au n^ 7, avec addition d'un peu '
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— 309 —
d*eau pour commuDiquer au mélange une consistance un peu
molle.
Nitrique. Ammoniacal. Organique.
Juillet 19. — Azote Vo 0,96 4,00 0,28
Août % — — 0,92 8,95 0,20
— 9. — — 0,98 8,90 0,20
— 16. — — 0,89 8,90 0,16
_ 28. — — 0,82 8,81 0,10
Perte en azote nitrique 14,58 ^/o
— ammoniacal 4,75 —
— organique 64,28 —
N<> 10.
Même composition qu'au n*' 8, avec addition d'eau pour
donner au mélange une consistance molle.
Nitrique. Ammoniacal. Organique.
Juilletl9. — Azote o/o 0,97 4,02 . 0,84
Août 2. — — 0,98 4,00 »
— 9.— — 0,94 8,80 0,88
— 16. - — 0,75 8,60 0,20
— 28. — - 0,74 8,68 0,14
Perte en azote nitrique 28,71 ^/o
— ammoniacal 9,70 —
— organique 58,82 —
De tout ce qui précède, il résulte que les superphosphates
sont préjudiciables aux nitrates dans les engrais. Les super-
phosphates minéraux semblent produire la décomposition
plus rapidement que les superphosphates d'os ; les uns et les
autres manifestent d'autant plus d'énergie qu'ils sont plus
récemment préparés.
Si des engrais de cette espèce, préparés en petite quantité
et conservés à une température peu élevée, donnent des
20
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— 310-
résultats aussi accentués, que ne doit-on pas attendre de ceux
qui sont obtenus industriellement ? Exposés parfois à subir
l'ardeur des rayons solaires et entassés en masses volumi-
neuses, ils sont susceptibles d'échauffement notable lors de la
décomposition des nitrates et, par suite, ils doivent perdre
beaucoup plus encore que les premiers.
Quant au mécanisme du- dédoublement éprouvé par les
nitrates, il est probablement le suivant. Les superphosphates
contiennent de l'acide phosphorique libre , parfois un peu
d'acide sulfurique, et môme de l'acide fluorhydrique lorsqu'il
s'agit de superphosphates minéraux , qui renferment géné-
ralement des fluorures. Ces acides réagissent sur les nitrates,
dont ils déplacent l'acide nitrique, et celui-ci se trouve réduit
graduellement par les corps oxydables qu'il rencontre dans
le produit : matières organiques, sels ammoniacaux, pyrites,
etc. Le phénomène devient actif vers la température de 25
ou 30''; une fois commencé il continue même à la température
de 12 à 15^. Il y a Ik un ensemble de faits assez complexe
qu'il serait intéressant d'étudier de plus près.
Le seul que je veuille faire ressortir aujourd'hui, c'est
qu'il est défectueux d'associer des nitrates aux super-
phosphates. Lente ou vive, la décomposition des premiers
est certaine et elle peut, en abaissant notablement la richesse
des engrais en azote, provoquer des contestations fâcheuses
et des déceptions regrettables. On ne peut la retarder qu'en
employant les nitrates en fragments grossiers, c'est-à-dire
dans un état préjudiciable k leur bonne répartition dans
le sol.
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ACCIDENTS
CAUSÉS PAR L'ERGOT DES GRAMINÉES
Par a. ANDOUARD.
Directeur de la Station agronomique de la Loire -Inférieure.
f ai eu l'occasion d'observer, celle année, sur des vaches
laitières, plusieurs cas d'intoxication qu'il me semble utile
de faire connaître, ne serait-ce que pour appeler l'attention
des agriculteurs sur leur cause probable.
Vers le mois d'avril dernier, une vache appartenant à un
cultivateur de la commune de Bousrye tombe subitement
malade ; elle perd l'appétit et reste obstinément couchée sur
sa litière. Lorsqu'on la force à se lever, elle y réussit péni-
blement et, quand elle se met en marche, on s'aperçoit
qu'elle boite d'une manière très prononcée.
Le mal persistait depuis dix jours lorsque je vis l'animal.
Son siège était dans les pattes de derrière, principalement
dans la patte gauche; le membre entier était froid et presque
dépourvu de sensibilité ; il n'y avait aucun gonflement des
articulations. Dès les premières atteintes, la sécrétion lactée
avait diminué dans des proportions notables.
En examinant le foin déposé dans les crèches, j'y ai trouvé
de nombreux ergots. Je me suis empressé de conseiller
de changer le fourrage contaminé pour du fourrage
exempt d'ergot. Mon avis ayant été suivi, trois ou quatre
jours plus tard tout accident avait disparu, la vache marchait
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librement el commençait à donner plus abondamment son
lait.
Un mois plus tard, une vache de quatre ans, bonne laitière
jusqu'alors, tarissait tout-h-coup dans la commune de Frossay.
Je n'ai pu la voir, mais les renseignements qui m'ont été fournis
établissaient une analogie frappante entre son cas et celui que
je viens de résumer. J'avais demandé à examiner le foin qui
faisait la nourriture habituelle de l'animal ; il ne m'a point
été envoyé. Mais j'ai su qu'on avait cessé d'en mettre dans
la ration quotidienne et que la vache était promptement
revenue ii la santé.
Chez moi-même enfin, une vache un peu âgée se trouve
prise de diarrhée, au mois de juillet dernier. Le lendemain
se déclare une boiterie intense à la patte gauche de derrière ;
le point douloureux parait être l'articulation du genou. Le
refroidissement de la patte n'est pas très appréciable au débuts
mais il devient sensible dès le deuxième jour. La bête peut
ii peine marcher. En même temps, la traite devient de plus
en plus faible.
A ce moment, on commençait ii consommer le foin qui
venait d'être récolté. Or, cette année, la plupart des variétés
de graminées d'une de mes prairies portaient des ergots.
Instruit par l'expérience, j'ai fait changer la nourriture et
tout aussitôt les accidents se sont amendés.
Ces faits sont tout ii fait en concordance avec ceux qui
ont été signalés ii la Société nationale d'Agriculture par
M. Prillieux, ii la fin de 1885. D'après le savant professeur,
une maladie sévissait alors en Amérique sur les vaches
laitières. Elle consistait en diarrhée, boiterie et raideur des
articulations inférieures, principalement dans les membres
postérieurs, le tout accompagné de refroidissement et de
perte de sensibilité des membres malades. Une lésion parti-
culière du pied amenait peu ii peu le décollement du saboU
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-313 —
EnfiD, des érosions se produisaient dans la bouche et la
parturiiion était affectée de troubles pouvant aller jusqu'il
ravortement.
Le D^ Salomon, à qui était due la relation de cette épidé-
mie, ayant trouvé dans le foin donné aux animaux malades
jusqu'à 1,S3 ^lo de son poids d'ergot, n'avait pas hésité à
imputer à ce champignon tous les désordres observés.
Le mal dont j'ai été témoin était fort heureusement .moins
grave, mais je le crois de même ordre et il me parait
prudent d'engager les cultivateurs à veiller à la qualité du
foin qu'ils distribuent à l'élable.
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INFLUENCE DU RÉGIME ALIMENTAIRE
SUR LA COMPOSITION DU LAIT DE VACHE
Par a. ANDOUARD,
Directeur de la Station igronomique de la Loire-Inférieure.
Malgré les travaux considérables effectués en France, par
MM. Boussingaull, Dumas, Becquerel et Vemois, etc. ; en
Allemagne, par MM. Kùhn, Wolff, Grouven, Playfair, etc.;
les modifications que subit la composition du lait pendant le
cours de la lactation sont encore imparfaitement connues.
Les données recueillies sur ce sujet sont fréquemment contra-
dictoires ; en outre, la plupart ont été établies sur des
analyses trop peu nombreuses pour permettre des conclusions
inattaquables. Les faits publiés jusqu'à ce jour peuvent être
énoncés de la manière suivante :
La quantité moyenne des éléments solides contenus dans
le lait d'une année entière est en raison inverse du poids de
ce lait. Autrement dit : le lait est d'autant plus chargé de
matériaux solides qu'il est moins abondant ;
En général, le lait est d'autant plus concentré que la
période de la lactation est plus avancée;
La proportion du beurre et celle du sucpe diminuent en
même temps que la sécrétion lactée ;
Dans la plupart des cas, au contraire, on observe une
augmentation de la caséine, vers la fin de la période de
lactation.
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-315 —
Quant à l'acide phosphorique, Tun des facteurs les plus
pportauts de la nutrition, puisqu'il est destiné au dévelop-
aent du tissu osseux, le plus incomplet de tous chez le
animal, il ne semble pas que ses variations dans le lait
ai^^été l'objet de recherches suivies.
expériences que je vais résumer ont été entreprises
dan^H but de commencer h combler celte lacune et de
vérif»|es conclusions qui viennent d'être rappelées. Elles
ont poK sur quatre vaches de race parthenaise, de taille h
peu prBsemblable et dont l'âge variait de 4 à 11 ans.
Ces wnaux ont été mis en observation au même moment,
huit à ^vze jours après le part. Us pesaient respectivement :
liche n^ l 411 kilogrammes.
n^^ 402 —
n°3 390 —
nn 384 —
La J^^ n^* 1 a été saillie à plusieurs reprises et pour la
derny^His le 15 juin 1885 ; elle a séché le 7 février 1886.
le n*> 2, saillie le 7 mars 1885, était sèche le
l^K^^k de la même année .
v^K n"» 3, saillie le 22 mars 1885, était sèche dès le
loveiflb suivant.
Pouji^vacheno 4, elle n'est devenue pleine que le 15 mai
^^H^Bne tarissait le 2 février 1886.
gestation a été normale pour toutes. Cependant, le u® 2
prouvait une légère indisposition du 12 au 16 juillet, et le
n^ 4 était également malade entre le 22 et le 26 du même
mois. Le premier animal a été promptement rétabli ; chez
l'autre, la lactation a été troublée pendant près de trois
semaines à la suite de ce malaise.
La vache n<> 1 a été nourrie exclusivement au pâturage
avec un complément de foin et de son de froment à l'étable.
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— 316 —
Le complément comporlait de ^ à 5 kilogr. de foin et de
1 à 2 kilogr. de son, suivant les ressources du pâturage.
Lorsque le pacage était impossible, il était remplacé par la
ration n^* 1 des autres animaux. J'ajoute que la prairie
affectée à la vache n° 1 est une prairie haute , qui reçoit
chaque année une fumure abondante, libéralement enrichie
d'azote et d'acide phosphorique.
Les vaches n" 2, 8 et 4 ont consommé, à l'étable, des
rations variées dans lesquelles j'ai fait entrer les principaux
fourrages appliqués dans l'Ouest à la nourriture des vaches
laitières. Elles passaient chaque jour quelques heures en
plein air, mais dans un lieu oh elles ne trouvaient pas d'herbe
ii manger.
Par suite d'un retard dans l'approvisionnement en four-
rages verts, la première ration a consisté uniquement en
foin et en son de froment.
J'ai donné, à l'état crû, les racines et les tubercules, pour
me conformer aux usages locaux, mais non dans l'intention
d'en recommander l'habitude. La supériorité des aliments
cuits a été surabondamment établie ; je ne me suis pas
préoccupé de l'affirmer de nouveau. Je voulais seulement
montrer aux cultivatcui-s de la région l'influence relative des
divers fourrages , dans les conditions où ils les emploient
habituellement.
Chaque régime a été continué pendant trois semaines au
moins, parfois même pendant quatre et six semaines, de
manière à effacer entièrement des résultats l'action pertur-
batrice qui accompagne souvent tout changement dans
l'ahmentation.
Les rations ont été calculées de manière à fournir constam-
ment aux animaux une quantité de substance sèche rigoureu-
sement comprise entre 2,5 et 8 ^/o de leur poids vif. Celte
proportion a toujours été suffisante ; elle dépassait même
L
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— 317 —
légèrement les besoins des animaux ; cependant il y avait
rarement un excédent notable dans les crèches. Voici la
composition chimique centésimale des divers fourrages
consommés, déterminée avec soin, et celle des rations qu'ils
ont servi à confectionner :
Matières
Protéine extractives Matières
Eau. totale. non azotées, grasses.
Foin de pré n»l 15.00 10.4 41.0 8.50
SondefromcDl 1^.60 16.4 50.6 4.20
BelleravenM 87.10 1.6 10.1 0.17
Chou fourrage n« 1 .. . 83.40 8.1 9.0 0.86
Rutabaga n° 1 86.20 1.5 10.8 0.16
" Pomme de terre 78.00 2.8 22.7 0.48
Trèfle rouge en fleur. . 77.00 8.2 8.4 0.80
Vesce en fleur 82.10 4.1 9.2 0.52
Mais 80.40 1.8 12.0 0.61
Chou fourrage n» 2.... 84.00 2.8 8.5 0.80
Betterave n» 2 87.80 1.5 9.8 0.18
Uulabagan''2 87.00 1.4 10.2 0.15
Chou fourrage n» 8... 82.50 8.0 9.6 0.84
BATIONS DES VACHES N»» 2, 8 ET 4.
N» 1. — Du 6 au 28 février.
Matière sèche. Proléine totale',
Foin de pré llkil. g^SSO l''144
Son de froment 2 — 1 .748 0.828
ISkil. ll^OgS 1H72
^HHIHHMB HHHH^HHM MBaHB^i^B
1
Relation nutritive (M : 7— ^
^ ' 4.5
(*) Rapport des substances protéiques aux substances extraclives non
aiotées anginentées de 2 fois 1/2 les matières grasses Cf^ûhn).
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^T^
— 318 —
N» 2. — Du !•' au 21 mars.
Matière sèche.
Foin de pré 8kil. 2>'550
Betterave 50 — 6.450
Son de froment 2 — 1.748
55kil. 40^^748
1
Relation nutritive : -r-77
4.9
N*» 8. — Du 22 mars au 12 avril.
Matière sèche.
Foin de pré Skil. 2^^550
Chou fourrage n<» 1 . . . 45 — 7.470
Son de froment 1 — 0.874
51 kil. 10^^894
1
Relation nutritive : -r-r
8.4
N<» 4. — Du 18 au 26 avril.
Matière sèche.
Foin de pré Skil. 2^550
Rutabaga n«> 1 45 — 6.21ff
Son de froment 2 — 1.748
50 kil. 10^^508
1
Relation nutritive : -^-r
D.l
N« 5. — Du 26 avril au 17 mai.
Matière sèche.
Foin de pré Skil. 2^^550
Pomme de terre 80 — 7 . 500
Son de froment 1 — 0.874
84 kil. 10^924
Relation nutritive : -t-tt
Protéine totale.
0.940
0.828
l'SSO
Protéine totale.
o^sia
1.895
0.164
1*871
Protéine totale.
0.812
0.750
0.164
Protéine total».
OkSia
0.840
0.164
i^sie
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-319 —
N» 6. — Du 18 mai au 7 juin.
Matière sècbe. Protéine totale.
Foin de pré 8kil. ^^SiiO O^'Sia
Trèfle rouge en fleur • • 50 — 6 . 150 1 . 600
Son de froment 2 — 1.748 0.828
55kil. 10^^448 a'^240
1
Relation nutriUve : -^-r
3.4
N^ 7. — Du 8 au 80 juin.
Matière sèche. Protéine totale.
Foin de pré 8kil. 2^550 0''8I2
Vesce en fleur 40 — 7.160 1 .640
Son de froment 1 — 0.874 0.164
44kil. 10*^584 2M16
1
Relation nutritive : -tts
2.8
N« 8. — Du 1« au 24 juillet.
Matière sècbe. Protéine totale.
Foin de pré 11 kil. 9^ 850 . V" 144
Son de froment 2 — 1.748 0.828
18 kil. 11*^098 1H72
1
Relation nutritive : -r-^
4.5
N<* 9. — Du 25 juillet au 21 septembre.
Matière sècbe. Protéine totale.
Foin de pré 8kil. 2^550 0*^812
Maïs fourrage 40 — 7 . 840 0. 720
Son de froment 1 — 0.874 0.164
44 kil. 11^^264 1M96
1
Relation nutritive : ^"^
0.1
Digitized by
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— 340 —
N^ 10, — Du 22 septembre -au 7 novembre.
Matière sèche. Protéine totale.
Foin de pré 8 kil. 2>^ 550 0^ 8ia
Chou fourrage n^a.. 45 — 7.200 1.260
Son de froment 1 — 0 .874 0 . 164
49 kil. 10*^624 1^786
Relation nutritive : -s-r
3.4
No 11. — Du 8 au 80 novembre.
Matière sèche. Protéine totale.
Foin de pré 8ka. 2>^550 0»^812
Betterave n» 2 50 — 6.100 0.750
Son de froment 2 — 1.748 0.828
55 kil. 10*^898 1^890
Relation nutritive : -^-^
N« 12. — Du 1" au 31 décembre.
Matière sèche. Protéine totale.
Foin de pré 8kil. 2»'550 0^^812
Rutabaga n<> 2. ...... 50 — 6.500 0.700
Sou de froment 2 — 1 .748 0.828
55 kil. 10^798 l'^840
1
Relation nutritive : -^-3-
5.0
N« 13. — Du !•' janvier 1886 au 7 février.
Matière sèche. Protéine totale.
Foin de pré 8kil. 2>^550 0^812
Chou fourrage n« 8... 40 — 7.000 1.200
Son de froment 1 — 0.874 0.164
44 kil. 10H24 1^676
1
Relation nutritive : -r-r
0.0
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^321 —
DaDS une ration d'adulte bien équilibrée, la relation nutri-
tive doit être de -f- selon Wolff, de -y- d'après Grouven ;
pour d'autres, elle peut s'élever jusqu'à 4-* Les fouiTages
dont je me suis servi présentaient, dans celle hypothèse, un
rapport un peu trop élevé pour le chou et pour les légumi-
neuses, trop faible pour le maïs et pour la pomme de terre,
satisraisant pour le foin, la betterave et le initabaga. L'ali-
mentation a donc élé tantôt un peu au-delà, tantôt un peu
%n deçà des limites considérées comme les plus rationnelles,
dans l'état actuel de nos connaissances. Il eût été plus
scientifique de la baser exclusivement sur la relation nutritive.
Mais alors j'aurais dû réduire la consommation des fourrages
riches en substance protéique, dans des proportions très
différentes de celles qui sont usuelles chez nos cultivateurs
et la prédominance de ces fourrages , ainsi amoindrie ,
n'aurait pas aussi bien accusé leur influence particulière sur
la composition du lait.
Les traites ont été pratiquées trois fois par jour et leur
produit, soipeusement noté, a fourni les moyennes ci-après
pour chaque changement d'alimentation. En consultant ce
tableau, il ne faut pas oublier que la vache n^ 1 vivait
exclusivement d'herl)e verte ou sèche et que, par conséquent,
les fourrages énumérés s'appliquent seulement aux autres
animaux. J'ai rapproché les quatre rendements les uns des
autres, parce qu'il est intéressant de les comparer.
Vache n® I, Vache no 2, Vache ifi 3, Vachç no 4,
Régime. 8 ans. 10 ans. 11 ans. 4 ans.
Foin de pré 8'.83 7'.88 7'.15 6^.98
Betterave n» 1 10.38 10.87 8.60 11.85
Chou fourrage n'I.. 11.51 11.76 8.83 12.07
Rutabaga n« 1 11.05 10.^ 7.98 10.88
Pomme de terre 10.94 9.51 6.91 8.06
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% Vache no 1, Vache n« 9, Vache n» 3, V«Bhe do 4,
Régime. 8 ans. 10 ans. 11 ans. 4 ans.
Trèfle rouge H».43 10M7 8».89 9>.99
Vesce 9.89 10.24 8.48 9.80
Foin de pré 9.91 7.20 5.99 8.11
Maïs fourrage 7.15 6.26 4.26 5.04
Chou fourrage no 2. . 6.14 5.80 1.82 5.20
Betterave no 2 5.88 8.41 4.18.
Rutabaga no2 2.81 1.25 1.48
Chou fourrage n<> 8 . . 1 . 86 1 . 07
FIei8chmann enseigne que la période de la lactation offre
ordinairement quatre phases plus ou moins distinctes :
La première correspond au maximum de production et
dure environ 28 jours ;
A ce terme, la sécrétion diminue dans le rapport de 8 & S
et se maintient dans ces limites pendant 2 mois 1/2 ;
Puis, le rapport de réduction devient 5 à 2 et le volume
du lait reste stalionnaire pendant plusieurs mois ;
Il diminue ensuite graduellement, jusqu'à ce que la sécré-
tion soit supprimée.
Les choses n'ont pas marché exactement de cette façon
dans mes expériences. L'augmentation de quantité a duré
plus de deux mois. Elle est vraisemblablement imputable à
plusieurs causes, parmi lesquelles l'adoucissement de la
température et l'augmentation du pouvoir nutritif de l'herbe,
pour la vache n*' 1, l'élévation de la relation nutritive et
aussi celle de la température pour les vaches 2, 8 et 4.
 partir du 18 avril, la décroissance de la sécrétion
commence pour tous les animaux. J'en domie le schéma
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— 323 —
dans le tableau suivant , en Taisant observer de nouveau
que rindication des fourrages ne concerne pas la vache
n« 1.
Diminulion de la traite , en centièmes du maximum :
No i. No 2. No 3. No 4.
Rutabaga nM 4-00 4.42. 10.89 14.00
Poramcde terre 4.95 19.18 21.92 88.22
Trèfle rouge 0.00 18.52 5.19 17.06
Vesce 14.07 12.92 4.74 18.80
Foin de pré 18.90 88.77 82.81 82.80
Maïs fourrage 87.88 45.91 51 86 58.24
Chou fourrage n<> 2 . . . 46 . 67 56 . 80 85 08 56 . 91
Betterave n^» 2 5S.69 71.00 65.78
Rutabaga n^ 2 75.58 89.87 88.15
Chou fourrage n<» 8 . . . 88 . 18 91 . 18
La progression déproissante des traites est manifestement
plus lente et plus régulière pour la vache n® 1 que pour les
autres, ce qui doit tenir en grande partie à Tuniformité de
son alimentation. Elle a subi un temps d'arrêt marqué vers
la fin de mai. À ce moment, le pâturage avait sa plus grande
valeur et la traite a reconquis son chiffre maximum pendant
une période de 20 jours environ, pour diminuer ensuite
graduellement jusqu'au dernier jour. Pour celte vache, la
deuxième période de Fleischmann (diminution 87,5 V©) a donc
commencé au sixième mois, au lieu d'être inaugurée avec
le deuxième, et sa troisième période (diminution 60 ^/o) a été
reculée du quatrième au neuvième mois de la lactation. Cet
écart considérable tient sans doute au retard de la gestation,
commencée seulement le 15 juin; et si l'on fait remonter les
périodes ii cette date, elles n'excèdent plus que de 6 à 7
semaines celles de Fleischmann.
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La vache n<* 4 est dans le même cas. Saillie avec succès
au milieu de mai seulement, elle a conservé un rendemeot
élevé pendant un temps beaucoup plus long que ne le com-
porte la loi énoncée par Fleischmann, mais qui se^ réduit à
un excédent de 4 à 5 semaines, si Ton date Texpérience da
15 mai. Cette prolongation nVst cependant pas négligeable
et elle prouve que les périodes constatées admettent une
certaine élasticité, bien compréhensible du reste.
Cette réserve faite, deux résultats se détachent nettement
du dernier tableau : l'action déprimante de la pomme de
terre et Teffet stimulant des légumineuses. Sous Tinfluence
du premier aliment, la traite des vaches % 3 et 4 perd, en
trois semaines, 19, ^i et 33 ^/o de son volume maximum.
Tandis que l'usage du trèfle et de la vesce ramène cette
perte à 13, 5 et 19 «/o en chiffres ronds, malgré Tinfluence
contraire duc à l'avancement de la gestation.
Vers la fin des expériences, le chou fourrage dont le
pouvoir stimulant était si évident au début, manifeste encore
l'énergie de ses effets nutritifs sur la vache n^ 4, dont il
relève légèrement la traite. Mais son action n'est pas appa-
rente sur la vache n*» 2 et elle ne pouvait pas l'être sur la
vache n° 3, qui était sur le point de tarhr.
Comparons maintenant le total de la production des quatre
vaches :
Moyeone
quotidieuid .
Vaclw n«> 1 : 2,284 litres de lait en 865 jours. . . 6*i*-20
— n<> 2: 1,892 — 305 — .-. 6, 20
~ no 3: 1,533 — 244 - ... 6, 24
— no 4: 1,845 — 860 — ... 5, 12
Il est curieux de constater que des vaches soumises h
deux régimes alimentaires très différents et dont l'âge variait
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- un -
de 8 à 11 ans ont donné une moyenne quotidienne remar-
quablement identique. Le rendement de la dernière, qui
était en même temps la plus jeune, est inférieur aux autres
de 17 <»/o. Ce résultat était prévu, à Tintensité près ; l'animal
était à sa deuxième portée et la sécrétion la plus abondante
coïncide en général avec le sixième part.
L'âge et la nature des aliments n'ont donc pas sur la
sécrétion lactée une influence absolue. L'individualité semble
jouer le premier rôle dans le développement de cette
fonction.
Pendant toute la durée des observations, le lait de chaque
vache a été régulièrement analysé deux fois par semaine
au moins, souvent trois fois, et même tous les jours pendant
une certaine période. Les échantillons soumis à Fexamen
chimique provenaient toujours de la traite du matin. Ce n'est
pas celle qui fournit le lait le plus riche en principes nutritifs,
mais la régularité de sa composition est peut-être plus
grande que celle du produit des deux autres, et d'ailleurs
réloignement du champ d'expériences ne permettait pas
d'utiliser le mélange des trois traites.
Les résultats dont il me reste à parler représentent près
de deux cents analyses pour chaque animal. Ces analyses
ont été faites à l'aide du galaclotimèlre du D' Adam. Le
glucose et l'acide phosphorique ont été dosés volumétrique-
ment, le premier par la liqueur de Fehling, le second avec
Tazotate d'urane. Les moyennes des dosages effectués chaque
semaine remplisssent les colonnes ci-dessous :
Tableau.
21
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I
a
o
a
o
O
o
z
00
Sucre.
Caséine.
Beurre.
Acide I
^pliospborique.{
Sucre.
Caséine. 1
Beurre. 1
Acide I
phosphorique.l
Sucre.
Acide
Vphosphorique.
Sucre.
Caséine.
Beurre.
Acide
l phosphorique.l
aot^oooo^«o*4'ao<9i««c«ooc«»e»^c
cccôc*c*c*côeorô«c«ceocoeoe*>c«««<
"^TT^^Iî^^h^ra^^^!» ^ ce i^ >o lo^^^^
fO co W fO CO CO PO CO Cï CO CO (
•-tN.ffoiOOOC«^'-eceoooi
C)^<Pa»OOtA«-CO<OcO*9(
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Caséine. 1
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Beurre. 1
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«•9^C»C<0M9a0'>9C0e0C«e0««C<C«O*4it0*4>l0 00OQ00>(^
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Mil I 1 l|l I l|l I l|M l|M 181 I 1 il I II
S
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— 328 -
La discussion des chiffres qui précèdent n'est pas facile,
en raison de leur nombre et des variations quotidiennes
inévitables que subit la composition du lait. Elle va devenir
aisée quand j'aurai réuni en une seule moyenne tous les
dosages fournis par les échantillons correspondant h chaque
ration en particulier :
Moyennes correspondant à chaque ration.
i
FOURRAGES.
VACHE No 1.
VACHE
No 2.
•« >
•s >
^*
^S.
w
n
• W5
^2.
w
o
M
e
09
2
a
-a
ff sr
cb
S
6 ST*
o
s
?^
?l
.
Foin de pré
0.218
4.61
3.15
5.38
0.262
4.50
3.20
5.44
Betterave no|
0.209
4.27
3.05
5.43
0.229
4.50
3.16
5.44
Chou fourrage no l . .
0.218
4.89
3.23
5.37
0.248
4.18
3.38
5.22
Rutabaga no i
0.212
4.48
3.33
5.31
0.252
4.50
3.21
5.33
Pomme de terre ....
0.233
4.44
3.41
5.39
0.263
5.14
3.51
5.11
Trèfle rongé
0.230
4.55
3.40
5.35
0.253
5.28
3.41
5.10
Vesce
0.227
4.67
2.96
5.31
0.232
4.90
3.08
5.12
Foin de pré
0.235
5.63
3.08
4.74
0.213
4.55
3.40
4.93
Maïs
0.220
4.96
3 20
4.98
0.230
4.94
3.29
5.02
Chou fourrage no 2 .
0.217
5.02
3.44
4.93
0.228
4.74
3.48
5.24
Betterave no 2
0.221
3.87
3.59
4.45
0.237
3.99
3.88
4.91
Rutabaga no 2
0.229
3.72
4.08
4.36
1
Choij^ fourrage no 3.
0.218
3.20
3.77
3.46
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-3i9 —
Moyennes correspondant à chaque ration.
FOURRAGES.
FoÎD de pré ,
Betterave no 1 .... ,
Cboo fourrage do 1
Rutabaga no 1 ... .
Pomme de terre...
Trèfle ronge
Ve*ce.....
FoJD de pré
Mais
CboQ fourrage no 2
Betterave n»2....
Rutabaga no 2....
Cbon fourrage no 3
VACHE No 3.
e sr
o o
0.228
0.227
0.233
0.232
0.253
0.246
0.236
0.223
0.241
0.217
4.80
4.45
5.02
4.56
4.60
5.09
5.45
4.64
4.50
3.63
3.15
3.27
3.34
3.36
3.49
3.30
3.29
3.33
3.43
5.18
5.17
5. .30
5.27
5.32
5.16
5.15
5.18
4.95
4.84
2 74
VACHE Jio 4.
fi»
0.269
0.245
0.244
0.233
0.248
0.258
0.240
0.241
0.236
0.226
0.236
0,220
0.130
4.67
4.18
4.64
4.53
4.48
4.74
4.35
3.88
4.75
4.60
4.22
3.71
3.43
3.23
2.92
3.34
3.20
3.47
3.47
3.37
3.42
3.32
3.42
3.71
3.84
3.68
B
3t
53
49
48
31
35
57
77
05
38
92
38
Un coup-d'œil, jeté sur les tableaux ci-dessus, permet
d'apprécier les changements de composition corrélatifs à
chaque modification de régime. Examinons d'abord ceux
qu'a présentés le lait delà vache nourrie presque exclusive-
ment au pré.
Dans celui-ci, Yacide phosphorique a éprouvé des alter-
natives d'accroissement et de diminution assez faibles, et son
quantmn est redevenu, la dernière semaine, exactement ce
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— 330 —
qu'il était pendant la première. Son point culminant comcide
avec les mois de mai et de juin.
Le beurre s'est maintenu sensiblement stationnaire pendant
sept mois, avec* trois maxima , en mars, en juillet efen
septembre. A ce moment, il a brusquement fléchi de 14 V©
d'abord, puis de 29 ^/o pour finir.
La caséine a suivi une progression ascendante jusqu'au
milieu de mai. Une cause inaperçue la fait alors passer par
un minimum, dont elle se relève promptement pour reprendre
sa marche primitive jusqu'à la fin de l'expérience, qui la
trouve en hausse de 19,68 Vo-
Le sucre est parti d'un maximum qu'il n'a pour ainsi dire
pas dépassé. Sa décroissance a été aussi régulière que pos-
sible, sauf pendant le dernier mois oii une baisse rapide lui
fait perdre plus de 85 **/o de son poids initial.
Dans le lait des vaches n^» 2, 8 et 4 les variations ne sont
ni absolument identiques à celles du lait n^ 1, ni semblables
entre elles.
La proportion d'acide phosphorique acquise pendant le
régime au foin diminue sensiblement avec la betterave, pour
se relever un peu avec le chou fourrage et surtout avec la
pomme de terre et avec le trèfle. Elle baisse ensuite jusqu'à
la terminaison, d'une manière un peu irrégulière, faible pour
le n« 2 et le n<> 8, qui perdent 9,54 et 4,85 Vo> forte pour
le n® 4 qui perd 51,67 Vo de sa caséine des premiers jours.
Le beurre n'a pas éprouvé de variations comparables dans
les trois laits. Il a légèrement augmenté avec l'usage de la
pomme de terre et des légumineuses. Les autres aliments ont
produit des changements de sens différent et, finalement, le
beurre a diminué de 11 Vo (n« 2) et de 24 ^o (n°» 3 et 4).
La caséine des laits n<*» 2 et 4 suit une marche parallèle.
Elle accuse trois minima, correspondant aux rations de
betterave , de rutabaga et de vesce ; trois maxima , pour
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-331 -
le chou, la pomme de terre et le foin de pré. Celle du lait
n« 8 progresse jusqu'au moment où commence la consom-
mation du trèfle, elle subit alors une atténuation qui disparait
seulement avec Talimentation au foin, pour faire place Ji une
augmentation considérable et ininterrompue.
Le sucre, enfin, décroît graduellement et très réguliè-
rement dans le lait n« 3. Pour le n^ % la différence consiste
en une légère augmentation de titre déterminée, vers la fin
de la lactation, par le maïs et par le chou fourrage, tandis
que le n® 4 manifeste trois périodes décroissantes, commen-
çant respectivement aux rations de betterave (1" mars), de
vesce (7 juin), et de chou fourrage (22 septembre), et abou-
tissant 'a une diminution finale importante, comme celle du
n«8.
Pour se rendre un compte exact des différences imprimées
à la composition du lait par le développement du fœtus, en
dépit de l'action des fourrages les plus énergiques, il est
nécessaire maintenant de comparer les dosages du premier
et du dernier jour et non plus les moyennes d'un espace de
trois semaines au minimnm :
Variations extrêmes.
Vache no 1..
•— no 2..
— no 3..
— no 4..
il —
ACIDE
PROSPHORIQUE.
BEURRE.
CASÉINE.
SUCRE.
Début.
Fin.
Début.
Fin.
Début.
Fin.
Début.
Fin.
0.239
0.295
0.238
0.293
0.214
0.251
0.176
0.160
4.92
4.83
5.91
5.29
3.20
4.45
3.81
3.18
3.40
3.57
3.13
3.55
3.27
3.77
5.40
3.32
5.42
5.23
5.04
5.08
1.60
4.38
1.91
2.62
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— 334-
li ressort de ces données que Yacide photphorique a
diminué, du commencement à la fin des expériences, dans la
proportion de :
10,46 ®/o de son poids initial, pour le m 1.
14,91 — — n» 2.
26,50 — — no 8.
45,39 — — n« 4.
La proportion du beurre a également baissé. La perte,
en centièmes du poids primitif, est de :
84,95 pour le lait n» 1.
7,86 — n^ 2.
85,53 — n*» 8.
89,82 — n<> 4.
La caséine aflecte des variations diamétralement opposées,
dont les écarts sont considérables :
o»
Le lait n^ 1 en perd 7,94 V,
— n<> 2 en gagne 5,80 —
— n^ 8 en gagne 48,88 —
— n<> 4 en perd 6,47 —
Les différences accusées par le sucre sont les plus fortes.
Elles marquent toutes une diminution représentée par :
70,47 Vo du poids initial, pour le n^ 1.
16,25 — — no 2.
62,10 — — n<> 3.
48,42 — — n« 4.
En somme, il n'est pas constant que la masse des éléments
solides du lait augmente , de la délivrance à la fin de la
lactation, comme l'avance Wolff. Dans les expériences
auxquelles je me suis livré, tous ces éléments tendaient vers
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-^333--
une réduction souvent importante, qui ne pouvait être com-
pensée par raccroisscmenl de la caséine, survenu deux fois
seulement sur quatre et dans des proportions insuffisantes.
L'alimentation des vaches était cependant de nature à com- .
battre cet abaissement de titre dans la mesure du possible.
Les rations de chou et de légumineuses excédaient même les
besoins de la nutrition, sous le rapport des substances pro-^
léiques, et je ne les donne pas comme des modèles à suivre,
au point de vue économique. Mais l'inégalité des effets qu'elles
ont produit, malgré leur exagération, indique précisément
que les aptitudes individuelles sont encore ici la cause pré-
pondérante des variations constatées.
En présence des rendements fournis par le foin, d'une
part, et par les fourrages verts, de l'autre, il est à peine
utile de discuter la valeur réciproque de ces deux sortes
d'aliment. Au début de mes observations et alors qu'elle
aurait dû être maximum, la séci^lion lactée restait faible
sous l'influence du foin, tandis qu'elle a pris un essor immé-
diat sous l'impulsion de la betterave et du chou fourrager. Je
ne puis donc partager l'opinion du docteur Krœmer, qui pré-
conise l'emploi exclusif des fourrages secs. Les reproches faits
aux aliments verts, de présenter une composition chimique*
différente aux divers moments de leur utilisation et d'exposer
les animaux à des troubles de nutrition fâcheux, h chaque
changement de nourriture, sont largement compensés par la
digestibilité plus grande de tous les végétaux qui n'ont pas
séché. D'un autre côté, on n'obtient pas toujours une unifor-
mité absolue avec les fourrages secs même de bonne qualité ;
dès lors, h quoi bon renoncer à des avantages certains pour
courir après des bénéfices problématiques ?
Je ne crois pas non plus que la pomme de terre mérite la
qualification d'énergique fourrage à lait qui lui est donnée
par Kùlm. On a vu précédemment qu'elle avait accru la
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— 334 —
richesse du lait en acide phosphorique, en beurre et en
caséine ; mais elle a provoqué une diminution sensible de
quantité. On sait, de plus, qu'elle donne au beurre une
qualité médiocre. Je suis surpris aussi de voir Kûbn recom-
mander de l'administrer crue, sous prétexte que cuite elle
diminue la production du lait tout en améliorant sa compo-
sition. Je suis convaincu, pour l'avoir tenté dans une autre
circonstance, que ce fourrage augmente de valeur par la
coction à l'eau ou à la vapeur. Kuhn reconnaît, du reste,
qu'il agit favorablement sur le volume et sur la richesse du
lait, lorsqu'on le délaie dans un liquide chabd, après l'avoir
fait cuire à la vapeur.
Quand on introduit la pomme de terre dans l'alimentation
d'une vache laitière, il n'est pas rare de voir l'animal pris de
diarrhée, si les tubercules n'ont pas été convenablement
divisés ou si leur proportion est trop forte. Malgré les
précautions dont j'ai entouré son emploi dans mes essais,
j'ai dû en modérer l'usage tout d'abord, et il a fallu quelques
jours pour arriver à en faire tolérer 80 kilogrammes.
Conclusions. — t® L'accroissement de la somme des
éléments solides dans le lait, pendant la période de la lactation,
n'est pas un fait constant. Le contraire a été la règle dans
mes expériences.
*1^ L'acide phosphorique a diminué de quantité pendant la
même période.
8<^ Il en a été de même du beurre et du sucre.
4<' La caséine a présenté deux fois une augmentation et
deux fois une diminution.
5« L'âge des vaches en observation n'a paru influer sur la
production du lait que pour un très jeune si^et, qui était à
sa deuxième portée.
6<> La valeur nutritive des aliments a manifestement accru
la quantité comme la qualité du lait.
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-335 —
7*» Malgré rafiarmation de Krœmer , les fourrages verts
sont préférables aux fourrages secs pour Tenlretien des vaches
laitières.
8<* Les meilleurs fourrages verts de la région de l'Ouest
sont, de beaucoup, le chou et les légumineuses (trèfle, vesce,
etc.). Viennent ensuite la pomme de terre, le rutabaga, la
betterave, le maïs.
9® Les différentes phases admises dans le cours de la
lactation sont susceptibles d'une large extension.
10<> Le facteur le plus important, parmi ceux qui sont
susceptibles de modifier l'abondance et la composition du
lait, c'est l'individualité.
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COMPOSITION DU BEURRE
AUX DIVERSES ÉPOQUES DE LA LACTATION DES VACHES
Par a. ANDOUARD,
Directeur de la Statioo agrooomique de la Loire-Ioférieure.
La vérification de la pureté du beurre est généralement
basée sur le dosage des acides gras fixes et des acides gras
volatils qu'il contient. A la suite de recherches nombreuses,
la quotité des uns et des autres a été circonscrite par les
expérimentateurs dans des limites assez étroites pour être
considérées comme à peu près invariables. Ce sont ces limites
qui servent actuellement à décider de la loyauté des livrai-
sons. Rien de mieux, si les proportions des acides fixes et
celles des acides volatils ne sont influencées ni par Tâge des
animaux, ni par les conditions dépendant de la race, de
Talimentation, de l'état d'avancement de la gestation, etc.
Dans le cas contraire, il est important d'être édifié sur la
grandeur de la perturbation produite par chacune des causes
déterminantes. Le problème est extrêmement délicat et il
exigera des études aussi longues que variées. Je me suis
proposé d'en aborder un point, en évaluant l'ensemble des
acides fixes d'une part et celui des acides volatils de l'autre,
abstraction faite de leur composition chimique respective.
A cet effet, j'ai utilisé le lait des quatre vaches de race
parlhenaise affectées aux expériences relatées dans le mémoire
qui précède. Je pouvais, en l'employant, apprécier dans une
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-337 —
certaine mesure les variations dues à Tâge des animaux, à
leur régime alimentaire et aux diverses périodes de la lacta-
tion. Les beurres ont été préparés à la Station agronomique
avec toutes les précautions nécessaires ; ils ont été soigneu-
sement délaités , mais non lavés, et portés au laboratoire
aussitôt après leur fabrication.
Le dosage des acides gras fixes a été effectué par la
méthode de Hehner et Angell. La prise d'échantillon repré-
sentait environ 8 grammes de beurre. Le lavage était fait
avec un litre d'eau maintenue constamment à 100*. Heintz et
Vieth ont fait remarquer avec raison que celte quantité d'eau
n'est pas suffisante pour enlever au beurre tout ce qu'il
renferme d'acides solubles. Mais je me suis assuré, par des
essais multipliés, que l'efficacité du lavage dépend presque
autant de la manière dont il est exécuté que de l'excès de
liquide qu'on y emploie. Quand on prend la précaution de
verser l'eau bouillante de manière à diviser la substance
grasse en globules peu volumineux, ce qui reste d'acides
solubles, après le passage d'un litre d'eau bouillante sur le
filtre, est assez faible pour être négligé dans des recherches
comparatives comme celles qui font l'objet du présent travail.
Pour évaluer les acides volatils, j'ai suivi le procédé de
Reichert, en remplaçant l'acide sulfurique par l'acide phos-
phorique, ainsi que l'a indiqué M. Schmitt (*). La saponifi-
cation portait chaque fois sur 2 gr. 50 de beurre, traités
par 1 gr. de soude caustique dissoute dans 80 centimètres
cubes d'alcool à 90°. Après avoir chassé l'alcool complète-
ment, à la chaleur du bain-marie, le savon était dissous dans
assez d'eau pour donner un volume de solution rigoureuse-
ment égal à 75 centimètres cubes. Je la distillais alors, en
(^) Au moment où ce travail a été entrepris, M. Duclaux n*avait pas
encore fait connaître Texcellentc méthode qu il a publiée depuis.
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— 338 —
présence d'un léger excès d'acide phosphorique, et je
recueillais exactement 60 centimètres cubes de produit acide,
que je titrais avec une solution décinormale de soude pure.
Lorsqu'on opère ainsi, on dissipe peut-être une petite
quantité des acides à doser. Mais la perte est bien faible et
assez régulière quand on a soin d'évaporer à siccité la
solution alcoolique de savon, sans dépasser la température
de 100**. Dans ces conditions, les résultats restent compa-
rables, tandis que si le liquide à distiller contient de l'alcool,
les acides condensés diminuent d'autant plus qu'ils s'échappent
d'un milieu plus alcoolique.
Dans les tableaux ci-après, les numéros des beurres cor-
respondent à ceux des vaches du précédent mémoire :
ACIDES GRAS FIXES CONTENUS DANS 100 GRAMMES DE BEURRE.
Mars
Avril <
Mai
Juin.
N» 1.
.N»i.
No 3.
N« t.
7
86.78
87.00
87.52
87.14
16
86.53
87.42
87.84
86.80
23
86.98
86.87
86.67
86.10
81
86.87
86.60
86.23
86.26
8
86.80
86.70
87.12
87.28
18
86.60
86.86
87.46
87.28
21
86.00
87.00
88.85
88.03
27
86.86
86.90
88.50
87.98
4
86.19
87.88
88.92
87.56
12
86.88
87.92
87.86
88.00
18
86.40
87.47
87.60
87.60
26
86.48
86.80
87.68
87.50
1
86.48
87.63
87.27
88.58
4
86.98
87.04
88.68
87.96
10
86.80
86.70
87.90
88.27
18
86.60
87.00
87.80
87.78
24
86.86
87.10
86.47
88.67
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-- 339 -
K» 1.
N» 2.
N» 3.
No 4.
Juillel
1
86.70
87.70
87.27
88.37
—
9
86.67
87.16
86.60
87.53
— ....
16
87.20
86.72
87.60
87.88
Août
4
86.50
87.93
86.93
88.60
' » » • t •
H
86.75
87.40
87.50
88.06
•• • • •
27
86.70
87.80
87.70
88.24
Septembre . .
9
86.00
86.68
87.80
88.08
16
87.10
86.76
88.37
87.84
25
86.76
86.90
87.48
86-77
Octobre —
7
86.52
87.34
87.50
—
16
86.97
87.52
87.68
—
24
86.70
87.40
88.87
Novembre.,
9
86.88
87.60
—
28
86.96
87.48
Décembre . .
4
87.10
88 00
—
25
87.08
87.96
Janvier ....
8
87.00
88.67
- 24
Valeur moyenne:
86.90
^ 86.60
86.68
87.12
87.61
87.68
ACIDES GRAS VOLATILS.
Quantités de soude décinormale nécessaires pour saturer
les acides produits par 2«,50 de beurre :
1885 No i. Ho 2. No 3. No 4.
Mars 7 14««2 18"4 14«6 15««2
— 16 14.6 18.9 14.2 15.5
— 28 14.0 18.6 14.7 14.8
— 81 14.5 14.0 15.0 14.3
Avril 8 14.1 18.7 14.7 14.5
_ 18 14.7 18.8 14.8 14.0
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— 340-
lg85 N" 1. No s. Ro 3. Ro 4.
Avril 21 14.4 18.8 15.4 14.4
- 27 14.8 13.9 15.0 18.8
Mai 4 14.1 14.1 14.7 14.3
- 12 14.6 18.8 14.9 14.9
~ 18 14.8 18.6 15.8 14.6
— 26 14.5 18.8 15.6 15.1
Juin 1 18.9 18.9 14.9 15. S
- 4 14.6 18.7 14.7 15.2
- 10 14.2 18.6 15.1 15 4
— 18 14.8 14.0 14.8 15.0
- 24 14.2 14.0 15.2 15.4
Juillet 1 14.0 18.5 14.7 15.2
— 9 14.7 18.8 14.6 14.5
— 16 14.7 18.6 14.8 14.1
Août 4 14.8 13.9 14.6 15.0
~ ..... 12 14.5 18.7 14.9 15.8
Septembre.. 9 18.0 13.8 15.0 14.7
— ..... 16 12.8 14.2 15.8 14. S
— ..... 25 14.1 14.0 15.1 14.0
Octobre.... 7 18.6 18.7 14.6
- 16 13 5 18.6 14.9
— 24 14.2 18.9 14.6
Npvembre.. 9 13.1 14.8
- 23 18.8 14.9
Décembre.. 4 18.7 15.8
— 25 18.4 15.7
1886
Janvier 8 134 15.8
- 24 18.8 14.9
De ces résultats, on peut déduire les conclusions suivantes:
La moyenne des acides gras fixes n'a pas été la même
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— 341 —
pour les quatre beurres; les différences sont de 0,5 à
l^/o;
L'âge des vaches n'a pas manifesté d'influence sur la
^proportion de ces acides ; les moyennes les plus voisines
sont celles de la vache la plus jeune (4 ans) et celles de la
vache la plus âgée (12 ans).
Le régime alimentaire n'a pas semblé modifier notablement
la proportion des acides fixes. Il y a lieu de remarquer
cependant que la vache n« 1, dont la nourriture était
uniforme, a donné du beurre plus constant que les autres
dans sa composition. Le beurre n® 4 a présenté les écarts
le plus considérables, sans que ces écarts correspondent aux
changements successifs d'alimentation.
Les diverses périodes de la lactation n'ont pas apporté
de trouble sensible dans la quotité des acides fixes produits ;
on la retrouve, à la fin, ce qu'elle était au début ;
Les variations de quantité que l'on observe entre les
différents beurres semblent principalement inhérentes k
l'individuaUté.
Les mêmes observations conviennent aux acides volatils :
l'âge, le régime alimentaire des animaux , la période de la
lactation n'ont pas amené de changement marqué dans leur
production. Il est à remarquer, toutefois, que le n® 1 subit
une progression décroissante sensible dans les cinq derniers
mois de l'expérience.
La proportion de ces acides n'est pas la môme dans les
quatre beurres : minimum dans le n^ 2, elle est maximum
dans le n® 4.
Bien qu'il soit difficile de voir dans leurs variations
légères l'influence directe des aliments, on ne peut s'empêcher
d'être frappé de l'opposition que présentent les beurres
1 et 4, au point de vue de la fixité de la composition
chimique : le premier est d'une régularité presque absolue
Î2
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— 342 —
Jusqu'au mois de septembre , tandis que le dernier subit
constamment des oscillations assez étendues, comme dans le
cas des acides fixes. Sans prétendre donner une explication
de cette divergence, je dois dire que la vache n® 1 était douée ^
d'un appétit robuste, alors que le n» 4 était capricieux k
l'égard de la nourriture.
Je répète en terminant, que les déductions qui précèdent
ne peuvent être prises dans un sens absolu. Elles marquent
seulement un premier pas dans une voie incomplètement
parcourue et elles appellent tout à la fois des contrôles
multiples et une extension considérable auxquels sont égale-
ment intéressées la physiologie et la sécurité des transactions
commerciales.
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CHAMP D'EXPÉRIENCES
DE LA STATION AGRONOMIQUE DE LA LOIRE-INFÉRIEURE
PAR A. ANDOUARD, dirbgtbur.
CULTURES PAR V. DEZAUNAY.
Le chaïDp d'expériences de la Station agronomique forme
un parallélogramme allongé de Test à Touest et présentant
une pente assez régulière de 12 millimètres par mètre. Son
inclinaison 'est tournée vers le nord.
Il comporte vingt planches parallèles exactement semblables,
orientées du sud au nord et séparées les unes des autres par
des allées d'un mètre de largeur, qui s'opposent en tout
temps au mélange des engrais particuliers à chacune d'elles.
Chacune des planches mesure 110 mètres de longueur sur
9 mètres de largeur, soit une superficie de 10 ares. Leur
ensemble représente par conséquent une surface cultivée de
deux hectares. Nous les avons groupées en séries de cinq,
affectées à quatre cultures distinctes.
En dehors de ces vingt parcelles, une autre un peu moins
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— 344 —
large, numérotée zéro, est réservée aux essais spéciaux qu'il
pourrait sembler utile d'entreprendre.
Le sol est argilo-siliceux. Le sous-sol, entièrement imper-
méable, est formé d'une épaisse couche d'argile. Nous avions
pensé, tout d'abord, établir près de chaque planche un drai-
nage qui en eut assuré l'assainissement. Nous avons aban-
donné ce plan pour deux motifs : nous voulions rester dans
les conditions générales de la culture du pays, puis nous
craignions d'entraîner trop énorgiqaement les engrais en
expérimentation. Nous nous sommes bornés k creuser entre
les planches les sentiers dont il vient d'être question, dans
le but de faciliter l'écoulement de l'eau qui n'est pas absorbée
par la terre. Pour recevoir cette eau , un collecteur a été
fait à la partie la plus déclive du champ d'expériences et
dans toute sa longueur. Cette disposition nous permet, en
outre , d'évaluer la déperdition des engrais qui peut résulter
de l'action de l'eau pluviale.
La composition chimique de chaque planche a été déter-
minée avec soin, pour le sol et pour le sous-sol, sur la
terre séchée à l'air libre ; il est nécessaire d'y jeter un coup
d'oeil avant de parler des cultures qui ont rempli le présent
exercice :
Tableaux.
y Google
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349 -
Si Ton calcule la quantité des principaux éléments ferlilisants
contenus dans le sol et dans le sous-sol, en admettant pour
la couche arable une épaisseur de 20 centimètres, qui est
inférieure h la vérité dans le cas présent, on trouve pour
les 2,000 mètres cubes de terre qui couvrent 1 hectare :
Azote 4 à 5.000 kilog.
Acide phosphorique (i) .. 2 à 4.000 —
Potasse 8 h 9.000 —
Chaux 5 h 7.000 ~
Ces quantités sont suffisantes pour assurer la fertilité du
champ d'expériences, sauf en ce qui concerne la chaux, dont
la proportion est si faible qu'il faudra en exagérer le. quantum
dans toutes les fumures h venir. L'analyse des terres n'ayant
pu être effectuée à l'époque des premiers ensemencements,
aucune addition de calcaire n'a été fournie aux cultures dont
nous avons à nous occuper aujourd'hui, mais celte précau-
tion a été prise dès la seconde année. Voici maintenant les
soins apportés à la préparation du sol et à l'entretien des
végétaux en expérience.
Chaque planche a reçu tout d'abord un léger labour à
plat suivi de hersages répétés. Sur le sol bien égalisé on a
semé les engrais, puis on les a enterrés par un labour pro-
fond. De nouveaux hersages ont achevé l'ameublissement
parfait de la terre. A ce moment, les planches étaient prêtes
k recevoir la semence, qui devait leur être confiée soit par le
semoir, pour les cultures h plat, soit à la main, pour les
cultures en billons.
Nous pensons que les engrais doivent toujours être
(*) Nous ne Itîiîoiis pas comple de la proportion d'acide phosphoiique
contenue dans le sol n*> I ; elle est trop faible cl hop diffi^rcnle des autres
pour être exacte.
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— 350-
mélangés au sol de la manière qui vient d*6tre indiquée,
plutôt que d'être répandus dans le sillon sur lequel on doit
semer ou piquer les plantes- Dans le premier cas, Tinfluence
de Tengrais se manifeste lentement, mais elle est régulière
et, k toute époque de sa vie, le végétal trouve à portée
de ses radicelles l'aliment nécessaire au développement de
ses organes. Dans le second cas, la plante, énergiquement
stimulée tout d'abord par un excès d'engrais, prend un
accroissement rapide et bientôt ses radicelles, dépassant la
zone fertilisée, pénètrent dans une terre plus maigre, d'où
elles ont peine à extraire les éléments indispensables à la nu-
trition du sujet. La végétation subit alors un ralentissement
fâcheux , toujours préjudiciable h la qualité des produits.
■ Les sarclages ont été bien faits, mais ils n'ont pas été
aussi nombreux que nous l'aurions désiré, pour des causes
diverses. Nous n'avions pas, du reste, l'intention de les
multiplier à l'excès, afin de rester dans les conditions de la
grande culture.
Nous nous sommes proposé pour but, dans nos expériences,
d'étudier, sur un ensemble de cultures susceptibles de pour-
voir aux principaux besoins de la ferme, l'action des engrais
aptes à donner des rendements élevés en même temps qu'à
suppléer en partie le fumier, dont la production est géné-
ralement inférieure aux besoins. Parmi les engrais, nous
avons fait choix des mélanges suivants, que nous calculons
pour une superficie d'un hectare :
NM.
1.000 kiK phosphate fossile à 18 <>/o d'acide phosphorique,
250 — nitrate de soude à 1S,60 % d'azote,
correspondant à :
Acide phosphorique 180 kil.
Azote 89 —
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— 351 —
1 .000 kil. phosphate fossile à 18 <>/o d'acide phosphoi
250 — nitrate de soude à 15,60 Vo d'azote,
250 — chlorure de potassium à 59,00 *>/o de [)0\
correspondant à :
Acide pliosphorique 180 kil
Azote nitrique 39 —
Potasse 147,50
No 8.
1.000 kil. superpliosphate h 18 % d'acide pliosphoi
250 — nitrate de soude h* 15,60 «/o d'azote,
correspondant à :
Acide pliosphorique soluble. . . 180 kil.
Azote nitrique 39 —
NO 4.
20.000 kil. fuinier d'étable correspondant à :
Acide pliosphorique 82 kil.
Azote organiqueet ammoniacal. 56 —
Potasse 122 —
No 5.
Même fumure que le n^ 1 .
I. — Froment.
Le froment a été semé le 21 octobre 1885 sur les
celles 1 h 5 et dans d'excellentes conditions ; la terre,
meuble h ce moment, se prêtait également bien aux la
et à l'ensemencement. L'opération fut faite au semoir; cl
planche reçut 86 rangées de froment, séparées les une
autres par un intervalle de 25 centimètres.
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— 352i —
Les planches n^M à 4 furent emblavées en blé Victoria,
employé à la dose de 10 kilogrammes par planche- Ce blé
provenait de la récolte de M. le M** de Rochequairie, agri-
culteur \x la Ghapelle-Glain (Loire -Inférieure); il avait été
soigneusement trié.
Sur la cinquième nous avons essayé la. culture du blé
Lamed, de la maison Vilmorin. Sachant que cette variété
talle beaucoup, nous avons réduit le poids de la semence à
7 kil. 500 pour la planche entière.
La germination fut normale et rapide dans les quatre pre-
mières planches. Presque toutes les semences devinrent
fertiles ; de là des lignes Iroj) chargées, au milieu desquelles
les façons ne purent être effectuées avec toute la perfection
désirable. Le blé Lamed sortit de terre plus difficilement que
les autres et présenta pendant tout l'hiver un aspect assez
chétif.
Au printemps, l'aspect général des cinq planches était très
satisfaisant, mais la végétation du blé Lamed présentait un
retard manifeste. Parmi les blés des autres planches, le n° 8
se distinguait par l'ampleur et par la teinte foncée de ses
feuilles. Au mois de juin, tous ceux-ci avaient atteint un
développement considérable : leur tige mesurait déjà plus
d'un mètre et demi.
La récolle eût été magnifique sans les orages violents qui
ont marqué tout le mois de juillet et causé tant de ravages
dans le département. Le blé Victoria des quatre premières
planches fut en grande partie couché ; la maturation du grain
fut, par suite, défectueuse de même que sa quaUté ; il ne
pesait que 70 kil. à l'hectoUtre.
Le blé Lamed résista beaucoup mieux à la verse ; son
rendement en paille fut faible, mais la qualité de son grain
fut bien supérieure à celle du blé Victoria, ainsi qu'en témoi-
gnent la pesée de la récolte et l'analyse chimique :
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PWW)
— 3S3 -
Planche n» i.
_, . ..... ( Paille 728 kil.
Blé Victoria..} g^^j^ ^gg _
Rendement en grain à Theciare : en quintaux ....
— en hectolitres (*)
Planche n^ 2.
„, . _.. . ( Paille 852»^i
Blé Victoria. .{ r. • - r^/>4 >
( Grain. 261.!
Rendement en grain h Thectare: en quintaux.
— en hectolitres.
Planche n** 8.
^.. ..... i Paille 734»';
Blé Victoria., p . ^,^.
(Grain 248.!
Rendement en grain h Thectare : en quinlaux. .
— en hectolitres.
Planche n*» 4.
Blé Victoria.. ,^ .^ ^^^ .
(Graiil 282.!
Rendement en grain h l'hectare : en quintaux . .
— en hectolitres.
Planche n° 5.
■BlÉLmed...!'* !««'•
( Grain 296 —
Rendement en grain à l'hectare: en quintaux. .
— en hectolitres.
Dans le blé Victoria, le plus haut rendement (
correspond h la. fumure contenant de la potasse (8,3
(1) Noos rappelons que rhectolitre pesait seulement 70 kil.
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— 354 —
vient ensuite la fumure au superphosphate (7,845 kil.)i celle
au phosphate fossile (7,295 kil.)i enfin le fumier (6,795 kil.).
La plus forte production de grain a été donnée par le
phosphate fossile (2,660 kil.); le mélange potassique suit de
près le premier (2,615 kil.); le superphosphate est en dimi-
nution sensible sur les autres (2,485 kil.); mais le plus faible
est le fumier (2,325 kil.) comme il était déjh constaté pour
la paille.
Examinons de plus près maintenant les fumures données à
chaque parcelle, pour en dégager ce qu'elles offrent d'ins-
tructif. Nous remarquons d'abord que les proportions d'azote
et d'acide phosphorique sont les mômes dans les trois pre-
miers engrais. S'il y a des différences entre les produits des
trois planches correspondantes, on pourra vraisemblablement
les imputer : à la potasse fournie à la planche n° 2, ou à
la solubilité particulière de l'engrais n° 8.
Dans le cas actuel, il semblerait donc que la potasse ait
favorisé la production de la paille, sans avoir eu d'influence
sur celle du grain. Quant au superphosphate, il n'a pas
développé beaucoup plus de paille et il a donné beaucoup
moins de grain que le phosphate fossile ; en somme, il a été
moins avantageux que ce dernier.
Pour justifier l'infériorité d'action du fumier, malgré les
excès d'azote et de potasse qu'il présentait, il faut sans doute
invoquer son insuffisance en acide phosphorique. La propor-
tion de ce principe fertilisant est plus que moitié plus faible
pour cet engrais que dans les autres. Nous n'avons pas osé
la porter au même taux que dans ceux-ci, dans la crainte de
trop exagérer l'effet de l'azote. L'événement nous a donné
raison, la planche 4 ayant eu son blé versé avant les autres
et sur une plus grande surface, bien qu'elle n'eût reçu qu'une
fumure modérée.
Au point de vue de l'engrais, le blé Lamed ne peut être
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-355 —
comparé qu'au blé Victoria de la parcelle n° 1. Il lui est
très inférieur, sous le rapport de la paille (20 ^jo en moins),
mais celte différence est compensée par une augmentation de
grain de plus de 10 Vo* La comparaison est d'autant plus
concluante que le blé n® \ avait été, comme le Lamed,
beaucoup moins éprouvé que les autres par la verse. L'écart
observé entre les deux récoltes relève donc exclusivement de
la nature de la semence, rien dans la composition chimique
des sols ne pouvant en donner l'explication.
La supériorité du blé Lamed sur le Victoria, bien des fois
affirmée déjà, est évidente ici ; nous la retrouverons encore
dans l'examen des farines fournies par ces deux variétés.
Etablissons premièrement la composition chimique centé-
simale de la récolte :
Acide
Azote. pbospborique. Potasse.
Blé Victoria no 1 i P«'"«- ^'^^ ^'*^« <^'^^^
Bieviciorian i.j g^^.^^ 1,80 0,380 0,892
Blé Victoria no 2. j^»'»^- ^f, ,«'"n nfi
( Gram. 1,64 0,240 0,466
Blé Victoria no 8. i^^^»«- J'^J ^^ J'fJ^
( Grain. 1,72 0,280 0,439
I Gram. 1,55 0,260 0,451
^'*^''"'*^ i Grain. 1,60 0,360 0,448
D'un autre côté, 100 parties farine épurée à 80 "/o, donnent :
GluUo sec.
Wé Victoria no 1 7,89 o/„
— no 2 8,16 »
— no 8 8,68 »
— no 4.. 8,88 »
Blé Lamed .^ 9,24 •
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— 356 —
Le premier rang appartient au blé Lamed, pour la pro-
duction du glulen, ce qui peut tenir autant à sa résistance k
la verse qu'à sa nature. Le superphosphate est Tengrais qui
a le plus excité la formation de ce principe dans le blc
Victoria ; le mélange potassique et le fumier tiennent le
même rang sous ce rapport et le phosphate fossile est le
dernier.
Il reste maintenant à discuter le côté financier de la
question et, d'abord, évaluons la dépense afférente h chacun
des engrais employés, en la rapportant à 1 hectare :
Engrais no 1.
l.OOOiL phosphate fossile, ù 6 fr. les lOQk..
25011 nitrate de soude, à 26 fr. —
60 r
65
Total.
Engrais no 2.
1.000^ phosphate fossile, à 6 fr. les lOOk.
2.i0k nitrate de soude , à 26 fr. —
250i( chlorure de potassium, A 23 fr. —
Total.
Engrais no 3.
l.OOOiL superphosphate, à i'î fr. les 100^..
250k nitrate de soude, à 26 fr. ~
Total
, 125f
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57
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160 f
n
Engrais no 4. 20.000^ furoior d'étable, à 8 fr. les l.OOOi^.
Notre intention n'est point de faire ici une balance con-
duisant à l'estimation du bénéfice ou de la perte correspon-
dant à chacune de nos cultures. Nous voulons seulement,
laissant de côté les frais d'exploitation qui ont été les mêmes
pour toutes les parcelles, rechercher quel est l'engrais qui,
pour la moindre dépense, a donné le meilleur produit. La
réponse est facile, quand on compare la valeur de la récolte
à celle de l'engrais qui l'a fournie :
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- 387 -
Blé Victoria | 7.19h^ paille, à 4 fr. les 160^ 2911 80
no 1. i 2.660k grain, à 21 fr. — 558 60
Total 850f 40
Blé Victoria i 8. 5251^ paille, à 4 fr. les iOOk 341 1 »
no 2. I 2.615k grain, à 21 fr. — 549 15
Total 890f 15
Blé Victoria | 7.345k paille, à 4 fr. les 100k 293 ' 80
no 3. I 2.485k grain, à 21 fr. — 521 85
Total 815« 65
Blé Victoria i 6.795k paille, à 4 fr. les 100k 27U 80
no 4. ( 2.325k grain, à 21 fr. - 488 25
Total 769« 05
^ 2.960k grain, à 21 fr. — 621 60
Total 856' »
'■I
Il est incoDteslable que le mélaDge de phosphate fossile et
de nitrate de soude est celui qui a procuré le plus écono-
miquement un rendement élevé : pour une dépense de 125
francs, il a donné une récolte valant 850 fr.
Le même engrais, additionné de potasse, a produit 40 fr. de
plus en grain et en paille ; mais il a coûté 57 fr. 50 c. en
supplément ; il a donc été moins avantageux que le premier.
Le superphosphate a coûté 50 fr. de plus que le n« 1 ; il
a fourni 35 fr. de moins à la moisson.
Enfin, le fumier valait 35 fr. de plus que le mélange n<> 1 ;
il a donné 90 fr. de moins que lui à la récolte.
Un calcul analogue démontrerait que le superphosphate a
conduit à un excédent de récolte de 55 fr., par rapport au
23
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— 358 -
fumier, et que le mélange potassique a élevé cet excédent
jusqu'à 180 fr.
L'évaluation que nous venons de faire ne résout pas
complètement le problème, nous le reconnaissons. Sans
parler de la verse des blés, qui n'a pas été égale sur toutes
les planches et qui fausse un peu les comparaisons, les
fumures ont laissé dans le sol une réserve dont il faut tenir
compte dans l'appréciation rigoureuse de la valeur propre à
chaque engrais. A cet égard, du reste, l'avantage serait
probablement encore aux mélanges de phosphate fossile. On
peut en juger par les soustractions faites à 1 hectare du
sol, par les cinq récoltes en discussion :
Âeide
Azote. pbospborique.
Blé Victoria û« 1 i^^'"' ^^'^^^ ^'^'^
Bievictonan i.{ gyain 47.880 10.108
Total 84''625 IT^gSÔ
„,^„. . . „, Paille 29" 887 Q^gOS
Blé Viclona n» 2. \ g^^.^ 42.886 6.296
Total 72" 728 16^099
„,^ „. . . ^ , PaiUe 29^880 7''712
Blé Victoria no 8. { ^^.^ 42.742 6.958
Total..;.. 72" 122 14" 670
Duv. • „,jPa»ûe 27H80 7"270
Blé Victoria n» 4. i ^^^ 86.087 6.045
Total 63''217 18"815
„,, , ^ , Paille 20"510 5*860
^^^^^"^"^ Urain 47.860 10.656
Total 67"870 16"516
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— 389 —
Tous ces nombres sont faibles et ils accusent le défaut de
qualité du grain et de la paille. Mais, tels qu'ils sont, ils
constituent un emprunt en acide pliosphorique plus important
pour le fumier que pour les autres engrais, en raison de la
pénurie qu'il présente à cet égard. Il est bon de noter, d'un
autre côté, que l'excédent d'azote apporté par le fumier n'est
as nécessaire dans un sol suffisamment riche en cet élément,
comme celui de la Station agronomique. M. Joulie a, depuis
longtemps, démontré qu'il ne faut donner aux céréales, dans
ces conditions, que le tiers ou, au plus, la moitié de l'azote
qui devra être enlevé par la récolte. Le fumier est donc un
engrais mal équilibré au point de vue de la production des
céréales.
II. — Fourrages verts et betteraves.
Ces cultures ont occupé les parcelles 6 à 10. Elles ont
consisté en seigle, avoine, vesce, trèfle et betterave.
Les fourrages verts ont reçu, dans l'ordre où nous les
avons énumérés, les mêmes fumures que le blé Victoria du
premier groupe, de manière à introduire toujours le même
engrais dans les parcelles correspondantes de chaque série.
L'obligation de pourvoir à l'alimentation des animaux de
l'étable nous a imposé un choix de fourrages verts dont la
maturation devait être échelonnée pendant toute la durée du
printemps. Celte nécessité nous enlève la faculté d'étudier du
même coup l'action des engrais sur chacun de ces fourrages.
Nous tournerons la difficulté en déplaçant chaque année les
plantes de cette série, afin qu'elles reçoivent à tour de rôle
l'influence des diverses fumures que nous avons adoptées. La
méUiode n'est pas irréprochable ; les variations atmosphé-
riques viendront assurément porter le trouble dans nos
résultats, mais nous ne pouvons échapper à cet inconvénient.
La végétation de tous les fourrages a été on ne peut plus
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-360 —
satisfaisante et les rendements ont dû dépasser la moyenne
habituelle. Malheureusement les circonstances ne nous odI
pas permis de peser la récolte ; nous sommes forcés de
remettre à l'exercice prochain l'inauguration de cette série
d'expériences.
Nous nous sommes limités cette fois à l'élude de la bette-
rave. Nous avons semé la variété dite Globe jaune et nous
l'avons repiquée sur billons espacés de 0™,90 après avoir
mélangé au sol 125 kil. de phosphate fossile et de nitrate
de soude (fumure n« 1). La plantation a parfaitement réussi,
bien que la reprise des jeunes plants ait été contrariée par
une sécheresse un peu prolongée. Les racines ont acquis un
développement considérable à l'automne et ont produit 4,860
kilogrammes, soit 48,600 kil. à l'hectare.
Leur analyse chimique a donné les résultats suivants :
Azote 0,11 Vo-
Acide phosphorique 0,25 —
Potasse 0,41 —
Nous consignons seulement ces faits aujourd'hui, nous
réservant de les discuter quand ils auront été répétés sur
d'autres fumures.
III. — Choux fourragebs.
Dix variétés de choux ont été réparties deux à deux sur
les parcelles 11 à 15 :
Parcelle n^ 11 : Chou Caulet de Flandres.
— — moellier blanc Vilmorin.
Parcelle n® 12: Chou moellier blanc (semis de M. Dezaunay)*
— _ _ rouge Vilmorin.
Parcelle n^ IS: Chou branchu du Poitou.
— — — de Vendée.
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— 361 —
Parcelle n^ 14: Chou branchu de la Sarthe.
- — cavalier.
Parcelle n® 15 : Chou mille têtes Vilmorin-
— _ _ tardif (*).
Les planches ont été façonnées en 10 billons, dont 5 ont
été affectés à chacune des variétés énoncées. Elles ont reçu
les mêmes fumures que les cinq parcelles à froment et dans
le même ordre.
Tous les choux moelliers ont été piqués le 8 juin 1885.
Les choux rameux n'ont été mis en place que le 15 juillet
et les choux à mille têtes le 1" septembre.
Au début, la croissance de toutes les variétés a été très
rapide ; les plantes annonçaient une grande vigueur. Dès le
mois d'octobre, les choux rameux commençaient à fléchfa*. Ils
étaient attaqués par les larves de hanneton, dont il y avait
une abondance exceptionnelle. Ils ont continué à décliner
pendant l'hiver et leur produit a été si peu satisfaisant, en
quantité comme en qualité, que nous ne croyons pas utile
d'en dresser le relevé.
Les choux moelliers se sont mieux comportés. Ils ont
atteint un développement normal sans être remarquable. Le
rendement a été inégal sur les deux planches :
Feuilles. Troncs.
Moelliers blancs Vilmorin .. 41.400 kil. 17.600 kil.
— rouges — .. 48.820— 20.620 —
— blancs (Dezaunay) . 45.540— 23.740 —
U y a lieu de se demander si l'infériorité de la première
variété tient à sa nature ou à l'engrais qui lui avait été
fourni ; elle était piquée sur phosphate fossile et nitrate de
soude (engrais n^ 1, 125 kil.).
(1) Variété coUivée dans le canton d'AigrefeuilIe (Loire-Inférieure).
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— 3G2 —
Les deux autres espèces avaient pour aliment Tengrais
potassique n<> % Leur produit est meilleur. Voici maintenant
la composition chimique des unes et des autres, déterminée
sur la substance fraîche :
Âeide
Feuilles. Azote, phosphoriqoe.
Chou moellier blanc Vilmorin 0,20 0,18
rouge — 0,28 0,20
— blanc (Dezaunay) 0,22 0,21
Acide
Troncs. Azote, phosphoriqoe.
Chou moellier blanc Vilmorin 0,14 0,15
— rouge — 0,24 0,14
— blanc (Dezaunay) 0,17 0,18
Il résulte de ces données, que le chou moellier rouge est
plus azoté que la variété blanche. En outre, les feuilles sont
plus nourrissantes que les troncs, bien que ceux-ci consti-
tuent encore un excellent aliment.
Les cinq dernières planches n'ont rien porté pendant la
première année ; les travaux de nivellement dont elles ont
été l'objet n'étaient pas achevés, nous ne les avons ense-
mencées qu'en 1886.
Conclusions. — Avant de condenser en quelques propo-
sitions le résultat de nos premiers essais, nous avons besoin
de déclarer que nos conclusions ne peuvent être prises dans
un sens absolu. Elles résument les faits observés, mais elles
n'ont pas le caractère de lois établies. Dans les choses agri-
coles, il ne faut pas se hâter de conclure ; les facteurs qui
interviennent dans les opérations mystérieuses de la nature
sont trop nombreux pour qu'il soit possible de discerner en
peu de temps leur influence propre. Nous enregistrons
aujourd'hui une série d'observations et nous leur donnons
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— 363 —
rinterprétatioD qui nous semble la plus plausible. Mais il ne
nous coûtera nullement de nous rectifier, si l'avenir nous
fournit la preuve que nous avons mal jugé. En attendant,
voici notre impression actuelle :
1^ Les phosphates fossiles additionnés de nitrate de soude
dans la proportion de 1,000 kil. des premiers pour 250 kil.
du second (pour 1 hectare), constituent un engrais énergique
et peu coûteux pour le froment. Ils nous ont donné 88 hecto-
litres de blé à Thectare.
^^ L'engrais le moins avantageux pour le froment a été le
fumier, employé seul ; il n'a fourni que 88 hectolitres.
8^ L'addition d'un sel de potasse au mélange de phosphate
fossile et de nitrate augmente l'activité de ce mélange- Cet
accroissement a été sensible pour la paille, mais nul pour le
grain (37 hect. 85).
4» Le superphosphate n'a pas donné de résultats propor-
tionnels à sa valeur commerciale : 85 hectolitres seulement.
5® Avec des fumures d'un prix très abordable (125 à 185
francs à l'hectare), nous avons doublé et presque triplé le
produit habituel d'un blé donné dans notre région.
6^ En ajqulant à l'action de la fumure le bénéfice d'une
semence convenablement choisie , le résultat est encore
meilleur. Le blé Lamed en est ici la preuve.
70 Le chou moeUier rouge paraît être un aliment plus
riche que le chou moellier blanc.
8« Les feuilles de ces deux variétés de chou ont une valeur
alimentaire plus grande que celle des troncs.
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RAPPORT
8U1 LA
Situation du vignoble de la Loire-Inférieure en 1886
Par a. ANDOUARD
Yiee-président du Comité d'études et de ?igikoee pour le phylloxéra.
L'année 1886 a été mauvaise pour le vignoble de la Loire-
Inférieure : la superficie envahie par le phylloxéra s'est
accrue de 49 hectares au minimum, et le mildew a ravagé
la presque totalité des plantations.
Le relevé des taches phyUoxériques, découvertes depuis le
printemps dernier, se décompose comme il suit :
Vignes Vignes
résistant encore. détruites.
Communes. hect. bect.
Ancenis 5.71 1.00
Anetz 1.00 —
Barbechat 8.00 0.50
Chapelle-Basse-Mer 8 . 00 0 . 80
Couffé 2.00 0.80
Joué-sur-Erdre 1 .00 0.04
Le Bignon 1 .00 —
Le CeUier 10.00 0.50
A reporter.... 26.71 2.64
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— 365 —
Report 26.71 2.64
Le Landreau 1.00 0.50
Le Loroux-Bottereau 0 . 81 —
Moûlrelais 2.00 0.50
Oudon 12.49 1.00
Sainl-Géréon 1.10 • —
Sainl-Herblon 8.00 —
Sainte-Luce 0.80 —
Thouaré 1.09 —
Varades 0.50 —
Total 49.00 4.64
Syitoicats. — Pour lutter contre les progrès du parasite,
six syndicats se sont définitivement constitués : l'un cantonal
à Vertou, pour le service des recherches seulement et
comprenant un total de 837 hectares 84 ares ; les autres
communaux, pour le traitement des vignes malades, au
Bignon, au Cellier, à Mauves, à Oudon et à Varades.
L'ensemble de ces derniers représente 1,102 hectares SI ares
40 centiares et, comme ressources financières, 2,921 fr.
70 c. La somme est faible, mais, au Bignon, la main-d'œuvre
est gratuitement fournie en supplément, par les viticulteurs.
Dans d'autres communes, elle a été partiellement donnée
Ce sont là des exemples à citer ; Us trouveront des imita-
teurs, il faut l'espérer.
Le Syndicat de Vertou était fondé dès l'automne 1885
et, à cette époque, il a fait visiter toutes les vignes de ses
adhérents, soit plus du tiers de celles du canton. Le résultat
des investigations Tut rassurant et sans doute avec raison,
car le renouvellement des recherches, cette année, n'a pas
amené la découverte du phylloxéra.
Les autres Syndicats, dont les cadres étaient remplis de{fliis
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— 366 —
deux ans, ont aussi fonctioDué avec activité. Grâce à leur
bonne organisation, les 98 hectares de vignes malades ont
pu être injectés au sulfure de carbone, dès le printemps.
Les effets des traitements de Tannée dernière sont, en
général, nettement accusés. Ds sont surtout évidents k
Oudon, ou leur succès a déjà opéré bien des conversicms.
Mais les soins les plus vigilants n'ont pu empêcher la destruc-
tion de 4 hectares 64 ares de vignes phylloxérées.
Après avoir satisfait au besoin des Syndicats, le service
phylloxérique a pu sulfurer 5 hectares de vignes, appartenant à
des propriétaires isolés d'Ancenis, de Barbechat, d'Ingrandes,
du Loroux-Bottereau, de Saint-Herblon et de Thouaré. Ce
fait ne peut être considéré que comme un encouragement.
Le traitement.au sulfure de carbone a coûté 111 fr. par
hectare ; il ne serait pas possible d'étendre et de perpétuer
des sacrifices de cette importance, en dehors de la formation
de Syndicats réguliers.
Si Ton ajoute aux chiffires qui résumaient la situation en
1885, ceux qui représentent les pertes et les invasions nour
velles, on obtient :
1885.
1886.
Total.
Vignes détruites
bect.
6.25
168.60
bccl. -
4.64
49.00
bect.
10.89
217.60
Vignes résistant encore
En somme, et en ce qui concerne le phylloxéra seulement,
le bilan de l'année n'est pas, en apparence, aussi mauvais
qu'on s'y attendait après les chaleurs prolongées de 1885.
Mais il est à craindre que la modération relative des chiffres
p&rtés au tableau cinleSsus, ne tienne à une insuffisance de
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— 367 —
renseignements. Au début de la dernière campagne, le service
phylloxérique a été entièrement absorbé par les exigences
des traitements. La recherche des nouvelles taches, très
contrariée du reste par les effets du mildew, a été exécutée
tardivement par les agents- voy ers et par les instituteurs
communaux ; elle est forcément incomplète et nous devons
tendre à la faire à la fois plus hâtive et plus générale à
l'avenir.
Notre outillage matériel est aujourd'hui- susceptible de
faire face à une extension notable des opérations. Il s'est
accru, cette année, d'une charrue sulfureuse et de pals
nombreux. Des dépôts de sulfure de carbone sont établis
dans cinq communes judicieusement choisies comme centre
de rayonnement. Enfin, le Conseil général vote les ressources
nécessaires avec une libéralité qui ne se dément pas. Ce qui
fait un peu défaut encore, c'est le personnel compétent pour
utiliser les moyens d'action. Malgré les efforts les plus
louables et les plus appréciés, le délégué départemental ne
peut pas se rendre partout oii sa présence serait utile.
Or, nous ne serons suffisamment armés pour la lutte, que le
jour oii chaque commune vilicole pourra disposer d'une
équipe affectée spécialement à la découverte de l'insecte et
d'une équipe réservée aux traitements, toutes deux fonction-
nant simultanément. Si tous les intéressés avaient le senti-
ment exact de la nécessité de la résistance, cet idéal serait
bientôt atteint et la- victoire asservie ne se déroberait pas
longtemps.
Badigeonnage. — Au mois de janvier dernier, le Comité
d'études et de vigilance de la Loire-Inférieure avait exprimé
le désir de voir expérimenter le badigeonnage recommandé
par M. Balbiaui, pour la destruction de l'œuf d'hiver du
phylloxéra. L'essai a eu lieu à Vieille-Cour et à la Drouetière,
dans la commune de Mauves. M. Henneguy, préparateur tl
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— 368 —
collaborateur de M. Balbiani, a bien voulu venir diriger la
première application de Tinseclicide.
A Vieille-Cour, on a décortiqué 6 hectares et badigeonné
2 hectares 80 ares. A la Drouetière, le décorticage n'a porté
que sur 1 hectare 40 ares et le badigeonnage sur 10 ares
seulement.
De son côté, le Syndicat de Vertou a fait décortiquer 47
hectares 59 ares et badigeonner 11 hectares 10 ares.
n n'est pas possible de juger si rapidement de l'effet de
cette double opération. Le seul fait acquis, c'est qu'elle a
coûté 186 fr. par hectare. Il est à supposer que ce prix fera
reculer bien des viticulteurs, surtout si les résultats ne sont
pas prochains et indiscutables.
MiLDEw. — Le peronospora a fait, cette année, de terribles
ravages dans la Loire-Inférieure. Il a frappé toutes les vignes
sans exception et il les a défeuillées prématurément, sauf
dans quelques communes de l'arrondissement de Paimbœuf,
où un certain nombre ont conservé assez de feuilles pour
assurer la maturation du raisin. Partout ailleurs, la dénuda-
tion des ceps s'est montrée rapide et les meilleures régions du
département ont été les premières dévastées. Là oii aucun
traitement n'a été appliqué, les raisins n'ont pas mûri et
beaucoup sont tombés flétris avant l'époque habituelle. La
vendange a été retardée de près d'un mois, sans compen-
sation dans la quantité, ni dans la qualité. Les muscadets
contiennent, en moyenne, 5 Vo d'alcool ; les gros-plants 2
et %5 Vo • encore n'est-il pas rare de trouver aux premiers
le titre de 8 ou 4 Vo et aux seconds celui de 0,7 à 1 Vo-
Que deviendront ces vins s'ils ne sont pas alcoolisés ? Une
récolte de cette nature est la ruine pour beaucoup de viti-
culteurs !
La première apparition du mildew, cette année, semble
remonter au 8 juillet ; mais elle n'a été signalée que le 19
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-369 -
du même mois, dans la commune de Vallet, à la suite d'un
violent orage. Dès ce moment le mal était grave; les feuilles
trahissaient une altération profonde et commençaient déjà à
tomber.
Le Comité d'études et de vigilance n'avait pas attendu la
manifestation de ce désastre pour répandre l'alarme. Consi-
dérant comme fatal le retour du mildew, il avait sollicité du
délégué départemental la rédaction d'une circulaire, ayant
pour objet de prémunir contre les dangers que ce champi-
pon fait courir aux vignes et d'indiquer les meilleurs moyens
de le combattre. La circulaire fut distribuée à profusion dans
tous les centres viticoles, mais bien peu de viticulteurs ont
proQté des avertissements qu'elle contenait. Quelques-uns,
cependant, en ont tenu compte et s'en sont applaudis.
 Cbâteauthébaud, une vigne d'un hectare, traitée le 15
juin avec la bouillie bordelaise, a gardé ses premières
feuiU^ intactes jusqu'à la récolte des raisins. A la iin de
juillet, les feuilles développées après la floraison furent subi-
tement envahies par le peronospora et reçurent une asper-
sion du liquide cupro-calcique dont l'effet paraissait si satis-
faisant. A ce moment, le mal était trop grand pour être
curable, les feuilles ne tardèrent pas à tomber et bientôt la
vigne présenta un singulier aspect : la moitié inférieure des
rameaux était couverte de feuilles entièrement saines et pleines
de vigueur, alors que leur partie supérieure en était complè-
tement dépouillée.
A Guérande, les faits ne sont pas moins démonstratifs. Le
mildew commençait à prendre possession d'un clos, lorsque fut
institué le traitement au sulfate de cuivre. Dans les parties les
plus attaquées, le mal subit une stagnation très nette, mais le
fruit fut perdu. Sur une autre parcelle, un peu moins atteinte,
les feuilles guérirent et le raisin persista, mais il n'eut pas
de qualité. Le reste (la presque totalité du clos) se trouva
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— 370-
radicalement préservé; la vendange y fut d'excellente qualité,
très abondante et elle fut cueillie en temps normal. Dans les
vignes voisines, oii Ton avait laissé à la nature le soin de
faire cesser le fléau, on a récollé trois ou quatre fois moins
de raisin presque dépourvu de sucre et avec lequel il a été
fait un vin détestable.
Des résultats moins brillants, mais encore très encoura-
geants, ont été obtenu? à Bouaye, à Saint-Hilau-e-de-Chaléons
et à Vallet. Dans cette dernière commune, où l'incrédulité
régnait en souveraine absolue, M. Fontaine, délégué dépar-
temental, a pu traiter quelques hectares seulement avec la
bouillie bordelaise, au moyen du pulvérisateur inventé par
M. de Mauclerc. L'appareil ayant un débit très rapide, l'opé-
ration fut promptement faite ; j'ai dit que son résultat avait
été satisfaisant.
Le canton de Vertou a été moins heureux. 80 hectares de
vignes y ont été soignés au sulfate de cuivre, sans résultat ;
le développement du mildew était trop avancé au moment de
l'aspersion. Il en a été ainsi à Mauves, à Barbechat, à Gorges
et dans plusieurs autres communes, où l'on a trop attendu
avant d'opposer le remède au mal.
Malgré ces insuccès répétés, l'efficacité du sulfate de cuivre
contre le mildew, n'est plus mise en doute dans la Loire-
Inférieure. Si elle n'avait été connue déjà, le hasard l'y aurait
peut-être fait découvrir. Deux petits clos de vigne, situés
près de l'usine métallurgique de Couëron, ont été remarqua-
blement protégés contre le parasite. A l'heure actuelle les
feuilles sont encore sur les tiges ' et ne présentent aucune
altération, alors que celles des vignes un peu plus éloignées
ont été depuis longtemps desséchées par le peronospora. Il
est bien probable que la préservation tient aux poussières
métalliques échappées de l'usine.
Contrairement à une opinion plusieurs fois émise, les
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— 371 ~
vignes traitées au sulfure de carbone n'ont pas olîe
résistance que les autres au mildew. Il ne semble pa
ployé de cette façon, le sulfure puisse agir comme
teur du peronospora.
En présence de la sûreté d'action du sulfate eu
n'y a point, du reste, à se préoccuper outre mesi
trouver des succédanés. Souhaitons seulement que,
chaiu, tous les viticulteurs mettent leur récolte sou
tection, sans oublier qu'il n'a qu'une vertu prévi
éviteront ainsi le renouvellement de malheurs sen
celui qui nous accable aujourd'hui et dont l'impo
chiffre par des centaines de mille francs.
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CATALOGUE RAISONNÉ
DES LÉPIDOPTÈRES
TROUVÉS DANS LA LOIRE-INFÉRIEURE
Par Mf J.-H. DEHERMANN - ROY.
De» ailes ! des ailes ! (Michbut.)
PRÉFACE.
La Société académique de Nantes ayant exprimé rintention
de faire bon accueil à quelques éludes complémentaires sur
la faune de la Loire-Inférieure, je viens lui offrir le
Catalogue des Lépidoptères de ce département.
C'est après dix-huit années de chasses de tous genres, de
recherches d'élevages, de préparations, de soins et de
travaux bibliographiques, que je suis heureux de pouvoir
enfin le lui présenter.
Il contient les espèces que j'ai prises ou dont la capture
authentique m'est attestée par des documents certains, avec
l'indication des époques et des endroits où elles paraissent,
leurs mœurs, leur rareté relative dans la Loire-Inférieure, et
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-373 —
r
enfin, autant qu'il m'a été possible, le nom des plantes qui
nourrissent les chenilles.
En livrant aujourd'hui ce Catalogue qui contient 800 espèces
environ, je n'ai pas la prétention de publier une liste
complète des Lépidoptères qui habitent notre département,
Il y a encore de très nombreuses découvertes à faire pour
ceux de mes chers collègues qui trouveront avec raison mon
travail insuffisant.
J'ai suivi le catalogue de MM. Staudinger et Wocke (édition
1871) dont les numéros précèdent les espèces que je
mentionne. Gomme synonymie et bibliographie, c'est à mon
avis le plus complet jusqu'à ce jour. Si leur méthode est
critiquée, c'est peut-être h tort, car aucune classification
n'est parfaite. En tout cas, c'est celle qui est aujourd'hui la
plus généralement adoptée par les lépidoptéristes.
Bien que j'aie récolté des milliers de papillons et élevé
nombre de chenilles depuis 1868, il m'eût été impossible de
terminer ce travail sans les leçons de mon regretté ami,
P. GroUcau, savant et trop modeste entomologiste, membre
de la Société académique, et sans les notes et renseignements
fournis par MM. Dubochet, OUivry frères, Soreau, Barret et
Bruneau, auxquels j'adresse ici mes sincères remerciements.
Nantes, le 4 mars 1884.
«
J.-H. DEIIEUMANN-ROY.
n
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EXPLICATION DES SIGNES ET ABRÉVIATIONS.
Mâle.
L'Ile.
nun
z commun .
commun.
!Z rare.
. rare,
été.
•ration .
NOBTS D AUTEURS.
B. B(iv Boisduval.
Berg Bergstrasser.
Bkh. . . Borkenbauseu.
Brd Bruand.
Cr Cramer.
(M Clerck.
Curt Curtis.
Dup Duponchel.
Oonz Donzel.
Don Donovan .
Esp Esper.
Fab Fabricius.
FuessI Fuessly.
Forst Forster.
Frr Freyer.
God Godart.
Gn Guénéi*.
Germ Germar.
Hb. H. G Hubner.
Hufn Hufnagel.
H. S Herrich-Scbaeffer.
Hw Haworth.
Hein Heinemaiiu .
Kef Keferstein.
Kn Knoch.
L Linné.
Latr Latreille.
Lcach
Ld Lcderer.
Meig Meigen. .
Mull Mullcr.
0 Ochscuhcimer.
Pall Pallas.
Rott Roltenburg.
Rbr Rarabur.
Retz Retzius.
Schrk Schrank.
Slph Stephens.
S. V Schiffermiller (Syslcroatisches
Verzeicbniss).
SIgr Staudinger.
Se Scopoli.
Slt Stainton .
Thnb Thunborg.
Tr Treitscbke.
View Vieweg
Vill Villers.
Z. K. Zinck .... Zincken.
Z Zeller.
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PREMIÈRE PARTIE.
MACROLEPIDOPTERA.
RHOPALOCERA.
Fam. I. - PAPILIONIDAE.
Gen. 1. — Papilio (L.)
!♦— PODALIRIUS (L.) — Nantes, Savenay, La Cha-
pelle-sur-Erdre. G. mai, juillet, jardins, lisières des
bois, coteaux au midi. (Deux générations.) — Chenille
sur le prunellier, le pêcher, le pommier, juillet.
8 -- MACHAON (L.) — C Nantes, Savenay, La Cha-
pelle-sur-Erdre, mai, juillet, août, potagers et prai-
ries. (Deux générations.) — Chenille sur les carottes
et le fenouil , mai , juillet et septembre ; une partie
des chrysalides d'automne éclot quinze jours après ;
l'autre partie (chrysalides grises) hiverne pour éclore
au printemps.
Fam. II. - PIERIDAE.
Gen. 6. — Aporia (Hb.)
27 — CRATAEGI (L.) - A. C Nantes, Savenay, juin,
prairies. — Chenille sur Taubépine.
* Les numéros des familles, genres et espèces correspondent an Catalogue
STAODiiVGER et WocKE ; s'y reporter pour la synonymie et la bibliographie.
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-376-
Gen. 7. — PiERis (Scbrk.)
81 — BRASSICAE (L.) — T. G. dans toute la Loire-
Inférieure pendant la belle saison. (Deux générations.)
— Chenille sur les choux et autres crucifères par
petits groupes.
84 — RAPAE (L.) — T. G. dans toute la Loire-Infé-
rieure pendant la belle saison. (Deux générations.) —
Ghenille sur les crucifères, la rave, les choux, en mai
et septembre,
86 — NAPI (L.) — G. dans toute la Loire-Inférieore,
toute l'année, bois et prairies. — Ghenille sur le
réséda, la capucine, en juin, septembre et octobre.
40 - DAPLIDIGE (L.) - Avril, juiUet. Gasché, bords
de TErdre, prairie de Mauves, Saint-Nazaire, Porlni-
chet, Le Pouligucn. T. G. — Ghenille sur le Reseda
lutea.
V. BELUDiCE. — G. Pouliguen, avril. (Première
génération.)
Gen. 8. — Anthocbaris (Bdv.)
44 — BELIA (Gr.) — (Première génération.) Saint-
Brevin, Le Pouliguen. A. G. mars, avril.— Ghenille
sur les crucifères en juillet et août.
Var. ausonia (Hb.) — (Deuxième génération.)
Saint-Brevin, Le Pouliguen. A. G. de juillet à octobre.
— Ghenille sur les crucifères.
47 — GARDAMINES (L.) — Nantes, Savenay, La Gha-
pelle-sur-Erdre. G. printemps. — Ghenille sur la
cardamine des prés en juillet. Reste onze mois en
chrysalide.
Gen. 10. — Leucophasia (Stph.)
54 — SINAPIS (L.) — Nantes, Savenay.. G. mai, bois.
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— 377-
prairies. — Chenille en juin el septembre sur la
gesse des prés, les Lotux, Lathyrus.
A. Var. LATHYRi (Hb.) — (Première génération.)
Nantes, avril. C.
Gen. 13. — CoLiAS (Fab.)
64 — HYALE (L.) — Nantes, Le Pouliguen, Machecoul,
Ancenis. A. C. pâturages, landes, mai, , août,
septembre. — Chenille sur les légumineuses, juin,
septembre.
7-2 — EDUSA (Fab.) — Loire-Inférieure. C. mai, juillet,
août et septembre, champs, prairies, luzemières. —
Chenille sur les trèfles et luzernes en mai et
septembre.
A. Ab. Ql HELICE (Hb.) — Nantes , La Chapelle-
sur-Erdre, Préfailles, août. A. R.
Gen. 14. — Rhodoceba (Bdr.)
73 — RHAMNI (L.) — Loire-Inférieure. C. mars, avril,
mai, juillet, hiverne et vole en février. — Chenille en
juin sur le nerprun, la bourdaine.
Fam. 111. - LYCAENIDAE.
Gen. 15. — Thecla (Fab.)
78 — BETULAE (L.) — Nantes. A. C mai, juillet et
août. — Chenille sur le chêne, le bouleau, le pru-
nellier en août.
80 — W. ALBUM (Knock.) — Nantes, route de Paris.
A. C. juin, bords des routes plantées d'ormes. —
Chenille en mai sur l'orme.
81 — ILICIS (Esp.) LYNCEUS (F.) — Nantes, La Jonnel-
lière, La Chapelle-sur-Erdre. C juin, juillet. —
Chenille en mai sur le chêne.
Ab. $ cuRRi. — Mêmes lieux d'habitation, mêmes
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— 378 —
époques d'apparition de la chenille el de Tinsecle
parfait et aussi commune que le type.
91 — QUERCUS (L.) — T. C Nantes, la Ghapelle-sur-
Erdre, Savenay, bois de Toucheiaye, juin, juillet. —
Chenille en mai sur le chêne.
94 — RUBI (L.) — T. G. Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre, Savenay, avril el mai. — Chenille sur ia
ronce, le genêt en août.
Gen. 17. — PoLYOMMATUs (Latr.)
m - DORILIS (Hufe.) XANTHE (F.) - Loire-Infé-
rieure. G. avril, mai, juillet et août, prairies. —
Chenille en juin el septembre sur le genêt à balais.
lis — PHLAEAS (L.) — T. G. Loire-Inférieure, avril,
mai, juillet. — Chenille sur les rumex, septembre.
Gen. 19. — Lycaena (F.)
121 — BOETIGA (L.) — Nantes, Préfailles. A. G. août,
jardins. — Chenille en juin, juillet sur les haricots, les
pois de senteur et dans les siliqucs du baguenaudier.
128 — ARGIADES (Pall.) AMYNTAS (S. V.) - Savenay.
A. G. juillet, prairies.
B. Var. polysperchon (Berg.) — (Première géné-
ration.) Mai, Nozay. R.
182 — AEGON (S. V.) — Portnichet. T. G. juillet.
138 — ARGUS (L.) — La Chapelle-sur-Erdre. R. juillet.
146 — BATON (Berg.) HYLAS (S. V.) - A. R. Nantes,
Toufou, Savenay, coteaux, lisières de forêt, juillet et
août.
155 — ASTRARCHE (Bgstr.) AGESTIS (S. V.) — Mai,
juillet, Loire-Inférieure, prés et bois. T. G.
160 - IGARUS (Rolt.) ALEXIS (S. V.) — Mai, juillet,
Loire-Inférieure. T. G. — Chenille sur la luzerne et
autres légumineuses, avril, juillet.
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- 379 -
164 — BELLAUGUS (Roll.) ADONIS (S. V.) - Juin,
Gbémeré, dans les chaumes, Machecoul.
176 — ARGIOLUS (L.) — G. avril, mai, juin,- août,
Nantes, Savenay , La Ghapelle-sur-Erdre, forêts, parcs,
jardins, buissons. — Ghenille sur la bourdaine,
septembre.
179 - SEMIARGUS (RoU.) AGIS (S. V.) - G. Nantes,
prairies et bois, mai, juillet, août.
182 — GYLLARUS (Rolt.) — R. Sautron, landes de
Ghémeré, Nantes, prairie de Mauves, coteau du
Ghêne-Vert, mai, juin. — Ghenille sur le Genista
tinctoria.
186 — ALGON (S. V.} — R. forêt de Toufou, août.
Fam. IV. - ERYCINIDAE.
Gew. 20. — Nemeobius (Stph.)
190 — LUGINA (L.) — A. G. Glermont, bois de la
Grande-Forêt, route de Machecoul, La Meilleraye,
Saint-Fiacre, Saint-Philbert, Nantes, avril, mai, juin,
lisières des bois, coteaux, clairières. — Ghenille sur
la primevère des bois, septembre.
Fam. VI. - APATURIDAE.
Gen. 28. — Apatura (F.)
193 — ILIA (Schiff. S. V.) — Nantes, Roche-Maurice,
La Ghapelle-sur-Erdre, prairies de la Loire, sur les
saules. A. G. juin, juillet.
A. Ab. clytie (Sch. S. V.) — Mêmes localités et
époques.
194 — IRIS (Schiff. S. V.) — Châleaubriant.
Fam. VII. - NYMPHALIDAE.
GeN. 24. — LlMENlTIS (F.)
197 — GAMILLA (Sch. S. V.) ^ Savenay, Nantes, La
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— 380 -
Ghapelie-sur-Erdre, juin, juillet, août. C — Chenille
sur le chèvrefeuille, mai, juillet.
i98 — SYBILLA (L.) — Savenay, bois de ïouchelaye,
Nantes, La Ghapelle-sur-Erdre. A. C. — Chenille
sur le chèvrefeuille des bois, mai.
Gen. 26. — Vanessa.
212 — G. ALBUM (L.) — Avril, juin, juillet, septembre,
bois, vergers, haies. (Deux générations.) Nanles,
Savenay, La Ghapelle-sur-Erdre et généralement
toute la Loire-Inférieure. C. partout. Hiverne cl
reparaît en avril. — Chenille vit isolément sur
l'orme, le groseillier, mai, juillet.
218 — POLYGIILOROS (L.) — Mars, jujn, août, Loire-
Inférieure. G. partout. Hiverne et vole en hiver
par les belles journées jusqu'en avril. — Chenille
sur l'orme en sociétés nombreuses, mai, juin, août.
216 — - URÏICAE (L.) — G. Loire-Inférieure, juin, juillet
et septembre. (Deux générations.) Hiverne et repa-
raît en mars, avril. — Chenille vit en société sur
l'ortie dioïque en mai et août.
217 — 10 (L.) — Avril, juillet, août, septembre. (Deux
générations.) Loire-Inférieure. C. hiverne et reparaît
en avril. -- Chenille en société sur l'ortie, juin et
août.
A. Ab. ioïdes (0.) — Nantes, 7 octobre, 11.
218 — ANTIOPA (L.) — Loire-Inférieure, mai, juillet,
bois, chemins. G. Hiverne et reparait en mars, avril.
— Chenille par groupes sur le saule en juin, juillet.
219 ~ ATALANTA. — Juillet, septembre, Loire-Infé-
rieure. (Deux générations.) Hiverne et reparaît en
mars, avril. C partout. — Chenille sur l'ortie, juin
et août. Elle vit solitaire dans une feuille repliée.
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-- 381 —
2-21 — CARDUI (L.) — C. Loire-Inférieure, mai,' juillet,
août et septembre, chemins, coteaux arides, jardins,
champs de chardons. — Chenille solitaire sur les
chardons et les mauves, dans un réseau de soie, mai,
juin, juillet et août. Le papillon hiverne et reparait
en avril.
Gen. 28. — Melitaea (F.)
227 — AURINIA (Rolt.) ARTEMIS (S. V.) -C. Nantes,
forêt de Toufou, Bouaye, Savenay, avril, mai,
clairières et prairies.
5i29 — CINXIA (L.) — Loire-Inférieure, avril, mai, août,
prairies. — Chenille sur le plantain, avril, juillet,
vit en société dans le jeune âge. ï. C.
281 — PHOEBE (S. V.) — Savenay, bords de l'Erdre.
A. C. mai, juillet.
2i4 — DIDKMA (0.) — Nantes, Gasché, Ancenis. A. R.
juin, juillet, août, septembre, coteaux avides.
— Chenille sur le plantain lancéolé, avril.
289 — ATHALIA (Rotl.) — Savenay, bords de TErdre,
juin. A. R.
241 — PARTHENIE (Bkh.) PARTHENOIDES (Kef.) —
Ancenis, La Ghapelle-sur-Erdrc, Nantes. C. mai,
juillet. — Chenille sur le plantain en mai et août.
Gen. 29. — Argynnis (F.)
245 - SELENE (Schiff. S. V.) — Loire-Inférieure. A. C.
bois et prairies humides, mai, juin.
247 — EUPHROSYNE (L.) — Loire-Inférieure. C. avril,
mai, bois et prairies.
252 — DIA (L.) — Loire-Inférieure. C mai, juin, juillet,
septembre. (Deux générations). — Chenille en juin
el septembre sur les violcllos et pensées.
262 — LATHONIA (L.) — Loire-Inférieure. C. mai.
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— 38Î —
août, septembre, jardins, chemins, — Chenille en
juin el septembre sur les violettes et les pensées.
265 — AGLAJA (L.) — Nantes, Vertou, Vieillevigne. R-
juillet, bois, landes. — Chenille sur la Viola canina,
juin.
267 — ADIPPE (L.) — Nantes, La Meilleraye. R. forêts,
coteaux, juillet et août.
271 — PAPHIA (L.) — C. Loire-Inférieure, juiUet et
août, bois, fleurs de ronce et de chardon. — Che-
nille en mai sur la violette de chien {Viola canina).
272 ~ PANDORA (S. V.) ~ Gasché, CHsson, Machecoul,
La GhapelIe-sur-Erdre, Le Pouliguen, Portnichel,
prairies de la rive gauche de la Loire au-dessus
de Nantes, forêt de Touvois, La Haie-Fouassière,
bois , fleurs de chardons , juin , juillet , août et
septembre. (Espèce méridionale.) G.
Fam. IX. - SATYRIDAE.
Gen. 31. -- Melanargia (Meig.)
275 — GALATEA (L.) — T. C. champs, bois, prairies,
juin et juillet, Loire-Inférieure. — Chenille sur les
graminées, avril, mai.
Gen. 34. — Satyrus (F.)
346 — SEMELE (L.) — Savenay, Portnichet, Sainl-
Brevin, rochers, dunes, bois de sapins, bruyères.
C. juillet.
345 — STATILINUS (Ilufn.) FAUNA (Hb.) - Ancenis,
Préfaillcs, Portnichet, La Chapelle-sur-Erdre, champs
arides, bois de sapins, bruyères. G. juin, juillet,
août.
Gen. 35. - PARAUGE (Hb.)
86.9 — MAERA (L.) ADRASTA (Dup.) - Nantes,
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-383-
Savenay. A. C. mai, lieux arides. — Chenille en
avril, juin, sur les graminées.
A. Var. et ab. adrasta (Hb.) maera (Esp. God)
A. C. mai, le long des murailles de jardins et les
lieux arides. — Chenille sur les graminées.
371 — MEGAERA (L.) — G. Toute la Loire-Inférieure,
avril, mai, juillet. — Chenille sur les graminées,
avril, juin. Le papillon voltige le long des murs et
des rochers.
372 — EGERIA (L.) MEONE (Esp.) — Loire-Inférieure.
- T. C. mars, avril, mai, juin, août, septembre. (Type
du Midi.)
A. Var. egerides (Stgr.) aegeria (Esp.) — Type
du Nord. C Loire-Inférieure, forêt, bois.
Gen. 86. — Epinephele (Hb.)
887 — JANIRA (L.) — Loire-Inférieure. T. C. partout
juin, juillet, prés el bois. — Chenille sur le Pou
pratensis, avril, mai.
391 — TITHONUS (L.) - Loire-Inférieure. T. C partout,
juillet, août. Voltige sur les fleurs de ronces. —
Chenille sur le pâturin annuel {Poa annua)^ mai.
Gen. 87. — Coenonympha (Hb. Verz.)
398 — ARCANIA (L.) — Forêt du Gâvre. A. C. juin.
405 — PAMPHILUS (L.) — T. C. dans toute la Loire-
Inférieure, avril, mai, juillet, prairies. — Chenille
en avril, puis en juillet sur les graminées.
Fam. X. - HESPERIDAE.
Gen. 89. — Spilothyrus (Dup.)
4H - ALCEAE (Esp.) MALVAE (S. V.) — Loire-Infé-
rieure. C. mai, juin, juillet, septembre. — Chenille sur
la mauve en mai et vit enfermée dans la feuille roulée.
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— 384 —
421 — ALVEUS (Hb.) — Nantes, La Chapelle-sur-Erdre.
A. G. juillet, prairies.
426 — MALVAE (L.) ALVEOLUS (Hb.) ~ La Chapelle-
sur-Erdre, Nantes. A. G. avril, juin, septembre.
427 — SAO (Hb.) — Portnichel, Le Pouliguen. G. juillet.
GeN. 4i. — NlSONIADES (Hb.)
43i — TAGES (L.) — Loire-Inférieure. G. avril, mai,
juin, juillet, août. — Ghenille en mai, septembre, sur
les légumineuses.
Gen. 42. — Hësperia.
489 - THAUMAS (Hufn.) LINEA (S. V.) - G. Loire-
Inférieure, juin. — Ghenille sur les graminées.
440 - LINEOLA (0.) — Loire-Inférieure. G. juillet,
bruyères, coteaux.
441 — AGTEON (Esp.) — Nantes, Portnichel. A. G.
coteaux arides, juillet.
444 — SYLVANUS (Esp.) —Loire-Inférieure. G. bois,
forêts, coteaux, juin, juillet, septembre.
Gen. 48. — GïCLOPmEs (Hb.)
452 — MORPHEUS (Pall.) ARAGINTHUS (F.) —Forêt de
Toufou, marais de Mazerolles. A. G. juillet. (Espèce
très localisée.)
HETEROCERA.
A. SPHINGES (L.)
Fam. I - SPHINGIDOE (B.)
Gen. 45. — Acherontia.
457 — ATROPOS (L.) — Nantes et bords de l'Océan,
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- 385 —
août, septembre, octobre, champs de pommes de
terre. A. G. — Chenille sur la pomme de terre,
juillet, août, octobre.
Gen. 46. — Spmisx (0.)
458 — GONVOLVULI (L.) — Nantes. G. août, septembre,
sur les fleurs de pétunia, jardins. — Ghenille sur
le liseron des champs, juillet et août.
459 — LIGUSTRI (L.) — Nantes. G. juin. - Ghenille
juillet et août sur le laurier, le houx.
460 — PINASTRI (L.) - La Gliapelle-sur-Erdre, Escou-
blac-la-Bôle. G. août, bois de pins. — Ghenille sur
les pins sylvestre et maritime, le pin d'Ecosse, le
cèdre, août, septembre.
Gen. 47. — Deilephila (0.)
464 — GALII (Rott.) — Nantes. Pris, en 1856, sur la
roule de Paris, sur les pétunias, à quelques exem-
plaires, non retrouvé depuis.
467 — EUPHORBIAE (L.) — Portnichet. G. juin, juillet,
août. — Ghenille sur les euphorbes k la fin de juin,
en juillet et août au bord des chemins, dans les
endroits sablonneux.
471 — LIVORNIGA (Esp.) LINEATA (F.) — Nantes,
Savenay, La Ghapelle-sur-Erdre, mai, sur le pétunia.
A. R.
472 — GELERIO (L.) — La Haie-Fouassière, Nantes, La
Ghapelle-sur-Erdre. R. août, septembre et octobre.
476 — ELPENOR (L.) — Nantes. G. mai, juin, août,
jardins, sur le pétunia. — Ghenille sur le fuchsia
et la vigne, juillet, septembre.
477 — PORGELLUS (L.) — Nantes. A. R. mai. —
Ghenille sur le caillelait jaune {Galium verum),
juillet.
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— 386 —
Gen. 48. — Smerinthus (0.)
480 — TILIAE (L.) — Nantes, juillet. La Chapelle-sur-
Erdre, Savenay. G. partout. — Chenille juillet et
août, sur Torme et le tilleul.
487 - OCELLATA (L.) - Nantes, Savenay, La Cha-
pelle-sur-Erdre, Ancenis. G. avril, mai. — Chenille
sur les saules, l'osier, le peuplier, le bouleau, le
pommier, juillet, août et septembre.
488 — POPULI (L.) — Savenay, Nantes, La GhapeUe-
sur-Erdre, juin. A. G. — Chenille sur le peuplier,
4e tremble, le bouleau, juillet et septembre.
Gen. 49. — Pterogon (Bdv.)
491 - PROSEUPINA (Pall.) OENOTHERAE (Schiff-
S. V.) — Nantes, La Chapelle-sur-Erdre. A. R.
juin. — Chenille en juillet et août sur le trèfle d'eau.
Gen. 50. — Macroglossa (0.)
498 - STELLATARUM (L.) — Loire-Inférieure. T. G.
partout, août, septembre, vole en plein jour, jardins,
prairies, le long des murs. — Chenille sur les
caille-lait blanc et jaune, avril, juillet.
495 — BOMBYLIFORMIS (0.) — Nantes, La Chapelle-
sur-Erdre, La Haie-Fouassière, mai. A. G. vole en
plein jour. — Chenille sur les chèvrefeuilles, juillet,
août, octobre.
496 — FUCIFORMIS (L.) — Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre, plus rare que le précédent, vole en plein
jour, mai, juin, juillet. — Chenille sur les scabieuses,
juillet, octobre.
Fam. 11. - SESIIDAE (H. S.)
Gen. 51. — Trochilium (Se.)
498 — APIFORMIS (Cl.) — Saint-Étienne-de-Monl-Luc,
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— 387-
bords des cours d'eaux plantés de peupliers, juin.
G. — La chenille passe deux hivers dans le tronc
des peupliers, cocon dans l'arbre ou près de l'aubier
en terre; elle se chrysalide en avril.
GeN. 52. — SCIAPTERON (Stgr.)
501 — TABANIFORMIS (Rott.) ASILIFORMIS (Schiff.
S. V.) — Juin. Nantes, localisé. — La chenille
passe deux hivers dans le tronc des peupliers; elle
se chrysalide en mai.
Gen. 58. — Sesia (Fab.)
511 — TIPULIFORMIS (Cl.) — Nantes, juin. A. R. —
Chenille dans la tige du groseillier rouge {Ribes
rubrum) ; se chrysalide en avril.
512 - CONOPIFORMIS (Esp.) NOMADAEFORMIS (Lasp)
— Bords de l'Erdre, mai. R.
519 — GULICIFORMIS (L.) — Trappe de Meilleraye.
585 — EMPIFORMIS (Esp.) — Trentemoult, près Nantes.
G. juillet.
547 - MUSGAEFORMIS (V. W.) PfflLANTfflFORMIS
(Lasp.) — Prairie de Mauves, près Nantes, mai.
562 — GHRYSIDIFORMIS (Esp.) — Savenay, Saint-
Nazaire, Rezé-lès-Nantes, mai, sur les asters, hélio-
tropes d'hiver.
A. Ab. cf CHALC0CNEMIS (Stgr.) ~ Nantes, juin
(Ab. méridionale). Un exemplaire.
Fam. V. - ZYGAENIDAE (Bdv.)
Gen. 59. — Ino (Leach.)
579 — PRUNI (Schiff. S. V.) — Garcouët, près Nantes,
bord du taillis et chemin, juillet et août.
583 — GLOBULARIAE (Hb.) — Missillac, juin.
586 — STATIGES (L.) — Savenay, La Ghapelle-sur-
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— 388 —
Erdre, LaMorinière, Nozay, Ghémeré, Toufou, Nantes,
val de la Cbézine. A. G. mai. — Chenille en mai sur
la patience. {Rumex acetosella.)
Gen. 60. — Zygaena.
598 — SARPEDON (Hb.) — Portnichel, juillet, août.
(Espèce méridionale.) G.
611 — TRIFOLII (Esp.) — Loire-Inférieure. G. partout,
mai, juin. — Ghenille eu mai sur les trèfles.
A. Ab. confloens GLiciRRHiZAE. (Hb.) — Avcc
le type, mais plus rare.
R. Ab. arobi (Hb.) — Avec le type, mais plus
rare.
612 — LONIGERAE (Esp.) — Savenay. G. juin, prairies.
614 - FILIPENDULAE (L.) - Machecoul, Missillac,
juin.
B. BOMBYCES.
Fam. I. - NYCTEOLIDAE (H. S.)
Gen. 68. — Sarrothripa (On.)
650 — UNDULANA (Hb.) REVAYANA (S. V.) — Nantes.
A. R. août, septembre.
Gen. 64. — Earias (Hb.)
653 — GHLORANA (L.) — Nantes, mai, juin. A. R. —
Ghenille en juillet sur l'osier; passe Thiver en chry-
salide.
Gen. 65. — Hylophila (Hb.)
654 — PRASINANA (L.) — Nantes, La Ghapelle-sur-
Erdre, bois de hêtres et de chênes, juillet, août. C-
— Ghenille sur le chêne el le hêtre, septembre,
octobre.
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— 389 -
655 — BIGOLORANA (Fuessl.) QUERGANA (S. V.) —
La Ghapelle-sur-Erdre. A. G. mai, juillet, bois de
chênes, bouleaux. — Chenille en septembre sur le
chêne, le bouleau.
Fam. II. - LitHOSIDAE.
Gen. 68. — NoLA (Leach.)
661 - STRIGULA (Schifif. S. V.) STRIGULALIS (Hb.)
— Nantes, mai. A. G. — Ghenille en mai sur le
prunellier.
667 — ALBULA (S. V.) ALBULALIS (Hb.) - Nantes,
R. juillet. Un exemplau'e pris h l'Eraudière sur les
bords de TErdre.
Gen. 70. — Nudaria (Slph.)
677 — MUNDANA (L.) ^ Gasché, juillet. R.
Gen. 71. — Galligenia (Dup.)
681 — MINIATA (Forst.) ROSEA (Fab.) — Nantes, bords
du Gens, bords de TErdre, La Ghapelle-sur-Erdre.
G. juillet, août, taillis, lisières des bois. — Chenille
en mai sur les lichens des arbres.
Gen. 72. — Setina (Scht.)
689 — MESOMELLA (L.) — La Ghapelle-sur-Erdre ,
Clermont, juillet. A. G. lisières des bois, juillet. —
Ghenille sur les lichens, se cache le jour dans les
feuilles sèches au pied des arbres, avril et mai.
Gen. 78. — Lithosia.
694 — GRISEOLA (Hb.) — Portnichet. R. fin juillet.
698 - LURIDEOLA (Zinck.) GOMPLANULA (Bdv.) —
G. Nantes, bords de TErdre, buissons, bois, juin,
juillet et août. — Chenille sur les lichens, des
chênes et des érables en avril, mai.
25
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— 390 —
695 — COMPLANA (li.) — A. R. Loire-Inférieure, juin.
697 — GANIOLA (Hb.) — Toute la Loire-Inférieure et
T. G. partout, mai, juin, juillet, août et septembre,
(Espèce méridionale.) — Chenille sur les lichens des
toits et des rochers, murailles, avril, mai, juin.
705 — SORORGULA (Hufn.) AUREOLA (Hb.) — Petit-
Port, près Nantes. A. R.
Gen. 75. — Gnophria (Stph.)
707 — QUADRA (L.) — G. La Ghapelle-sur-Erdre,
Nantes, les taillis, juillet et août. — Ghenillc sur les
' lichens des chênes, mai et juin.
Fam. m.- ARGTIIDAE (Stph.)
Gen. 77. — Emydia (Bdv.)
715 — STRIATA (L.) GRAMMIGA (L.) — Paulx, Save-
nay, Portnichet. A. R. juillet. — Ghenille sur le
genêt, les chicoracées de novembre à mai.
Gen. 78. — Deiopeia (Stph.)
718 — PULGHELLA (L.) PULGHRA (Schifif. S. V.) —
R. Préfailles, août.
Gen. 79. — Euchelia (B.)
719 — JAGOBEAE (L.) — Toute la Loire-Inférieure. T.
G. mai, juin, juillet, jardins, vergers, chemins. —
Ghenille sur le séneçon {Senecio jacobeaé)^ ]\xi\h\,
août, septembre ; chrysalide passé l'hiver.
Gen. 80. — Nemcophila (Stph.)
722 — RUSSULA (L.) — Toufou, Missillac, forêts, juin.
Gen. 81. — Gallimorpha (Lat.)
726 — HERA (L.) — Toute la Loire-Inférieure. G. partout,
juillet, août. — Ghenille d'octobre à mai sur le
prunier, le prunellier, le genêt à balais.
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391 —
A. Ab. lutescens (Stgr.) — Nantes, Savenay,
Paimbœuf. — R. juillet.
Gen. 84. — Arctia (Schrk.)
783 — GAJA (L.) — T. G. Loire-Inférieure, avril, juin,
septembre et octobre. — Ghenille sur les fraisiers
et plantes herbacées, mai, juin, juillet.
735 — VILLIG A (L.) — A. G. Loire-Inférieure, mai, juin.
— Ghenille d'octobre à avril sur les plantes herba-
cées, le genêt, le chèvrefeuille.
736 — PURPURAÏA (L.) PURPUREA (L.) — Chauve,
juin.
744 — MAGULATA (Lang.) CIVICA (Hb.) - Petit-Mai^s,
juin.
Gen. 87. — Spilosoma (Stph.)
774 — FULIGINOSA (L.) - Nantes. G. juillet. — Ghe-
nille sur les plantains d'octobre, avril et juillet.
779 - MENDIGA (Gl.) — Nantes, avril, mai, G. — Ghe-
nille en juillet sous les pierres, sous les décombres ;
elle est polyphage sur les plantes herbacées.
780 — LUBRIGIPEDA (Esp.) — Savenay, Nantes. A. G.
mai, juin, jardins, bois, pâturages. •— Ghenille poly-
phage sur les plantes herbacées de septembre en
avril.
781 — MENTHASTRI (Esp.) — G. Nantes, Savenay et
toute la Loire-Inférieure, mai, jardins, prés. —
Ghenille de juillet îi octobre sur les plantes herbacées
et les arbres fruitiers.
Fam. IV. - HEPIALIDAE (H. S.)
Gen. 89. — Hepialus (F.)
785 — SYLVINUS (L.) — Nantes. A. G. mai, Juin et
septembre, prairies, buissons, lisières des bois. —
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— 392 —
Chenille dans les racines des graminées, des phlox,
en mars et juin, s'élève faeileraenl dans les pois à
fleurs oii l'on plante des racines.
791 - LUPULINUS (L.) — Nantes. A. G. mai, juin,
août, prairies, lisières des bois. — Chenille en jan-
vier, février et juin, s'élève facilement dans les pots
à fleurs où l'on plante des racines de graminée.
Fam. V. - COSSIDAE (H. S.)
6en. 90. — Cossus.
797 — COSSUS (L.) LIGNIPERDA (F.) — Nantes ,
Savenay, La Chapelle-sur-Erdre. A. C. — Chenille
dans l'intérieur des saules, des ormes, des racines
d'osier, des bouleaux, des peupliers et des chênes.
Elle vit deux ans, a toute sa taille en mai.
Gen. 91. — Zeuzera.
802 - PYRINA (L.) AESCULI (L.) - Nantes, Portni-
chet, Paimbœuf. A. R. juin, juillet et août. — Che-
nille dans la tige ou les branches des frênes, des
ormes, houx, pommiers, bouleaux, tilleuls, lilas,
chênes, marronniers d'Inde; se chrysalide en juin.
Fam. VI. — COCHLIOPODAE (Bdv.)
Gen. 96. — Heterogenea (Knoch.)
812 — LIMACODES'(Hufn.) TESTUDO (Schiff. S. V.) —
Nantes, Savenay, La Chapelle-sur-Erdre, taillis. G.
juin. — Chenille sur les chênes, les hêtres, juillet,
août, septembre. Fait sa coque en octobre, mais ne
s'y chrysalide qu'en avril.
Fam. VII. - PSYCHIDAE.
Gen. 97. — Psyché (Schrk.)
815 — UNICOLOR (Hufn.) GRAMINELLA (Schiff. S. V.)
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«-393-
— Clermont, Nantes. C — Fourreau sur les grami-
nées, avril, mai.
847 - PLUMISTRELLA (Hb.) PLUMIGERELLA (Dup.)
— Nozay, fin de mai.
Gen. 99. — FuMEA (Hb.)
868 ~ INTERMEDIELLA (Bruand.) NITIDELLA (Hof.)
— Nantes, juin. G. — Fourreau sur le chêne, le
charme.
Fam. VIII. - LIPAR1DAE.
Gen. 101. — ORGYA(Och.)
878 - GONOSTIGMA (Fab.) — La Jonnelière, La Cha-
pelle-sur-Erdre. G. juin. — Chenille sur le chêne,
le prunellier, le noisetier, réglanlier, mai, juillet.
878 — ANTIQUA (L.) — Savenay, Nantes. G. juillet,
septembre, jardins, forêts, champs de genêts. —
Chenille en mai, août, sur le chêne, les arbres frui-
tiers, l'arbre de Judée, le genêt à balais.
Gen. 102. — Dasychira (Slph.)
890 — FASCELINA (L.) — Loire-Inférieure. C. partout,
juillet. — Chenille sur le Genisla scopariae d'oc-
tobre il mai, juin.
892 — PUDIBUNDA (L.)— Loire-Inférieure. C. partout,
avril, mai, juin. — Chenille sur le chêne, l'orme,
le noyer, les arbres fruitiers, août, octobre.
Gen. 104. — Laria (Hb.)
894 — L. NIGRUM (Mueller). V. NIGRUM (Fab.) —
Nantes. R. juin.
Gen. 105. — Leucoma (Stph.)
895 — SALICIS (L.) -- Nantes. T. C. juin, juillet. —
Chenille sur les saules, les peupliers, mai et juin.
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— 394 —
On trouve les chenilles, les chrysalides et les
papillons en même temps.
GeN. 106. — PORTHESIA (Slph.)
899 — CHRYSORRHOEA (L.) - Toute la Loire-Infé-
rieure. T. G. juillet, forêts, jardins, baies. — Che-
nille en avril, mai, sur le chêne, l'orme, l'aubépine,
les arbres fruitiers.
900 -^ SIMILIS (Fuessl.) AURIFLUA (Fab.) — Savenay,
Paimbœuf. G. juillet. — Ghenille sur le chêne, l'au-
bépine, mai, juin.
Gen. 107. — PsiLTiRA (Stph.)
901 — MONAGHA (L.) — La Ghapelle-sur-Erdre, bois
de La Meilleraye, taillis. A. G. certaines années. —
Ghenille de septembre à juin, sur le chêne, le bou-
leau, le hêtre.
GeN. 108. — OCISERIA (H. S.)
902 - DISPAR (L.) - T. G. toute la Loire-Inférieure,
juillet, août, forêts, chemins, jaixlins, juillet, août.
— Ghenille en mai, juin, sur tous les arbres fruitiers
et forestiers.
Fam. IX. ~ BOMBYCIDAE (Bdv.)
Gen. 110. — RoMBYx (Rdv.)
911 — GRATAEGI (L.) — Nantes, septembre. A. R. —
Ghenille d'octobre à mai sur l'aubépine, le prunellier,
le bouleau, le chêne, le saule.
912 — POPULI (L.) — Nantes, janvier. A. G. — Ghe-
nille en mars, mai, juin sur le prunier, le hêtre, le
peuplier, le chêne.
916 — NEUSTRIA (L) — Nantes et toute la Loire-Infé-
rieure. T. G. juin, juillet, jardins, vergers. — Che-
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— 395 —
nille en famille sur tous les arbres fruitiers et fores-
tiers en mai.
924 — TRIFOLII (S. V.) — Nantes, coteaux du Ghéne^
Vert. A. G. août, pâturages. ~ Chenille sur les
genêts, les luzernes, de septembre à mai.
A. Ab. MEDiCAGiNis (Bork). — Nantes. A. G.
9-20 — LANESTRIS (L.) — Nantes, coteaux du Ghéne-
Vert, Machecoul, février, mars, avril. A. G. — Ghe-
nille en société sur les haies de prunellier et d'aubé-
pine, mai, juin. La chrysalide reste souvent deux,
trois et quatre ans avant d'éclore.
925 — QUERGUS (L.) — Nantes et toute la Loire-bifé-
rieure. — Ghenille polyphage sur les arbres fruitiers
et forestiers, sur la ronce, le groseillier, le lilas,
Torme, le prunellier, le genêt , de septembre k juin.
926 — RUBI (L.) — Loire-Inférieure. G. juin, forêts,
vergers, prairies. — La chenille éclot fin jum et
parvient à toute sa taille en octobre, passe l'hiver
sous la mousse, les feuilles mortes, dans les ronces,
mange, l'hiver, des feuilles sèches et les jeunes
pousses des plantes herbacées; se chrysalide en mai.
Difficile à élever.
Gen. H2. — Lasiocampa (Latr.)
934 — PRUNI (L.) — Nantes. R. juiUet, jardins. (Espèce
méridionale.)
985 — QUERGIFOLIA (L.) — Savenay, Saint-AIgnan.
A. R. juillet, jardins, vergers. — Ghenille sur les
arbres fruitiers de septembre à juin.
986 — POPULIFOLIA (S. V.) ~ R. Nantes, juillet. —
Ghenille sur les saules et les peupliers de septembre
à juin.
987 — TREMULffOLIA (Hb.) BETULIFOLIA (0.) —
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— 396 —
Nanles, roule de Paris, mai. — Chenille, septembre,
ormeaux.
988 — ILICIFOLIA (L.)— Missiilac, avril.— Chenille en
septembre.
Fam. X. ~ ENDROMIDAE (Bdv)
Gen. 118. — Endromis.
946 — VERSICOLORA (L.) — La Chapelle-sur-Erdre.
R. — Chenille surje bouleau en juin et juillet.
Fam. XI. - SATURNIDAE (IJdv.)
Gen. 114. — Saturnia (Schrk.)
950 — PYRI (Schiff. S. V.) - Nantes et toute la Loire-
Inférieure. C. partout, mai, juin, jardins, vergers.
— Chenille sur le poirier. Elle reste parfois deux et
trois ans en chrysalide et paraît à la fin de juillet. '
952 - PAVONIA (L.) CARPINI (Schiff. S. V.) — Loire-
Inférieure. C. partout, mars, avril. — Chenille sur le
prunellier, la ronce, de mai à juillet ; vivent en
famille jusqu'à la troisième mue ; elles restent deux
et trois ans en chrysalide.
Fam. XII. - DREPANULIDAE (Bdv.)
Gen. 116. — Drepana (Schrk.)
957 — FALCATARIA (L.) FALCULA (Sch. S. V.) —
Mai, Nantes, Toufou, La Chapelle-sur-Erdre. A. C.
lisière des bois. — Chenille sur le bouleau, le tremble,
le saule.
961 - BINARIA (Hufn.) HAMULA (S. V.) — A. C mai,
juillet, août, Nantes, chêne. — Chenille sur le
chêne.
Gen. 117. — Ciux (Leach.)
968 — GLAUCATA (Se.) SPINULA (Schiff. S. V.) —
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Nantes, mai, juin, août. A. C. dans les buissons. —
Chenille sur le prunellier, Taubépine en juin,
septembre. (Deux générations.)
Fam. XIII. - NOTODONTIDAE.
Gen. 118. — Harpya (0.)
966 — FURCULA (L.) — Nanles, Sainl-Aignan, mai.
789 — ERMINEA (Esp.) — Nantes. R. juin. — Chenille
sur le peuplier.
970 — VINULA (L.) — Nantes, La Chapelle-sur-Erdre.
C. mai, juin. — Chenille sur les peupliers suisse et
de la Caroline, le bouleau, le tremble, juin, juillet,
août.
Gen. 119. — Stauropus (Germ.)
971 — F AGI (L.) — Nantes, La Madeleine, route de
Paris, La Chapelle-sur-Erdre. A. R. les taillis, mai.
— Chenille sur le noisetier.
Gen. 121. — Hybocampa (L.)
974 — MILHAUSERI (Fab.) — Nantes, Roche-Maurice,
mai.
Gen. 122. — Notodonta (0.)
975 — TREMULA (Cl.) DICTAEA (L.) — Nantes, Ance-
nis, La Chapelle-sur-Erdre. A. C. mai. — Chenille
sur le peuplier, le saule, le bouleau, juin, septembre ;
se chrysalide en terre.
977 — ZICZAC (L.) — Nantes, La Chapelle-sur-Erdre.
A. C juin, août. — Chenille sur le peuplier, le bou-
leau, le chêne, septembre ; se chrysalide entre deux
feuilles.
978 — TRITOPHUS (S. V.) ~ Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre. A. R. peupliers.
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--398-^
979 — TREPIDA (Esp.) TREMULA (S. V.) — Nantes,
chemin de Carcouel, avril.
981 - DROMEDARIUS (L.) — Nantes. R. mai.
982 — GHAONIA (S. V.) - Nantes.
983 — QUERNA (S. V.) - Nantes.
984 - TRIMAGULA (Esp.) DODONEA (Frr.) — Un
exemplaire pris à La Ghapelle-sur-Erdre.
Av. et Ab. DODONEA (S. V.) — Nantes.
GeN. 128. — LOPHOPTERYX.
989 — GAMELINA (L.) — Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre. A. G. avril, mai, juillet, août. — Ghenille
sur le chêne, le bouleau, le hêtre, le peuplier, juin,
juillet, septembre, octobre ; se chrysalide en terre.
Gen. 124. — Pterostomx\ (Germ.)
991 — PALPINA (L.) — Nantes, juillet. A. G. —
Ghenille sur les peupliers, les saules, juin, septembre,
octobre ; se chrysalide en terre.
Gen. 125. — Drynobia.
994 — MELAGONA (Rork). — Nantes.
Gen. 128. — Gnethocampa (Stph.)
998 — PROGESSIONEA (L.) — La Ghapelle-sur-Erdre,
Garquefou. A. R. août. — Ghenille en société sur le
chêne en juin, se chrysalide en commun au pied de
Tarbre, sous une toile commune où restent les poils
de la chenille qui causent de vives démangeaisons
si on y touche.
Gen. 129. — Phalera (Hb.)
1002 — BUGEPHALA (L.) — Nantes, Savenay, La Gha-
pelle-sur-Erdre. G. juin, juillet. — Ghenille sur le
bouleau, le peuplier, le chêne, le hêtre, de juillet
à octobre. Passe Vhiver en chrysalide.
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— 399 —
Gen. 180. — Pygaera (0.)
1007 — CURTULA (L.) — La Ghapelle-sur-Erdre, Nantes,
mai, aoûl. G. — Chenille sur les i>eupliers, les saules,
juin et octobre. Vil et se chrysalide entre deux
feuilles liées par de la soie.
1009 — ANACHORETA (Fab.) — Nantes (chemin du
Massacre).
1010 — PIGRA (Hufn.) RECLUSA (Fab.) —La Ghapelle-
sur-Erdre, mai, aoûl. A. G. — Ghenille sur le
tremble, le saule Marceau, juin et septembre. Vil et
se chrysalide entre deux feuilles liées.
Fam. XIV. - CYMATOPHORIDAE (H. S )
Gen. 131. — Gonophora (Brd.)
1011 — DERASA (L.) — Nantes, bords de la Ghézine,
Garcouët, Ghauvé, juillet. R. miellée. — Ghenille sur
le framboisier, septembre.
Gen. 132. — Thyatira (0.)
1012 — BATIS (L.) — Nantes, La Ghapelle-sur-Erdre,
miellée. G. juillet et août. — Ghenille sur le fram-
boisier, juin, septembre.
Gen. 138. — Gymatophora (Tr.)
1014 — OGTOGESIMA (Hb.) OGULARIS (Gn.) — Nantes,
bords de la Ghézine, Escoublac, 18 juillet. A. R.
miellée. — Ghenille sur le peupUer, entre deux
feuilles, juillet, septembre. (Deux générations.)
Gen. 184. — Asphalia (Hb.)
1028 — RIDENS (F.) — Nantes, La Ghapelle-sur-Erdre.
A. G. avril cl août. — Ghenille sur le chêne, en
juin et octobre. (Deux générations.)
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^ 400-
C. NOCTUAE.
Fam. I. - BOMBYCOIDES (Stph.)
Gen. 185. — DiLOBA (Slph.)
1024 — CAERULEOCEPLALA (L.) — Nantes. A. C.
septembre. — Chenille sur l'aubépine, le prunellier,
les arbres fruitiers, avril, mai.
Gen. 187. — Arsilonche (Ld.)
1028 — ALBOVENOSA (Golze) VENOSA (Bork.) — Marais
de rErdre.
Gen. 141. — Demas (Slph.)
1083 — CORYLI (L.) — La Chapelle-sur-Erdre, 4 juillet.
Gen. 142. — Acronycta (0.)
1085 — LEPORINA (L.) — La Chapelle-sur-Erdre. A. R-
août. — Chenille sur le bouleau, septembre.
1086 — ACERIS (L.) — Nantes, mai, juin. C — Chenille
sur Tormeau, juillet et aoftt.
1087 - MEGACEPHALA (Fab.) - Juin, Nantes. C k la
miellée. — Chenille sur le peuplier, le tremble, le
bouleau, septembre, novembre.
1088 — ALNI (L.) — Eclos d'une chenille prise par
M. Grolleau dans la Loire-Inférieure. Un exemplahre.
1042 — TRIDENS (S. V.) - Nantes, juin.
1048 — PSI (L.) — C. dans toute la Loire-Inférieure
à la miellée. Ancenis, juillet, août. — Chenille sur
le Salix cinerca^ l'églantier, les arbres fruitiers,
l'orme, le bouleau, juillet, septembre.
1047 — AURICOMA (Fab.) - Nantes, plus rare que la
précédente. — Chenille sur le poirier.
1058 — RUMICIS (L.) — Toute la Loire-Inférieure, mai,
juin, juillet, août. T. C. à la miellée. — Chenille sur
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— 401 -
les plantes herbacées, le poirier, juillet, août,
septembre.
1055 — LIGUSTRI (Fab.) — Nantes. G. à la miellée,
juillet, août. — Chenille sur le frêne, le troène, juin,
juillet, août.
Gen. 148. — Brïophila (Tr.)
1066 — ALGAE (Fab.). — Nantes. A. G. juillet à la
miellée. — Ghenille en mai sur les lichens des ormes.
A. Ab. mendacula (Hb.) — Nantes, juillet, août.
A. G. à la miellée.
1068 — MURALIS (Forst.) GLANDIFERA (Hb.) — Nantes,
La Ghapelle-sur-Erdre. T. G. juillet, août à la miellée,
forêts, jardins, murailles. — Ghenille sur les placo-
dium, les lichens. Se tient cachée le jour, mai, juin.
A. Var. par (Hb.) — Nantes. G. mêmes époques
que les précédentes, et comme elle, se prend à la
miellée aux mêmes endroits.
1070 — PERLA (Fab.) ~ - Ancenis.
Gen. 145. — MoMA (Hb.)
1078 — ORION (Esp.) — Nantes, coteau du Ghêne-Vert et
vallée de la Ghézine, Pontchàteau, La Ghapelle-sur-
Erdre. A. R. juin. — Ghenille sur le chêne, juin,
juillet, août. Fait une coque ovoïde en septembre,
comme le bombyx.
NOCTUIDAE (Bdv).
Gen. 148. — Agrotis (0.)
1076 — STRIGULA (Thnb) PORPHYREA (Hb.) - Nantes.
1081 — JANTHINA (Esp.) — Nantes. G. juin, juillet,
août, septembre, sous le lierre, en battant les haies
à la miellée. — Ghenille en février, mars, sur le
lierre terrestre, les oseilles.
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- 4011 —
1082 — LINOGRISEA (S. V.) - Nantes, La Ghapelle-sur-
Erdre, août, septembre. A. R. k la miellée. —
Chenille en mars dans les feuilles sèches, là où crois-
sent le lierre terrestre et les violettes.
1083 — FIMBRIA (L.) — Nantes. C. certaines années à
la miellée, juillet. — Chenille sur la primevère en
avril.
1084 - INTERJECTA (Hb.) — Nantes, Saint-Philbert,
juillet, août. G. à la miellée. — Chenille en avril
sur les plantes herbacées.
1091 - OBSCURA (Brahm.) RAVIDA (Hb.) — Missillac,
sous récorce, septembre.
1092 — PRONUBA (L.) — Loire-Inférieure, du commen-
cement de mai à la fin d'octobre. T. C. à la miellée
partout. — Chenille en mars sur toutes les plantes
herbacées.
A. Ab. innuba (Tr.) — Nantes. C mêmes époques
que la précédente (miellée).
1093 — ORBONA (Hufn.) SUBSEQUA (Hb.) - Nantes,
septembre. A. R. à la miellée. — Chenille en avril,
sur les plantes herbacées.
1094 — COMES (Hb.) ORBONA (Fab.) — Loire-Inférieure,
juin, juillet, août, septembre, octobre. T. C. à la
miellée. — Chenille en avril sur les plantes her-
bacées et potagères, les arbres fruitiers.
1104 — BAJA (Fab.) — Nantes, août. R. à la miellée. —
Chenille en avril sur les plantes herbacées.
1104 — C. NIGRUM (L.)— Nantes, La Chapelle-sur-Erdre,
août. T. C. a la miellée. — Chenille polyphage en
avril, mai, sur les plantes herbacées.
1122 - XANTHOGRAPHA (Fab.) — Nantes. T. G. à la
miellée, août, septembre. - Chenille en avril sur
les graminées.
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— 403 —
1124 — UMBROSA (Hb.) — Nantes.
1125 — RUBI (View. Verz.) BELLA (Bork.) - Nanlcs,
La Chapelle-sur-Erdre, septembre. A. C. à la miellée.
— Chenille en avril dans les feuilles sèches des
bois humides ; vil de plantes herbacées.
1188 — GLAREOSA (Esp.) UEBRAIGA (Hb.) - Nantes.
A. R. à la miellée, septembre, octobre. — Chenille
en avril, mai sur les plantes herbacées, les genêts.
1148 — PLECTA (L.) — Nantes, juillet et août. C. à la
miellée. — Chenille en septembre sur les plantes
herbacées renouées.
1149 — LEUCOGASTER (Frey.) — Nantes, La Chapelle-
sur-Erdre, juillet, août, septembre, octobre, miellée.
C. certaines années. (Espèce méridionale.)
1157 — PYROPHILA (Fab.) SIMULANS (Hufn.) — Le
Màtinais (Missillac).
1190 — PUTA (Hb.)? — Ancenis, suivant Grolleau. Le
type Puta, tel qu'il est figuré par Godart, tome 5,
pi. 67, fig. 7, n'ayant jamais été pris, à ma
connaissance, dans la Loire-Inférieure, que par
MM. Grolleau et Millière {Icônes, t. 8, p. 128),
assurant qu'il est sans doute inconnu en France,
n'est marqué ici qu'avec un point d'interrogation
malgré le crédit qu'on doit ajouter à l'assertion de
M. Grolleau.
A. Ab. LiGNOSA (God.) — Nantes, La Chapelle-
sur-Erdre. C. à la miellée, juillet, août, septembre.
— Chenille sur les plantes herbacées en avril.
1191 — EXCLAMATIONIS (L.) — Nantes, avril, juin,
août. C. à la miellée. — Chenille en février, mars
sur les primevères, les violettes et autres plantes
herbacées et potagères.
1215 — TRITICI (L.) - Nantes. A. C. certaines années.
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-404 —
ii la miellée, juillet, août. — Chenille en mars, avril
dans les touffes des graminées.
12iO — OBELISGA (Hb.) — Frossay, Nantes. A. R. août.
1226 — SAUGIA (Hb.) — Nantes, La Chapelle-sur-Erdre.
G. à la miellée, juillet, août, septembre et octobre.
— Ghenille en avril, mai sur les oseilles, les
laiterons {Souchus arvensis).
A. Ab. MARGARITOSA (Hw.) AEQUA (Hb.) — NaUtCS,
LaGhapdle-sur-Erdre, LePouliguen. (Mêmes époques
d'apparition que le type.) G. à la miellée.
1227 — TRUX (Hb.) — Nantes, bords de la Ghézine. R-
septembre, miellée.
1229 — YPSILON (Rott.) SQFFUSA (Hb.) - Nantes. G.
à la miellée, juillet, aoûl, septembre. — Chenille en
avril , mai sur le laiteron des champs , bois et
jardins.
1280 — SEGETUM (S. V.) GLAVIS (Rott.) — Loire-
Inférieure. T. G. à la miellée, de juin à octobre.
— Ghenille polyphage au pied des plantes herbacées
et potagères.
1233 — GRASSA (Hb.) — Nantes, roule de Paris, bords
de la Ghézine. R. à la miellée, août. — Ghenille en
avril dans les racines des graminées.
1241 — VESTIGIALIS (Rolt.) VALLIGERA (Hb.) —
Ancenis, Le Pouliguen. A. G. aoûl. — Ghenille en
avril sur les chardons, lieui incultes.
Gen. 151. — Neuronia (Hb.)
1250 — POPULARIS (Fab.) LOLH (Esp.) — Nantes. R.
septembre.
Gen. 152. — Mamestra (Tr.)
1260 — THALASSINA (Rolt.) —Environs de Nantes.
1261 — DISSIMILIS ^Knock.) SUASA (Bkh.) — Nantes.
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-408 —
T. G. à la miellée, juillet, août. — Chenille sur les
plantes herbacées en septembre.
1262 — PISl (L.) — Nantes.
1268 — BRASSIGAE (L.) — Toute la Loire-Inférieure.
T. G. à la miellée, juin, juillet, août, septembre. —
Ghenille en juin sur les choux dans le cœur.
1-265 - PERSIGARIAE (L.) — Ancenis.
1273 — OLERAGBA (L.) — Toute la Loire-Inférieure.
T. G. a la miellée, d'avril à septembre. — Ghenille
en avril, juillet sur les plantes herbacées et pota-
gères.
1274— GENISTAE (Bk.) — Nantes, Dervallîères. —
Ghenille sur les genêts.
1276 — DENTINA (Esp.) — Saint-Élienne-de-Mont-Luc,
Toufou, Nantes, Missillac, juin, juillet. A. G. —
Ghenille fin avril sur les Taraxacum.
1278 — PEREGRINA (Tr.) — Le Pouliguen. A. G. mai,
juin. — Ghenille sur le Sueda fruticosa, août.
1286 — TRIFOLII (Rott.) GHENOPODII (Fab.) — Nantes.
T. G. k la miellée de juin à octobre, — Ghenille en
septembre, octobre sur les Humex polygonnm
genista, oseilles renouées, genêts.
1291 — GHRYSOZONA(Bork.)DYSODEA(Hb.)— Ghauvé,
Nantes, juin, juillet, août. — Chenille en juillet sur
les panicules de la laitue cultivée.
Gen. 158. — DuNTHOECiA (Bdv.)
1811 - NANA (Rott.) GONSPERSA (Esp.) ~ Nantes.
1818 — ALBIMAGULA (Bork.) — Le Pouliguen, falaise
du Codan, juillet. R. 30 juillet.
1814 — COMPTA (Fab.) — Même localité et même date
que la précédente.
1815 — GAPSINGOLA (Hb.) — Nantes, La Morinière,
26
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— 406 —
les Dervallières, Ancenis, mai, juin. C. — Chenille
dans les capsules de la Lychnis dioïca en juillet ;
reste en chrysalide un an.
1816 — CUGUBALI (Fuess.) — Nantes, Doulon, mai. R.
— Chenille fin juin sur la Silène inflata dans les
capsules et au pied de la plante le jour ; reste un an
en chrysalide.
1824 - IRREGULARIS (Hnfn.) ECHU (Bork.) — Portni-
chet, août. R.
Gen. 158. — Heliophobus (Bdv.)
1887 — HISPIDA (Hubn.) — Le Pouliguen.
Gen. 160. — Aporophyla (Gn.)
1841 — LUTULENTA (Bork.) - Saint-Brevin, Nantes-
A. C. à la miellée, septembre, octobre — Chenille
en avril sur les genêts.
1848 — NIGRA (Hw.) AETHIOPS (0.) - Nantes, à la
miellée, octobre. A. C. — Chenille sur les oseilles,
les plantains, les genêts en avril.
Gen. 162. — Epunda (Dup.) -
1848 — LICHENEA (Hb.) — Saint-Brevin, Mindin, octobre.
R. (Espèce méridionale.) — Chenille en avril sur les
Rumex et l'oseille cultivée.
Gen. 168. - Polu (Tr.)
1851 — FLAVICINCTA (Fab.) — Nantes, septembre. C.
à la miellée, sur les murs, les Ironcs d'arbres. —
Chenille sur les genêts.
A. Var. MERiDiONALis (Bdv.) — Naulcs, septembre.
(Variété méridionale.)
1856 — CANESCENS (Dup.) ~ Saint-Géréon, sur an
Echium desséché, octobre. — Chenille en avril, mai
sur les plantes herbacées.
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'^t!^'^^ '
— 407--
Gen. 165. — Dryobota (Ld.)
1863 — ROBORIS (Bdv.) — Nantes. A. G. septembre. —
Ghenille en mai sur le chêne.
1866 — PROTEA (Bork.) — Nantes. A. G. à la miellée,
septembre. — Chenille en juin sur le chêne.
Gen. 166. — DiCHONiA (Hb.)
1867 — APRILINA (L.) - La Mâtinais, Missillac, septembre
et octobre à la miellée.
Gen. 167. — Ghariptera (Gn.)
1870 — VIRIDANA (Walch.) GULTA (Fab.) — La Gha-
pelle-sur-Erdre, à la miellée.
Gen. 168. — Miselia (Stph.)
1372 — OXYAGANTHAE (L.) - Nantes, bords de la
Ghézine, La Ghapelle-sur-Erdre. A. G. à la miellée,
octobre. — Ghenille en avril, mai sur Taubépine,
le prunellier, le poirier, le cerisier.
Gen. 171. — Apamea (Tr.)
1876 — TESTAGEA (Hb.) — Nantes.
1378 — DUMERILII (Dup.) — Escoublac, sur le peuplier,
23 septembre.
1379 — HAWORTHU (Gurl.) — Sucé.
Gen. 172. — Luperina (Bdv.) •
1381 — MATURA (Hufn.) GYTHEREA (Fab.) - Nantes,
A. G. juillet, août, septembre, à la miellée. (Espèce
méridionale.) — Ghenille d'octobre à avril dansles
touffes de graminées.
Gen. 178. — Hadkna (Tr.)
1400 — OGHROLEUGA (Esp.) — Ancenis, Nantes, coteau
du Gliênc-Vert, Mauves, sur les fleurs de chardon,
OT plein jour, juillet.
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— 408 —
1419 — MONOGLYPHA (Hufn.) POLYODON (L.) — Nantes,
Préfailles. G. juillet, août, à la miellée- — Ghenille
en avril dans les racines de graminées et des plantes
herbacées.
1420 — LITHOXYLEA (Fab.) — Nantes, chemin du
Massacre, bords de la Ghézine. Â. G. juin à la
miellée. — Ghenille aux mêmes époques et dans les
mêmes lieux que la précédente.
1425 — BASILINEA (Fab.) — Nantes , bords de la
Ghézine- R. 9 juin, à la ^miellée. — Ghenille en
septembre, octobre dans les gerbes de blé en
grange. Se nourrit des ^ains du blé.
1488 - DIDYMA (Esp.) OGULEA (Gn.) — Loire-Infé-
rieure. T. G. à la miellée, juin, juillet, août,
septembre. — Ghenille en avril dans les touffes de
graminées du genre Galamagrostis.
A. Ab. NiCTiTANs (Esp.) — Loire-Inférieurc T.
G. à la miellée avec le type, de juin à octobre.
1440 — STRIGILIS (Gl.) — Nantes. G. à la mieUée, mai.
— Ghenille en mars dans les touffes des graminées,
au collet des racines.
A. Ab. latruncula (Hb.) — Nantes, à la miellée
avec le type.
1442 — BIGOLORIA (Wil.) FURUNGULA (Tr.) — Nantes.
G' à la miellée, juillet, août. — Ghenille dans les
tiges basses des graminées.
A. Ab. furuncula (Hb.) — Nantes. G. à la miellée
avec le type.
B. Ab. rufuncula (Hw.) — Nantes. A. R. à la
miellée (variété d'Angleterre).
Gen. 174. — Dypterygia (Stph.)
1445 — SGABRIUSGULA (L.) PINASTRI (L.) — Nantes,
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-409-
forêt de Toufou, Blain. C, juillet, août, à la miellée.—
Chenille en avril sur les oseilles {Rumex acetosella).
Gen. 177. — Gloantha.
1449 — POLYODON (CI.) PERSPICILLARIS (L.) — La
Chapelle-sur-Erdre.
Gen. 178. — Eriopus (Tr.)
1452 — PURPUREO FASCIATA (Piller) PTERIDIS (Fab.)
La Chapelle-sur-Erdre, Nantes, coteaux du Chêne-
Vert. A. G. juin. (Espèce méridionale.)— Chenille
en août sur la fougère Pleris aquilina^ sur les
feuilles ; se chrysalide en terre. Reste en chrysalide
un an.
Gen. 179. — Polyphaenis (Bdv.)
i 454 — SERIC ATA (Esp.) PROSPICU A (Bork.) — Nantes,
route de Paris, La Contrie, La Chapelle-sur-Erdre,
Saint-Colombin, à la miellée, juillet. A. R. —
Chenille en avril sur le chèvrefeuille des bois.
Gen. 180. — Trachea (Hb.)
1457 — ATRIPLICIS (L.) — Loire-Inférieure. T. C. à la
miellée, juillet, août, septembre. — Chenille sur les
oseilles en septembre, octobre, bords des ruisseaux
et sur les renouées {Polygonum aviculare et
dumetorum).
Gen. 182. — Trigonophora (Hb.)
1459 — FLAMMEA (Esp.) EMPYREA (Hb.) — La Cha-
pelle-sur-Erdre, Nantes, Corsept. A. Cà la miellée,
septembre, octobre. — Chenille, avril et mai, sur le
genêt à balais et le prunellier.
Gen. 188. — Euplexia (Stph.)
1461 — LUCIPARA (L.) — Nantes, vallon de la Chézine,
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bords de l'Erdre, avril, juin. A. C — Chenille en
septembre sur les ronces, les oseilles et différentes
plantes herbacées.
Gen. 185. — Brotolomia (Ld.)
1468 — METIGULOSA (L.) — Loire-Inférieure. T. C.
partout, février, mars, avril, mai, juin, août,
septembre, octobre et h la miellée. — Chenille sur
le géranium, la ronce, le framboisier et les plantes
herbacées, de janvier à août.
Gen. 186. — Mania (Tr.)
1464 — M AURA (L.) — Nantes, route de Paris, bords de
la Chézine. T. C. k la miellée, juin, juillet, août,
septembre. — Chenille en avril, mai, sur le prunel-
lier, aulne, saule, poirier, oseille, mouron, cj noglosse,
etc.
Gen. 187. — Naenia (Stph.)
1465 — TYPICA (L.) — Nantes, bords de la Chézine, 21
juillet, à la miellée. A. C. — Chenille en avril sur
le prunellier.
Gen. 190. — Helotropha (Ld.)
1468 - LEUCOSTIGMA (Hb.) - Marais de TErdre.
Gen. 191. — Hydroecia (Gn.)
1470 — MIGACEA (Esp.) — Nantes, bords de la Chézine;
4 avril. R. — Chenille dans les tiges et les racines
du Rumex pratensis, mai, juin.
Gen. 198. — Nonagria (0.)
1478 — CANNAE (0.) — Marais de l'Erdre.
1479 — SPARGANII (Esp.) — Marais de l'Erdre.
1480 — ARUNDINIS (Fab.) TYPHAE (Esp.) — Marais de
l'Erdre.
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— 411 —
1481 — GEMINIPUNCLA (Hatch.) PALUDICOLA (Hb.) —
Marais de l'Erdre.
Gen. 197. — Tapinostola (Ld.)
1490 — FULVA (Hb.) — Marais de TErdre.
Gen. 202. — Leucania (0.)
1502 — IMPURA (Hb.) — Nantes, roule de Paris, Sucé,
à la miellée, juillet. A. R. — Chenille dans les
touffes de graminées en avril, prés marécageux.
1508 — PALLENS (L.) - Nantes. T. C à la miellée,
juillet, août, septembre. — Chenille sur les grami-
nées en mars, puis en août.
1506 — STRAMINEA (Tr.) - Nantes, route de Paris. A.
R. à la mielllée, juillet. — Chenille, en mars, avril,
dans les touffes de graminées, bords des eaux.
1525 — VITELLINA (Hb.) — Nantes. A. C à la miellée,
août, septembre. — Chenille en mars, avril dans les
touffes des graminées.
1526 - LITTORALIS (Curt.) - Escoublac-la-Bôle. Un
exemplaire, juillet.
1580 — L. ALBUM (L.) — Nantes, C. à la miellée, juin,
août, septembre. — Chenille d'avril à juillet au pied
des oseilles et des graminées, prairies humides.
1582 — ALBIPUNCTA (Fab.) — Loire-Inférieure. T. C
à la miellée, de juillet à octobre. — Chenille en
avril sur le plantain ; la chercher au pied dans les
feuilles sèches.
1588 - LYTHARGYRIA (Esp.) — Nantes, La Chapelle-
sur-Erdre. A. C. à la miellée, juin, juillet, septembre.
— Chenille d'octobre à avril sur les bromes.
Gen. 204. — Grammesia (Stph.)
1588 — TRIGRAMMICA (Hufn.) TRILINEA (Bork.) -
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-m —
Nantes, La Contrie, Savenay. A. C. mai, juin. —
Chenille en juillet, août, septembre sur les plantains;
se chrysalide en octobre.
Gën. 208. — Gabadrina (0.)
1545 — MORPHEUS (Hufn.) — Nantes, L'Eraudière, juin, R.
1549 — CUBICULARIS (Bork.) QUADRIPUNCTA (Fab.) —
Loire-Inférieure. T. G. partout à la miellée, aux
lumières, mai à septembre. — Chenille sur les planlçs
herbacées de septembre à avril.
1564 — ALSINES (Brahm.) — La Mâtinais, en Missillac.
1567 — AMBIGUA (Fab.) PLANTAGINIS (Hb.) - Nantes,
La Chapelle-sur-Erdre. T. G. à la miellée, avril,
août, septembre. — Chenille d'octobre à mars sur
le mouron, le plantain.
1568 — TARAXACl (Hb.) — Nantes, bords de la Chézine,
4 août. 'A. G. — Chenille d'octobre à mars sur les
plantains, les oseilles, le mouron.
Gen. 210. — RusiNA (Bdv.)
1579 — TENEBROSA (Hb.) — Ancenis, juillet. — Chenille
en janvier, février, mars, sur les violettes.
GeN. 211. — AMPmPYRA (0.)
1583 — TRAGOPOGONIS (L.) — Nantes. A. C. juUlet, à
la miellée. — Chenille en avril sur les plantes her-
' bacées.
1586 — PYRAMIDEA (L.) — Nantes. T. C. juin, juillet,
août et septembre, à la miellée. — Chenille sur le
rosier, le chêne, le saule, le poirier, l'orme, le troène,
le châtaignier.
Gen. 213. — Taeniocampa (Gn.)
1593 ~ GOTHICA (L.) — Nantes. R.
1596 — MINIOSA (F.) ~ Nantes. A, R.
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— 413 —
1597 — PULVERULENTA (Esp.) GRUDA (Tr.) - Nantes.
A. C. mars. — Chenille sur le chêne de juin à
septembre.
1599 — STABILIS (S. V.) — Nantes. T. C. mars, avril.
Chenille de juin à septembre sur le chône.
A. Var. junctus (Haw.) — Nantes. A. C
1600 — GRACILIS (Fab.) - Nantes. R. Ancenis, mars.
Chenille de juin à septembre sur le chêne, YArlemi-
sia vulgarisj genisla tincloria, osier.
1601 - INCERTA (Hufn.) INSTABILIS (Esp.) — Nantes,
La Chapelle-sur-Erdre, mars, avril. A. C. — Che-
nille en juin et septembre sur le chêne.
.1608 — MUNDA (Esp.) — La Mâtinais, enMissillac, avril.
— Chenille de juin à septembre sur le chêne, le
prunellier.
Gen. 214. — Panolis (Hb.)
1604 — PINIPERDA (Panz.) — Nantes.
Gen. 218. — DiCYCLA (Gn.)
1618 — 00 (L.) — Nantes, Gasché. A. R.
Gen. 219. — Calymnia (Hb.)
1614 — PYRALINA (View.) — Nantes, route de Paris.
R. à la miellée, juillet. — Chenille en mai sur
Torme et Taubépine dans les feuilles réunies en
paquet ; se chrysalide entre les feuilles.
1615 - DIFFINIS (L.) ~ Nantes, juillet. A. R. — Che-
nille en mai sur l'orme ; feuilles réunies en paquet.
1616 - AFFINIS (L.) - Nantes. C. à la miellée, juillet,
août. — Chenille en avril, mai sur Torme ; feuilles
réunies en paquet.
1617 — TRAPEZINA (L.) — Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre. T. C. en battant les buissons, juin, juillet. —
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— 414-
Chenille en mai sur le chêne ; mange les autres che-
nilles en captivité et même celles de sa propre
espèce.
Gen. 221. DiscHOBisTA (Ld.)
1624 — FISSIPUNGTA (Hw.) YPSILON (Bork.) — Roche-
Maurice, près Nantes, 30 mai. — Chenille sur les
saules et les peupliers, sous les mousses et dans la
fissure des écorces.
Gen. 222. — Plastenis (Bdv.)
1625— RETUSA (L.) — Saint-Etiennc-de-Mont-Lac ,
Nantes, Gasché. A. C 23 juillet — Chenille sur les
saules et les peupliers en mai.
1626 — SUBTUSA (Fab.) — Nantes, bords de la Chézine.
A. R. 22 juin. — Chenille sur les peupliers, les
saules, avril et mai.
Gen. 223, — Cirroedia (Gn.)
1628 — XERAMPELINA (Hb.) ~ Nantes, route de Paris,
septembre. A. C — Chenille en avril sur les samares
des frênes, le jour dans les mousses au pied de
l'arbre.
Gen. 225. — Anchocelis (Gn.)
1631 - LUNOSA (Hw.) — Nantes. A. R. à la miellée, 28
et 80 septembre. — Chenille en avril sur les grami-
nées ; se cache le jour sous les mousses et les
pierres.
Gen. 226. — Orthosia (0.)
1683 — LOTA (Cl.) — Nantes: C. h la miellée, octobre.
Chenille en juin sur les saules, les peupliers ; le jour
dans les fentes de Técorce.
1685 — CIRCELLARIS (Hufn.) FERRUGINEA (Esp.) —
Nantes, ^La Chapelle-sur-Erdre. T. G. à la miellée.
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— 415 —
septembre, octobre. — Chenille en a^ril sur les
bourgeons des peupliers, des saules, sur les Rumex
et autres plantes herbacées en mai.
1686 — HELVOLA (L.) RUFINA (L.) — Nantes, La Cha-
pelle-sur-Errfre. A. C. à la miellée, octobre. —
Chenille en mai sur le chêne.
1637 — PISTACINA (Fab.) — Nantes. T. C. certaines
années à la miellée, octobre. — Chenille en avril
sur l'orme et différentes plantes herbacées.
Gen. 227. — Xaisthia (Tr.)
1650 - FLAVAGO (Fab.) SILAGO (Hb.) - Nantes, bords-
de la Chézine. A. R. à la miellée, octobre. — Che-
nille dans les chatons du saule en avril et mai sur
les feuilles.
1651 — FULVAGO (Fab.) CERAGO (Fab.) - Nantes. R.
à la miellée, septembre. — Chenille en avril dans
les chatons des saules et sur les feuilles.
1658 — GILVAGO (Esp.) — Nantes. T. C. à la miellée,
septembre, octobre. — Chenille en avril dans les
samares des ormes, puis sur les plantes herbacées.
A. Ab. palleago (Hb.) — Nantes. A. R. à la
miellée avec le type. (Variété méridionale.)
1654 — OCELLARIS (Rork.) — Le Pouliguen. A. R. sep-
tembre, à la miellée.
Gen. 228. — Hoporina (R.)
1656 — CROCEAGO (Fab.) - Ligné, septembre.
Gen. 229. — Orrhodia (Hb.)
1665 — VACCINH (L.) — Nantes. C. à la miellée, octobre.
— Chenille en mai, juin sur le chêne.
1666 — LIGULA (Esp.) — Nantes, La Chapelle-sur-Erdre.
C. à la miellée, octobre. — Chenille en mai sur le
prunellier.
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— 416-
1668 — RUBIGINEA (Fab.) - La Chapelle-sur-Erdre.
Gen. 230. — ScoPELOsoMA (Gurl.)
1670 — SATELLITIA (L.) — Nantes. A. R. à la miellée,
octobre. — Chenille en mai sur Forme, le chêne.
Gen. 281. — Scoliopteryx (Germ.)
1671 - LIBATRIX (L.) — Loire-Inférieuro. C. à la miellée,
dans les maisons, janvier, juin, juillet, août, octobre.
— Chenille' sur les saules de mai à juillet.
Gen. 282. — Xylina (0.)
1672 - SEMIRRUNNEA (Hw.) OCULATA (Germ.) —
Nantes, La Chapelle-sur- Erdre. C à la miellée, sep-
tembre. — Chenille en mai sur le chêne, l'orme.
1674 — FURCIFERA (Hufn.) CONFORMIS (Fab.) —
Nantes, La Chapelle-sur-Erdre. A. C. à la miellée,
octobre. — Chenille, sur le peuplier, le bouleau, le
chêne en juin.
1677 — ORNITHOPUS (Rott.) RHIZOLITHA (Fab.) —
Nantes. C à la miellée, sur le tronc des arbres,
octobre. — Chenille en mai sur le chêne.
Gen. 288. — Calocampa.
1680 — VETUSTA (Hb.) — Nantes, Ancenis, Saint-
Géréon. A. C. à la miellée, septembre. — Chenille
sur le Renunculus acris et les carex, bords des
étangs, juin, juillet.
1681 — EXOLETA (L.) — Nantes. A. R. à la miellée,
octobre.
Gen. 286. — Asteroscopus (Bdv.)
1687 — SPHINX (Hufn.) CASSINEA (Hb.) — Nantes,
novembre.
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— 417-
Gen. 288. — XiLOCAMPA (Gn.)
1689 - AREOLA (Esp.) LITHORYZA (Bork.) — Nantes.
La Bouvardièrc, coteaux du Chêne- Vert, février,
mars, avril sur les troncs des chênes et de pom-
miers. — Chenille en juin sur le chèvrefeuille
des bois et des jardins.
Gen. 241. — Calophasia (Stph.)
1700 — LUNULA (Hufn.) LINARIAE (Fab.) - Nantes,
Portnichet. A. C. juin, juillet. — Chenille sur la
Hnaire vulgaire, juillet, octobre.
Gen. 248. — CucuLLiA (Schrk.)
1711 — VERBASCI (L.) — Loire-Inférieure. T. C. mars,
avril. — Chenille du 1^' juin au 80 août sur les
feuilles de Verbancum thapsus (bouillon blanc);
mange les feuilles de préférence aux fleurs.
1713 — SCROPIIULARIAE (S. V.) — Nantes, Ancenis.
C. éclosions du 1" au 25 mai, juin. — Chenille de
juin à septembre sur la Scrophularia aqiialica
dont elle mange les fruits.
1714 — LYCHNITIS (Rbr.) — Nantes, route de Paris. A.
C. éclosions mai. — Chenille du 25 juillet au 15
septembre sur les Verbascum pulvinalum et lych-
nilis dans les endroits arides, pierreux ; elle mange
les fleurs et les fruits.
1726 — UMBRATICA (L.) — Nantes. C. de mai à
septembre. — Chenille juin, juillet sur les laiterons
{Souchus arvensis et oleraceus) en plein soleil le
long des tiges; une partie des chrysalides passe
rhiver.
1781 — CHAMOMILLAE (S. V.) - T. R. Nantes, jardin.
1786 — TANACETI (S. V.) — Ancenis, Machecoul, La
Bôle, Guérandé, du i5 juillet au lOJaoût. — Chenille
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— 418 —
juillel, août, septembre sur VAchillea miUefolium,
la lanaisie {Tanacelum vulg<iré); reste un an eo
chrysalide le plus souvent.
1747 — ABSYNTHII (L.) ^- Nantes, juîUet, août.
Gen. 247. — Plusia (0.)
1759 — TRIPLASIA (L.) — Nantes, juin, août- C. -
Chenille en juillet, octobre sur la grande ortie
{Urtica dioica).
1761 - TRIPARTI! A (Hufn.) URTIGAE (Hb.) — Nantes.
A. G. août, septembre. — Ghenille en juillel,
octobre sur les orties.
1778 — CHRYSITIS (L.) — Nantes. A. G. à la miellée,
août, septembre. — Ghenille sur la grand**, ortie en
juio, septembre, vieux murs.
1779 — FESTUCAE (L.) — La Gontrie, près Nantes,
29 juillet. — Ghenille en mai, juin sur les carex et
la fétuque, bords des ruisseaux .
1785 — GUTTA (Gn.) — Nantes, route de Paris, 11 juin,
sur les fleurs de valériane au coucher du soleil. R.
— Ghenille sur les orties en mai.
1788 — IOTA (L.) — La Gontrie, mai. R. — Ghenille
sur les chèvrereuilles, mars, avril, bois humides.
1791 — GAMMA (L.) — Loire-Inférieure. T. C. partout,
à la miellée ; se trouve toute Tannée. — Ghenille
sur les plantes herbacées et potagères, orties, avril
et août.
Gen. 250. — Anarta (Tr.)
1805 — MYRTILLI (L.) — La Mâtinais, Missillac, avril,
juillet et août. — Ghenille sur la bruyère {Erica
vulgaris) en octobre.
Gen. 251. — Heliaca (H. S.)
1817 - TENEBRATA (Se.) ARBUTI (Fab.) — Goteaux
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- 419 ~
el prairies du Ghêne-Verl, près Nantes. A. G. —
Giienille en juin et septembre sur les coryophy liées.
Gen. 255. — Heliothis (Tr.)
1833— DIPSAGEA (L.) — Le Pouliguen, Missillac,
Savenay, la Garaoterie, File Saint-Denis, Rezé, près
Nantes. G. le jour sur les luzernes en fleurs, juin,
juillet, août. — Chenille en avril et septembre sur
les trèfles, luzernes, plantains, dont elles mangent
les fleurs el les graines.
1886 — PELTIGERA (S. V.) — Environs de Nantes,
Buzard, en Ghanlenay, août.
1888 — ARMIGERA (Hb.) — Nantes, Escoublac, août,
septembre, à la miellée. A. G. — Ghenille polyphage
et carnassière; vit de préférence. sur le plantain,
le maïs, le réséda jaune, avril, mai.
Gen. 257. — Chariclea (Stph.)
1842 — DELPHINII (L.) — Nantes, Mauves, juin, juillet.
A. R. — Ghenille en juillet sur le pied d'alouette
des champs [Delphinium consolida et ajacis)^
carnassière.
Gen. 260. — Acontia (A.)
1852 — LUGIDA ^Hufn.) SOLARIS (Esp.) — Nantes,
Bourg-de-Batz, La Morinière, mai, août. G. le jour
sur les chardons en fleurs. — Ghenille en juin et
septembre sur les liserons.
1853 — LUGTUOSA (Esp.) — Nantes, La Morinière. G.
le jour sur les fleurs, mai, iaoût. — Ghenille sur les
mauves en juin et septembre.
Gen. 262. — Thalpochares (Ld.)
1888 — GANDIDANA (Fab.) — Portnichet, 20 juillet, pris
un exemplaire. (Espèce méridionale.)
I
i
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— wo —
Gen. 263. — Erastria (0.)
1894 — UNGULA (Cl.) UNCA (S. V.) — La Chapelle-sur-
Erdre. R.
1897 ~ VENUSTULA (Ilb.) — La Chapelle -sur-Erdre,
juin. A. C.
1901 ~ FASCIANA (L.) FUSGULA (Bork.) — Loire-
Inférieure. G. juin. — Glienille en septembre sur la
ronce.
Gen. 265. — Prothymia (Hb.)
1904 — VIRIDARIA (Gl.) AENEA (Hb.) - La Ghapelle
sur-Erdre. G. juillet.
Gen. 267. — Agrophila (Bdv.)
1910 - TRABEALIS (S. G.) SULPHURALIS (L.) —
Nantes, La Ghapelle-sur-Erdre, Savenay. G. le jour.
— Ghenille en septembre sur les liserons {Convoi-
vulus arvensis et sepium).
Gen. 272. — Euclidia (0.)
1917 — MI (Gl.) — Nantes, Ghêne-Vert, Ghéméré, Toufou,
forêt de Sautron. A. G. prairies, mai, juin. —
Ghenille en août sur les légumineuses, trèfle cl
lotiers.
1918 — GLYPfflGA (L.) — Nantes,^ Ghéne-Verl, Portni-
chet, les bords de TErdre, ile Saint-Denis. G. mai.
— Ghenille sur les légumineuses, luzernes, trèfles,
YOnonis spinosa^ juin, septembre.
Gen. 281. — Grammodes (Gn.)
1942 — ALGIRA (L.) — Nantes, route de Paris, bords de
la Ghézine, bords de la Sèvre, chemin de Garcouël,
La Gontrie. A. G. à la miellée et le soir au filel,
juin, juillet, août. — Ghenille sur le genêt k balais
en avril, mai.
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— 4^1 —
Gen. 282. — PsEUDOPHiA (Gn.)
1945 - LUNARIS (S. V.) — Nantes, le Chêne-Vert, La
Bouvardière, La Gonlrie, Chauve, Toufou, La Cha-
pelle-sur-Erdre, Pontchâleau. A. R. — Chenille sur
le chêne, juillet et août.
Gen. 284. — Catocala (Schrk.)
1949 — FRAXINI (L.) — Sucé, Sainl-Élienne-de-Moût-
Luc, Ligné, Saint- Aignan, août, octobre. R. —
Chenille fin juin, juillet sur les saules et les peupliers
(P. tremula et alha).
1951 — ELOCATA (Esp.) - Nantes. C. à la miellée,
août et septembre. — Chenille sur les peupliers,
juin, juillet.
1954 — NUPTA (L.) — Nantes. C. à la miellée, juillet,
août. — Chenille sur les peupliers, juin, juillet.
1957 - SPONSA (L.) — La Patellière, près Machecoul,
23 juillet. — Chenille en juin sur le chêne.
1958 — PROMISSA (Esp.) — Loire-Inférieure.
1962 — OPTATA (God.) — Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre. A. R. à la miellée. — Chenille juin, juillet
sur les saules ; se cache le jour sous les pierres et
dans les fentes des écorces.
1968 — ELECTA (Bork.) — Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre, 17 août. A. R. — Chenille sur les saules,
juin, juillet.
1970 — PARANYNYMPHA (L.) — Pont-du-Cens.
Gen. 290. — Aventia (Dup.)
2001 - FLEXULA(S.V.)FLEXULARIA(nb.) — Gasché,
La Chapelle-sur-Erdre, mai, juin, juillet, août. A. C.
— Chenille en mai, juin, juillet sur les lichens.
Gen. 292. — Helia (Gn.)
2008 — CALVARIA (Fab.) CALVARIALIS (Hb.) - Août,
27
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— 422-
LaChapelle-sur-Erdre. C. — Ghenille en mai sur le
Rumex acetosellae.
Gen. 295. — Zanclognatha (Ld.)
2006 — TARSIPLUMALIS (Hb.) — Nantes, juin, juiUet.
A. C. — Glienille d'octobre à mars dans les feuilles
sèches.
2008 — GRISEALIS (Hb.) NEMORALIS (Fab.) — Nantes,
juin. A. G.
Gen. 297. — Herminia (Lalr.)
2022 — GRINALIS (Tr.) — Nantes. A. G. juillet. (Espèce
méridionale.)
2025 — DERIVALIS (Hb.) — Nantes, coteaux du Ghêne-
Vert, bords de TErdre. A. G. juin. — Glienille en
mars, avril dans les bois de chênes, feuilles sèches.
Gen. 298. — Pechypogon (Hb.)
2026 — BARBALIS (Gl.) — La GhapeUe-sur-Erdre, juin.
A. G. — Ghenille en février, mars dans les feuilles
sèches restées aux chênes.
Gen. 800. — Hypena (Tr.)
2032 - ROSTRALIS (L.) — Loire-Inférieure. A. C. 2
février. — Ghenille en mai sur l'ortie.
2088 — PROBOSGmALIS (L.) ~ Loire-hiférieure. T. G.
partout, se prend à la miellée et en ballant les
buissons de mai à septembre. — Ghenille en avril,
puis juillet sur les orlies.
Gen. 301. — Hypenodes (Gn.)
2041 - GOSTAESTRIGALIS (Slph.) — Route de Paris,
août. Un exemplaire. T. R.
Gen. 804. — 'Rivula (Gn.)
2045 — SERICEALIS (Se.) — Nantes, à la mieUée, La
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-423-
Chapelle-sur-Erdre. T. C. — Chenille en avril sur
les orties et les plantes herbacées. Papillon en juillet
et août.
Gen. 805. — Bbephos (0.)
2048 — NOTHA (Hb.) — Loire-Inférieure.
D. GEOMETRAE.
Gen. 806. — Pseudoterpna.
2051 - PRUINATA (Hufn.) GYTHISARIA (S. V.) -
Nantes, La Conirie, Le Chêne-Vert, La Jonnelière,
La Chapelle-sur-Erdre. C. de mai à septembre. —
Chenille sur le genêt à balais {Genista scoparia) en
avril et août.
2052 — CORONILLARIA (Hb.) - Frossay, La Chapelle-
sur-Erdre, Pontchâleau, Sainl-Etienne-de-Monl-Luc.
A. R. 9 juillet, août. — Chenille sur le genêt à
balais.
Gen. 807. — Geometra (Bdv.)
2054 — PAPILIONARIA (L.) — La Chapelle-sur-Erdre,
Sainte-Luce. A. C. juillet. — Chenille en mai,
septembre sur le noisetier, l'aune, le bouleau, le
hêtre.
Gen. 808. — Phorodesma (Bdv.)
2061 — PUSTULATA (Hufn.) BAJULARIA (S. V.) —
Nantes, Toufou, La Mâtinais, en Missillac A. R.
juin, juillet. — Chenille vivant dans un fourreau
composé de débris de feuilles de chêne, en mai sur
le chêne ; elle quitte son fourreau pour se chrysalider.
2068 — SMARAGDARIA (Fab.) — R. Pris un exemplaire
seulement à Gasché, juillet.
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— 424 —
Gen. 810. — Nemobia (Hb.)
2072 — VIRIDATA (L.) GLORARIA (Hb.) — .Toufou, juin.
2077 — STRIGATA (MuU.) AESTIVARIA (Hb.) - Nantes
et probablement toute la Loire-Inférieure. T. G. juin,
juillet. — Ghenille en mai sur le chêne, le prunel-
lier, Taubépine.
Gen. 311. -^ Thalera (Hb.)
2078 - FIMBRIALIS (Se.) BUPLEVRARIA (S. V.) —
Loire-Inférieure, Ancenis, juillet.
Gen. 812. — loms (Hb.)
2080 — LACTEARIA (L.) AERUGINARIA (Hb.) — Loire-
Inférieure. C. partout d'avril à août. — Chenille en
août, septembre sur le chêne, le bouleau et le
pommier.
Gen. 818. — AcmAUA (Tr.)
2094 — OCHRATA (Se.) OGHREARIA (S. V.) — Pré-
failles. T. G. juin, juillet. — Ghenille août et
septembre ; hiverne et se chrysalide en mai ; vit sur
les plantes herbacées.
2096 - MACILENTARIA (H. S.) SYLVESTRARIA (Gn.)
Nantes. G, mai, juin, juillet, prairies, clairières des
bois. — Ghenille sur les plantes herbacées en
septembre.
2106 - MURIG ATA (Hufn.) AURORARIA (Bork.) — Loh-e-
Inférieure.
2107 - DIMmiATA (Hufn.) SCUTULATA (Bork.) — C.
Nantes, bords de la Ghézine, route de Paris, à la
miellée et en ballant les buissons, juin, juillet, août,
octobre. — Chenille sur les plantes herbacées en
avril.
2125 — VIRGULARIA (Hb.) INGANARIA (Hb.) — Nantes.
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— 425-
C. partout, mai, juin, juillet, septembre. — Che-
nille polyphage en juin, août ; hiverne et se chry-
salide en avril.
2148 — HERBARIATA (Fab.) MIGROSARIA (Bdv.) —
Nantes. G. août. — Chenille en septembre et
octobre dans les greniei^s à foin et les plantes dessé-
chées conservées par les herboristes ; elle vil, dit-
on, dans les herbiers.
2155 — BlSETATA(Hufn.)— Nantes. C. mai, juin, juillet.
— Chenille en septembre sur Taubépine ; hiverne ;
se chrysalide en avril.
2156 - TRIGEMINATA (Hw.) REVERSATA (Tr.) -
Nantes, juillet, août. A. R.
2160 — RUSTICATA (Fab.) - Nantes. G. juin, juillet,
août. — Chenille polyphage en avril.
2162 — HUMILIATÂ (Hufn.) OSSEATA (Fab.) — Nantes.
G. partout, bois et prairies, buissons, juin. —
Chenille polyphage en août, septembre ; hiverne ; se
chrysalide en avril.
2170 - DEGENERARIA (Hb.) — Nantes. A. C mai, juin,
août. — Chenille en septembre sur les liserons et
plusieurs espèces de plantes herbacées ; hiverne ;
se chrysalide en avril.
2172 — AVERSARIA (L.) — Loire-Inférieure. C partout,
juin, juillet, août. — Chenille sur le genêt à balais,
avril.
A. Ab. spoliata (Styr.) — Mêmes localités et
aussi G. que le type, mêmes époques.
2178 — EMARGINATA (L.) — Clermont. Un exemplaire
pris le 8 juin. R. — Chenille sur le gaillet jaune
{Galium verum)^ mai.
2178 - RUBIGINATA (Hufn.) — Coteaux de Mauves,
août, septembre. A. C. — Chenille sur les légumi-
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— 4M —
neuses, vesces, genêt k balais, en avril, juin,
septembre.
2180 — MARGINE PUNCTATA (Goeze) PROMUTATA
(Gn.) — Nantes, mai, juillet, septembre. A. G. —
Chenille en mai sur les plantes herbacées, les vesces,
les trèfles, les genêts.
2194 — REMUTATA (Hb.) — Nantes, La Chapelle-sur«
Erdre. A. C. juin, juillet. — Chenille sur la Vicia
sepium.
2202 — STRIGILARIA (Hb.) — Nantes , juin. A. C. —
Chenille en septembre sur les légumineuses ; hiverne
et se chrysalide en avril.
2207 — IMITARIA (Hb.) — Nantes. A. C juin, juillet,
août. — Chenille en septembre sur le prunellier, l'au-
bépine, la ronce, les gaillets, les bruyères-, hiverne ;
se chrysalide en avril. (Deuxième génération en juin^.)
2210 — ORNATA (Se.) — Nantes. A. C. certaines années,
mai, juillet, septembre. — Chenille sur le serpolet
Thymus serpillum et autres labicés ; hiverne et se
chrysalide en mars. (Deuxième génération en juin.)
Gen. 815. — ZoNOsoMA (Ld.)
2216 — PENDULARIA (Cl.) — La Chapelle-sur-Erdre,
2 juin, 14 juillet. — Chenille en juin, septembre
sur le bouleau. A. C.
2217 — ORBICULARIA (Hb.) — La Chapelle-sur-Erdre,
17 août. C. — Chenille en juin, septembre sur
l'aune, le saule Marceau.
2221 — PORATA (Fab.) — Toute la Loire-Inférieure. C-
partout, avril, mai, juillet. — Chenille sur le chêne,
le bouleau en juin, septembre.
2222 — PUNCTARIA (L.) — Toute la Loire-Inférieure.
C. partout, avril à août. — Chenille en juin et
septembre sur le chêne.
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— 427 —
2223 — LINEARIA (Hb.) TRILINEARIA (Bork.) — Un
exemplaire pris au Pelit-Port, près Nantes^ 18 avril. R.
GeN. 816. — TiMAISDBA.
2224 — AMATA (L.) — Nantes. G. de mai à septembre.
— Chenille en juin et septembre sur les oseilles et
les renouées.
Gen. 318. — Pellonia.
2227 — VIBICARIA (Cl.) — Nantes, Savenay, Ancenis,
Portnichet. A. C. juillet. — Chenille sur les genêts
Genîsta scoparia et tinctoria, septembre ; hiverne
et se chrysalide en mai.
Gen. 320. — Abraxas (Leach.)
2282 — GROSSULARIATA (L.) — T. C dans toute la
Loire-Inrérieure, juin, juillet. — Chenille en mai sur
les groseilliers et le prunellier.
2236 — ADUSTATA (S. V.) — Nantes, bords de TErdre,
avril, mai, juillet. — Chenille sur le prunellier en
septembre ; hiverne et se chrysalide en mai ; elle
vit aussi sur le fusain {Evonymus europacus).
2237 — MARGINATA (L.) — Nantes, Savenay, La Cha-
pelle-sur-Erdre. C. avril, mai, juillet, août. —
Chenille en juin, puis septembre sur les saules et les
peupliers.
Gen. 822. — Bapta (Stph.)
2242 — PICTARIA (Curt.) — Savenay, un exemplah'e
pris dans la vallée des Soupirs. T. R.
Gen. 823. — Stegania (Dup.)
2245 — TRIMACULATA (Vill.) PERMUTARIA (Hb.) -
Nantes, bords de la Chézine, chemin de la Marière,
août. — Chenille sur les peupliers. A. R.
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Gew. 824. — Cabeba (Tr.)
2249 — PUSARIA (L.) — Nantes et toute la Loire-
Inférieure. C. partout, avril, juin, juillet, août. —
Chenille en mai sur le bouleau, le saule, Taune,
puis en septembre. (Deux générations.)
2250 — EXANTHEMATA (Se.) — Nantes et tonte la
Loire-Inférieure. G. partout, de mai h septembre.
— Chenille sur les saules, le bouleau, en juillet,
août. (Deux générations.)
Gen. 825. — NuMERiA (Dup.)
2252— PULVERARIA (L.) — Nantes, La Jonnelière,
La Chapelle-sur-Erdre. A. R. — Chenille sur les
arbres fruiliers et les saules en juin et fin sep-
tembre.
Gepî. 826. - Ellopia.
2254 — PROSAPIARIA (L.) FASCIARIA (Sv.) — Cha-
pelle-sur-Erdre, 15 mai, bois de sapins. C mais
localisée. — Chenille sur les pins, les sapins, juin,
juillet.
B. Var. Prasinaria (Hb.) ~ Mêmes localités el
époques d'apparition que la précédente, mais plus
rare.
Gen. 827. — Metrocampa (Latr.)
2256 — MARGARITARIA (L.) — Nantes, La Contrie,
La Chapelle-sur-Erdre, Savenay. C août, septembre.
— Chenille sur le hêtre, le chêne en septembre ;
hiverne el se chrysalide en avril.
2257 — HONORARIA (Sv.) — Nantes, route de Paris,
Savenay. R. — Chenille en septembre sur le chêne ;
elle se chrysalide au mois d'octobre, passe rhivcr
en chrysalide.
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-429-
Gen. 828. — EuGONiA (Hb.)
2258 — QUERCINARIA (Hufn.) ANGULARIA (Bork). —
Nantes , route de Paris , Savenay. A. G. août ,
septembre. — Chenille en mai , juin , """ '^
chêne.
226S — EROSARIA (Bork). — Petit-Mars, 30
A. R. — Chenille en mai, juin sur le boul
peuplier, le chêne.
Gen. 329. — Selenia (Hb.)
2265 — BILUNARIA (Esp.) ILLUNARIA (Hb.)- A
La Contrie, Verlou, La Chapelle-sur-Erdre,
avril, mai: A. C. (Première génération.) — (
sur le prunellier, l'aubépine, le chêne en sept
octobre.
A. Var. juLiARiA (Hw.) — La Contrie,
(Deuxième génération.) R. — Chenille en ma
sur le chêne, le prunellier, Taubépine.
2266 — LUNARIA (Sv.) — Nantes, Chauve, C
mai. A. C. (Première génération.) — Chen
septembre, octobre, sur le prunellier, le h
le chêne.
B. Var. delunaria (Hb.) — Le CeUier,
A. C (Deuxième génération.) — Chenille ei
juin, sur le prunellier, le bouleau, le chêne.
Gen. 330. — Pericallia (Stph.)
2268 — SYRINGARIA (L.) — Nantes, 5 mai, A
R. — Chenille en avril, puis juillet sur le
le troène.
Gen. 332. — Odontoptera (Stph).
2270 - BIDENTATA (Cl.) DENTARIA (Hb.) — L
pelle-sur-Erdre.
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— 430 —
Gen. 888. — HiMEBA (Dup.)
2272 — PENNARIA (L.) — Loire-Inférieure.
Gen. 884. — Cbocallis (Tr.)
2278 — TUSGIARIA (Bork.) EXTIMARIA (Hb.) — Nantes,
Saint-Sébaslien, octobre. R. — Chenille en mai sur
le prunellier. (Espèce méridionale.)
2274 — ELINGUARIA (L.) — Thouaré, juUlet. A. R. -
Chenille en avril, mai sur le prunellier, l'aubépine,
le genfit.
2275 — DÀRDOINARIA (Donz.) - Ancenis.
«
Gen. 835. — Eurymene (Dup.)
2276 - DOLABRARIA (L.) — Nantes, La Seilleraye, Le
Chêne- Vert. G. mai, juillet, août. — Ghenille en
juin, septembre sur le chêne, le tilleul.
Gen. 336. — Angerona (Dup.)
2-277 — PRUNARIA (L.) — Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre, Sainte-Luce. G. juin, juillet. — Ghenille en
juin -, vit sur le prunier, le prunellier.
Gen. 337. — URAPTERYX (Leach.)
2279 — SAMBUGARIA (L.) — Nantes, chemin duMassacre,
La Morlnière, Sautron, Savenay. A. G. juin. —
Ghenille sur le prunellier, le sureau, le chèvrefeuille;
elle sort de Toeuf en juillet, hiverne et se chrysalide
en mai.
Gen. 338. — Rumu (Dup.)
2280 - LUTEOLATA (L.) GRATAEGATA (Lin.) -
Toute la Loire-Inférieure. G. partout, mai, juin,
août, septembre, octobre. — Ghenille en juin, puis
en septembre sur le prunellier ; se chrysalide fin
octobre. (Deux générations.)
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— 431 —
Gen. 841. — Epione (Dup.)
2284 — APIGIARIA (S. V.) ^ Nantes, roule de Paris. G.
juin, juillet, octobre.— Chenille sur les saules, mai,
août.
2285 — PARALLELARIA (S. V.) — La Chapelle-sur-
Erdre.
2286 — ADVENARIA (Hb.) — Toufou, mai. C. — Che-
nille en juillet sur le prunellier et le chêne, puis en
octobre, hiverne ; se chrysalide en avril.
Gen. 844. — Venilia (Dup.)
2291 — MACULARIA (L.) — Nantes et toute la Loire-
Inférieure. T. C. avril et mai. — Chenille en août,
septembre sur les chicoracées ; se chrysalide en
terre en octobre.
Gen. 846. — Macaria ^Curt.)
2298 — ALTERNARIA (Hb.) — Nantes et toute la Loire-
Inférieure. C. avril, juin, juillet, août. — Chenille
sur le saule, Tosier en juin, septembre ; hiverne et
se chrysalide en avril.
2804 - LITURATA (Cl.) - La Chapelle-sur-Erdre.
Gen. 850. — Hibernia (Lalr.)
2811 — RUPICAPRARIA (Hb.) — Nantes, février. A. C.
Chenille en mai sur le prunellier.
2818 — LEUCOPHÂEARIA (S. V.) •- Nantes, les bois du
Petit-Port. T. C. février, mars. — Chenille en mai
sur le chêne.
A. Ab. MARMORiNARiA (Esp.) — Mêmcs localilés
et époques d'apparition que le type. C
2815 — MARGINARIA (Bork.) PROGEMMARIA (Hb.) —
Nantes. C janvier, février, mars. — Chenille sur le
chêne en mai.
I
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— 43Î —
Gen. 851. — Anisopteryx (Stph.)
2819 - AESCULARIA (S. V.) — Nantes.
Gen. 852. — Phigalia.
2820 — PEDARIA (Fab.) PILOSARIA (Hb.) — La Cha-
pelle-sur-Erdre, février, mars. A. R. — Chenille en
mai sur le chêne et le prunellier.
Gen. 854. — Biston (Leach.)
2882 — fflRTARIA (Cl.) — Nantes, avril. G. vient à la
lumière. — Chenille sur Torme, le chêne, le lilleul,
juillet, août ; se chrysalide en terre en septembre.
2388 - STRATARIA (Hufn.) PRODROMARIA (S. V.) —
Mars, Nantes. A. R. — Chenille sur le chêne, le
tilleul, le bouleau, l'orme, le peuplier, juillet, août ;
se chrysalide en terre en septembre.
Gen. 855. — Amphidasys (Tr.)
2884 — BETULARIA (L.) - La Chapelle-sur-Erdre ,
Clisson. A. C. mai, juillet. — Chenille sur le chêne,
le bouleau, le prunellier, août et septembre ; se
chrysalide en octobre.
Gen. 857. — Hemebophila.
2889 - ABRUPT ARIA (Thnby.) PETRIFICARIA (Hb.) —
Nantes, Savenay, La Chapelle-sur-Erdre, avril,
juillet. C. (Deux générations.) (Espèce méridionale.)
— Chenille sur la clématite odorante {Clematis
flammida) en juin et septembre.
Gen. 860. — Boarmia (Tr.)
2857 - GEMMARIA (Brahm.) RHOMBOIDARIA (Hb.) —
Nantes. T. C. d'éclosion à la miellée et au filet de
mai à octobre. — Chenille en juin, juillet sur le
chêne , le prunellier, raubépme ; la deuxième gé~
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-433-
Dération en septembre ; hiverne et se chrysalide en
avril.
2364 — REPAIVDATA (L.) — La GhapeUe-sur-Erdre. G.
juin. — Ghenille en août sur la ronce, le framboi-
sier, le groseillier, le peuplier, le bouleau ; elle se
chrysalide en octobre.
A. Ab. conversaria (Hb.) — La Ghapelle-sur-
Erdre. A. R. — Ghenille en août sur le hêtre.
2366 — ROBORARIA (S. V.) — Saint-Elienne-de-Mont-
Luc, Nantes, route de Paris, juin, A. R. -- Ghenille
çur le chêne en mai, puis en septembre ; se chrysa-
lide en octobre.
2368 — GONSORTARIA (Fab.) — Ancenis, La Ghapelle-
sur-Erdre, juin, juillet. G. — Chenille sur le chêne
en juin , puis en septembre ; se chrysalide en
octobre.
2370 — LIGHENARIA (Hufn.) — Portnichet, La Ghapelle-
sur-Erdre, Nantes, Garcouët, juillet. A. G. — Ghe-
nille en juin sur les lichens des arbres^ puis en
octobre ; hiverne et se chrysalide en avril.
2374 — GREPUSCULARIA (Hb.) - Nantes, La Ghapelle-
sur-Erdre. G. août. — Ghenille sur le chêne, le
prunellier, le peuplier, Taune, mai, puis septembre ;
se chrysalide en octobre.
2876 — LURIDATA (Bork.) EXTERSARIA (Hb.) —
Gasché, juillet. A. R. — Ghenille en septembre sur
le chêne.
2877 — PUNGTULARIA (Hb.) — Nantes, La Ghapelle-
sur-Erdre, mai. G. — Ghenille sur le bouleau en
juin, juillet.
Gen. 361. — Tephrohia (Hb.)
2380 — CREMIARIA (Fab.) GOUTICARIA (Dup.) CINE-
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— 434 —
RARIA (Gn.) — Nantes. A. C. juillet. — Chenille
en mai sur les lichens des murs.
Gen. 863. — Gnophos (Tr.)
2887 — OBSCURARIA (Hb.) — La Gamolerie, Nanles, La
Gontrie, Ancenis, août. A. R. — Chenille en sep-
tembre ; hiverne et se chrysalide fin avril.
Gen. 871. — FmoNiA (Hb.)
2429 — FAMULA (Esp.) GONCORDARIA (Hb.) — La Po-
terie, bords de TErdrc, Saint-Herblain, près Nantes.
A. C. mai. — Chenille sur le genêt à balais en
juin, puis en septembre ; se chrysalide fin octobre.
2480 - LIMBARIA (Fab.) CONSPICUATA (S. V.) —
La Chapelle-sur-Erdre. C. juillet. — Chenille sur
le genêt à balais en juin, puis en août et septembre ;
se chrysalide fin octobre.
Gen. 874. — Ematurga (Ld.)
2485 — ATOMARIA (L.) -r- Toute la Loire-Inférieure. T.
C. partout, avril mai, juillet, août. — Chenille sur
le genêt à balais, etc. en juin, août, septembre ; se
chrysalide en octobre.
Gen. 878. — Diastictis (Hb.)
2452 — ARTESIARIA (Fab.) — Ile de la Loire, en face
Thouaré, juillet, Nantes, prairie de Chantenay, 10
août. A. R. — Chenille en avril sur les saules.
Gen. 879. ~ Phasune (Dup.)
2453 — PETRARIA (Hb.) — Nantes, Chêne-Vert, La
Chapelle-sur-Erdre. C. avril et mai. — Chenille sur
les bruyères en juillet et août.
2460 — CLATHRATA (L.) — Nantes. C. août. — Che-
nille sur la luzerne, le sainfoin, le trèfle, le genêt à
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"-435 —
balais, en juin et septembre; se chrysalide en
octobre.
Gen. 880. — EuBOLiA (Bdv.)
2462 — MURINARIA (Fab.) - Porlnichet. G. juillet et
août. — Ghenille sur la vesce, la luzerne, le genêt
en mai et août.
Gen. 885. — AspiLATES (Tr.)
2488 — OGHREARIA (Rossi) GITRARIA (Hb.) — Gasché.
T. G. mai, août. — Ghenille en mars, avril sur les
vesces, les scabieuses puis, en septembre ; se chry-
salide en octobre.
Gen. 887. — Ligia (Bdv.)
2495 — OPAGARIA (Hb.) — Saint-Brevin, septembre. R.
(Espèce méridionale.) — Ghenille sur le Genista
scoparia, fin septembre ; hiverne ; se rencontre en
avril ; se chrysalide dans les premiers jours de mai.
Gen. 890. — Aplasta (Hb.)
2501 — ONONARIA (Fuessl.) — Bords de l'Erdre, juillet.
R. — Ghenille en avril sur la bugrane {Ononis
spinosa) et sur le genêt à balais, puis en septembre.
Gen. 892. — Sterrha (Hb.)
2504 — SAGRARIA (L.) — Préfailles, août. R. (Espèce
méridionale.) — Ghenille en avril, mai sur les
Rumex, les Anthémis, les Polygonum.
A. Ab. sanguinaria (Esp.) — Un exemplaire pris
aux environs du Pouliguen.
Gen. 898. — Lythbia (Hb.)
2507 — PURPURARIA (L.) GRUENTARIA (Hufn.) —
Ancenis, Nantes. G. juillet, août, septembre. — Ghe-
nille sur les Polygonum, les Rumex en mai.
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-436 —
Gen. 894. — Ortholitha (Hb.)
2511 - PLUMBARIA (Fab.) PALUMBARIA (Bork.) —
Nantes. G. mai. — Chenille sur les genêts, les sca-
bieuscs, les bruyères, juin, puis septembre ; hiverae
et se chrysalide en avril.
2512 — GERVINATA (Sv.) — Coteau de la Chézine, dans
les fougères desséchées, 7 et 10 octobre. — Chenille
en mai et juin sur les mauves et les guimauves. A. R.
2516 — PERIBOLATA (Hb.) — Bords de TErdre, La
Mâtinais, octobre, landes, chaumes. (Espèce méri-
dionale.) — Chenille sur les genêts ; hiverne et se
chrysalide en avril, mai.
2521 - BIPUNCTARIA (S. V.) - Ancenis.
Gen. 896. — MiNOA (Bdv.)
2523 — MURIN ATA (Se.) EUPHORBI AT A (Fab.)- Nantes,
Ancenis, forêt de Sautron et probablement toute la
Loire-Infériêure. C. partout, mai, août. — Chenille
en juin, septembre sur l'Euphorbe cyparissius.
Gen. 400. — Odezia (Bdv.)
2529 - ATRATA (L.) CHAEROPHYLLATA (L.) — Joué-
sur-Erdre, La Mâtinais. A. C juin. Vole en plein
jour. (Espèce alpine.) — Chenille en avril, puis en
juillet.
Gen. 408. — Anaitis (Dup.)
2548 — PLAGIATA (L.) — Nantes, La Chapelle-sur-
Erdre. C partout, mai, juillet, août, septembre. —
Chenille sur le millepertius pn avril, mai, août.
Gen. 404. — Chesias (Tr.)
2558 — SPARTIATA (Fuessl.) — La Mâtinais. A. C.
septembre et octobre. — Chenille en avril, mai sur
les genêts, puis juillet.
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— 437 —
2554 — RUFATA (Fab.) OBLIQUARIA (Bork.) — Nantes,
Chêne-Vert, La Chapelle-sur-Erdre, juin. R. —
Chenille en avril, mai sur les genêts {Genista
scoparia), puis en juillet.
Gen. 408. — Cheimatobia (Stph.)
2566 — BRUMATA (L.) ~ Nantes. C. en novembre,
décembre. — Chenille en mai sur les arbres fruitiers
et forestiers.
Gen. 410. — Eucosmia (Stph.)
2574 - UNDULATA (L.) - La Chapelle-sur-Erdre. A.
C. juin. — Chenille en septembre sur les saules
entre les feuilles repliées.
Gen. 411. — Scotosia (Stph.)
2575 - l^TULATA (S. V.) - La Poterie, bords de
TErdre, Ancenis, juillet. R.
2577 — BADIATA (Hb.) — Nantes, place Delorme.
Gen. 412. — Lygris (Hb.)
2579 — PRUNATA (L.) RIBESIARIA (Bdv.) - Nantes.
R. roule de Paris, juin. — Chenille en mai sur le
groseillier, le prunellier, l'aubépine.
2584 — TEST ATA (L.) ACHATINATA (Hb.) - Guérande,
La Chapelle-sur-Erdre, La Mâlinais, Petit-Mars. A.
C juillet, septembre. — Chenille sur le bouleau, mai.
Gen. 418. — Cidaria (Tr.)
2588 — DOTATA (L.) PYRALIATA (Fab.) — Nantes,
Dervalières, Chêne-Vert. C. juin, juillet. — Chenille
sur le peuplier, le bouleau, mai.
2590 — FULVATA (Forsl.) — Nantes, roule de Paris,
Carcouët, juin. A. C. certaines années. — Chenille
ep mai sur la ronce, l'églantier.
28
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— 438 —
2591 — OCELLATA (L.) — Nantes, forêt de Sautron.
G. mai, juillet, août, septembre. — Chenille smr le
Galium verum en juin, septembre.
2592 — BIGOLORATA (Hufn.) RUBIGINATA (Fab.) —
Nantes, juin, juillet. A. G. — Ghenille en mai,
juillet sur Taune, le saule, le bouleau, le prunellier,
le pommier.
2598 — VARIATA (S. V.) — Nantes, route de Paris,
bords de la Ghézine, à la miellée, avril, septembre. G-
— Ghenille en avril, août sur le sapin, le p*m, le cèdre.
2597 — SITERATA (Hufn.) PSITTAGATA (S. V.) —
Nantes, La Mâtinais, La Chapelle-sur-Erdre. G. à
la miellée, octobre. — Chenille sur le chêne, le
tilleul, le charme, juin, juillet.
2601 - TRUNCATA (Huf.) RUSSATA (Bork.) - Nantes,
La Mâtinais, La Chapelle-sur-Erdre, juin. A. G. —
Ghenille en avril, juillet sur Taune, le bouleau, le
charme et la cardère {Dipsacus sylvestris).
2609 — VIRIDARIA (Fab.) MIATA (Hb) — Nantes, mai.
G. — Chenille en mars, juin sur les gaillets, sur le
serpolet et les violettes.
2627 — FLUGTUATA (L.) — Nantes, Sèvres. T. G.
avril, mai, juillet, août. — Ghenille en juin, juillet
et septembre sur les crucifères.
2682 — FERRUGATA (Cl.) ~ Nantes, avril, juillet, août.
G. — Ghenille sur les alcincs en mai et septembre ;
passe rhiver en chrysalide.
2688 - UNIDENTARIA (Hw.) — Nantes. A. G.
2640 — FLUVIATÀ (Hb.) c/ GEMMATA (Hb.) $ —
Prairies de Ghantenay, Sèvres, à la miellée, août.
A. R. — Chenille sur les Anthémis et les chrysan-
thèmes, mars, avril.
2642 — DUiUTATA (Bork.) —Loire-Inférieure.
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-439 —
2667 — RIGUATA (Hf.) — Le Pouliguen. A. G. avril. —
Les exemplaires capturés jusqu'ici à ma conuaissance
sont tous plus clairs que le type ; Tun d'eux est
même presque blanc.
2671 — PIGATA (Hb.) — Nantes, Savenay, Sucé. G. mai,
juin, août. — GheniUe en juin, septembre sur le
prunellier.
2677 — GALIARIA (Hb.) — Bords de PEfdre, La Poterie.
A. G. avril, mai, juillet, août. — Ghenille en juin
sur le gaillet {Galium verum)^ puis septembre.
2678 — RIVATA (Hb.) - Nantes, La Ghapelle-sur-Erdre,
mai, juin, juillet, août. G. — Ghenille sur les églan-
tiers, rosiers, ronces et la pimprenelle en juin et
septembre.
2679 — SOGIATA (Bork.) ALGHEMILLATA (Hb.) -
Nantes. A. R. août.
2694 - ALGHEMILLATA (L.) RIVULATA (Hb.) - Loire-
Inférieure. Un exemplaire.
2700 — ALBULATA (S. V.) — Nantes, mai, juillet. A. R.
2702 — GANDIDATA (S. V.) — Nantes, route de Paris,
bois du Petit-Port. A. G. juillet. — Ghenille sur le
chêne et le charme en avril et juin.
2707 — DEGOLORATA (Hb.) — Loire-toférieure. A. R.
mai.
27t0 ~ OBLITERATA (Hufn.) HEPARATA (Hw.) —Bords
de TErdre, La Porterie, La Ghapelle-sur-Erdre.
A. G. juillet. — Ghenille en septembre sur l'aune.
2714 — BUilNEATA (L.) — Nantes, Sèvres et probable-
ment toute la Loire-Inférieure. T. G. mai, juin, juillet,
septembre.
2716 — SORDIDATA (Fab.) ELUTATA (Hb.) — La Gha-
pelle-sur-Erdre, 2 juillet. A. G. — Ghenille en mai
^ur le bouleau, le hêtre, le chêne, le saule.
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— 440-
2717 — TRIFASCIATA (Bork.) IMPLUVIATA (Hb.) —
La Ghapelle-sur-Erdpe, 18 juin. A. G. — Gheoîlle
sur le bouleau, le peuplier, le hêtre en mai.
2724 - NIGROFASGIATA (Goeze) DERIVATA (Bork.) —
La Ghapelle-sur-Erdre. R.
2726 — RUBIDATA (Fab.) — Nantes, route de Paris,
mai, juin. A. G. — Ghenille en société sur les
caillelaits en juin et septembre ; se chrysalide fin
octobre.
2728 — GOMITATA (L.) GHENOPODIATA (L.) - Nantes,
route de Paris, juillet, août. G. — Ghenille en
septembre, haies à Tombre, chemins creux et
humides.
Gen. 415. — EupiTHECiA (Gurt.)
2742 - OBLONGATA (Thn.) GENTAUREARIA (S. V.)
Nantes, Sèvres, La Bernerie, mai, juillet, août,
septembre. G. — Ghenille polyphage sur les ombelli-
fères, séneçons, caillelaits, scabieuses en juin et
septembre.
2754 — SUBNOTATA (Hb.) — Nantes, bords de la Ghé-
zine, 81 juillet, à la miellée. — Ghenille en octobre
sur les Chenopodium alriplex, dans les fleurs et
les graines.
2756 — LINARIATA (S. V.) — Nantes, juiUet. — Che-
nille dans les capsules de la linaire , septembre ,
octobre.
2763 — REGTANGUL ATA (L.) — Nantes, route de Paris,
mars, mai, juin, septembre. T. G. le soir, volant
autour de la cime* des poiriers..— Ghenille dans les
fleurs des pommiers et poiriers en avril, mai.
2776 — INNOTATA (Hufn.) — Nantes. A. G.
2813 - VULGATA (Hw.) AUSTERARIA (Hs.) — Nantes,
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-441 —
bords de la Chézine. Un exemplaire à la miellée,
80 mai.
2817 - ASSIMILATA (Gn.) — Nantes, bords de la Ché-
zine, à la miellée, SI juillet. — Chenille sur le
cassis {Ribes nigrum)^ sous les feuilles, en
septembre, octobre,
2849 — PUMILATA (Hb.) — Nantes. C. à la miellée. —
Chenille polyphage, fleurs de la clématite, bruyère,
genêt, romarin, etc., en septembre, octobre, novembre,
décembre.
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DEUXIËHE PARTIE.
MICROLEPIDOPTERA,
E. PYRALIDINA.
Fam. I.- PYRALIDIDAE.
Gen. 1. — Cledeobia (Dup.)
18 — ANGUSTALIS (Schiff. S. V.) - Nantes, mai,
juin, juillet, août, septembre. G. — Chenille de
septembre à avril, mai, sur les mousses.
Gen. 4. — Aglossa (Latr.)
24 — PINGUINALIS (L.) — Nantes. T. G. juin, juillet,
iniérieur des habitations, greniers. — Ghenille en
avril, mai, dans les fentes des parquets, des pavés,
au fond des armoires, dans les étables, les cuisines,
partout où des substances grasses animales peuvent
la nourrir.
26 — . CUPREALIS (Hb.) — Nantes. G. juillet, août, inté^
rieur des habitations, greniers. — Ghenille en avril,
mai ; mêmes mœurs que la précédente.
Gen. 6. — Asopia (Tr.)
82 — GLAUGINAL1S(L.) — Nantes, bords de la Ghézine
à la miellée, juillet. A. G. — Ghenille en mai, dans
les feuilles pourries.
^*^-Y^ Digitizedby VjOOÇIC
— 443 —
34 — COSTALIS (F-) FIMBRIALIS (S. V.) — Nantes,
route de Paris. Un exemplaire pris à la miellée,
juillet.
85 — FARINALIS (L.) — Nantes, juin, juillet, août,
septembre. C. dans les écuries, les intérieurs de
maisons, étables, greniers à farines. — Chenille en
mars, avril ; hiverne dans la paille des greniers.
Gen. 7. — Endotricha (Z.)
40 — FLAMMEALIS (S. V.) — Nantes. T. C dans les
buissons, juin, juillet. — Chenille snr le Fiseron
{Ligustrum vulgare).
Gen. 9. — Scoparia (Hw.)
m - DUBITALIS (Hb.) — Nantes. A. G. dans les
buissons, mai.
69 — TRUNCICOLELLA (Hb) MERCURELLA (Z.) —
T. C. Nantes, bords de la Chézine, sur les troncs
des arbres, mai, juin, août. (Deux génération^.) —
Chenille en février, sous la mousse des pins.
70 - CRATAEGELLA (Hb.) — Nantes. T. C. juillet,
août. — Chenille en mars dans un lube de soie,
sous la mousse des arbres.
Gen. 14. — THRENonEs (Gn.)
82 — POLLINALIS (S. V.) - Nantes" Chêne-Vert. A.
C. en juin.
Gen. 21. — Odontia (Dup.)
100 — DENTALIS (S. V.) — Bords de TOcéan, la Bôle,
Saint-Nazaire. A. R. juillet, broussailles. — Chenille
en mai dans les nervures des feuilles basses de la
vipérine {Echium vulgare) ; elle se transforme en
filant une coque papyracée entre les feuilles.
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— 444-
GeN. 28. — EURRHYPARA (Hb.)
109 — URTICATA (L.) — Nantes, juin, aoû(. T. C-
— Chenille en août ; hiverne dans les tiges d'ortie,
roule les feuilles dès février.
Gen. 29. — BoTYs (Tr.)
112 — OGTOMAGULALIS (F.) — La Ghapelle-sur-Erdre.
A. R. août.
114 — NIGRATA (S. G.) ANGUINALIS (Hb.) — Nantes,
Chêne-Vert, mai, juin.
123 — AURATA (S. G.) PUNICEALIS (S. V.) — La
Chapelle-sur-Erdre. A. C. mai. - Chenille en
société sur la menthe aquatique en avril.
125 — PURPURALIS (L.) — Nantes, Gasché. G. avril,
juin, août, septembre. -— Chenille en août sur la
Mentha rotundifolia, YOriganum vulgare.
134 — CESPITALIS (S. V.) — Nantes, Sèvres, Gorges,
avril, mai, juin, juillet. T. G. dans les prairies.
155 - HYALINALIS (Hb.) — Ghapelle-sur-Erdre, juin.
R. bois frais.
173 — FUSCALIS (S. V.) — Nantes. A. G. pacages,
juin, septembre. (Deux générations en septembre
dans les fleurs et les capsules des Lalhyrus praten-
sis et rynanthus.)
181 — SAMBUGALIS (S. V.) — Nantes, route de Paris.
A. R. juin, juillet. — Chenille sur le sureau, sous
les feuilles qu'elle ronge sans les percer, juin, août.
182 — VERBASCALIS (S. V.) — T. C. Nantes, mai, juin,
juillet, août.
183 — RUBIGINALIS (Hb.) — A. G. Ghapelle-sur-Erdre,
dans les prairies sylvatiques. — Chenille en sep-
tembre.
187 -^ FERRUGALIS (Hb.) — Nantes. T. G. à la mieUée,
1
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^ 445 —
buissons, pacages, février, juillet, août, septembre,
octobre. — CheDîlle en septembre sur les Verbascnm.
189 — PRUNALIS (S. V.) — Nantes, TEraudière, bords
de TErdre, route de Paris. C. juillet, août, buissons,
baies. — Chenille en mai sur la ronce et le pru-
nellier.
201 - RURALIS (S. C.) VERTICALIS (S. V.) — T. G.
juin, juillet, août, sur les orties et à la miellée. —
Chenille en mai sur Tortie, feuilles roulées.
GeN. 30. — EUBYCREON (Ld.)
217— PALEALIS (S. V.) — C. Préfailles, Portnichet,
août.
GeN. 81. — NOMOPHILA (Hb.)
222 — NOCTUELLA (S. V.) HYBRIDALIS (Hb.) — T.C.
Croisic, Nantes, juillet, août, septembre, octobre,
lieux arides. — Chenille vivant dans les racines des
graminées d'octobre à juin.
Gen. 88. — PiONEA (Gn.)
224 - FORFICALIS (L.) — T. C Nantes, mai, juUlet,
août, septembre, jardins potagers à la miellée. —
Chenille en juin, août sur les choux.
Gen. 84. — Orobena (Gn.)
282 — EXTIMALIS (S. C.) MARGARITALIS (S. V.) —
Un exemplaire pris au Pouliguen en août.
288 — STRAMINALIS (Hb.) STRAMENTALIS (Hb.) -
Un exemplaire pris à Sèvres, mai.
284 — LIMBATA (L.) LIMBALIS (Gn.) — A. C. Nantes,
roule de Paris, buissons, mai, juillet. — Chenille
en août, sur les genêts et les légumineuses.
286 — POLIT ALIS (Sv.) - A. R. Pornichet, un exem-
plaire, juillet.
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— 448 —
Gen. 87. — Pebinephele (Hb.)
a49 — LANCEALIS (Sv.) — G. La Ghapelle-sor-Erdre,
Nantes, juin, prairies humides. — Chenille en juin.
Gen. 42. — Diasemia (Gn.)
257 — LITTERATA (Se.) LITTERALIS (Sv.) — A. G.
Nantes, route de Paris, jardin, août à la miellée,
8 octobre. Chêne- Vert, coteaux, bords du ruisseau
de Sainl-Herblon.
258 — RAMBURIALIS (Dup.) — Un exemplaire pris à
Nantes k la miellée.
Gen. 52. — Agrotera (Schrk.)
275 — NEMORALIS (Se.) — A. G. Bois frais, La Poterie,
Gasché, bords de l'Erdre, juin, juillet.
Gen. 56. — Hydrocampa (Gn.)
282 - STAGNATA (Don.) NYMPHAEALIS (Tr.) — C.
Gasché, juin, bords de l'Erdre. — Chenille en avril
sur les nymphéas, dans un fourreau.
288 - NYMPHEATA (L.) POTAMOGATA (L.) — T. C.
Nantes, Doulon, La Chapelle-sur-Erdre, mai, juin,
juillet, août, bords des fossés, des étangs, prfe
humides. — Chenille en avril sur le Potamogetum
natans dans un fourreau.
Gen. 57. — Paraponyx (Hb.)
288 — STRATIOTATA (L.) — A. C prés marécageux,
bords des étangs, des fossés, Nantes, août. —
Chenille dans un fourreau de soie et de débris de
feuilles, avril, mai, sur le Stratiole aloides
Gen. 58. — Cataclysta (Hb.)
291 - LEMNATA (L.) LEMNALIS (Sv.) — A. C. Nantes,
juin, juillet, août, bords des étangs, fossés. —
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-447 —
Chenille sur la lentilles d'eau en avril dans un four-
reau de soie et de feuille de la lentille.
Fam. IV. - GRAMBIDAE.
Gen. 64. — Ancylolomia (Hb.)
306 — CONTRITELLA (Z.) — Bruyères arides, août,
Nantes, Vertou (l'aunaie Bruneau).
Gen. 65. — Crambus.
S21 — PASCUELLUS (L.) — Nantes, C. juin, prairies.
881 — PRATELLUS (L.) — Nantes, C. dans les prairies,
mai.
885 — HORTUELLUS (Hb.) — Nantes, C. mai, juin,
juillet.
886 — CRATERELLUS (Se.) RORELLA (L.) — C.
Nantes, juin.
848 - PINELLUS (L.) PINETELLA (L.) - A. R. juin,
bois et jardins, Nantes.
857 — LATISTRIUS (Hw.) — Nantes, A. R. septembre.
877 — GULMELLUS (L.) — Juin , juillet , août , C.
Nantes.
881 — INQUINATELLUS (Sv.) - Août, Nantes, C.
882 — GENIGULEUS (Hw.) ANGULATELLUS (Dup.) —
Juillet, août, Nantes. A. G.
892 — TRISTELLUS (Sv.) AQUILELLUS (Tr.) - T. G.
Nantes, prairies humides.
898 — SELASELLUS (Hb.) PRATELLUS (Hs.) — A. R.
Nantes, août.
895 — LUTEELLUS (Sv.) — A. R. Nantes, août.
Fam. V. - PHYCIDAE.
Gen. 68. — Nephopteryx (Z.)
418 — SPISSICELLA (F.) ROBORELLA (Sv.) - G.
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— 448 —
juin, août, Nantes. — Chenille en mai sur le chêne
dans une toile entre les feuilles.
427 — GENISTELLA (Zk.) — R. Un exemplaire pris k
Sainl-Etienne-de-Mont-Luc. (Espèce méridionale.)
Gen. 70. — IPempellia (Hb.)
441 — SEMIRUBELLA (Se.) GARNELLA (L.) — Nantes,
Gasché, La Chapelle-sur-Erdrc, août, septembre. G.
— Chenille en mai dans une toile sur le sol, mange
les racines des graminées.
A. Var. SANGuiNELLA (Hb.) — Aussi commuoe
que le type, mêmes époques.
447 _ FORMOSA (IIw.) — Un seul exemplaire pris à
Nantes, route de Paris.
457 — ADORNATELLA (Tr.) — Un exemplaire pris à
Portnichet, 18 juillet.
Gen. 78. — Epischnia (Hb.)
508 — PRODROMELLA (Hb.) — Un exemplaire pris dans
une clairière de^ la forêt du Gâvre.
GeN. 81. — ACROBASIS (Z.)
525 — CONSOCIELLA (Hb.) — C juin, juillet, Nantes.
— Chenille en mai dans un tube de soie entre les
feuilles du chêne.
527 — TUMIDELLA (Zk.) — C. juin, juillet, Nantes.
— Chenille en mai sur le chêne.
528 — RURROTIfilELLA (Fr.) — Un exemplaire pris
à La Chapelle-sur-Erdre le 13 août.
Gen. 83. — Myelois (Z.)
544 — CRIBRUM (Sv.) CRIBRELLA (Hb )— Un exem-
plaire pris en juillet, route de Paris, sur une fleur
de chardon.
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- 449 -
GeK. 91. — HOMOESONA (Cuft.)
621 — SINUELLA (F.) — Nantes, C. juin, juillet, août.
Gen. 94. — Ephestia (Gn.)
628 — ELUTELLA (Hb.) — Nantes, T. C. juin, gn
intérieur des maisons. — Chenille en avril df
fruits secs, les plantes sèches.
Fam. VI. - GALLERIAE.
Gen. 95. — Galleria (F.)
642 — MELONELLA (L.) GEREANA (L.) —
Nantes, Sav^nay, autour des ruches , ao(
Chenille en mai, puis août dans les ruches,
générations.)
648 ^ SOCIELLA (L.) COLONELLA (L.) — A.C
juillet, août, Nantes. — Chenille en septembr
les nids de guêpes.
F. TORTRICINA.
Gen. 100. — Teras (Tr.)
660 — VARIEGANA (Sv.) — C. Nantes, route de
mai, juin, août. — Chenille en mai, juin et sep
sur la ronce, l'églantier, l'aubépine, le prunel
A. Ab. asperana (F.) — A. C. Nantes,
de Paris, même époque, même localité.
662 — BOSGANA (F.) - Nantes, route de Paris,
C. — Chenille en mai et septembre sur l'orm
668 — PARISIANA (Gn.) — Un exemplaire pris
route de Paris, le long d'un mur.
664 — LITERANA (L.) — La Chapelle-sur-Erdi
Un exemplaire.
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— 450 —
B. Var. squamana (F.) — Un exemplaire pris en
juillet à La Chapelle-sur-Erdre.
676 — FERRUGANA.
A. Var. trîpunctana. — Nantes.
682 — HOLMIANA (L.) — A. G. Nantes, route de Paris,
juin, juillet. — Chenille en mai sur le prunier, le
rosier, Taubépine entre les feuilles attachées.
683 — CONTAMINANA (Hb.) — G. route de Paris,
septembre, octobre. — Ghenille en juin sur le pru-
nellier, le poirier sauvage, Taubépine.
A. Var. ciliana (Hb.) — A. G. Gomme le type,
même lieu et époque d'apparition.
Gen. 101. — ToRTRix (Tr.)
686 — PODANA (Se.) AMERIANA (Tr.) - Nantes, C.
juin, juillet. — Ghenille en mai sur le chêne.
690 — XYLOSTEANA (L.) — ' Nantes , G. juin. —
Ghenille en mai sur le chèvrefeuille.
691 — ROSANA (L.) LAEVIGANA (Sv.) — T. G.
juin, Nantes. — Ghenille sur les arbres fruitiers,
l'aubépine.
692 — SORBIANA (Hb.) — Nantes, A. G. — GheniUe en
mai.
693 — SEMIALBANA (Gn.) — Loire-Inférieure. A. G.
698 — RIBEANA (Hb.) — Nantes, A. R. juin, août. —
GheniUe en mai sur l'aubépine, le groseillier, l'orme,
le bouleau.
701 — HEPARANA (Sv.) — G. Nantes , La Marière,
août. — Ghenille en mai, sur le frêne, le hêtre,
et les arbres fruitiers.
708 - LEGHEANA (L.) — A. R. Bords de l'Erdre,
juin, juillet. — Chenille en avril sur les arbres
fruitiers.
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— 451 —
718 - UNIFASCIANA (Dup.) - T. C. Bords de la
Chézine, juillet.
727 — CONWAYANA (F.) — A. G. Nantes, Portnichet,
mai, août. — Chenille en octobre, sur le troène et
l'épine-vinette. {Berbères.)
728 — BERGMANIANA (L.) — T. G. Nantes, mai, juin.
Ghenille en mai sur les rosiers ; se chrysalide dans
les feuilles pliées.
729 - LOEFLINGIANA (L.) — T. G. Nantes, juin. —
Ghenille en mai sur le chêne ; se chrysalide dans la
feuille pliée.
780 — VIRIDANA (L.) — T. G. Nantes, mai, juin. —
Ghenille sur le chêne.
787 - FORSTERANA (F.) ADJUNGTANA (Tr.) - A, G.
Nantes, bords de l'Erdre, juin, juillet, bois,
buissons.
750 — ANGUSTIORANA (Hw.) — Nantes , route de
Paris, jardin, juin, juillet. G. — Ghenille sur le
laurier ordinaire.
755 — GROTIANA (F.) — Nantes, roule de Paris. A. R.
juin, juillet. — Ghenille en mai sur le chêne et
l'aubépine.
Gen. 108. — SciAPHiLA (Tr.)
780 — WAHLBOMIANA (L.) - G. Nantes, La Ghapelle-
sur-Erdre, G. mai, juin. — Ghenille en avril, puis
juin sur les plantes herbacées.
Gen. 109. — Olindia.
794 - ULMANA (Hb.) AREOLANA (Hb.) ~ Glermont.
G. juin, coteaux boisés.
Gen. 110. — GocHYUs (Tr.)
799 _ HAMANA (L.) — A. G. Nantes, Sainte-Pazanne^
juillet.
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— 482 —
801 — ZOEGANA (L.) — Un exemplaire pris roule de
Paris en août.
825 — AMBIGUELLA (Hb.) ROSERANA (Froel.) — C.
Nantes, route de Paris, Chêne- Vert, mai, juin- —
Chenille en juin dans les fleurs de la vigne, eo
août dans îes grains de raisin et les feuilles.
884 — ROSEANA (Hw.) — Un exemplaire pris h Nantes.
Gen. 111. — Phleochroa (Stph.)
908 - RUGOSANA (Hb.) - A. R. Nantes, mai.
Gen. 118. — Retinia (Gn.)
921 — BUOLIANA (Sv.) — Un exemplaire à Préfailles
dans une plantation de jeunes pins, août. — Chenille
en avril, mai dans les pousses des pins sylvestre et
maritime qu'elle courbe^
Gen. 114. — Penthina (Tr.)
925 -- PROFUNDANA (Sv.) — C Nantes, La Chapelle-
sur-Erdre, juillet. — Chenille en avril sur le
chêne.
927. — SALICELLA (L.) SALICANA (Hs.) — Un exem-
plaire.
932 — CORTICANA (Hb.) — C. juin, juillet, Nantes, La
Poterie, bords de l'Erdre. — Chenille en mai sur
le chêne.
937 — VARmGANA (Hb.) — T. C. Nantes et toute la
Loire-Inférieure, mai, juin, dans les buissons. —
Chenille en avril, juillet sur les arbres fruitiers, les
rosiers.
945 — GENTIANA (Hb.) — C. Nantes, mai, juillet, jar-
dins de la route de Paris. — Chenille en mai, sep-
tembre dans les graines de la gentiane.
»62 — STRIANA (S. V.) — A. R. Marais de MazeroHes,
juillet.
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- 4S3 —
988 — URTIGANA (Hb.) — G. Nantes, roule de Paris,
juin, juillet. — Ghenille en avril, sur la ronce,
l'orme, le bouleau, le saule.
989 — CESPITANA (Hb.) — Un exemplaire pris à
Nantes.
1001 — AGHATANA (S. V.) — A. R. Nantes, route de
Paris, juin, buissons, haies (espèce d'Allemagne). —
Chenille sur le prunellier.
Gen. 115. — Aspis (Stph.)
1004 — UDMANNIANA (L.) -- A. G. Nantes, route de
Paris, juin, juillet. — Ghenille en mai à l'extrémité
des feuilles de ronce et des framboisiers ; attachées.
Gen. 1^23. — Grapholitha (Tr.)
1046 - HOHENWARTIANA (S. V.) — Nantes, A. G.,
prairies, juillet.
1071 - NISELLA.
A. V. Pavonana (Don.) — Un exemplaire pris sur
les bords de l'Erdre.
107S — PENKLERIANA(F.)MITTERBAGHIERANA(Dup.)
— Nantes, A. R.
1091 ~ TRIPUNGTANA (S. V.) OGELLANA (Hb.) —
Nantes, A. G., buissons, mai.
109Î — GYNOSBANA (F.) — G. Nantes, buissons, mai,
juin, juillet. (Deux générations.) — Chenille en mai
sur les rosiers, dans les jeunes pousses, et en sep-
tembre.
1099 — SIMPLONIANA (Dup.) — A. G. Nantes, juillet,
août.
1112 — GITRANA (Hb.) — Un exemplaire pris à Nantes,
route de Paris, juin.
1122 — GONTERMINANA (H. S-) GAEGIMAGULANA
(Dup. IX, 249, 5»). — G. Nantes, juillet.
29
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— 454-
1128 — NEBRITANA (Tr.) — Nantes, roule de Paris,
mai. C. dans les baies. — Chenille dans les siliques
des genêts en juillet.
1156 — WOEBERIANA(S.V.) — Nantes, roule de Paris, La
Jonnelière. C mai, juin, juillet. — Chenille en avril
sous Técorce du prunier et du cerisier ; s'y chrysalide.
Gen. 124. — Carpocapsa (Tr.)
1181 — POMONELLA (L.) — C. d'avril à juillet, Nantes,
dans les jardins. — Chenille de juillet à octobre
dans les pommes, poires, prunes, noix ; elle hiverne
dans une toile de soie entre les écorces.
1188 — SPLENDANA (Hb.) — R. Nantes, juillet. —
Chenille fin septembre dans les glands tombés ; se
chrysalide en terre sous la mousse.
1184 — REAUMURANA, — Un exemplaire pris à Nantes.
Gen. 126. — Phtoroblastis (Ld.)
1209 — RHEDIELLA (Cl.) — Mauves. A. R. mai.
Gen. 128. — Steganoptycha.
1225 — CORTICANA (Hb.) — Nantes. T. C mai, juin.
— Chenille en avril, mai, feuilles du chêne.
1248 — TRIMACULANA (Don.) LITHOXYLANA (Dup.)
— Nantes, roule de Paris. T. C. juin. — Chenille
en mars dans les chatons du noisetier ; se chrysalide
en terre.
Gen. 130. — Rhopobota (Ld.)
1268 — NAEVANA (Hb.) A. C Nantes, juillet. — Che-
nille en mai sur le houx {Ilex aquifolium).
Gen. 133. — Dichrorampha (Gn.)
1273 - PETIVERELLA (L.) PETIVERANA (Hw.) — A.
R. juin, Nantes.
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— 455 —
G. TINEINA.
Fam. I, ~ CHOREUTIDiE.
Gen. 135. — SiMAETHis (Leach.)
1306 — PARIANA (Cl.) — Nantes, juillet, octobre. A. G.
1309 — OXYACANTHELLA (L.) FABRICIANA (Stpli.) —
Nantes, mai. A. R.
Fam.llII- - TALAEPORIDAE.
Gen. 138. — Taloeporia.
1329 — PSEUDOBOaiBYGELLA (Hb.) ANDERREGGELLA
(Dup.) — Nantes, mai. C. — Chenille dans un
fourreau sur les lichens, surtout sur les hêtres, en
avril.
Fam. V. - TINEIDAE.
Gen. 148. — Morophaga (H. S.)
4S62 — MORELLA (Dup.) — Juillet, La Chapelle-sur-
Erdre. R. — (Espèce méridionale).
Gen. 150. — Blabophanes (Z.)
1868 — FERRUGINELLA (Hb.) — Nantes. G. avnl,:mai.
— Espèce d'Allemagne.
1870 — RUSTIGELLA (Hb.) - Nantes. A. C. juillet.
Gen. 151. — Tinea (Z.)
1874 — TAPEZELLA (L.) — Un exemplaire pris dans
l'intérieur d'une maison, à Nantes, route de Paris.
1885 — GRANELLA (L.) — T. C. d'avril en août. Nantes,
greniers, appartements. — Chenille en mai, sep-
tembre dans les grains de blé et autres céréales, le
bois pourri, les fruits secs.
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— 456 —
GeN. 158. — bCURVARlA (Hw.)
1447 — MUSGALELLA (F.) — Ile de la Loire, en face
Thouaré, juin. A. R. — Chenille sur le chêne en
janvier dans un fourreau sous les feuilles sèches.
Fam. VI. - ADELIDAE.
Gen. 160. — Adela (Lalr.)
1494 — DEGEIÎRELLA (L.) — Nantes. — Un exemplaire.
1498 — VIRIDELLA (S. G.) — T. G. Nantes, roule de
Paris, bords de l'Erdre, avril, mai. — Chenille en
janvier, dans un fourreau, sous les feuilles sèches
des noisetiers et des hêtres.
Fani. X. - HYPONOMEUTIDAE.
Gen. 171. — Hyponomeuta.
1549 — VIGINTIPUNGTATUS (Retz.) — Un exemplaire
pris dans une chambre sur la route de Paris, mai.
1550 — PLUMBELLUS (S. V.) — R. La Chapelle-sur-
Erdre, juillet. — Chenille en société sur le fusain
{Evonymus europacus).
1552 — PADELLUS (L.) VARIABILIS (Z.) — T. C. dans
toute la Loire-Inférieure, haies, mai, juin. —
Chenille sous une toile commune en mai sur les
haies.
1556— GAGNAGELLA (Hb.) CAGNATELLA (Tr.) —
T. C. dans toute la Loire-Inférieure, juin, juillet. —
Chenille en société sur le fusain en juin.
Gen. 172. — Swammerdamia (Hb.)
1568 — CAESIELLA (Hb.) HEROLDELLA (Dup.) —
Nantes. C. juillet. — Chenille sur le bouleau,
dans une toile , en septembre ; se chrysaUde en
terre.
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--457 —
Gen. 178. — Prays (Hb.)
1571 — CURTISELLUS (Don.) COENOBITELLA (Hb.) —
Mai. — A. R. Nantes. — ^ Chenille en avril dans les
fleurs du chêne.
Gen. 177. — ArgVresthia (Hb.)
1582 — EPHIPPELLA (F.) — G. juin, verger, bois, haies
vives, Nantes. — Chenille en avril sur les bourgeons
de l'aubépine.
1607 — GOEDARTELLA (L.) — Nantes, route de Paris.
A. C. août.— Chenille en avril dans les chatons du
bouleau.
Fam. XI. - PLIJTELLIDAE.
Gen. 181. — Plutella (Schrk.)
1624 -- PORRECTELLA (L.) — C. Nantes, mai, juin. —
Chenille en août sur la julienne.
1626 - XYLOSTELLA (L.) CRUCIFERARUM (Z.) C.
octobre, potagers, Nantes. — Chenille en juin,
septembre sur les crucifères; elle se chrysalide entre
les feuilles.
Gen. 182. — Cerostoma (Latr.)
1689 — RADIATELLA (Don.) - Nantes, La Marière,
août. A. R. buissons. — Chenille en mai sur le genêt.
1648 — SYLVELLA (L.) — A. C Nantes, route de Paris,
juin, juillet, août. — Chenille en juin sur le chêne.
1652 - DENTELLA (F.) HARPELLA (S. V.) — A. R.
Chapelle-sur-Erdre, Sorinières, juillet, août, jardins,
bois. — Chenille en mai sur le chèvrefeuille dont
elle ronge Técorce.
Gen. 188. — Theristis (Hb.)
1658 - MUCRONELLA (S. C.) CAUDELLA (L.) • La
Poterie. — Un exemplaire, njai.
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--4S8 —
Fam. XIV. - GELEGHIDAE.
Gen. 189. — PsECADU (Hb.)
^
1666 - BIPUNCTELLA (F.) EGHIELLA (S. V.)~ Nanles,
juin. A. R. — Chenille en juillet, septembre sur la
vipérine {Echium vulgare).
1667 — FUNERELLA (F.) — Nantes, chêne vert, mai.
A. C. — Chenille en août, septembre.
Gen. 191. — Depressaria (Hw.)
1681 - COSTOSA (Hw.) DEPUNCTELL A (Hb.) - Nantes.
1708 — ARENELLA (S. V.) — Nantes, juillet. A. C. —
Chenille sur le Centanrea nigra et scabiosa.
1721 — OCELLANA (F.) CHARACTERELLA (Schif. S.
V.) — A. R. Nanles , à la miellée, juillet. —
Chenille en juin dans les jeunes pousses des saules
et des bouleaux.
1729 — APPLANA (F.) — C. partout, juin, juillet, se{H
tembre,3 hiverne et reparaît en janvier, juillet. —
Chenille en juin sur les ombellifères. Feuilles réunies
en tube.
17S4 — BADIELLA (H. B.) — C juillet, août. Nantes,
prairie de Mauves. * — Chenille en juin.
Gen. 194. — Gelechia (Z.)
1790 - PINGUINELLA (Tr.) TURPELLA (H. S.) A. C.
Nantes, juillet. — Chenille en mai sur les peupliers
entre les feuilles.
1889 — GALBANELLA (Z.) - Nantes, R.
1861 — SCALELLA (S. C) BICOLORELLA (Tr.) — A.
R., juin sur l'écorce. Nantes, Chapelle-sur-Erdre.
Gen. 196. — Brïotropha (Hb.)
1880 - TERRELLA (S. V.) — C. Nantes (roule de
Paris), mai, juin, juillet. — Chenille en juin.
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F
— 459 —
Gen. 198. — Teleia (Hein).
1979 — SGRIPTELLA (Hb.) - T. C, partout sur Yé
des ormes et autres arbres. — Chenille en
tembre, feuilles d'érable pliées en deux.
1994 — LUGULELLA (Ilb.) — Nantes.
Gen, 199. — Recurvaria (H. S.)
1997 — LEUGATELLA (Gl.) — R. Nantes, juin.
Gen. 210. — MoNoCHROA (Hein).
2061 - TENEBRELLA (Hb.) — Nantes, A. G., mai,
dans les haies.
Gen. 214. — Trachyptila (Hein).
2091 — POPULELLA (Gl.) — Saint-Etienne-de-Mon
(propriété de Sainte-Anne). G. juillet. — Cl
en mai sur le peuplier, le tremble, le bouleau.
Gen. 215. — Braciiycrossata (Hein).
2095 — GINERELLA (Cl.) — Nantes, A. R., juin.
2097 — TRIPUNGTELLA (S. V.) — R. Nantes.
Gen. 226. — Nothris (Hb.)
2143 — VERBASGELLA (S. V.) — G. juin, Nante
Chenille en avril, août; sur les verbascum, en s
dans les jeunes pousses, puis dans les fleurs ec
Gen. 245. - Carcina (Hb.)
2219 — QUERGANA (F.) FAGANA (S. V.) - G.
juillet, août. Nantes. — Chenille en mai dan
toile sur le chêne.
Gen. 251. — Harpella (Schrk.)
2242 - FORFIGELLA (S. G.) MAJORELLA (Dup.)
Nantes, mai, juin, juillet. — Chenille en ma
le bois pourri du saule.
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— 460 -
224S — GEOFFRELLA (L.) — Nantes (la Marière). C.
mai, juin. — Chenille en mai sur les écorces.
Gen. 252. — Dasycera (Hw.)
2247 - SULPHURELLA (F.) ORBONELLA (Dup.) —
Nantes, intérieur de la ville. G. mai, juin.
^ 2248 — OLIVIÇLL A (F.) — C. Nantes, Chapelle-sur-Erdre,
f. jardins, bois, juin, juillet. — Chenille en avril, mai,
dans le bois pourri.
Gen. 253. — Oecophora (Z.)
2252 -- TINCTELLA (Hb.) — C Nantes, route de Paris,
sur les poiriers.
Gen. 255. — Oegoconia (Slt.)
2298 — QUADRIPUNCTA (Hw.) C Nantes ; intérieur des
maisons, mai, juin, juillet.
Fam. XV. - GLYPHIPTERYGIDAE.
Gen. 258. — Glyphipteryx (Hb.)
2810 — THRASONELL A (S. G.) — A. C, la Poterie, bords
de TErdre, prés humides, bords des ruisseaux, juillet.
Fam. XVI. - GRACILARIDAE.
Gen. 259. — Gracilaria (Z.)
2817— ALCHIMIELLA (S.C.) SWEDERELLA (SU.) —
Mai, juin, Nantes. A. C. — Chenille en septembre, sur
le chêne, mine la feuille repliée dans un coin en cône.
2838 — SYRINGELLA (F.) — Nantes. Un exemplaire
au bord de la Chézine.
Fam. XVII. - COLEOPHORIDAE.
Gen. 262. — Coleophora (Z.)
2424 — PALLIATELLA (Z. K.) - Nantes. Un exem-
plaire, juin.
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•^461 —
2478 — LEUGAPENNELLA (Hb.) - C Nantes, route de
Paris, mai. — Chenille en juillet dans les capsules du
Silène nu tans ; se fait un fourreau avec les capsules.
Fam. XIX. - ELAGHISTIDAE.
Gen. 276. — BuTALis (Tr.)
2696 - ACANTHELLA (God.) — A. G. Nantes, juin,
juillet. — Ghenilles trouvées sur les murs du château
de Nantes ; se nourrissant du lichen des murailles ;
chaque chenille cachée sous une petite toile blanche
qui lui sert d'abri.
Fam. XX. - LITHOGOLLETIDAE.
GeN. 294. — TlSCHERIA (Z.)
2910 - GOMPLANELLA (Hb.) - Nantes, avril. R. —
Ghenille en actobre ; feuilles de chênes, taches
blanches très apparentes sur la face supérieure de la
feuille.
J. PTEROPHORINA;
Gen. 809. — Amblyptilia (Hb.)
3180 -- AGANTHODAGÏYLA (Hb.) - Nantes, juillet.
A. G. juillet.
Gen. 810. — Oxyptilus (Z.)
8140 — DU)AGTYLUS (L.) — Gâché, Nantes, juillet, A. G.
Gen. 811. — Mimaeseoptilus (Vallgr.)
8161 — PTERODAGTYLUS (L.) — Nantes. T. C. juillet,
août, septembre, octobre ^ la miellée.
Gen. 815. — Aciptilia (Hb.)
8187 — XANTHODAGTYLA (Tr.) — Un exemplaire pris
à Glermont, juin.
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— 46Î —
K. ALUCITINA.
Gen. 816. — Alucita (Z.)
8211 - HEXADAGTYLA (L.) POLYDAGTYLA (Hb.) —
G. mai, juin, juillet. Nantes, intérieur des apparte-
ments, jardins à la miellée ; hiverne et pond en
avril.
ADDENDA.
MACROLEPIDOPTERA.
650 - SARROTHRIPA REVAYANA Ab punctana (Hb.)
— Nantes, août. Un exemplaire.
709 — GNOPHRIA RURRIGOLLIS (L.) — Rourg de
Batz. R.
1197 - AGROTIS RIP.E (Hb.) — R. Un exemplaire
desséché pris à La Rôle, sur la plage, juillet.
1232 — AGROÏIS GORTIGEA (S. V.) — La Rôle. Un
exemplaire sur le chardon,'en plein jour, juillet.
1505 — LEUGANIA OBSOLETA (Hb.) — La Ghapelle-
sur-Erdre, août, septembre. A. G.
1526 - LEUGANIA LITTORALIS (Gurt.) — La Rôle.
Un exemplaire, juillet.
1544 — GARADRINA EXIGUA (Hb.) — Nantes, .miellée.
Trois exemplaires pris en 1884, août.
1683 - XYLOMIGES GONSPIGELLARIS (L.) —La Cha-
pellc-sur-Erdre, juillet, A. R.
1948 — GATEPHIA ALCHYMISTA(S. V.) - La Ghapelle-
sur-Erdre. Un exemplaire, septembre.
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— 463 —
2170 — ACIDALIA DEGEKERARIA V. bilineata. —
Un exemplaire pris à Mauves, juillet, dans un buisson.
2-222 - ZONOSOMA PUN{]TARIA Var. suppunctaria (Z.)
— Un exemplaire pris à La GliapeUe-sur-Erdre.
juillet, dans un buisson.
MICROLEPIDOPTERA.
81 1 — GRAMBUS ALPINELLUS (Hb.) — Un exemj
La Bôle, juillet, bois de pins.
841 — COCHYLIS ZEPHYRANA V. margarotana
— La BAle. Un exemplaire, juillet.
1023 — LOBESIA PERMIXTANA (Hb.) — Un exem
Loire-Inférieure.
1203 — PHTOROBLASTIS REGIANA (Z.) — Nanl
exemplaire.
1112 — GRAPHOLITHA CITRANA (Hb.) - La Bô
exemplaire, Nantes. Un exemplaire, buissons.
1183 — CARPOCAPSA AMPLANA (Hb.) - Loin
rieure. A. C. juillet, août.
2035 - ERGATIS DEGURTELLA (Hb.) — Loir*
rieure. Un exemplaire.
2263 — ŒGOPIIORA PSEUDOSPRETELLA (Slell
Loire-Inférieure. Un exemplaire.
2707 — STHATHMOPODA PEDELLA (L.) - Un
plaire. La Bôle, juillet, buissons.
3131 — AMBLYPTILIA COSMODACÏYL A (Hb.) — IN
boulevard Delorme. Un exemplaire.
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RAPPORT
SUE LES
TRAVAUX DE LA SECTION DE MÉDECINE
PENDANT L'ANNÉE 1886
PAR M. LE D>- GAUDUGHEAU,
8ECRÉTMBB.
Messieurs,
Je dois à ma qualité de Secrétaire l'honneur de vous faire
connaître les travaux de votre Section de Médecine durant
le cours de l'année qui vient de s'écouler. Laissez-moi vous
dire tout d'abord comment elle a constitué au début de
l'année son bureau et ses divers comités. Suivant l'usage
conforme au règlement, ses élections ont été faites dans
notre séance mensuelle du 4 décembre 1885.
Ont été élus :
MM. Hervouët ^ Président.
Mahot Vice-président.
Gauducheau Secrétaire.
OUive Secrétaire adjoint.
Par acclamation ont été maintenus dans leurs fonctions :
MM. Delamare Bibliothécaire.
*Le Grand de la Liraye.. Bibliothécaire adjoint.
Lefeuvre Trésorier.
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j
— 465-
Enfin j'ajouterai, pour être complet, que sans en avoir
fait l'objet d'un vole spécial, la Section de Médecine a conservé
sans changement la composition des Comités d'administration
et de rédaction.
En remettant à son successeur, au début de cette
année , les fonctions de président de la Section de
Médecine, l'honorable M. Grimaud, dans la courte allo-
cution qu'il prononçait devant nous, se plaisait, avec une
bien légitime satisfaction, k nous rappeler le nombre et
l'importance des travaux apportés à notre tribune durant
l'année 1885. Il nous félicitait de la louable animation qui
avait toujours régné dans nos réunions mensuelles, rendant
nos discussions aussi agréables qu'instructives et nous
engageait à persévérer dans ces habitudes de travail, méri-
tant à la fois éloges et encouragements.
En lui succédant, notre sympathique président M. Hervouët,
dans une de ces spirituelles causeries dont il a le secret,
nous adressait également le même appel au travail. Il nous
pressait d'affirmer encore davantage notre vitalité qu'à
certaine époque on avait presque osé mettre en doute ! Il
suppliait ceux de nos confrères qui, par modestie ou indif-
férence, oublient trop souvent le chemin de nos séances, de
laisser \k les préjugés qui, en nous privant de leur présence,
nous privent également de leur commerce souvent instructif
et toujours agréable. Il s'attachait k réfuter cette erreur
pernicieuse pour notre Société de province qu'on ne fait
de bonne et savante médecine qu'à Paris : n'avons-nous pas
d'ailleurs par notre nombre tout ce qu'il faut pour alimenter
d'intéressantes discussions ? La longue et profonde expérience
de plusieurs de nos confrères n'est-elle pas une preuve
évidente que nous pourrions produire des travaux, sinon
aussi nombreux, du moins d'une valeur bien autrement
sérieuse que ces mille productions trop promptement conçues^
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- 406 -
trop hâliveraenl mises au jour dont Paris inonde la presse
médicale ?
Ces différents appels ont-ils été entendus ? Vous allez en
juger, Messieurs, car il est temps quej'énumère devant vous
ou plutôt que je vous fasse connaître par une brève analyse
les travaux de la Section de Médecine.
Ces travaux, plus nombreux encore que Tannée dernière,
tous intéressants, ont porté sur la plupart des branches de
la médecine ; la pharmacologie y est elle-même dignement
représentée et enfin un travail d'un genre tout spécial nous
a fourni, sous forme de relation d'un voyage scientifique,
une véritable revue critique de chirurgie.
Dans rénumération que j'ai à faire devant vous, je suivrai
l'ordre chronologique des communications sans m'y astreindre
cependant d'une façon absolue, préférant grouper les faits
dont l'analogie et la nature appellent la réunion.
La première communication qui nous ait été faite est due
à M. Ménier ; elle concernait le poivre cubèbe dont il nous
signalait une adultération découverte par lui h Nantes à
la fin de l'année 1885. Au moment où M. Ménier, le premier
en France, la faisait connaître, elle avait été décrite seule-
ment en Angleterre et déjà cependant il était probable que
la plupart des pharmacies françaises renfermaient la nouvelle
espèce de poivre mélangée au véritable piper cubeba.
M. le D' Viaud-Grand-Marais a d'ailleurs à ce moment-là
vérifié le fait pour Nantes. Ce faux cubèbe que M. Ménier
rapporte au piper crassipes diffère du vrai par sa couleur
plus grise, sa saveur et son odeur rappelant le laurier et
la muscade. L'acide sulfurique fournit encore un moyen
facile de les distinguer par sa coloration qu'il communique
ë la plus petite quantité de ces graines réduites en poudre.
Ce faux cubèbe a-l-il les propriétés thérapeutiques bien
connues du piper cubeba ? M. Ménier ne pouvait nous le
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-467 -
dire ; rexpérimenlalion n'avait pu répondre, puisque ce pro-
duit était inconnu jusque-là en France.
Les communications dont j'ai h vous entretenir maintenant
appartiennent à la médecine légale et sont dues à M. Laënnec,
dont vous connaissez la compétence en ces matières particu-
lièrement délicates.
L'une de ces communications se bornait à uù rapport
médico-légal demandé par le Tribunal à M. Laënnec dans
une importante affaire et qu'il a bien voulu lire devant Aous.
Je ne saurais vous analyser ici ce rapport, mais je puis
bien vous dire qu'il démontrait d'une façon incontestable
que les' allégations sur lesquelles un de nos confrères avait
pu être soupçonné d'homicide et même arrêté, étaient l'œuvre
d'une femme atteinte de folie hystérique avérée. La réputation
de notre malheureux collègue ou plutôt sa mémoire, car
il était mort au cours de l'instruction, était ainsi lavée de
l'accusation criminelle qui aurait pu peser sur elle. Permettez-
moi d'ajouter que cette observation a eu les honneurs d'une
discussion à l'Académie de Médecine, mais à un autre point
de vue. Le cadavre dont il s'agissait dans cette affaire avait
été découvert dans une cave complètement momifié, la mort
remontant à plus d'un an. L'un des membres de notre
Section, M. Andouard, qui a communiqué ce cas à l'Aca-
démie de Médecine k laquelle il apppartient, ai-je besoin
de vous le rappeler, à titre de membre correspondant, attri-
buait l'absence de putréfaction à la profondeur du caveau
dans lequel le corps était enfoui, au renouvellement imparfait
de l'air ainsi qu'aux vêtements et i\ la paille qui recouvraient
la victime. Il pensait que ces conditions, en arrêtant l'humidité,
avaient amené un état de sécheresse constant de l'atmosphère
efavironnanle et empêché ainsi la décomposition. Le savant
professeur de médecine légale, M. Brouardel, tout en accor-
dant une gi*ande valeur à l'interprétation de M. Andouard, a
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— 468 *
invoqué Taclion d'un autre facteur qui, d'après les nouvelles
recherches, expUquerait mieux que tout autre la n)omificatioa
des cadavres. Ce facteur est fourni par les acariens dont on
retrouve les débris dans les tissus momifiés.
Non moins intéressante est la seconde communication d'or-
dre médico-légal que nous devons à M. Laënnec. Elle monlre
d'une façon frappante à quelle prudente réserve le médecin doit
s'astreindre quand il s'agit de poser un diagnostic doni
peuvent découler des conséquences parfois fort graves. Voici
en quelques Hgnes le Jait que nous soumeltail M. LaCnnec
et sur lequel il nous faisait l'honneur de nous demander
notre avis.
Un enfant de 7 mois, élevé au biberon, toussait depuis
quelques jours. Le sirop d'ipéca, en le faisant vomir, doit
amener sa guérison ; telle est, du moins, l'opinion des parents
qui, sans avis médical quelconque, font demander une petite
dose du sirop en question chez un pharmacien. Celui-ci, sur
celte simple demande, délivre en effet une petite bouteille
de sirop d'ipécacuanha et en indique le mode d'adnai-
nistration qui est suivi exactement. Mais en dépit des ^5 on
80 grammes de sirop absorbé, l'enfant ne vomit point et au
bout d'une heure il tombait dans un coma profond. Quelque
peu surpris et tirés de leur indolence par ce résultat inat-
tendu de leur traitement, les parents de l'enfant se décident
enfin à demander le secours d'un médecin. Celui-ci, d'après
les commémoratifs qu'on lui fait connaître, et en raison de
la contraction extrême des pupilles, de la sueur froide
répandue sur tout le corps de l'enfant, de l'apparence fili-
forme du pouls, de l'absence de selle, d'urine et de vomis-
sement, croit se trouver en présence d'un empoisonnement
par l'opium. Un autre confrère qui voit,^ avec le premier,
l'enfant quelques heures après, partage la même opinion.
Malgré le traitement institué en conséquence, l'enfant re^e
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— 469 —
dans le coma et meurt environ trente heures après l'absorp-
tion de son sirop.
Appelé à pratiquer l'autopsie de cet enfant 86 heures après
sa mort, M. Laënnec, en présence des renseignements qui
lui furent donnés, joints à certains signes tels que la pâleur
des téguments, la grande fluidité du sang, la congestion de
tous les organes qu'il rencontre sur le cadavre, inclinait lui-
même à se croire en face d'un empoisonnement par l'opium,
malgré une broncho-pneumonie dont les poumons de l'enfant
portaient les traces évidentes. Mais, d'accord du reste avec
les deux praticiens expérimentés qui avaient soigné l'enfant,
il déclarait, malgré toutes les présomptions accumulées, ne
pouvoir affirmer son opinion qu'après le résultat des analyses
conQées à M. Andouard à qui les viscères de l'enfant et le
sirop saisi chez le pharmacien avaient été remis. La précau-
tion était sage, car M. Andouard reconnaissait la présence
évidente de l'ipécacuanha et l'absence complète de l'opium
ou de ses alcaloïdes dans les matières qu'on lui avait données
à analyser. La broncho-pneumonie, jointe certainement à
l'action déprimante de l'ipécacuanha, avait causé le coma
et la mort de l'enfant.
Pour vous montrer, Messieurs, combien, dans ces cas, le
diagnostic est épineux, j'ajouterai que M. Laënnec nous citait,
dans le courant de l'année, un fait analogue observé par lui
dans sa clientèle. Un enfant tout jeune, élevé au sein, est, à
la suite d'un refroidissement, atteint d'une broncho-pneumonie
bien constatée. Or, les mêmes symptômes d'algidité, de
coma, d'alrésie de la pupille, signalés dans l'observation ci-
dessus, apparurent aussi très rapidement et furent bientôt
suivis.de la mort. Le médecin était certain qu'aucune prépa-
ration opiacée n'avait été administrée soit à l'enfant, soit^à sa
nourrice ; mais quel n'eût pas été son embarras, vous le
comprenez, si brusquement, sans renseignements ou avec des
30
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-470 —
commémoralirs faits pour tromper, il eût été mis en présence
de cet enfant déj^ froid, respirant à peine, dans un état
comatep voisin de la mort.
J'abandonne, Messieurs, le terrain de la médecine légale,
mais non encore M. Laënnec qui enrichit chaque année nos
bulletins de multiples observations. Celle dont je vais vous
parler est intitulée: Tuberculose et fièvre typhoïde. La
publication a été inspirée à son auteur par une leçon do
professeur Potain que Téminent clinicien de Paris terminait
en disant qu'il lui paraissait prouvé que la fièvre typhoïde
atteint rarement le tuberculeux avéré, "qu'elle frappe le plus
souvent le tuberculeux au début et qu'elle accélère la marche
de la tuberculisation.
L'observation publiée par M. Laënnec est celle d'un soldat
qui, entré à l'hôpital le 10 février 1874 avec des symptômes
de broncho-pneumonie, y mourait le 28 du même mois avec
tous les signes de la dothiénentérie. L'autopsie révéla, avec
les lésions caractéristiques de la fièvre typhoïde dans l'in-
testin, les signes d'une phthisie pulmonaire aiguë. Les
poumons étaient granités, présentant partout, mais surtout
aux deux sommets, des granulations miliaires et de la pneu-
monie lobulaire. Ce malade avait donc eu une phthisie aiguë
au début d'une fièvre typhoïde, confirmant ainsi l'opinion
émise par le professeur Potain.
Si je m'astreignais absolument à l'ordre chronologique des
communications, je devrais maintenant vous rendre compte
d'un travail ayant pour titre : de la graine à frotter, dû k
M. Viaud-Grand-Marais. Mais je ne saurais faire mieux que
l'auteur lui-même qui, dans notre Journal de médecine de
VOuest, a fait précéder ce travail de ses deux autres com-
munications relatives au choléra.
Tranquillisez-vous, Messieurs, le choléra n'a pas reparu
à Nantes depuis la visite qu'il nous a faite- en 1884 et qui
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j
— 471 -
nous a valu, il vous en souvient, Timportanl rapport de M.
Chartier, certainement et avec juste raison remarqué par
vous l'année dernière.
Il s'agit de l'épidémie cholérique qui a régné sur les côtes
de Bretagne, particulièrement du Finistère, depuis la fin
d'octobre 1885 jusqu'aux premiers joui^s de mars 1886 et
dont Nantes paraît même s'être fort peu ému ou préoccupé
malgré ses rapports incessants par terre et par eau avec
cette partie de la Bretagne. Et cependant des cas bien nets
de propagation ont été signalés à Quimper, à Brest et sur
une côte plus éloignée, aux Sables-d'Olonne et à l'Ue-d'Yeu,
fournissant ainsi des preuves indiscutables du génie épidé-
mique de l'affection cholérique. La persistance de cette
épidémie, plus meurtrière qu'on a semblé le croire ici, son
réveil au commencement du mois de mars de cette année
dans certaines localités sous l'influence du retour de la pêche,
ont forcé le Gouvernement à prendre des mesures énergiques
pour arriver à l'étouffer. Des tentes ont été envoyées pour
abriter les pêcheurs, des troupes y ont été jointes pour faire
exécuter même par la force les prescriptions d'hygiène
reconnues nécessaires.
Là aussi, comme on.l'a généralement remarqué en France
lors de la dernière épidémie de choléra, la maladie a surtout
frappé les gens placés dans de mauvaises conditions hygié-
niques, particulièrement les ivrognes. Le premiec jour de
l'an et les jours suivants ont été partout marqués par l'aug-
mentation de l'épidémie là oîi elle existait et son réveil dans
les endroits oii elle semblait éteinte.
Quelle était l'origine de cette épidémie de la côte du
Finistère? M. Viaud-Grand-Marais la croit d'importation
étrangère et plus spécialement de source espagnole ; que le
germe en ait été apporté soit par des marins venus d'Espagne
où le choléra régnait alors, soit par des pêcheurs bretons
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— 47î —
qui De craignent pas d'aller jusque sur la côte ibérique à la
recherche du thon.
La seconde communication relative au choléra que nous
devons k M. Viaud-Grand-Marais concerne la relation d'une
épidémie locale de choléra à Vadakenkoulam, petit village
de rinde. C'est l'analyse d'une note d'un missionnaire fran-
çais que l'Administration britannique avait fait traduire et
répandre dans l'Inde entière en raison de son importance.
L'intérêt réel qu'elle offre en effet tient à la manière dont,
dans cette note, a été éludié et démontré le rôle de l'eau
dans le développement et la propagation du choléra, rôle dont
il n'est plus permis de douter désormais.
Le village de Vadakenkoulam, nous disait M. Viaud-Grand-
Marais, est divisé assez inégalement en deux par une grande
rue, d'un côté sont groupées les cases des Vcllages, gens de
la caste élevée ; de l'autre vit la caste inférieure des Sanars.
Les premiers ont, parmi leurs privilèges, celui de pouvoir
seuls puiser à deux puits situés dans le village. L'eau de l'un
de ces puits ayant été évidemment contaminée par le poison
cholérigène, plus de 100 Vellagcs périrent du choléra en
quinze' jours, tandis que les gens de la caste inférieure,
contrairement à ce qui se voit d'ordinaire partout, étaient
épargnés. Et cependant ils vivaient côte à côte et même, en
divers points, leurs cases se touchaient, mais ils devaient à
leur infériorité l'obligation d'aller chercher leur eau hors du
village. Un seul des Sanars fut atteint et atteint mortellement,
mais cette exception même vient servir de confirmation au
principe de la contamination par l'eau. Cet homme était le
laveur de la caste privilégiée ; il devait à ses fondions l'in-
signe honneur de pouvoir user, seul de sa caste, de l'eau
aristocratique comme boisson. Cette prérogative fut la cause
de sa mort.
Un fait explique facilement la contamination de l'eau de
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— 473 —
ces réservoirs : c'est autour d'eux en effet que hommes et
femmes Veilages venaient faire chaque jour leurs abhilions,
laver leurs vêtements, prendre leurs bains après les céré-
monies funéraires. L'eau répandue à l'extérieur par ces
lavages et ablutions retournait au puits incomplètement filtrée
par le sable ou même directement par un trou qu'offrait la
maçonnerie dans la margelle du réservoir.
Par une coïncidence remarquable, M. Viaud-Grand-Marais
notait un fait analogue pour les puits du village de l'Epine,
h Noirmoutier, dont les habitants, en 1884 et 1885, ont été
cruellement frappés par le choléra. Dans un rapport fait au
nom d'une délégation du Conseil général de la Vendée, il
disait, en effet : Près de chaque maison existe un petit enclos
sablonneux oii se trouve un puits sans maçonnerie de trois
ou quatre mètres de profondeur, près duquel ou lave le linge
et les vêtements. L'eau employée pour cet usage est jetée
sur le sable au voisinage même de la fontaine oii elle
retourne d'une façon plus ou moins directe.
C'est précisément l'importance des eaux de boisson dans
la propagation du choléra qui avait engagé M. Viaud-Grand-
Marais à faire des recherches sur les moyens employés dans
l'Inde pour purifier les eaux destinées à être bues, d'autant
plus que ces eaux sont généralement argileuses et contiennent
des myriades de micro-organismes.
Le principal agent employé à cet usage est la graine d'une
loganiacée, le Strychnos polalorum, à laquelle les Indous
donnent le nom de TeAlan-Colle, c'est-à-dire graine/ à
frotter. L'emploi en est des plus simples : on écrase deux
ou trois de ces graines et l'on en frotte les parois intérieures
d'une jam de plusieurs litres. Au bout d'un quart d'heure
les matières terreuses se précipitent et l'eau est clarifiée,
tout en conservant une teinte grise qui flatterait peut-être
médiocrement notre œil d'Européen. Comment agit le Tettan-
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— 474 —
Cotte ? par une action quelque peu analogue k celle qui
sert à clarifier chez nous le vin par le collage. Au contact de
l'eau les cellules de la graine se gonflent considérablement ; il
se produit une sorte de mucilage qui entraine dans ses
mailles en tombant au Tond du vase, lés substances en
suspension.
Il restait à savoir si, avec les matières terreuses, les
microbes disparaissaient également. Un ami de M. Viaud-
Grand-Marais, missionnaire dans l'Inde, en fit l'expérience
avec l'eau d'un étang traitée suivant l'usage par le Tettan-
Cotte. Ce n'est qu'après en avoir bu que le pauvre expéri-
mentateur songea à l'examiner avec une forte loupe, et ce
n'est pas sans un effroi bien excusable qu'il y vit pulluler et
s'ébattre microbes et animalcules de tout genre. Il n'y gagna
cependant qu'une fièvre intermittente des plus graves. Mais
il était démontré que le Tettan-Cotte n'a aucune action
contre les microbes et que l'ébuUition est encore un mode
plus pratique et plus sûr contre les affections à origine
microbienne comme le choléra, l'impaludisme, la fièvre
typhoïde.
C'est de celte dernière maladie que je dois actuellement
vous parler ; M. Eugène Bonamy nous ayant donné la rela-
tion d'une épidémie qui régna en Bretagne en 1774, d'après
les notes de François Bonamy, docteur régent en médecine,
ancien recteur de l'Université de Nantes. Cette relation a
permis à notre confrère de présenter sons un jour nouveau
l'un des derniers doyens de notre Faculté de Médecine plus
connu comme botaniste et particulièrement par sa flore des
environs de Nantes, la première, paraît-il, où soit décrite la
végétation de cette partie de la Bretagne.
Vous n'attendez pas de moi que je vous reproduise ici les
tableaux des symptômes et du traitement, magistralement
tracés par François Bonamy, de l'épidémie de fièvre putride
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— 475 —
maligne qu'il décrivait dans ses notes. Je dois vous faire
remarquer qu'à celte époque les travaux et découvertes des
Louis, des Andral, des Brctonneau, n'avaient pas encore porté
la clarté et la précision dans le véritable chaos des maladies
groupées sous le nom de fièvre putride maligne. Aussi dans
les relations, si complètes d'ailleurs, de deux autopsies insé-
rées dans le cours de ce travail, ne peut-on s'étonner de ne pas
trouver décrites les lésions si communément connues aujour-
d'hui des plaques de Peyer. Je noterai en passant le para-
graphe dans lequel l'auteur recherche la cause de l'épidémie.
J'y trouve signalés la sécheresse de l'été précédent suivi d'un
hiver très pluvieux et sans gelée, le dessèchement de marais
dans les environs, la misère des habitants, la mauvaise qua-
lité du grain dont, dit-il, la plus grande partie avait été char-
bonnée, enfin, la mauvaise qualité de l'eau destinée à la
boisson.
Cette épidémie était-elle une épidémie de fièvre typhoïde,
comme a cherché à nous le démontrer notre confrère Eug.
Bonamy, en suivant pas à pas la description des symptômes
et du traitement ? Gela est possible ; mais tout en consta-
tant le bien fondé de cette opinion, quelques membres de
notre Section inclinaient à y voir le typhus faver des
Anglais. Je ne chercherai point. Messieurs, à trancher ici la
question par un diagnostic rétrospectif bien difficile dans le
cas présent et je passe de suite à un autre ordre de faits du
ressort de la chirurgie. Ce sont deux observations d'ovario-
tomie dues à M. Montfort.
Intéressantes déjà l'une et l'autre par elles-mêmes, ces
deux observations gagnent encore à être mises en parallèle.
Toutes les deux ont été faites dans les cabinets des pension-
naires de l'Hôtel-Dieu de Nantes, toutes les deux ont été
suivies de guérison. Si je note cette particularité, c'est que le
temps n'est pas encore bien éloigné oii pareille tentative dans
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un hôpital eût été condamDée d'avance à l'insuccès ; Tafili-
sepsie rigoureusement appliquée a assuré la réussite.
Je vous fais grâce des détails techniques de Topéralion,
des tableaux -de la marche de la température et du pouls
minutieusement recueillis jusqu'il la guérison ; je dois vous
dire cependant que chez ces deux opérées, les suites du trau-
matisme chirurgical ont offert de grandes différences et oui
été, comme le faisait remarquer M. Montfort, précisément
contraires à ce qu'on était en droit de supposer d'après les
antécédents.
La première était une femme de 87 ans, épuisée par de
longues souffrances; elle avait eu, à plusieurs reprises, de la
péritonite, localisée il est vrai, mais dûment constatée ; elle
avait déjà la fièvre avant l'opération que la gravité de son
état avait seule pu faire entreprendre. Malgré les accidents
graves que l'on était en droit de craindre, elle guérit avec
très peu de fièvre, avec une facilité surprenante et si rapide-
ment que quatre semaines après avoir été opérée elle pou-
vaitjentreprendre un voyage assez fatiguant pour retourner
chez elle.'
L'autre, âgée de 28 ans seulement, paraissait dans d'ex-
cellentes conditions physiques et morales. L'opération s'exé-
cute sans incident grave, et cependant, une première fois,
l'apparition d'un délire violent accompagné d'une fièvre
intense, une seconde fois un phlegmon des parois abdomi-
nales viennent successivement donner des craintes sérieuses
pour la guérison.
C'est avec raison, je crois, que M. Montfort fait remarquer
que l'inégalité avec laquelle ses deux opérées ont supporté
le choc traumatique tient peut-être à leur condition sociale.
La première était une femme de la campagne dont l'existence
assez rude contrastait avec celle de la seconde qui avait tou-
joyrs habité la ville et chez laquelle la vie sédentaire avait
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— 477 —
rendu le système nerveux prédominant. Quoi qu'il en soit, ce
sont deux beaux succès pour M. Montfort et vous souliaiterez
certainement comme moi qu'il nous en apporte une nouvelle
série avec autant de guérisons.
Non moins heureuse est la série des treize observations
chirurgicales que nous relatait M. Raingeard dans son travail,
intitulé : Quelques opérations à l'hospice générai Sur ces
treize observations, une seule s'est terminée par la mort ;
dans toutes les autres, l'opération a été suivie de guérison ou
d'amélioration notable. Quoique le service de chirurgie de
l'hospice Saint-Jacques donne rarement lieu à une interven-
^ tion opératoire importante, M. Raingeard n'en a pas moins
eu une assez grande variété d'affections ayant nécessité une
opération sanglante. Nous voyons en effet figurer dans son
mémoire un bec de lièvre, un anus contre nature, une
section traumatique du tendon d'Achille, des ostéo-périostites
tuberculeuses, des arthrites fongueuses, une hernie étranglée.
Mais les opérations sans contredit les plus importantes sont
une ovariotomie et des résections de la hanche. Ces dernières
y figurent au nombre de trois dont deux suivies de guérison.
Elles font d'autant plus honneur au chirurgien qui les a
tentées et exécutées avec succès, que l'hospice Saint-Jacques
est loin d'offrir, pour la chirurgie du moins, les conditions
que l'on est en droit de réclamer aujourd'hui pour d'aussi
graves opérations : je veux dire l'isolement des opérés, le
matériel et l'organisation des salles d'opération, en vue de
l'antisepsie moderne rigoureusement appliquée.
Je laisse la grande chirurgie. Messieurs, car l'ophthalmo-
logie me réclame à son tour. C'est, je ne vous l'apprends
pas, l'une des branches de la médecine le plus brillamment
représentées ici. Et même, par suite de la création prochaine
d'une chaire d'oculistique, Nantes aura désormais bien peu à
envier à cet égard à toute autre ville de province.
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Trois mémoires concernant i'oculistique nous ont été
présentés ^ celte année ; tous les trois sont dus à M-
Teillais.
Le premier est intitulé : Luxations spontanées du cris-
tallin, et repose sur cinq observations personnelles à l'auteur
dont- trois ont déjà été communiquées par lui au Congrès
ophthalmologique de Paris, en 1885. C'est une affection assez
rare dont M. Teillais, dans sa nombreuse clientèle, n'a ren-
contré que cinq cas en cinq années. Sans entrer dans l'ana-
lyse faite par lui de ces cinq observations, je ne saurais
omettre de vous signaler la 'nouvelle classification qu'il pro-
pose des luiLations du cristallin en se plaçant au point de
vue étiologique.
La spontanéité de la luxation est loin d'être toujours absolue,
comme M. Teillais le fait remarquer ; elle succède souvent à
des lésions antérieures du globe oculaire dûment constatées
qui permettent, pour ainsi dire, d'annoncer sûrement le
déplacement du cristallin à la première occasion favorable.
Un incident ainsi prévu mérite-t-il vraiment d'être déclaré
sponlané ? C'est là cependant ce qu'on nomme généralement
la luxation spontanée du cristallin. Elle mériterait mieux, dit
l'auteur, le nom de luxation secondaire et consécutive, en
réservant le nom de spontanées à celles qui se montrent
inopinément sans cause étrangère, sans maladie antérieure
connue. C'est dans cette classe que rentrent les cinq cas
rapportés par M. Teillais. La dernière classe serait formée
par les luxations traumatiques.
Le second mémoire apporté à notre tribune par M. Teillais,
traite de Vamhlyopie par intoxication paludéenne. Cette
affection lui a déjà fourni le sujet d'un travail que l'auteur
a communiqué au Congrès ophthalmologique de Paris celle
année même. Mais nous devons à M. Teillais la bonne
fortune d'avoir eu, les premiers, communication d'une obser-
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vation nouvelle recueillie h THÔtel-Dieu de Nantes qui,
outre Fintérôt qu'elle offre, a le mérite d'être accompagnée
d'une planche représentant les lésions du fond de l'œil cons-
tatées chez le malade qui en fait le sujet. Cette planche,
notez-le en passant, est la première connue dans la science
et publiée jusqu'à ce jour où soient reproduites les lésions
du fond de l'œil, dues à l'impaludisme, constatées pendant
la vie. Les planches relatives à ces lésions contenues dans
Tatlas de M. le D' Poncet sont la reproduction de recherches
microscopiques faites post mortem.
Quatre observations personnelles à M. Teillais font la base
de ce mémoire dans lequel il a étudié l'amblyopie d'origine
palustre dans sa fréquence, ses degrés depuis un simple
trouble fugace jusqu'à la cécité complète, sa durée non
moins variable, sa guérison ordinaire par les anlipériodiques.
11 nous a montré l'amblyopie existant également bien dans
la fièvre intermittente normale, dans les accès pernicieux et
les fièvres larvées à forme névralgique sans être pour cela
proportionnée à la gravité de l'intoxication et s'accompagnanl
parfois d'héméralopie. Ce n'est guère que dans les fièvres
pernicieuses et dans la cachexie paludéenne que l'on a
signalé avec l'amblyopie des lésions concomitantes du fond
de l'œil. Assez commune dans les pays chauds et en Algérie
où M. Poncet les a étudiées, ces lésions sont très rares en
France; c'est chez un malade revenant du Tonkin que
M. Teillais a pu les observer, c'est d'après cet examen qu'il
a dessiné la planche qui complète et termine cet intéressant
mémoire.
Dans la troisième communication que nous devons à
M. Teillais, il a voulu, dit-il, attirer l'atlenUon sur certaines
hémorrhagies oculaires fort rares dont le caractère propre
est de n'être liées à aucun état morbide de l'organisme et
d'avoir leur raison d'être uniquement dans la grossesse.
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Ces hémorrhagies rétiniennes déjà remarquables par la
soudaineté de leur apparition, le sont non moins encore par
leur bénignité qui contraste avec l'étendue de Tépanchement.
Peu à peu tout rentre dans l'état normal, malgré les craintes
que l'on pouvait avoir pour la nutrition des éléments rétiniens.
L'auteur croit ces hémorrhagies d'origine mécanique en
admettant cependant une disposition spéciale chez un petit
nombre de sujets. Dans deux des quatre observations con-
tenues dans ce mémoire, les hémorrhagies oculaires ont eu
le caractère d'hémorrhagies supplémentaires ; dans les deui
autres il semble difficile d'incriminer une cause quelconque
autre que l'état gravide, état éminemment favorable, comme
le fait justement remarquer M. Teillais en terminant, h la stase
sanguine encéphalique et aux processus hémorrhagiques.
Tels sont, Messieurs, les trois mémoires dus à M. Teillais.
Par leur haute valeur scientifique, ils sont, je n'ai pas besoin
de vous le dire, au rang des plus importants qui nous aient
été présentés cette année. J'en adresse tous nos remerciements
à l'auteur que mon rôle de secrétaire me force d'abandonner
pour vous parler du travail de M. Poisson.
Ce travail est intitulé: Voyage chirurgical en Allemagne
et porte comme sous-titre : ISoles et impressions. Ce n'est
point en effet une étude didactique et sèche sur la chirurgie
allemande, mais le récit très vivant de choses vues et appré-
ciées dans les cliniques qu'a fréquentées notre confrère :
physionomie et pratique de chirurgiens célèbres, mœurs et
coutumes d'étudiants, matériel et disposition des hôpitaux
les mieux installés d'Outre-Rhin.
Ici l'auteur adopte la forme anecdotique qui sied bien k
son esprit quelque peu satirique ; plus loin il discute quelque
grave question de chirurgie et toujours intéressant nous
promène dans une série de chapitres d'Heidelberg à Cottingen
et de Cottingen à Berlin.
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Sans qu'on puisse l'accuser d'engouement germanique, peu
enthousiaste même, semble-t-il, du génie allemand, l'auteur
rend cependant justice à ce peuple laborieux et sage, vanle
surtout son installation matérielle et envie le sort heureux
et tranquille qu'assure son gouvernement aux professeurs qui
veulent se consacrer k la science.
Les Allemands depuis quinze ans se sont imposé des
sacrifices considérables pour leur enseignement supérieur
et de tous côtés se sont élevés de somptueux laboratoires et
des cliniques modèles ; nous sommes à ce point de vue très
en retard sur nos voisins. Il n'y a heureusement là
qu'une question d'argent bien facile à résoudre. Nous ne
manquons certes point d'hommes éminents, mais pour
qu'ils puissent lutter h armes égales il faut savoir dépenser
à propos les quelques millions nécessaires aux modifications
urgentes.
Je ne puis chercher à analyser l'ouvrage de M. Poisson ;
il s'y soustrait par sa forme impressionniste ; je me fais un
devoir de vous signaler seulement en passant un chapitre
très étudié sur la clinique de Gottingen et la pratique du
professeur Konig dans les tuberculoses articulaires. Les
plans de cliniques qui sont intercalés dans le texte ajoutent
encore à l'importance de ce travaif oii rélégance du style
rivalise avec la finesse des observations. Ce compte rendu
forcément un peu bref ne vous en donne qu'un reflet assez
pâle ; aussi ne saurais-je mieux faire que de vous engager
à le lire vous-même, certain d'avance que vous y trouverez
le même plaisir que sa lecture nous a procuré et que vous
l'apprécierez comme nous l'avons apprécié.
L'anatomie pathologique touche de si près la chirurgie que
je ne me fais pas scrupule de passer sans autre transition du
travail de M. Poisson au mémoire que M. Âttimont nous a
présenté sous le titre de : Note sur une déviation du tronc
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brachio-céphalique et de la carotide primitive droite dans
Vadénopaihie trachéobronchique.
Dans ce travail, basé sur deux observations, dont Tune
suivie d'autopsie, Fauteur a surtout en vue les symptômes
cliniques auxquels donnait lieu la déviation de deux vaisseaux
artériels aussi importants par eux-mêmes que par leur siège
anatomique. Mon intention n'est point de vous donner ici
une analyse rigoureuse de ce mémoire dont la nature se
prêterait mal aux exigences de l'étude nécessairement fort
succincte que j'en dois faire devant vous : qu'il me soit
permis cependant de vous dire qu'on y trouve réunies la
clarté et la concision dans les descriptions anatomiques, la
finesse dans les observations cliniques et, dans les conclu-
sions, une scrupuleuse rigueur bien en rapport avec l'érudi-
tion profonde et sûre, qui est l'apanage de notre sympa-
thique collègue.
J'en ai fmi. Messieurs, avec les travaux ou mémoires dont
lecture nous a été donnée en séance par leurs auteurs ;
mais je dois vous citer encore quelques communications
verbales intéressantes, entre autres une de M. Ollivc sur les
accidents du travail et les indemnitées dues par les com-
pagnies d'assurance. De cette communication et de la
discussion qui l'a suivie, il est ressorti clairement pour
nous que la jurisprudence est loin d'être constante sur
ce sujet , puisque dans deux cas analogues la même com-
pagnie d'assurance a payé une première fois et refusé
une seconde l'indemnité qui lui était demandée par les
intéressés.
Nous devons à M. Guénel une autre communication
verbale que je ne saurais omettre de vous signaler. Il s'agit
d'accidents de gangrène d'un pied, observés par lui chez une
femme d'environ 60 ans. C'est surtout dans l'étiologie de
ces accidents que réside l'intérêt de celte observation ; la
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MÊKM
— 483 —
malade ayant été soumise pendant neuf jours consécutifs à
un traitement énergique par le seigle ergoté, qu'elle prenait
à la dose quotidienne de deux grammes, en vue de combattre
une congestion passive généralisée de l'appareil bronchique.
Il faut vous citer également la présentation que nous a
faite M. Gourraud d'un nouvel appareil d'inhalation exécuté
d'après ses indications et dont il a tiré, nous a-t-il dit, déjà
de très bons avantages ; d'une très grande simplicité, peu
dispendieux et très pratique , il permet d'employer des
vapeurs de natures diverses. Avec une légère modification,
en y adaptant une soufflerie de Richardson , le même
appareil peut servir à envoyer des vapeurs jusque dans les
sinus des fosses nasales et dans l'oreille moyenne.
Il est bien légitime de vous mentionner aussi certains
mémoires qui ont été offerts par leurs auteurs à notre
Section à laquelle ils appartiennent h titre de membres
correspondants.
En première ligne ce sont deux courtes notices dues au
D' Llénas du Cap-Haîlien ; la première est intitulée : Nou-
velles données pratiques sur la fièvre jaune ; la seconde
est l'exposé d'un nouveau procédé d'embryotomie que les
circonstances ont forcé l'auteur à imaginer et à mettre séance
tenante en pratique.
C'est en second lieu un travail de longue haleine qui nous
a été adressé par le D'^ Couëtoux de Blain, dans lequel
l'auteur expose minutieusement et dans lous ses détails sa
méthode thérapeutique contre la diphtérie spécialement
appropriée aux besoins de la campagne avec 16 obser-
valions à l'appui.
Ai-je besoin d'ajouter. Messieurs, que la lecture des
travaux dont je viens de vous faire l'analyse au cours de
ce rapport a toujours été suivie d'échange d'appréciations
diverses, de discussions animées que vous trouverez résumées
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aux comptes rendus de nos séances. Si, à l'exemple des
secrétaires mes prédécesseurs, je dois exprimer ici le désir
qu'un plus grand nombre de nos collègues y prennent une
part active, c'est que je crains, par des éloges prématurés,
de ralentir ou d'arrêter dans leur essor encore croissant
cette année le zèle nouveau et l'amour du travail qui se
sont manifestés en 1886 au sein de notre Section. Voyez donc
dans cette réflexionr moins un blâme, que le regret de n'avoir
pas eu plus d'opinions contradictoires à enregistrer au cours
de nos procès-verbaux.
En terminant, je vous rappellerai Tlionneur bien légitime
accordé k Tun des membres les plus éminents de noire
Section : j'ai nommé M. Heurtaux que l'Académie de Médecine
s'est attaché à titre de membre correspondant national.
J'ajouterai encore que si j'ai la satisfaclion de vous annoncer
que notre Section s'est augmentée cette année de deux
nouveaux membres, MM. les D'" Gouëtoux et Llénas, attachés
l'un et l'autre à voire Société à titre de membres correspon-
dantSï j'ai malheureusement à vous signaler le vide laissé
parmi nous par MM. Lapeyre et Le Houx. Ayant pu de
longue date apprécier comme nous les excellents confrères
dont la mort nous a privés, vous vous êtes tous joints à nous
pour leur payer le juste tribut d'unanimes regrets que nous
devions à leur mémoire.
Je suis au terme de ma tâche, Messieurs, à vous main-
tenant de juger si, par le nombre et l'importance de ses
travaux, notre Section n'a pas su se montrer digne des
encouragements que lui donnaient im début de celte année
votre Comité central et l'Ecole de Médecine de Nantes sur
la généreuse initiative de son éminent Directeur.
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RAPPORT
SUR LES
TRAVAUX DE LA SECTION DES LETTRES
SCIENCES ET ARTS
PENDANT L'ANNÉE 1885-1886
Par m. ROQUIîS, secrétaire.
Messieurs,
J'ai l'honneur de vous présenter un rapport sommaire sur
les travaux de la Section des lettres, sciences et arts, depuis
le mois de novembre 1885, c'est-à-dire depuis la constitution
du bureau dans lequel vous m'avez fait l'honneur de m'assi-
gner le rôle de secrétaire.
La Section a tenu régulièrement ses séances mensuelles,
sauf pendant le dernier trimestre. La campagne, les bains
de mer» les voyages, enfin toutes les séductions des vacances
ont dispersé notre petit groupe. Il ne saurait en être autre-
ment; mais pendant le reste de l'année, nous devons bien
nous Tavouer» les abstentions sont nombreuses. Il est à
regretter que les occupations extérieures de nos confrères
les empêchent trop souvent de prendre part aux travaux de
la Section. Une assistance moins clair-semée donnerait,
sans contredit^ à nos séances plus d'animation et d'agrément.
ai
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— 486-^
Or, il est rare que nos procès-verbaux constatenl la pn^uce
de plus de 8 ou 10 membres sur 24 inscrils au tableau.
Aussi, qu'arrivc-i-il ? C'est que les lectures soot encore
plus rares que les membres présents. Nous pouvons, H est
vrai, présenter à nos confrères des autres sections des études
littéraires et historiques, dont plusieurs sont fort considé-
rables et témoignent du zèle et du talent de leurs auteurs^;
mais les mémoires scientifiques, et surtout les travaux sur
les beaux-arts, ne justifient guère par leur nombre le titre
que la Section s'honore de porter.
Si votre Secrétaire se permet d'exprimer de tels regrets,
c'est dans l'espoir que son successeur aura ^ vous signaler,
l'année prochaine, une véritable renaissance que vous salue-
rez, j'en suis sûr, avec joie.
Cependant, pour effacer sans retard l'impression d'un
début peut-être trop pessimiste, je vais rappeler à votre
attention les lectures que nous avons entendues cette année.
Notre honorable président, M. le pasteur Fargues, noo
content de diriger nos travaux avec autorité^ a payé sa
quote-part avec une libéralité louable. Le savant ouvrage de
M. Lallemand, sur la protection de l'enfance abandonnée, a
a été de sa part l'objet d'une analyse étendue qui nous a
captivés pendant plusieurs séances. L'état de cette question
capitale a été étudié par l'auteur chez les peuples de l'anli-
quité, puis au moyen-àge et dans les temps modernes. 11
s'arrête, avec une prédilection marquée et toute natui-elle,
sur les efforts tentés en France pour arracher ces petits
êtres si intéressants à la misère et à la mort, depuis saint
Vincent-de-Paul, dont l'ardente charité opéra des miracles
encore visibles, jusqu'aux demiei's projets pendants devant
nos assemblées législatives. Ces projets sont défectueux et
insuffisants, au dire de l'auteur, qui estime que la solution
lu problème est encore à trouver. Je me permettrai d'sgouter
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qu'il en est de celte quesUon comme de tous les autres maux
dont l'existence est inséparable de celle de la société. Les
efforts delà loi, joints à ceux de la charité publique, peuvent
et doivent les atténuer dans une large mesure ; mais il est
douteux que Ton découvre jamais la panacée bienfaisante qui
les supprimerait radicalement.
L'ouvrage de M. Lallemand est d'ailleurs un répertoire
inépuisable de faits instructifs, et c'est là que devront
s'adresser tous ceux qui voudront travailler au développement
des institutions de prévoyance et de protection en faveur des
enfants abandonnés. Du moins, notre France peut s'enor-
gueillir d'avoir fait, jusqu'à ce jour, plus que toute autre *
nation pour ces infortunés auxquels, selon la touchante
expression du poète latin, leurs parents n'ont jamais souri,
cui non risere parentes !
Le livre de M. Lallemand a été couronné par l'Académie
des sciences morales et politiques ; et nous devons tous nos
remerciements à M. Fargues qui nous en a donné cette
consciencieuse analyse.
Une autre lecture de M. Fargues nous retrace un vivant
portrait de M. Guizot considéré tour à tour comme historien,
philosophe et homme d'État. Celte austère figure se détache
en plein relief. Le récit de la mort chrétienne qui couronna
cette noble vie, emprunte aux documents originaux, que
M. Fargues a pu consulter, une valeur toute particulière.
M. Fargues nous a donné aussi la traduction d'une bro-
chure anglaise sur Pascal. Il ne parait pas que l'auteur
apporte rien de nouveau sur la carrière si courte et si dou-
loureuse et sur le génie « effrayant » de l'illustre janséniste.
Mais il les apprécie dignement, après tant de juges autorisés,
parce qu'il est animé dans cette élude d'une vive sympathie
pour ce grand homme. D'ailleurs, il est impossible de ne pas
éprouver ce sentiment pour Pascal, même lorsqu'en admi--
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— 488-^
ranl le moraliste cl récrivain, on fail des réserves sur
quelques-unes de ses Ihéories el de ses doclrines.
Enfin, 31. Fargues, s'inspiranl encore d'un ouvrage anglais
réceramenl publié, raconte brièvement la vie de Roger Bacon
el met en lumière le caractère et le prodigieux savoir de ce
moine Tranciscain du XIII® siècle, si supérieur à ses contem-
porains par la largeur el la nouveauté de ses vues. M. Fargues
analyse le grand ouvrage qui a surtout contribué à la répu-
tation du moine anglais, YOpus majus; el il montre que
Roger Bacon a inauguré et fortement recommandé la méthode
expérimentale que son homonyme du XVII« siècle devait
appliquer d'une manière si heureuse et si féconde. Par ses
découvertes, par les inventions qu'il a préparées ou pressen-
ties, par l'indépendance de son esprit, par la loyauté de son
caractère, par la constance avec laquelle il a enduré les
persécutions, Roger Bacon mérite d'échapper à l'oubli el
d'étrè considéré comme un des bienfaiteui's de Thumanité.
M. J. Merland, mû par un sentiment de piété filiale, et
voulant nous donner, suivant l'expression de M. Manchon,
notre digne secrétaire adjoint, un témoignage posthume des
liens qui unissaient la Société à M. Constant Merland, nous
a communiqué une vaste collection de documents recueillis
par le savant auteur des Biographies vendéennes^ sur
l'histoire du district de Ghallans pendant la Révolution. Ces
pièces, parleur nombre et l'abondance des détails, échappent
à l'analyse. M. C. Merland en eût sans doute tiré une étude
historique précieuse pour le patriotisme local. Souhaitons
que M. J. Merland ait le temps et la volonté de reprendre
celle œuvre interrompue.
N'oublions pas que le même M. Merland nous a donné
lecture de plusieurs lettres du célèbre peintre vendéen Paul
Baudry, el que ces lettres révèlent, chez ce grand artiste, un
'écrivain et un homme de cœiu*.
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J
— 489-
Le Secrétaire de la Section a été chargé d'examiner ]?.
livre de M. le conseiller Saulnier sur le poète rennais
Ed. Turquely. La réunion a paru goûter le mérite d'un
ouvrage qui respire les sentiments les plus délicats et les
plus honorables, et qui répand une lumière nouvelle sur
certains points intéressants de l'histoire littéraire du XIX«
siècle et, en particulier, sur la période du romantisme.
J'aurais dû donner le pas à la poésie sur la prose. Répa-
rons bien vite cette faute de goût en rappelant les agréables
impressions que nous a laissées la lecture de quelques vers
intimes et charmants de M. Orieux et de pièces prises dans
le dernier recueil de M. J. Rousse. Nous avons tous lu les
chants d'un Celle. Citons au hasard les jolis vers sur Rob.
Burns, le poète-laboureur écossais du XVIIl** siècle ; Dom
Lobineau ; la cathédrale de Nantes, etc. Le recueil en ren-
ferme beaucoup d'autres qui les valent ; mais c'est après avoir
entendu ceux-ci que nous avons voulu lire les autres.
Enfin, M. Léon Maître nous a rendu compte oralement
d'un opuscule relatif k l'histoire d'une petite commune de
Seine-et-Marne. Tout en louant^ le zèle de l'auteur, M. Léon
Maître a pensé que le cadre était un peu large pour un si
petit tableau. Heureux, dit-on, les peuples qui n'ont pas
d'histoire ! La Chapelle-Bourbon peut jouir de ce bonheur,
malgré son historien.
Je trouve encore dans nos procès-verbaux la mention
d'une note de notre excellent confrère M. Poirier sur la
découverte de fragments de chars gaulois en Bourgogne.
M. Poirier en a tiré des inductions curieuses sur l'état de
l'industrie métallurgique en Gaule à une époque fort reculée.
Voilà, Messieurs, ce qui nous a occupés pendant les
quelques heures que nous avons passées ensemble. Vous
jugerez, sans doute, que nous n'avons pas tout k fait perdu
notre temps.
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Google à
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En terminant ce court exposé de vos travaux, je ne répon-
drais pas il vos sentiments, si je ne rappelais la perte dou-
loureuse que notre Section a éprouvée, cette année, en la
personne de M. Doucin, inspecteur d^académie honoraire,
chevalier de la Légion d'honneur. M. Doucin était un des
membres les plus assidus de nos réunions, oii chacun a pa
apprécier, en même temps que la justesse et l'agrément de
son esprit, Taniénilé de son caractère. Il nous est doux de
rendre ici un dernier hommage à la mémoire d'un confrère
dont la disparition a laissé un grand vide parmi nous.
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RAPPORT
SrR LES
TRAVAUX -^DE LA SECTION DES SCIENCES
PENDANT L'ANNÉE 1885-1886
Par m. Lodis BUREAU, sécrétai
Messieurs,
Pendant Tannée qui vient de s'écouler,
Sciences naturelles a tenu régulièrement s
l'assiduité de ses membres a permis au plus
d'entre eux de faire quelques intéressantes
sur l'histoire naturelle de notre région.
Nous avons eu ainsi la satisfaction d'enre
nombre de faits nouveaux sur la botanique
la minéralogie de notre département, ainsi
communications sur l'histoire naturelle de d
M. le D*^ Viaud- Grand-Marais a eutreten
de certaines propriétés d'une loganiacée» le S
torum ou graine \\ frotter.
Cette plante a la singulière propriété de c
bourbeuses. En un quart d'heure, l'eau la p
clarifiée. Cette substance parait agir à la ma
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ur guib vivant bur jub uiieucb u uiiu avcuue.
M. Delamare a rappelé, à ce sujet, qu'un bel éclidDlillon
de gui de chêne, avec son support naturel, trouvé par lui
et notre regretté confrère Thomas, est déposé dans les
vilrines de la Section des sciences naturelles.
M. Viaud-Grand-Marais nous a présenté une magnifique
collection des Lichens de l'île de Miquelon, préparés par
son zélé correspondant M. le D' E. Delamare, médeciu
colonial à Miquelon.
11 nous a aussi donné lecture d'une liste des plantes de
cette île, dressée par M. E. Delamare, membre correspondant
de notre Société. La flore de Miquelon comprend un cerlain
nombre de planles des régions alpestres de la France el de
nos grands marais, ceux de TErdre en particulier.
M* Delamare nous a communiqué plusieurs notes mycolo-
giques intéressantes.
Notre vénérable maître a recueilli, le H avril 187-2, dans
sa propriété située route de Clisson, entre la 4* et la 5«
borne kilométrique, cinq échangions de Morille, Morchella
esnilenta. U nous a rappelé qu'il avait trouvé autrefois celle
même espèce, avec ,son ancien ami Pradal, aux environs du
bourg de Saint-Sébastien, sur les revers de fossés sablonneux,
et plusieurs fois, au bord des sentiers des prairies sablon-
neuses, entre Trentemoult et les Gouëts.
M. Delamare nous fait aussi, sur la découverte d'un rare
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champignon, le Verpa digitaliformis, Tintéressante com-
munication qne nous reproduisons ici :
« M. le D' HcckeU autrefois professeur suppléant à notre
» Ecole de Médecine, et aujourd'hui professeur k la Faculté
» des Sciences de Marseille, a récolté un rare champignon,
» le Verpa digitaliformù, dans une herborisation, à la
» Sainte-Baume, département du Var. Celte espèce est
» considérée, à bon droit," comme spécialement méri-
n dionale.
» Exceptionnellement on a observé ce champignon en
» Angleterre.
» En France, le D' Quelet Ta indiqué, au printemps, dans
j» les prés moussus des montagnes du Jura.
» M. Rouméguère a reproduit une lettre du D' Heckel
» lui annonçant que M. Planchon, directeur de l'Ecole
supérieure de pharmacie de Montpellier, avait trouvé, il
« y a trois ans, dans la même localité de la Sainte-Baume,
» le Verpa digitaliformis. Mais il ne publia pas sa récolte,
» croyant le fait connu et peu intéressant.
» Je me trouve, dit M. Delamare, dans le même cas que
» M. Planchon.
t Au mois d'avril 1857, dans une excursion botanique
» faite en compagnie de Pradal, je recueillis, sur le revers
» d'un fossé, entre Basse-Goulaine et Saint-Sébastien, non
» loin de la localité qui nous avait fourni quelques Morilles,
» un très bel échantillon de Verpa digitaliformis- Je
» préparai, avec beaucoup de soin, ce curieux sujet, sans
» me douter de sa rareté. Quelque temps après, voyant
» le désir qu'éprouvait mon vieil ami de posséder ce sujet,
» et pensant que je ne manquerais pas d'en trouver tôt
» ou tard d'autres exemplaires, je me fis un plaisir de le
0 lui offrir.
» L'année suivante, j'eus la satisfaction de voir ma
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» trouvaille menliomée dans le catalogue des plantes crypto-
» ganies recueillies dans le département de la Loire-Inférieure,
i> publié par Pradal en 1858.
» Ce curieux cryptogame a, par sa rareté, mérité rhonneur
» delà mention dans plusieurs publications sérieuses. Les
» auteurs modernes paraissent avoir mis un soin tout parti-
» culier à signaler les localités dans lesquelles ce champipoB
» a paru.
» Si Cooke, Plowrigbt, l'ont signalé en Angleterre, suivant
» d'autres, il semblerait affectionner de préférence certaines
» localités méridionales. »
Peu de temps après cette communication, M. Delaraare
nous annonçait qu'il avait trouvé mention du Verpa digila-
liformis dans la flore des environs de Paris, par Chevalier.
L'auteur cite cette espèce comme ayant été rencontrée au
bois de Boulogne.
Récemment enfin, M. Bernard a publié dans les Bulletin$
de la Société des sciences naturelles de la Rochelle m
catalogue des champignons des environs de cette ville. Il
y est fait mention de deux spécimens de Verpa digilali-
for mis, développés successivement dans le jardin du Mail
à la Rochelle.
M. Delamare signale encore près de sa propriété du Lion-
d'Or, roule de Clisson, un champignon qui vit sur le poirier
et qui paraît être un Œcidium. Ce champignon est de forme
allongée et de couleur jaune. Il fait beaucoup de mal aux
poiriers sur lesquels il se développe.
On sait que les Œcidium sont des champignons à géné-
rations alternantes. Selon M. Ménier, l'espèce en question
provient probablement du Juniperns macrocarpa qui croît
dans le jardin de M. Delamare, aux environs des poiriers
atteints par le champignon.
Enfin, pendant le cours de l'année, M. Delamare a continué
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à captiver raltenlion de ses collègues par la lecture de ses
intéressantes notes bibliographiques sur les plus récentes
publications d'histoire naturelle.
De son côté, M. Gadeceau, dont les découvertes enrichis-
sent chaque année notre flore locale, a décrit sous le nom
d'Orchis alatoïdes, un hybride découvert à Bourgneuf-en-
Retz (Loire-Inférieure), par M. Lajunchère. 11 a accompagné
cette description de la production d'un pied de cette plante
préparé pour l'herbier, de plusieurs fleurs conservées dans
l'alcool, et d'une aquarelle due à M. Camus, orchidologue
parisien bien connu.
11 résulte des recherches de notre collègue, corroborées par
celles de ses correspondants parisiens, que cette plante, dont
on n'a trouvé jusqu'ici qu'un seul pied, est absolument
inédite.
Pendant le cours de l'année, j'ai eu l'occasion de faire à
la Section des sciences naturelles plusieurs communications
zoologiques.
Sipalons d'abord la capture d'un cétacé assez rare sur
nos ^ôles, le Dauphin Tursiops, faite à bord du yacht J^
vapeur YHébé, appartenant J^ M. Rogatien Lévesque. Ce
spécimen fut tué le 18 juin 1884, dans le passage des Sœurs,
près Malwan ou île aux Chevaux, dans une bande de cinq
ou six individus de la même espèce. 11 pesait 242 kilogram-
mes et mesurait : longueur, 2°»,75 ; circonférence, 1«»,70.
L'estomac contenait une Vieille de 0"»,45 de longueur.
Le Tursiops semble rechercher le voisinage des récifs. Je
l'avais vu une fois déjà près de Malwan, et M. R. Lévesque
l'avait rencontré également une fois sur la grande côte de
BeUe-Ue.
J'ai eu la salisfaction de signaler aussi la capture de
plusieurs oiseaux rares pour notre région.
Deux Casse-Noix, Nucifraga caryocatactes ont été capturés
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^ 496 -
à la fin de Tannée 1885, dans le département de la Loire-
Inférieure. Le premier a été tué dans les environs de Nozay>
vers le 20 octobre, le second dans les bois de la Meilleraye,
commune de Riaillé, le ^28 du même mois.
L'apparition du Casse-Noix, en dehors des régions niODta-
gneuses de la France, est un fait rare. Ces deux captures
portent h cinq seulement le nombre des spécimens lues en
Bretagne et en Vendée.
Une belle variété albine du Pic cendré, Picus canus, a été
tuée en novembre 1885, par M. Loysel, aux environs de
Rennes. Le sujet dont il s'agit est un mâle, comme Fatlesle
la calotte rouge qu'il porte sur le sommet de la tête. Le
plumage est entièrement d'un blanc jaunâtre ; quelques
rémiges seulement ayant conservé leur coloration normale.
Une pelite moustache noire existe de chaque côté de la
mandibule inférieure. Celte variété albine est la seconde
seulement qui ait été signalée en France (voyez Ornithologie
européenne, de Degland et Gerbe) ; aussi, souhaitons-nous
vivement qu'elle vienne un jour enrichir les colleclions
régionales du Muséum de Nantes.
Une Grue cendrée, Grus cinereaj adulte tuée à Sainl-
Hilaire-de-Riez (Vendée), le 18 octobre 1885, a été offerte
au Muséum, par M. Ch. Ménier.
Le Musée s'est enrichi aussi d'une Cigogne blanche, Ciconia
alba, tuée aux environs de Luçon, vers le 15 mai 1886 ; à
la même époque, deux autres sujets furent tués dans les
environs de Machecoul. Les passages de la Cigogne blanche
ne se font, dans nos départemenls de l'Ouest, qu'à de longs
intervalles, et, presque toujours, à l'époque ou cette espèce
est occupée des soins de la reproduction. Les cigognes qui
nous visitent ne se reproduisent pas et prennent ainsi des
habitudes erratiques qui les font s'égarer de temps à autre
dans notre région.
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-497 —
Une Bernache nonnelle, Bernicla leucopsis, achetée sur
le marché de Nantes, le 12 décembre 1885, figure actuelle-
ment dans la collection régionale du Muséum. Ce spécimen
est le second qui ait été tué dans notre région.
Je citerai aussi la capture d'une belle variété Isabelle de
la Sarcelle d'hiver, Anas crecca, faite également dans notre
département (coll. du Muséum).
Enfin, j'ai eu la satisfaction de présenter à mes collègues
un œuf du Gypaète barbu, de ma collection, enlevé de l'aire
le 12 ou le 18 avril 1872, dans le vallon de Seillac (Hautes-
Alpes). Le Gypaète barbu est le plus grand rapace de
l'Europe ; sa taille dépasse celle du Vautour fauve et du
Vautour arrian. Il se reproduit en petit nombre sur les
montagnes escarpées de l'Espagne et dans la chaîne centrale
des Alpes. La capture que nous signalons ici paraît être la
seule qui ait été faite en France.
J'ai eu l'occasion de signaler aussi h la Société académique
plusieurs poissons rares péchés sur nos côtes. Je citerai
seulement :
Un Copros aper, connu aussi sous le nom de sanglier,
pelit poisson d'un rouge écarlate péché au Croisic par
M. Chevreux et dont on ne signale sur les côl^s de France
qjie trois autres captures ;
Deux Orthagoriscus oblongus, espèce de lune de mer
beaucoup plus rare que YOrthagoriscus mola, recueillis au
Croisic par MM. Chevreux et Nicolon.
Enfin j'ai présenté h nos collègues un Dolium galea offert
au Muséum par M. Ed. Chevreux. Ce spécimen, dragué dans
la rade d'Alger par 60 ou 80 mètres, est de taille gigantesque
et paraît être le plus grand connu. 11 a 0 m. 55 c. de circon-
férence et la bouche mesure, dans son grand diamètre,
0 m. 22 c.
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^ 498 —
M- Barct a fait plusieurs communications sur la minéra-
logie du département.
Excursion miner alogique sur la côte de Sainl-Nazaire.
o Jusqu'à ce jour, la commune de Saint-Nazaire semblait
0 présenter peu d'intérêt sous le rapport de la minéralogie ;
» les quelques espèces queDubuisson nous a transmises sont
» représentées par l'amphibole du N.-O. de Sainl-Nazaire,
» le fer oxydulé amorphe des champs de la Ville-ès-Marlin,
I) le quartz carié avec fer oxydé épigine du N. de Saint-
» Nazaire et le quartz aventuriné de la route de Saînt-
»» Sébastien.
» H y a quelques années, M. l'abbé Dominique signalait la
» fibrolilhe dans lea gneiss de la côte près la Ville-ès-Marlin,
»j ainsi que dans les mêmes roches du bassin de Penhouët.
» A la suite de quelques excursions faites à Saint-Nazaire,
i> j'ai rapporté quelques bonnes espèces que je suis heureux
» de signaler à votre attention.
I) En quittant Saint-Nazaire et lorsque l'on suit lîi roule
» qui conduit à Saint-André-des-Eaux, l'on rencontre, à
» environ 5 kil., un endroit appelé Point-du-Jour ; vis-à-
» vis, et regardant vers le sud, se trouve un autre chemin
» conduisant à la chapelle de l'Immaculée-Gonception ; c'est
» dans l'angle formé par ces deux routes, et en se rappus-
» chant des quelques maisons qui forment le Point-du-Jour
0 que se trouvent plusieurs carrières exploitées pour l'enlre-
» tien des routes. Ces carrières sont, en grande partie, coni-
« posées d'amphibole et de feldspath, le plus souvent k l'état
» compact et formant alors des diorites.
» Les minéraux que j'y ai rencontrés sont les suivants :
« Hornblende, vert olive, en cristaux bien déterminés (très
« rare dans le département) ;
» Hornblende lamellaire de même couleur ;
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— 499 —
» Hornblende en petits grains verls transparents associés à
» des grains de feldspath ;
n Grenat jaune cristallisé (grossulaire) sur diorite ;
» Epidote verte en beaux cristaux bacillaires brisés sur
B feldspath ;
0 Pyrrothine massive sur diorite ;
» Calcaire gris spathique strié sur la même roche.
» Tels sont les minéraux que j'ai rencontrés dans cette
» carrière.
» Les bords de la mer paraissent aussi présenter un grand
» intérêt, au point de vue minéralogique.
» Près de la tour du Commerce et dans les gneiss qui
» composent les rochers de la côte, l'on y trouve le grenat
« alnaandine) en grande abondance ; il est plus ou moins
n gros, et presque toujours dans un état de décomposition
0 plus OU moins avancée. Sa couleur, dans son état de
• pureté, est rouge vermeil.
» On rencontre également, dans la môme roche, de la
• pyrite cristallisée en voie de décomposition ; de la tour-
» maline aciculaire de couleur brun noirâtre pénétrant les
» quartz de filon ou formant de petites masses rayonnantes
« au milieu de ces mêmes filons ; de la biotite en cristaux
0 rhomboédriques imparfaits.
0 J'ai aussi trouvé, dans le même gisement, deux silicates
0 d'alumine hydratée fort intéressants : l'un est un silicate
» que je n'ai pas encore déterminé, l'autre est de l'alunogène
* minéral qui, jusqu'à présent, n'a encore été signalé qu'au
# Vésuve et aux Etats-Unis.
Caractères de l'alunogène de la côte de Saint-Nazaire.
» L'alunogène de la côte de Saint-Nazaire se présente
«» sous la forme de concrétions incolores, blanches ou jau-
» nâtres, translucides, demi-transparentes ou opaques. Ces
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^ 500 —
» concrétions forment souvent de petites houppes soyeuses
n formées de filaments courts d'une ténuité extrême ; elles
» sont très solubles dans l'eau et l'acide chlorhydrique. La
» couleur des échantillons jaunâtres est due à l'oxyde fer-
» reux. Au chalumeau, les variétés incolores ou blanches
« jettent un vif éclat, fondent, se boursoufQcnt, augmentent
» considérablement de volume, puis se changent en une
» masse blanche, friable, complètement infusible. Au moment
» oii la masse augmente de volume, si on la retire du feu
» pour la soumettre encore chaude à l'action du nilrate de
» cobalt, elle prend alors une couleur rose tendre. Si on la
0 soumet de nouveau avec attention €i l'action du chalumeau,
D la masse prend une couleur bleue dans la partie la plus
» proche de la flamme, tandis que, du côté opposé, la cou-
)) leur rose devient plus intense. Dans les variétés jaunes, le
» minéral se boursouffle moins, passe à la couleur rouge, puis
» au noir. Avec le borax et l'azotate de cobalt les variétés
» incolores et blanches prennent une belle couleur bleue ;
» les variétés jaunes donnent une perle verte à chaud qui
t devient bleue par le refroidissement ; avec le carbonate de
)> soude, sur le charbon, tous les échantillons donnent un
» hépar ; avec le chlorure de baryum, ils donnent un préci-
» pité blanc assez abondant ; avec le nilrate d'argent, un
» léger précipité blanc dû, sans aucun doute, aux chlorures
» des eaux de la mer qui baigne à chaque instant ces roches.
»> L'alunogène de Saint-Nazaire se rencontre à la surface
» des rochers, formant des concrétions blanches ou jaunâtres
n qui recouvrent parfois des surfaces assez considérables. Le
A gisement est cependant limité. »
M. Baret signale aussi la présence, sur la côte de Saint-
Nazaire, à l'est de la batterie de la Ville-ès-Martin, de plusieurs
filons stratifiés de calcaire cristallin blanc micacé, connu sous
le nom de cipolin. Ce calcaire est analogue à celui delà Paque*-
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lais, près Saint-Malo-de-Guersac, signalé il y a longtemps
déjà par notre compatriote M. Lory, doyen de la Faculté des
Sciences de Grenoble.
Il nous présente aussi une argile rose découverte par le
curé de Landévant et qui lui fut remise par M. Gadeceau.
Cette argile provient du coteau de Demi ville, en Landévant
(Morbihan). Elle est analogue à celle du Rocher-d'Enfer
offerte au Muséum par M. Perdriel, entrepreneur à Nantes,
et communiquée par nous k M» Baret.
M. Baret signale les minéraux qu'il a recueillis dans la car-
rière de Miséri, à Nanles. Avec barytine, galène, blende,
gypse déjà signalés, notre confrère a trouvé des cristaux de
fluorine et de mispikel avec molybdénite ; cette dernière est
rare pour notre département. Il nous a présenté aussi une
belle émeraude de 0 m. 15 c. de long enchâssée dans une
pegmatite provenant de la même carrière.
M. Lory, concierge du Muséum, a également trouvé à
Miséri de beaux échantillons de philipsite dans un filon de
pegmatite avec émeraude, que j'ai pu présenter k nos
collègues.
Telles sont, Messieurs, les principales communications que
la Section des Sciences naturelles a eu à enregistrer cette
année.
32
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L'IMAGINATION
DISCOURS
PRONONCÉ
NS LA SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1886
PAR M. E. ORIEUX
Président de la Société Académique de la Loire-Inférieure.
Messieurs,
n m'élevant à la présidence de la Société Académique,
Q ra'enlourant, dans mes fonctions nouvelles, de cette
Veillance souriante qui voile ou aplanit les difficultés
a lâche, vous avez voulu honorer une existence toute
sacrée au labeur , et montrer que vous vous plaisez
ivre les heureuses traditions de nos devanciers,
î n'oublierai ni vos suffrages ni votre courtoisie ; et ma
itude vous est entièrement acquise. Cependant, arrivé
erme de mon mandat, en présence du sujet que ma
aion m'oblige à traiter devant une assemblée où se
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— 503-
trouve réunie l'élite de la cité ; au souvenir de ces belles
éludes, pleines d'élévation, lues ici même, par mes savants
prédécesseurs, je me sens enval^ir par la crainte de ne pas
réaliser tout Tespoir que vous avez mis en moi.
Encore sous l'impression de cette bienveillance éclairée
à qui rien ne résiste ; convaincu qu'elle est un des éléments
indispensables de l'art d'être heureux, et que le bonheur est
un des buts les plus élevés de l'existence, j'ai cru que
j'allais céder au désir de vous entretenir de cette qualité,
qui est faite pour captiver le cœur des hommes. Mais le
sujet m'est apparu avec des nuances si délicates ; il m'a
semblé exiger tant de tact et d'affabilité ; je l'ai trouvé enfin
d'un accès si difficile, que je lui ai préféré l'Imagination.
Non pas que ce vaste et riant sujet n'ait lui aussi ses
nuances, ses délicatesses, sa grandeur; mais les esprits
généreux ne sont pas sans faiblesses pour celle qu'on appelle
la Folle du Logis, et pourvu qu'elle respecte leur foi, ils
sont généralement disposés à l'indulgence pour ses écarts.
Vous savez que l'Imagination se forme, se développe,
s'enrichit par les sens ; que chacun de nos sens a son
existence particulière, ses passions distinctes, sa manière
différente d'affecter l'intelligence, et que leur action s'étend
sur tout ce que la Providence a mis à leur portée.
Si nous pouvions les occuper sans cesse, l'esprit ne perce-
vrait que des objets réels ; mais lorsqu'ils ne sont plus
impressionnés par les choses extérieures, l'esprit se concen-
trant en lui-même, peut s'occuper en paix de ce qu'ils lui
ont transmis, et faire un travail de fantaisie au moyen des
images qu'il en a reçues. C'est ici que commence le rôle de
^Imagination.
L'Imagination, dans toute-sa simplicité, c'est l'image des
objets absents, c'est le souvenir : le souvenir qui nous fait
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-804-
revoir les choses dont nos sens ont été affectés, qui retrace
à Tespril des sensations que déjà nous avons éprouvées.
En se développant, Tlmagination parvient à grouper ce
qui était distinct, à séparer ce qui était lié : elle forme de
nouveaux objets, un ordre nouveau, des unités nouvelles.
Mais en se transformant ainsi elle ne cesse pas d'emprunter
ses richesses à la création.
En grandissant encore, elle se transporte en des mondes
divers ; elle établit des rapports entre les objets les plus
opposés, les plus éloignés ; elle trouve des relations entre
le présent et le passé, et elle y voit des présages pour
l'avenir ; elle découvre des accords çntre l'être et la plante,
entre Tâme et les sens, entre la terre et le ciel ! Elle puise
d'ingénieuses allégories dans les traits les plus touchants de
la vie, aussi bien que dans les faits les plus élevés de
l'histoire. L'enchanteresse a des fleurs, des parfums, des
voluptés, des merveilles, pour toutes les âmes qui sont dignes
de ses caresses !
Pareille à la nature, qui renferme des trésors inépuisables
et dont la puissance est infinie, l'Imagination a aussi des
ressources inépuisables et elle seule peut concevoir l'infini.
Si nos sens bornés tentaient de lui prouver que l'Univers a
des limites, elle répondrait :
Bien loin de la terre, le soleil gravite dans le ciel;
au-delà du soleil, il y a la voie lactée, son univers ; au-delà
encore, sont d'autres univers séparés par des espaces qui
effraient les calculs des hommes. Quant aux boraes célestes
que vous prétendez m'imposer, oii sont-elles ? Les voilà 1
M'y voici ; je les touche. Mais au-delà de vos limites, je
vois encore des mondes ; plus loin, des mondes encore ;
partout et toujours je vois des mondes !
N'est-ce pas aussi l'Imagination qui commence par nous
faire entrevoir que l'ordre admirable de cette nature infinie
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— Îf05 —
ne peut avoir pour cause la nialiëre ni le hasard ; mais bien
uue suprême Intelligence qui échappe à Fintelligence humaine?
N'est-ce pas encore l'Imagination qui, sous ce fragile
vêtement dont le temps dispose à son gré, pressent l'existence
d'une âme invisible, comme l'odorat reconnaît la présence
d'un daphné caché dans le massif du jardin ? Et en suivant
les transformations successives de cette poussière humaine
roulée par les vagues, mélangée à l'argile, balayée par
l'aquilon, l'Imagination ne nous dit-elle pas que le corps
mortel ne saurait être le principe de la volonté ni de
l'intelligence ?
Mais je me hâte de m'éloigner de ces hautes et mysté-
rieuses régions , que je n'ai ni l'intention ni le pouvoir
d'aborder. Plus modeste est le champ que j'ai choisi et
que je me propose d'explorer en ce moment.
Dans la première phase de l'Imagination, dans sa phase
la plus simple, nous pouvons faire, sans peine, la part de
l'image et celle de la réalité ; nous pouvons suivre le travail
intérieur de la pensée et le distinguer de l'action des sens :
nous voyons les fleurs qui sont près de nous et nous pensons
aux fruits qui mûrissent dçins le verger, sans confondre l'objet
présent avec la chose absente.
Plus les sens sont éveillés, plus l'image est vague ; mais
aussi elle croît à mesure que faiblit leur action, et elle grandit
jusqu'à imposer à l'esprit une image extérieure invisible,
laquelle peut acquérir assez d'intensité pour nous faire croire
à la réalité de ce qui n'est qu'une illusion.
Dans le sommeil, les sens ne sont pas fermés ; le moindre
bruit, le moindre toucher peut leur rendre l'activité, mais ils
ne perçoivent plus les faits du dehors. Vienne le rêve,
l'Imagination prend la place de la raison et les images se
succèdent avec une vitesse prodigieuse ; la pensée n'est pas
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— 506 —
plus rapide : les lieux changent, les idées se remplaceot, les
faits se suivent : une seconde a tenu la place d'une année.
Lorsque le rêve est accompagné d'une action, les sens
paraissent obéir à une puissance intérieure et recevoir la vie
de Timage qui est en nous. Tout à Tlieure, dans la veille,
les sens étaient les mattres de Timage et pouvaient la conduire
à leur gré ; ils en sont maintenant les esclaves ;. maintenant
rimagination les dirige en soumettant à ses lois le mouve^
ment même. Rien ne vient troubler, déranger l'efiFort de la
volonté intérieure ; celle-ci ne juge pas, elle ne réfléchit pas;
elle n'a qu'un but, qu'un objet : elle nous entraîne sans voir
le péril ; elle nous fait marcher sans connaître le danger.
C'est ainsi que le somnambule est conduit le long d'un abime
sans rien perdre de l'assurance qu'il a dans la veille,
lorsqu'il se croit en parfaite sécurité.
L'Imagination commande h un sens unique, dans le
somnambulisme naturel ; dans l'extase, où elle semble vivre
seule, comme si elle était une puissance surnaturelle , son
action se change en vision : l'esprit de la créatiure contemple
des images placées hors de la créature ; il est ravi, et les
sens sont comme s'ils n'existaient pas.
Dans son fonctionnement ordinaire, la pensée exerce son
pouvoir sur le souvenir et elle est la maîtresse de l'Imagi-
nation ; mais si la pensée abandonne la direction des images
et laisse une libre carrière à ses rêves, l'Imagination peut
arriver à voir des objets qui ne sont point à la portée des
yeux, puis à créer des fantômes que l'esprit prend pour la
réalité : elle semble tenir lieu des sens. Et si l'halluciné qu'elle
domine ne sort pas de ses rêves, il est sur le chemin de la
folie.
C'est à nous à ne pas nous laisser dominer par la magi-
cienne qui, d'ailleurs, est docile et se soumet volontiers k
nos caprices.
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Notts appreoons de bonne heure que les réalités de la vie
sont formées de joies et de tristesses, de pleurs et de sourires ;
et nous savons tous que personne ne peut se dire absoluineDl'
heureux ; d'ailleurs, il faut bien connaître la tristesse, car
sans elle la joie n'aurait aucun prix. Eh bien, remplacez la
froide réaUté par les douces illusions de la pensée, en laissant
à la volonté la direction de rimage, et vous allez trouver
le bonheur dans le mensonge du rêve.
Vous êtes dans la saison des neiges : le ciel est brumeux,
le temps est froid et la tempête soulève les Ctots. D'un coup
de sa bagnette magique, l'Imagination va tout transformer,
et vous allez faire le plus agréable des voyages. Vous traversez
une contrée que le printemps a parée de ses plus riantes
couleurs : c'est un vallon fertile dont le clair soleil fait
resplendir les vergers ; une brise légère, bienfaisante, fait
onduler les blés, et les oiseaux chantent leurs hymnes joyeuses,
à l'abri sous le vert feuillage des buissons ; puis, la mer est
là, tout près de nous ; le murmure flatteur de l'onde que le
vent soulève, le bruit de la vague qui déferle sur le rivage,
nous bercent de leur concert éternel et ravissent notre âme
vers les pures régions de l'toftni.
Toutes les images nous sont permises : sous l'effort de la
volonté, nous voyons avec un contentement indicible les lieux
où nous avons passé notre enfance : voilà le grand pré où
nous avons joué ; le vallon où nous cherchions des nids, et
le bord du grand fleuve qui vit naître nos premières illusions.
Et pour la jeunesse : le sentier fleuri, ombragé, qu'on
remonte à deux en se tenant la main ! Et les doux propos
échangés en souriant et en cueillant des fleurs !
Et ces ressoavenirs, et ces tendres pensées
Par qui le ccear jouit des voluptés passées ! (I)
(') Dtflilie. Vlmêgination, chant U, p. 139.
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- 808 -
C'est ainsi que rimagination peut embellir la voie que nous
parcourons, et en remplacer les rudes aspérités par des tapis
mousseux bordés de roses.
Ce rôle charmant de Tlmagination, il nous est possible de
le transporter jusque dans le vague domaine du sommeil.
Qui de nous ayant laissé derrière soi des êtres tendremenl
aimés, peut résister à la tentation de les revoir ? Une mère,
le guide touchant des premières années, est restée à mi-
chemin dé la montée laborieuse que gravissait la jeune fille ;
une jeune femme, toujours de moitié dans les joies et les
douleurs, a été enlevée de bonne heure aux caresses de
répoux. Eh bien, Tlmaginalion va nous les rendre, et, grâce
à son merveilleux pouvoir, nous allons retrouver nos chers
ensevelis comme ils étaient autrefois.
Le soir est venu et le calme de la nuit a remplacé Tagi-
tation du jour. Nous ne voyons pas le présent ; nous ne
songeons plus à l'avenir : nous voilà de retour vers un passé
depuis longtemps disparu. Envahi par un doux et vague
sentiment, nous voyons des formes indécises flotter devant
nous ; elles se condensent, prennent un corps et dessinent
des contours qui nous sont familiers ; près de nous sourit
un touchant visage. La puissance mystérieuse de Tlmagina-
tion nous tient sous le charme en nous faisant revoir ainsi
les êtres que nous avons aimés.
Ce sont là des faveurs que cette magicienne accorde îi
toutes les intelligences ; voici venir le rêve qu'elle octroie à
ses privilégiés.
Jusqu'ici, la volonté fut la maîtresse ; l'image va le devenir
à son tour : la conscience s'afl'aiblit, la mémoire nous aban-
donne ; puis, jetant un voile sur l'intelligence et soulevant
d'une main légère la chaîne de la vie, pour y souder les
anneaux brisés par la fatalité, le rêve nous met en présence
de l'apparition que notre âme venait d'évoquer. La créature
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— 809 —
qui est là, devant nous, elle existe, elle vit, elle est animée,
et nous reprenons près d'elle une existence déjà lointaine et
que le présent ne peut plus nous rendre.
0 Le flot inconstant de la vie emporte les humains à
travers mille destinées, tantôt vers la joie, tantôt vers la
douleur (0, » nous laissant toujours à la recherche de ce
grand problème qui n'a pour énoncé qu'un simple mot :
le bonheur ! Problème complexe dont notre nature ne par-
viendra jamais à rassembler toutes les données. Pour l'enfant,
le bonheur c'est un jouet nouveau ; pour l'amoureux, un
sourire de la femme aimée ; pour le poète, il suffit souvent
d'une image qui vient embellir sa pensée.
Toutes ces joies n'ont qu'une durée éphémère, et souvent
entre deux plaisirs, il y a beaucoup d'amertume : le jouet se
brise, la femme nous oublie, la malipité s'empare de notre
image! Le bonheur que donne l'Imagination n'a d'écueil
qu'en nous-méme, et il est d'autant plus pur que hotre passé
a été moins tourmenté ; mais au réveil, le jouet se brise
aussi, la femme aimée s'envole et, du rêve, il ne reste plus
qu'un vague souvenir dont nous cherchons en vain à retrou-
ver Tes éléments dispersés. Seulement ici rien n'est perdu,
et nous pouvons toujours évoquer, dans un nouveau révc, la
même image ou une image nouvelle.
Cependant l'homme s'écarterait du but de l'existence, s'il
ne se servait de l'Imagination que pour satisfaire ses chimères,
ses illusions, ses fantaisies : aussi bien a-t-ellc le pouvoir de
nous conduire sur les sommets où le bien, l'utile et le beau
ont fait leur demeure.
« L'esprit et le cœur, a dit Pascal, sont comme les portes
par où les vérités de notre portée sont reçues dans l'âme ,
(*} PindarCj 2e Olympique.
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mais bien peu entrent par Tesprit ; au lieu qu'elles y sont
introduites en foule par les caprices téméraires de la volonté,
sans le conseil du raisonnement (•). » Aussi ne sont-ce pas
les preuves qui agissent sur Tintelligence de Tenfant. C'est
par une suite d'impressions sur Touie et sur la vue que
l'enfant apprend k connaître les choses. L'impression passée,
reste le souvenir. Son esprit se nourrit d'images, et c'est
par elles que se fait son éducation : il apprend en se
souvenant.
Lorsque son imagination naissante est en travail, que le
souvenir lui rappelle ce qu'il a vu, ce qu'il a touché, ce
qu'il a entendu, l'enfant est tout préparé pour l'imitation ; il
est tout disposé à imiter. Or, c'est par l'imitation que les
enfants, qui ne savent rien créer, deviennent des hommes.
On sait avec quelle étonnante facilité ils s'emparent des
manières qu'ils ont sous les yeux, des accents dont leurs
oreilles sont frappées : ils regardent comme ils ont vu regar -
der ; ils parlent comme ils ont entendu parler ; ils font le
geste qu'ils ont vu faire.
Nous savons qu'il y a dans nos gestes comme un reflet de
nos sentiments ; bien plus, l'observation nous apprend que le
sentiment peut être déterminé par l'usage d'un geste ; de
sorte qu'un enfant habitué à faire un certain geste s'impré-
gnera du sentiment qui y correspond.
On voit par là combien sont nécessaires les bons exemples
pour bien former les hommes. L'homme vient de l'enfant,
comme le chêne de l'arbuste : si vous laissez l'arbuste se
courber, vous ne pourrez plus redresser le chêne. Il faut
façonner l'enfant aux habitudes honnêtes pour en obtenbr
l'honnêteté des sentiments ; pour l'habituer à la franchise, il
faut l'obliger k regarder en face ; pour l'accoutumer aux
(*) Pensées, partie I, art. 3.
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.jft3
devoirs, il faut remplir les nôtres devant lui. Enfint par
raclion, par la parole, par la lecture, il faut faire entrer dans
sa jeune imagination des idées généreuses, des pensées
élevées, si nous voulons grandir son caractère, ennoblir ses
sentiments.
Nous devons donc veiller au choix des images dont se
nourrit l'esprit de l'enfant, avec plus de soin que nous en
mettons, pour la conservation du corps, dans le choix de la
nourriture et du vêtement.
Lorsque l'enfant devenu jeune homme a quitté la famille
pour vivre dans un nouveau milieu, il reçoit de nouvelles
images qui modifient son éducation, soit dans le sens de celle
qu'il a reçue, soit dans un sens différent. Les jeunes gens
s^atlachent surtout à ce qui leur plail ; ils retiennent surtout
ce qui les émeut ; et, vu la différence de leur nature, ils ne
sont pas impressionnés de la même manière par les objets
extérieurs.
Les natures indécises sont facilement eniraînées par le
pouvoir de l'image; elles sont disposées à beaucoup admettre
sans examen ; mais aussi une image plus forte peut y détruire
sans peine ce qu'une autre image y a produit.
En présence d'exemples puissants, les natures énergiques
peuvent faire fléchir leur volonté, admettre même des choses
qui leur déplaisent, et s'attacher fortement aux images
qu'elles ont reçues ainsi.
Les natures pudiques sont des délicates qui ne cherchent
que de belles images. Ce qui fait la réserve et la puissance
de la pudeur, c'est qu'un geste la blesse, une parole l'offense,
un tableau l'effraie : elle évite par conséquent les exemples
qui lui déplaisent ; elle n'est point hantée par les images
dangereuses, ni portée à l'imitation de ce qui peut blesser.
U y a aussi des natures qui réagissent contre l'imitation,
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— 51^ —
qui n'imitent que si quelque attrait les incite à le faire ;
lorsqu'une cause les porte h imiter, elles cherchent, par esprit
d'indépendance, à faire autrement. Si leur éducation fut
bonne, elles trouvent cependant en elles-mêmes des images
pour résister aux mauvaises tendances, et de celte indépen-
dance, il peut naître une certaine originalité qui n'est pas
sans valeur. Mais aussi, si les exemples furent mauvais,
l'esprit d'indépendance peut aller jusqu'à la révolte et faire
de ces natures des êtres dangereux. « Pour être amené à
faire le mal (a dit Montesquieu), il faut tout simplement avoir
l'imprudence d'y penser trop souvent ou trop longtemps (•). o
Ainsi la voie que nous suivons est toute pleine d'images
qui attirent nos regards, s'imposent à nos pensées et inspirent
nos actions ; elles nous charment ou nous attristent ; elles
nous font sourire ou pleurer. C'est leur influence qui forme
les âmes viriles aussi bien que les cœurs efféminés. Elles
réservent heureusement leurs plus belles caresses pour les
êtres qui marchent dans la vie avec le sentiment du devoir
accompli.
Lorsque l'homme est riche d'expérience et qu'il peut juger
de son avenir par les événements qui ont rempli sa vie, il
n'a plus les illusions dont se berçait sa jeunesse, et sa pensée
se reporte volontiers et souvent vers les temps disparus.
C'est d'ailleurs dans le passé qu'il peut trouver une leçon
pour le lendemain : pour prévoir, il faut se souvenir.
Les images qu'il a recueillies pourront bien, sans qu'il les
cherche, s'imposer h son intelligence, mais il lui sera possible
aussi de les rendre présentes par le seul effort de la volonté.
Alors combien le travail de celle volonté sera facile,' agréable,
si le passé a été entouré d'images riantes et heureuses ; si
la main a répandu des bienfait<^ si la parole a donné des
(*) Eêprit ûe$ loti.
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— 513 —
consolations, si le labeur enfin a produit de bons fruits.
A cet homme de bien, le souvenir donne des plaisirs,
des jouissances, des voluptés tels que la réalité n'en connaît
pas de meilleurs. 11 a lutté vaillamment ; Tlmagination lui
décerne le prix de la lutte, et elle lui laisse de grandes
espérances !
Il n'en saurait être ainsi pour ceux dont l'existence pro-
duisit le trouble et le mal. Leur volonté peut bien faire appel
k l'Imagination et chercher à la diriger. Mais on ne fait bien
que ce qu'on apprit à faire. D'ailleurs le travail de la volonté
se relâche, et nous arrivons insensiblement à ne voir que les
images qui nous ont impressionnés, à n'accueillir que les
souvenirs qui nous sont familiers. Alors nos fautes nous
apparaissent clairement, el les omissions mêmes que nous
avons commises, ne sont pas sans nous causer des /regrets.
Pendant la veille, nos loisirs sont affligés par des souvenirs
pénibles, et des images affreuses nous poursuivent jusque
dans le sommeil. €'est ainsi que l'Imagination nous fait expier
les écarts d'une vie agitée.
Le pouvoir de l'image agit donc sur nous dans tout le
cours de la vie : il agit sur l'enfance, il continue son action
sur la jeunesse, il s'impose à l'homme jusqu'au dernier
moment.
En société et pour servir des intérêts collectifs, les hommes
se groupent suivant leur affinité ; et sous la direction des
images qu'ils ont reçues, ils arrivent à former des milieux
distincts. Gomme il n'y a rien qui plaise également à tous
les humains, une même image produit sur ces groupes divers
des effets tout différents ; sur les choses qui, comme la
géométrie, n'entrent dans l'esprit que par des images tou-
jours semblables et qui ne peuvent être perçues que d'une
mêmç inanifere, les individus ne sauraient manquer de se
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— 814 —
rencontrer; mais il n'en est point ainsi quand il s'agit de
choses qui peuvent leur apparaître sous plusieurs aspects,
qui affectent différemment l'intérêt, le sentiment, la passion :
là, chaque groupe juge suivant l'impression qu'il reçoit de
l'image, d'où ces divergences si nombreuses qu'on rencontre
dans l'opinion.
Vous êtes de bonne foi en croyant obéir à la raison :
mais bien souvent vous n'obéissez qu'aux tendances de votre
milieu. Et ici le pouvoir de l'image est si grand, qu'un
premier milieu condamne les raisons d'un second avant de
les avoir entendues, et même sans vouloir les entendre.
On peut appliquer aux nations l'influence de rimag'mation
sur les groupes et sur l'individu. Elles sont formées d'élé-
ments fort divers qui modifient leur caractère ; mais l'ânae
du plus grand nombre fait leur personnaUié ; c'est par Ik
qu'elles peuvent avoir un caractère changeant, énergique ou
réservé, et que la nature et la force des images peuvent agir
sur leurs destinées.
Tout le monde sait que ce sont surtout les images pas-
sionnées, pleines de mouvement, qui frappent et entraînent
la foule. Les peuples énergiques sont, comme les enfants
énergiques, les moins faciles à émouvoir ; mais lorsqu'ils
sont saisis par les images, une immense impression peut
seule les leur enlever et les détourner de l'action que celles-ci
doivent déterminer.
Il faudrait donc employer dans le choix des images qui
peuvent agir sur l'esprit d'un peuple, le soin que tout à
l'heure nous voulions mettre dans le choix de celles qui
agissent sur l'esprit de l'enfant : destinées à suivre l'huma-
nité k travers les siècles, ces images, si elles sont mauvaises,
en â'accumulant, rempliront la société d'erreurs pernicieuses,
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-515 ~
et contribueront à son abaissement, lorsque le but de
Tintelligence doit être de l'élever.
Si elles conduisent les hommes du côté des plaisirs sensuels,
la société s'amollit, s'effémine et finit par perdre toute son
énergie ; quant à la nation qu'elles ont séduite, elle est sur
une voie facile dont la pente mène à l'abîme.
Si elles tendent à couvrir de risée tout ce qu'il y a de
noble, de grand, de généreux, dans les sentiments d'un
peuple : comme la loyauté, le dévouement, la justice, la
probité, l'abnégation ! la nation a un pied dans l'abîme et
elle doit fatalement y tomber.
Cependant lorsque des images d'une grande puissance
agissent sur les hommes dans le sens du devoir, elles peu-
vent modifier, améhorer une situation produite par un
siècle de décadence. Ce sont quelquefois des révolutions qui
bouleversent le monde. Mais heureusement les révolutions ne
sont pas toujours nécessaires pour relever une nation : de
fortes impressions reçues à propos peuvent encore l'arrêter
au bord de l'abîme, et lui aider à remonter la pente funeste
qu'elle avait descendue.
Il est de nobles images qui attirent toujours notre atten-
tion et dont la saine influence produirait de merveilleux
effets, si nous en étions bien pénétrés.
Pour les foules impressionnables, le cri de Liberté a
quelque chose de fort entraînant. Mais la Liberté est si
difficile à saisir qu'on a dit en parlant d'elle : C'est un mot !
comme on l'a dit de la Vertu.
Non, ni la Vertu ni la Liberté ne sont des mots ; ce ne
sont pas précisément non plus des images : l'une est une
disposition constante de notre àme à faire le bien, et elle
est destinée b purifier les passions ; l'autre, qui devrait les
maUriser^ c'est l'exercice de la volonté dans les limites de
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— 516 —
notre pouvoir. Mais celle disposition de notre âme, naaîs
cette action de la volonté, nous les exerçons surtout sous
Finspiration de Tlmagination. Malheureusement les images
que nous avons de ces deux grandes choses, ne se sont
formées en nous qu'à travers le prisme plus ou moins impar-
fait de réducation, et le moindre souffle en trouble la
pureté-
Si nous cherchons les beautés, les grandeurs, les délica-
tesses de la Vertu et de la Liberté, nous ne pourrons les
trouver que dans les hautes et sereines régions de la
conscience ; de ces hautes et sereines régions, est-ce la foule,
répondez ! est-ce la foule qui peut tenter le difficile accès ?
Une chose n'existe dans toute sa pureté que si elle n'em-
prunte rien à son 'contraire. Le bonheur n'est pur que s'il
n'est mélangé d'aucune amertume. Si la liberté est mêlée
d'oppression, ce n'est plus la liberté. Hélas ! la Superbe est
condamnée à marcher sur un étroit sommet, entre la licence
et le despotisme, en prenant tour à tour à l'un et à l'autre
des éléments qui la rendent méconnaissable.
D'ailleurs, la vraie liberté est inséparable de la verlu-
Seule, la liberté peut enfanter des prodiges, mais ses
fruits sont bien souvent amers, parce que les images qui
l'inspirent n'ont pas assez de pureté, et que, dans son appli-
cation, nous manquons de mesure précise. Pour ne parler
que des anciens, c'est elle qui inspire Gaton, et Caton déchire
ses entrailles ; c'est elle qui conduit Brutus, et Brutus tue le
premier des Césars.
C'est elle aussi, et l'histoire le redira toujours, c'est elle
qui inspirait Athènes et Spartes lorsque sur la Grèce divisée
mais libre, le roi des Perses lançait trois millions de com-
battants qui allaient s'anéantir dans les champs de Platée,
après s'être heurtés aux rochers des Thermopyles et avoir
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-817-
semé sur les flots de Salamine les débris de leurs nombreux
vaisseaux.
Ici, dans Tâme de Léonidas, de Thémistocle et de Pausa-
nias, une grande image, dont nous dirons tout à l'heure les
effets salutaires, exerçait son pouvoir à côté de celle de la
liberté.
Quant à la Vertu, elle enfante des prodiges d'une autre
nature, et ses fruits sont toujours excellents.
Pour apprécier la puissance de l'image dans l'éducation,
considérez la vie de sœur Rosalie, cette femme d'un courage
incomparable qui brava sans frayeur les fureurs de l'émeute
et la contagion du choléra. Dans son enfance, Jeanne-Marie
Rendu, sœur Rosalie, était vive, espiègle, capricieuse,
volontah:e et taquine ; mais nul souffle malfaisant n'effleura
son jeune cœur ; k l'école maternelle elle ne puisa que les
meilleurs exemples ; et sa jeune imagination ne fut nourrie
que de bonnes impressions. Elle devint sévère pour elle-même
et indulgente pour les autres ; sa bienfaisance était douce et
souriante, et ses jugements étaient généreux. Elle éprouvait
un grand plaisir à ramener le sourire dans les yeux de
l'enfant en pleurs ; et son énergie, sa volonté ne connaissaient
pas de bornes, lorsqu'il s'agissait de faire le bien.
Sœur Rosalie aurait pu vivre tranquille, au sein d'une
modeste aisance, dans un milieu favorable au bonheur et
loin de ces scènes pénibles où la souffrance est aux prises
avec la misère. Mais les biens d'ici bas ne la tentaient point :
attirée par une grande et belle Image, qui lui montrait une
sublime récompense en dehors des biens de ce monde,
elle préféra se consacrer tout entière au soulagement du
malheur.
 côté de ces images sublimes, méconnues, incomprises,
32*
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— 818 —
se place une autre image, grande, majestueuse, souvent
incomprise aussi, et dont le nom a quelque chose de magique
sur les intelligences vives, généreuses, passionnées pour les
grandes choses : c'est l'image de la Patrie. Les émotions que
nous éprouvons lorsque ses destinées sont en péril ; la joie
que nous ressentons lorsque le succès couronne les eflForls de
nos soldats ; le sentiment de satisfaction qui nous envahit
lorsqu'un de nos savants l'emporte sur un savant étranger :
tout, tout nous prouve que l'idée de la Patrie est salutaire
et qu'elle a une saine influence sur l'Imagination. Les exem-
ples en sont nombreux dans l'histoire.
Un village que nos soldats ont rendu célèbre s'élève, daos
la province d'Oran, au bord de la Méditerranée. Là, un petit
réduit, protégé par des fossés en terre, couronnés de para-
pets, était, au commencement de février 1840, occupé par
128 chasseurs d'Afrique. Un beau matin, quelques milliers
d'Arabes surgissent subitement à la vue de nos soldats : ils
courent à toute bride sur les pentes des collines ; ils agitent
leurs drapeaux, poussent des clameurs sauvages et remplis-
sent l'air du bruit de la mousqueterie : ils viennent briser
leurs premiers efforts au pied du réduit de Mazagran.
Le lendemain, de nouvelles tribus accourent; le petit
détachement français est assailli par douze mille hommes, et
toutes ces forces réunies sont tenues en échec pendant trois
jours par une poignée de soldats. Les assauts succèdent aux
assauts ; les parapets s'écroulent, les talus s'affaissent ; et
lorsque les Arabes croient tenir leur proie, qu'ils s'apprêtent
à planter sur la brèche l'étendard du Prophète, une muraille
de feu les arrête et ferme les ouvertures en y amoncelant les
cadavres ; et pendant que la mitraille déchire les rangs, on
lutte au sabre, on lutte à la baïonnette, on lutte corps à
corps. Après quatre jours de cette incomparable résistance,
l'ennemi est disparu subitement comme il était venu : Thé-
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- 519 —
roîcpie garnison est encore prêle k combattre, et le drapeau
tricolore percé, déchiré, en lambeaux, flotte toujours au
milieu de la petite et vaillante citadelle î
Qui donna ce courage surhumain k ces braves luttant dix
contre mille ? Dites-leur que la France n'est plus, que les
regards du monde se sont détournés d'eux ; dites-leur que
ce drapeau déchiré qui, tout k l'heure, faisait leur orgueil,
n'exprime rien ; dites-leur que ces couleurs pâlies, maculées,
qui, maintenant, brillent au soleil, ne sont que l'image d'un
caprice : et ces hommes, si grands lorsqu'ils combattaient
pour la Patrie, vont briser leurs fusils en pleurant !
Et ce valeureux commandant d'une brave armée, croyez-
vous que l'image de la France humiliée le laissera insensible?
Croyez-vous que le désir de la rendre grande, honorée,
prospère, sera sans influence sur son courage, sur sa con-
duite, sur son intelligence même? Et lorsqu'une nation
acclame ses héros, croyez-vous que les images nées de leurs
belles actions, dans l'âme de la jeunesse, ne soient pas faites
pour enfanter encore des héros ?
Le souvenir de la Patrie n'est pas sans influence non plus
sur le labeur du savant. Il la voit sourire k ses efforts, et
pour n^ériter les applaudissements de ses concitoyens, il fait
appel k toutes les ressources de son intelligence ; mais
d'autres images aussi l'entourent, lui sourient et l'encou-
ragent : celle de l'humanité qui bénit son nom ; celle de la
postérité qui lui tresse des couronnes.
Pour relever une nation, il suffit de ces belles et saines
images qui élèvent le cœur, ennoblissent l'esprit et font
trouver le dévouement facile.
L'Imagination a un tact merveilleux dans la recherche de
la vérité, k la condition toutefois d'avoir un frein destiné k
régler son allure ; car elle est toujours disposée k dépasser
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— 520 —
le but que nous désirons lui assigner. C'est la ca?alerie
légère envoyée ^ la découverte avant la bataille, et qui con-
tribue d'autant mieux au succès final qu'elle est plus atten-
tive à recueillir ses renseignements sur la situation de
l'ennemi.
L'Imagination favorise les recherches de la science en
Taisant naître l'hypothèse, l'ingénieuse hypothèse d'où sortira
une découverte admirable et des conséquences inattendues.
Denis Papin, un proscrit de 1682, est assis auprès de son
foyer ; une marmite pleine d'eau est devant le fcu et la
vapeur en soulève le couvercle; en présence d'un fait si com-
mun qui nous laisse tous indifférents, le savant voit une
force dont tout à l'heure il va mesurer l'étendue ; dans une
suite successive d'images, il lui apparaît une chaudière ou se
produit la vapeur ; un cylindre oii elle est distribuée ; un
piston à qui elle donne le mouvement. L'intelligence du savant
combine, ordonne, assemble ces divers éléments, et la
machine à vapeur est inventée !
Un peu d'eau réduite en vapeur va nous donner une puis-
sance inespérée dont nous ne connaissons pas encore la
mesure. La locomotive vient de naître et, sur le signe d'un
homme, elle lutte de vitesse avec la tempête, pour conduire
bien loin des milliers de voyageurs qui arrivent au but sans
avoh: le temps de songer au chemin parcouru.
L'huagination s'empare d'un rayon de lumière pour
peindre fidèlement tout ce que le ciel a mis à la portée des
jQixx. Elle conduit l'homme à la connaissance des métaux
dont les corps célestes sont formés. Elle le guide dans la
découverte de cette autre merveille qui nous transmet dans
un instant le récit d'un événement arrivé au bout du monde.
La froide réalité a dépassé les splendeurs du rêve ! Et si
les siècles écoulés pouvaient soulever leur Unceul et assister
au effets admirables que (^oduit aujourd'hui la science, nos
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ancêtres se croiraienl transportés au sein d'une planète plus
favorisée que la terre des dons de la suprême Intelligence !
Si le savant est obligé de mettre un frein aux entraî-
nements de rimagination, les poètes et les romanciers lui
doivent leurs plus belles peintures, lorsqu'ils lui associent
d'une manière heureuse la réflexion et la méthode, la science
et l'harmonie ; association nécessaire pour choisir le sujet,
pour réunir, séparer, disposer les images, et aussi pour
donner à celles-ci le charme et l'élégance qui séduisent, et
pour les reproduire de manière à nous les faire aimer.
Mais la magicienne adore la liberté : elle se plaît à planer
sur les mondes où spnt renfermées toutes sortes de mer-
veilles ; elle aime k nous révéler tout ce que la nature a de
mystères et d'enchantements ; son domaine est sans bornes,
et chacun de nous peut y cueillir les fleurs qu'il affectionne,
y savourer les fruits qu'il préfère, y respirer les parfums qui
l'enivrent.
Dans les mille détours de ce vaste domaine, les auteurs
suivent des voies bien différentes et souvent opposées. Les
uns y cherchent des images pour flatter ce qu'il y a de
moins noble dans nos sentiments ; ils choisissent volontiers
celles qui caressent nos faiblesses, excitent nos passions et
troublent nos esprits.
Les autres préfèrent les images gracieuses pour nous
émouvoir, nous faire sourire et nous charmer ; ou bien ils
font appel aux nobles images pour élever le niveau de la
pensée et donner une direction meilleure à nos passions.
Us ont une grande responsabilité les auteurs de ces
œuvres qui ont le don de nous plaire et de nous Intéresser,
car pour impressionner les foules il n'existe pas d'agent plus
puissant que le livre.
Ah ! certes, ils mériteraient bien de la France^ et la
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— 5^2 —
Postérité leur serait bienveillante si, pour former des âmes
viriles et des cœurs généreux, ils se servaient des trésors
ination leur a confiés ; s'ils s'efforçaient par un
reux des images, de faire entrer dans Tâme des
lour de tout ce qui est juste, le respect de tout ce
lu ainsi que la vraie mesure de la liberté ; si enfin,
îupant agréablement nos loisirs, ils s'ingéniaient
dre le devoir facile, à nous inspirer rattachement
e dévouement à la Patrie.
; de composer ce discours, j'ai relu le Timëe de Platon, quel-
& de Moutaignc et quelques pensées de Pascal ; j'ai pareouro
de Delille et me suis surtout inspiré de Vlmagination de
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RAPPORT
SUR LES
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE
DE LA LOIRE-INFÉRIEURE
PENDANT L'ANNÉE 1885-1886
PAR M. DELTEIL
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL.
Messieurs,
Chaque année, à pareille époque, le Secrélaire général de
la Société académique a pour mission de vous rendre compte
des travaux de notre Académie. Mais avant de procéder à
cet examen, il est d'usage de revenir sur la séance solennelle
de Tannée passée, de vous parler de Torganisalion de notre
bureau, de citer les distinctions honorifiques méritées par
quelques-uns des membres de la Société, enfin d'accorder un
sympathique souvenir à ceux des collègues que nous avons
perdus.... Je vais donc me conformer à la tradition et essayer
de remplir ce programme tout en m'efforçant d'abuser le
moins longtemps possible de votre complaisante attention.
Vous avez encore présente h l'esprit la charmante impres-
sion que vous a laissée le discours de notre ancien président,
M. le D' Guénel. Il avait choisi pour sujet de son entretien,
YÊducation des femmes. Il était difficile de traiter cette
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— 5Î4-
délicate question, devant un auditoire presque exclusivement
féminin, avec plus de tact et de mesure et en même temps
d'une façon plus claire et plus élégante. Il a montré combien
il était désirable que Tinstruclion des femmes fût i^us solide
et plus étendue qu'elle ne Test aujourd'hui, afin qu'elles
puissent dignement remplir le double but pour lequel elles
ont été créées : devenir des épouses égales à leurs maris
par l'intelligence et par conséquent susceptibles de com-
prendre et de parlager leurs idées; — et des mères capables
d'élever leurs enfants non seulement avec leur cœur, mais
avec leur raison. Dans notre société fiévreuse, oii les bonunes
sont occupés toute la journée à poursuivre âprement la grande
lutte pour l'existence, l'éducation des enfants est pour ainsi
dire confiée tout entièi^ aux mères. Comment les suivre et
les guider dans leurs éludes et plus lard les conseiller dans
leur carrière, si elles n'y ont élé longuement préparées par
une forte éducation continuée plus tard par des leclures
sérieuses? J'ajouterai aussi que celle haute culture de l'esprit
pourrait également profiter à toute une catégorie intéressante
de jeunes filles, appartenant à un milieu social honorable,
mais condamnées souvent au célibat par leur pauvreté. Avec
une instruction étendue et se rapprochant autant que possible
de celle des hommes, elles auraient l'espérance de se créer
des positions qui leur donneraient au moins une modeste
aisance et une indépendance compatible avec leur sexe.
Cette éducation de la femme, telle que la comprend le
D' Guénel, ne serait point destinée à faire des bas-bleus ou
des précieuses ridicules, ces deux types qui s'éloignent
tant de la simplicité, de la modestie, du charme et de la
grâce qui doivent être avant tout le privilège de la femme.
Une femme peut être instruite sans ostentation et sans rien
perdre de ses qualités. Depuis Molière, celte question, do
reste, a fait bien des progrès, et les idées qui régnent aiyour-
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— 545 —
d'bui sont destinées à la faire encore avancer davantage.
L'important est de bien saisir le point qu'il ne faut pas
dépasser et d'éviter l'écueil de l'ignorance pour ne point
tomber dans celui de la pédanterie.
Vous avez entendu ensuite l'excellent rapport du secrétaire
général, M. Maisonneuve, qui a retracé et mis en relief avec
une rare habileté les dififérenls travaux des membres de la
Société pendant l'année 1885-1886; puis le rapport si bien
étudié, si parfaitement écrit et empreint d'un si grand sens
critique de^M. Jamet sur le concours des prix. M. Jamel a
dignement soutenu le bon renom des professeurs de l'Uni-
versité, qui joignent à une science profonde l'art de parler et
d'écrire leur langue avec une perfection bien diflBcile àdépasser.
Comme d'habitude, le concours bienveillant de plusieurs
musiciens de talent ne nous avait point fait défaut, pour
donner à notre fête une plus grande attraction. M»® Cabane
nous a chanté d'une façon magistrale Yarioso du Prophète
et les Saisons, de Victor Massé ; M"»® Renaud de la Caffi-
nière a interprété d'une voix charmante les Enfants, de
Massenet et les Adieux' de Marie Stuart, de Niedermeyer;
M. Bazoche a chanté avec toute la perfection d'un professeur
et d'un dilettante le Lac, de Lamartine ; M. Dupré de la
Roussière nous a fait rire aux larmes avec deUx chanson-
nettes qu'il a détaillées avec un réel talent de comique ;
M°« D... nous a joué une Rêverie, de Rubenslein et la
Polka de la Reine, de Raff.
MM. Dolmetsch et Marie accompagnaient, avec leur talent
habituel, ces aimables artistes auxquels nous adressons nos
plus sincères remerciements.
Les élections générales qui ont eu lieu en décembre 1885,
ont appelé à la présidence de la Société académique, M.
Orieux, et à la vice-présidence, M. le D^ Raingeard. M. Delteil
a été nommé secrétaire général et M. Gadcceau, secrétaire
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-sas-
adjoint. MM. Morel, Delamare et Manchon, ont été confirmés
dans leurs fonctions de trésorier et de bibliothécaires, dont
ils s'acquittent avec tant de compétence et de dévouement.
Le Comité central a été constitué ainsi qu'il suit :
Le Bureau. — M. Guénel, président sortant.
MM. Bonfanle, Linyer et Maisonneuve, pour la Section
d'agriculture, commerce et industrie.
MM. Simoneau, Hervouët et Poisson, pour la Section de
médecine.
MM. Rousse, Fargues et Merland, pour la Section des
lettres, sciences et arts.
MM. Lapeyre, Bureau et l'abbé Heurlin, pour la Section
des sciences naturelles.
Votre Académie a admis au titre de membres résidants
M. Thierry-Risler et M. de Chastellux, et au titre de
membres correspondants, M. le D' CouCtoux et M. le D' Llénas^
du Cap-Haïtien.
Plusieurs membres de notre Compagnie ont été l'objet de
distinctions honorifiques.
M. le D' Heurtaux, en récompense des travaux remar-
quables qu'il publie depuis si longtemps sur les diftérentes
branches de son art, a été nommé membre correspondant
de l'Académie de Médecine. M. Dugast-Malifeux a reçu la
croix de la Légion-d'Honneur pour les documents intéres-
sants qu'il n'a cessé de réunir pour servir à l'histoire de la
Révolution française. M. Jaraet a été nommé officier d'aca-
démie pour reconnaître sans doute les services éminenls
qu'il rend à l'Université.
Signalons une autre récompense toute intime qui a été
offerte spontanément au plus modeste, au plus érudit, au
plus laborieux des membres de la Société, par tous ses
collègues réunis, je veux parler de la médaille d'or grand
module que le Comité central a été chargé de remettre à
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-5^7-
M. Delamare, membre et bibliothécaire de la Société depuis
cinquante ans. On a saisi avec empressement cette occasion
de donner à notre vénérable collègue un témoignage durable de
notre estime, de notre respect et de notre profonde affection.
Nous avons eu la douleur de perdre M. Doucin, un des
membres qui ont le plus honoré notre Société. C'était, comme
M. Delamare, un de ces hommes bons, serviables, obligeants,
qui laissent après leur mort d'éternels regrets et un sou-
venir ineffaçable. M. Orieux, notre président, a retracé, dans
une notice nécrologique, la vie si bien employée de ce parfait
homme de bien, les diverses phases de sa carrière univer-
sitaire et les services rendus à notre Société en qualité
d'administrateur, d'historiographe et de trésorier. M. Doucin
était né à Nantes le 7 juin 1807. Après avoir fait d'excel-
lentes études au séminaire de cette ville, il entra, à l'âge de
20 ans, dans l'Université. Il franchit successivement tous les
degrés de la carrière. En 1847 il fut nommé proviseur à
Mâcon ; trois ans plus tard il devint recteur, puis inspecteur
d'académie en 1854. Après avoir rempli ces fonctions pendant
12 années, il prit sa retraite avec le titre d'inspecteur honoraire.
11 reçut, dans l'intervalle, le titre d'agrégé de l'Université,
la rosette d'officier de l'Instruction publique et plus tard la
croix de la Légion-d'Honneur. La Société académique lui
accorda une médaille d'or pour récompenser son ouvrage
comprenant l'histoire des 20 premières années de la Société,
ainsi qu'une table alphabétique de nos publications annuelles
embrassant une durée de 80 ans.
W s'est éteint au commencement de cette année, comme le
sage de Platon, plein de confiance à l'approche du dernier jour
et assuré de trouver dans l'aulre monde une vie meilleure.
Une autre mort bien inattendue est venue, cette semaine,
frapper notre Société d'un nouveau deuil. M. le D' Le Houx
a succombé après une courte maladie, à un âge où l'on peut
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— 548 —
prétendre encore à bien des années d'existence. H était mem-
bre de la Société académique depuis longtemps et avait été
son président en 1874.
Les travaux lus et présentés aux diverses Sections, pendant
le cours de l'année, ne le cèdent nullement en nombre et en
importance à ceux dont on vous a rendu compte en 1885.
Une analyse détaillée de chacun d'eux m'entraînerait trop
loin et dépasserait les bornes de ce rapport. Je me conten-
terai donc de les énumérer en les accompagnant de courtes
réflexions qui suffiront, je l'espère, pour vous en donner une
idée.
Le Section d'agriculture, de commerce et d'industrie est
représentée par quelques Noies fort intéressantes dues
aux recherches de notre savant et infatigable collègue,
M. Andouard, professeur à l'Ecole de médecine, directeur de
la Station agronomique de la Loire -Inférieure.
C'est d'abord une notice sur le Guano d'Alcatras, avec
la collaboration de M. Herbelin ; l'analyse qui en a été faite
prouve que cet engrais est Irop pauvre pour être employé
avec avantage par l'agriculture ; puis la continuation d'un
travail sur les Pommes à cidre du département de l'Orne
avec tableau indiquant le poids moyen des pommes, la den-
sité du jus, la proportion de sucre, d'acidité et de tannin par
litre pour près de 80 espèces différentes de fruits.
M. Andouard démontre ensuite l'innocuité du traitement
des vignes par le sulfate de cuivre, puisqu'il n'a trouvé
qu'un milligramme de cuivre par litre de jus de raisin, ce
qui est insignifiant.
Dans une note sur l'influence de Ycrgotisme sur les vaches,
il indique les désordres que l'ingestion de l'ergot de seigle,
qui se développe sur les graminées pendant les années
humides, occasionne aux vaches qui ne tardent pas à dépérir
et à perdre leur lait. Dans un ordre d'idées k peu près
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— 849 —
sembkible, il examine Tinfluence du régime alimentaire sur
la lactation des vaches. De tous les fourrages qui augmen-
tent la production et la qualité du lait, les meilleurs seraient
la gesse et la jarosse, puis viennent le trèfle, les choux, la
belterave et, en dernier lieu, la ponmie de terre. Une ali-
mentation bien choisie permet d^obtenir un excédent de lait
et de retarder la décroissance inévitable qu'amènent les
progrès de la gestation.
Gomme suite à ce travail, il fait connaître la composition
du beiirre aux diverses époques de la vie et de la lacta-
tion chez les vaches. Il résulte de ses expériences que la
composition du beurre varie principalement sous l'influence
du genre d'alimentation et de la gestation.
Enfin une dernière note de M. Andouard est consacrée
aux précautions à prendre dans le dosage de F acide phos-
phorique par Vurane et à \ incompatibilité des nitrates
et des superphosphates dans les engrais.
La Section d'histoire naturelle qui, l'année dernière, avait
fait peu parler d'elle, a donné cette année des preuves de
grande et féconde activité. Nous relevons parmi les travaux
de cette Section :
Une communication de M. Viaud-Grand-Marais sur la sin-
gulière propriété de la graine du strychnos potatorum de
clarifier les eaux bourbeuses grâce à la matière visqueuse
• qu'elle renferme qui se gonfle considérablenaent au contact
de l'eau et agit à la façon de l'albumine. J'ai observé ce
phénomène en Gochinchine où cette plante existe. Une seule
graine mise dans un verre plein d'eau suffit pour épaissir le
liquide et lui donner l'apparence d'une solution de gomme
épaisse. Elle ne contient aucun alcaloïde vénéneux. Mais si
cette graine clarifie l'eau, elle ne tue point tes microbes,
ainsi qu'on s'en est assuré avec le microscope.
U. Viaud-Grand-Harais a présenté également une collection
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— 530 —
de Lichens de Miquelon préparés par le docteur E. Ddamare^
médecin dans cette colonie, ainsi qu'une liste des plantes de
celle île.
BI. Delamare a communiqué à ses collées quelques obser-
vations sur cinq échantillons de morille {morilla esculenta)
qu'il a recueillis dans sa propriété située route de Glisson ;
sur un champignon rare, le Verpa digiiatiformis, trouvé
en compagnie de Pradal enlre Basse-Goulaine et Samt-
Sébastien ; et sur un aulre champignon, un Cecidium,
vivant sur le poirier auquel il fait beaucoup de mal. U a lu
aussi des notes bibliographiques pleines d'intérêt sur les plus
récentes publicalions d'histoire naturelle.
M. Gadeceau a présenté une note sur un Orchxs, hybride
des Orchxs morio et alata, trouvé k Bourgneuf-en-Retz par
M. de la Jonchère. Le pied a été préparé en herbier et des-
siné d'après nature.
M. Bureau a fait l'énumération des divers animaux qui
sont venus enrichir les collections du Muséum :
1» Un cétacé assez rare sur nos côtes, le Dauphin
Tursiops, pris à bord du yacht YHébé, appartenant h M.
RogatienLevêque;
:2« Deux Casse-Noix {Nucifraga caryocatoctes) pris à la
fin de 1885 dans le département de la Loire-Inférieure ;
8° Une variété albine du Pic cendré (Picta cannia), tué
aux environs de Rennes ;
i^ Une grue cendrée, offerte par M. Ménier ;
5** Une cigogne blanche, tuée à Luçon ;
6« Une bernache noueile, achetée sur le marché de
Luçon ;
7« Une belle variété Isabelle de la sarcelle d'hiver ;
8» Un œuf de gypaële barbu, le plus grand rapace de
l'Europe.
A ces richesses zoologiques, il faut ajouter quelques
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poissons, tels que : le caprox aper ou sanglier, d'un rouge
écarlate, péché au Croisic, et une lune de mer, trouvée
aussi dans cette dernière localité.
M. Raret a lu une communication des plus intéressantes
sur la minéralogie du département, intitulée : Excursion
minéralogique sur la côte de Saint-Nazaire. L'auteur de ce
Gavant et consciencieux mémoire fait connaître la nature des
roches qu'il a rencontrées dans sa fructueuse exploration.
Dans la Section de médecine, nous trouverons également
de nombreux travaux intéressant toutes les branches de l'art
de guérir. M. Ménier, professeur de botanique et de matière
médicale à l'Ecole de Médecine, a présenté une note sur la
sophistication du poivre cubèbe par le piper crassipes, qui
ne jouit probablement pas des propriétés du vrai cubèbe.
11 en diffère par une couleur plus grise, une saveur et une
odeur rappelant celle du laurier et de la muscade, et par
certaines réactions obtenues à l'aide de l'acide sulfurique.
M. Andouard a étudié dans un mémoire qui a été envoyé
à l'Académie, les causes de la conservation parfaite d'un
cadavre trouvé dans une cave où il existait depuis un an. Il
attribue l'absence complète de putréfaction à la profondeur
du caveau oii le corps était enfoui, au renouvellement impar-
fait de l'air, aux vêtements, à la paille qui entourait le
cadavre. M. Brouardel, tout en acceptant les données de
M. Andouard, admet une autre cause : la présence d'acariens
trouvés dans les tissus momifiés.
M. Laënnec, le savant directeur de l'Ecole de Médecine,
a appelé l'attention de ses confrères sur un cas très curieux
de médecine légale. Un enfant de 7 mois, affecté d'une
toux intense, meurt après avoir avalé 25 à SO grammes
de sirop d'ipéca. M. Laënnec crut tout d'abord, en présence
des symptômes présentés par le petit malade, qu'il avait
succombé à un empoisonnement par une substance opiacée ;
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— 53* —
mais raatopsie loi démontra qiie la vraie cause de la mort
de Feafant était due à uue broncho-pneumonie jointe à
raction déprimante de rii)éca.
Le cas d'un soldat tuberculeux mort k Tbôpital a été égale-
ment, pour M. Laënnec, Toccasion de montrer que la fièvre
lyphoide atteint rarement le tuberculeux avéré, mais qu'elle
frappe le plus souvent le tuberculeux au début et accélère la
marche de la tuberculisation.
M. le D' Viaud-Grand -Marais a fait une communication
relative à Tépidémie de choléra qui a sévi Tannée dernière
en Bretagne, près de Quimper. Il a montré que la propagation
du fléau était principalement due à Fingestion d'eaux potables
contaminées. 11 a cité, à Tappui de son dire, des faits d'une
très grande importance qui se sont passés, tant en Bretagne
que dans l'Inde anglaise.
M. E.Bonamy a lu la relation d'une ^re maligne qui régna
en Bretagne en 1774, par le D' Bonamy, un de ses ancêtres.
M. Montfort a cilé deux observations A'ovariolomie suivies
de guérison, grâce à l'emploi de la méthode antiseptique.
M. Teillais a présenté deux mémoires d'un haut intérêt
scientifique sur l'oculistlque : l'un sur Yamblyopie par
mtoxicalion paludéenne, travail présenté au Congrès ophthal-
mologique ; l'autre sur les hémorrhagies oculaires.
Dans son Voyage chirurgical en Allemagne, M. le D'
Poisson ,a fait un récit très vivant et très pittoresque des
choses qu'il a vues dans les cliniques qu'il a fréquentées. Il
dépeint la physionomie et la pratique des chirurgiens célèbres
d'Outre-Rhin, les mœurs et les coutumes des étudiants, le
matériel et la disposition des hôpitaux allemands.
M. le D' Olive a fait à plusieurs reprises des communica-
tions verbales sur les accidents du travail chez les femmes
en couche, et sur les indemnités dues, en cas d'accidents,
par les compagnies d'assurances.
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-533 —
Enfin, M. le D' Gouraud a fait la description d'an nouvel
appareil d'inhalation peu dispendieux et d'une grande simpli-
cité, dont il est l'inventeur. Il faut citer aussi plusieurs
mémoires offerts par leurs auteurs à la Section de médecine :
Nouvelles données pratiques sur la fièvre jaune et exposé
d'un nouveau système A'embryotomie, par le D' Llénas, du
cap Haïtien ; méthode thérapeutique contre la diphtérie,
spécialement appropriée aux besoins des campagnes, avec
seize observations à l'appui, par le D' Couëtoux.
La Section des lettres et arts ne le cède point aux précé-
dentes pour le nombre et la valeur de ses travaux. Etudes
de critique littéraire et d'histoire, questions philosophiques,
poésies, voyages, 'recherches savantes, elle s'est essayée
dans tous les genres avec un succès toujours égal et toujours
soutenu.
M. Leroux a lu plusieurs fragments d'un Voyage en
Egypte, écrit avec un sentiment si juste de la couleur
locale et avec une telle abondance de détails qu'il vous
fait assister par la pensée aux scènes qu'il dépeint. Alexandrie,
le Caire, les Pyramides, si souvent décrites par d'autres
voyageurs, prennent sous la plume de notre collègue un
aspect nouveau, original, qui tient surtout à la manière de
voir toute personnelle de l'auteur. C'est plutôt en poète qu'en
touriste qu'il voyage ; quand il parle du beau ciel d'Egypte,
des Baux bleues de la Méditerranée, des déserts sans limites,
d'un coucher de soleil oriental, des monuments anciens de
la vieille terre de Pharaon, son âme déborde de poésie et
d'inspiration. Tout pour lui est matière à de fortes impres-
sions minutieusement décrites qui nuisent peut-être un peu
\x la rapidité du récit. C'est cependant un léger défaut dont
je n'ai point à me plaindre pour ma part.
Mais le genre littéraire dans lequel brille le mieux
M. Leroux, c'est la poésie et en particulier celle qui s'inspire
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— 534 -
de la vieille Bretagne dont notre collègue est un des plus
fervents admirateurs. Cette année il nous a lu le Secret de
Brizeux, oii il nous dévoile le nom de la charmante enfant,
la douce Marie, qu'a aimée et chantée son poète favori. Il
faudrait, pour faire goûter au public cette fraîche et tendre
poésie, l'accent et la voix ^profonde de l'auteur, qui donne
à ses vers un charme étrange et une sonorité presque
musicale. Vous y perdrez beaucoup en me l'écoutant lire ;
mais je ne puis résister au plaisir de vous en faire entendre
quelques strophes :
Beau pays d'Arzannô, village du Moustoir,
Cent fois je pense à vous et je veux vous revoir !
Je veux revoir Féglise et le vieux cimetière
Où Marie a joué, pieds nus, dans la poussière,
Et le petit sentier où Brizeux, tout enfant,
La suivait, puis enfin ralteignail triomphant ;
Je veux revoir les ifs où nichaient les colombes.
Le clocher de granit, et les croix et les tombes
Où reposent Albin, Daniel et leurs amis
Sous le gazon touffu, maintenant endormis;
Je veux revoir le Scorf, le pont Kerlo, la lande
Et les grands châtaigniers qui courent en guirlande
Des bords de la rivière au taillis de bouleau
Et depuis le Mousloir au bois de Kermelo.
Que m'avez-vous donc fait lieux pleins d'un triste charme
Que votre souvenir- mette encore une larme
Dans mon cœur et mes yeux après plus de trois ans ?
Votre image, pareille aux longs chagrins cuisants.
S'est-elle donc fixée en mon âme attendrie ?
Repose donc en paix, mon poète chéri ;
Depuis longtemps déjà la gloire t'a souri I
Mais j'entends chaque jour, autour de ta mémoire.
Grandir un bruit de voix prédisant ta victoire.
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En vain tu fus jadis un enfant du hameau
El ton pays en vain cache ton blanc tombeau
Sous le feuillage obscur d*un humble petit chêne
Qu'à travers les cyprès Ton entrevoit à peine ;
En vain ils ont redit qu'un peu trop personnel
Tu ne sus que chanter Marie et Ker-rohel ^,
Moi je sais que, vaincu par ta mâle harmonie,
Le monde un jour voudra couronner ton génie.
Je sais que, du vieux Rhin aux bords de TOcéan,
Des cœurs épris de toi, des bardes pleins d'élan
Viennent en pèlerins répéter sur ta tombe
Tes vers doux et plaintifs comme un chant de colombe,
Et suivre ton passage à travers les grands bois
Tout frissonnants encore de Técho de ta voix, i
Depuis longtemps déjà ton œuvre a fait école, .
Qu'on le confesse ou iwn ; vers toi l'on court, on vole,
Moins jaloux qu'ébloui de ta naîvMé ;
Mais nul jusqu'à présent ne t'a bien imité.
Dors en paix, l'avenir prendra soin de la gloire !
Dors en paix, ton beau nom est écrit dans l'histoire ;
Le passant, sur un fût de granit éternel,
Bientôt lira ces mots : « Gloire au barde immortel I »
M. Roques a fait un compte!* rendu de Touvrage de
M. Saulnier sur le poète breton Turquety. C'est une étude
fine élégamment écrite, une de ces pages de critique littéraire
que les esprits délicats savourent avec un plaisir exquis.
M. Fargues a fait l'analyse d'un livre de M. Lallemand
sur VEnfance abandonnée et délaissée, sujet grave et
douloureux bien digne de tenter la plume d'un pasteur.
U fait d'abord l'historique de la question, puis il retrace les
diverses méthodes employées dans les pays civilisés, catholi-
ques ou protestants pour venir en aide aux enfants aban-
donnés. Il fait incidemment l'éloge de nos missionnaires
et de nos sœurs de charité qui, en pays barbares, se
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— 536 —
consacrent avec tant de dévouement à réducation des petits
orphelins ou des èlres délaissés par leurs parents. 11 passe
ensuite en revue les moyens et réformes proposés pour
arriver à une solution équitable de ce diflBcile problème.
M. Fargucs a fait également une lecture sur les derniers
moments de M. Guizot, qui mourut en chrétien et conserva
jusqu'à son dernier souffle l'espérance en un monde meilleur ;
puis le compte rendu d'un ouvrage anglais sur Pascal,
ce génie malheureux sur lequel tant d'études ont déjà été
faites et sur Roger Bacon dont il raconte la vie, tout en
mettant en lumière le caractère et le profond savoir de ce
moine franciscain.
M. Joseph Rousse nous donne fidèlement chaque année
plusieurs poésies ; nous lui sommes très reconnaissants de
vouloir bien détacher quelques joyaux de son riche écrin
poétique. C'est un poète à la note tendre et pénétrante,
qui choisit de préférence les sujets où l'âme s'élève vers
le pur idéal. Ce n'est point un inconnu pour vous et vous
aimerez sans doute à entendre encore ses vers si harmo-
nieux.
Je voudrais pouvoir vous lire en entier les cinq morceaux
de poésie composés pai; l'auteur : Dom Lobineau, un
Village, l'Obélisque de mi-voie, à Robert Burns, la
Cathédrale de Nantes ; je me bornerai à vous fab*e
entendre celui qui a pour titre : Un Village
Le village est assis au milieu des futaies
Dans un étroit vallon,
Un frais jardin s'étend fermé de vertes haies
Devant chaque maison.
Les toits de chaume sont tout veloutés de mousse.
Et de blancs cerisiers
Balancent alentour avec des senteurs douces
Leurs bouquets printaniers.
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L'aunée aux disques d'or et la menthe sauvage
Bordent les clairs ruisseaux
Qui courent gazouillant à travers le village
En tombant des coteaux.
Au centre est un vieux puits enguirlandé de lierre
Et de liserons blancs,
Où pour emplir d'eau pure une buire de terre
Se rendent des enfants.
Le soleil de midi darde sur la vallée ;
Je n'entends sous les cieux
Qu'un chant aigre et perçant de pintade isolée ;
Tout est calme et joyeux.
.Malgré tant de chagrins qu'avec lui l'homme emporte,
Il me semble qu'ici
Oa trouve un peu de paix, et que l'âme est plus forte
Et plus heureuse aussi.
M. Julien Merland a pieusement recueilli dans les papiers
de son père des notes qu'il a réunies pour servir à l'histoire
de Challans. C'est le récit des événements et menus faits
qui se sont passés dans celte commune pendant la révolution.
Ce travail se fait remarquer par une abondance de détails
qui manquent de lien entre eux, mais qui constituent des
indications précieuses pour ceux qui voudront puiser dans
les archives de la commune. Il serait à désirer que M. Merland
se chargeât de faire un récit plus concis et plus suivi de
cette période de notre histoire révolutionnaire. Nous devons
également à M. Merland un certain nombre de lettres
inédites de Paul Bàudry, écrites à son père, dont quelques-
unes montrent que ce grand peintre savait aussi bien manier
la plume que le pinceau.
M. Orieux, notre honorable président, ne sVst pom
endormi dans son fauteuil présidentiel. Cette nature si acliv«
et si jeune, malgré les apparences de Tâge, ne connaît point
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—«sa-
le repos. Semblable aux bons généraoi qui donnent Texemple
do courage en payant bravemenl de leur personne, il nous
a présenté un important ouvrage, comparable au travail d'un
bénédictin, intitulé « Le long Calendrier » et une charmante
pièce de vers qui a pour titre : Jour d'été.
Le long Calendrier, c'est l'histoire des calendriers qui
ont donné naissance au calendrier employé chez les nations
chrétiennes : elle commence aux Gaulois, finit à notre première
République et fait quelques excursions dans les anciens
calendriers grecs et égyptiens.
Les premiers Romains se servaient de l'année lunaire et
de mois lunaires; elle devint sous Numa l'uni-solaire.
Jusqu'à Jules César, ils comptèrent assez mal le temps.
Ce grand capitaine fit réformer l'année de Numa,» et son
calendrier, qui fut en usage en France jusqu'en 1582, est
encore employé chez les Russes et les Grecs.
Une opinion souvent émise, mais point justifiée, c'est que
les Égyptiens se servaient d'une période de 1491 ans, pendant
laquelle les années commençaient successivement dans toutes
les saisons, et qu'elle fut employée jusqu'à Jules César.
M. Orieux, qui ne semble pas partisan de cette longue
période, prouve, en citant les vieux aîiteurs grecs, que les
Égyptiens faisaient usage, 500 ans avant Jésus-Christ, d'un
calendrier d'une grande perfection, qui fut adopté par les
conventionnels de 1798, et dont le 1" jour correspondait
toujours à la même situation du ciel.
Dans cette histoire, on trouve des indications pour calculer
une date quelconque dans toute l'étendue' de l'ère, chrétienne.
L'étude est complétée par des notions sur la fêle de
Pâques et sur la recherche des épactes qui servent à la
déterminer.
Elle est terminée par cinq tableaux qui donnent, pour un
grand nombre de siècles (jusqu'à l'an 3400), le 1" jour de
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— 539 —
chaque année, les dates de cbaque mois, la traduction du
calendrier républicain en calendrier grégorien, enfin le jour
de la fête de Pâques.
Le Jour d'été est le récit d'un amour pur, innocent,
discret, que le poète a gardé concentré dans son cœur sans
que ses lèvres n'en aient jamais trahi l'aveu. Heureusement
qu'il n'a pas eu la môme discrétion envers nous, car nous
aurions perdu une joHe confidence et des vers d'un charme
exquis. Vous allez en juger par les passages que je vais vous
lire:
Lorsqu'elle était enfant, bien souvent avec elle
J'ai joué, sans songer, sans voir qu'elle était belle,
Que son front était pur, son sourire charmant.
L*6nfant ayant grandi je ne sais plus comment.
Un soir, je me trouvai près d'elle plus timide.
Dans l'accent de sa voix, dans son regard limpide.
Rien ne semblait changé ; non, mais je voyais bien
Que depuis quelque temps ses discours, son maintien
N'étaient plus d'une enfant ; la chère créature
Avait aux mois des fleurs transformé sa nature,
El le riant printemps avait paré ses traits
De charmes inconnus et de nouveaux attraits.
Conduit par le désir et par elle invité,
Un jour j'allai la voir à sa maison d'été
Assise près d'un val, au bord de l'Atlantique.
C'était un frais chalet, d'apparence ruslique
Et modeste, où, malgré l'éloignement des bois,
Elle allait demeurer dans le plus chaud des mois.
Elle accueillit gaiment l'ami de son jeune âge.
Puis lui montra sa cour, son jardin, son cottage,
Son enclos au gazon tout parfumé de tbym.
Et lui fit partager son repas du malin :
Offert avec aisance, égayé de saillies
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^
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Dites en souriant et de même accueillies.
Embaumé par les fleurs, bercé discrètement
Par le concert des flots, le repas fut charmant.
Après le déjeuner, do son premier étage.
Nous embrassions des yeux le val, les champs, la plage
Et la mer ; nous étions accoudés, nous touchant,
A la fenélre ouverte aux regards du couchant ;
Le soleil rayonnait au sein d*un ciel splendide.
Et jusqu'à rhorizon de la plaine liquide
Répandait sur les eaux des torrents de clarlés;
Sur le vaste chemin des flots, de tous côtés,
Maints navires, jouets des vents et de Neptune,
A travers Tinconnu, poursuivaient la fortune ;
El la côte aux flancs gris, si fatale aux nochers.
Nous montrait ses chalets, ses anses, ses rochers.
En prolongeant au loin ses lignes sinueuses.
Le murmure éternel des vagues écumeuses
Qui venaient en roulant déferler sous nos yeux.
Sans trêve, troublait seul le calme de ces lieux !
Nous causions lentement et laissions nos pensées
Errer en liberté vers les choses passées.
Et suivre les sujets au hasard, sans dessein ;
Et quoiqu'aucun secret ne sortit de son sein.
Un moment à son trouble, au pli de son sourire.
Je vis que sa fierté ne pouvait tout me dire ;
Que les rêves par elle évoqués autrefois
Avaient trompé son cœur et méconnu sa voix.
Mais si quelque regret parut troubler son àme.
Ce sentiment fut court, et la charmante femme
Reprit vile son calme et sa sérénité.
Le poète poursuit sa pensée, dépeint le recueillement de
deux âmes séparées par les conventions sociales, mais unies
dans un même sentiment.
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U termine par ces vers :
Oui, près de nous la Icrre a des gerbes de fleurs ;
La brise, des accents pleins de mélancolie,
El la mer, des grandeurs que jamais on n*oublie !
Mais pour trouver du charme au spectacle changeant
Do l'abrupte falaise ou des vagues d'argent
Qui brisent le rocher ou dansent sur la plage ;
Pour jouir du concert mystérieux, sauvage
Dont les flots et la brise, au sein d'un jour béni.
Bercent les fleurs, les bois, le monde et l'inflni :
Il faut qu'une secrète et bienfaisante flamme
Puisse, en reflets divins, rayonner dans notre âme
Et donner aux objels placés autour de nous
De plus puissants reliefs ou des accents plus doux ;
11 faut entendre en soi chanter de belles choses,
Pouvoir associer au souvenir des roses
Celui des fruits cueillis dans le cours du chemin
El voir briller l'espoir au ciel du lendemain.
M. Léon Maître nous a rendu compte d'un opuscule de
M. Legoux, relatif à Thisloire d'une petite commune de
Seine-et-Marne, Les Chapelles Bourbon. Ce sont des menus
faits qui n'ont réellement d'importance que pour les habitants
de la commune.
Nous devons signaler aussi une note de M. Poirier sur la
découverte de fragments de chars gaulois en Bourgogne.
M. Poirier en a tiré des inductions curieuses sur l'industrie
métallurgique en Gaule, h une époque très reculée.
M. Delamare dot dignement la série de tous ces travaux
par son lumineux rapport sur YExposition d'horticulture
de Nantes et par la communication pleine d'intérêt qu'il a
faite k notre dernière séance sur les ravages du mildew
dans un vignoble des bords de la Sèvre, dans les environs
de Nantes.
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— 842 —
ïï fî^U rhislorique de l'invasion du cryptogame dans celle
; il montre ses progrès depuis trois ans et prouve
é d'un traitement tardif au sulfate de cuivre, mais
intages décisifs, par des exemples frappants, lorsque
lement est préventif et est appliqué immédiatement
i floraison.
îmande pardon à mes collègues d'avoir tant écourté
3te rendu de leurs travaux ; mais je ne devais pas
que mon rapport vient après le discours du Président
5de celui du Secrétaire adjoint. J'ai donc cru devoir ne
[) fatiguer votre attention et la réserver au contraire
ïtendre l'excellent travail que va vous lire loul à
M. Gadeceau.
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RAPPORT
DE
LA COMMISSION DES PRIX
SUR
LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1886
Par m. Emile GADECEAU, secrétaire adjoint.
Messieurs,
Deux ouvrages imprimés, biographiques ; un roman, de
nombreux recueils de poésie, telles sont les œuvres qui
briguent, cette année, les suffrages de la Société Académique :
c'est donc d'un concours purement littéraire que je vais
avoir l'honneur, quelque peu périlleux pour moi, de vous
rendre compte, sans y être autrement préparé que 4)ar le
goût et l'intérêt que m'ont toujours inspirés les productions
artistiques.
Mais, grâce à l'organisation de votre savante Compagnie,
j'ai pu trouver dans ceux de mes confrères qui composent la
Commission des prix, des juges compétents el éclairés dont
je m'efforcerai de traduire les impressions.
Je commencerai mon analyse par l'examen des deux
volurhes dus à la plume exercée de M. Kerviler.
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— 5U —
Lauréat de rAcadémie fraDçaise, raateor est loin d'être
un incoDDu, surtout pour vous, Messieurs, qui Tavez déjà
couronné.
Même avec le concours des collaborateurs qu'il nous cite,
on pourrait se demander comment le savant ingénieur,
archéologue et poète, a pu trouver le moyen de se livrer aux
recherches laborieuses et patientes, au travail de bénédictin,
que met en lumière son Répertoire de bio-bibliographie
bretonne, si Ton ne savait déjà qu'il est des natures
exceptionnellement douées qui fournissent une somme de
travail que les autres ne sauraient atteindre.
Que de documents intéressants dans ce premier fascicule
d'une publication qui formera une sorte d'encyclopédie
brelonne ! Ce sont là de précieux matériaux pour quiconque
écrira sur notre chère et antique province.
J'espère, néanmoins, que M. Kerviler voudra bien me
permettre de me faire l'écho d'une légère critique. D semble,
en effet, d'après le titre même de l'ouvrage, qu'on ne devrait
y voir figurer que des noms de personnages ayaht acquis
une certaine notoriété.
Quant à ceux qu'on trouve seulement mentionnés dans
certaines chartes, ils nous sembleraient mieux à leur place
dans un dictionnaire des noms propres.
Nous croyons qu'après en avoir ainsi éliminé un certain
nombre de noms, le travail dont il s'agit n'en serait que
plus facilement consulté et répondrait mieux, par suite, au
but que l'auteur s'est visiblement proposé.
D'ailleurs, nous n'avons actuellement sous les yeux que le
premier volume de cette publication, nous ne pouvons donc
pas la récompenser dès à présent.
L'autre ouvrage a pour litre : La Bretagne à V Académie
française, seconde série : le XVIII* siècle.
C'est une œuvre capitale et de longue haleiner qui s'ap-
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— 845 —
puie sur des recherches historiques consciencieuses et bien
présentées et sur une collection d'autographes apparte-
nant l\ l'auteur. Toutes les sourceç sont scrupuleusement
citées.
Elle met en relief huit Bretons éminents qui ont siégé au
XVIII« siècle à l'Académie française et ont joué un rôle,
souvent considérable, dans les lettres ou dans la politique.
Un des portraits les plus saisissants nous paraît être celui
du fameux prince Louis de Rohan, tour h tour ambassadeur
à Vienne, évéque de Strasbourg, cardinal et grand-aumônier
de France.
Recevant h Strasbourg la jeune archiduchesse Marie-
Antoinette, qui venait en France, entourée du triple prestige
de la jeunesse, de la beauté et de la naissance, pour épouser
le Dauphin ; il adresse à la future souveraine une harangue
dont nous retiendrons les lignes suivantes auxquelles l'avenir
réservait un si cruel démenti :
« Vous allez être parmi nous la vivante image de cette
i> Impératrice chérie , depuis longtemps l'admiration de
» l'Europe, comme elle le sera de la postérité. C'est l'âme de
• Marie-Thérèse qui va s'unir ii l'âme des Bourbons : d'une
» si belle union doivent naître les jours les plus sereins, et
» nos neveux, sous l'heureux empire d'Antoinette et de
» Louis- Auguste, verront se perpétuer le bonheur dont nous
» jouissons sous le règne de Louis le Bien-Aimé ! »
Mais, par malheur pour lui, le Prince ne devait pas tarder
à s'aliéner la faveur de la Dauphine.
Déjà, ambassadeur à Vienne, son luxe effréné et peu en
rapport avec son caractère d'évêque, indispose Marie-Thérèse
qui charge sa fille de faire décider, sans éclat, son rappel.
Une autre circonstance achève de le perdre dans l'esprit
de Marie- Antoinette : par une indiscrétion impardonnable, le
duc d'Aiguillon livre à la Du Barry une lettre confidentielle
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— 546-
écrite de la propre main du prince Louis de Rohan. La favo-
rite en donne lecture dans un des soupers de Louis XV !
Plus lard, le désir de rentrer en grâce entraîne, d'après
notre historien , la participation imprudente du cardinal à
l'affaire retentissante du Collier de la Reine.
La lutte du prélat pendant dix années contre la reine,
malgré Tbostililé de laquelle il parvient enfin au Cardinalat et
à la Grande- Âumônerie, (grâce à la diplomatie de son grand
vicaire, l'abbé Georgel) ; sa liaison avec Cagliostro ; le récit,
par M°>« d'Oberkirch, de l'une des entrevues du Prince avec
le fameux« Jongleur, » entrevue à laquelle elle assistait; l'arres-
tation du cardinal , sa conduite â la Bastille, le jugement du
Parlement dans cette affaire du Collier ; l'épilogue dans lequel
Relaux de Villette avoue qu'il est l'auteur de la signature :
Marie- Anloinelle de France qui avait déterminé le cardinal
à acheter le >collier, tout cela offre le plus grand intérêt et
les faits sont présentés d'une façon très attachante.
On pourrait, il est vrai, reprocher à l'écrivain son extrême
indulgence pour son héros et, s'appliquant à un historien, le
reproche ne manque pas d'une certaine gravité.
On relève, au reste, dans tout l'ouvrage une tendance géné-
rale de l'auteur à atténuer les défauts des personnages histo-
riques qu'il met en scène, tandis qu'il s'efforce de faire
ressortir leurs qualités. Celte tendance, très louable en elle-
même et que nous ne saurions blâmer ailleurs, doit cepen-
dant, dans l'espèce, être signalée conune fâcheuse.
Je regrette que le cadre de ce rapport m'interdise de suivre
M. Kerviler dans la biographie des autres académiciens
bretons célèbres. On me permettra cependant de signaler
encore k l'attention du lecteur la sympathique figure de
Maupertuis qui se détache avec? tant de netteté et de vigueur,
dont le caractère semble si bien retracé, si vrai, si vivant :
pour ma part, c'est la biographie qui m'a le plus captivé.
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- 547 —
Que dire, en passant, de ces vers de Voltaire qui consa-
crent la gloire de Mauperluis ? Cédons plutôt au désir de
vous les lire :
« Lorsque ce grand courrier de la philosophie
» Condamine l'observateur,
» De TAfrique au Pérou conduit par Uranie,
» Par la Gloire et par la Manie
» S'en va griller sous TEquateur,
A Uaupertuis et Clairault, dans leur docte fureur,
» Vont geler au pôle du monde.
» Je les vois d'un degré mesurer la longueur
» Pour ôler au Peuple rimeur
» Ce beau mot de machine ronde
» Que nos flasques auteurs, en chevillant leurs vers,
» Donnaient k l'aventure à ce plat Univers. »
Le biographe nous montre d'abord Maupertuis, élégant
danseur, habile musicien, « mêlant à ses études d'humanité
» des notions approfondies d'histoire naturelle, science pour
» laquelle il se sentait une vive inclination, » recevant enfin
de Frerel ce conseil que « la géométrie seule pouvait repaître
» son âme active et dévorante. »
Comment ne pas suivre un tel voyageur dans son expédi-
tion au pôle nord 1
« Disciple de Newton, il défendait une doctrine admise et
» établie au dehors, mais encore peu connue et accréditée
» chez nous, et cela en opposition avec une autre doctrine,
» celle de Descartes qui conservait, même parmi les savants,
9 de nombreux partisans. »
Il y fallait, à cette époque surtout, un certain courage, car
« le nom seul d'attraction révoltait les esprits et l'on ne
o consentait k reconnaître d'autre cause mécanique univer-
» selle que l'impulsion. »
Âpres avoir mesuré en Laponie, à travers m'dle difficultés.
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— 548 —
Tare du pôle, Maupertuis revint triomphant et sa popalarité.
fut immense.
Est-ce son amour seul pour M"« de Bork, fille d'honneur
de la reine-mère, qu'il épousa en 1745, qui le décida à
accepter les propositions du roi de Prusse pour l'attacher à
sa cour? Toujours est-il qu'il dût, plus d'une fois,* regretter
sa décision, car il nous apparaît, sur le déclin de sa vie,
abreuvé de sarcasmes par Voltaire qui ne pouvait lui par-
donner le prestige dont il jouit jusqu'à la fin dans l'esprit de
Frédéric.
« Empoisonné par la satire et la calomnie, Maupertuis
» mourut à la peine et les amertumes les plus cruelles ne
« lui furent pas épargnées, même au bord de la tombe. »
Si je me suis étendu. Messieurs, sur l'ouvrage de M. Ker-
viler, c'est que, outre le plaisir que j'y prenais moi-même,
il importait de démontrer que nous sommés en présence
d'une œuvre vraiment remarquable. D'une belle ordonnance,
écrite dans un style coloré^elle présente un intérêt soutenu.
Il serait bien flatteur pour notre Compagnie que l'auteur
voulût bien, à l'avenir, nous réserver la primeur de pareils
travaux qui rentrent complètement dans notre programme.
Mais il nous est loisible, d'après ce même règlement,
d'accorder exceptionnellement une récompense aux ouvrages
imprimés traitant de travaux intéressant la Bretagne et dont
la publication ne remonte pas k plus de deux années.
D'autre part, l'auteur ayant naguère reçu de vous, pour
d'autres œuvres, la plus haute récompense que vous puissiez
accorder, votre Commission lui décerne, pour celle-ci, un
rappel de médaille d'or.
De l'Histoire au Roman, la transition semble assez naturelle,
toute épigramme à part. Je vais donc maintenant vous entre-
tenir d'un roman manuscrit ayant pour titre : V Etude de
maître Robertin, et pour devise : Favet Neptunus eunti.
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— 549 —
Celte devise est d'autant mieux choisie que la scène se
passe d'abord à Nantes, puis sur les bords de l'Océan, dans
une localité connue de la plupart de mes auditeurs : à
Préfailles. *
L'action est simple, il n'y a point là de trame compliquée,
mais un plan bien ordonné et très exactement suivi, offrant,
çà et là, des incidents intéressants. Les scènes dramatiques
y sont rares ou bien le relief leur fait défaut ; les grands
ressorts de J'âme humaine n'y sont pas mis en jeu ; en un
mot, ce n'est pas à proprement parler un roman, c'est plutô
une nouvelle ; en tous cas, c'est une lecture saine et agréable
qui repose l'esprit tout en parlant au cœur.
Je vais essayer. Messieurs, de vous retracer la donnée
choisie par l'auteur et les principaux personnages qu'il met
en scène.
Maître Robertin, notaire à Nantes, est l'heureux père d'une
charmante jeune fille, Jeanne, dont l'apparition dans l'étude,
un beau soir, en toilette de bal, frappe vivement l'imagination
du jeune breton Michel Kerven, récemment investi des fonc-
tions de second clerc.
11 songe aux blanches « koriganes » que les légendes de son
pays lui ont représentées voltigeant, la nuit, à la lueur des
feux follets, sur les landes bretonnes.
Ce jeune débutant, fils d'un notaire de campagne et n'étant,
paraît-il, que peu ou point sorti de sa bourgade, nous est
dépeint comme assez naïf, ignorant les usages du monde ;
en un mot, tout le contraire d'un jeune homme à la
mode.
Encouragé par l'indulgence de Jeanne pour ses gaucheries,
le voilà, en peu de temps, amoureux de la jeune fille ; mais
il a un rival sérieux dans le premier clerc : le comte Armand
de Mauplessis, petit neveu ou cousin au cinquantième degré,
dit l'auteur, de la femme du notaire,
34
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— 850 —
M°« RoberliD, née Alhénaïs de Boislandry, désireuse de
reconquérir, par sa fille, le prestige aristocratique que lui a
fait perdre son mariage avec M. Robertin, a su extraire ce
cousin, tout exprès pour faire de lui son gendre, d'un petit
collège de l'Anjou oii il recevait une très médiocre éducation.
M. de Mauplessis entre d'abord au lycée de Nantes, puis,
comme premier clerc, dans l'étude de maître Robertin, que
sa femme avait conduit k s'intéresser à ce protégé.
Joli garçon, d'une grande élégance native, avec de l'esprit
et un caractère aimable et gai, il ne larda pas à être
accueilli dans les salons les plus enviés où il acheva d'acquérir
ce vernis de savoir-vivre et de politesse délicate, qui faisait
enfin de lui, à l'époque où se passe l'action, un « gentleman »
accompli.
Voilà donc deux natures et deux caractères essentiellement
différents, mus tous deux par le même mobile : aspirant l'un
et l'autre au bonheur de devenir l'époux fortuné de la belle
Jeanne. Mais, tandis que M. de Mauplessis, accompagnant ces
dames dans le monde, où il obtenait tous les suffrages,
travaillait avec effort, après une nuit de bal, le jeune Breton,
laborieux, attentif et persévérant, s'adonnait tout entier aui
devoirs de sa profession. Le premier était cependant le préten-
dant presque en titre ; le second osait à peine s'avouer i
lui-même son amour pour Jeanne, et la réalisation de ses
vœux lui apparaissait comme à peu près impossible.
Cette situation ne tarde pas à se modifier : un événeraenl
subit vient jeter un grand trouble dans l'existence d'Armand
qui, malgré une certaine légèreté de caractère , nous a élé
représenté, au demeurant, jusqu'ici, comme un garçon assez
rangé « faisant habituellement, dit l'auteur, les commissuns
-> importantes avec célérité ; évitant les conversations en
» chemin, d
Chargé par le notaire d'opérer un versement de dix mille
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- 551 ~
francs chez un banquier de la rue Lafayette, voici qu'il
rencontre, rue du Cal\raire, le beau Champerlé, un ami de
collège devenu parisien et qui se dit maintenant à la tête de
la Banque du Nouveau-Mexique. ,
L'entraîner à « crébillonner » (*) un quart d'heure, puis de
\^ au café, enfin à une partie d'écarté à vingt francs la fiche,
tout cela semble exécuté en un tour de main par l'habile
Champerlé qui trouve ainsi le moyen de faire perdre à son
camarade, de revanche en revanche, la somme entière qu'il
devait verser au banquier pour le compte du notaire
Comment sortir d'une telle situation en présence de l'im-
placable maître Roberlin qui exige le remboursement des
dix raille francs perdus? — C'est ici qu'éclate le machia-
vélisme du premier clerc, perfidie que nous n'avions guère
pu, jusqu'ici, pressentir!
Après avoir vainement frappé à plusieurs portes pour
arriver à emprunter la somme en question, après une visite
à certain juif usurier de la rue du Puits-d' Argent, ne voulant
pas engager sa signature réclamée par ce dernier, Mauplessis
imagine de décider Kerven à donner la sienne
A la pensée des pleurs que Jeanne allait répandre en se
voyant à jamais séparée de son fiancé, à celle de la haine
qu'elle ne manquerait pas de lui vouer en apprenant son
refus de sauver Armand, l'héroïque Breton, immolant son
propre bonheur, se laisse entraîner chez le juif et donne sa
signature ! ... ce qui permet à Armand de rembourser les dix
mille francs et de sortir à peu près intact de cette crise vis-à-
vis de son futur beau-père.
C'est à Préfailles que se déroule la seconde partie du
roman et que les rôles achevant de s'intervertir, Mauplessis
(*) Expression locale : flâner dans la rue Grébillon.
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— 552 —
va perdre lout à fait^dans le cœur de Jeanne, une place que
Tamour noble et vrai de Kerven a conquise peu à peu ei
qu'il finira par occuper tout entière.
Au milieu d'une société un peu interlope de plage et de
casino, l'ami Gbamperlé, qui semble décidément le mauvais
génie d'Armand, apparaît de nouveau. Il est accompagné,
cette fois, d'une élégante : une soi-disant • princesse russe
parisiannisée , » que ses qualités d'intrépide nageuse et le
cbarme de sa voix, ont fait surnommer « la Sirène » parmi
les buveurs d'eau que l'on voit groupés, chaque soir, d'une
façon souvent assez pittoresque, sur les rochers de la
source minérale de Quirouard.
Le trop léger fiancé de Jeanne se laisse prendre aux
séductions de cette sirène et malgré les efforts d'un ami, qui
cherche à lui tendre une planche de salut en racontant une
jolie légende du pays, dite : la Légende des Echevelés,
Armand de Mauplessis, sourd à cet apologue, dédaignant la
perle fine pour choisir le faux brillant, délaisse Jeanne,
sensible et bonne, pour s'atteler au char triomphal de la
Sirène aux yeux changeants !
Jeanne surprend un jour, entre les deux amants, un dia-
logue qui ne peut lui laisser la moindre illusion sur son
malheur.
Pendant ce temps, et en l'absence d'Armand, Michel
Kerven est devenu le clerc favori de maître Roberlin, aussi,
celui-ci lui propose-t-il d'aller passer un ou deux jours à
Préfailles, le priant de lui rapporter des nouvelles de ces
dames.
Ici se place une scène dramatique :
Par une magnifique soirée, la vue de la mer phosphores-
cente inspire à quelques baigneurs le dés'u* de se plonger
dans cet océan de feu. Jeanne est du nombre, soit que le
désir de rivaliser avec la Sh^ène se fût emparé d'elle, soit
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-553 —
qu'elle cédât simplement, comme les autres, aux attraits de
ce bain embrasé ; elle s'éloigne de la rive
Tout à coup des cris de détresse se font entendre, une
jeune fille est en péril ! Kerven se précipite et ramène au
rivage Jeanne ! Jeanne qu'il a sauvée ! !
Mais arrivons enfin au dénouement :
Les baigneurs sont de retour à Nanles; Armand, tout entier
à sa passion, ne travaille plus qu'avec dégoût. 11 est sujet
à d'étranges distractions : « écrit une phrase de romance sur
» la marge d'un contrat » et va même jusqu'à glisser dans
le portefeuille de maître Robertin, le testament d'un marchand
de chiffons à la place du contrat de mariage de la richissime
M"« Collinet. Et le grave notaire commence machinalement
cette lecture, dans le grand salon de famille, au scandale
indicible de l'assemblée !
A la suite de cet incident comique, présenté par l'auteur
d'une façon très heureuse, Mauplessis disparaît 11 est
allé rejoindre la Sirène, à Paris.
Sur ces entrefaites, la famille Kerven arrive à Nantes et,
à l'instant oii les portes du salon du notaire s'ouvrent pour
la recevoir, apparaît le juif Isaac qui vient réclamer la somme
pour laquelle Kerven s'est porté garant par sa signature !
La scène est émouvante par la seule situation des per-
sonnages qui la composent et qui sont tous intéressants ;
présenté d'une façon plus vigoureuse, cela ferait, au théâtre,
une fin d'acte très réussie. Malheureusement, je dois le dire,
ici la peinture est à peu près absente. A la faveur des
qualités sérieuses relevées dans son œuvre, Tauteur me
permettra, en passant, cette critique à propos d'un épisode
dont il pouvait tirer un grand effet.
Voilà le pauvre Kerven au désespoir; heureusement Jeanne
est là : un propos entendu à la soirée de M"® Collinet l'avait
déjà mise sur la voie ; elle questionne Michel sur l'emploi des
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— 554 —
dix mille francs réclamés par le juif Isaac, et bientôU avec
cette intuition surprenante de la femme qui veut sauver celui
qu'elle aime, elle a tout deviné : elle écrit à Armand de
Mauplessis chez la princesse Macoff, boulevard Saint-Germaio,
à Paris.
Abandonné par la Sirène, compromis dans les affaires de
la Banque du Nouveau-Mexique, condamtié de ce chef à trois
mois de prison, l'ancien premier clerc de maître Robortin
subissait en ce moment les terribles conséquences de sa
légèreté. Elles ne lui avaient pas encore cependant cï)mplète-
ment ouvert les yeux, car nous le voyons se battre en duel
avec l'un des favoris de la Sirène et recevoir du général
Sapoukine une balle en pleine poitrine. La lettre de Jeanne
lui était parvenue quelques heures avant ce duel : se voyant
mortellement frappé, il écrit d'une main tremblante sur un
feuillet déchiré de son carnet l'aveu de sa faute, puis il
délègue son ami Virmont pour aller porter lui-même ce
billet à Jeanne.
Tout s'explique: maître Robertin court au Palais pour
arrêter l'affaire Kervcn, car Isaac avait mis ses menaces à
exécution. Le juif est payé par le notaire, Armand meurt
des suites de sa blessure et, l'année suivante, Hector de
Virmont reçoit l'invitation d'assister au mariage de M"« Jeanne
Robertin avec M. Michel Kerven.
M"» Athénaïs Robertin, née de Boulandry, ne pouvant
se résigner à ne pas voir sa fille comtesse, finit par
découvrir un savant généalogiste qui lui aflfirmc que les
Kerven sont certainement de race noble !
Vous le voyez. Messieurs, l'histoire est essentiellement
morale : la vertu est récompensée, le vice puni; la vanité seule,
incorrigible, renaît de ses cendres !
En résumé, nous trouvons dans XÈlude de maître
Robertin un ensemble de qualités remarquables : plan bien
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ordonné et sagement conduit; style simple, correct, élégant
parfois; Tart des nuances et le talent d'observation s'y
révèlent d'une façon éclatante ; « tout est bien pondéré, et
i> l'auteur a su, tout en ayant l'air de laisser courir sa plume
» un peu au hasard, s'observer, se modérer ou ne s'écarter
• qu'avec précaution. »
Certaines scènes m'ont paru particulièrement bien traitées ;
telles sont : l'apparition première de la fille du notaire, en
toilette de bal, dans l'étude ; le récit du peintre, sur les
rochers de la source, lorsqu'il dit la Légende des Êchevelés ;
le contrat de mariage de M"« Collinet, avec son incident
vraiment comique ; la première visite d'Isaac à Kerven, fort
habilement décrite.
Noire rôle de critique devient moins agréable lorsqu'il nous
impose la nécessité de placer à côté des qualités les défauts;
toutefois, j'imagine que beaucoup d'auteurs, protégés qu'ils
sont, au moment oii je parle, par le voile de l'anonyme, ont
trop d'esprit pour ne pas accueillir, sans amertume, les
observations, quelquefois même les conseils, d'une critique
bienveillante, quoique impartiale.
Nous dirons donc maintenant à l'auteur de VÉtude de
maître Robertin que son roman n'est qu'une intéressante
nouvelle, que ce n'est pas une œuvre capitale. Que, quelque
bien traitée qu'elle soit, elle permet d'apercevoir que l'art
de la mise en scène laisse à désirer,' que la couleur fait
souvent défaut, aussi bien dans les descriptions de lieux que
dans les scènes dramatiques.
Sans vouloir nier un certain art relatif dans la peinture de
Préfailles et de la vie de bains de mer, nous croyons qu'il y
avait là mieux à faire encore ; enfin l'émotion ne paraît pas
s'être emparée de l'écrivain lorsqu'il raconte le danger de
Jeanne, sur le point de se noyer, et l'héroïque sauvetage de
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— 556 -
Kerven : cette émotion, absente chez l'auteur, ne saurait,
par suite, pénétrer dans l'âme du lecteur.
Le vrai pouvant parfois n'être pas vraisemblable, nous
serons bon prince en ce qui concerne les invraisemblances
dans un genre d'ouvrage qui n'a même piSs la prétention
d'être vrai.
Toutefois, la rapidité presque foudroyante de la première
chute d'un garçon aussi rangé jusque-là que Mauplessis ; la
facilité, plus surprenante encore, avec laquelle un usurier
prête une somme assez importante sur la signature d'an
garant, sans autre fortune que l'honorabilité de son nom ;
l'adhésion de Kerven à un tel compromis, sont des invrai-
semblances de nature à détruire toute illusion chez un lecteur
qui voudrait que « ce fût arrivé. »
Faisant la part des qualités et des défauts, se trouvant en
présence d'une œuvre saine, offrant de grandes qualités de
composition et de style , votre Commission n'hésite pas ,
Messieurs, malgré les imperfections signalées, à décerner
une médaille de vermeil grand module à l'ouvrage intitulé :
L'Etude de maître Robertin, ayant pour devise : Favet
Neplumis eunti.
Je crains d'avoir déjà fatigué votre attention à l'instant où
j'arrive à vous parler de la poésie ; heureusement, c'est là
comme une source pure et rafraîchissante où l'humanité s'est
plu à se désaltérer à toutes les époques et surtout après ses
plus rudes étapes et ses marches forcées. Je comple sur cette
bienfaisante influence pour permettre à mon indulgent audi-
toire de me suivre jusqu'au bout.
Nous dirons peu de chose du premier recueil ayant pour
titre : Les Printanières et pour épigraphe : Faire bien et
laisser dire.
C'est une belle chose que le printemps et nous en sommes
tous plus ou moins amoureux ; mais Ure quatre-vingts pages
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de vers, d'ailleurs harmonieux, très bien rythmés, sur ce seul
sujet, sans trouver aucune autre idée, sous ce voile embaumé,
qu'un éloge sans fin des prés, des bois et des monts, cela
nous rappelle ces vieilles romances qui empruntent tout
leur charme à l'effet magnétique que produit sur l'auditeur
le retour continuel du même air , du même rythme , de la
même cadence !
Toutefois , voire Commission , sans accorder de récom-
pense k ces pages, engage l'auteur à persévérer dans une
voie que la facililé extrême de sa versification , et son
sentiment incontestable du rythme, lui rendront fructueuse
s'il parvient h refréner cette exubérance poétique et à concen-
trer davantage sa pensée sur un sujet choisi avec soin.
Un poète qui ne paraît pas être un débutant nous envoie
une pièce ayant pour litre : Simple histoire et pour épi-
graphe : Beati mites.
« Cette simple histoire est celle d'une veuve qui, par ses
» soins maternels, ayant arraché à la mort l'unique enfant
» qui lui reste, a la douleur de le voir s'adonner à l'ivro-
» gnerie et se laisser aller jusqu'à la frapper violemment.
» Cité, pour ce fait, en police correctionnelle, le jeune homme
»> va avouer sa faute quand, par un prodige d'amour mater-
» nel, la mère déclare que c'est elle qui a frappé la pre-
» mière. Vaincu par cet excès d'amour, le coupable purifié
» fond en larmes et devient un homme nouveau. »
Nous regrettons que la recherche, peut-être un peu exa-
gérée, des contrastes, ait pu conduire le poète à choisir un
sujet en résumé peu sympathique. Certes, l'amour maternel
est de taille à atteindre ces hauteurs, mais ici l'ignominie du
fils nous voile l'héroïsme de la mère.
De plus, je suis forcé d'ajouter que nos confrères les plus
compétents ont relevé dans cette poésie quelques incorrections.
Cependant, dans l'ensemble, votre Commission, estimant
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— 558 —
que la pièce mérite une récompense, accorde une mention
honorable à l'auteur qui a pris pour devise : Beati mites.
Nous trouvons ensuite, dans un seul et même envoi, deux
recueils dont la facture semble, au reste, indiquer qu'ils sont
bien les enfants d'un même père.
Le premier a pour titre : Sonnets et Poèmes et pour
épigraphe : A toi mes vœux, 6 ma vieille Bretagne, etc.
Du second, nous dirons seulement qu'il nous annonce un
dizain de sonnets inédits et que sa devise : Un sonnet sans
défaut, hélas, il n'en est pas ! nous a paru par trop justifiée.
Un seul de ces sonnets, intitulé : Le Pôle, nous a plu sans
restriction ; d'autres, comme VOcéan amoureux, sans être
dépourvus de mérile, ont un caractère un peu libre pour un
concours académique, ou comme: Matin d'avril, sont d'un
réalisme qui ne saurait nous agréer.
Quant au premier recueil, il contient, à côté de poésies
très réussies, des pièces absolument choquantes, entre autres :
Poésie et Naturalisme, dédiée à Emile Zola.
Comment un poète bien doué, qui paraît surtout posséder
à un haut degré le sentiment de la nature et qui semble, de
plus, amoureux de la forme, a-t-il pu déparer cet opuscule
en y insérant des pages qui sont, à * nos yeux, la négation
de toute poésie ?
Il faudrait l'instinct délicat de l'abeille, butinant dans un
pareil champ, pour y découvrir les fleurs parfumées dont
elle fait le miel !
Essayons pour! an t d'y réussir et le Paysage breton nous
dédommagera de nos peines.
Cette pièce mérite d'être lue, la voici presque en entier :
« A quelques pas du roc où l'Océan se brise,
D Dans une flaque d'eau pourrissent quelques joncs ;
D Puis la lande commence et s'étend morne et grise :
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-559-
» L'hiver a flétri l'or de la fleur des ajoncs.
» Une âpre bise souffle, cl, du faîle h la base,
» Tressaille un frêne rabougri,
» Qu'on prendrait, au milieu de cette plaine rase,
» Pour un voyageur sans abri.
» Près d'un bloc de granit, les racines énormes
I) D'un chêne au tronc noueux,
» Rampent dans tous les sons et, repliles difformes,
» S'enfoncent dans un sol boueux.
» Une source, plus loin, goutte à goutte, s'épanche
» Et roule enlre quelques cailloux ;
1» Sur l'onde qui murmure une humble fleur se penche,
9 Et le ruisseau se perd sous un buisson de houx.
» Un hôlre croît au bord d'une large crevasse,
» Ombrageant les rameaux d'un maigre noisetlier ;
» Et l'épaisse bruyère et le genêt vivace
» Couvrent la terre inculte, et cachent lout senlier.
» A quelques pas du roc où l'Océan se brise,
» Une vache à l'œil doux broute un maigre gazon
» Et loin, jusqu'à la mer, là-bas, à l'horizon,
» La lande continue et s'étend morne et grise....»
Tenant compte des qualités que décèlent ces œuvres chez
son auteur, et tout en l'invitant à en écarter désormais des
pièces déplacées dans un concours académique , vous avez
-attribué une médaille de bronze au poète qui a pris
pour épigrapjic : « A toi mes vwux, 6 ma vieille Bretagne »
et « Un sonnet sans défaut, hélas, il n'en est pas! »
Nous arrivons enfin à deux poésies que nous avons le
plaisir de pouvoir louer sans réserve ; elles sont envoyées
sans épigraphe avec leurs seuls litres :
Agar et Ismaël, scène lyrique et Je meurs pour la
Patrie !
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Je. ne saurais mieux faire que de reproduire ici, k propos
de la scène lyrique, Fopinion d'un des membres de la Com-
mission, juge compétent à tous les points de vue sur un
pareil sujet.
• Cette scène lyrique, nous dit-il, est tout à fait dans le
» ton de ces temps antiques et naïfs ; on sent déjà, dans
» Ismaël, l'homme du désert, le futur arabe, ivre d'indépen-
» dance, que visitaient les anges du ciel. Agar passe par
» toutes les émotions qui peuvent déchirer un cœur de
» mère. Elle est successivement confiante et abattue. Elle
» craint pour son fils et elle espère. Tout cela est bien
» rendu, fait avec le plus grand soin, presque limé. »
La seconde pièce, plus accessible au jugement des pro-
fanes, vous saisit, vous émeut, vous altendrit. C'est une
production des plus honorables pour son auteur, où l'on
sent, il est vrai, l'influence d'un de nos meilleurs poètes
contemporains, mais qui atteint le caractère essentiel de
l'art, à mon avis: émouvoir !
La lecture complète pourrait seule en donner l'idée exacte ;
force nous est cependant de la fragmenter. Nous essaierons
de le faire, sans nous flatter, toutefois, de n'en pas affaiblir
Tefl'et et en réclamant, pour le lecteur, toute l'indulgence
de l'assemblée.
Le récilant, chargé de la douleureuse mission d'informer
son vieux général de la mort de son fils, arrive à son foyer,
par une belle matinée de printemps ; il trouve le vieillard
souffrant, torturé par la goutte, le visage pâli ; 4)lus encore :
obsédé par un poignant souvenir, presque un remords, qui,
depuis longtemps, le poursuit jusque dans son sommeil.
« Voulez-vous écouter une confession que je vous dois,
n k vous que j'aime et que j'estime, » lui dit le général.
Puis épanchant son cœur dans celui de son jeune ami, il
lui raconte comment, au siège de Saragosse, son frère
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-861-
Adrien, qui commandait, tombe frappé h mort par la main
d'un enfant.
« H gisait inrnnobile,
» Ce géant, terrassé par une main débile !
» Affolé, ne pouvant maîtriser ma fureur,
» Je courus au bambin qui, calme, sans terreur,
» Attendait ; je frappai de mon sabre avec rage ,
» Kt son sang par deux fois me jaillit au visage.
.» H se soutint au mur, son regard se troubla;
» Convulsé, tout son corps se roidit et trembla,
D H tomba lourdement : « Sainte Vierge Marie,
» Ayez pitié de moi, je meurs pour la Patrie ! »
» Murmura-t-il — Ces mots chassèrent de mon cœur
» La colère, et, honteux, pitoyable vainqxieur,
9 Je suivis les soldats qui marchaient avec peine,
» Brisé par la douleur, l'œil morne, rârne pleine
» De remords ; maudissant le funeste pouvoir
» D'écraser ce qu'on sait bien être le devoir,
» Et peut-être le droit ! »
L'autre épisode est plus attendrissant encore : cette fois,
c'est un jeune français que le général voit frappé par les
balles étrangères !
« A quelques pas de moi,
M Un fifre, au premier rang, combattait sans émoi.
» Je regardais Tenfant après chaque décharge,
» Et toujours, campé droit, gaSment, sonnant la charge,
» Je voyais le gamin sublime et souriant.
» 11 se fit tout à coup un silence effrayant.
» Dans un nouvel effort refoulant notre armée,
» L'ennemi s'avançait farouche ; la fumée
» Obscurcit un instant les épais bataillons,
9 Mais bientôt le soleil, de ses ardents rayons,
» Perça le noir rideau flottant comme un nuage ;
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-562 —
» Et bien que la mitraille eût porté le ravage
» Parmi nous, nos soldats repoussaient, frémissants,
» Cet assaut meurtrier, ces efTorts impuissants.
» A mes côtés le fifre est à la même place ;
» Sa petite main fait un geste de menace,
» Il prend Tarme d'un mort sur la terre couché,
» Le coup part, un Anglais bondit, il est touché ;
» De sa tête trouée un flot de sang ruisselle,
» Il tourne sur lui-même, étend les bras, chancelle,
» Il s'abat foudroyé par la main de Tenfant.
» Le fusil est jelé ; le fifre triomphant,
» Tout fier de son succès ; cambrant sa maigre taille,
» A repris sa fanfare et son rang de bataille.
» Nous avançons. Soudain, un ouragan de fer
D Décime nos soldats, trouant, broyant la chair...
» Le fifre était atteint, la blessure était grave ;
» Les ennemis avaient fauché le jeune brave :
« Canailles ! m'écriai-je en leur montrant le poing. »
» Je soulevai Tenfant, le portant avec soin,
» Et je le déposai sur le bord d'une route :
» De sa plaie un sang noir s'écoulait goutte k goutte,
» Sa main pendait inerte et froide ; on entendait
» Battre à peine son cœur ; sur son front s'étendait
» Une sérénité qu'on ne saurait décrire \
» Sa bouche s'enlr'ouvrit dans un pâle sourire,
TU Sur moi son doux regard se fixa longuement.
» Il prit ma main, et puis murmura doucement —
» Un râle soulevant sa poitrine meurtrie : —
« Mon capitaine, adieu ; je meurs pour la Patrie ! »
H Sa tête lourdement tomba, son corps frémit,
» Il ferma ses yeux noirs et sa lèvre blêmit,
» Un spasme secoua la pauvre créature,
» Et ce fut tout... J'eus froid au cœur: quelle torture !
n J'étais seul, nos soldats fuyaient et le remord
» Accablait tout mon être... Hélas ! cet enfant mort,
9 Tombé si bravement pour son pays, sublime,
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— 563-
» Qu'avail-il fait de plus que l'autre, ma viclime? —
» Ces Taits depuis longlenips, mon ami, sont passés ;
» Cependant que de fois, les ebeveux hérissés,
n Dans mon sommeil, j'entends une voix qui me crie :
a Mon capilaine, adieu ; je meurs pour la Patrie ! »
» PuisTenfant espagnol au visage blêmi
» M'apparaîl, ses regards se voilant à demi ;
» Il parle, je tressaille au son de sa voix rauque ;
» Je sens fixé sur moi son œil sinistre el glauque ;
» Je m'éveille sans force et la sueur au front,
» Troublé comme un soldat qui subit un affront. »
Encore tout treoiblant de Témotion causée par les souvenirs
qu'il vient d'évoquer, le vieillard laisse tomber soudain les
yeux sur la lettre, au cachet noir, que tient à la main son
jeune confident. C'est, hélas, la dernière lettre de son fils ! . . .
Elle est datée de Prusse
« Lisez-moi cette lettre,
» Je le veux, je l'exige, et sans en rien omettre
» Père, je vais bien mal, la fièvre m'a repris,
» Je me croyais sauvé, inais hier j'ai surpris
» Quelques mots qui m'ont fait comprendre ; on désespère
» De ma vie, et la tombe est prête, mon bon père 1. ..
» Jusqu'à son dernier jour, cause de tes douleurs,
» Ton enfant, malgré lui, t'aura coûté des pleurs.
» Pourquoi mourir ainsi, brisé par la souffrance,
» Dans un lit, loin de lous, exilé de la France !...
>» Mon pays est là-bas, là-bas, à l'horizon :
» Ohi ! revoir ma Bretagne, et ma blanche maison ;
» La lande qui s'étend fleurie ou morne et grise,
» Sur le roc qui frémit la vague qui se brise. . . .
» J'aurais voulu, frappé dans un jour de combat,
» Au bruit sourd du canon, expirer en soldat. . . .
» Chasse le désespoir, mon père, je t'en prie ;
» Je t'aimais bien, adieu : le meurs pour la Patrie /
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-564-
» Le vieillard n*esl pas mort : il se Iralne à pas lents,
» Tout courbé vers la terre, et les genoux tremblants ;
» Ses grands yeux caves ont un regard qui me navre;
» Mon pauvre général ! C'est un vivant cadavre,
» Bénissant le malheur contre lui déchaîné :
» Car il a tant soufTert qu'il se croit pardonné ! »
Cette lecture me dispense de commentaire : elle justifie
à elle seule votre décision. Vous avez décerné une médaille
d'or à l'auteur des deux pièces ayant pour titre :
Agar et Ismaël;
Je meurs pour la Patrie !
Je termine ce long rapport en priant mes confrères de la
Commission des prix d'agréer mes remercîments pour leur
concours empressé autant qu'éclairé et je constate av^c
plaisir que si, cette fois, le programme spécial de la Société
Académique n'a pas été abordé, notre Compagnie peut néan-
moins se flatter d'avoir eu à juger un ensemble d'œuvres
intéressantes.
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CONCOURS DE 1886.
RÉCOMPEiNSES DÉCERNÉES AUX LAURÉATS
PAR LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
lo Rappel de Médaille d'or ,
A M. Kerviler, pour deux éludes historiques.
2o Médaille de vermeil 1^^ classe,
A M"® Biou, pour son roman V Etude de maître liobertin.
30 Médaille d'or,
A M. Rouaud, pour une scène lyrique et une poésie.
4^ Médaille de bronze ,
Au même, pour sonnets et poèmes.
35
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PROGRAMME DES PRIX
PROPOSÉS
R LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE NANTES
POUR L'ANNÉE 1887.
Question. ~ Etude biographique sur un ou
plusieurs Bretons célèbres.
Question. — Etudes archéologiques sur les
départements de TOuest.
{Bretagne et Poitou.)
îs monuments antiques et particulièrement les vestiges
los premiers âges tendent à disparaître. L'Académie
eillerait avec empressement les mémoires destinés k en
erver le souvenir.
Question. — Etudes historiques sur Tune des
Institutions de Nantes.
Question. — Etudes complémentaires sur la
une, la flore, la minéralogie et la géologie
I département.
ous possédons déjà les catalogues des oiseaux, des
usques et des coléoptères de notre région, ainsi que la
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— 567 -
flore pbanérogamiqtie, un catalogue des cryptogames et un
catalogue des minéraux.
5« Question. — Etude sur les eaux potables de
Nantes.
6^ Question. — Traumatisme et impaludisme.
7« Question. — Etude sur les épidémies locales
de diphtérie.
8« Question. -< Canalisation de l'électricité pour
les villes.
9e Question. — Transport de l'énergie par les
moyens connus: câble télodynamique ; air com-
primé ou raréfié ; eau forcée ; électricité.
La Société académique, ne voulant pas limiter son concours
à des questions purement spéciales, décernera une récom-
pense au meilleur ouvrage :
De morale.
De poésie.
De littérature.
D'histoire,
D'économie politique.
De législation.
De science.
D'agriculture.
Les mémoires manuscrits devront être adressés, avant le
20 août 1887, à M. le Secrétaire général, rue Suffren, 1.
Chaque mémoire portera une devise reproduite sur un paquet
cacheté mentionnant le nom de son auteur.
Tout candidat qui se sera fait connaître sera de plein droit
hors de concours.
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EXTRAITS
DES
PROCÈS-VERBÂUX DES SÉANCES
de Tannée 1886.
Séance du 2 décembre 1885.
Allocution de M. le D' Guénel, président sortant.
Allocution de M. Orieux, nouveau président.
Lecture du travail de M. Merland ayant pour titre : Notes
pour servir à l'histoire du district de Challans.
Séance du 6 janvier 1886.
Renvoi à la Section des Lettres de l'ouvrage de M. Saul-
nier : La vie d'un poète, offert par Tauleur à la Société.
Mention de la nomination de M. Jamet, au grade d'officier
d'Académie.
Election de M. Delteil comme secrétaire général.
Continuation de la lecture de M. Merland sur le district
de Challans.
Lecture, par M. Fargues, d'un compte rendu analytique
de l'ouvrage de M. Lallemand sur la protection de l'enfance
abandonnée et délaissée.
Lecture, par M. Alcide Leroux, de son Voyage en Egypte.
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— 870 —
Séance du 8 février 1886.
Election de M. Linyer comme membre du Comité central.
Lecture du travail de M. Merland sur le district de Chai-
lans.
Séance du 3 mars 1886.
Lecture, par M. Orieux, président, d'une notice nécrolo-
gique sur M. Doucin.
Lecture, par M. Roques, d'un compte rendu sur l'ouvrage
de M. Saulnier qui a écrit la vie d'Edouard Turquetty,
poète breton.
Lecture, par M. Fargues, de son travail sur l'enfance
abandonnée.
Lecture, par M. Leroux, du Secret de Brizeux.
Séance du 7 avril 1886.
Renvoi à la Section des Lettres d'un opuscule intitulé :
Dialogue entre le vers français et le vers latin, hom-
mage de M. Levraull, professeur au Lycée.
Mention de l'élection de M. Heurtaux comme membre cor-
respondant de l'Académie de Médecine.
Lecture du travail de M. Fargues sur l'enfance aban-
donnée.
Lecture, par M. Merland, de son travail sur le district de
Challans et de huit lettres inédiles de Paul Baudry.
Séance du 5 nmi 1886.
Mention des récompenses obtenues par MM. Herbelin
et Andouard : une médaille d'argent au premier et un
rappel de médaille au second, pour leurs travaux d'hy-
giène et de salubrité publique.
Lecture, par M. Rousse, de diverses poésies : Dom Loti-
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— 571 —
neau; L'obélisque de Mi-Voie ; A Robert Burns ; La
cathédrale de Nantes ; Un village.
Lecture, par M. Fargues, d'une note sur les derniers
moments de Guizot.
Lecture, par M. Orieux, d'une poésie intitulée : Jours
d'été.
Lecture, par M. Guillemet, de son rapport sur la candida-
ture du D' Couëtoux.
Nomination du D' Couëtoux au titre de membre corres-
pondant.
Séance du ^ juin 1886.
Lecture, par M. Fargues, de son rapport sur la candida-
ture de M. Thierry-Risler.
Nomination de M. Thierry-Risler au titre de membre rési-
dant.
Lecture, par M. Maître, de son compte rendu sur Yhistoire
des Chapelles Bourbon, de M. Legoux.
Lecture, par M. Delamare, de son rapport sur les résultats
de l'Exposition d'horticulture.
Lecture, par M. Leroux, de son Récit de voyage en
Egypte.
Séance du i juillet 188t).
Sur le rapport de M. Orieux, M. de Chastellux est nommé
membre résidant.
Mention de la nomination de M. Dugast-Matifeux à la
dignité de chevalier de la Légion d'honneur.
Séance du 4 août 1886.
Hommage à la Société d'un travail archéologique de
M. Félix Chaillou sur les Cléons.
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— 57* —
Lecture, par M. Herland, de trois lettres inédites de Paul
Baudry.
Lecture, par M. Gadeceau, d'une note sur un Orchis
hybride trouvé à Boui^euf.
Séance du !•' septembre 1886.
Lecture, par M. Orieux, de son travail intitulé : Le long
Calendrier.
Séance du 6 octobre 1886.
Lecture, par M. Gauducbeau, de son rapport sur les
travaux de la Section de Médecine.
Lecture, par N. Roques, de son rapport sur les travaux de
la Section des Lettres.
Lecture, par M. Orieux, de son travail : Le long Calen-
drier.
Lecture, par M. Leroux, de son Récit de voyage en
Egypte.
Séance du S novembre i88H.
Sur le rapport de M. Viaud-Grand-Marais, M. le D' Llenas,
du Cap-Haïtien, est nommé membre correspondant.
Lecture, par M. Bureau, de son rapport sur les travaux de
la Section des Sciences naturelles-
Lecture, par M. Andouard, de sa Note sur le dosage de
l'acide phosphurique par l'urana et sur sa Note sur
l'antagonisme des nitrates sur les superphosphates.
Lecture, par M. Delaraare, d'une Note sur l'invasion du
mildew dans un vignoble des bords de la Sèvre.
Séance publique du 21 novembre 1886.
La séance a lieu dans la salle des Beaux- Arts.
Discours sur Ylmaginalion par M. Orieux, président.
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-573-
Rapport de M. Deltcil, secrétaire général, sur les travaux
de la Société académique pendant Tannée 1886.
Rapport de M. Gadeceau, secrétaire adjoint, sur le Concours
des prix.
Plusieurs artistes et amateurs ont donné leur concours
pour la solennité.
Séance du 22 novembre 1886.
M. Raingeard est élu président.
M. Alcide Leroux est élu vice-président.
M. Gadeceau est élu secrétaire général.
M. Olive est élu secrétaire adjoint.
MM. Gh. Morel, Delamare et Manchon sont maintenus par
acclamation dans leurs fonctions respectives de trésorier, de
bibliothécaire et bibliothécaire adjoint.
Quatre membres sont élus pour remplacer, au Comité
central, les membres sortants.
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mois, on fait usage de la série
suivante. #
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je me sers des jours de la S« série,
et je trouve que le 25 janvier cor-
respond à un dimanche.
20 Quel jour était le 13 avril de
Tan 1400?
Lan 1400 a comiuenré nn jeudi ;
mais il était bissextile ; je ne ^rs
de la série du vendredi, Ia6« au liea
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un mardi.
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TABLE
ÂllocQtioD de M. le Dr Gaënel, président sortant 5
Allocation de M. E. Orieaz, nouveau président 7
Joar d'été, poésie, par M. E. Orieux 11
Notice nécrologique sur M. F.-P. Doucin, par M. E. Orieux 16
Le Secret de Brizeux, poésie, par M. Alcide Leroux .-:>.. 19
Poésies, par Joseph Rousse , 26
Guano d'Alcatras, par MH. A. Uerbelin et A. Andouard 32
Les derniers jours de M. F. Gnizot, par M. H. Fargues 34
Histoire des enfants abandonnés et délaissés, par Léon Lallemand ;
— analyse, par M. H. Fargues , 40, 229
Notes et documents pour servir à Tbistoire du district de Challans,
par M. G. Merland, réunis et publiés par M. Julien Herland 49
Rapport de M. Maître sur Thistoire des Chapelles-Bourbon, de
M. Legoux 190
Quelques lettres inédites de Paul Baudry, par Julien Merland 194
Rapport sur l'Exposition d'horticulture, par le Dr Delamarc 214
Pommes à cidre du département de l'Orne, par A. Andouard 225
Erratum ; 228
Notice sur Tinvasion du mildew dans les vignobles des coteaux de la
Sèvre, aux environs de Nantes, par le Dr Delamare 251
Description d'un Orcbis hybride inédit trouvé à Bourgneuf-eu-Retz par
M. Lajunchèrc, par M. E. Gadecean 257
Le long calendrier, par M. E. Orieux ^60
Recherche du cuivre dans les vins provenant de vignes traitées par
le sulfate de cuivre, par A. Andouard 295
Source ferrugineuse du Haut-Rocher, par A. Andouard 298
Note sur le dosage de Tacide phosphoriquo par Turane, par A.
Andouard 300
Incompatibilité des nitrates et des superphosphates, par A. Andouard. 303
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— 576^
Accidents causés par Tergot des graminées, par a. Anaooaru iu
Influence du régime alimentaire sur la composition du lait de vacbe,
A. Andouard 3U
sition du beurre aux diverses époques de la lactation des vacbes,
A. Andouard 316
d'expériences de la Station agronomique de la Loire-InférieDre,
A. Andouard ÎU
i sur la situation du vignoble de la Loire-Inférieure en 1 886,
A. Andodard IW
gue raisonné des lépidoptères trouvés dans la Loire-Inférîeore,
M. J.-H. Debermann-Roy T.
rt sur les travaux de la Section de médecine pendant Tannée
[), par M. le Dr Gauducbeau Hi
rt sur les travaux de la Section des lettres, sciences et arts,
iant Tannée 1885-86, par H. Roques 48^
rt sur les travaux de la Section des Sciences naturelles pendant
née 1885-86, par M. Louis Bureau 491
rs prononcé dans la séance du 2i novembre 1886, par M. E.
ux 50Î
rt sur les travaux de la Société académique de la Loire-
rieure pendant Tannée 1885-86, par M. Delteil 5^3
rt de la Commission des prix sur le concours de Tannée 1886,
M. Emile Gadeceau M
ipenscs décernées aux lauréats de la Société académique, pour
encours de 1886 565
amme des prix pour 1887 666
ils des procès-verbaux des séances de Tannée 1886 569
liantes, Mm* ve Camille Mellinet, im'p. — L. Mellinet et Gie, saert.
(i
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